@Jayden Holmes

Du piano dans la salle principale. Katharina n’avait pas fait exprès mais elle avait mis de sa playlist connecté en Bluetooth à la voiture de Nicolas du jazz, de la chaîne YouTube Postmodern Jukebox. Ils étaient donc dans le bain pour le vernissage, entre autre. Là, deux majordomes les laissait passer. Trop tard, un jeune homme essaya de proposer ses services de voituriers mais fit choux blanc pour le duo. Il fallait dire que derrière eux il y avait foule. Pas qu’ils étaient venus pour acclamer Nicolas Petit, mais le trentenaire se prenait des regards glissants, admiratifs peut-être. La femme sortait de l’anonymat, se disant que toutes les connaissances de l’acteur avaient vu au moins la couverture du magazine qui les affichaient ensemble au sortir d’un bar, mains dans la mains et avec un baiser volé avant de rentrer dans un taxi.

La brune se projetait tout de suite dans ce décor, y voyant les années 20. Un regard excité passa sur les costumes et robes des spectateurs des toiles de Chuck Sperry, commençant à noter à quels endroits étaient certaines broderies, certains détails d’importance. Ayant chaud, déjà, elle amena sa main vers son dos laissé visible pour appliquer son poing le long de sa colonne et récolter les perles de sudation. De son sac à main, elle sortit un éventail pour s’aérer le visage, en souriant, coupable de n’être pas à sa place, dans un autre rôle, de plaisir. Avec assurance, le duo marchait donc côte à côte, déambulant tant bien que mal parmis les invités et étant parfois séparés par des groupes de personne densément rassemblés.

- Par cette chaleur je boirais bien un soft bien frais. Un jus de fruit, et toi ? J’avoue ne pas avoir repéré le « bar » encore.. ah si, le voilà ! fit l’Allemande en tournant légèrement la tête après avoir répondu à son amoureux.

Elle mit ses cheveux d’un côté pour pouvoir ventiler son cou en soufflant légèrement. Ses yeux océans se portèrent vers les grandes toiles qu’on voyait accrochés sur les murs en souriant. La belle hocha la tête pour dire « approchons-nous ».

Nul besoin de whisky au final pour s'abandonner à lui. Katharina aimait la manière qu'il avait d'orienter son choix ailleurs, de manière plus appropriée, comme lors de leur rendez-vous dans ce bar où déjà elle voulait un cocktail sans alcool. Le piano dans le coeur, l'allemande lui souffla ces mots pour reconcentrer son attention sur sa personne, alors qu'il cherchait ailleurs des visages connus. Sa main effleura la sienne, sa voix fut basse :

- Tu recommences..  fit la belle avec un petit sourire.

Sa langue passa au-dessus de ses propres lèvres quand Nicolas porta le toast. La coupe de pétillant tinta contre la sienne, sobrement, mais carrément, d'un mouvement assuré. Elle pouvait bien ne plus jouer de rôle, mais c'était agréable d'agir sous couverture même si intimement elle était convaincue que son interlocuteur était d'avantage adéquat que celui à qui elle était promise. Elle put d'ailleurs sentir les airs de menace qu'il lançaient à ceux qui croisaient le regard océan de sa partenaire. Il n'y avait même pas de tension dans l'air, tout se déroulait comme si c'était normal qu'ils agissent ainsi.

- A nous.

Rapidement, le duo arrive devant une première toile, et alors que le regard de défi de la femme peinte semble la toiser, la pré-trentenaire sourira.

- "Our Future". Lut-elle en tenant la main de son "ami".

Dans la salle principale, "Comptine d'un autre été - l'après midi" du "Fébuleux Destin d'Amélie" était joué. Portée par la musique, l'allemande se redressa sur ses talons pour embrasser l'acteur sur la joue, en mêlant ses doigts au sien, un air béat sur la bouche. Elle aimait bien ce film, et aimerait bien le revoir avec son amant si ce dernier le souhaitait. Leur pas joints, le duo rejoignit une autre production ici exposée après avoir admirée la première. Lui vint une idée quant à la première oeuvre :

- Une nouvelle Raiponse, libérée. Ca peut carrément prendre de la valeur oui. Ca y est, je suis critique d'art !

Elle porta la coupe à son visage pour boire un peu, doucement mais sûrement, la fraîche boisson. Son éventail était toujours dans cette main, tenue par deux doigts, pour l'instant inutilisé.

Katharina posa sa flûte aux côtés de celle de Nicolas après l'avoir descendue d'une traite. Ne touchant pas le fond, il était difficile de sortir de la décadence mais elle n'en remontait pas moins dans l'estime de son amoureux. La belle plongea ses yeux océans dans les yeux pers de l'homme en souriant avec joie. Son oreille était attirée par les tests micro. Elle se disait que pour avoir des choses à raconter, il valait mieux assister à la conférence. Mais déjà la jeune femme n'était pas bien concentrée avec ce regard posé sur elle, à croquer.

Gentiment, la brune passa sa main libre dans les cheveux de son amant, touchant du bout de ses doigts le front de notre "romantique".

- C'est bien silencieux.. fit-elle en tournant la tête vers le couloir vidé de ses spectateurs.

Le couple avait les oeuvres pour eux tout seuls. L'allemande fit repartir son éventail pour aérer son comédien de poche. Que faire ? Ils ne verront de toute façon pas l'artiste puisqu'ils arriveraient bon dernier. Sa tête retourne vers le garçon avec un sourire qui n'en démordait pas, seulement de la lèvre inférieur. Lui reprenant ensuite la main, elle continua à parcourir la galerie en laissant derrière eux les deux portes qui allaient bientôt se refermer pour étouffer tout ce beau monde en tête à tête avec le peintre. Eux s'éloigneraient pour "profiter" de la vue dégagée sur.. les oeuvres ? Elle trouvait que la statue movible à ses côtés était bien plus intéressante, son aura le traduisait.

En marchant, son genoux se réveilla, elle dû ralentir le pas hâtif, laissant penser qu'elle observait réellement les portraits fleuris avec la plus grande attention.

- Maudit genou. pesta-t-elle en s'arrêtant finalement.

La brune s'assied sur un rebord de fenêtre en soufflant un bon coup, étendant sa jambe comme pour faire un croche-patte au prochain fantôme qui s'aventurerait dans ces lieux majestueux.

- C'est mort pour rester debout pour l'écouter. Conclue-t-elle en haussant les épaules, tout sourire.

Katharina vint à sourire lorsque Nicolas répondit par l’affirmative à sa remarque toute bête : « C’est bien silencieux », « Oui… », avec une suspension dans l’air. Il ne tenait qu’à eux de briser le silence et c’est donc ce que fit la brune à propos de son genou. Cette exclamation allait devenir courante, et pour annoncer cette redondance, la belle répéta la réponse de son bel ami.

- Oui… ça revient par intermittence. Je n’ai pas pris de quoi me soulager cette fois mais j’ai de quoi à mon appartement. Tu voudras venir après ?

Dans l’autre salle, le micro crisse, quelqu’un prend la parole pour poser la première question. Enfin, il semble que ce soit une admiratrice qui se laisse aller à une myriade de compliment. Heureusement qu’ils sont loin, ç’aurait été sans doute gênant. Laissons les entre eux. Ils ne semblent pas nous avoir attendu.

Comme à un spectacle d’enfant mettant mal à l’aise, les spectateurs frappent des mains avec d’avantage de vigueur que précédemment. Ouf, la prise de parole est passé. Le bâton de parole peut passer à quelqu’un de plus posé mais également pompeux. Bref, le duo a évité ça. Finalement, ce n’était pas l’événement auquel ils s’attendaient et puis, ils n’avaient pas tellement révisé la biographie de l’artiste.

Leur lèvres se sont donc touchés. L’éventail est venu rompre l’échange et la bouche de la jeune femme retourne vers celles de l’acteur. Sa langue sort, sa salive se mélange avec celle de l’homme dont elle prend, touché, la sollicitude. Cette autre action, de plaisir, lui fait oublier la douleur pour un temps. La main sur l’intérieur de sa cuisse lui fait de l’effet alors sa main, plus petite que la sienne, vient sur la joue du comédien de doublage.

- Ça me va. Tu es l’œuvre que je préfère de cette exposition de toute façon. T’a bon goût. fit-elle en décollant son visage du sien un instant, souriant avec un bel aura.

Ils étaient mignons à s’assurer l’un l’autre que leur propositions n’étaient en aucun cas dérangeantes. Malgré la douleur à son genou, et puisqu’elle ne bougeait pas trop, la belle souriait. C’est vrai que Nicolas l’avait vu en tenue d’Eve et au levé de lit, mais ça faisait quand même plusieurs fois qu’il avait pu voir qu’elle savait s’habiller, tout comme être plus décontractée. C’était somme toute une capacité d’adaptation bien commune, mais ça faisait partie du lot de réflexions banales qui traversent quelquefois l’esprit.

Avoir l’esprit scientifique n’empêche pas ces pensées là. D’ailleurs, en parlant d’adaptation, Katharina et le jeune homme savaient qu’il était temps de partir, de même que toute la masse telle une intuition collective. Mais pour autant il valait mieux attendre que le flux se désengorgea. De fait, les deux amants, proches l’un de l’autre, attendront que leur tour vienne.

En patientant, la femme prit de sa poche son téléphone pour commander un Uber. Cette action, simple, leur permettra en quelques minutes de fuir le lieu. Que dire de cette sortie ? Il y avait un tableau qui lui restait en tête pour l’instant. Elle redressa d’ailleurs son minois pour l’imprimer un peu plus longtemps sur ses prunelles perses.

Passant une dernière fois les mains dans les cheveux de son amoureux, elle initia le mouvement pour qu’ils descendent de leur alcôve et se dirigent vers la sortie. En marchant, la jeune femme boitait, mais pas besoin d’être portée semblait-il. Sans mot dire, et main dans la main, les tourtereaux sortiront, attendu par un chauffeur.

Un peu alerte, notre demoiselle regardera les alentours pour être sûre qu’il n’y ai pas de paparazzi, puis, comme si finalement elle titillait cette probable dangerosité, glissa dans l’oreille de son compagnon un “Je t’aime”, avant d’entrer par son côté, vers la route, dans l’habitacle.