Un matin radieux de juillet, Katharina décida enfin de s'attaquer au nettoyage longtemps repoussé de son balcon. Avec ses écouteurs dans les oreilles reliées à son MP3 diffusant sa musique préférée du moment (Ascendant Vierge - Au Top), elle se lança dans la tâche avec une énergie renouvelée. Le balai devint une extension de son corps, ses mouvements se transformant en une chorégraphie improvisée et joyeuse.

Professeure de sciences au collège, elle avait récemment traversé une période difficile marquée par une décompensation psychotique et devait recomposer avec la réalité. Cependant elle adorait ses goûts musicaux et n'était pas très attentive. Ce moment de ménage était non seulement une nécessité mais aussi une tentative de retrouver une forme de normalité et de stabilité émotionnelle. Une tâche toute simple qui était rendue plaisante par la simple présence de mélodies appréciées. Mais elle était trop enthousiaste en ce moment.

Pendant qu'elle balayait et nettoyait, elle se laissait donc emporter par la musique, ses pas de danse devenant de plus en plus exubérants. Malheureusement, dans un mouvement brusque, le balai heurta accidentellement un pot de fleur placé négligemment sur le rebord du balcon. Le pot bascula et tomba, et elle l'observa avec horreur alors qu'il dégringolait vers le sol en contrebas.

Le bruit du pot se brisant au sol la figea sur place, son cœur battant à tout rompre. Elle craignait le pire, imaginant le scénario tragique qui aurait pu se produire si quelqu'un avait été en dessous. La culpabilité l'envahit immédiatement, se mélangeant à un soulagement intense lorsqu'elle réalisa que personne n'avait été blessé.

Se précipitant vers le bas, elle vérifia une fois de plus que tout était en ordre. Une vague de soulagement la submergea en constatant qu'aucun passant n'avait été touché. Malgré cela, elle savait qu'elle devait faire face aux conséquences de son manque de précaution.

Elle aperçut alors la victime potentielle qui aurait pu mourir par sa faute. Il y avait là dedans de quoi agrandir les félures profondes. Allait-elle continuer de s'occuper de son balcon au risque d'elle-même tomber ?

Katharina tirait une mine d'enterrement. Ses yeux bleus brillaient d'une lueur attristée. Les écouteurs pendaient au sol maladroitement, ignorés superbement par celle qui aurait pu devenir une tueuse.

La jeune femme s'accroupit après un long moment d'absence physique pour récupérer les fils qui traînaient et appuyer sur le centre du MP3 pour couper la musique.

Confrontée à la réalité des débris de vase au sol avec son balais, la vacancière commença à rassembler le tout, scruptée par les passants qui levaient le nez en l'air ou portaient leur yeux sur la tenue décontractée de celle qui s'improvisait concierge.

- Sheibe.. vocalisa-t-elle enfin en reportant ses yeux sur son travail de labeur.