I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne savait pas quoi dire, ni si elle pouvait se permettre de placer n'importe quel commentaire. Alors, le seul moyen qu'elle avait trouvé était de noyer ce gros malaise avec un vin qu'elle trouvait divin. Il était assez réputé que les femmes préfèrent les vins un peu plus sucrés que la normale, et c'était bien le cas ici. Jamie finit par expliquer que c'était une ex-femme méconnaissable qu'ils venaient de croiser. Elle se demandait en quoi elle pouvait être si différente de la période où ils étaient mariés. Rien que l'idée là, la gênait grandement. Elle vit qu'il ne put s'empêcher de la regarder encore une fois. Pour le peu d'appétit qu'elle avait, la belle blonde l'avait perdu. Tout jusqu'ici, s'était merveilleusement bien passé, il fallait forcément que quelque chose cloche avant l'arrivée du plat principal. Jamie la connaissait trop bien pour deviner ce genre de choses. Elle aura beau tenter de le cacher, elle restera certainement un livre ouvert. Joanne avait partagé une toute petite partie de son malaise qui expliquait son absence pendant qu'ils discutaient ensemble. Elle n'avouera pas toutes ses pensées entièrement. Jamie restait très attentif à ses soucis de santé, bien qu'ils se soient peu manifestés au cours des derniers mois. Il ne voudrait pas la retrouver à l'hôpital, inconsciente, totalement dépendante de l'oxgène qu'on lui administrait. Pendant l'entrée, la jeune femme avait du mal à suivre les conversations. Certes, l'écologie était un sujet qui lui importait, mais certainement pas autant que Jamie, qui s'envolait très rapidement dès que l'on démarrait un quelconque sujet de conversation. Elle se trouvait bien ennuyeuse et ce fut pourquoi elle préférait préciser à Jamie que s'il préférait s'éclipser pour parler avec quelqu'un d'autre, elle ne le prendrait pas mal. Mais, malgré l'obligation et le cadre, il lui assura qu'il était surtout là pour passer du temps avec elle. Si quelqu'un d'autre viendrait l'aborder, bien sûr qu'il répondrait, mais il voulait avant tout rester auprès d'elle. La jeune femme lui sourit avec une infinie tendresse. Elle haussa les sourcils à sa remarque suivante. "Les intriguer ?" demanda-t-elle. "Ca leur poserait problème que je m'impose dans leur paysage ? A t'entendre, on dirait que je suis une menace." dit-elle avec un rire nerveux. "Ce n'est pas mon attention, je veux juste aider ces gamins." dit-elle, même si Jamie savait très bien qu'elle n'était pas du genre à vouloir faire de l'ombre aux autres. Joanne avait calmé la fréquence à laquelle elle apportait son verre à ses lèvres, mais c'était encore suffisant pour Jamie de constater qu'elle avait déjà consommé une certaine quantité de vin. "Je ne boirai que de l'eau pour le reste du dîner." lui dit-elle. A moins que son ex-femme n'intervienne à nouveau pour une quelconque raison. Elle lui prit la main et croisa ses doigts avec. "J'adorerais encore sortir avec toi après cette soirée." Encore une fois, Joanne aurait adoré l'embrasser à ce moment là. "Je vais vraiment enlever mon rouge à lèvres maintenant, c'est terriblement frustrant de ne pas pouvoir embrasser son fiancé pendant toute une soirée. Pas même lui voler un baiser." lui chuchota-t-elle avant de retourner aux toilettes. Une fois qu'elle avait fini de tout enlever minutieusement le rouge sur sa bouche, Enora apparut dans la même pièce qu'elle. Joanne sentit son coeur s'arrêter une nouvelle fois, à croire que le sort s'acharnait sur elle. "Ah, quel hasard !" s'exprima la magnifique brune. "J'espère que je retrouverai une silhouette aussi facilement que vous une fois que j'aurais accouché." La blonde lui sourit faiblement alors que la mannequin réajustait son maquillage. “Vous formez un très beau couple tous les deux.” Cela ne semblait pas la gêner que Joanne soit incapable de lui dire quoi que ce soit. Elle continuait sans se laisser perturber. “Que vouliez-vous dire tout à l'heure, avec ce que vous avez dit à Jamie avant que vous ne partiez ?” finit par demander Joanne, hésitante. Enora gardait son sourire sur ses lèvres. “Il sait de quoi je parle, il serait mieux placé que moi pour vous en parler.” dit-elle en haussant les épaules. “J’aime beaucoup votre robe.” Enora ne cessait de la complimenter, Joanne ne savait pas si c'était du lard ou du cochon. Elle sortit de la salle et rejoignit Jamie. “On peut prendre l'air quelques minutes, avant le dîner ?” lui demanda-t-elle, en restant debout à côté de lui.
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Dernière édition par Joanne Prescott le Lun 2 Mai - 16:39, édité 1 fois
Jamais je n'ai douté que Joanne puisse devenir un petit requin des affaires elle aussi avec plus de confiance en elle et de convictions. Avec son jolis minois, sa générosité, son envie de bien faire, personne n'oserait se méfier de cette belle poupée. Mais avec de l'ambition, ou de simples convictions, et sa capacité d'inspiration, elle pourrait faire plier n'importe qui a sa volonté. Je me demande si ça n'est pas d'elle que Daniel tient cette qualité, alors qu'elle pense que cela vient plutôt de mon côté. Cette capacité à charmer tout le monde. Mais elle n'a rien d'intimidant, non. “Ça n'est pas ce que je voulais dire.” dis-je avec un petit rire. “Tu ne seras une menace que si tu n'es pas coopérative.” Autrement dit, tant qu'elle va dans le sens dans lequel les plus puissants qu'elle veulent qu'elle aille. Et sans qu'elle même ne s'en rende compte, puisqu'elle se fiche sûrement bien des intérêts des uns et des autres, si elle ne deviendra peut-être pas une menace, elle n'en sera pas moins le genre d'obstacle avec lequel il faut composer. “Ce que je voulais dire c'est que passer de conservatrice à directrice d'une fondation, si jamais tu t'avères douée pour ça, et je n'en doute pas, eh bien, c'est un parcours qui peut pousser les gens à se pencher sur toi.” Je ne mentionne pas sa beauté, qui jouera également. A ce sujet, il n'est jamais bon d'être réduit à son physique ou d'en faire un argument principal. Si certains en jouent, je ne trouve jamais cela très glorieux. Et je pense que Joanne n'est pas de ce genre. La jeune femme décide d’enfin retirer le maquillage qui peint ses lèvres, afin que nous soyons libres d'échanger quelques baisers. “Sage décision miss Prescott.” dis-je avec un sourire satisfait. Elle se lève, et avant qu'elle ne s'éloigne, je lui prend délicatement la main pour la retenir, juste le temps de lui glisser un “Je t'aime.” Puis elle me glisse entre les doigts. Les conversations continuant de bon train autour de la table, je m'incruste dans quelques discussions ici et là pour faire passer le temps en attendant ma fiancée. Lorsque celle-ci revient, elle demande à ce que nous allions dehors. Je fronce les sourcils. “Les plats ne vont pas tarder à être servis et…” Son regard se baissant façon Joanne qui s'apprête à tenter de taire une déception que le monde entier peut deviner sans avoir à la regarder, je me lève avant qu'elle ne se résigne. “D'accord, d'accord. Prenons un peu l'air.” Je prends le bras de ma belle et l'escorte jusqu'à l'extérieur. La jeune femme à beau avoir une veste légère sur les épaules, l'automne entamé rend la différence de température des plus palpables. Alors je retire ma propre veste pour la déposer sur les épaules de Joanne. “Tiens, il fait frais.” Enfin, je dépose un baiser sur ses lèvres, souriant en coin d’enfin pouvoir l'embrasser. “J'aurai sûrement droit à une dernière petite séance photo après le dîner, histoire de poser avec toutes ces têtes de vainqueurs qui auront un peu abusé du vin, et nous pourrons partir après.” Si seulement je pouvais me griller une cigarette, à cet instant. Juste une. C'est incroyable à quel point cette petite habitude s'ancre terriblement rapidement et durablement. Une barrette de tabac, une fois par jour. Un rituel toxique, mais qui devient un point de repère, une récompense. Ou juste cinq minutes de détente. Mais Joanne m'en voudrait énormément. Je ne pense pas qu'elle se doute que cette manie ne m'a pas quittée complètement. Je fume le matin, ou juste avant l'émission, histoire d'avoir le temps de laisser l'odeur s'échapper, et qu'il n'en reste pas plus que la possibilité d'avoir été au contact de fumeurs. Non, pas question que ma fiancée mette ses menaces à exécution en grillant une cigarette dès qu'elle pense que j'ai fumé. Elle ne ferait que mettre sa santé un peu plus en danger, et son besoin de prendre l'air est bien la preuve qu'elle n'a absolument pas besoin de ça pour se retrouver potentiellement en danger. Profitant du silence, en contraste avec le brouhaha ambiant à l'intérieur, je reste silencieux et apprécie la brise froide. Mais je sens que ce silence n'est pas des plus légers. Les pensées de Joanne sont comme les discussions dans la salle de réception, ininterrompues et inidentifiables. Mais elles s'entendent de loin. Alors je me tourne vers elle et passe mes bras autour de sa taille. “Qu'est-ce qui ne va pas, mon ange?...” je demande tout bas, avec un faible sourire aux lèvres. Un sourire visant à la rassurer, qu'importe ce qui la travaille.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie prit délicatement le bras de sa belle afin qu'ils puissent se rendre à l'extérieur. Les températures étaient fraîches, et Joanne restait une grande frileuse. Malgré son gilet qui recouvrait ses épaules dénudées, Jamie la connaissait suffisamment pour savoir que ça n'allait pas être suffisant. De lui même, il retira sa veste de costume pour la lui poser sur les épaules. Il put enfin embrasser sa fiancée, chose qui leur avait manqué à tous les deux. Joanne craquant complètement en voyant de ce petit sourire de satisfaction sur les lèvres du bel homme. Il était paisible d'avoir un peu de silence, bien qu'il n'était pas des plus sereins. Jamie devina rapidement le malaise et se mot en face d'elle en passant ses bras autour de sa taille. Il lui souriait tranquillement, cherchant certainement à la rassurer. Pourtant, Joanne n'arrivait pas à soutenir son regard, pas même à prétendre qu'elle se sentait bien. Un peu nerveuse, il y eut un léger flottement avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit. “Je… Je ne m'étais jamais vraiment préparée à rencontrer un jour ton ex-femme.” avoua-t-elle, les yeux baissés. “Et ça me rend mal à l'aise.” Elle haussa les épaules. “Je trouve que dans notre relation, c'est déjà dur d'accepter que l'autre ait pu avoir une vie commune avec quelqu'un d'autre pendant plusieurs années ou non. Qu'il y ait des sentiments ou non.” Elle se gratta nerveusement la tête. “Et l'avoir en face de soi, ce n'est pas évident. Je ne sais pas comment j'aurai du ou pu réagir. Sur le coup, je me sentais… de trop. Un sentiment normal, je suppose.” Elle sourit nerveusement, ayant toujours du mal à croiser ces si beaux yeux verts. “Ce n'est pas de la jalousie, et même si je ne peux pas m'empêcher de me comparer à n'importe quelle femme que tu côtoies, je ne me sens pas dans un esprit de compétition. C'est… je n'arrive pas à trouver le terme exact, mais c'est différent.” Joanne soupira, exaspérée de ne pas trouver les bons mots. “Et il y a eu son message subliminal, bourré de sens. Je l'ai croisé aux toilettes tout à l'heure, je ne sais pas ce qu'elle a à me complimenter sans arrêt. Et j'aurai voulu savoir ce qu'elle avait insinué avec cette phrase qui te concernait. Elle m'a simplement dit que tu étais mieux placé pour en parler qu'elle.” Peut être que ce n'était qu'un mensonge monté de toute pièce, peut-être qu'il y avait vraiment quelque chose qu'il ne lui disait pas. C'était si distrayant d'essayer de créer des tensions dans un couple. “Quand est-ce que nous passerons une soirée comme ça sans mauvaise surprise, hein ?” finit elle par dire en riant nerveusement, dédramatisant un petit peu.
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Dernière édition par Joanne Prescott le Lun 2 Mai - 16:53, édité 1 fois
Je me doutais bien que la présence d’Enora dérange Joanne. Je n’étais pas plus préparé rencontrer son ex-mari qu’elle ne l’était à rencontrer mon ancienne compagne, et comme elle le dit si bien, il n’est pas aisé pour l’un et l’autre de concevoir le fait que la personne que nous aimons tant a eu un passé avec quelqu’un d’autre. Nous aurions tous deux aimé être le premier, dernier et seul amour de l’autre, aussi utopiste cela soit-il. Mais nous avons chacun un premier mariage à notre actif, c’est une réalité avec laquelle il faut composer -et la meilleure manière reste de l’ignorer complètement et faire comme si cette précédente vie n’avait jamais existé. Ne comprenant que trop bien le ressenti de Joanne, je lui souris tendrement, désolé qu’elle fasse cette expérience ce soir, puis je dépose un baiser sur son front. “Tu n'étais pas en trop. C'est elle qui s'est imposée. Elle est comme ça, certaines choses ne changent pas. Mais c'est ta place d'être avec moi, pas la sienne.” dis-je en espérant la rassurer un peu. “De toute manière tu n'as pas à te comparer à qui que ce soit. Tu n'as rien à voir avec les personnes que je côtoie, et c'est un peu pour ça que je t'aime.” Joanne n’a pas un caractère de feu, ni des jambes de deux mètres. Elle est douce, tendre, adorable. Elle est aux antipodes de tout ce que j’ai connu, elle me complète, et je me dis que c’est l’une des raisons qui font que je suis si bien avec elle. Elle a toujours su me faire découvrir des facettes de moi-même dont je ne soupçonnais pas l’existence, et qui ne seraient sûrement jamais apparues au contact de mon entourage habituel. La jeune femme m’explique avoir croisé Enora aux toilettes encore une fois. La phrase qu’elle m’a adressé avant de quitter notre table a laissé un malaise chez tout le monde. “Peut-être qu'elle te trouve vraiment digne de compliments. Quand tu es partie tout à l'heure elle m'a dit qu'elle te trouvait très belle, et je sais qu’elle était sincère.” Il suffisait de voir son regard posé sur la petite blonde, le petit sourire en coin. L’air de dire que si elle n’était pas qui elle est, elle aurait aimé être comme elle. “Même les personnes d'apparence parfaite ont des complexes et peuvent se sentir admiratives devant d'autres.” Il ne faut pas oublier que toutes ces personnes qui se croient immortelles restent des êtres humains, avec tous leurs défauts et leurs petites faiblesses, même s’il se refusent à les montrer à qui que ce soit. D’ailleurs, ils n’en ont pas le droit. Il y a autant de pression sur nous -eux- que n’importe qui, dont celle d’être beaux et heureux -car les personnes qui ont autant n’ont pas le droit d’être malheureux aux yeux du reste des gens. “Et je n'ai rien compris à son message. Je n'ai aucune idée de ce dont elle voulait parler.” je poursuis, haussant les épaules. “On dirait qu'elle a quelque chose à me reprocher, mais je ne sais pas quoi. Je pense que j'ai toujours fait de mon mieux avec elle.” Comme avec Joanne. Je donne tout ce que je peux donner, en toute bonne foi. Même notre divorce a été facile, elle n’a pas eu à se battre pour quoi que ce soit. “Vraiment, je ne sais pas. Je pensais peut-être lui demander ce qu'elle entendait par là avant de partir, plus tard.” Parce que ce mystère me trotte dans la tête aussi, et que je n’ai pas envie de la laisser filer sans garantie de la revoir un jour et d’avoir des réponses. “Je t'aurais bien proposé de partir tout de suite si sa présence te rend si mal à l'aise, mais je ne peux vraiment pas m'esquiver…” j’ajoute, l’air vraiment désolé. Je me garde bien de lui proposer de partir seule et rentrer à la maison; je n’ai aucune envie de rester seul ici. Je dépose une main sur sa joue et la serre un peu plus contre moi. Il est vrai que les soirées sont rarement tranquilles du début à la fin. Mais je crois qu’aucune soirée ne l’est pour personne. Les bains de foules grouillent de petits imprévus de ce genre. “Ça rend les soirées plus piquantes et mémorables. De quelles anecdotes pourrions nous rire s’il n’y avait pas ces quelques surprises?” dis-je avec un petit sourire visant à dédramatiser la chose. M’approchant de Joanne, je dépose un baiser tendre sur ses lèvres. Le visage tout près du sien, je le frôle délicatement avec le mien. “Essayes de ne pas faire attention à Enora. Je pense qu’elle ne te veut aucun mal, mais si sa présence te dérange, ignores la. Elle n’est pas importante.” Plus facile à dire qu’à faire, je m’en doute. Je sais qu’à sa place, j’en serais incapable. “Rentrons. Papotes avec les autres, fais passer le temps plus vite. Car plus vite le dîner passera, plus vite nous pourrons continuer la soirée ailleurs.” Je passe un bras autour de la taille de Joanne et lui indique l’intérieur d’un signe de tête. Nous passons la porte et avançons lentement vers la salle de réception d’où s’échappe un bruit qui s’amenuise; les plats sont sûrement en train d’être servis. “Il doit bien y avoir un match de rugby quelque part dans le monde diffusé par un bar d’ici sur lequel nous pourrons parier en buvant de la vodka caramel.” j’ajoute avec un sourire, faisant référence à une soirée déjà évoquée le week-end dernier et dont elle doit forcément se souvenir.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 3 Mai - 0:32, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne lui tenait pas vigueur d'être ainsi perturbée par la seule présence de son ex-femme. La belle blonde ne pouvait pas dire que sa soirée était gâchée, mais plutôt grandement lésé par un malaise qui était devenu quasi permanent. Il tenta de la rassurer, disant qu'elle n'était pas de trop, que sa place était bien à côté de la sienne. Que ce n'était pas parce qu'Enora faisait à nouveau partie du paysage qu'elle avait le droit de récupérer ce qui lui appartenait un jour. Il avait constaté de lui-même que sa chère et tendre était l'antagoniste de toute femme qu'il avait pu côtoyer jusque là. A la place d'une grande brune à fort caractère, il avait une petite blonde aussi réservée que cela pouvait être possible. Selon lui, c'était l'une des raisons de l'amour qu'il portait pour elle. Joanne lui sourit tendrement, sans dire mot, avant de venir se blottit un peu contre lui. Elle expliqua sa rencontre furtive avec Enora aux toilettes. Jamie ne manqua pas de dire que son ex-femme l'avait aussi complimenté lorsque la blonde s'était absentée une première fois. A ses dires, la mannequin semblait être des plus sincères. Elle haussa les épaules, perplexe que l'on puisse l'admirer elle. Il n'avait également pas compris le message subliminal laissé par son ex-femme derrière elle. Il disait qu'il pensait toujours faire de son mieux. Il comptait bien en savoir plus dès qu'il en aura l'occasion, en lui demandant ce qu'elle insinuait en fin de soirée. Hors de question de laisser traîner sans avoir de réponses claires. Quelque part, quoi que ce soit, elle espérait que Jamie lui en parle. Elle se doutait que certaines choses n'étaient pas dites dans leur intérêt à tous les deux. Mais là, elle savait qu'il y avait quelque chose, et ça la travaillerait éternellement si elle ne savait pas de quoi il s'agissait. "Ce n'est pas grave." dit-elle tout bas, en haussant simplement les épaules. "Je ferai avec." Et puis, Joanne n'avait pas vraiment le choix. Tout départ à cette heure-ci serait particulièrement suspect. Le bel homme ramena un peu plus le petit corps de sa belle contre elle pour l'étreindre davantage. Il tentait de dédramatiser la situation, mais ce n'était pas vraiment efficace. "Je ne suis pas sûre d'apprécier le piquant de cette soirée-ci." dit-elle avec un rire nerveux. Il l'embrassa tendrement, amoureusement, puis gardait son visage proche du sien. Le genre de contact simple mais gavé d'une douceur sans nom, et que Joanne adorait. Elle se laissait hypnotiser par ces quelques secondes de répit. Jamie tentait de la conseiller un peu, mais ses conseils relevaient de l'impossible. Bien sûr que si, Enora était importante, elle avait été sa femme pendant plusieurs années. Ce n'est pas le genre de choses dont il est facile de faire abstraction. Il lui demandai de pétendre, et encore prétendre. Une tâche difficile pour quelqu'un qui n'arrivait pas à cacher ses émotions. Sans vouloir vraiment ajouter quoi que ce soit, elle acquiesça simplement d'un signe de tête; elle ne pouvait pas faire grand chose d'autre; avant de rejoindre ce si beau monde à reculons. Joanne lui rendit sa veste de costume alors qu'il faisait référence à une soirée des plus mémorables. "Ca sera plus difficile de passer inaperçu avec nos tenues par rapport à la dernière fois." Parce que c'était surtout ça, qu'ils avaient apprécié. Pouvoir se mêler à la foule et être considérés comme les leur. Ils regagnèrent leur place où le plat principal les attendait déjà. Bien que le tout avait l'air particulièrement délicieux, Joanne avait perdu tout l'appétit avec lequel elle était arrivée ici. Jamie était reparti dans une nouvelle conversation avec son voisin. "Vous devriez au moins goûter les légumes, Miss Prescott, ils sont succulents." lui dit alors le sexagénaire qui était juste à côté d'elle. La jeune femme lui sourit faiblement, et se força à une prendre une toute petit bouchée. Il n'avait pas tort, en effet, amsi ça ne lui donnait tout de même pas faim. Alors Joanne rêvassa un peu, écoutait par ci par là les quelques mots échangés jusqu'à ce que les tables soient débarrassées. Elle regrettait d'avoir dit qu'elle ne prendrait plus de vin, parce qu'un verre n'aurait pas été de trop pour le coup. Un immense buffet de fromages fut dressé sur l'un des côtés de la salle, on invitait les personnes à s'y rendre afin de se faire servir. De loin, le directeur de l'association appelait Jamie pour qu'il le rejoigne. Ce dernier s'excusa auprès de sa fiancée avant de s'éclipser. Elle en profita pour demander un verre de rouge au même serveur qui s'occupait de leur tablée depuis le début de la soirée. Lorsqu'elle retourna la tête, elle vit qu'il y avait une autre personne qui s'était mise à la place de l'Anglais. Enora, encore une fois. La belle blonde se demandait ce qu'elle pouvait bien lui vouloir. "C'est un homme sacrément occupé, pas vrai ?" dit-elle alors, en regardant Jamie discuter au loin. Joanne haussa les épaules. "Mais il est clair qu'on ne peut pas lui reprocher sa dévotion." Cela ne semblait pas la perturber que son interlocutrice ne dise rien. "Il suffit de voir la manière dont il vous regarde pour deviner qu'il serait prêt à retourner le monde entier si c'était quelque chose que vous lui demanderez. Mais à vous voir, vous n'oseriez jamais avoir d'importantes requêtes." Enora avait pris avec elle son verre d'eau, buvant quelques gorgées ici et là. "Il est complètement dingue de vous, je me demande si ça à une influence sur votre vie sexuelle. Le connaissant, vous êtes certaineemtn bien actifs." Joanne manqua de boire de travers son vin en l'entendant parler si aisément de ce sujet qui était, pour elle, plus que privé. "Quoi, vous n'êtes pas habituée à parler à ce genre de choses ?" demanda Enora, vraisemblablement surprise. "Non, pas vraiment, non." avoua Joanne bien plus bas. La grande brune ne perdait pas pendant un seul instant son sourire. Elle porta l'une de ses mains, avec de longs et magnifiques doigts sur le visage de Joanne. "Tu as un si beau visage." dit-elle d'un tout bien plus rêveur, suivant le trait de sa mâchoire. La belle blonde ne sut comme réagir, et était plutôt pétrifiée par un tel comportement. Un éternité semblait passer avant qu'Enora ne se fasse moins tactile. Elle laissa échapper un petit rire. "Je suis tellement curieuse, je parle d'absolument tout, moi. Je ne suis pas vraiment du genre à me gêner." Ca, Joanne l'aurait bien compris. "Et je suis sûre que vous l'êtes aussi, Joanne. Curieuse, mais discrète." Joanne avait bu une bonne gorgée de vin une fois que son interlocutrice avait fini par admirer les traits de son visage. Elle gardait ensuite son verre bien en main. "Par exemple, à votre place, je mourrai d'envie de savoir qui est le père de ma fille." Touchée. La belle blonde avait horreur d'être si facilement cernée par une personne qu'elle ne connaissait absolument pas. Ca la terrifiait. "Ou ce que je voulais dire tout à l'heure. D'ailleurs, Jamie vous a dit de quoi je parlais ?" Joanne secoua négativement la tête. "Je m'en doutais. Il a la mémoire un peu courte pour certaines choses, c'est dommage." dit Enora en haussant les épaules. "Mais enfin, je sais que vous rêveriez de savoir qui est le père de mon bébé. Et je préfère vous prévenir d'avance que je n'en dirai rien. C'est le genre d'informations que la presse à scandale adore se mettre sous la dent et détruire bien plus de choses que l'on puisse imaginer." Ca s'entendait. Joanne la comprenait sur ce point. "J'en parlerai au premier concerné, ça oui. Mais assez discrètement pour que ça ne s'étale pas de trop. J'espère juste qu'elle aura les yeux de son père. Vous savez, le genre de regard qui hypnotise totalement." ajouta Enora, qui avait les yeux d'une femme qui rêvait d'avoir enfin son enfant dans les bras. Plus elle avançait dans son discours, plus Joanne venait à la conclusion que son fiancé pouvait être le père. Bien qu'en ce soit, elle se disait que c'était inconcevable, qu'il était bien trop fidèle pour ce genre de comportement. Elle n'était pas au bout de ses peines. "Vous aviez l'air surprise tout à l'heure, lorsque je vous ai dit que Jamie m'avait longuement parlé de vous. Il ne vous en avait pas parlé ?" Joanne avait l'impression que son coeur allait s'arrêter à tout moment et que, malgré le comprimé pris, elle allait finir par être retrouvée inconsciente sur le sol. "Je... Je savais juste qu'il devait vour voir pour vendre l'appartement." Et elle se trouvait bien stupide d'avoir cru que leur rencontre n'allait se résumer qu'à ça. Enora semblait un peu plus embêtée, pour le coup. "Oh." Elle haussa les épaules, préférant jouer la carte de l'honnêteté. "Eh bien, oui, nous nous sommes bien plus vus que ça. Je veux dire, en dehors de toute la paperasse à signer pour vendre le duplex." Joanne ne dit pas un seul mot, préférant reprendre un peu de vin. "Vous devriez peut-être vous ralentir un peu avec le vin, Joanne, vous allez finir par vous sentir mal." s'inquiéta la brune. "C'est déjà le cas." rétorqua-t-elle tout bas, ayant cette affreuse boule dans la gorge. Elle ne se sentait pas mal à cause de l'alcool, mais à cause de tout le reste. Se sentant désolée, Enora tentait de recoller les quelques pots cassés. "Il y avait certainement une raison pour que Jamie ne vous en parle pas. Il est bien trop attentionné pour faire ce genre de choses sans avoir de bonnes intentions derrière. Peut-être qu'il voulait vous protéger de..." "De quoi ?" coupa Joanne - même si sa voix restait douce. Elle finit cul-sec son verre et se leva, n'ayant aucune difficulté à se déplacer malgré l'alcool qu'elle avait ingéré. Elle comptait prendre l'air mais fut interrompue par le premier représentant qui lui avait proposé une collaboration. Il l'invita poliment à danser avec lui, et comme Joanne avait toujours bien du mal à dire non, elle ne put qu'accepter.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Lun 2 Mai - 16:17, édité 1 fois
La soirée s'améliorera sûrement lorsque nous pourrons n'être que tous les deux. Quel dommage, tout s'annonçait si bien. J'ai beau espérer que Joanne pourra se concentrer uniquement sur le cadre et les personnes qui s'intéressent à elle, mais je sais bien que cela n'est pas son genre. Pour ma part, je ne compte pas me laisser plomber la soirée. Je laisse ma fiancée ne rien manger, puisque c'est son choix. Et puis, il ne serait pas correct de lui demander de prendre au moins quelques bouchées devant tout le monde. Je ne suis pas indifférent à son malaise, mais je ne peux pas vraiment me permettre de le mettre au centre de tout à ce moment. Même si je souhaite passer du temps avec elle, je suis l’obligé de l'association. Oui, nous profiterons un peu mieux plus tard, ailleurs. A la fin du plat, je laisse ma belle un instant seul à notre table. Bonsoir, photo, poignée de main, sourire, merci pour le discours. Le même refrain une demi douzaine de fois. De loin, je remarque d'un rapide coup d'oeil que Joanne a été rejointe par Enora. Mais qu'est-ce qu'elle lui veut? Lorsqu'elle la laisse, la jeune femme est invitée à danser. Je baisse le regard un peu déçu. Puisqu'elle est bien occupée, je vais m'asseoir à côté de mon ex-femme. “Est-ce que tout se passe bien?” Elle hausse les épaules avec la nonchalance que je lui connais bien. Peut-être que moins de choses que ce que je pensais ont changé chez elle. Ses mimiques restent similaires. “Ta fiancée n'a pas l'air dans son assiette.” Elle semble vraiment désolée. Mais à sa manière de venir la tourmenter, je ne sais pas si cela est sincère ou non. “Peut-être que tu devrais la laisser tranquille, Eno’. C'est bien assez difficile comme ça pour elle.” Sauf qu'elle n'a sûrement pas encore assez d'empathie pour le comprendre. Elle ne semble pas comprendre le problème. “De quoi vous avez parlé?” je demande, curieux. Enora sourit en coin, satisfaite que je pose la question, pour mieux me laisser dans le flou. “De choses et d'autres. Elle est mignonne, mais qu'est-ce qu'elle a l'air coincée…” “Seulement réservée.” Je fais signe à l'un des serveurs de remplir mon verre de vin. Mon regard est aimanté par Joanne qui danse plus loin. Elle profite bien mieux de la soirée sans moi. “Nora, je peux te poser une question?” dis-je finalement, ayant déjà gobé la moitié du verre en une gorgée. “Qu'est-ce qui s'est passé ce soir là? Enfin, est-ce qu'il…” “Est-ce qu'il s'est passé quelque chose? Tu ne te souviens pas?” Je secoue négativement la tête. Entre moi et l'alcool, les limites sont encore un peu floues. Je n'ai que très peu de souvenirs de notre moment dans ce bar, à Londres. Un verre qui s'était multiplié avec les heures qui passaient. “On parlait du bon vieux temps, et je t'ai embrassé.” répond-t-elle avec un certaine détachement, sans honte, mais le regard néanmoins baissé. Elle joue avec le pied de son verre. “Tu m'a jetée avec un de ces regards… j'ai cru que tu allais me tuer. Ou au moins m’en coller une. Je n'avais jamais vu ça de ta part. Tu n'étais jamais en colère avant.” A dire vrai, ma palette d’émotions était un peu limitée, avant. Je ne sais pas si je dois être désolé d’avoir agi de la sorte, ou lui en vouloir pour son comportement. J’avoue être un peu perdu. “Alors non, il ne s'est rien passé.” conclut-elle. Soulagement. Au moins une chose positive ressort de tout ça. Je ne m’étais pas réveillé chez elle, ni elle chez moi. Mais le manque de souvenirs est toujours assez angoissant. “Qui est le père alors?” Car oui, parmi les pires scénarios que j’ai pu me faire, depuis que j’ai vu son ventre arrondi, c’est une possibilité qui m’a traversé l’esprit. Dans quel pétrin j’aurais été si c’avait été moi… “Je ne dirai pas son nom à haute voix, les murs ont des oreilles. Mais il joue dans le film de David.” A croire que la fidélité ne sera jamais le fort d’Enora. “Dans ce cas, qu'est-ce que tu insinuais tout à l'heure?” Cette fois, elle semble agacée. Elle plante enfin son regard dans le mien et ne s’en détournera pas. Elle m’en veut, visiblement, mais la raison m’échappe toujours. “Que tu crois tout savoir, Jamie, tu crois cerner les gens, mais tu ne fais que leur prêter des intentions. Tu crois que notre mariage n'était qu'un ensemble de communs accords, alors que tu étais seul juge. C'était toi qui ne voulais pas d'enfants, toi qui voulait divorcer, toi qui ne m'aimais pas.” Buté, mon cerveau refuse de comprendre le sens de ses phrases. Je reste muet, sonné. Est-ce que j’ai vraiment été dans le faux à ce point? “Tu es si aveugle…” murmure-t-elle en pouffant nerveusement. Je reste parfaitement incapable de répondre quoi que ce soit. Je ne pensais pas avoir mérité autant de rancoeur. Qui sait si Joanne pense la même chose à mon sujet. Je la regarde de nouveau, elle danse toujours. “Tu devrais récupérer ta fiancée avant qu'elle finisse dans les bras de quelqu'un d'autre, alcoolisée comme elle est. Mais je la comprendrais si elle se laissait tenter. C'est sûrement le seul moyen de te faire réagir.” Je n’y vais pas. Mon verre à la main, je quitte la table et rejoins ma propre place. Je termine mon vin et attends que Joanne soit libérée par son cavalier.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 3 Mai - 0:31, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le fameux représentant semblait particulièrement fier de son coup en invitant la belle blonde à se rendre sur la piste de danse. Il avait le sens du rythme, il savait merveilleusement bien danser. On ne pouvait rien lui reprocher. Mais ce n'était pas Jamie. La jeune femme se demandait si être si sélective allait lui porter préjudice par la suite. Elle adorait danser, mais elle faisait ce blocage étrange qui l'incitait à n'être bien que dans les bras de celui qu'elle aimait. Il n'y avait pourtant rien de malsain à danser avec des connaissances. "La tête ailleurs ?" demanda-t-il afin d'avoir un peu d'attention. Joanne sourit nerveusement. "Ou pas habituée de danser avec quelqu'un d'autre que Mr. Keynes ?" renchérit-il en riant. "J'avoue, oui." dit-elle gênée. "Je peux comprendre qu'il ne veuille pas vraiment vous avec quelqu'un d'autre que lui." Il prenait le tout avec une certaine légèreté. Il la fit tournoyer sur elle-même. Le morceau de musique était assez long. Elle discutait de chose et d'autres avec son cavalier, jetant tout de même quelques regards en direction de son fiancé, qu'elle voyait avec son ex. Joanne se méfiait, elle ne savait pas quoi penser d'Enora et espérait sincèrement que ce serait la première et la dernière fois qu'elle croiserait son chemin. A la fin de la danse, il lui fit un baise-main, la laissant rejoindre son fiancé qui était désormais seul. D'un pas rapide, elle le rejoignit. Lui non plus n'était pas dans son assiette, elle le sentait de loin. La jeune femme l'incita alors à poser son verre, prit l'une de ses mains afin qu'il se retrouve debout. "Je préfère largement danser avec toi." lui dit-elle tout bas en lui caressant doucement la main. "Il est un bon danseur, certes, mais je préfère quand c'est toi." Elle l'embrassa tendrement en glissant une main dans ses cheveux. "Alors, je t'invite à danser avec moi." lui dit-elle avec des regards pétillants. "Et si tu veux, tu me raconteras ce qui te travaille." Elle lui caressait le visage. "Tu sais déjà ce qui cloche chez moi." Joanne rit nerveusement et finit par l'entraîner avec elle. Elle ne savait pas quel était le déclic qu'elle avait eu pour passer outre et tenter de profiter de la soirée. Mais elle ne voulait pas être une nouvelle fois la responsable de leur tracas. Ils se mirent au milieu de la piste de danse, entourés d'autres couples. La musique était douce, agréable. "Même si on sort après pour ne boire que de l'eau et des jus fruits..." commença-t-elle en riant un peu nerveusement. "En rentrant, je pourrais faire quelque chose qui te plaît." Elle se laissait bercer par le rythme de la musique et la manière dont Jamie l'entraînait avec elle. Pas de gestes brusques, juste énormément de tendresse. "Parce que j'ai fait un énorme investissement dans une huile de massage qui sent particulièrement bon. Je pense que je pourrai te prendre comme cobaye pour muscler mes petits doigts qui n'ont aucune force." Elle gardait son front contre le sien, laissant un long moment de silence s'imposer entre eux. Mais ce n'était plus aussi lourd qu'avant, bien Jamie semblait toujours aussi tracassé. "Je ne t'en voudrais si tu ne veux pas en parler." lui assura-t-elle avec un sourire tendre. "Si tu préfères ignorer et laisser tomber pour passer une belle fin de soirée ensemble." Qu'ils parviennent tous les deux à reprendre du poil de la bête et profiter d'être tous les deux dans un cadre de rêve. Puis elle eut une idée qui allait lui plaire, elle en était certaine. "Ou puisque nous aimons bien fouiner dans ce genre de lieux, nous pourrions nous éclipser discrètement pour faire un tour dans l'aquarium. Je suis certaine qu'il y a plein de choses que tu adorerais voir. Comme une immense salle qui n'est consacrée qu'aux méduses. D'autres plus petits avec des poissons multicolores. Et nous serions au calme." Histoire d'apaiser leurs oreilles après ce brouhaha incessant. Ils étaient tous les deux adeptes du calme et de la tranquilité. Ils appréciaient ce genre de soirées, mais il fallait ausi ponctuer ces heures de moments silencieux, juste eux deux.
“Je…” Je ne suis pas certain d’avoir envie de danser. Mais Joanne ne me laisse pas en placer une. De toute manière, elle est si pétillante tout à coup que je me serais finalement mal vu lui refuser la danse qu’elle me demande. Elle m’arrache même un sourire. Elle est vraiment belle ce soir. Je la laisse me tirer jusqu’à la piste de danse, au milieu des autres couples qui se risquent à l’exercice avec plus ou moins d’habileté et de grâce. La jeune femme et moi avons toujours été synchrones, en harmonie. Danser est un réel plaisir tant cette sorte de communion nous vient naturellement. Je n’ai qu’à prendre sa main, poser la mienne sur sa taille, et les mouvements viennent d’eux-même. Il est assez apaisant de voir Joanne si souriante. J’ai peur de plomber l’atmosphère à cause de la tension qu’à créé Enora en moi depuis notre conversation. Cette petite boule qui noue mon estomac. La jeune femme semble tout mettre en oeuvre pour faire disparaître ces quelques mauvaises pensées qui me parasitent. Elle propose un massage, après être allés boire un verre ailleurs. “Ca me semble être une très bonne idée.” je réponds tout bas avec un sourire. “J’aime beaucoup les massages de tes petits doigts.” Ils ont beau être doux et légers, ils n’en sont pas moins agréables et efficaces. Mes muscles savent quand ma fiancée est là pour choyer mon corps, cela suffit à décupler l’effet de ses moindres faits et gestes. “Par contre je ne serais pas contre quelque chose de plus fort que de l’eau.” Après tout, je n’en suis qu’au troisième verre de vin après la coupe de champagne à notre arrivée, j’ai du terrain à rattraper par rapport à Joanne. Elle, elle sera à l’eau si elle le veut, mais cela serait bien dommage. Le mouvement de balancier, tranquille, nous berce légèrement. La chaleur de la jeune femme tout contre moi, son front apposé au mien, endorment un peu mes pensées. Ce n’est pas vraiment le moment de lui parler d’Enora encore une fois. “Peut-être plus tard.” dis-je avec un fin sourire. Ce n’est pas le genre de peut-être qui signifie qu’elle pourra attendre quelque chose qui n’arrivera jamais, mais plutôt que je souhaite trouver un moment plus approprié -et m’épargner ce sujet pendant un instant de calme, juste tous les deux. Me connaissant toujours si bien, Joanne propose que nous allions en expédition découvrir les autres bassins de l’établissement dont elle semble vraiment bien connaître les salles. “Je ne sais pas si nous avons le droit d’aller dans le reste de l’aquarium…” La porte qui y mène est bien gardée, en plus du cordon qui en interdit l’accès. “Je vais essayer de nous négocier ça pendant le dessert. Je ne pense pas qu’on me le refusera.” Ce qui est le cas. La danse terminée, nous retrouvons nos places assises. Le dessert, comme le reste du dîner, est d’un raffinement extrême malgré des goûts classiques mêlant l’éternel chocolat à des framboises et de la mangue. Je me dis que ce que nous servirons à notre mariage pourra être un peu dans cet esprit. Juste assez sophistiqué, mais tout en simplicité. “Nous devrions prendre les coordonnées du traiteur de ce soir, qu’est-ce que tu en dis?” je demande avant de réaliser que son avis risque de se limiter au peu qu’elle a touché ce soir. L’assiette vidée, je me penche à l’oreille de l’homme qui avait invité Joanne à danser, me disant que pour lui plaire, il ne refusera pas ma requête. “Je vais en glisser un mot au gorille de la sécurité pour qu’il vous laisse passer. Mais discrètement, hein. Sinon tous les invités voudront y aller aussi.” Il tient parole une fois le repas terminé, pendant que les invités discutent ici et là. J’avoue que j’ai hâte d’avoir un peu de calme. On nous fait signe dès que le feu vert est donné. “Viens, allons-y.” Je prends la main de ma fiancée, et nous nous glissons derrière le cordon alors que la sécurité nous ouvre la porte. Quelqu’un nous a forcément vus, mais peu importe. Je laisse Joanne jouer les guides. Nous flânons d’un aquarium à l’autre, observant les poissons de toutes tailles et de toutes les couleurs qui somnolent plus ou moins sous l’éclairage violacé qui simule la nuit tombée. Certains bancs de poissons n’ont visiblement aucune envie de dormir. “Je me demande comment je me suis débrouillé pour passer quatre sans mettre les pieds ici.” je murmure, comme si ma voix pourrait perturber le sommeil de toutes ces écailles brillantes. “Cinq ans en fait, bientôt.” Cela fera cinq ans quelques jours après mon anniversaire. Nous arrivons dans la salle consacrée aux méduses. Je ne sais pas pourquoi, il doit être évident, me connaissant, que ce genre de créatures me fascine et capte toute mon attention. “C’est magnifique.” Il y en a de toutes sortes, de toutes les tailles, aux transparences colorées, au chapeau lumineux dans l’obscurité, qui laissent danser leurs filaments aléatoirement. Je me demande toujours si elles pensent, ou si elles ont au moins conscience d’elles-mêmes. Un être vivant ne peut pas être complètement vide de ce genre de pensées, non? Je m’installe sur un petit banc au milieu de la pièce et continue de contempler les méduses. Je prends la main de Joanne qui s’assoit près de moi. Après un petit moment de silence, je me décide à avouer ce qui me travaille. “Enora m’a fait comprendre que j’étais le tyran de notre relation, et que j’avais toujours eu faux sur toute la ligne nous concernant.” Je ne tiens pas à entrer dans le détail, cela me semble être déjà bien assez pour qu’elle comprenne -et trouve matière à s’inquiéter de la situation. “Ca n’a plus vraiment d’importance maintenant, c’est du passé, mais je m’en veux.” Je pensais bien faire. J’en étais persuadé. Qu’il est frustrant de s’entendre dire que rien de ce que je faisais n’était bon. “Est-ce que tu penses la même chose?” je demande à Joanne en captant son regard. Je crains qu’elle me dise oui, mais je me dis que si c’est le cas, je dois à tout prix corriger le tir. “Tu peux me le dire, je ne m’énerverai pas.” Je ne voudrai pas perturber la quiétude des méduses. A moins que ça ne soit leur ballet régulier et envoûtant qui me tienne tranquille. Ou encore la peine à la simple idée d’être pareil dictateur pour celle que j’aime qui me met du plomb dans les jambes.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 3 Mai - 0:29, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Qu'importe si Jamie n'avait pas le coeur à danser, cela allait être bien plus distrayant que de rester assis sur une chaise. Il s'était laissé allé par le rythme malgré tout, prenant sa douce par la taille, profitant un peu de sa tendresse. Joanne tenait à lui changer les idées, en lui partageant sa manière de voir la suite du programme, ce qui semblait lui plaire. Un large sourire ravi s'afficha sur son visage lorsqu'il approuva et qu'il en profita pour complimenter ses petit doigts. "Et pour couronner le tout, pourquoi pas un bon bain chaud ?" Une autre chose qu'il ne refuserait certainement. Mais avant cela, il comptait bien boire un peu d'alcool ailleurs avant de se laisser masser par sa future. "Je vais me sentir obligée de prendre un cocktail alors." dit-elle en riant tout bas. "Et un vodka caramel." Juste pour la référence et les bons souvenirs. Aussi, les souvenirs d'avoir eu envie l'un l'autre mais qui n'avait jamais à bout. Joanne voulait s'assurer qu'il pouvait se confier à elle s'il en ressentait le besoin, elle ne l'obligeait à rien. Il préférait pour le moment se laisser bercer par la musique et profiter de la chaleur de sa fiancée, et rien de plus. Rien qu'avec cela, il semblait plus serein. Ce n'était que pendant ces petits moments que Joanne réalisait qu'elle était bien capable de l'apaiser, de moins faire tourbillonner ses pensées. Elle lui proposa ensuite de se promener juste tous les deux dans le reste du bâtiment. "Je n'avais pas le droit de te montrer l'exposition qui portait sur Darwin." rétorqua-t-elle tout bas, malicieuse à souhait. "Ni même celle que je t'ai montrée l'année dernière, pendant le gala." Pourtant, dans les deux cas, Jamie restait un précieux invité, comme pour cette soirée-là. On ne le lui refuserait pas. Il comptait bien rendre leur expédition possible au moment du dessert. Joanne n'en mangea qu'un peu moins de la moitié. Mais elle l'apprécia, et acquiesça d'un signe de tête lorsque son fiancé suggéra de récupérer les coordonnées du traiteur. Elle était curieuse de ce que ce dernier pouvait proposer d'autre comme menu. Après quoi, Jamie négocia sans mal, et le coupla fila rapidement de l'autre côté de la porte battante. Le silence qui s'y trouvait derrière était on ne peut plus agréable. Il n'y avait que l'écho des bruits de talon de la jeune femme que l'on pouvait entendre. Elle lui fit visiter, de ce qu'elle pouvait se souvenir, en restant assez succincte. Elle n'était pas non plus grande connaissance en matière de faune aquatique. Mais Jamie avait vite récupéré ses yeux d'enfants et elle lui laissait tout le temps dont il avait besoin pour admirer cet aquarium riche en espèces. Il se surprit de ne pas y avoir été avant. "Mieux vaut tard que jamais." dit-elle tout bas. Ils se dirigèrent ensuite vers la salle dédiée aux méduses. Jamie s'installa sur un des bancs. Comme toutes les autres salles, il faisait assez sombre. Il n'y avait que les éclairages des aquariums qui donnaient une ambiance toute particulière à la pièce. A peine assise, Jamie lui prit une de ces mains, et finit par se confier au bout de quelques minutes. Il ne se sentait pas bien vis-à-vis d'Enora, mais préférait se dire que c'était passé. Joanne le regarda, alors qu'il lui posait la même question. "Non, ce n'est pas ce que je pense de toi." répondit-elle immédiatement, pas trop fort pour ne pas troubler le silence qui régnait dans la salle. Joanne se rapprocha de lui et lui caressa tendrement la joue. "Je trouve ça facile de tout te reprocher une fois que tout était réglé. A mes yeux, si elle avait plus d'attentes vis-à-vis de toi, elle te l'aurait dit, Jamie. Surtout avec le caractère qu'elle, elle n'a pas l'air être du genre à garder ces choses pour elle. Elle devrait aussi s'en vouloir à elle-même de ne pas avoir su sortir ces arguments là au bon moment." Elle haussa les épaules. "C'est un reproche facile." Et particulièrement lâche. "Et puis, je suppose que c'était une période où tu ne savais pas comment aimer et être aimé. Tu n'avais pas d'exemple, pas d'histoires sur lesquelles t'appuyer. Tu n'avais que ton tyran de père. Peut-être que tu pensais bien faire en faisant comme lui, pour lui faire plaisir." Parce que c'était ce qu'il cherchait à faire tout ce temps. "Tu n'es pas une mauvaise personne, mon amour." Joanne déposa un léger baiser sur ses lèvres. "Tu as juste été éduqué par des mauvaises personnes." Ca ne s'expliquait pas autrement. Oliver et lui avaient des coeur en or, souillé et noirci par une famille sans amour. "Et puis, si tu imposes tant ta volonté que ça, il va falloir m'expliquer comment est-ce que, du jour au lendemain, tu es passé de pas de descendance à je veux une ribambelle de têtes blondes qui sont le portrait craché de ma femme dans ma maison." dit-elle avec un rire léger. Joanne lui caressa doucement la cuisse, restant plongée dans ses yeux verts, toujours sur le sourire aux lèvres. Elle frôla doucement son visage avec le sien avant de lui offrir un premier doux baiser. Puis un deuxième, et un un peu plus fougueux, pour que le suivant devienne follement amoureux. Elle encadra son visage de ses mains, profitant d'être seuls au monde pour l'embrasser d'autant qu'elle n'avait pas pu le faire depuis le début de la soirée.
C’est un certain soulagement d’entendre Joanne m’assurer qu’elle ne partage pas l’avis d’Enora à mon sujet. Pourtant, je m’attendais au contraire. A cause de sa peur de s’imposer, et la facilité qu’elle a à s’écraser devant mes opinions, je passe facilement pour le dictateur au sein de notre couple. Je n’aurais pas étonné qu’elle me le dise. Je le suis bien plus qu’elle prenne ma défense. A mes yeux, je n’ai pas vraiment d’excuse. Il n’y a jamais de raison valable pour jouer les oppresseurs, même si cela est inconscient. Enora me trouve aveugle, et elle a peut-être raison. Peut-être que je n’ai pas su voir ce qu’elle voulait, ce dont elle avait besoin. Peut-être qu’elle aussi s’est tut pour moi. Par amour? J’ai tant de mal à le croire. Il était si parfaitement évident à mes yeux que nous étions au mieux des amis qui s’échappaient de tout autre mariage arrangé par qui que ce soit d’autre que nous. Je pensais que ce mariage ne faisait que regrouper nos intérêts avant que nos parents n’y glissent les leurs dans nos vies. Est-ce que j’ai été comme mon père tout ce temps? Son affection pour ma mère était indiscutable, il prenait soin d’elle, mais il est vrai qu’il ne lui laissait guère de choix. J’étais peut-être une version améliorée d’Edward. La manipulation en moins. Enora m’a laissé un goût amer en bouche, et la sensation d’être un monstre d’égocentrisme qui lui a fait perdre des années de sa vie. Pour Joanne, ça n’est pas le cas. Je me dis que c’est tout ce qui compte. Elle ne dirait pas des choses pareilles si elle ne le pensait pas. Je lui souris en coin, touché et rassuré par ses propos. Je lui rends ses baisers avec autant d'amour et de passion, une main glissée sous sa mâchoire pour les prolonger avec la même intensité. “Je t’aime.” dis-je au bord de ses lèvres, mon front contre le sien. Je porte ses mains à mon visage pour déposer un baiser dessus, délicatement. Mon regard se pose sur sa bague un court instant. “J’aimerais qu’on puisse tout se dire...” je murmure, pensant à haute voix des choses que je souhaite que Joanne sache quand même, un peu aléatoirement. Je pense au fiasco de mon premier mariage, je pense à la manière dont tout s'est dégradé. Et à toutes les disputes que nous avons eu avec ma fiancée actuelle qui ne se sont soldés que par de tacites compromis. “Je veux dire, chacun a bien sûr un jardin secret…” C'est tout naturel, il serait malsain d’absolument tout se dire. Néanmoins, souvent, nous taisons les mauvaises choses. “... Mais je sais que, souvent, on ne se dit pas tout.” Je hausse les épaules. Ce n'est pas une accusation. Ou alors, nous sommes deux fautifs. “Je le sens bien, quand tu te résignes à cause de moi.” Dans ces moment-là, j'ai envie de la secouer comme un arbre fruitier. Peu à peu, j'arrête d'insister. J'ai bien compris que ça ne sert à rien. “Et je pense que tu me connais bien assez pour savoir quand je garde quelque chose pour moi.” Deux cas de figure trop fréquents à mon goût. Nous nous planquons pour éviter la confrontation et les conflits par tous les moyens, mais la bombe finit toujours par exploser, plus fort qu'elle n'aurait du.“Nous sommes si différents, après tout.” Nous ne nous comprenons pas toujours l'un l'autre. Ce n'est pas vraiment ce qui importe. Il n'est pas nécessaire de comprendre pour faire ce qu'il faut pour que tout aille bien. “Personne ne peut être complètement honnête tout le temps. Mais je ne veux pas que les non-dits nous rongent.” Et je sais qu’il y en a de nombreux entre nous. Des petits rien que nous gardons pour nous et qui s’entassent jusqu’à s’écrouler, faisant bien des dégâts au passage. Nous avons tellement peur de la réaction l’un de l’autre, de la déception, de l’énervement, car nous avons chacun nos tares qui nous bouffent la vie. J’espère qu’un jour nous serons au delà de tout cela, et où notre amour sera tant sans doutes et sans ombres qu’il n’y aura rien pour l’entacher, rien pour le menacer, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie répondit avec tout autant d'amour à son baiser, le prolongeant en approchant sa main du visage de porcelaine que sa fiancée. Collant son front contre le sien, il laissa le silence revenir dans le silence. Il n'y avait que quelques bruits, tout était si paisible, reposant. Le bel homme prit les mains de sa belle afin de les embrasser, et tout en les gardant dans les siennes, il contempla la bague de fiançailles, lançant un sujet de conversation quelque peu épineux. C'était certainement la plus grande tare dans leur couple, de ne pas arriver à tout se dire. Joanne sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. Il n'attendait pas de leur couple de savoir absolument tous les secrets de l'autre, mais que le plus important soit dit. Jamie souligna notamment leurs différences, et dieu sait à quel point elles étaient nombreuses. Leur milieu, leur manière d'être. Tout les opposait. La jeune femme craignait qu'après cette phrase, il ne finisse par dire que ça ne servait à rien qu'ils soient ensemble. Que leur couple se résumait à ces tensions et disputes incessantes, et il fallait peut-être se rendre à l'évidence qu'ils n'étaient peut-être pas faits l'un pour l'autre. Elle ne savait pas ce qu'Enora avait pu lui dire ou faire, mais vu le comportement qu'il avait avec elle, il était clair qu'il y avait encore une certaine affection. Peut-être qu'il regrettait son premier divorce, qu'il voulait rectifier le tir. Si elle avait à choisir, Joanne préférerait continuer de se ronger l'esprit plutôt que de mettre à feu et à sang son couple. Elle regardait ses mains, que Jamie tenait entre les siennes. Joanne restait longuement silencieuse, ne sachant que trop en penser, se demandant ce qui avait bien pu lui bousculer l'esprit pour qu'il vienne parler de tout ça. "Qu'est-ce que ça va nous apporter ?" demanda-t-elle alors, après plusieurs minutes muettes, en baissant les yeux. "Si ce n'est des disputes, des tensions. Devoir supporter des regards tristes, coléreux, ou déçus. Demander pardon, peut-être se faire pardonner, et redémarrer un nouveau cycle jusqu'à la fois suivante." Un cycle sans fin, finalement, est assez régulier. "Je sais que la plupart des choses auxquelles je pense t’exaspérerait. Je ne te les dis pas parce que je ne veux pas que tu en viennes à regretter d'avoir accepté de m'épouser à nouveau." Bien que ses yeux étaient rivés sur leurs mains, Joanne ne se rendait pas compte qu'elle jouait très nerveusement avec les doigts de son fiancé. Elle tremblait un peu. "Tu l'as dit toi-même, nous sommes si différents. A croire que l'univers se plait à nous avoir réuni pour finalement nous mettre constamment à l'épreuve et à nous torturer dès que l'occasion se présente. Il n'y a jamais de répit." Un événement s'enchaînait sur un autre, à une autre échelle, mais ces petits pics restaient constants. "Je sais que tout ce que je pense, ce n'est pas bien. Que ça ne ferait que nous détruire. Que ce ne sont que des choses ressassées ou construites de toute pièce par mon imagination, à la quête de la moindre preuve qui prouverait que c'est réel. Et ça trotte en permanence. Certaines finissent par s'apaiser, d'autres apparaissent. Quitte à choisir, je préfère me torturer l'esprit plutôt que de détruire une nouvelle fois notre couple. Parce qu'à chaque fois, c'était moi." Il ne pouvait pas dire qu'elle avait tort, parce que c'était des faits. Et Jamie se tenait à ce genre de choses. "Mais si tu veux que je les partage, je les partagerai." Elle serait très mal à l'aise et elle le mettrait certainement en colère, mais elle le ferait. Le pire, c'était qu'elle ne devienne qu'une grosse source déception pour lui, et rien d'autre. "Mais si nous avons à... parler, le faire quand Daniel n'est pas là. Il n'a pas à subir tout ça." Elle ne voudrait pas qu'il ne se sente plus en sécurité chez lui, qu'il ne ressente plus tout l'amour qu'on lui portait à cause de ces tensions qui viendraient à se multiplier considérablement dans les jours qui viennent s'ils se tenaient à ce qu'ils disaient.
Joanne a le don de me prendre de court. Elle a bien rarement la réaction à laquelle je m’attends. Et je la comprends aussi peu souvent. Cela doit sûrement se lire sur mon visage que je suis étonné qu’elle ne se satisfasse absolument pas de mes paroles. Au contraire, j’ai l’impression de la paniquer, et ma proposition visant à alléger nos épaules et nos esprits ne fait que lui ajouter une pression supplémentaire. Est-ce que je suis définitivement bon à rien avec elle? Être triste, en colère, déçu, demander pardon, ce sont des choses normales auxquelles nous ne pourrons pas toujours échapper à force de nous taire. Nous ne faisons qu’essayer de noyer le poisson jusqu’à n’en plus pouvoir et tout faire valdinguer. A mes yeux, c’est de cette manière là que les choses ne peuvent pas continuer d’être. Encore une fois, tout diverge entre nous. Je lâche un petit soupir, ne sachant pas trop quoi dire. Joanne me déstabilise. Comment peut-on vouloir vivre en étant grignoté à chaque minute de l’intérieur par ses propres pensées? Quitte à ne pas vouloir ou pouvoir se confier à quelqu’un, un ami, un psy, elle pourrait me parler à moi maintenant que j’ouvre cette porte. Mais son refus de conforte de nouveau dans l’idée qu’elle puisse avoir un peu peur de moi. “Il finira bien par être confronté aux disputes de ses parents un jour, tu sais.” dis-je en haussant les épaules, désabusé. A croire que Joanne veut simplement tout faire pour éviter les tracas d’une vie humaine normale. Sauf que nous ne sommes pas dans une maison de poupée. Je me pince les lèvres, vraiment embêté. Si j’insiste, elle se sentira obligée. Si je recule, elle pensera m’avoir déçu. Il n’y a vraiment rien à faire. “A t’entendre, j’ai l’impression de vouloir déclencher la Troisième Guerre Mondiale.” dis-je avec un faible sourire. Ce n’est pas du tout mon intention, bien au contraire. Je veux éviter toute future explosion hors de contrôle qui puisse la pousser encore une fois à rendre sa bague. “Est-ce que tu ne te sentirais pas mieux en étant avec quelqu’un avec qui tu peux être honnête?” Est-ce qu’elle n’est pas fatiguée que nous ayons constamment peur des réactions l’un de l’autre? Est-ce que nous ne pouvons pas faire un effort pour que nous nous sentions tous les deux écoutés? Oui, avant je pensais que se taire c’était le meilleur plan. Parce que je suis facilement en colère, et qu’un rien peut devenir difficile à entendre. Parce que je peux tomber très, très bas si quelque chose ne va pas. Et parce que Joanne est d’une sensibilité à fleur de peau et à l’esprit biaisé par une estime de soi inexistante. Mais j’ai fini par constater qu’au final, cela ne créée qu’un climat de méfiance. Pas sûr que cela soit plus sain. “Pourquoi ça n’apporterait que des disputes? Pourquoi ça n’apporterait pas des solutions et plus de compréhension?” demande l’éternel optimiste qui s’avère ce soir sûrement trop utopiste. Peut-être que notre relation est faite pour être comme elle est, point c’est tout. “Je sais comment tu es, et je t’aime tel quel. Je sais que tu ressasses et que tes pensées pourraient m’agacer si je les entendais, mais crois-moi, je les vois déjà dans ton regard, je les lis sur ton visage, et que tu ne dises rien est parfois aussi difficile à supporter.” Au moins, si elle s’exprimait, j’aurais peut-être une chance de l’apaiser, de faire taire plus rapidement quelques une de ses pensées. “Est-ce que ça ne te frustre pas d’imaginer tout ce que je garde pour moi?” Bien sûr que si, ça j’en suis certain. Il suffit de la voir bouder en silence quand elle sait que je dois me confier à une autre femme qu’elle. Ca la fait bouillir. “Parfois je daigne en parler avec la psy, mais ça n’est pas pareil, c’est avec toi que j’aimerais parler. Sauf que ça doit aller dans les deux sens, tu ne crois pas?”
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne voulait pas que Daniel ne subisse les états d'âme de ses parents. Il ne devait pas ressentir les tensions entre ses parents, pas qu'il ne se mette à douter de quoi que ce soit. Pour le père de famille, c'était malheureusement inévitable. Une triste réalité à accepter, mais qu'elle voulait tout de même éviter. Joanne ne comprenait pas pourquoi il voulait subitement adopter une nouvelle méthode dans leur couple. Plus à l'écoute, plus de franchise. Elle avait tenté d'être à l'écoute pour lui, mais il ne voulait pas, ou sûrement se disait-il qu'elle ne comprendrait pas, ou comprendrait mal. Cette ouverture soudaine la destabilisait un peu, quelque peu sceptique par la volonté d'adopter cette nouvelle méthode. Mais au fond, elle adorerait pouvoir plus se confier à lui, sans qu'il ne s'énerve ou ne soupire longuement. "Je pense que oui." dit-elle tout bas, le regard toujours bien baissé. "Mais j'avoue être un peu perdue." finit-elle par lui avouer. "La dernière fois que j'ai... fini par me confier à toi, c'était à la maison de campagne. Et tu m'avais dit que j'aurais mieux fait de garder ça pour moi, au risque de nous détruire. Et maintenant, tu te demandes si ça peut finalement bien se passer si on se dit tout ce qu'on peut avoir sur le coeur." A ses yeux, ce serait un peu jouer avec le feu. Elle prendrait ce risque, s'il s'engageait avec elle. Mais elle avait peur de finir par se brûler les ailes. "A chaque fois que nous trouvions des solutions et que nous parvenions à nous comprendre, c'était après des disputes, ou d'autres tensions quelconque." A croire qu'il fallait que ça explose à chaque fois pour qu'ils parviennent à comprendre qu'ils étaient finalement sur la même longueur d'onde. Tout en restant aux antipodes de l'autre. Au milieu de leur conversation, Jamie cherchait tout de même à la rassurer par quelques mots d'amours, et il ne demandait qu'à ce qu'elle finisse par se confier à lui. Qu'elle arrête de le craindre et de se méfier de lui comme la lèpre. Il lui retourna la question. Elle répondit positivement à sa question d'un léger signe de tête. "Mais je me disais que tu devais avoir tes raisons, ou que tu n'avais tout simplement pas envie d'en parler parce que je ne comprendrais, qu'il y a des choses que je ne pourrais jamais capter parce que nous ne sommes pas issus du même milieu, ce genre de choses." Elle haussa les épaules. "Je m'y suis faite." Même si ça la rongeait de l'intérieur et qu'elle aurait voulu au moins essayer de comprendre, Joanne préférait se taire et ne pas insister. Le bel homme en parlait avec sa psychologue, sans compter ses amies proches. Ce n'est pas pareil, disait-il. Joanne ne saurait dire si c'était du lard ou du cochon, si la volonté était réellement là où s'il voulait calmer d'avance le jeu avant les prochaines fois. Parce qu'au départ, il ne voulait pas et ne pouvait pas lui en parler, pour des raisons qui lui étaient propres. Joanne ne comprenait pas vraiment sa manoeuvre. "Qu'est-ce qui t'a poussé à vouloir totalement changer ces habitudes ?" finit-elle par demander. "Qu'est-ce qui te fait donner l'envie de partager plus de confidences avec moi ?" Elle voulait juste le comprendre. Suite à quoi, la jeune femme restait longuement silencieuse, très pensive. Ca passait ou ça cassait, et le seul moyen de le savoir était d'éxecuter tout ça. "Je veux bien qu'on essaie cette... technique là." Ca ne sera certainement pas facile au début, Joanne ayant appris à se murer dans son silence et à prétendre, bien que Jamie savait pertinemment que quelque chose n'allait pas. Ses mains tremblaient toujours un peu, mais au bout d'un long moment, elle parvint à lever la tête et croiser son regard avec un sourire timide, et pas très rassuré. Elle mentirait si elle disait ne pas appréhender tout ça, c'était très nouveau dans leur relation et ça allait être certainement dur à palier. Elle ne savait pas s'il fallait commencer là, à cet instant précis dans l'aquarium, ou si ça doit être remis à plus tard. S'il avait déjà des questions à lui poser, s'il tenait à savoir certaines choses d'elle dans l'immédiat. "Tu ne devrais peut-être pas manquer cette fameuse séance photos de fin de soirée."
Perdre mon temps à parler avec une inconnue ne m’a jamais vraiment satisfait. Je joue le jeu parce qu’il le faut, et il faut l’admettre, parfois, cela peut faire du bien de se confier à une personne parfaitement extérieure à sa vie. L’idée n’est pas forcément de comprendre, même si cela aide bien; je doute que même la plus qualifiée des psys soit complètement en mesure de voir tout ce que je dis, moi qui ait souvent tant de mal à trouver les bons mots pour évoquer mes propres ressentis. Mais l’écoute est déjà un plus. C’est ce qui nous manque, à Joanne et moi. Nous avons trop peur du jugement de l’autre pour parler, et quand c’est nous nous y risquons, le résultat n’est jamais très probant. S’il faut être tout à fait honnête, c’est avant tout ma tare. Les paroles d’Enora me l’ont fait réaliser. Celles de Joanne ne font que le confirmer. Je suis le tyran sourd et aveugle de toutes les femmes qui partagent ma vie. Néanmoins, quand ma fiancée me demande d’où me vient ce soudain retournement de veste, je n’évoque pas mon ex-femme. Elle a pointé du doigt ma propre arrogance, les conclusions sont miennes. “Je me dis que j’ai peut-être eu tort.” dis-je en baissant le regard à mon tour, un peu honteux. Forcé d’admettre que c’est bien moi qui ait toujours demandé à la jeune femme de se taire. Il était naturel qu’elle n’ose plus ouvrir la bouche à force, elle qui reste déjà scellée comme un coffre fort naturellement. J’aurai fini par en faire une tombe, dévorée de l’intérieur. “Au début je croyais qu’il était bien mieux de garder nos pensées pour nous, de se taire, faire comme si de rien n’était et attendre que les choses passent…” Pas forcément parce que nous ne pouvions pas nous comprendre, mais parce que les choses étaient difficiles à entendre. En réalité, nous sommes deux à devoir composer avec nos sensibilités exacerbées. Ce qui est loin d’être simple, et même si nous changeons de manière de communiquer, cela ne le sera pas forcément plus. “En réalité, je ne fais que répéter de vieux schémas, hérités des mauvaises personnes.” dis-je avec un soupir. Le seul schéma que j’ai connu, le modèle inculqué par mes parents. Un dictateur et une suiveuse, une relation non sans amour, mais sans confiance et sans écoute. L’un imposant sa volonté à l’autre. C’était ma mère tout craché, de prendre sur elle, occulter tous les problèmes, et faire comme si de rien n’était. Comme l’a dit Joanne, faute de mieux, je n’ai que ces deux monstres sur lesquels m’appuyer. Et je fais erreur sur erreur. J'oppresse celle que j’aime. “Je n’aime pas ce que ça fait de nous. On se méfie et on se craint l’un l’autre, ça n’a pas de sens.” Mon regard se relève timidement vers celui de ma fiancée qui m’adresse un léger sourire. Nous sommes deux à appréhender. “Je ne peux pas garantir que j’aurai toujours les meilleurs réactions qui soient.” dis-je en toute honnêteté. Je ne vais pas prétendre le contraire juste pour la rassurer. Elle sait comment je suis, même si les médicaments font une muselière efficace. Peut-être que je m’énerverai. Néanmoins, si tout fonctionne comme prévu, au moins, elle saura comment et pourquoi je bous. Peut-être qu’elle saura même calmer le jeu. L’échange, dans les deux sens, peut être complémentaire. “Mais je pense, j’espère, que ça sera de mieux en mieux avec le temps.” A mes yeux, cela sera toujours mieux que de se tourner le dos en croisant les bras. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, et il se pourrait bien que je sois encore une fois en train d’essayer de nous détruire. Je ne suis pas très doué pour faire les choses bien en couple malgré toute ma bonne volonté semble-t-il. Joanne me rappelle que je suis attendu en salle pour une dernière séance photo. Celle qui ne sert qu’à montrer à quel point tout le monde a su faire honneur au vin. “Ils attendront encore un peu.” dis-je avec un léger sourire. J’approche mon visage du sien pour l’embrasser tendrement, mais u discret raclement de gorge m’interrompt au bord des lèvres de la jeune femme. “On m’a demandé de vous ramener en salle.” explique l’armoire à glace de la sécurité qui ne bougera visiblement pas tant que nous ne le suivrons pas. Je ris nerveusement comme un adolescent pris la main dans le sac. Bien obligés, nous laissons donc les méduses à leurs divagations. Je traîne un peu des pieds dans les couloirs, continuant d’admirer les aquariums qui bordent les murs. Le brouhaha de la réaction emplit l’air de plus en plus. Nous nous infiltrons parmi les invités discrètement, l’air de rien, jusqu’à ce qu’on vienne enfin m’intercepter, photographe sous le bras, pour les derniers clichés de la soirée. Cette fois, je garde Joanne bien avec moi.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Que Jamie fasse des erreurs était une chose. Qu'ils les admette en était une autre. Il pensait que la meilleure méthode dans leur couple était de se murer dans un silence et de ne plus partager les ressentis de chacun. Afin d'être sûr de ne pas amorcer de nouvelles disputes qui feraient voler les voix bien haut. Au lieu de cela, ils accumulaient chacun de leur côté des remors et de pensées funestes jusqu'à ce que la pression devienne trop importante et que tout explose. Et là, ça faisait vraiment mal, pour tous les deux, mettant au bord du goufre leur couple plus d'une fois. Il réalisait que s'ignorer ainsi ne rimait qu'à prétendre. Ils ne faisaient que prétendre que tout allait bien chez eux, qu'il n'y avait aucun faux pas. C'était se mentir à soi-même, finalement. Ravaler ses reproches et ses colères pour que tout continue à très bien se passer. Ils s'étaient voilés la face pendant un long moment, ainsi, certainement de peur à ce qu'une bague de fiançailles ne se trouve plus où elle devrait être. Jamie ne s'était inspiré que du vécu de ses parents, voyant que tout collait parfaitement, en tant qu'être extérieur au couple. Voilà qu'il était en plein de dedans, et qu'il s'était rendu compte du désastre. Joanne ne sentait pas vraiment prête à s'ouvrir, même à lui. Le fait qu'il ne soit pas certain lui-même de ses réactions ne l'aidait absolument pas. Elle allait à nouveau le voir en colère, énervé contre elle, peut-être même déçu. Elle n'avait pas hâte de s'y lancer. Mais apparemment, il le fallait. Il pensait que suivre cette voie ne pourrait qu'améliorer leur relation, déjà bien compliquée. A cet instant, Joanne avait plus peur qu'autre chose. Elle avait cette boule dans l'estomac qui lui coupait complètement la faim, bien qu'elle n'avait rien mangé. Elle ne savait pas si elle pouvait y croire. Elle préférait laisser filer ce sujet de conversation en lui rappelant qu'il était très certainement attendant dans la grande salle. Mais le bel homme ne voulait pas s'éclipser toute de suite de leur petite bulle en voulant l'embrassant. Avant même qu'il ne puisse la toucher, l'agent de sécurité se manifesta, les rappelant à l'ordre. Sans commentaire, Joanne se leva du banc, et commença à marcher. Jamie ralentissait le rythme, happé par les bancs de poisson dont il ne cessait d'admirer. Ils finirent par rejoindre la foule, s'y immisçant sans problème, jusqu'à ce qu'on interpelle Jamie pour qu'on le photographie. Habituée, Joanne reculait de queqlues pas, sachant bien qu'il était le plus important à avoir sur les clichés. Mais, d'une main ferme posée au niveau de sa taille, il la gardait bien contre lui, pour qu'elle soit présente à ses côtés. Joanne se munit de son plus beau sourire, et les flash étaient plus nombreux que ce dont elle aurait pu s'attendre. Ses pauvres yeux bleus en souffrirent assez, mais elle tint le coup jusqu'au bout. Certains venaient vers elle en tenant à la saluer chaleureusement avant de la louper, ce qu'elle ne comprenait pas trop. Ce n'était pas pour autant qu'elle se comportait mal avec eux, bien au contraire. Elle restait tout de même bien collée à Jamie, croisant les doigts de sa main libre avec les siens. Les invités commençaient tout doucement à partir, et le couple n'allait pas tarder non plus. Joanne s'éclipsa quelques minutes afin de récupérer son manteau et l'enfiler. La main d'Enora se posa délicatement sur son bras afin de l'interpelle. Dès qu'elle comprit de qui il s'agissait, Joanne recula d'un pas, et avant que la mannequin ne dise quoi que ce soit, elle lui lança sèchement. "Laissez-moi tranquille." Peut-être qu'Enora tenait quand même à dire quelque chose, peut-être pas. Joanne n'y fit pas attention en rejoignant Jamie qui discutait avec le directeur de l'association. Prête à y aller, elle attendit patiemment la fin de la conversation avant de considérer à sortir de l'aquarium. Avant cela, elle remercia et salua poliment l'organisateur de ce si bel événement. Une fois à l'extérieur, elle soupira. "Plein de cocktails, plein de shots, plein de n'importe quoi." Parce que vraisemblablement, elle ne trouvait pas avoir bu assez d'alcool pour la soirée.