Nuit blanche. Une journée de quarante-huit heures. Ca ne sera ni la première, ni la dernière fois que je ferais cela. Et ce c'est pas ça qui me fera tomber de fatigue. Etrangement, tout le monde connaît cette sensation, passé une certaine heure, après un certain temps éveillé, si l'on se bat assez longtemps contre le profond moment de fatigue qui nous tire vers le sommeil, quand on refuse de s'endormir, ce moment passe, et l'on retrouve de l'énergie qui nous fait tenir encore plus longtemps. En général, la fatigue revient au galop en début d'après-midi, notre corps et notre cerveau engourdis commençant à nous faire regretter notre fantaisie de la veille. Mais ce n'est pas grave. Je préfère rester debout, continuer de profiter de la présence de Joanne, de cet instant qu'à nous, plutôt que de filer en catastrophe au lit pour ne réussir à m'endormir que dans une heure -car je n'aurais pas envie de dormir immédiatement après nos ébats. La jeune femme propose que je prétexte une nuit agitée à cause de ses nausées. Sa complicité me fait rire. « Pas bête. Mais il faudra faire attention à ne pas épuiser le stock d'excuses de ce genre trop rapidement. » dis-je, car il faut tenir quelques huit mois avant que le stock ne se renouvelle, à base de ''bébé ne fait pas ses nuits''. Mais d'ici là, j'espère mettre moins souvent les pieds au bureau, me reposer à la maison, prendre soin du nouveau né et de sa mère -et un peu de moi, pour une fois. Mes pensées voguant me mènent à songer au mariage lorsque mon regard se pose sur la bague de ma fiancée. Toujours aussi impatient, je me demande où aura lieu la cérémonie, quand, de qui nous serons entourés. Je n'ai absolument pas eu la main sur mon précédent mariage, alors j'ai hâte de me plonger dans les préparatifs de cette cérémonie là. Je crois que Joanne et moi gardons un côté assez traditionnel. Je souris lorsqu'elle dit que je ne verrais sa robe que le jour du mariage. Puis je fais la moue quand elle ajoute que cela ne sera pas pour tout de suite. « Il faudra attendre encore plus longtemps que prévu, hein ? » je demande en sachant déjà la réponse. Je n'aurais pas trouvé d’inconvénient à ce que la jeune femme soit enceinte le jour de la cérémonie -je pense d'ailleurs qu'elle aurait été particulièrement belle ainsi- mais je me doute qu'un vente arrondi et le petit être à l'intérieur l'empêcheraient de profiter de la fête autant que tout le monde. Cela veut dire qu'il faudra attendre au minimum la venue au monde de notre enfant. Alors que Joanne découvre un peu son ventre, je dépose rapidement un baiser dessus. « Tu mets ma patience à rude épreuve, toi. Moi qui avais si hâte d'épouser ta maman. » Et qui ai également hâte de voir son ventre s'arrondir, puis de tenir notre bébé dans mes bras. Je suis assez étonné d'entendre ma belle dire qu'elle sent que son corps change déjà assez pour limiter son choix de vêtements. « Déjà ? » Et elle doit renouveler sa lingerie. Je ris avec elle quand elle souligne ce détail. D'un autre côté, je m'en veux de n'avoir rien remarqué. Mais ce sont souvent chez les personnes que l'on voit tous les jours que l'on remarque moins les changements. L'habitude, qui devrait nous faire noter le moindre détail nouveau, rend parfois notre œil moins attentif. « Je me disais aussi qu'il y avait plus de surface à embrasser. » dis-je pour plaisanter en déposant quelques bisous joueurs entre ses seins, terminant par un petit baiser sur ses lèvres. Joanne évoque la prochaine échographie. Une par mois. Je ne sais pas quel est le suivi habituel d'une grossesse, mais je m'estime chanceux que nous puissions voir notre enfant aussi souvent, son évolution pas à pas -même si la raison de ce suivi n'a rien de réjouissant, j'en vois le bon côté. « Je pourrais venir ? » Cela peut sembler évidant, mais je préfère demander, juste au cas où. Pour en revenir à la robe et au mariage, la jeune femme avoue aussi avoir hâte. Je me demande ce qu'elle a en tête, si elle a déjà le modèle idéal dans un coin de son esprit, des exigences, si elle sera blanche ou non. « Je sais que tu feras le bon choix. Tu seras parfaite de toute manière. » dis-je tout bas en l'embrassant de nouveau sur le front. « C'est Madison qui devra aussi être patiente aussi. Elle qui s'imaginait déjà tout préparer pour décembre, avant le Nouvel An. » Elle voulait un mariage dans la période des fêtes, pour changer. Mais cela ne sera pas pour tout de suite.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie craignait que les excuses classiques d'une femme enceinte ne deviennent un jour plus viables pour son travail. Elle sourit en le regardant avec une grande tendresse. "Je préférerai que ce soit un mensonge pour couvrir des nuits aussi... animées plutôt que ce soit vrai." Le fait était qu'elle appréhendait énormément. Elle vivait très bien sa grossesse, adorait savoir qu'elle portait leur enfant. Mais elle n'oubliait qu'elle restait au fond une femme malade, avec une grossesse à risque, autant pour elle que pour son bébé. Autant dire qu'elle était loin d'avoir la conscience tranquille. Joanne restait longuement silencieuse, songeuse. Ils allaient et revenaient sur la grossesse et le mariage. Il fallait que l'un mettait forçait le retardement de l'autre. La patience de Jamie était mise à mal, un bonheur prenant sur l'autre. Elle lui fit un sourire triste et attendri, lui caressant tendrement la joue avec son pouce. "Il faudra attendre, oui." En soi, Joanne aurait très certainement apprécié se marier tout en portant leur bébé, mais le problème était toujours le même. Elle avait peur. "J'aurais adoré t'épouser dans les mois qui viennent." commença-t-elle doucement. "Mais avec l'excitation, l'agitation, la pression... ça me fait terriblement peur." Il embrassa ensuite le ventre de Joanne, parlant au petit bout qui grandissait de jour en jour. Elle adorait lorsqu'il conversait avec lui de cette manière, à lui glisser quelques mots, l'embrasser ou laisser sa main sur son ventre. Autant de gestes d'amour qui étaient tous significatifs aux yeux de la belle blonde. Elle le regardait avec attention, avec des yeux attendris. Il était surpris de voir que son corps se transformait déjà. "Ces vêtements là me vont toujours, mais j'ai juste l'impression de m'y sentir plus serrée." Joanne l'embrassa doucement sur les lèvres, puis ajouta. "Nous arrivons tout de même presque à la fin du deuxième mois, là." avec un large sourire. Il rit également lorsqu'elle l'entendait évoquer ses soucis de lingerie. "J'ai tout de même appelé le Dr. Winters, pour savoir si c'était normal. Il m'a expliquée que les glandes mammaires se gonflent dès les premières semaines de grossesse." Elle avait ce sourire, à la fois niais et reflétant tout le bonheur qu'elle pouvait ressentir à cet instant. "Et il m'a dit, je cite, qu'il fallait bien que mon ventre se mette à s'arrondir un jour ou l'autre." Il la taquinait ensuite en l'embrassant doucement entre ses seins, elle laissa échapper un rire. "Nous aurions du prendre des photos, semaine après semaine. Peut-être que là, nous aurions vu la différence." finit-elle par dire, l'idée lui venant seulement en tête maintenant. Elle haussa les épaules. Elle lui avait parlé de l'échographie, elle ne cachait pas sa surprise. "La question ne se pose même pas." lui rétorqua-t-elle doucement. "Tu arriverais à te libérer ?" finit-elle tout de même par demander. "Winters m'a aussi dit que jusqu'ici, tous les tests sanguins et urinaires sont bons." Ce qui, aux yeux de Joanne, relevait d'un miracle. Que tout aille bien. "Ce sera l'examen du troisième mois qui permettra de déterminer... s'il n'a pas hérité des misères de sa mère." dit-elle d'un air plus qu'inquiet. Passé l'amniocentèse, et lui dire que tout allait bien, apaiserait grandement Joanne, qui restait toujours un peu sur le qui-vive, à prier que leur bébé n'ait pas les mêmes soucis qu'elle à l'avenir. Jamie semblait savoir qu'elle ferait le bon choix en matière de robe, il était confiant là dessus. L'embrassant sur le front, il disait aussi que son amie allait devoir aussi se montrer patiente. Joanne ne la connaissait que si peu. Cette fameuse princesse. "Je crois que tu es déjà demandé à aller sur Perth pour Noël." lui rétorqua-t-elle, en riant. "On arrive à la période où mes parents deviennent insupportables. Ils adorent Noël." Elle l'embrassa doucement sur ses lèvres. "Et réclament ta présence pour le 24 et le 25 au moins. Maman s'est même achetée trois livres de recettes pour des plats de fête végétariens, c'est mon père qui me l'a dit." ajouta-t-elle en riant, reconnaissant là toute la démesure de sa mère. "Ca lui ferait plaisir que tu viennes, vraiment."
Attendre n'a jamais été mon fort. Attendre s'apparente à une forme de torture chez moi. Cela vaut pour la moindre attente. La seule que je saurais peut-être apprécier est celle qui me sépare de la rencontre de notre enfant. Car je pourrai tout de même voir le corps de Joanne changer, son ventre s'arrondir, le deviner grandir et évoluer à l'intérieur. Nous aurons des clichés pour savoir à quoi il ressemble, mois après mois, pour se rassurer, se dire qu'il va bien. Je me demande quelle est la sensation lorsque l'on sent, légèrement, d'une main sur le ventre de la jeune femme, ce petit être donner un coup. Il se passera tant de choses, alors sûrement, l'attente sera moins pénible. La belle avoue que nous aurions pu nous marier malgré sa grossesse, mais que les appréhensions l'en empêchaient. Je lui adresse un sourire rassurant. « Ce n'est pas grave. Je préfère attendre et que tu sois sereine le jour venu. » dis-je en caressant doucement sa joue. Ce n'est pas la peine de précipiter les choses si elle ne pourra pas pleinement profiter d'un jour censé être le plus beau de sa vie. Le second plus beau de sa vie. Fichu Hassan. Vite, je le balaye de mes pensées, et dépose un baiser sur ses doigts à côté de la bague de la jeune femme. « De toute manière, comme tu l'as dit, la promesse est faite, ce jour finira par arriver. » Demain ou dans un an, Joanne a accepté de m'épouser, traduisant ainsi sa volonté que nous soyons ensemble chaque jour de notre vie. En soi, nous n'avons pas vraiment besoin de nous marier pour tenir cette promesse, être l'un à l'autre pour toujours, mais nous y tenons quand même. « Et puis, tu es déjà un peu ma femme. » j'ajoute avec un sourire. Il ne manque qu'une signature sur un papier. Mais l'amour est là, la bague aussi, et même l'enfant est en route. Tout est réuni pour que nos chemins restent liés à jamais. Je pourrais parler de notre union et du bébé pendant des heures, déjà gaga de ce petit être. J'ai du mal à croire qu'il soit déjà là depuis deux mois. Plus que sept. « Le temps passe à une vitesse... » je murmure, songeur. Je me dis aussi que si le temps passe si vite, je dois rapidement trouver une solution pour mon travail, avant de me laisser prendre de court. Je vois à peine les journées passer, je serais bien capable de me rendre compte de je n'ai toujours pas réussi à me libérer au septième mois de grossesse, et je serais bien incapable de me pardonner de ne pas avoir pu tenir parole. J'aurai eu l'impression de cligner des yeux entre ce moment et celui où le ventre de Joanne sera parfaitement rond. Lorsqu'elle parle de prendre des clichés toutes les semaines pour le voir évoluer, cela m'inspire immédiatement. « C'est une idée, ça ! Nous pouvons prendre des photos tous les mois. » dis-je, vraiment emballé. Il est un peu tard pour tenir un journal photo hebdomadaire, mais un cliché par mois nous permettra aussi de garder une trace de sa grossesse. « C'est décidé, demain je te prends en photo. » j'ajoute sans vraiment lui laisser le choix -ne voyant pas pourquoi elle refuserait, d'ailleurs. Je lui vole un baiser et lui adresse un clin d'oeil. Elle sait à quel point j'aime et accorde de l'importance aux souvenirs sur papier glacé -pas en numérique, non, jamais. Ces photos ajoutées à celles des échographies formeront un parfait récit illustré. Je demande si je pourrais accompagner ma fiancée à la prochaine, et elle acquiesce. « Toujours. » Je pourrais toujours me libérer. Même un lundi sur le créneau de l'émission, je me ferais remplacer, qu'importe. Je serais là. D'après Winters, tout va bien pour le moment. Nous n'en sommes qu'aux débuts, tant de tests sont encore à effectuer pour nous rassurer. Dont celui du troisième mois que Joanne redoute plus que tout. « Tout ira bien. » je lui assure avec un sourire. « Il, ou elle, aura la santé de fer de son père, voilà tout. » Vu qu'il n'y a pas grand-chose de bon à hériter de mon côté, autant qu'il prenne le peu qu'il y a à prendre. Et je ne suis pour ainsi dire jamais malade. C'est peut-être pour cela qu'il est toujours là, bien accroché. Evoquer les fêtes fait toujours pétiller mon regard. J'avoue avoir hâte d'y être, d'aller à Perth, cette ville que je ne connais pas, vivre mon premier Noël en famille depuis bien trop d'années. En Angleterre, ils avaient cessé peu après la mort d'Oliver, et celle de la dernière grand-mère qui avait suivi de près. Noël aussi était devenu mondain à partir de là. « J'adore Noël aussi. Je suis un vrai gosse pendant les fêtes. » j'avoue avec un large sourire aux lèvres. Puis un rire éclate lorsque Joanne me dit que sa mère se donne un mal particulier pour faire honneur à mon régime végétarien. Amusé, je cache quelques secondes mon visage dans ma main. « Oh mon dieu, c'est tellement adorable ! » Les parents de la jeune femme ne cesseront jamais de me surprendre. Je ne sais pas si on s'habitue un jour à toutes ces petits attentions lorsqu'elles n'ont jamais fait partie de notre vie. « Nous irons, tu peux leur promettre. » Pour quelques jours ou pour toute une semaine, qu'importe. Cela permettra aux futurs grands-parents d'avoir également un premier contact avec le bébé, de voir leur fille porter ce petit miracle. Ravi, je l'embrasse tendrement. Quelques secondes de silence passent avant que je l'enjambe et quitte le canapé ; j'enfile rapidement mon pantalon et file près d'une étagère où j'attrape un carnet et le premier crayon qui me passe sous la main. Nous avons des heures à tuer après tout. Et je veux profiter de ce moment, de cette lumière particulière, de cette atmosphère. « Ne bouges pas. » dis-je avant que Joanne ait en l'idée de se redresser ou de s'asseoir, afin qu'elle reste confortablement allongée. Quand je reviens, je m'assied à l'autre bout du sofa, tourné vers elle, une jambe repliée pour appuyer le carnet. J'arrange à peine son kimono, mais je veux la dessiner ainsi ; les cheveux encore légèrement en bataille, le tissus brillant couvrant la poitrine et son intimité, mais laissant voir une ligne de peau allant de son ventre à son cou. Après l'amour, et amoureuse. « Ca me rappelle Londres... » je murmure après les premiers coups de crayon.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne sera pas forcément sereine le jour de leur mariage. Elle ne l'avait pas été avec Hassan. Elle avait toujours ce lot d'inquiétude et d'appréhension. Se demandant sans cesse si la robe allait lui plaire, si le bouquet n'était pas trop volumineux, si sa coiffure correspondait, si elle n'allait pas tomber en marchant. Il y avait toujours ce moment où on mettait tout en doute avant de se jeter dans l'arène. Mais il était certain qu'il y aurait un poids en moins sur ses épaules si elle savait son enfant en bonne santé, éloigné de tout danger. Elle sourit à ses propos, répétant que la promesse était de toute façon faite. Qu'un jour ou l'autre, ils seraient mariés aux yeux de la loi et de tous les autres. Le couple savait déjà dans leur coeur qu'ils l'étaient déjà, d'une manière ou d'une autre. "La promesse est faite, oui." répéta-t-elle, souriante. Ils avaient certainement l'envie de s'appartenir sous tous les angles, dans tous les domaines. L'entendre l'appeler sa femme lui procura la plus belle des sensations. Elle adorait quand il l'appelait ainsi, avec son timbre de voix si unique, si agréable à entendre. Cela la comblait de joie. "J'ai tout de même hâte d'avoir, en plus de cette bague incroyable, une alliance à ce doigt. Et te voir aussi la porter." dit-elle, songeuse, un léger sourire sur ses lèvres. Jamie pensait à la rapidité avec laquelle le temps passait. Déjà deux mois, oui. "Tu ne trouves pas que... même si tout ceci est certainement trop rapide pour quelques personnes... que ça corresponde à notre rythme." Elle pensait que ce qu'elle racontait ne rimait strictement à rien. "Je veux dire, qu'il n'y a pas d'étapes de brûler. J'ai parfois cette impression de te connaître depuis toujours, que nous nous sommes simplement retrouvés pour continuer notre vie ensemble." Ses yeux restaient rivés sur la vitre, à regarder le ciel. "Une drôle d'impression..." dit-elle tout bas, pensive. Cela n'avait aucun sens. Jamie la sortit de ses pensées, s'enthousiasmant à l'idée de prendre des photos de l'évolution de sa grossesse. Elle lâcha un rire lorsqu'il prit la décision de la prendre en photo dès le lendemain. Joanne songea à la tenue qu'elle allait emprunter, qu'elle allait garder pour chaque nouvelle photo. En sous-vêtements, certes, que l'on puisse bien voir son ventre s'arrondir au fil du temps. Jamie l'embrassa rapidement, suivi d'un clin d'oeil soulignant leur complicité. Il disait qu'il parviendrait toujours à se libérer pour assister aux différentes échographies. Elle l'embrassa tendrement en lui caressant la joue. "Je ne peux pas faire ça toute seule, j'ai besoin de toi." lui dit-elle tout bas, se plongeant dans ses yeux verts. Au fond, elle le pourrait, comme toute autre femme suivant l'examen. Mais Joanne appréhenderait tellement à chaque fois, Jamie était la seule personne qui puisse l'apaiser en attendant de voir les images de leur bébé. Et puis, elle savait qu'il voulait être présent à un maximum d'examens, dans la mesure du possible. Il voulait être là pour voir l'évolution des choses, intervenir s'il y en avait besoin. Le bel homme restait rassurant dans ses parents, il avait certainement une sorte d'instinct qui lui disait que tout allait bien se passer. "Ce serait merveilleux." lui dit-elle lorsqu'il disait que leur enfant aurait la bonne santé de leur père. Le sourire attendri, Joanne l'embrassa une nouvelle fois, plus longuement. "Je t'aime tellement." lui dit-elle tout bas. Joanne vit immédiatement les yeux de son futur époux s'illuminer lorsqu'ils commencèrent à parler de fêtes. Elle devina aisément que c'était quelque chose à laquelle il s'était attaché. Il ne pouvait s'empêcher de rire et de dissimuler son visage lorsqu'elle lui révéla que sa mère se cassait déjà la tête à trouver des plats végétariens. Sur le coup, c'était bien lui le plus adorable. "C'est ma mère dans toute sa splendeur." s'exclama-t-elle. "Il va falloir t'y habituer, elle est tout le temps comme ça." Elle rit. On lui disait souvent que c'était un trait dont elle avait hérité, mais elle n'en était pas si sûre. "Elle t'aime beaucoup, tu sais." ajouta-t-elle d'un ton plus calme et plus doux. "Je leur confirmerai notre venue, alors. Tu verras aussi mes grand-mères, et mon grand-père." Celui qui était en rémission d'un cancer des poumons. Ses grand-mères étaient beaucoup trop gentilles, extrêmement attendrissantes et toutes menues toutes les deux. Ca ne les empêchait pas d'être fraîches d'esprit et l'une d'elle se rinçait souvent l'oeil quand elle se baladait en ville. Elles avaient encore une forme olympique toutes les deux, Joanne les admirait beaucoup. "Je ne sais rien encore concernant Reever et Mia." D'un coup, Jamie passait par dessus-elle. Avant qu'il n'enfile son pantalon de pyjama, elle profitait une dernière fois de voir son corps si parfait dénué de tout vêtement. Il était tout aussi séduisant torse-nu - et il le savait bien. Elle le vit prendre un carnet de croquis et un crayon, et comptait se redresser pour voir ce qu'il faisait, mais il lui donna l'instruction de rester allongée. Joanne avait juste placé une de ses mains au dessus de sa tête, avant que Jamie ne vienne à peine réajuster son kimono. "Qu'est-ce qui te rappelle Londres ?" lui demanda-t-elle tout aussi bas. Cette semaine de l'autre côté du globe lui semblait irréelle, en dehors de tout, comme dans un rêve. "Parce que c'est là-bas que nous avons couché ensemble pour la première fois ?" Et, en y repensant, c'était aussi après une dispute. Ils s'aimaient beaucoup trop et ne parvenaient pas à se le dire, et donc, ne se comprenaient absolument pas. "J'aime beaucoup me rappeler du soir où nous... nous nous sommes tous les deux désirés. Quand tu étais chez moi, que j'étais venue sur tes genoux et... que nous nous sommes à haïr le mot raisonnable." se rappela-t-elle avec un sourire. "Ca faisait une éternité que l'on ne m'avait pas touché et embrassé comme tu l'avais fait, si bien que je l'avais oublié." Ses yeux regardaient ailleurs, pensive, lâchant son flot de pensées. C'était certainement la particularité de cette nuit là qui la rendait si ouverte. "J'avais oublié ce que c'était que d'être désiré et désirer quelqu'un." Elle fit un temps de pause, plongée dans ses pensées. "A vrai dire, je ne laissais jamais vraiment les hommes me toucher. Je supposais qu'une partie d'entre eux ne voulait de moi que pour un soir. Certains se permettaient de me toucher à des endroits inappropriés sans même connaître mon nom. Depuis, j'élevais mes barrières et interdisait tout contact physique. Mia voulait à tout prix que je sorte, que je rencontre quelqu'un, ça n'avait jamais grand intérêt pour moi. Je ne le faisais que pour qu'elle me laisse un peu tranquille. " avoua-t-elle. Elle continuait de se perdre son flot de pensées, alors qu'il devait très certainement se concentrer à son croquis. "Mais oui, cette soirée-là... je l'avais beaucoup aimé. De la manière dont tu me regardais, dont tu me touchais, même si nous nous interdisions de franchir le pas. C'est la plus belle des sensations, de se savoir aimée et désirée par celui qu'on aime. Se sentir belle à tes yeux." Tout autant que leur semaine à Londres. "Qu'est-ce que ça fait, que de savoir que son modèle est la personne que tu comptes épouser ?" finit-elle par demander par curiosité, toujours aussi rêveuse.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Dim 25 Oct 2015 - 21:20, édité 1 fois
« C'est nous, c'est comme ça. » je murmure tout bas. Nous, notre relation qui va trop vite aux yeux du monde, peut-être trop charnelle aussi. Cette impression de se connaître depuis toujours, de connaître l'autre par coeur, de pouvoir le sonder avec une facilité déconcertante et pouvoir le comprendre, le compléter, alors que nous nous sommes découverts il y a quelques mois seulement. C'est l'intensité des sentiments, la démesure dans tout, la dépendance à l'autre, le besoin de s'appartenir l'un à l'autre. Une montagne de choses que nous ne pouvons pas expliquer, car nous ne les comprenons pas. Elles nous échappent tout simplement, et j'ai cessé d'essayer de leur trouver un sens. Plus depuis que nous avons évoqué cette fameuse théorie des vies passées. C'est une thèse qui me convient très bien. Une thèse à laquelle je risque d'avoir besoin de me raccrocher prochainement ; songer à notre prédétermination l'un à l'autre, à toutes ces vies ensemble, la manière dont chaque événement nous a amené à être tous les deux, car c'est ainsi que cela doit être. Tous les deux, ou rien du tout. Cette thèse exclut son ex-mari, d'où le réconfort que je peux en tirer. Elle exclut absolument tout ce qui peut interférer, et apaise une partie de mes craintes. Se reposer sur une force plus grande que nous, sur le destin, et avoir foi en nous, dans le fait qu'il ne peut y avoir que nous, c'est une manière de se rassurer, et ne plus chercher de réponses. De toute manière, nous n'en trouverions pas. C'est nous, c'est comme ça. C'est se fiancer et attendre un premier enfant moins d'un an après notre première rencontre. Et c'est parfait ainsi. « Je t'aime aussi. » je réponds avec un sourire, le pouce passant tendrement sur sa joue. Mon monde, mon tout, mon amour, ma femme, mère de notre enfant, ma famille. Une famille dont le nombre de membres aura explosé en aussi peu de temps. Au moins, les fêtes seront animées. Je ne sais pas si nous aurons le temps de voir tout le monde. Lehyan, qui risque de ne pas me voir à sa table de Noël pour la première fois en quatre ans. Tous les Beauregard. Les jumeaux Rhodes. Les Prescott, à qui nous avons déjà promis de venir. Je ne pensais pas être le bienvenu chez eux pour la fin d'année dès la première année de mon houleuse relation avec Joanne. Ses parents auraient eu tous les droits de me l'arracher pour cette période de l'année, et de ne pas vouloir composer avec leur caractériel et végétarien de futur beau-fils. « Je l'aime bien aussi. » dis-je au sujet de Jane, sa mère. Je ne sais pas pourquoi elle m'apprécie autant, mais soit. L'important étant qu'il y ai enfin un membre de cette famille avec lequel je m'entende parfaitement, en dehors de ma fiancée. Le frère et la sœur, ce n'est pas vraiment ça. « Ton père, c'est une autre histoire. Il me fout la trouille. » j'avoue avec un rire. Quelque chose me dit qu'il doit s'en douter, et n'hésiterait pas à en jouer s'il le pouvait. Mais qui n'a pas des craintes concernant le père de sa chère et tendre ? Joanne m'apprend que ses grands-parents seront également là. « Pas de pression. » dis-je avec ironie, haussant les épaules. Concernant Mia et Reever, je préfère ne pas m'avancer sur le sujet, dans la mesure où je me passerais volontiers de leur présence, leur regard réprobateur, leur méfiance constante. C'est donc silencieux que je m'en vais quelques secondes du canapé, le temps d'aller chercher de quoi dessiner. Je reviens aussitôt, une page blanche devant les yeux, prête à être noircie par le crayon pour prendre, peu à peu, la forme de Joanne. Ce carnet est bourré de dessins d'elle, de croquis rapides réalisés à son insu, d'autres plus travaillés qui m'occupent pendant quelques heures les week-ends, pendant qu'elle bouquine. Je ris doucement en l'entendant supposer que Londres me revient en mémoire parce que nous y avions fait l'amour pour la première fois. « Je ne pensais qu'au croquis que j'avais fait de toi en réalité. » Tout simplement. « Mais c'est vrai, c'était aussi notre première fois. » Mon regard ne quitte pas les traits qui s'ajoutent les uns aux autres sur le papier, si ce n'est, furtivement, pour jeter un coup d'oeil sur le modèle. Les coups de crayons sont presque mécaniques, laissant mon esprit vagabonder comme il le veut. Remonter le temps jusqu'à cette soirée, se souvenir de la dispute qui nous avait menés à enfin sauter le pas. De la colère qui m'habitait alors, et ma main blessée par un éclat de miroir. Je ne cesse jamais d'avoir honte de mon comportement lorsque je passe un regard rétrospectif dessus. Y repensant, je secoue négativement la tête, réprimandant intérieurement le moi passé. « Parfois, ça me semble lointain. Je n'ai plus vraiment l'impression d'être la même personne que là-bas. » dis-je tout bas, pensif, alors qu'un premier trait forme le visage de la jeune femme. Pourtant, à la réflexion, peu de choses ont changé. Je suis toujours le même monstre de jalousie, de possessivité capable de l'enfermer dans l'appartement, même si je prends sur moi pour apprendre à lâcher du leste et faire confiance à Joanne. Je suis toujours le colérique, capable de s'en prendre à soi-même et aux autres, comme j'ai su si bien le prouver sur James, ainsi que ce soir. « Pas complètement, en tout cas. » je reprends pour tempérer ma précédente phrase. Une version moins extrême du moi passé. Divaguant l'un et l'autre, sûrement bercés par l'atmosphère spéciale qui règne dans l'atelier, la jeune femme prend à son tour la parole, évoquant un soir bien précis dans son appartement. J'esquisse un sourire. Je m'en souviens parfaitement. Une étrange soirée. Un de ces moments de notre relation où nous avons pu avoir un aperçu de la force du lien entre nous, solide et pourtant si récent. Je me souviens avoir tant envie d'elle, ce soir-là. Et vouloir bannir à jamais le raisonnable de notre vie. « Mot que tu viens juste de prononcer, c'est mal. » dis-je avec un sourire en soin, lui adressant un bref regard entre deux coups de crayon. Même si je semble particulièrement concentré sur le croquis, c'est avec attention que j'écoute la belle me confier sa solitude avant cette soirée. C'est étrange, qu'elle parvienne encore et toujours à douter de son charme tout en étant capable de témoigner de ces hommes qui voulaient d'elle, qui posaient leurs mains sur elle. C'est Mia qui tenait à ce qu'elle rencontre quelqu'un. « Je dois penser à la remercier pour ça. » je commente rapidement, ne souhaitant trop interrompre Joanne dans son flot de pensées. Je ne sais plus pourquoi nous nous étions refusés l'un à l'autre pendant cette soirée. Sûrement parce qu'il était trop tôt. Et que toutes ces émotions, si intenses et inattendues, nous faisaient peur, dans un sens. « Tu es toujours belle à mes yeux. » j'assure en trouvant un instant son regard bleu. Et je l'aime et la désire toujours autant, si ce n'est plus qu'avant. Elle ce qu'il y a de plus précieux à mes yeux, et sûrement cela se voit-il dans tout ce que je dis et fais. Riant doucement, j'ajoute ; « Tu devais me trouver étrange et… trop entreprenant, ce soir là. » Vu toutes mes maladresses, toutes les erreurs que j'ai pu commettre, je me demande toujours pourquoi Joanne est restée avec moi, plutôt que de fuir aussi loin que possible. Et la voici plus enchaînée à moi que jamais. Poursuivant le croquis en exclusion, je noircis la page pour faire apparaître les premiers reliefs qui donnent un peu de vie au papier. Pour le moment, seuls les grands traits sont dessinés. Les détails viendront plus tard. Je ris de nouveau à sa question. « Ca la rend encore plus belle. » je réponds, déposant mon coude sur le dossier du canapé, et calant ma tête dans ma main, légèrement inclinée. « Le problème, c'est que j'ai l'impression de ne jamais réussir à… » Mes lèvres se pincent, je plisse les yeux. Un trait en trop. Je retourne le crayon pour passer un léger coup de gomme. « ...à vraiment montrer la manière dont je te vois. » Je soupire, hausse les épaules. Je n'y arriverais sûrement jamais. « C'est assez frustrant. Je fais de mon mieux, mais je crois que je n'arrive pas à faire passer tout ce que tu as d'unique au-delà du physique. » Tout ce qui saute aux yeux lorsqu'on a Joanne sous les yeux, toute sa beauté intérieure. C'est une chose qui me travaille beaucoup, quand même, lorsque je la dessine. Chaque croquis me semble si réducteur, si éloigné de qui elle est vraiment. « Ca ne vaudra jamais l'original, de toute manière. » dis-je en retrouvant un petit sourire au coin des lèvres. « Et toi, qu'est-ce que ça te fait de poser pour ton futur mari ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était eux, c'était comme ça, disait-il. Et il avait raison. Il n'y avait pas d'explications, pas de réponses ni d'indices qui puissent argumenter leur relation, qui puisse en donner un sens. Parce qu'il n'y en avait pas. Ils avaient mentionné cette théorie de vies antérieures, et Joanne avait fini par y croire dur comme fer. Plus elle y pensait, plus cela lui pensait probable. Et la réincarnation prenait alors tout son sens. Il avait fallu subir tellement d'épreuves avant qu'ils ne se retrouvent. Entre les pertes et les chagrins, le sentiment de solitude et l'incompréhension. Et même encore, durant leur relation. Il fallait de nombreuses disputes pour simplement comprendre à quel point ils s'aimaient. Tout dérapait parce qu'ils ne se comprenaient pas, ils n'arrivaient pas à tout dire, et l'intensité de leur amour était tel que ça ne pouvait exploser qu'en une colère sans nom. A force d'élever les voix, ils se retrouvaient, comprenaient à quel point l'un tenait à l'autre, puis se réconciliaient. C'était souvent trop épuisant pour eux, de s'aimer tellement, avec cette constante frustration de ne pas être capable de donner tout ce que l'on voudrait. Le commun des mortels les forçait à se limiter à leur enveloppe charnel, à s'aimer comme deux être humais pouvaient s'aimer. Et parfois, ils franchissaient cette limite, malgré la douleurs qu'ils imposaient à leurs muscles. Et cette union si singulière avait fini par réaliser un miracle, le miracle de la vie. Même si tout était scientifiquement expliqué, cela restait un phénomène incroyable. Cet avalanche d'hormones et de transformation du corps de Joanne. Elle se sentait entière, avec ce petit bout qui restait au chaud dans son ventre, et un homme qui l'aimait plus que de mesure. C'était l'enfant de Jamie avant tout. Celui de Jamie, et pas celui d'un autre homme. C'était certainement aussi pour cela qu'elle parlait surtout du fils de son fiancé, et non du leur. Tout prenait encore plus de valeur en sachant que c'était le sien. Le bel homme disait être impressionné par son père. "Il est... protecteur." Comme tous les autres membres de sa famille. Mais il chérissait tellement Joanne, la plus fragile des trois - tout en sachant aimer comme il se devait ses deux autres enfants. "Et mes grand-mères vont certainement se rincer l'oeil en te voyant. " ajouta-t-elle en riant. "Nous devrions peut-être faire un Noël avec Gaby et Charlie." finit-elle par dire. "Quelque chose de plus intime, à quatre." Elle était certaine qu'ils seraient ravis de l'invitation, tout particulièrement Gabrielle -femme que Joanne adorait plus que tout. Elle ne mentionna pas les Beauregard. Elle n'avait rien contre eux, bien au contraire, mais cela faisait vraiment beaucoup. Et ça l'impressionnait. "Ca ferait aussi un Noël avec ta famille proche." Elle rit. "Et connaissant Gaby, elle va déjà beaucoup le gâter, lui." dit-elle en pointant son propre ventre du doigt. L'enthousiasme qu'elle avait eu en apprenant la nouvelle est incroyable, elle était surexcitée, et, mine de rien, elle aussi s'était déjà énormément attachée à son neveu, ou sa nièce. Jamie continuait son dessin, rappelant la fois où il avait fait son portrait. "Donc, au final, c'est déjà le deuxième dessin de moi, que tu fais là." conclut-elle, ne se doutant pas une seule seconde de ses cachotteries. Il parlait de leur première fois, l'impression qu'il avait que c'était très lointain comme événement, qu'il était un autre homme. Il était vrai qu'il avait beaucoup changé. "Tu as moins de colère tournée contre toi, et tu le gères mieux, je trouve." Ses yeux regardaient les étoiles. "Tu n'avais pas d'autres moyens de t'exprimer à ce moment-là, je suppose qu'il nous a fallu du temps pour trouver un moyen de transmettre tout ce qu'on veut se dire." Elle rit avec légèreté. "Tu es toujours ce beau et si convoité Jamie Keynes. Sauf que j'ai entendu du dire que son coeur était totalement pris depuis de nombreux mois, maintenant." dit-elle. Joanne ne parlait pas d'elle à la première personne pour ceci, elle trouvait que ça débordait d'égoïsme. Moi et pas les autres. C'était ainsi que cela résonnait dans sa tête. Jamie la reprit sur le mot qu'ils avaient prohibé depuis bien longtemps de leur vocabulaire. Joanne ne put s'empêcher d'en rire. Elle sentit des pommettes rougir en entendant son compliment, flattée. "Tu n'étais ni étrange, ni entreprenant. Sinon, moi, à côté, que serais-je ?" Joanne soupira. "J'avais envie de toi, Jamie. J'avais juste peur que... le fait d'aller trop vite pouvait raccourci notre relation. Et je savais déjà à ce moment là que ne je ne voulais pas que ça se termine un jour. Jamais." Elle l'entendit rire à sa question ne cessant de lui déverser un flot de compliments qui l'inciterait à couvrir davantage sa peau encore un peu brillant par la transpiration. Il semblait frustré de ne pas parvenir à mettre sur papier la manière dont il la voyait, avec ses propres yeux. Il l'était, cela l'agaçait. "Je..." Elle hésita un bref moment. "Je crois que j'aimerais beaucoup voir la manière dont tu me vois." avoua-t-elle, après y avoir longuement pensé. Elle trouvait sa tournure de phrase des plus étranges. Il retrouvait rapidement son côté taquin, s'amusant certainement avec rougir davantage ses joues. "Etrangement flatteur." C'était les premiers mots qui lui venaient à l'esprit. "Je n'aurai jamais pensé poser pour qui que ce soit, à vrai dire." Elle le regarda rapidement. "Et ça me laisse l'occasion de pouvoir t'admirer lorsque tu dessines." Tout en étant torse-nu, c'était le combo gagnant. "Je te trouve encore plus beau lorsque tu te concentres sur tes peintures, tes dessins." Et le fait de le voir si peu faire rendait la chose exclusive, encore plus incroyable. "Et torse nu, en plus..." dit-elle tout bas pour elle-même "Faisons cela." finit-elle par dire avec quelques minutes de réflexion et d'hésitation. "Après-demain, nous serons samedi. Gardons cette journée pour nous, juste pour nous." Elle plia une de ses jambes faisant glisser le kimono jusqu'au haut de sa cuisse, puis la repositionna à sa place initiale. "Je serai ton modèle autant d'heures dont tu auras besoin, jusqu'à ce que tu trouves satisfaction de ton croquis. Tu me dirais comment je dois être, quelle position... enfin tout ce dont tu as besoin. De nuit ou de jour, tu choisis." Ses iris bleus regardaient toujours la lune, presque pleine. "A condition tout de même que tu me nourrisses un peu si cela dure trop longtemps." ajouta-t-elle en riant. Puis elle le regardait, histoire de décrypte ce qu'il en pensait. Si ça se trouve, il penserait que c'est une idée tout bonnement ridicule. "Tu aurais tes deux amours combinés pour autant de temps que tu le désires. L'art, et ta Joanne." dit-elle d'un air tendre, gavé de bienveillance. "Ca te dit ?"
Rougissant une première fois, je secoue négativement la tête lorsque Joanne me dit que ses aînés pourraient me trouver à leur goût. Image assez dérangeant s'il en est. A sa proposition de faire une fête de Noël avec mon demi-frère et ma demi-sœur, dont nous oublions souvent la moitié de sang que nous ne partageons pas, j'hausse tristement les épaules. « S'ils se sont réconciliés d'ici là, pourquoi pas... » Mais rien n'est oins sûr. Charlie semble avoir la rancune tenace vis à vis de sa sœur. Plus tenace que la mienne. Je suis parvenu à faire un pas vers elle après le gala, répondant à celui qu'elle avait effectué vers moi ce soir-là. Nous pouvons nous considérer comme réconciliés, et partis sur de nouvelles bases. J'ai beau essayer de ne pas prendre partie dans leur conflit, il est difficile de ne pas se retrouver au milieu des deux, à ne plus savoir quoi faire pour les aider. Seul le temps y parviendra, sûrement. Joanne m'avait rapporté la réaction de Gabriella lorsqu'elle avait appris la nouvelle de sa grossesse. Elle gâtera l'enfant comme personne. « J'en doute pas. Elle fera une tante extra. » j'acquiesce avec un sourire, la voyant le couvrir de cadeaux et d'affection. Le premier Keynes né ailleurs que sur le sol anglais, et qui ne passera pas son enfance dans le relais familial. Une véritable hérésie. Mais dont je suis assez fier. La famille s'exporte ici et prend un nouveau départ. Peut-être réussirons-nous à nettoyer tout ce sang qui s'est perverti à Londres. Là-bas j'avais déjà effectué un croquis de Joanne. Elle ne sait pas qu'il en existe d'autres. Alors, quand elle demande si ce dessin n'est que le second, j'hausse les épaules, l'air innocent, et réponds avec un sourire malicieux ; « Pas vraiment, non... » J'abandonne rapidement mon croquis pour montrer à Joanne, de loin, le carnet que je tiens dans mes mains, et je tourne rapidement toutes les pages. Toutes noircies de dessins d'elle, parfois rapides, en trois coups de crayon, et parfois détaillés. C'est rougissant une seconde fois que je reprends a position initiale et reprends mon œuvre. Parler de Londres amène de nombreux autres souvenirs. Malgré les bons, cela me rapporte souvent à ces moments où j'étais incapable de me maîtriser. D'après la jeune femme, je gère mieux cette colère désormais. « Je le gère superficiellement. » dis-je pour la corriger. C'est peut-être idiot de se concentrer sur ce détail, mais je parviens pas encore à digérer. Si j'arrête la médication, je sais que partirai de nouveau en vrille. Et cela me rend fou. Peut-être que mes crises n'auront plus les mêmes raisons. Mais elles seront plus fréquentes, et incontrôlables. Aujourd'hui, je sais comment m'exprimer autrement. « Mais ça part toujours de la colère, quand même. » je murmure, un brin défaitiste. Il suffit de prendre ce soir comme exemple. Il faut d'abord que tout explose pour que nou nous retrouvions. Un cycle auquel nous sommes habitués, mais dont la violence augmentant m'inquiète parfois. Nous avons sûrement encore des choses à apprendre avant d'éviter d'atteindre, trop tard, le point de rupture. Je retrouve un sourire en coin quand Joanne me glisse quelques compliments, et rougis de nouveau. Convoité. D'où sort-elle des bêtises pareilles. « J'ai aussi entendu dire quelque chose comme ça. Comme quoi il est pris pour toujours maintenant. » j'ajoute à ses dires, jouant le jeu. « Il m'a l'air particulièrement heureux comme ça d'ailleurs. » Et sûrement personne ne pourrait me combler comme elle le fait. Personne ne pourrait me comprendre aussi bien, me canaliser, avoir cette influence sur moi. Elle m'avait mise à sa merci dès le début. En témoigne le soir qu'elle évoque ensuite. Je suis assez surpris de savoir qu'elle souhait déjà que nous restions ensemble à ce moment là. Mais la crainte l'avait poussé à garder ce qu'il restait de distance entre nous. « Tout était très nouveau et intimidant à ce moment là. » dis-je en acquiesçant d'un signe de tête. Je ne peux pas lui en vouloir d'avoir pris peur. Corrigeant mon dessin, je lui avoue ma frustration face à mon incapacité à me rapprocher du modèle, d'elle. Dans mes croquis, il manque son essence, sa présence. Il manque tout ce qui fait que l'on a pas besoin de la regarder pour savoir que c'est elle, que c'est Joanne. Cette aura qui la rend qui particulière. Je souris en coin, assez étonné qu'elle formule le souhait de pouvoir un jour se voir à travers mes yeux. « Tu ne l'accepterais pas plus que tous mes autres compliments. » Car je la vois comme un bijou, précieux, unique. Comme ce qu'il y a de plus beau au monde, et, désormais, un écrin parfait pour notre miracle. « D'ailleurs, tu refuses toujours de voir le portrait de toi que j'avais fait à Londres. » j'ajoute. Je l'aimais assez, ce portrait. Je préfère encore le tableau que j'en ai fais par la suite. Jusqu'à présent, c'est certainement celui qui s'approche le plus de la réalité. Et depuis, je n'arrive pas à retrouver ce degré de fidélité, aussi faible soit-il sur le premier portrait. Je poursuis le dessin actuel en l'écoutant m'avouer être flattée que je la prenne pour modèle. Le reste me fait encore rougir. Je passe une main sur mon visage, comme pour me cacher, ne sachant pas où me mettre. Je suppose qu'avec mes lunettes sur le nez, l'image lui plairait encore plus. « Ma Lady, vous êtes en train de me perturber en plein travail. » dis-je avec un sourire amusé. Lorsqu'elle reprend la parole, avec ce ton déterminé, je cesse de dessiner pour l'écouter. Plus elle avance dans sa proposition, plus mon regard est étonné, et ma bouche, en coin, d'abord inexpressive, esquisse un rictus ravi. Une journée d'art avec Joanne. « C'est... » C'est une proposition étonnante de sa part. Je mordille ma lèvre, sans trop savoir quoi dire. « Ca sonne comme la journée parfaite. » Je pose un instant mon carnet et mon crayon sur le dossier du canapé. Le temps de me pencher vers elle, appuyant mes mains sur l'accoudoir opposé pour la surplomber, et déposer un long baiser sur ses lèvres. « Je t'aime. » je murmure, avant de l'embrasser à nouveau. En retrouvant ma place initiale, je glisse une main sur sa cuisse, attrapant le tissu du kimono au passage pour recouvrir sa peau qu'elle avait elle-même dénudé. Quelques minutes passes, le croquis prend réellement forme. Ne souhaitant pas trop le travailler, je n'insiste pas sur les détails ; l'idée est avant tout de rendre l'ambiance du lieu, l'esprit songeur de Joanne, sa position quelque peu lascive sur le canapé, et ce qui peut trahir le déroulé de la soirée. « J'ai bientôt terminé. » dis-je, concentré à chercher ce qu'il manque. La pièce n'existe pas sur le papier, le canapé est à peine esquissé. Le kimono de la belle se confond presque avec le cuir. Il laisse voir toutes ses formes à travers le satin, ce qui rend à mon goût l'image encore plus sensuelle grâce à la suggestion. Il y a cette mèche sauvage sur la joue de son visage angélique qui crée un adorable contraste entre son regard rêveur et doux, et tout ce que cette simple mèche signifie. Non, finalement, il manque rien, si ce n'est une petite ombre, là, pour marquer la finesse de ses clavicules. « Tu voudras le voir, celui-là ? »
Dernière édition par Jamie Keynes le Lun 26 Oct 2015 - 0:41, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne avait oublié la relation conflictuelle entre Charlie et Gabriella, elle se sentait stupide d'avoir eu l'envie de les inviter en même temps pour fêter Noël. "Désolée, ce n'était pas une bonne idée." dit-elle tout bas, songeuse. Les fêtes de fin d'année étaient plus proches que l'on ne pouvait l'imaginer. Mais il était tout à fait d'accord concernant Gabriella, qui serait une tante incroyable. Certainement à trop gâter le petit, mais ce ne serait que de belles intentions. La jeune femme ignorait que Jamie passait énormément de temps à la dessiner. Elle était perplexe en entendant sa réponse négative, et redressa la tête pour le regarder d'un air interrogatif. Il lui montrait alors rapidement le carnet qu'il avait en main, griffonné et dessiné de partout, avec plus ou moins de détails. Joanne n'en vit que quelques ombres, mais cela suffit à l'impressionner et à le regarder bouche bée avant de rougir de plus belle. "Mais.. Combien... Quand ?" Les mots lui manquaient, puis elle retrouva sa position initiale en riant très nerveusement. "Oh mon dieu..." dit-elle au milieu de ses rires gênés. Elle ne remarquait pas que Jamie rougissait lui aussi. Vint le sujet de Londres. Aucun d'eux ne pouvait ignorer les rages de Jamie, ce besoin de détruire ou de s'auto-détruire lorsqu'il ne gérait plus rien. "Tu le gères quand même, mon coeur." lui répondit-elle doucement. Elle savait que ses médicaments jouaient beaucoup, que ses séances avec la psychologue aussi. Mais il y avait une volonté de la part de Jamie, il voulait être quelqu'un de meilleur. Et il n'avait plus que Joanne comme motivation, mais également l'enfant qui était en train de grandir dans le ventre de sa future épouse. "Et tu n'es pas seul, dans tout ça. Je suis là, moi." ajouta-t-elle. Elle se demandait si l'arrivée dans leur vie allait peut-être inhiber ces colères. C'était une théorie envisageable, aux yeux de la jeune femme. "Tu as certainement besoin d'évacuer encore beaucoup de choses." Et là, elle devait reconnaître que la psy pouvait lui être utile. C'était dur à accepter pour Joanne, dans la mesure où elle voulait tant être cette oreille attentive pour lui. Savoir qu'elle ne l'était pas était un peu comme une lourde défaite pour elle. Il n'avait pas eu une vie facile, loin de là. Et pendant tout ce temps, il devait absolument tout contenir, il fallait bien que l'abcès se perce un jour ou l'autre. Jamie reprit rapidement le petit jeu commencé par Joanne, ce qui la fit rire. " Ah oui ? Vraiment ? Et comment as-tu eu toutes ces informations ?" lui rétorqua-t-elle avec un brin de malice dans sa voix. Ils revenaient sur la soirée passée à l'appartement de Joanne. "Ca reste un très beau moment pour moi. Cet instant où l'on se rend compte que l'on est encore capable d'avoir un tel flot d'émotions et de sentiments pour quelqu'un." dit-elle, rêveuse. Il était persuadé qu'elle n'accepterait jamais les dessins qu'il ferait d'elle. La jeune femme sourit, amusée. "Cela ne m'empêche tout de même pas de les voir." répliqua-t-elle doucement. "J'aimerais parfois, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, voir tout ce qui nous entoure comme tu le vois, toi. Que je puisse mieux te comprendre sur certains points." Elle restait silencieuse quelques secondes. "Te connaître par coeur." dit-elle tout bas, parlant plus pour elle-même. Joanne le vit rougir de plus belle, au point de passer une main sur son visage, exprimant qu'elle le perturbait. "Vous m'en excuserez, je ne faisais que partager le fond de mes pensées." dit-elle d'un ton enthousiaste. Joanne venait de lui lancer une proposition qui lui traversait l'esprit à ce moment là. Il en restait longuement bouche bée, muet. Puis une grande satisfaction se lisait sur son visage, jusqu'à ce qu'il qualifie ce programme de parfait. Il se défit de son matériel d'artiste pour s'approcher d'elle et se pencher sur elle, lui offrant un long baiser, des mots d'amour et un autre baiser. A ce moment là, Joanne lui caressa tendrement la joue avant de la repositionner là où elle était. Des minutes passèrent, jusqu'à ce qu'il dise qu'il en avait presque fini. Ca la rendait étrangement nerveuse. Encore plus lorsqu'il lui proposer d'en voir le résultat. Pendant longtemps, Joanne resta silencieuse. Elle se redressa, puis le regarda, ne pensant pas à ajuster son kimono, dont un côté avait glissa le long de son épaule. Ce ne fut que lorsqu'elle s'approcha de lui qu'elle pensait à le remettre en place, mais il n'allait pas tarder à se laisser couler le long de son bras une nouvelle fois. Joanne s'attendait à voir en dessin l'image qu'elle se faisait d'elle - rien de très valorisant. La surprise était des plus totales, devant ces quelques coups de crayon, elle en restait longuement muette, immobile. D'un bout d'un de ses doigts, elle reprenait, très délicatement et très lentement certains traits de son croquis. Elle ne se reconnaissait absolument pas. Du moins, pas comme elle se pensait être. Décrochant ses yeux bleus du dessin, ceux-ci regardaient Jamie, en quête de réponse et d'affirmation. "C'est... c'est vraiment moi ?" Avant qu'il ne prenne mal la tournure de cette phrase, elle bégaya. "Je veux dire, ce... ton dessin est magnifique, je... je ne pensais pas être aussi..." Les mots peinaient à sortir de sa bouche, elle les employait très peu souvent pour elle, pour ne pas dire jamais. "...belle... sensuelle... ?"
En voyant le carnet débordant de dessins parfois serrés à deux ou trois petits croquis sur la même page, d'autres prenant tout l'espace, la diversité des traits, des points de vue, trahissant le nombre incalculable de fois où je l'ai reproduite à son insu, ou parfois de mémoire, Joanne n'en reviens pas. Dans la lumière bleue de la lune, je ne peux pas voir ses joues rosir, mais je le devine très bien. Avouer toutes ces heures passées à l'admirer et la coucher sur papier me rendent aussi nerveux et gêné. « Beaucoup. Tout le temps. » je réponds succinctement à ses mots perdus, haussant les épaules et riant, amusé. Il doit y avoir là des centaines de croquis qui ont suivi celui de Londres. Mais il reste encore des dizaines de pages à noircir. J'aime l'ordre dans l'atelier, thématiser mes carnets. Celui-ci ne comporte que des dessins de Joanne. D'autres regroupent des paysages de Londres, de Brisbane, d'autres visages, et parfois, rien de précis, une émotion, des formes ayant des significations momentanées et qui les perdent une fois l'instant passé. Ce qui est un peu le cas de la majorité de mes tableaux. Un point de départ réel, et du reste, de l'émotion à base d'arabesques et de couleurs. J'ai toujours du mal à croire qu'on puisse en vouloir. Mais je m'y résigne peu à peu. Je commence à me demander lesquels j'accepterai de montrer. Celles empruntes de colère resteront ici. Je ne sais pas ce que j'en ferais, si j'arriverai à m'en débarrasser un jour, ou si les toiles continueront de s'entasser dans un coin jusqu'à ce qu'il soit si concentré en rage que je n'ose plus moi-même m'en approcher. « Je le sais... » je murmure. Joanne est là pour me soutenir dans tout ce que je fais, dans ma guérison -si un tel terme existe pour moi. Je ne suis pas seul, et je ne dois pas m'obstiner à l'être. Il est encore difficile de la laisser m'aider. C'est avouer une immense faiblesse, une faille béante. Un puits duquel sort parfois tout ce que l'on a cherché à y enfouir. Beaucoup de choses qui doivent sortir. « Sûrement, oui. » Peut-être qu'une fois que tout sera sorti, il n'y aura plus de colère. S'il y a une fin à cela un jour. Forcément. Je ne resterai pas ainsi pour toujours, je ne le tolérerai pas. Je finirai par trouver une issue, un moyen d'aller définitivement bien. Je ne veux pas que cela entache mon bonheur, notre bonheur. Car j'ai Joanne, et cet enfant à venir ; que pourrais-je demander de plus ? Elle me rend heureux, j'ai toutes les raisons d'être épanoui, et donc, de vouloir continuer à travailler jusqu'à ce que la colère ne soit plus. C'est de manière détournée, à sa manière à vrai dire, que j'avoue à la jeune femme que oui, je suis bien à elle, et, mariage ou non, engagé pour toujours à ses côtés. Comment je le sais ? « Grâce à lui ! » dis-je, nigaud à souhait, en levant le petit doigt d'une main. Puis je retrouve mon sérieux quand Joanne, au sujet de la soirée dans son appartement, avoue en garder un beau souvenir ; le souvenir du moment où elle a compris qu'elle pouvait de nouveau aimer quelqu'un. Même si la signification de cette phrase me touche, sur le moment, ce n'est pas forcément dans le bon sens. A vrai dire, un pincement au coeur me fait serrer les dents. « C'était la première fois que je ressentais ça pour quelqu'un. » je murmure, si facilement capable de tourner moi-même le couteau dans la plaie. Oui, pour elle, c'était redécouvrir des sensations, renouer avec des sentiments, ceux qui avaient disparu avec son ex-mari. Pour moi, c'était une première fois, et qui réunissait toute l'intensité, tout ce qu'il y a de particulier dans une première fois. C'est idiot, je me blesse tout seul. Cela n'a pas de sens. Idiot. Je me reconcentre sur le dessin -cela vaut largement mieux. J'écoute Joanne, songeuse, rêver d'être capable de voler mes yeux quelques minutes pour voir le monde à ma façon. Une vision qui n'a rien d'enviable, à mon avis. Pleine de méfiance pour le monde extérieur. « Tu me connais déjà par coeur. » je lui assure avec un sourire. Même les pires côtés, je pense qu'elle les connaît. Quoi que, je ne crois pas qu'elle ait déjà eu affaire à la réelle noirceur dont je fais preuve face à Kelya. Mieux vaut qu'elle n'en sache rien. « Mais si tu tiens tant à avoir mon point de vue... » J'hausse les épaules. Elle a l'embarras du choix. « Eh bien, tu as ici tout un atelier débordant de tableaux pour ça. » Rien ne l'empêche de fouiller, regarder, chercher jenesaisquoi. Ils sont ce qu'il y a plus proche de mes pensées et mes émotions dans leur forme la plus pure, et donc, de ma vision du monde. Le temps passant, le croquis prend de plus en plus forme, et enfin, je pose le dernier trait de crayon sur le papier. Je propose à Joanne ne venir voir, pensant qu'elle refuserait. Alors, lorsqu'elle bouge pour venir près de moi et se pencher sur le croquis, mon coeur se serre. Elle reste muette un petit moment. J'avoue avoir peur que le dessin ne soit pas à son goût, qu'elle se trouve trop provocante, mal proportionnée, qu'elle se trouve une montagne de défauts comme elle sait si bien le faire. Au lieu de cela, elle s'étonne de se reconnaître dans les traits de la jeune femme sensuelle étendue sous ses yeux. « Pourtant, tu l'es. » dis-je tout bas, posant mon regard sur elle, tendre et amoureux. Je glisse finalement derrière son oreille cette mèche qui demeurait depuis tout ce temps collée à sa joue. Puis j'en profite pour tirer délicatement sur son kimono pour le replacer sur son épaule et couvrir sa peau porcelaine. « Sinon comment crois-tu être capable de me rendre fou si facilement ? » je demande avec un petit sourire au coin des lèvres, avant de lui voler un baiser. Mon regard se pose de nouveau sur le croquis. Il manque toujours quelque chose. Le quelque chose. Je soupire et ferme le carnet. « Mais tu es bien plus que… juste ça. » Juste une pâle imitation qui n'arrive pas à la cheville de la personne qu'elle est, c'est si réducteur que c'en serait presque dégradant pour elle à mes yeux. D'un autre côté, je l'idéalise tant que je n'arriverais sûrement jamais à atteindre cet idéal. « Tiens, si tu veux voir le reste. » dis-je en déposant un baiser sur sa joue, et le carnet sur ses genoux. Elle peut regarder cela, ou le reste. Venir ici, aller de toile en toile, c'est un peu me sonder, dans un sens. Pour ma part, je profite que la place dans le canapé soit enfin libre pour m'y allonger de tout mon long, prendre toute la place, sur le dos, un bras replié derrière ma tête afin de la surélever un peu et pouvoir continuer d'observer Joanne.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne savait pas quoi dire face aux révélations de Jamie, comme quoi il se plaisait à beaucoup la dessiner. Tout le temps. Elle savait qu'il l'aimait, qu'il la sublimait, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit constamment dans ses pensées ainsi, au point de vouloir crayonner sa silhouette sur quelques morceaux de papier. Jamais elle n'aurait pensé qu'une personne veuille autant la dessiner, ressentait le besoin d'esquisser ses formes. Elle était un peu gênée, mais la jeune femme se sentait avant tout flattée. "Je pense constamment à toi, mais je ne sais absolument pas dessiner -en fait je n'ai aucun talent-, ça compte aussi ?" dit-elle en riant, gênée. Joanne n'avait jamais osé se rendre dans cet atelier, ni regarder tous ses tableaux. Elle avait l'impression que si elle le faisait, ce serait violé l'intimité qu'il se permettait, et s'était persuadée seule qu'il ne voudrait jamais la laisser entrer dans ce monde là. Joanne tout craché. Jamie se refermait aussitôt lorsqu'ils parlaient de ses colères. Ses phrases ne faisaient pas plus que trois mots, elle sentait très vite qu'il ne voulait pas s'éterniser sur le sujet. Cela faisait forcément remonter en lui des souvenirs douloureux, physiquement, ou mentalement. Il gardait certainement en mémoire des actes qu'il regrettait amèrement. Londres, ou le soir où il avait bousculé Joanne. Elle ne lui tenait plus rigueur, à vrai dire. Elle préférerait presque qu'il l'extériorise verbalement, qu'il s'exprime dès qu'il en ressent le besoin. La belle blonde savait qu'elle avait gaffé la seconde après qu'il lui dit que c'était la première fois qu'il avait de tels sentiments pour quelqu'un. Elle s'en mordait la lèvre inférieur, se maudissant de tous les noms. "Et je suis honorée et comblée que ce soit tombé sur moi." lui rétorqua-t-elle gentiment. "C'est différent à chaque fois, tu sais." ajouta-t-elle, pensive. "Ton coeur s'emballe différemment, tu ressens tout différemment. Et avec toi... c'est..." Joanne parcourut tout son vocabulaire afin de trouver l'expression qui correspondait le plus. "Il n'y a pas de mots, en fait." dit-elle, bien pensive. Jamie semblait sûr que sa fiancée le connait déjà par coeur. "Non, ce n'est pas vrai." répliqua-t-elle, les yeux rivés sur le ciel. "Je sais qu'il y a des choses que je ne saisis toujours pas." Sur ce point, elle était une éternelle insatisfaite. "Des choses qui me sont cachées, que je n'arrive pas à voir. Ce ne sont peut-être que détails, mais..." Joanne restait plongée dans ses pensées. "J'ai envie de les savoir. Par coeur. Absolument tous." dit-elle tout bas afin de finir sa phrase. Le bel homme lui suggéra de regarder ses oeuvres, signifiant par là qu'il lui laissait libre-accès à son petit monde à lui. Bien qu'elle allait certainement se le permettre, la jeune femme restait sceptique. [color=#006699]"J'ai peur de tout comprendre de travers, d'être à côté de la plaque." Elle avait beau être conservatrice et s'intéresser à l'art, Joanne était beaucoup plus douée en matière d'interprétation lorsqu'il s'agissait d'oeuvres plus anciennes. Désormais installée juste à côté de lui, elle restait longuement silencieux face à son dessin. Son coup de crayon était incroyable, il était vraiment talentueux. Il disait la trouvait belle et sensuelle, elle pencha légèrement et nerveusement sa tête. Ne sachant pas trop quoi lui répondre, elle préférait se concentrer sur le geste tendre qu'il avait en plaçant une de ses mèches de cheveux derrière l'oreille. "Tu le penses vraiment ?" finit-elle par lui demander en le regardant dans les yeux. Elle ne doutait pas de sa sincérité, mais ressentait le besoin de l'entendre une nouvelle fois. "Je ne fais rien pour, pourtant." Elle haussa les épaules, toute timide. "Parfois, j'essaie, mais j'ai l'impression de devenir tout de suite trop... provocatrice." Elle marqua une pause. "Ou vulgaire, peut-être. Je ne sais pas." Jamie restait insatisfait en regardant son croquis, lui semblant bien simpliste à ses yeux. La jeune femme lui sourit en toute tendresse, lui caressant la joue. "Peut-être que tu y arriveras, samedi." lui dit-elle doucement. "Tu auras tout le temps dont tu as besoin." Elle l'embrassa sur le coin des lèvres. "Et tu m'auras moi." Il lui laissa le bloc-notes, l'invitant à regarder le reste. Pendant ce temps, Jamie s'allongea confortablement sur le canapé. Joanne tournait les pages comme s'il s'agissait de feuilles, regardant avec attention chacun de ses dessins. Chacun d'eux la faisait sentir belle, un peu plus à chaque fois. Son coeur s'emballait un peu, étonnée de voir autant de croquis. Certains étaient détaillés, d'autres non. "Je ne pensais pas occuper tellement tes pensées." dit-elle en arrivant aux dernières pages. Elle finit par se lever, regardant de près ou de loin ses tableaux. Son pas restait très hésitant, elle avait l'impression d'être comme une intrus. Elle prenait le temps de tout regarder. Elle aimait absolument tout, sans exception. "Il y en a beaucoup qui mériteraient d'être illuminé dans une galerie d'art." dit-elle à voix basse, à elle-même. Elle ne s'aventura pas plus que ça dans ses oeuvres, finissant par retrouver Jamie allongé sur le canapé. Elle s'installa sur le bord de ce dernier, déposa sa main sur son torse, puis l'embrassa tendrement.[color=#006699] "Vous êtes incroyable, Jamie Keynes."[:color] lui dit-elle à voix basse en lui caressant tendrement la joue. [color=#006699]"Si seulement vous saviez combien je vous aime."
Mes silences ont toujours été bien assez éloquents. Ce qui est parfois bien pratique. Un regard expressif, une fluctuation des traits du visage, un souffle qui en dit long sont souvent l'économie de mots maladroitement choisis. Et à d'autres moments, avoir des silences aussi expressifs, tandis que les mots donnent plus de contrôle sur le message que l'on souhaite porter, peuvent être un réel embarras. Ainsi, je reste parfaitement muet quand Joanne tente de se rattraper au sujet de la soirée à Londres. Un sourire légèrement triste au coin des lèvres, mon regard est à la fois reconnaissant, et résigné ; je sais qu'elle veut bien faire, qu'elle veut me faire comprendre la différence qu'il y a entre moi et son premier mari, peut-être insinuer que notre relation a quelque chose en plus que celle qu'elle avait connu avant, mais non ; il n'y a rien qu'elle puisse dire ce soir pour pleinement me rassurer, me réconforter. Ce n'est pas contre elle, ce n'est pas de sa faute. Comment lui reprocher d'avoir eu une vie avant moi ? C'est moi, ce n'est que moi et mon esprit qui se torture tout seul, qui se plaît, je ne sais pas pourquoi, à me rappeler l'existence de l'homme avant moi pour m'enfoncer. A chaque fois qu'il me revient en mémoire, je serre les dents, je tente de l'effacer à toute vitesse. Je ne dois pas me laisser bouffer par un fantôme. Même s'il est beaucoup plus réel que ça, il ne doit pas être plus que cela à mes yeux. Le genre d'esprit qui nous hante parfois, mais que l'on finit par accepter, avec lequel on vit ; un souvenir indissociable qu'on regarde de loin avec un léger sourire en coin. Un silence encore quand Joanne insiste sur le fait qu'elle ne me connaît pas par coeur. Qu'il y a des choses cachées, qu'elle ne voit pas, qui lui échappent. Je fais mine d'être trop concentré sur mon croquis pour répondre. Car au fond, elle a raison. Elle connaît le meilleur et le pire de moi-même, et, à mes yeux, tout ce qu'il y a à savoir, si ce n'est largement plus que cela. Oui, elle me connaît presque sur le bout des doigts, même si elle ne le voit pas. Mais elle voit très bien les détails qui lui échappent encore. Et que je préférerais qu'elle ne découvre jamais. Je mourrais de l'entendre me dire un jour qu'elle reconnaît telle ou telle caractéristique de ma famille dans mon comportement. La cruauté de mon père, l'indifférence de ma mère. Alors que je sais qu'ils sont là, parfois. Des modèles dont il est parfois difficile de se détacher complètement. Alors je ne dis rien. Je ne veux pas mentir en disant qu'elle a tort, qu'elle sait absolument tout de moi. Je ne veux pas non plus lui donner raison en disant, vaguement, que le peu que je garde hors de sa portée est caché uniquement pour son bien, et qu'elle doit me les laisser. Elle paniquerait. Je nous laisse aller d'un sujet à l'autre, lui proposant de jeter un coup d'oeil à tout ce qui compose l'atelier si elle veut avoir un aperçu de ma vision des choses. « Si tu les comprends mal, c'est que je les aurai mal peins. » je réponds avec un léger sourire. Après tout, si une pomme ne ressemble pas à une pomme sur le papier, ce n'est que de la faute du dessinateur, non de celui qui regarde ensuite. Si un tableau ne parle pas comme il doit le faire, alors il n'est pas bon, tout simplement. Ce sont comme tous ces dessins de Joanne. Tous ces portraits qui me paraissent incomplets. Ils sont beaux, ils sont réussis, mais quelque chose leur manque afin qu'ils soient parfaitement terminés. Il manque la vie. Et cela est uniquement de mon fait. Parce que je ne suis pas encore capable de me rapprocher de l'aura du sujet -Rembrandt y arrive si bien, et je suis à des années lumière de lui. Néanmoins, l'intention première du croquis est là. La jeune femme est représenté dans toute cette sensualité qu'elle s'ignore. J'acquiesce d'un signe de tête lorsqu'elle redemande confirmation ; c'est bien elle, qui est aussi belle, qui peut inspirer autant de désir. Elle n'a pas besoin de faire quoi que ce soit pour cela. « Vulgaire ? » je répète, surpris par le terme que la belle emploie, les yeux écarquillés mais le sourire amusé. Un rire m'échappe. « Toi, vulgaire ? » Quelle idée. Elle ne sera jamais ni provocante, ni vulgaire. Ce n'est pas dans sa nature, et c'est une chose qui transparaîtra toujours. Elle pourrait enfiler une tenue des plus choquantes que n'importe qui verrait que ce n'est pas elle. « Mon ange, tu es bien incapable de l'être, même si tu le voulais. » dis-je tendrement avant de lui voler un baiser. Ces bêtises qu'elle est capable de dire à son propre sujet. Parfois exaspérantes, parfois amusantes. Finalement, je ferme le carnet. Peut-être que la représentation que je ferai d'elle samedi sera plus réussie, plus proche d'elle. J'ai hâte d'y être. De passer la journée à la dessiner, la peindre, tout en discutant de choses et d'autres. Je pourrai, d'une certaine manière, l'admirer pendant des heures en tout légitimité. « Si ça se trouve, samedi ne suffira pas. Il faudra continuer dimanche. » j'ajoute avec un brin de malice, de complicité. Je ne me lasserais jamais de l'avoir uniquement pour moi. De pouvoir la dessiner pendant des heures, la regarder me regarder. Elle est capable de mettre tant d'amour dans un simple regard. C'est désorientant, parfois, ça donne le vertige. Je lui laisse le carnet, et m'allonge -je ne sais pas depuis combien d'heures mon dos n'a pas eu le droit de vraiment se détendre de la sorte, et je prends rapidement goût à cette détente. Pendant ce temps, Joanne feuillette les pages pleines de croquis d'elle. Bizarrement, je ne ressens aucune gêne face à cela. Ce sont des petits coups de crayon que j'apprécie, qui montrent, plus ou moins fidèlement, la manière dont je la vois, l'amour que j'ai pour elle. C'est une manière pour elle d'en avoir conscience, alors qu'elle ne savait pas prendre autant de place dans mes pensées. « C'est peut-être la preuve que tu ne me connais pas par coeur au final. » dis-je pour la taquiner. La jeune femme quitte le canapé quelques minutes. Elle déambule dans l'atelier, regarde quelques tableaux sans vraiment approcher, timide. Elle ne se permet pas de déplacer quoi que ce soit, de tirer une toile pour voir celle qui se cache en dessous. Elle regarde en surface, ce qui est déjà enfreindre une grande partie de ses règles concernant cet endroit. D'après elle, beaucoup des œuvres méritent leur place en galerie. A force de me l'entendre répéter, je devrais m'y faire, mais non. « Je commence à y réfléchir. » dis-je tout bas, conservant une partie de la quiétude de la pièce. « Je ne sais vraiment pas lesquels le méritent plus que d'autre. S'il en est. » Difficile de me faire changer d'avis sur la question. Nyx aura réussi l'exploit de me remettre en question. Mais pas de me convaincre qu'exposer n'est pas une immense blague de ma part. C'est surtout devenu un moyen de parvenir à mes fins. « Je laisserai sûrement quelqu'un d'autre choisir. » L'agent, le galeriste, Joanne, Gabriella, n'importe qui me connaissant assez pour savoir ce qui doit être accroché sur un mur sans m'être trop éprouvant. Car il est encore terriblement angoissant pour moi de songer au nombre de critiques qui pourraient me tomber dessus. La jeune femme revient, s'installe sur un coin du canapé en cuir. Je caresse tendrement sa joue en l'embrassant. Elle est est si belle, ici, à la lumière de la lune qui a déjà bien disparu depuis que nous sommes montés. Le soleil, à l'horizon, se devine. Le ciel est déjà un peu plus clair. Quelques reflets dorés se devinent, et rendent des couleurs à l'atelier. Incroyable, me qualifie-t-elle. Je secoue négativement la tête, refusant le compliment pour moi. Je ne suis que quelqu'un qui a eu la chance de ne manquer de rien, d'avoir du temps à perdre, de l'argent à dépenser. J'ai moins de mérite que ce que l'on veut bien me donner. « Vous l'êtes bien plus. » je réponds avec un sourire. « Je vous aime aussi. » Déposant un nouveau baiser sur ses lèvres, je la tire doucement vers moi, d plus en plus, puis passe mes bras autour d'elle afin de la déloger de sa place et l'allonger à côté de moi sur le canapé, côté dossier. Là, je garde tout loisir de l'embrasser pendant encore de longues minutes, inlassablement. Une main sur son visage, je caresse ses lèvres langoureusement, tendrement, un léger sourire animant parfois mon visage entre deux baisers, le regard rempli d'amour lorsque je croise ses yeux bleus. Puis je repose ma tête, cale mon visage au creux de son cou, la câlinant doucement. Les yeux fermés, je somnole. Le silence, le calme me détendent, m'emportent. « Non, je ne dors pas. Je… me repose. Un peu. » dis-je tout bas au bout de quelques minutes. Bien sûr, je m'endors.