Attendant Joanne dehors, en compagnie du directeur de la branche australienne de WWF, je regarde le balet des invités qui sortent de la salle, tendent leur ticket de voiturier, montent dans leur voiture, et quittent l'espace de l'Aquarium avec un dernier sourire et un bonsoir à notre attention. C'est une défilé de berlines, de rolls, de voitures de collection, et d'autres au dernier cri de la modernité. Nous sommes dans les derniers à partir. Pendant que le chauffeur va chercher l'Aston Martin, le directeur de l'association se tourne vers Joanne. « Tenez, ma carte. Contactez-moi dès que vous le pouvez, d'accord ? » Puis il nous salue et rejoint lui-même son propre véhicule, se disant que quelques minutes de marche ne lui feront pas de mal, malgré l'air frais qui sonne définitivement le glas de l'été. La voiture apparaît, rêve d'enfant de tout anglais qui n'a jamais manqué un James Bond, et que je me félicite d'avoir acheté tant que j'en avais les moyens. La carrosserie blanche tourne au bleuté à cette heure du soir. Ma fiancée, visiblement agacée par quelque chose, réclame plus d'alcool qu'elle n'en a déjà dans le sang. « C'est trois choses que nous devrions bien trouver quelque part. » je réponds avec un petit rire. Je n'ai pas encore d'idée précise de l'endroit où nous pourrions nous rendre, sans oublier qu'à cette heure, en semaine, le choix peut être réduit. Nous verrons en chemin. Le fait est que Brisbane est particulièrement effervescent ce soir, et même pour une personne qui vient d'assister à une réception bourrée de monde et de bruit, toute cette vie me ravit. Et puis, il n'y a rien de plus triste qu'un bar vide. « Depuis quand tant de monde sort un jeudi ? » je m'exclame sur la route, étonné. Le moindre pub est pris d'assaut et toutes les rues sont bondées de voitures garées sur les trottoirs. Après avoir passé plusieurs établissements, je retrouve le chemin d'un bar qui a déjà connu mes frasques, mais que j'avais apprécié pour son allure de pub juste assez sophistiqué pour ne pas perdre l'esprit chaleureux de ce genre de lieu. Un endroit aussi rempli qu'un autre, mais où la clientèle saura sûrement mieux se tenir que dans d'autres quartiers de la ville. « Ce n'est pas la peine que tu restes là, va à l'intérieur nous trouver des places, j'arrive tout de suite. » dis-je à Joanne en la déposant devant le bar. Je dois faire deux ou trois fois le tour du bloc avant d'avoir la chance d'arriver près d'une voiture sur le départ qui me cède sa place à quelques minutes à pied de l'établissement. J'abandonne ma cravate sur la banquette arrière, puis part rejoindre Joanne. Finalement, l'air frais est des plus plaisants. Néanmoins il fait bien plus chaud à l'intérieur. La musique n'est pas trop forte, mais les discussions entre clients assourdis par l'alcool sont assez bruyantes. Mais cela ne me dérange pas plus que ça, cela fait partie du lot de toute soirée hors des galas mondains. Je cherche ma fiancée du regard et la trouve au comptoir. Il n'y avait sûrement pas d'autre place disponible, et une chaise haute a été gardée pour moi. Sauf qu'elle n'est pas seule, bien sûr, et accoudé trop près d'elle se trouve un homme qui semble s'appuyer généreusement sur le bar pour aider ses jambes à le supporter. « Cet homme vous importune ? » je demande une fois à leur niveau. Petit air de déjà vu. « Je fais seulement connaissance avec la demoiselle. » Je le toise, puis mon regard se pose sur Joanne, et revient sur l'homme que ma présence irrite visiblement. « La demoiselle ne semble pas très à l'aise avec cette idée. » Il quitte le comptoir, vacille légèrement et s'approche de moi. Certains sous-estiment l'impact de l'abus d'alcool sur l'haleine. « Qu'est-ce que t'en sais, t'es pas son mec. Tu vas m'obliger à t'en coller une ? » « Je préfère autant éviter. » Mon sourire est courtois, si bien que mon interlocuteur a bien du mal à hausser le ton et maintenir son envie de me frapper, cela serait si gratuit après tout. Et puis, il fait quasiment une tête de moins. Je me tourne rapidement vers le videur du bar pour lui faire signe de venir. « Disons simplement que vous avez un peu trop bu ce soir, et que vous ne voyez pas que cette jeune femme souhaite que vous la laissez tranquille de toute évidence. » Le videur, un mètre cube de muscles sous une peau sombre comme on en voit aux portes de tous les établissements après une certaine heure passée, constate rapidement la situation. C'est tout en douceur qu'il prend l'homme par les épaules pour l'escorter vers la sortie. « Il a raison, viens l'ami. Il te faut un taxi. » Et là, je me souviens pourquoi j'avais apprécié ce bar la première fois ; il y avait un vrai challenge dans l'idée de réussir à déclencher une altercation dans cet endroit alors que même la sécurité donne envie de se réconcilier dans un câlin collectif. Une fois seul avec Joanne, je lui souris timidement. « Est-ce que vous m'en voudrez de tenter ma chance à mon tour en vous offrant un verre ? » je demande, poursuivant le scénario selon lequel je ne suis pas son homme. Comme une alternative à notre première rencontre. Et si tout s'était passé différemment ? « Je m'appelle Jamie. » j'ajoute, attendant qu'elle m'autorise à m'installer à côté d'elle avant d'oser m'asseoir.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Brisbane vivait incroyablement ce soir-là. Ce qui était étonnant pour une soirée en semaine, mais c'était quelque chose qui avait toujours passionné Joanne. Elle ne contribuait pas toujours à ce dynamisme, sauf quand ses amis d'université la forçait à venir au bar avec eux. C'était plus facile à gérer en groupe. Après son divorce, elle y allait de temps en temps, juste pour faire plaisir à sa meilleure amie et à sa soeur pour faire croirer qu'elle se sociabilisait. Elle ne buvait qu'un verre et ne restait jamais tard. Les hommes y étaient très tactiles et rentre-dedans, ce n'était pas vraiment la meilleure méthode qui soit pour conquérir Joanne. Jamie finit par s'arrêter devant un pub bondé - comme tous les autres- invitant sa douce à sortir et à réserver une place le temps qu'il puisse garer la voiture. De sa petite taille, ce fut déjà un miracle qu'elle puisse se faufiler jusqu'à l'intérieur. Là, bon nombre de regards masculins se rivèrent sur elle, la dévorant des yeux de la tête aux pieds, certainement avec des idées loin d'être chastes. Il n'y avait aucune table de disponible, et personne ne semblait être sur le départ. Autour du bar, il y eut soudainement deux chaises hautes qui se libéraient, Joanne s'y rendit aussi vite qu'elle le put en s'installant sur l'une, et déposant sa veste sur l'autre. Il ne fallut qu'une poignée de secondes avant qu'un homme ne vienne déjà l'aborder, alcoolisé à souhait. Son haleine en témoignait. Il était dangereusement près d'elle, il n'y avait que quelques centimètres qui les séparaient, ce qui la mit assez mal à l'aise. "Que fait un si joli minois toute seule comme ça ?" demanda-t-il. "Je ne suis pas seule." répondit-elle avec un sourire quelque peu peu forcé. "Ca, c'est ce qu'elles disent toutes. Mais je sais reconnaître celles qui mentent et qui ont besoin d'un peu de ... compagnie." La belle blonde haussa les sourcils, et n'eut pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que Jamie fit son apparition. Comme si l'histoire se répétait. Il parvint à faire éloigner sans le moindre mal le trouble-paix avant de recommencer leur histoire, peut-être d'une meilleure façon que la première fois. "Qui me dit que vous ne faites pas partie de cette majorité d'hommes qui ne cherchent qu'à me saoûler pour être sûr que nous finissions dans le même lit ?" rétorqua-t-elle. La belle blonde rit nerveusement. "Difficile de rencontrer des hommes qui ne pensent pas qu'à ça en abordant une parfaite inconnue dans un bar." Elle pouvait parler d'expérience, pour le coup. "Juste un verre." finit-elle par accepter avec un sourire timide. "Joanne." Elle retira sa veste du tabouret qu'elle avait réservé, faisant signe qu'il pouvait s'asseoir. "Merci, pour m'avoir aidé à me défaire de cet homme complètement bourré. Ils n'ont jamais tendance à nous écouter même lorsque l'on dit non." Elle rit nerveusement, haussant les épaules. "Surtout quand on est haute comme trois pommes." ajouta-t-elle en riant. C'était à la fois bizarre et étrangement facile de faire comme ils n'étaient que de parfaits inconnus pour l'un l'autre. Peut-être était-ce encore le cas. "Vous avez une bague au doigt." constata-t-elle, attendant que le barman ne soit à leur disposition. "Vous êtes marié ?" Le barman s'approcha enfin d'eux, ils purent enfin commander quelque chose à boire. "Je vais prendre un Cosmopolitan, et il va prendre..." dit-elle en tournant la tête en direction de son interlocuteur, qu'elle connaissait pas coeur comme elle pouvait le trouver parfois comme un inconnu. "Qu'est-ce qu'un homme pris vient offrir un verre à une parfaite inconnue ?" demanda-t-elle afin de réengager la conversation. Le bar ne désemplissait pas, les discussions et bousculades allaient bon train. Le barman prit un certain temps avant d'apporter les verres demandés. Mais ceux-ci finirent par arriver, enfin.
Ravi que Joanne joue le jeu, un léger sourire anime le coin de mes lèvres et une étincelle malicieuse apparaît dans mon regard. Ce n'est pas qu'un retour au vouvoiement ce soir, ce jeu qui a toujours été le notre et qui revient régulièrement, parfois au beau milieu d'une conversation. Cette fois, nous sommes dans la peau de deux inconnus l'un pour l'autre. Et qui sait s'il s'avérera que ce rôle est plus vrai qu'il ne devait l'être dans un premier temps. A moins que nous soyons confortés dans l'idée que nous nous connaissons par coeur depuis des siècles. Si nous effaçons tout ce que nous avons déjà vécu pour jouer ce jeu en bonne et due forme, nous aurons les réponses à ces questions au fil de la fin de soirée. Mon sourire s'élargit, amusé par la jeune femme qui fait mine de se méfier encore un peu de son pseudo sauveur. Après tout, elle ne peut pas savoir si je n'ai pas une idée derrière la tête. « Absolument rien, excepté ma parole quand je vous dis que ce n'est pas mon genre. » Ce qui est vai. Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face. Un homme ou une femme qui aborde une personne du sexe opposé -ou du même sexe d'ailleurs, qu'en sais-je- et lui propose de lui offrir un verre n'a rarement aucune arrière pensée. Même dans mon cas. Si la stratégie n'est pas de la saouler, il n'est pas exclu d'essayer de doucement l'attirer dans mon lit. Qui ne le voudrait pas, au risque d'être un peu trop maladroit et insistant ? « L'alcool rend l'ouïe très mauvaise, dirons-nous pour leur défense. » Les ''non'' disparaissent comme par magie, comme tout ce qu'ils ne souhaitent pas entendre. La compréhension est biaisée par des pulsions désinhibées. Les dangers de l'alcool. Je prend place à côté de Joanne qui fait remarquer l'anneau à ma main gauche. « Vous aussi, vous avez un joli caillou. » Ce diamant rose que j'aime beaucoup, ce bouton de fleur qui, je trouve, convient si bien à la jeune femme ; toute la beauté est à l'intérieur et ne demande qu'à sortir, mais en attendant, elle demeure discrète. « Non, pas marié. Fiancé. Mais ça ne fait pas une grande différence si vous voulez mon avis. » je lui réponds, haussant les épaules sur la fin. Un engagement est un engagement pour moi. La seule chose qui manque, c'est que ma promise porte mon nom. C'est qu'au delà de nos propres coeurs, notre amour soit concret et officiel pour tous. « Et vous ? » je demande en indiquant sa bague d'un signe de tête. Le barman arrive avant qu'elle ne puisse me répondre afin de prendre nos commandes. « Un Side-car, s'il vous plaît. » Cocktail typiquement londonien, rien de trop fort. Un petit goût de chez moi je suppose. Attendant les boissons, qui risquent de prendre leur temps avant d'arriver sur le comptoir, Joanne engage la conversation avec une première colle. Je ris nerveusement. « Je n'en sais rien. L'envie d'avoir le privilège d'être assis à côté de la demoiselle que tout le monde regarde, d'en savoir un peu plus sur elle, et le plaisir d'avoir de la compagnie. » Après tout, il est triste de boire un cocktail seul au bar. « Je pourrais vous retourner la question. Pourquoi une femme prise accepte de boire un verre avec un inconnu ? J'espère que ça n'est pas uniquement par courtoisie, pour avoir fait sortir l'homme qui vous avait abordé. » Cela serait vraiment pathétique pour moi. « Et d'ailleurs, que faites-vous seule ici ? J'espère que je ne dois pas m'attendre à ce que votre homme apparaisse et me fasse éjecter aussi. » Mais je sais qu'il y a peu de chances que cela arrive. Comme à chaque rencontre, à chaque début de discussions, les paroles sont ponctuées par ces petits silences qui sont souvent un peu embarrassants. Difficile de savoir par où commencer. Nos regards se croisent parfois, et se fuient aussitôt avec un petit sourire nerveux. Quel petit jeu étrange auquel on se prend si facilement. « Je sais que c'est terriblement cliché, mais vous avez vraiment de beaux yeux. Et un joli sourire. » Le genre de sourire qui donne envie de faire le pitre pour pouvoir le voir, ou lui donner le monde sur un plateau pour qu'elle soit heureuse. « Promis j'arrête à là les phrases de dragueur à deux sous. » dis-je en levant les mains, arrêté par la police du ridicule et du démodé. De toute manière, j'ai toujours été un piètre dragueur. Les cocktails arrivent devant nous. Forcé de payer immédiatement, je tends cette carte dorée qui était autrefois la clé vers une multitude de chiffres. Il n'y a plus que la couleur pour faire illusion. « Santé. » dis-je en faisant délicatement tinter nos verres. Il serait dommage de mettre une goutte d'alcool à côté. Je prends une fine gorgée de ma boisson, constatant qu'elle a été bien dosée, même si le barman a eu la main un peu lourde. « Qu'est-ce que vous faites dans la vie, Joanne ? » je demande finalement. Une de ces questions basiques qui font pourtant les débuts des longues conversations. Il faut bien un point de départ à tout.
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La jeune femme ne comprenait pas vraiment en quoi Jamie s'était lancé dans ce jeu de première rencontre. Il devait penser que c'était bien sur la même lancée que leur éternel vouvoiement, ou peut-être qu'il cherchait à faire les choses correctement. C'était étrange à quel point ils maîtrisaient leur rôle avec grande facilité, tout en restant sérieux. Une sensation étrange naissait en la jeune femme, qui fut incapable de la décrire comme elle le voulait. "Je vais me baser sur votre parole, dans ce cas." dit-elle avec un léger sourire. Joanne fit la remarque concernant l'anneau que le gentleman portait. Il lui retourna rapidement la constatation. Ses iris bleus se rivèrent sur sa propre bague de fiançailles, qu'elle trouvait plus que magnifique. Là non plus, il n'y avait pas les mots. "Pour moi, il y a une différence entre les deux." commenta-t-elle en regardant son bijou. "Certes, les fiançailles restent un engagement de soi pour l'autre, une promesse. Mais à mes yeux, le mariage est plus... Outre tout le côté spirituel et religieux qu'il peut y avoir, ça reste deux âmes qui s'unissent jusqu'à la mort, et après. Une fois que le serment a été fait, les promesses échangées, les alliances enfilées et les noms modifiés, ça doit l'être jusqu'à la fin de ses jours. Etre là pour l'autre jusqu'au bout, qu'importe les soucis rencontrés. On croit qu'on est capable de se battre seul alors que les choses semblent tellement plus facile lorsqu'on a l'être aimé pour nous soutenir jour après jour." Joanne ne put s'empêcher de penser à Hassan, et à son cancer. Ca n'aurait pas été facile, mais elle aurait été là. "Le divorce n'est pas quelque chose de concevable, pour moi." dit-elle en gardant ses yeux rivés sur sa bague. "Sauf si l'impardonnable est commis et qu'il est impossible de revenir en arrière." Il y avait plus choses qui n'étaient pas pardonnables, ou très difficile à oublier pour pouvoir continuer. "C'est aussi une bague de fiançailles." lui répondit-elle en relevant la tête en lui souriant. [color=#006699] "Une relation pas toujours facile, mais je pense que c'est parce que c'est bien trop intense pour être vécu par le commun des mortels.["/color] Joanne mourra certainement avec cette facette fantastique et imaginaire qu'elle avait. Des restes de son enfance qui ne disparaîtront jamais et qui l'aidait à relativiser dans un monde qui était certainement trop dur pour elle. "Et quand il est avec moi, j'ai toujours les mêmes papillons que les premiers jours. Avec cette envie permanente de le rendre heureux, de le satisfaire, avec cette impression que se donner corps et âme ne sera jamais suffisant." Les boissons commandées, Joanne lui posa une nouvelle colle. "Tout le monde ne me regarde pas." rétorqua-t-elle, gênée. "Ou s'ils le font, c'est juste parce que j'ai une robe très cintrée, c'est tout." Jamie lui retourna majestueusement la question, elle sourit nerveusement. "Je pense que vous soyez un des rares représentants de la gente masculine présente dans cette pièce qui ait de l'esprit. Malgré les vapeurs d'alcool qui flottent dans toute la salle." dit-elle en riant. "Mais si mon fiancé vous verrait comme ça avec moi, il vous mettrait certainement à terre. Autant, je pense qu'il se montre fier comme un pou lorsque je suis à son bras, sous des regards qu'il prétend voir envieux, autant, voir que je puisse sympathiser avec un homme le rendrait fou de rage." Un certain sourire malin et amusé s'afficha sur son visage. "Mais il n'arrivera pas avant un moment, vu le monde qu'il y a en ville aujourd'hui, il aura bien du mal à trouver de la place pour garer la voiture." Un silence s'imposa entre le couple. Un silence des premiers mots et des premiers regards échangés. Jusqu'à ce que l'Anglais lui balance des compliments que l'on qualifierait de facile. Joanne sourit nerveusement. "Ils n'ont rien d'exceptionnel." Elle restait tout de même fidèle à elle-même, il ne fallait pas espérer le contraire. Les verres payés, ils burent chacun une fine gorgée de leur cocktail respectif. "Je suis... J'étais conservatrice. Mais j'ai un petit bébé, et je m'étais mise d'accord avec mon fiancé pour que je reste à la maison pour rester auprès de lui, s'occuper de la maison, entretenir notre famille. J'ai du abandonner mon poste, j'ai été un peu stupide de croire qu'ils me le mettraient de côté pour le jour où je voudrais revenir." Elle haussa les épaules. Mine de rien, c'était encore assez difficile à digérer. "Et depuis peu, je suis à la tête d'une fondation située en Angleterre qui a pour but d'aider les enfants et familles en difficulté sociale, notamment. Le champ est bien large. Mais c'est très récent, je n'ai encore pas vraiment apporté ma pierre à l'édifice." Il faudra un temps, avant que Joanne ne puisse espérer faire avancer les choses. Elle avait beaucoup à apprendre sur la manière de gérer une institution de ce genre, n'ayant aucune expérience dans le management. Heureusement qu'Ewan était là. "Et vous ? En voyant la qualité de vos vêtements, je doute que vous ne soyez serveur." dit-elle avec un regard pétillant. Joanne ne savait pas vraiment à quel point ils allaient s'enfoncer dans leur jeu, ou si ça allait devenir une étrange vérité, comme un mirage. Où une femme fiancée à un inconnu, et un homme engagé envers une autre, faisaient connaissance et reconnaissaient cette attraction mutuelle. Comment les choses se seraient-elles passés s'ils étaient encore tous les deux mariés ? Elle était un peu perturbée, tout se mélangeait, et tout concordait étrangement. Il y avait certainement l'alcool qui flottait dans l'air et celui qu'il y avait dans le sang qui devait l'aider dans sa confusion. Mais tout ceci semblait être une chimère des plus étranges, Joanne craignait de plus pouvoir distinguer le vrai du faux à la fin de cette soirée.
Au moins, je comprends un peu mieux pourquoi Joanne a cru bon de briser nos fiançailles aussi facilement. Malgré l'engagement, elle n'y voit pas la même importance que moi. Alors je me rends compte que tant qu'elle ne portera pas mon nom, elle sera toujours potentiellement sur le départ. Et l'alliance la menottera à moi pour toujours. C'est une manière un peu extrême de résumer la chose, mais c'est ainsi que je le vois. « Pour moi une promesse est une promesse. » dis-je en haussant les épaules. Fiançailles, mariage, autant que n'importe quelle promesse au quotidien. Ca ne se brise pas. Ca se tient coûte que coûte. « C'est quoi l'impardonnable pour vous ? » je demande, curieux. Après tout, ça peut être une bonne information à avoir, les faux pas à ne pas faire aux yeux de la jeune femme si je veux espérer que ce mariage tienne. Qui sait s'il est des choses impossibles à pardonner à ses yeux qui ne le sont pas autant aux miens. C'est avec un sourire en coin que je l'écoute me dire si spontanément tout l'amour qu'elle porte à ce fiancé qui n'est pas vraiment moi ce soir. Elle est adorable, avec ce petit éclat dans le regard. Il suffit de l'entendre dire ce genre de choses pour avoir envie d'être l'homme dont elle parle. « J'espère que votre fiancé prend soin de vous autant que vous semblez prendre soin de lui. » Sinon, c'est qu'il ne la mérite pas. Mais difficile de savoir si qui que ce soit peut vraiment mériter un tel dévouement et une telle tendresse sans bornes. Aucun homme n'est assez bon pour cela. « Robe cintrée ou pas, ils ne regarderaient pas s'il n'y avait rien à regarder. » je rétorque à Joanne avec un petit rire. Après tout, une belle robe ne fera pas le meme effet sur une belle femme qui la porte correctement que sur une personne sans grâce qui ne ressemblerait qu'à un rôti bien ficelé. C'est esthétiquement perturbant. De plus, l'imagination de la gente masculine sait très bien se passer de textile. « Fou de rage, vraiment ? » je demande en riant de nouveau, comme si cela serait parfaitement incongru. Pourtant je sais qu'elle dit vrai. Je serais vert de la voir si à l'aise avec un autre homme. Et dans un mauvais jour, je pourrais bien le bousculer un peu pour le faire lâcher prise. Mais faute de pouvoir me dédoubler, cela n'arrivera pas. « Je vous ne vous ai que pour moi alors. Je ne suis pas désolé pour lui. » Qu'il est étrange de parler de soi-même à deux personnes différentes dans la même phrase. De ne plus trop savoir si l'on parle de moi ou de quelqu'un d'autre. Si je suis plutôt le fiancé, ou l'inconnu du bar. Mon esprit flotte dans ce trouble sans réussir à se poser. L'alcool n'aidera sûrement pas. Après avoir trinqué, Joanne m'explique ce qu'elle fait dans la vie, et je l'écoute comme si je n'en savais rien. « Ca m'a l'air d'être beaucoup de responsabilités. » dis-je à la fin avec une certaine neutralité. Après tout, les inconnus ne se permettent pas de jugements. Je vois bien qu'elle est toujours très déçue d'avoir perdu son poste au musée et de ne pas pouvoir y retourner avant longtemps. Mais plutôt que de souligner ça et plomber l'atmosphère, je préfère me montrer admiratif de ses nouvelles fonctions qui semblent fort nobles. Me concernant, elle fait aussi mine de ne rien savoir avec un humour charmant. « Vous voyez juste. » dis-je avec un petit rire. « Je travaille chez ABC Radio, en tant que rédacteur en chef. » je reprends plus sérieusement. « J'anime une émission tous les jours, en fin d'après-midi. Et… je fais un tas d'autres choses à côté. » Mais énumérer la liste serait bien long et très brouillon. Et puis, ce sont des détails. Sauf la peinture peut-être, mais c'est une chose trop personnelle encore pour que je veuille tendre la perche à des questions à ce sujet. « Ma fiancée ne le dit jamais explicitement, mais je la soupçonne de penser que je ne lui consacre pas assez de temps. » Quand elle veut tant que je rentre plus tôt, que nous nous isolions dans la maison de campagne, que je prenne des vacances. Pas que je m'en plaigne. Je suis surtout désolé qu'elle le pense -si elle le pense. Je reprends une minuscule gorgée de mon cocktail. Il est bien trop fort pour ne pas le déguster très lentement. Puis je reprends ; « J'ai un fils aussi. Il est superbe. C'est une vraie petite boule d'amour, comme sa mère. Il aime tout et tout le monde, il est très curieux, et il ne se plaint quasiment de rien. Sauf quand il n'est pas le centre du monde. » Surtout quand ses deux parents sont là. Mais s'il a son père, sa mère, son lapin et son hochet, il est le plus heureux des bébés qui soient. « C'est un sacré petit bonhomme. » je murmure, un sourire en coin. Notre petit miracle. Je le trouve finalement plus important qu'un mariage. Il est tout notre amour personnifié, concentré dans ses grosses joues et son regard bleu. « Je pourrais déblatérer à son sujet pendant des heures, désolé. Le syndrome du jeune papa gâteux. Même quand on le confie à quelqu'un juste pour une nuit, histoire de souffler, il me manque beaucoup. » Il me manque à la seconde même où il passe la porte et s'envole pour un autre endroit pour quelques heures, ou lorsque nous le quittons aux soins de ma sœur ou des parents de ma fiancée.
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L'impardonnable. Quel était donc l'impardonnable pour la jeune femme ? Elle prit son temps pour trouver le ou les mots justes, ceux qui concordent le plus avec mes pensées. Et ce n'était pas évident. Ses yeux regardaient son verre de cocktail posé sur le comptoir, son index glissant sur sa tige. Elle s'éclaircit la gorge, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin quelque chose qui corresponde à ses pensées. "Qu'il m'oublie." C'était à la fois très large et pas assez signification, mais la pensée générale se basait bien sur ça. "Ca englobe beaucoup de choses, c'est très vaste, mais..." Elle haussa les épaules. "C'est comme cette fois où nous venions de nous remettre ensemble, et j'ai au dernier trimestre de ma grossesse. C'était encore très tendu entre nous parce qu'il ne pouvait pas me pardonner ce que j'avais fait. Et il y avait cette relation étrange et oppressante qui s'était instaurée entre nous deux. Et pendant cette période, j'avais l'impression de n'être pour lui que cet enveloppe qui protégeait, nourrissait et faisait grandir de jour en jour son fils. Je n'étais pas une personne, encore moins une femme enceinte ou une fiancée." Juste un élément organique qui était capable de donner la vie. Ce n'était pas une période propice à améliorer son estime de soi. "C'est déjà une forme d'oubli, quelque part." dit-elle en haussant les épaules. "Je sais qu'il m'aime plus que tout, qu'il n'envisage son futur qu'avec moi. Mais lorsque l'on tient si fort à quelqu'un, on a toujours un peu peur de le perdre, de n'importe quelle façon. J'ai peur qu'il veuille m'oublier en allant peut-être voir ailleurs; même si je sais que ce n'est absolument pas son genre; ou qu'il préfère ne se confier qu'à des amis proches parce que je ne pourrais pas comprendre. Qu'il se lasse de moi, ce que je peux comprendre. Ce genre de choses." Elle haussa les épaules. "Forcément, l'adultère en fait partie. C'est aussi une forme d'oubli, d'échappatoire. Mais il ne le fera pas." Il était trop fidèle pour ça. Que s'il avait même embrassé par erreur, ou qu'il se soit rapproché involontairement de quelqu'un au risque de déraper, elle espérait qu'il lui en parle. Que ça ne se fasse pas partie de son jardin secret. "Parce qu'il m'aime." dit-elle en relevant enfin sa tête pour regarder Jamie. "Il doit certainement penser que ce n'est qu'à cause de son travail. Il est très pris, mais il est passionné par tout ce qu'il fait. Je l'étais aussi lorsque je passais des heures entières au musée. Il pense que je demande qu'il rentre du travail plus tôt, qu'il prenne des congés, que pour moi. Mais je pense à notre bébé qu'il ne voit que très peu en semaines. Il a tellement peur de devenir un père absent, alors j'essaie de le forcer à se reposer plus, qu'il se prenne plus de temps libre pour pouvoir profiter de lui. Il l'aime plus que tout, il a tellement envie de le voir grandir, de passer du temps avec lui. Alors je fais ce que je peux pour que ce soit le cas." dit-elle avec un faible sourire. Joanne voulait faire ça pour Daniel. Elle ne se mettra jamais en avant pour ça. La famille d'abord. Préserver leur vie de couple, c'était encore une autre affaire. Elle but une gorgée de son cocktail; une belle gorgée; puis eut un rire plus que nerveux. "Et il rêve d'avoir une fille. Il n'ose pas trop être exigent à ce sujet parce que j'ai beaucoup de difficultés à concevoir, disons. Je suppose qu'il ne veut pas me coller une pression supplémentaire parce que je m'en impose moi-même à la base." Elle rebaissa sa tête, se concentrant à nouveau sur sa boisson. "Mais, je ne sais pas comment dire, et ça sonne peut-être complètement faux. Mais j'ai peur qu'il m'oublie le jour où nous aurons une fille, ou lorsqu'il le saura." Elle restait un moment silencieuse. "Mon ange. C'est comme ça qu'il m'appelle." dit-elle en lui souriant. "Et si nous avons la chance d'avoir une fille, il aura son ange rien que pour lui. Il veut qu'elle me ressemble en tout point. Je sais que ce n'est pas très sain de penser à ce genre de choses, et je peux comprendre, que si ça se passe comment nous l'entendons, il se laissera happer par l'effervescence du moment. Il sera le plus comblé des pères, c'est certain." Et elle ne voudrait pas le priver de ça, ça la rendrait heureuse. Jusqu'à ce qu'il n'ait d'yeux plus que pour leur progéniture que pour elle. "Enfin voilà, tout ce qui entre dans cette gamme." dit-elle afin de conclure ce sujet de conversation. "Il prend soin de moi, oui. Il veut tout faire pour que je sois heureuse. Selon lui, j'en suis méritante." Elle n'en était pas franchement convaincue. "S'il savait que me décrocher la lune me ferait sourire, il irait sans broncher." Jamie précisait qu'il n'y avait pas que le vêtement qui faisait tout le charme de la jeune femme, cela fit rosir un peu ses joues. "Si vous en faites la remarque, c'est que vous pensez comme eux, non ?" demanda-t-elle, avec toute sa naïveté. Joanne décrivait ensuite la possessivité excessive de Jamie, pouvant l'emmener dans une rage noire. "Je n'exagère pas. J'espère pour vous que vous ne le verrez jamais en colère. C'est presque impossible pour moi de même me lier d'amitié avec un homme." renchérit-elle en riant. Il semblait bien satisfait de n'avoir que Joanne pour lui. "Vous m'avez l'air tout aussi possessif que mon fiancé, en disant cette phrase." lui dit-elle avec un regard malicieux, avant de finir de son verre, qu'elle avait bu assez vite. Elle fit signe au barman de lui en servir un deuxième. "Difficile à dire pour le moment. Je suis plutôt au stade où je me familiarise avec la fondation, puis j'aimerais repérer les tares qui peuvent s'y trouver, avant de me lancer dans des projets plus concrets. Après, je suis à la maison toute la journée, et je n'ai que ça à faire lorsque mon fils fait la sieste. Et c'est un gros dormeur." dit-elle en riant. Jamie parlait ensuite de son propre travail. "Vous devez avoir un emploi du temps de ministre, alors." dit-elle avec un sourire. "Peut-être qu'elle ne vous le dit pas pour ne pas vous faire culpabiliser." suggéra Joanne, sans penser sur le coup qu'elle était la fiancée en question. "Peut-être que pour le peu de fois qu'elle ose vous en parler, c'est parce qu'elle voit que vous êtes épuisé et que vous avez besoin de vous reposer. Les deux théories s'entendent." dit-elle en haussant les épaules, payant ensuite le barman pour avoir ramené son deuxième cocktail. "Ca ne me gêne pas que vous parliez de votre fils des heures durant. Je trouve ça adorable." dit Joanne avec un sourire attendri. "Mais il sera d'un égocentrisme sans nom encore pour bien longtemps, les jalousies vont valser sans que l'on s'y attende." Elle riait.
Au fur et à mesure du discours de Joanne, mon regard s’attriste. Je n'avais aucune idée de tout ce qu'elle pensait pendant ces quelques mois difficiles qui ont marqué la fin de sa grossesse. Je ne comprends pas ce que j'ai fait pour qu'elle songe qu'elle avait perdu toute individualité à mes yeux, mais je me sens coupable rien qu'à l'idée de lui avoir donné matière à se considérer de la sorte. L'ambiance n'était pas au beau fixe sous notre toit à ce moment, mais je l'aimais toujours autant. « S'il vous aime autant que vous le dites, et il est certain que vous inspirez vraiment autant d'amour, je ne pense pas qu'il ait songé une seule seconde que vous n'étiez qu'un utérus sur pattes, Joanne. Vous ne devriez pas penser ce genre d'horreurs. » dis-je d'une voix basse. Je lui adresse un petit sourire se voulant rassurant, mais elle ne regarde que le fond de son verre pendant que le flot de confidences poursuit son cours. Au moins, elle ne doute pas de ma fidélité. Ce serait la suspicion de trop dans cette tête blonde déjà trop encombrée. « Je le comprends, personne ne voudrait tromper pareille beauté. » J'espère lui arracher au moins un petit sourire gêné entre deux hochements d'épaules. Moi je garde ce fin sourire, celui d’un ami à qui parler. Parce qu'il est évident que tout ceci avait besoin d'être articulé. « Vous vous trompez. L'amour pour son bébé et l'amour pour son âme sœur, ça n'a rien à voir. Il n'y a pas de comparaison possible. L'une ne peut pas prendre le pas sur l'autre. » Qu'il est étrange qu'elle puisse penser le contraire. Si nous avons une fille, je l'aimerais plus que tout, autant que notre garçon. Et il y aura, dans ce cocon, à mes côtés, mon ange et amour de ma vie. D'un coup d'oeil, je regarde rapidement le reste des clients qui nous entourent, l'ambiance du bar, les rires déformés par l'alcool. La robe de Joanne lui forme une délicieuse chute de reins qui donnerait à n'importe qui l'envie d'en voir plus. « Bien sûr que je pense comme eux. » je réponds en riant. Je pense qu'elle est la plus belle ici, qu'elle a l'air tombée du ciel et lumineuse au milieu d'un de ces endroits où les humains finissent parfois bien bas. Si j'étais son fiancé, bien sûr que je la garderais comme le plus précieux des trésors. « Disons que ce que l'on dit le plus de moi c'est que je suis un homme occupé. » je réponds à sa remarque sur mon travail. Sûrement trop occupé aux yeux de ma fiancée, qui ne dit rien pour que je ne me sente pas coupable. « Je culpabilise déjà bien assez tout seul. » Parce que je sais qu'elle est seule à la maison, et que je dois sûrement rater un tas de bons moments avec mon fils. Elle sait à quel point je l'aime, et ma peur de manquer à l'appel alors qu'il grandit de jour en jour. Je ne sais pas si elle peut le sentir, à quel point je suis fier de mon bonhomme, et de sa mère. Ma petite famille qui me rend vraiment heureux. « Oh je sais. S'il tient de ses parents, nous ne sommes pas au bout de nos peines. » dis-je avec un léger rire. « Je les aime tous les deux vraiment beaucoup. J'ai de la chance. » Plus que je ne pense en mériter, et c'est une pensée qui s'avère de plus en plus vraie avec le temps. Moi qui suis finalement capable de faire plus de mal que de bien même en voulant être bon. Difficile de ne pas douter de mon bon fond. Ce n'est pas une chose qui existe chez les Keynes de ce que j'en sais. « J'aimerais parfois lui dire à ma fiancée, à quel point je l'aime. Mais je ne sais vraiment pas faire. Je sais très mal parler de ce que je ressens. » Je hausse les épaules. C'est ainsi, même si j'espère apprendre avec le temps. Après tout, il ne peut pas y avoir que la violence et le sexe pour évacuer toutes les émotions qui m’oppressent. « Vous allez me trouver bizarre. Mais parfois, je pense que je serais capable de piquer une crise de nerfs, d'être presque en colère à force de trop aimer. C'est incontrôlable. Ca me prend à la gorge et ça me donne envie de hurler. Et ça juste parce que je l'aime plus que tout. » Ça, je ne pense pas que qui que ce soit puisse le comprendre. Elle en a fait l'expérience pourtant, quand j'ai voulu la retenir à l'hôpital et que tout ce que j'étais capable de faire était d'être violent. Parce que je l'aimais trop. Je ne pouvais pas la perdre. J'en perdais complètement la raison. « J'ai un très mauvais contrôle de mes émotions. Avant de rencontrer ma fiancée, je ne m'autorisais pas à ressentir grand chose. Je m'étais complètement coupé de tout ça, je vivais dans un contrôle parfait. Et puis elle est arrivée comme un boulet de canon, elle a tout fait valser, et depuis... » Je ris nerveusement. Ça n'est pas une critique ou un blâme, ça n'est pas de sa faute. Encore une preuve que je m'exprime bien mal. Mais elle a été le déclencheur. Le jour sur la plage où elle me demandait de déverrouiller enfin mes sentiments. « Depuis je ne contrôle plus rien. La moindre émotion devient trop forte, les bonnes comme les mauvaises. J'ai l'impression d'être perpétuellement coincé au moment où je suis à deux doigts d'exploser. » C'est un flottement permanent, un point d'équilibre extrêmement fragile qui maintient à la frontière de la normalité en apparence. Mais à l'intérieur, l'eau est en ébullition sans jamais pouvoir bouillir. Tout est tendu à la limite du point de rupture. Tout est figé ainsi. Le calme arrive parfois, il dure plus ou moins. Et puis une joie ou une peine relance la machine. Je termine mon verre et en demande un autre machinalement. « Nous avons nos propres codes. Ca me convient très bien. Il suffit d'un regard pour dire un discours entier, ou juste de se frôler la main. » dis-je en glissant mes doigts jusqu'à celle de Joanne comme pour illustrer le propos, mais le contact de cette peau laiteuse si douce est comme un aimant pour la mienne. Une fois touchée, impossible de s'en arracher. « Mais je devrais lui dire, pour qu'elle ne se sente pas… oubliée. » Mon regard se lève vers celui de Joanne, je lui adresse un petit sourire. Tout ce qu'il y a de plus amical en apparence, sauf que ma main caresse toujours la sienne. Quand je m'en rends compte, gêné comme tout, je mets fin à tous ces contacts. « Pardon. » je souffle dans un rire nerveux. Le barman me sauve juste à temps en déposant ma nouvelle boisson sur le comptoir.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
A la fin de la grossesse de Joanne, les seules fois où Jamie daignait s'approcher physiquement d'elle, c'était pour espérer nouer un contact avec son fils. Toucher sa fiancée en tant que tel lui était bien trop difficile, trop douloureux, certainement. Ils ne se parlaient pas plus que ça, ne se regardaient pas. Pourtant, ils dormaient dans le même lit. Il y avait une vague d'ambivalence durant cette période, et beaucoup d'éléments qui poussait Joanne à croire qu'elle se dépersonnifiait. Qu'elle n'était qu'une mère porteuse. "Pourtant, c'est comme ça que je l'ai ressenti à ce moment là." lui répondit-elle tout bas. "Je finissais par me demander pourquoi il avait accepté de se fiancer avec moi pour que l'ambiance à la maison devienne insupportable, suffocante." Peut-être était-ce le moyen pour Jamie de la repentir de ses actes, de la laisser subir tout ceci le temps de trouver un moyen de lui pardonner. Joanne n'en savait rien. "Mon fiancé doit certainement se douter que ce genre d'horreurs, comme vous dite, traverse quotidiennement mon esprit. Parfois ce n'est qu'un détail, mais ça devient subitement un élément d'une chose que j'ai pu imaginer et qui prend finalement forme. C'est un mécanisme que je n'arrive pas à défaire, à moins qu'il y ait un élément qui controverse tout, et qui prouve que je pensais faux. Puis ça m'apaise un peu, jusqu'à ce que la machine se remette en route sur autre chose." Un cycle interminable. Joanne ne savait pas quels engrenages retirés pour qu'elle ne se fasse plus d'idées de ce genre. La jeune femme sourit très légèrement, et avec gêne, au compliment qu'il avait réussi à injecter dans sa phrase. "J'espère que ce n'est pas que pour ma prétendue beauté qu'il ne me trompe." ajouta-t-elle, avec un rire gêné. "Nous sommes très différents, pour ne pas dire aux antipodes." expliqua-t-elle, son regard à nouveau rivé sur son verre. "Tout nous oppose. De la personnalité au milieu dont nous sommes chacun issus. Tout. Et pourtant." Selon lui, il était impossible que l'amour pour un enfant prenne le dessus sur l'amour que l'on porte à sa bien-aimée. "Je connais pourtant quelqu'un qui a connu. Un ancien collègue restaurateur d'oeuvres. Sa femme était obnubilée par leur enfant, une petite fille, au point d'en oublier la totalité de son rôle conjugale. Il y a eu un divorce, elle a pu avoir la garde de leur fille. Ca reste un exemple singulier, mais c'est une preuve que ça existe vraiment, ce genre d’ambiguïtés." Elle haussa les épaules. "Je ne veux pas que ça se retranscrive dans notre famille." Jamie eut l'honnêteté de dire qu'il pense la même chose que les hommes présents dans cette même pièce et qui avait remarqué la présence de la jeune femme. Des pensées certainement mal placées. Il se qualifiait ensuite d'homme occupé, très occupé par son travail, puis s'avouait chanceux d'avoir sa petite famille. De fil en aiguille, il avouait qu'il avait beaucoup de mal à parler de ses sentiments et de ses émotions, mais qu'il aimerait pouvoir le faire, pour Joanne. Celle-ci eut un immense sentiment de culpabilité lorsqu'il disait qu'elle était la cause de ses pertes de contrôle et de ses comportements excessifs. Elle s'alarmait. Mais elle le comprenait parfaitement lorsqu'il s'agissait de ne pas arriver à contenir ses sentiments. "C'est dur d'arriver à conserver tout ça dans nos corps. Je pense vous comprendre, même si, de mon côté, j'ai certainement d'autres moyens de canaliser tout ça. J'ai besoin de me sentir à lui. Il ne me croit pas lorsque je lui dis que j'aime sa possessivité." dit-elle en relevant le regard vers son interlocuteur. "Il trouve que je manque de confiance en moi, et d'estime de moi, ce qui est vrai, je ne me vois absolument pas me complimenter. J'ai plutôt tendance à me reprocher plein de choses. Je suis certainement comme ça depuis toute petite, mais mon premier divorce n'a franchement pas arrangé les choses. Mais la manière dont il me regarde, dont il me touche, dont il me protège en éloignant le moindre représentant de la gente masculine qui pourrait avoir de mauvaises pensées... Ca me fait sentir en sécurité. J'ai plus confiance en lui qu'en moi. Même si je suis la responsable de sa soudaine perte de contrôle de ses sentiments et émotions." dit-elle avec un rire gêné. "Je pense qu'il ne comprend pas pourquoi je lui demande sans cesse de me rassurer, de me rappeler à sa manière que je ne suis qu'à lui. Au delà du mariage et tout le reste. C'est dans tous ces moments là que je me sens belle à ses yeux. Si je dois l'être, je ne veux être belle que pour lui, me faire belle pour lui. Même si j'ai peur du jugement des autres. Et je n'arrive jamais à voir ces regards dont il me parle tout le temps, et dont vous parlez vous aussi. Je suis quelqu'un de très naïf." avoua-t-elle, un peu gênée. Il était vrai que Jamie et Joanne avaient trouvé leur propre langage. Il appliqua un exemple en venant lui frôler la main. Cela fit subitement accélérer le coeur de la jeune femme. Exactement les mêmes sensations que lorsqu'il était venu faire la même chose lorsqu'ils avaient dîné pour la première fois au restaurant. Elle laissait totalement faire, happé par son regard vert et son sourire tendre. "Peut-être, oui. Ca pourrait être une bonne idée." dit-elle la voix toute tremblante, perturbée par ce contact. Il le rompit, tout embarrassé, comme les premiers jours. Joanne but une généreuse gorgée de son cocktail avant de reposer son regard sur lui. "J'ai l'impression que c'est comme les premiers jours." finit-elle par dire, avant de vider son verre. "Je suis en train de retomber amoureuse de vous." Mais avec un scénario complètement différent. Joanne était retombée sous son charme. "J'avoue que j'ai un peu de mal à discerner la réalité de ce... jeu. Ou rêve. Je ne sais plus." Son coeur battait toujours un peu la chamade, et elle préférait recommander la même boisson; autant sembler être raisonnable en ne faisant pas de mélanges.
« Oh non, je ne pense pas qu'il s'en doute. » j'assure à Joanne. Je suis peut-être naïf moi aussi, mais je n'aurais jamais pensé que les machinations de son esprit puissent aller aussi loin. De là à penser qu'elle n'avait plus d'autre rôle que celui de porter mon fils et le mettre au monde. Je ne comprends vraiment pas comment une telle idée à pu germer dans sa tête. Elle qui sait à quel point je l'aime, à quel point elle est importante à mes yeux. Elle qui fait tourner le monde. Mon ange, comme une déesse. Je ne l'aurais jamais ramenée à si bas. Non, même quand notre relation était tendue et loin d'être saine, il faut bien l'avouer, même quand j'avais bien du mal à me trouver dans la même pièce qu'elle, attendant de digérer et pardonner tous les événements qui avaient eu lieu, cela ne voulait pas dire que je ne voulais plus ou moins d'elle. Je n'avais quand même pas accepté d'épouser un sac de viande qui enfante. Ca n'a pas de sens à mes yeux. Comment peut-elle être amenée à penser des choses aussi insensées à mon sujet ? Il en va de même pour l'hypothèse selon laquelle je l'abandonnerais pour notre fille, ni nous en avons une. Le tout basé sur le récit d'un collègue, une expérience singulière parmi tant d'autres. « C'est un cas vraiment particulier. Ca ne veut rien dire. » dis-je tout simplement. Appelons ça l'exception qui confirme la règle. Je mentirais si je disais que toutes ses paroles ne me touchent pas, ne me vexent pas un peu quelque part, perdant ainsi tout le recul prodigué par notre jeu. Parce que je sais qu'elle me parle à travers l'inconnu, comme je parle à l'autre Joanne en elle, que j'aime et que je connais bien. Si je la connais bien. Non, il est évident que ni l'un ni l'autre n'avons vraiment une idée précise de comment fonctionne le cerveau de l'autre. On peut mettre cela sur le compte de nos différences, de nos caractères. Ou du manque de communication que j'ai instauré dès le début. S'il n'est pas triste de devoir jouer les étrangers pour réussir à se parler et se confier… « Alors vous vous en fichez si je vous dit que je vous trouve belle ? » je demande avec un petit sourire taquin, histoire de détendre l'atmosphère devenue bien sérieuse. Le naturel revient rapidement au galop. Il suffit de frôler sa main. Je ne peux pas m'empêcher de gaver le moindre de ces petits gestes d'autant de tendresse que possible pour cette jeune femme à côté de moi qui a tout mon amour. Je ne peux pas m'empêcher de l'admirer, le regard rempli de dévotion. Qu'importe le rôle joué, je suis toujours la même personne ; celui qui est fait pour l'aimer dans une parfaite démesure. Je ne peux pas lutter contre ça. La nervosité est la même que celle des premiers rendez-vous. Le nez dans mon cocktail, je souris timidement en entendant Joanne dire qu'elle retombe amoureuse. Toutes les frontières sont brouillées désormais. « Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. » dis-je, l'air innocent, haussant les épaules. Je me tourne un peu sur ma chaise, et m'approche de la jeune femme. Une main glissant le long de sa mâchoire jusqu'à sa nuque, j'attire son visage vers le mien. Et je mets fin aux quelques centimètres qui nous séparent en faisant le reste du chemin jusqu'à elle. Je dépose mes lèvres sur les siennes avec tendresse, les caresse délicatement en un long baiser amoureux. A la fin, le regard toujours un peu malicieux, je lui souris légèrement. « Mais c'est bien réel. »
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Il était tout de même étrange de se dire que quelque part, malgré tout ce qui avait été vécu ensemble, Joanne et Jamie restaient des inconnus pour l'un l'autre. Aveuglés par leur amour, ils avaient décidé de faire abstraction de bien des choses. Et cela finissait par leur retomber dessus, d'une manière ou d'une autre. Et c'était à chaque fois très douloureux, inattendu. Bien sûr qu'ils s'aimaient, mais il fallait se demander parfois comment était-ce possible. Certes, beaucoup disent que les contraires s'attirent, mais il y a tout de même des limites à cette règle. Une histoire d'amour sans bornes pour deux personnalités qui concordaient et qui surprenaient tout le monde. Ils n'arrivaient pas à attendre pour franchir les étapes, tout naissait d'une évidence dès que les regards s'étaient croisés. Jamie voulut détendre l'atmosphère, et ce fut efficace car sa belle se mit à rire. "Je ne vous croirais pas." rétorqua-t-elle. "Je ne le crois que lorsque ça sort de la bouche de mon mari." Le mot était sorti tout seul, spontané. Fiancé ne lui avait alors pas traversé l'esprit à ce moment là. Non, Jamie était bien son époux, c'était évident. Elle rougit tout de même légèrement, et bégaya, affreusement gênée, avant de se corriger. "Enfin, mon fiancé." Elle entama son troisième cocktail. "Mais c'est mon mari." rectifia-t-elle tout de même, les yeux pétillants et émerveillés par cette idée. Et Jamie savait tout ce que signifiait ce mot pour elle. N'en pouvant certainement plus de devoir maintenir une distance physique lors de leur petit jeu, Jamie finit par caresser la ligne de sa mâchoire, jusqu'à guider ses doigts jusqu'à sa nuque. Sa peau frissonna au moindre contact. Et il l'embrassa, longuement et amoureusement, de quoi largement faire valser le flot sanguin dans les veines de la jeune femme. Elle aurait tellement voulu que ça ne prenne jamais. Jamie lui assura que tout ceci était très réel. Ce qui le rendait un peu, c'était certainement l'alcool qu'ils avaient ingéré tous les deux. Joanne se leva de sa chaise haute pour venir se placer entre les jambes de Jamie, debout. Ca ne la gênait pas de rester perchée sur ses talons hauts. Afin de libérer la place, elle mit son manteau sur le dossier de là où était installé Jamie et elle rapprocha son cocktail du sien. "C'est bien mieux comme ça." dit-elle tout bas, passant son bras autour de sa nuque. Jamie avait cette automatisme de déposer ses mains sur sa taille Le genre d'attitude qui passait totalement inaperçu dans un bar bondé. Sauf pour l'homme qui avait tenté de l'aborder en premier lieu. "Ah ouai, vous êtes quand même une fille facile." s'exclama-t-il dès qu'il réussit à à s'approcher d'elle. "Oui, mais juste avec un rédacteur en chef anglais avec de magnifiques yeux verts et avec qui j'ai déjà un enfant." Ses yeux bleus restaient rivés sur son fiancé. "Et avec qui je compte en avoir beaucoup d'autres." Jamie devait certainement jubiler intérieurement d'être l'heureux chanceux. La jeune femme frôlait son visage avec le sien avant de porter ses lèvres à son cou. Elle ne faisait plus attention à l'homme qui les regardait très jalousement et qui rêverait certainement d'être à la place de Jamie. Elle glissait ses doigts dans ses cheveux pendant de longues minutes. Elle ne se concentrait que sur ses caresses, oubliant totalement le temps qui défilait et de tout ce qui pouvait se passer au tour. Lorsqu'elle redressa sa tête, le dragueur était parti. Joanne but une gorgée de son cocktail, restant bien contre son fiancé. Elle ne voulait plus se défaire de lui. Elle ne savait pas de quoi parler, mais les échanges de regard suffisait. Tout comme le simple contact qu'avait Jamie en posant ses mains sur ses hanches, que les discrets sourires amoureux partagés. C'était un avantage, de pouvoir aussi communique ainsi, sans qu'aucun mot ne sorte de leur bouche.
Brisant l'atmosphère devenue si solennelle, je parviens à arracher un joli rire à Joanne, ce qui me permet d'admirer son sourire et ses pommettes roses -par le compliment ou par l'alcool, qu'importe. Mes yeux s'arrondissent tout à coup lorsqu'elle appelle son fiancé -m'appelle son mari. Mon coeur accélère un peu et adopte un rythme joyeux. Je sais tout ce que ce mot signifie pour elle, et ce soir j'en sais même un peu plus sur sa vision particulièrement sacrée du mariage. Nous sommes fiancés, et même si le mariage est pour bientôt, qu'elle me nomme son mari me touche au plus haut point. Je me sens un peu plus légitime à ses côtés. « Le chanceux. » dis-je tout bas avec un léger sourire au coin des lèvres. Oui, je le suis. Et je me sens à cette seconde un peu plus heureux qu'à la précédente. Notre baiser marque la fin de notre jeu de ce soir. Nous ne sommes définitivement plus deux inconnus assis côte à côte au bar. Nous retrouvons nos vrais rôles, ceux de ces amants transis à l'amour sans limite et sans logique. Joanne quitte sa chaise pour rester proche de moi désormais. Installée entre mes jambes, je la serre délicatement contre moi. Elle n'a jamais été loin, pourtant c'est comme si sa chaleur m'avait manqué. Je m'apprête à l'embrasser de nouveau lorsqu'une voix familière s'élève à côté de nous. J'arque un sourcil en reconnaissant l'homme ivre qui avait abordé ma belle plus tôt. Elle le déboute d'elle-même, faisant bien comprendre qu'avec le père de son enfant dans les parages, il n'y a rien qui puisse capter son regard. Rien à part moi. « Je t'aime. » je lui murmure avant de lui donner ce baiser. Nos visages se frôlent, se cherchent félinement, comme si nous reprenions nos marques l'un sur l'autre afin de nous ancrer pour de bon dans cette réalité-là. Les lèvres de Joanne s'exilent dans mon cou. Par dessus ses cheveux blonds, je devine l'homme qui nous fixe d'un air glauque. « Vous n'étiez pas censé être dans un taxi, vous ? » Le videur arrive au même moment pour l'attraper par le bras et l'escorter une nouvelle fois à l'extérieur du bar. « Jerry, qu'est-ce que tu fous encore là ?! T'es pas croyable, regardes dans quel état t'es, sérieux, rentres chez toi... » Sûrement ne manquera-t-il pas de le jeter lui même dans un taxi cette fois. Une fois tranquilles, un léger silence plane entre nous, ponctué de sourires et de regards tendres. Parfois, il n'y a rien à dire, rien à faire à part profiter de la présence de l'autre. Mes mains ont progressivement glissé jusqu'en haut des fesses de Joanne -j'en ai bien le droit, me dis-je, c'est ma fiancée après tout. Les cocktails se vident, et le bar commence à peine à désemplir. Tout ce monde risque de ne pas avoir une journée particulièrement productive au travail demain, et ne cesserons de louer l'arrivée du week-end. De temps en temps, je vole un baiser à la jeune femme. Parfois doux, parfois tendre, parfois langoureux. Cela change au fil des minutes, à moins que cela ne dépende du niveau de liquide dans mon verre. « Il faudrait rentrer. Si je reprends un verre, je ne serais vraiment pas en état de conduire. » En soi, je ne le suis déjà pas du tout aux yeux de la loi. J'ai bien trop de champagne, vin et cognac dans le sang -un sale cocktail que je risque de regretter demain au réveil. Mais je suis celui de nous deux qui a le moins bu tout de même, et j'ai assez confiance en ma bonne conduite malgré tout. De plus, les rues risquent d'être moins peuplées désormais. Nous serons vite à la maison. Avec un sourire enjôleur, je me penche à l'oreille de Joanne. « Et j'ai très envie de ma femme. » je murmure dans un souffle. Je dépose un léger baiser sur sa joue et attend son approbation. Il ne tient qu'à elle de me faire languir et rallonger la soirée d'une heure ou deux.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était un véritable plaisir de se réattribuer un homme qui lui avait toujours appartenu. Joanne adorait retrouver sa chaleur pour s'en imprégner, goûter sa peau avec ses lèvres. Depuis le début de la soirée, elle avait presque envie de le dévorer, trouvant que la couleur grise sur ses épaules le rendait particulièrement séduisant. Une fois qu'elle touchait ce début d'envie du bout des doigts, impossible de s'en défaire par la suite, à moins de la laisser se noyer dans une énorme frustration. Mais quelque chose lui disait que son désir allait être satisfait ce soir-là, vu que les mains de Jamie eurent la furieuse tendance de migrer vers le haut des fesses de sa fiancée. Il l'embrassait sans se lasser, variant sa manière de faire minute et après minute. Vu que chaque contact devenait de plus en plus langoureux et tactile, Jamie jugea bon de suggérer de rentrer une fois les verres terminés. Il se pencha vers elle pour lui susurrer quelques mots dans son oreille. Quelques mots qui la firent frémir et longuement soupirer. Un large sourire sur ses lèvres, il était facile de deviner qu'elle ne lui refuserait pas ce plaisir. Joanne déposa ses mains sur ses cuisses. "C'est étrange, j'allais dire exactement la même chose de mon mari." dit-elle avec un petit haussement de sourcil, les yeux pétillants, joueuse à souhait. "Il a porté ce magnifique costume gris ce soir, et cette couleur lui va tellement bien." Elle s'approcha un peu plus de son visage. "Et je ne peux pas dire que c'est à cause de l'alcool que j'ai ces énormes bouffées de chaleur, parce que j'ai commencé à en avoir bien avant d'avoir trempé les lèvres dans le champagne." Joanne rit un peu, amusée. "Et je n'ai pas eu d'opportunités pour le lui faire comprendre, contrairement à cette soirée de gala, à Sydney. De toute façon, il avait des obligations, je ne pouvais pas le perturber de la sorte." La belle blonde entoura sa nuque de ses deux bras et lui vola un baiser, plus envieuse que jamais. "Peut-être que maintenant, je le peux." dit-elle tout bas, n'arrivant pas à se défaire de son large sourire. "Peut-être que je peux lui dire, maintenant." renchérit-elle d'un air innocent, levant les yeux au ciel. "Par exemple... Que j'ai des dessous qu'il ne connait pas." Un petit plaisir que Joanne se permettait assez régulièrement. De la même couleur que sa robe, qui étaient particulièrement sexy. Et elle savait qu'il aimait que sa fiancée se permette de telles choses. Parce qu'elle s'y sentait belle dedans, et que lui se délectait tout autant de la voir porter de nouveaux sous-vêtements. Joanne finit cul-sec son verre et enfila son manteau, prête à partir. Elle croisa ses doigts avec ceux de Jamie avant de se faufiler entre les personnes qui restaient. Ils purent enfin respirer un peu d'air frais. Elle se laissa guider par son fiancé pour voir où il avait garé la voiture. Elle aimait bien cette voiture aussi, elle n'y montait pas très souvent puisque les sorties à deux étaient beaucoup moins courantes. Il y avait plus de monde de prévu sur la route, et tous les feux viraient au rouge dès qu'ils y arrivaient. Une certaine impatience se fit sentir dans la voiture, surtout pour Jamie. Comme à son habitude, Joanne avait posé sa main sur sa cuisse. Elle la remonta progressivement jusqu'à son intimité, qu'elle titillait volontairement. D'humeur joueuse, elle se mordilla la lèvre inférieure. Après de longues minutes de circulation, ils arrivèrent enfin à leur domicile, sans être contrôlé par les policiers - pourtant ils étaient nombreux à contrôler les conducteurs ce soir-là. Le couple entrait d'un pas hâtif à la maison, et, à peine la porte fermée, Joanne plaque son homme contre celle-ci pour l'embrasser fougueusement. Elle n'avait pas pu se contenir plus longtemps, et elle se mit à parcourir délicatement son corps avec ses doigts quitter une seule seconde ses lèvres.
Ce n'est certainement pas l'alcool qui fait son effet. Dieu sait que je n'en ai absolument pas besoin pour avoir envie de ma fiancée. Et je ne doute pas que ce soit la même chose pour elle. Mes mains se sont logés dans le bas de ses reins, et ne vont pas plus bas uniquement parce que nous sommes en public, mais ce n'est pas l'envie qui manque de palper juste un peu la chair de son fessier. Mon épiderme s'est mis à appeler le corps de Joanne, à vouloir sentir ses mains sur mon torse, mon dos, même à travers ma chemise, ou ses doigts entre mes cheveux comme elle les y glisse toujours si bien. Il suffit des réminiscences des sensations passées partagées avec elle, cette proximité et ce petit sourire mutin pour faire flancher mon coeur. J'aime tellement lorsqu'elle me regarde de cette manière, comme elle ne regarde que moi. J'aime la petite étincelle joueuse qui la rend à la fois si adorable et désirable. Je sais qu'elle aime le gris sur moi. Comme tout le monde à vrai dire, je ne sais plus combien de fois je me le suis entendu dire. Mais je ne pensais pas qu'un simple costume puisse faire de l'effet. Il y a encore bien des choses sur le regard féminin que je ne sais pas. Là encore, il suffit qu'elle me rappelle le gala de Sydney pour me procurer une petite bouffée de chaleur. Il est vrai que ce soir, ce genre d'aventure n'était pas permis. « Vous avez bien fait, sinon je pense que vous seriez rentrés juste après le gala. » Pas de passage par la case bar, pas de petit jeu autour de quelques cocktails, et c'aurait été bien dommage à mes yeux. Nous avons passé un bon moment ici. Et quelque chose me dit que ce moment pourrait se révéler important à l'avenir. Qu'il fera partie de ceux dont nous nous remémorerons avec un sourire comme le soir où nous avons décidé de nous faire confiance et nous ouvrir l'un à l'autre. « A moins qu'il n'eut même pas tenu jusque là. » j'ajoute avec un petit rire. Mais je pense que l'Aston Martin est trop étroite pour ce genre de frasques, même sur la banquette arrière. Malicieuse comme tout, Joanne se plaît toujours à me révéler avant l'heure lorsqu'elle porte des sous-vêtements nouveaux sensibles de ravir mon regard. Elle a bien saisi mon attrait pour ce genre de choses, pouvoir l'admirer et la toucher dans un écrin qui mette sa silhouette en valeur. Je pense que c'est ce détail qui lui a permis, de son côté, de devenir de moins en moins timide. Il n'y a rien de mieux pour avoir confiance en soi que de se sentir admiré par les yeux de l'être aimé. « Est-ce que vous auriez tout prévu depuis le début ? » Sûrement, oui. Nous ne serions jamais passés à côté d'une soirée en tête-à-tête sans la terminer comme il se doit. Sans plus attendre, les verres sont vidés, et nous traversons le bar pour en sortir. Le contraste entre la fraîcheur de l'air extérieur et celui suffoquant à l'intérieur est flagrant, mais l'alcool nous tient chaud. Nous filons jusqu'à la voiture, espérant rentrer chez nous aussi vite que possible. C'est sans compter sur la ribambelle de feux rouges qui nous font patienter au delà de ce qui est supportable. Une attente que Joanne s'amuse à rendre plus difficile encore. Ses doigts fins se baladent sur ma cuisse, parois sur mon entrejambe. « Tu es cruelle. » dis-je en serrant un peu plus fort le volant entre mes mains, la respiration commençant à se saccader. « Ca ne veut pas dire que tu dois arrêter. » je précise avec un petit sourire avant qu'elle n'ait l'idée de cesser ses petites caresses. Enfin arrivés, garés, puis à l'intérieur, plus question de languir. Je me retrouve plaqué à la porte par la jeune femme qui s'empare goulûment de mes lèvres, et je ne peux que répondre à ses baisers passionnés. Je fais glisser sa veste le long de ses bras et la laisse tomber au sol. Mes doigts frôlent sa peau chauffée par l'alcool. « Tu crois qu'on va réussir à atteindre le haut des escaliers ? » je demande dans un souffle amusé entre deux baisers. Je me décolle de la porte, saisissant le visage de Joanne pour qu'elle ne s'éloigne pas d'un millimètre, si ce n'est pour reprendre son souffle. Une fois en bas des escaliers, je soulève ma belle au-dessus du sol, dans mes bras, le temps de grimper les marches jusqu'en haut. Nos pas nous guident à tâtons jusqu'à la chambre. Là où je me saisis de la fermeture éclair de la robe de la jeune femme pour l'ouvrir le long de son dos et pouvoir frôler la peau de son échine.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Si Joanne avait prévu le coup depuis le début ? Très probablement. Elle n'était pas dupe, elle savait que ce genre de soirées passées à deux finissaient relativement pareil, alors autant ne pas négliger un seul détail. Elle avait fini par apprécier ce regard posé sur elle, juste celui de Jamie. A chaque fois, comme si c'était la première, il prenait son temps pour l'admirer, suivre ses courbes du regard, l'imaginer dans des tenues qui lui iraient à merveille, bien qu'il la préférait largement dans son plus simple vêtement. Ils adoraient se faire languir l'un l'autre, et Joanne avouait être satisfaite d'être la seule à pouvoir le faire dans la voiture étant donné que son homme devait garder les mains sur le volant. A peine arrivé à la maison, elle engagea des préliminaires qui étaient toujours d'un temps très précieux dans leur vie conjugale. Mais Jamie restait plus grand et plus fort, il lui était bien plus facile de reprendre un peu le dessus sur la situation en la guidant jusqu'aux escaliers. Elle rit à sa remarque. "Ce n'est pas comme si nous n'avions jamais fait l'amour sur l'ilôt de la cuisine." dit-elle entre deux baisers, essoufflées. Quoi qu'ils n'avaient pas réitérés l'expérience depuis que le salon avait été refait. Le bel homme la porta sans mal, le temps d'aller à l'étage, avant de se diriger ensemble dans la chambre parentale. Jamie n'attendit pas davantage pour ouvrir la fermeture éclaire de sa robe pour pouvoir sentir sa peau brûlante glisser sous ses doigts. Joanne restait encore longuement concentré sur ses lèvres, suçotant l'une d'entre elles ou allant à la quête de sa langue. Quelques minutes plus tard, elle fit doucement glisser la veste de son costume le long de ses bras, le laissant traîner par terre. Ensuite, ses doigts fins extirpèrent sa chemise de son pantalon, pour mieux la déboutonner avec minutie, pour finalement la laisser ouverte sur ses épaules. Jamie comptait certainement commencer à déshabiller également sa belle, mais celle-ci l'arrêta. "Attends." lui dit-elle tout bas, profitant de l'occasion pour reprendre son souffle. "Pas ici." Elle lui vola un baiser et tira sur sa chemise pour l'emmener avec elle. Toujours perchée sur ses hauts talon, Joanne l'emmena à l'étage, dans l'atelier de Jamie. La lune était pleine et donnait un éclairage à couper le souffle dans la petite salle. Elle regardait un petit instant le ciel ainsi illuminé avant de se reconcentrer sur son amant. "Comme ça, tu seras pleinement inspiré, la prochaine fois que tu viendras peindre ici." dit-elle avec un regard plus que pétillant."Ou pour le jour où tu voudras bien me redessiner." Elle gardait son visage tout près du sien, elle avait l'impression d'entendre le coeur de Jamie battre d'où elle était. "Je crois que j'adorerais être ta muse, encore une fois." lui avoua-t-elle. Joanne avait particulièrement adoré cette fameuse journée, il avait passé des heures à la contempler (et à la désirer) pour retranscrire ses traits sur une toile. Elle ne lui en voudrait pas s'il n'était pas d'accord, pour une quelconque raison. Il n'y avait que deux fois où elle avait été dessiné sans que ça ne soit à son insu. Il y avait le portrait, et la fois où elle s'était allongée sur le canapé. Elle n'osait pas se l'avouer à ce moment là, mais elle avait adoré cette expérience. La jeune femme captura à nouveau ses lèvres. Pendant ce long baiser langoureux, elle le débarrassa de sa chemise, pouvant ainsi apprécier la douceur de sa peau, la perfection de chacun de ses traits. Elle le trouvait tellement beau, il était impossible de lui résister. Charme qu'il ne s'avouera jamais, alors qu'il ferait tomber n'importe quelle représentante de la gente féminine. L'une de ses mains revint au même endroit que lorsqu'ils étaient en voiture, reprenant des caresses très délicates, elle effleurait à peine le tissu de son pantalon, histoire de le faire languir un petit peu.
Joanne m'attire vers le petit escalier qui mène au dernier étage. L'atelier où je n'ai pas mis les pieds depuis quelques temps. Il est des périodes où je ne me sens pas bon à peindre quoi que ce soit, comme en ce moment. Des périodes où la toile blanche me nargue, les couleurs ne parlent pas vraiment, aucune forme ne naît. Aucun concept, aucun message, rien. L’inspiration a été coupée depuis l'enlèvement de Daniel, et ne revient pas depuis. Pourtant mes humbles toiles ont toujours été le reflet de ce que je pense ou ressens, et le flot d'émotions ne s'est pas interrompu pour autant. Je ne saurais pas expliquer cette absence de création depuis lors. Peut-être que l’empreinte de la présence de Joanne un peu partout m'inspirera, comme elle le dit. Je suis assez surpris qu'elle suggère d'elle-même que je la dessine un jour. Ca en revanche, je n'ai jamais cessé de faire des croquis à son insu. Mais il est vrai que j'adorerais reprendre le temps de la dessiner encore une fois. Dans une composition complètement différente, esquissant une autre facette de la jeune femme. Nous avions passé un bon moment tous les deux, la dernière fois. Qui s'était soldé de la même manière que cette nuit. « Tu seras ma muse dans un autre domaine ce soir. » je lui murmure avant que nos lèvres se joignent et nos langues se cherchent encore. Cette fois, ma chemise quitte mes épaules. Les doigts de ma fiancée se faufilent jusqu'à mon entrejambe pour reprendre ses discrètes caresses là où elle s'était interrompu. Même légères, l'effet est immédiat. Je pense bien que l'alcool aide à décupler absolument tout. Je me sens à fleur de peau, si sensible de partout, l'épiderme à l'affût du moindre contact, ma virilité déjà bien assez attisée pour que les frôlements de Joanne me fassent soupirer. A mon tour, je la déleste de sa robe. Le tissu glisse le long de ses jambes pour dévoiler ses formes petit à petit, et les dessous dont elle avait parlé. Je me recule à peine pour l'observer, un rictus satisfait au coin des lèvres. Du bout ses doigts, je suis la courbe de ses cuisses à ses hanches, au creux de sa taille, le galbe de ses seins. Sa peau pâle devient un peu plus laiteuse sous la lumière de la lune. Elle la rend un brin fantomatique, comme une apparition, un esprit, un mirage à peine réel. Trop belle pour être simplement humaine et amoureuse. J'embrasse délicatement son cou, ses épaules. Doucement, je la guide dans sa marche arrière jusqu'au canapé. Elle s'assoit là, et je me retrouve à genoux entre ses jambes. Toujours avec attention, je retire les escarpins de ses pieds. Dès qu'ils le peuvent, mes yeux s'exilent sur la poitrine et l'entrejambe sublimés de ma belle, son ventre qui laisse deviner le rythme de sa respiration, ses belles jambes. Je me saisis de nouveau de son visage angélique pour lui donner un long baiser passionné, adorant chaque parcelle de sa silhouette, ne souhaitant que faire qu'un avec cet être que j'aime tant. Le long de ses cuisses, mes doigts ont aisément trouvé le chemin jusqu'à l'intimité de Joanne. En retour aux siennes, ils y laissent quelques fines caresses. Juste assez pour que son échine se cambre légèrement et qu'elle commence à se tortiller dans l'attente de plus. Alors je dépose des baisers sur sa poitrine, parfois à travers la lingerie, descends sur son ventre et trouve son dessous sur lequel j'appose mes lèvres pour l'y suçoter à travers le tissus. Néanmoins, il ne reste pas longtemps en place. Mes doigts le délogent d'entre ses jambes que le dessous suit jusqu'au bout de ses pieds. Je vole un dernier baiser à ses lèvres, partageant son regard vitreux et terriblement envieux. Puis je retourne à son intimité, la bouche et la langue la caressant avec ardeur et application. A la recherche de ses soupirs afin qu'ils imprègnent tous les murs de la pièce, attisant les mouvements de son bassin jusqu'à ce que cela ne suffise plus.