Satisfaite de ton nouvel exploit, tu t’es étalée de nouveau sur le matelas après avoir maîtrisé l’entièreté du jeu. Il faut dire qu’à l’heure actuelle, le sexe est le seul truc dans lequel tu peux avoir un certain contrôle. Tu n’aurais pas cru qu’avoir un pouvoir supérieur sur les évènements à venir t’aurait autant manqué, toi la Mademoiselle qui se laisse totalement vivre par ce que la vie a à lui offrir. It’s been a bitch lately. La soumission n’est pas ton truc, être enchaînée non plus. Tu veux le contrôle sur tes mouvements, sur tes actions, sur tes choix. On t’a déjà trop enlevé ce droit et cette possibilité dans ta vie. Alors que sur Jordan, tu as ce contrôle. Mieux encore, ton partenaire te laisse les pleins pouvoirs sur sa personne. C’est grisant. Il faut juste savoir ne pas aller trop loin. Même si la tentation de mettre sa main au cou est tentant. C’est pas lui, c’est Jordan et tu veux pas lui faire de mal. Vous avez beau avoir des relations physiques parfois extrêmes, ça n’a jamais débordé. Il n’y a pas de raison que ça arrive maintenant.

D’autant qu’il est tellement adorable avec toi, à te mordre et t’embrasser le visage, flattant ton corps en même temps que l’effort physique que tu viens de faire pour vous donner les plus beaux extases. Tout ça devant les yeux innocents d’une Vaiana à la recherche de sa liberté et de réponses. Ça résonne en toi, dans une certaine mesure. « Can I offer to carry you in the bathroom for a good shower and maybe one more orgasm if it is your wish my Lady. » Il te traite et te parle comme la princesse en cristal que tu es depuis de trop longs jours et c’est loin de te déplaire. “Seulement si c’est un bain et que c’est toi qui t’occupe de tout.” Tu exiges - surtout pour la deuxième partie car la première, c’est juste une question de praticité vu ton plâtre dont il persiste à oublier l’existence. “I can lead with pride, I can make us strong I'll be satisfied if I play along But the voice inside sings a different song. What is wrong with me?” L’écran t’a interpelé, le son encore plus alors que Vaiana chante sa chanson et que c’est vraiment “Un des plus beaux Disney.” que tu souffles, émerveillée. “On devrait se faire une croisière un jour. Partir sur un bateau et prendre le large.” Exploit comme paroles venant de toi mais ça te fait bien envie quand tu vois la beauté du paysage à l’écran. Certes, c’est de l’animation mais ça reste basé sur le vrai monde et le vrai monde est beau - c’est juste les gens qui sont moches et vils. En tout cas, tu sembles perdue à la fois dans ta contemplation et dans tes pensées. Le noeud dans ton estomac se rappelant à toi.

« C’est encore mieux ça. » De nouveau perdue dans ton esprit, tu l’entends vaguement et tu lui réponds avec un simple petit sourire. Il y a vos habitudes qui se sont perdues depuis que vous êtes chez Aurora - tu préfères penser dans ce sens plutôt que de te dire que ce kidnapping a été le début d’une nouvelle vie pour vous, pour toi, car tu n’as pas envie que ce soit le cas même si ça le sera forcément. Un avant et après sera à prévoir et cela a commencé par l’habitation et se poursuit, tout bêtement, vers ton Disney préféré qui change vu la situation. Tu aimes Raiponce de tout coeur mais avoir ce sentiment d’enfermement partagé avec ta princesse préférée n’était pas un but dans ta vie, encore moins dans ta do-list des choses à réaliser avant tes quarante ans - okay, t’as jamais eu de to do list car tu prévois rien mais captez l’idée.

« See the light as it saines on the sea? It’s blindiiiing. But no one knows, how deep it goes…! » Ah, là, tu tournes la tête vers lui, l’air tout aussi émerveillé que par le film. “Of course you know that song.” Quelle chanson Jordan ne connaît pas ? C’est un répertoire et un jukebox sur pied, ça ne t’étonne pas mais ça t’impressionne toujours quand même. Même si c’est la chanson la plus connue du film. Ce n’est pas la première fois que vous regardez ce film non plus. Il a une très bonne mémoire musicale.

« Ouais on peut faire ça un jour. Avant ou après Orlando et le Parc Harry Potter ? » Orlando ? Le Parc HP ? La confusion peut se lire sur ton visage. « On le fait toujours cette année ? » “On devait le faire cette année ?” que tu demandes en clignant des paupières. T’es redevenue toute molle, tu es une petite flaque de chair dans le lit, le visage levé vers son fiancé. “Tu me demandes trop de détails, là.” T’en sais rien si avant ou après, tu ne te rappelais même plus que vous deviez faire le parc HP cette année - et c’est une perspective très réjouissante, surtout à ce moment de ta vie. “On va faire le parc cette année ? On peut ?” Que tu redemandes pour demander confirmation car tu as été assez déçue (et le mot est faible) dernièrement pour ne pas envie de l’être de nouveau. “Tu sais que j’ai envie d’aller dans ce parc depuis… Bah, depuis sa création, en faites.” Oui Jordan le sait. Tu devais même le faire avec Will avant qu’il ne parte là bas et qu’il en profite pour le faire lui même.

« I looooooooove this song !! » La passion derrière son exclamation se fait entendre et te rend bien plus ravie que tu n’aurais pu l’imaginer. Et cela, même si ça ne voit pas forcément dans ton expression faciale car t’es surtout lasse et fatiguée, plus de l’accumulation des jours et des tensions que de l’effort que tu as tout juste fourni mais ça joue aussi.

« On en avait parlé il me semble ouais. » Ah ? Le point positif est que c’est une très bonne nouvelle donc ça ne te dérange pas de l’avoir oublié - vu tout ce qu’il s’est passé dernièrement en plus, ce n’est pas tant une surprise que ça. Même si ça te paraît louche. « On peut y aller oui. Suffit juste qu’on se mette d’accord sur les dates, j’ai déjà tout regarder sinon, je sais quoi booker pour que tout soit prêt. » Cependant, si Jordan sait déjà où et quoi réserver, qu’est-ce qu’il attend pour le faire ? Voilà quelque chose dans ta to do-list depuis des années, il n’a pas besoin de ton aval pour valider ce qu’il a à valider. « Faudrait y quand y’a le moins de monde. On a pas d’enfants on a pas besoin de suivre le calendrier des vacances scolaire. » Tu fronces le front car tu ne sais pas trop pourquoi il te dit tout ça. Les dates ? Tu n’as pas d’impératif, à part le 12 juin où tu sais que tu seras pleinement de nouveau libre. « Mais on aura peut être un nouveau baby… » Un léger sourire s’étire sur tes lippes. « D’ailleurs faudra voir si quelqu’un peut le garder… » Avant que tu ne grognes légèrement en passant tes mains sur ton visage. « Pardon je vois trop loin dans le futur. » “Clairement trop de futur et trop de… Détails. Attends, je vais regarder mon agenda…” Tu regardes ta main en faisant mine de feuilleter les pages d’un agenda invisible. “Je te confirme que je suis dispo quand tu veux.” Tu le regardes avec un air désabusé. “Je te fais confiance, prends quand tu veux, je m’en fiche. J’ai pas d’obligation.” Ton magasin n’est pas dans ta tête, étant loin d’y penser pour le moment.

« Ok. » J’ignore si mon ton était trop mordant ou trop agressif ou trop las à ses oreilles, je dose pas la façon dont mes paroles sortent de mes lèvres, d’autant que je me retrouve avec un conflit interne qui est en train de nouveau de me bouffer la tête. Cependant, je mentirai si la perspective de m’envoler vers Orlando, aka ma potentielle happy place ever, dans un jour, semaine, mois à venir ne m’offre pas une parenthèse aussi appréciable que douce dans ce putain de capharnaüm qu’est ma tête, ma vie en général dernièrement. Pourtant, y’a Vaiana et y’a Jordan, les deux me promettant le monde et son étendue, il faut juste qu’on puisse le faire. Ça n'étonnera personne que j’ai soif de liberté, d’horizon, de même simplement me planter devant cette foutue mer sur cette foutue plage afin de me rendre compte qu’on est petits, qu’on est rien et que de toute façon, tout le monde finira au même endroit. Même ce connard d’Alistair. « Je vais nous prévoir ça. » Je souris, pleinement et sincèrement, même si j’aurai bondi au plafond dans d’autres circonstances. Mais le cœur y est, je le jure, et j’aurai le temps de bondir tous les jours à venir avant le jour final et surtout le jour J. “You’re the best.” Ca aussi, je le pense fort, parce que c’est vrai et qu’il mérite que j’agite ma reconnaissance à son égard d’être mon organisateur personnel en toute circonstance, surtout là. J’ai vraiment zéro scrupule à lui laisser tout faire, et j’en aurai eu aucun non plus même avant tout ça, on me connait.

« Est-ce que tu sais vers quel heure elle revient Aurora demain ? » Pourquoi faut toujours qu’il pose ce genre de questions ? Voilà pourquoi c’est lui qui planifie tout. Exactement pour ça. Control freak - j’abuse, mais je l’aime comme ça. Même si ça a tendance à m’exaspérer, comme tout son blabla juste avant qui était trop pour ma tête qui était loin, très loin de faire les liens avec tout ce qu’il a déballé - et ça m’a surtout stressé. « Pour savoir jusque’à quand je peux me balader à poil. » ah. AH. “Ah bah fallait commencer par ça.” Ça change touuuut dans ce cas-là. “Très bonne raison.” Je me soulève pour chercher mon téléphone. “Je vais lui demander tout suite.” Preuve, je suis en train de taper le message. “C’est une info vitale de la plus haute importance que j’ai besoin NOW.” Je cite en écrivant. “Je connais mes priorités.” Je laisse glisser mon téléphone sur le matelas une fois mon message envoyé tout en me tournant vers lui. “Il suffit que tu me parles de toi tout nu et j’ai l’impression que tous mes problèmes s’envolent.” C’est aussi flippant que surprenant, alors que je glisse ma main contre sa hanche tout en me rapprochant de lui. “Faut qu’on prenne nos médocs.” Je réalise en faisant une petite moue. Mais j’en ai besoin, je le sens. Le plus tôt c’est pris, le mieux c’est. J’apprécie tomber comme une masse, dernièrement. Ça fait effet et ça me fait du bien. Même si ça m’arrache la gueule de l’avouer.