Elle s’approcha de son ami, de la seule tête familière de ce groupe de détenus éclectique et lui demanda son ressenti face à toute cette mascarade. (james)« Si seulement je le savais ! Je me suis pris un poing dans la figure et après j’ai été embarqué ici. J’aurais clairement pas du couper par la manif. » Elle s’approcha un peu plus près de lui, comme si cela pouvait être encore possible, et jeta un coup d’oeil au nez du jeune homme. « Ouch, mon pauvre… » Elle ne savait pas vraiment que faire, ni que dire, elle n’était pas médecin. Elle se contenta juste de plonger son regard noisette dans les yeux du jeune homme pour lui montrer un peu d’empathie. (james)« Mais et toi ? Tu étais là au milieu ? » « Je rentrais chez moi… Mauvais timing. » Elle haussa les épaules et lui demanda si tout ceci n’était pas plutôt une vaste blague, un canular de mauvais goût. (james)« T’inquiètes ça va s’arranger… On a une bonne avocate parmi nous. » Elle lui donna un coup de coude et leva les yeux au ciel. Il poursuivit: (james)« Réponds moi sincèrement. Est-ce que ça ressemble à un nez cassé ? » Elle se risqua à poser sa main sur ce dernier et au vu de la réaction du jeune homme, l’avocate s’exclama: « Clairement oui ! » Une voix les interpella ensuite et Milena observa la jeune femme se poser aux côté de James. (eden)« Je suis médecin, laissez-moi regarder. » L’Anglaise se recula légèrement pour laisser la demoiselle faire son travail. (eden)« Non, c'est bon, vous n'avez rien. La douleur devrait passer d'ici quelques jours. » Milena reposa son regard sur James et se risqua à poser sa main sur son épaule. « Ouf, juste un petit hématome, tant mieux! » Elle lui sourit de nouveau et retira sa main pour se redresser quand elle entendit le grand homme blond l’interpeller. (scott)« Si t’es avocate, pourquoi t’as peur d’une prison ? Les gens dans ton genre, c’est des lèche-culs qui ont toujours tout ce qu’ils veulent ! » Milena le regarda d’un air profondément choqué, mais elle n’eut même pas le temps de répondre que le jeune homme s’attaquait déjà à quelqu’un d’autre. (james)« Je crois qu’on devrait plutôt rester calme, une deuxième bagarre ici ne va pas arranger les choses… » Elle se releva tout de même dans une pulsion et commença à se diriger vers le principal intéressé lorsque ce dernier reçut une gifle de la part de la mademoiselle-je-sais-tout. La gifle se transforma très vite en bagarre et l’avocate reprit aussitôt place aux côtés de son ami, apeurée par tant de violence. « Mon dieu, dans quoi est-ce que nous sommes tombés? » Elle lança un regard inquiet à James et observa la fameuse Adaline se lancer dans un énième discours moralisateur. (adaline)« Je vais vous expliquer ce qui vient d’arriver. Nous avons été pris en souricière. C’est le terme que nous utilisons lorsque la police fait une saisie de manifestants dans une manifestation. En général, cela permet d’effrayer les autres manifestants et la manifestation fini par se dissiper d’elle-même après quelques souricières. En dehors de rester enfermer dans cette prison pour peut-être 48 heures, vous ne risquez rien. Aucun dossier, aucune amende. Seulement un moyen de vaincre par la terreur… » Milena leva les yeux au ciel et murmura à James: « Elle commence sérieusement à me taper sur le système, celle-là… » Il acquiesça et lui dit: (james)« Faut que je me rapproche un peu des barreaux, je vais essayer d’attraper quelqu’un que je connais. » L’avocate haussa les épaules. « Vaut mieux attendre que les esprits se calment je crois, on ne fait jamais rien de bon dans la précipitation… » Elle remarqua ensuite qu’Adaline la fixait. (adaline)« Tu pourrais bien essayer d’appeler un de tes collègues pour tenter de nous faire sortir, mais tu dois tout d’abord attirer l’attention d’un garde pour qu’il puisse te passer un téléphone. Par la suite, bonne chance de convaincre qui que ce soit de te faire sortir d’ici pour seulement 24-48h…Mais si cela ne marche pas, j’ai deux plans de secours…» Piquée au vif, l’avocate se releva une nouvelle fois et se dirigea vers Adaline, qui était occupée à murmurer quelque chose à une autre co-détenue. « Je n’ai pas besoin que vous m’appreniez mon métier. D’ailleurs, qui êtes-vous? Vous semblez en savoir un rayon sur la détention, vous êtes familière de cet endroit? À en juger par votre… impulsivité, je serai tentée de croire que oui. » Elle lui lança un regard noir et se fit interrompre par la jeune médecin qui exécuta un numéro d’actrice assez époustouflant. Elle tentait d’obtenir un coup de téléphone. Milena ne comprit un traitre mot de ce qu’elle expliquait, mais cela semblait fonctionner, à en juger par le regard confus du policier…
Je ne comprends pas ce que je fais là. Pour moi, tous les gens autour de moi sont coupable. Pourquoi est-ce qu’ils seraient en prison, sinon ? Enfin c’est vrai que j’y suis aussi et par erreur, donc peut être que certain le sont aussi. Alors que je suis pratiquement en train de pleurer, une brune m’interpelle. J’en ai presque tremblé. Pourquoi elle m’appelle ? Est-ce qu’elle veut me voler ma montre. C’est que du toc, elle n’en tira pas grand-chose. Bon, d’accord, je regarde beaucoup trop de film de criminel, ça me monte à la tête. Elle m’explique que je ferais mieux de ne pas me lamenter, que c’est injuste que je sois là, mais qu’on y peut rien. Je secoue la tête, parce que j’ai pas du tout envie de la contredire. Elle se mets ensuite à parler tout haut pour dire qu’elle a déjà vécu ce genre de situation et je suis impressionnée de voir que la jeune femme n’a pas peur de prendre la parole et je l’écoute comme si c’était le discours d’un de nos politiques. Elle nous raconte que ce n’est pas la première fois qu’elle se fait arrêter suite à une manifestation qui tourne mal. Elle me donne alors son nom et j’hésite alors à lui donner le mien. Non, elle ne peut rien faire de toute façon avec simplement un prénom. « Je suis Kenneth. » dis-je, tout en essayant de sourire bêtement, même si je n’arrive toujours pas à me rassurer. Et puis je remarque qu’il y a beaucoup trop de monde que je connais ici. Eden qui me remarque et me dit que ça ne peut pas être pire que la dernière fois. J’avoue que la dernière fois, c’était assez fort aussi, mais au moins j’étais à l’air libre. Y a également Kyrah qui a l’air très remonté et tout plein d’autres visages que je remarque et reconnait. Sauf que là un blond que je ne connais pas m’insulte de gosse et de pleurnicheur ce qui me donne encore plus envie de pleurer, mais je me retiens. « Je ne te permets pas de me parler comme ça … » Bon, j’ai pas l’air plus viril, je le dis vraiment d’une voix très basse pas très certain de vouloir me frotter à lui, il a d’ailleurs l’air d’avoir un sacré gabarit comparé au mien. Puis tout le monde commence à s’emballer, je ne comprends strictement rien. Je prends ma tête entre les mains vraiment très soucieux de savoir comment je vais sortir de là. Je me lève pour finalement aller m’asseoir à côté de Kyrah, parce que c’est celle qui m’effraie le moins actuellement. Puis, je regarde la blonde avant de dire un peu trop fort « Tu crois qu’ils me laisseraient aller aux toilettes ? » Bah oui, là j’ai du mal à tenir, c’est de plus en plus compliqué et puis toute cette agitation ne semble rien arranger.
Franchement l’ambiance commençait à être un peu lourde et je n’étais apparemment pas le seul à le remarquer. « Mon dieu, dans quoi est-ce que nous sommes tombés? » Je me posais la même question, posant ma main sur celle de Milena en essayant d’adopter une attitude rassurante. « Je ne sais pas mais je pense qu’on devrait faire profil bas. » De toute évidence se faire remarquer n’était pas la meilleure des idées ici. Si certains pensaient qu’il fallait faire équipe pour s’en sortir j’étais de ceux qui préféraient éviter tout contact et tenter de m’en sortir pour ma part en attrapant un des gardiens. « Vaut mieux attendre que les esprits se calment je crois, on ne fait jamais rien de bon dans la précipitation… » Elle avait sans doute raison et pourtant j’avais pris la décision de tenter ma chance, me levant lentement pour me rapprocher du halle. J’avais peut-être tord de laisser Milena seule parce que quelques secondes après mon départ elle c’était elle même levée pour aller à la rencontre de la jeune femme qui apparemment l’agaçait au plus haut point. Pour ma part je m’étais posé dans un coin un peu tranquille en regardant les environs et apparemment je n’étais pas le seul puisque dès qu’un gardien apparu il se fit harponner par la jeune médecin qui avait soigné mon nez et qui lui servait maintenant une histoire à dormir debout. Je parlais vaguement le française, les origines de mon père aidant j’avais tenté d’apprendre la langue plus d’une fois mais probablement pas assez bien pour tout comprendre vu la vitesse à laquelle la jeune femme parlait. J’avais pour ma part reconnu le gardien, que j’avais vaguement croisé lors d’une de mes visites ici. C’était mieux que rien. « Je vous inviterai dans les plus grandes soirées de la ville ! Vous serez reconnus dans toute la France. » Me rapprochant un peu d’elle j’avais décidé de lui apporter mon aide. « Mais oui je vous reconnais ! Je vous ai vu quand j’étais en France. » J’utilisais le peu de français qu’il me restait avant de me retourner vers le gardien. « Et c’est Ted je me trompe ? On c’est croisé ici je suis agent de probation. » Okay dans le contexte actuel je n’avais pas l’air d’être le plus sérieux des agent de probation. C’est moi qui en aurait besoin d’un à cette allure. « Je serais toi… Je ne ferais pas patienter ce genre de fille. » « Heu oui… Oui je vais voir ce que je peux faire pour vous Madame. » Il est mignon, et j’ai presque honte de jouer avec lui de cette façon. Il quitte la pièce et j’ai bien peur que son collègue le fasse changer d’avis mais au moins on aura essayé. « Vous avez tous les talents apparement. Même si je ne suis pas sûr que la manipulation puisse être considéré comme tel. » Rigolant un peu je m’étais appuyé contre les barreaux en soupirant légèrement. « Faut vraiment que je sorte de là… Je dois aller chercher mon fils. » Je commençais sérieusement à m’inquiéter. Il faut que je passe au moins un coup de fil, ils ne peuvent pas nous garder comme ça éternellement.
[Édit : Aaaargh, j'avais pas lu la page 2 ! Je fais ça et j'édite mon post en conséquence >.< Édit² : Voilà le post est corrigé, désolée James, Théo s'incruste un peu maladroitement dans le délire du coup xD]
Ça se passait bien, au début. Les slogans étaient scandés, les drapeaux arc-en-ciel brandis, mais l'ambiance était bon enfant, les gens riaient et s'encourageaient. Théodore était agréablement surpris – les sujets de ce genre faisaient toujours des vagues, il était bien placé pour le savoir. Mais évidemment, c'était bien trop beau pour durer. Il fallait toujours qu'il y ait une bande d'emmerdeurs homophobes pour foutre la merde. Et l'écrivain, peu enclin à jurer, n'utilisait pas ces mots à la légère.
Sans compter, en plus, les casseurs qui en profitent. Théodore n'a pas compris d'où est venue la première insulte, le premier coup. Ce qui est certain, c'est que maintenant, ce n'est plus une manifestation, c'est une bagarre générale. L'écrivain est bousculé, secoué, poussé de tous les côtés. Un bras est passé autour de son cou et il se retrouve étranglé. Merde ! Mais avant même qu'il ait le temps de s'inquiéter, son agresseur s'écroule et Théodore se retourne pour faire face à un flic armé d'une matraque qui se penche pour passer les menottes au casseur. Et Théodore sent ses mains être ramenées dans le dos. Et Théodore pousse un gros soupir quand il comprend qu'il va être embarqué avec les imbéciles de service.
L'homme a déjà été arrêté quelques fois lors de manifestations, et ne s'en fait pas spécialement. Il est surtout ennuyé, il n'avait pas envie de passer le reste de sa journée en cellule – qui aurait envie de ça ? En plus, ils ont tous été casés dans une immense pièce et sont trop nombreux, facilement une quinzaine, à être entassés les uns sur les autres. Aux commentaires divers et variés, Théodore comprend rapidement que certains ne participaient même pas à la manifestation. Pas de chance.
Les gens s'agitent, une fille panique, et Théodore constate avec surprise qu'Adaline est là. Visiblement, elle n'a pas l'intention d'attendre qu'on la libère et se met à donner des ordrs à tout va. L'écrivain reste assis dans son coin sans parler, mais quand leurs regards se croisent, il adresse un clin d'oeil à sa collègue ; c'est bien Ada, de s'agiter comme ça et de vouloir à tout prix reprendre le contrôle de la situation.
Et vraiment, vraiment, il ne voulait pas intervenir, n'avait aucunement l'intention de se mêler à ce qui se tramait dans cette cellule, mais quand une brunette se met à monter tout un spectacle, il ne peut pas s'empêcher de pouffer dans son coin en reconnaissant sa langue natale. L'air perdu du policier est trop drôle, et Théodore craque : il ne peut pas se contenter d'assister à ça en spectateur.
Son expression devient incrédule, puis fascinée. Il se lève avec circonspection et s'approche doucement de la demoiselle en la regardant attentivement. Un autre a eu la même idée et affirme la reconnaître. Théodore se joint à la comédie, une totale admiration peinte sur son visage
– Je vous reconnais aussi ! Oh, je n'en reviens pas, c'est tellement incroyable, quand je raconterai ça à ma soeur ! On vous adore, vous savez ! C'est génial ce que vous faites !
Il se tourne vers le policier et ponctue l'affirmation posée de l'autre homme :
– Il a raison, vous n'avez aucune idée de qui est en face de vous ! Je suis d'origine française, je la connais très bien. Vous allez avoir de gros ennuis si vous ne la laissez pas téléphoner !
Le policier, hésitant et perturbé, finit par partir s'occuper de ça. Allons bon, peut-être au moins ne resteront-ils pas ici toute la soirée... Théodore adresse un sourire compatissant à l'homme qui a soutenu le numéro de la brunette avec lui.
– Ça va aller, on va sans doute pouvoir sortir plus vite que la normale puisque vous avez tous l'air décidés à comploter pour vous en aller. Dites-vous que ça fera une anecdote amusante à lui raconter !
a réponse de Jerryka ne me plait pas vraiment. Elle reste évasive et ne semble pas vraiment vouloir collaborer à mon plan. Peut-être suis-je trop optimiste ? Trop pris de mes rêves de petite fille ? Je n’en sais rien, mais cela me blesse. Étrangement, je croyais trouver un point d’appuis avec elle. Tant pis, je le ferai seule dans ce cas…Mais non. Je ne peux pas. J’ai besoin d’un coup de main si je veux tenter de m’évader. Bon, la vérité c’est qu’en observant notre groupe, je réalise que je pourrais probablement écrire une bonne nouvelle avec notre aventure. Si seulement aventure il y avait. C’est peut-être pourquoi je tente de visuelle un plan machiavélique, ou pourquoi je suis trop enthousiasme à cet idée. Tout de même, étant un peu irritée par la réponse de Jerry, je décide de rester évasive à mon tour
- Ouais, je ne le ferai peut-être pas finalement…
Une évasion en beau milieu de la nuit…Qui voudrait me suivre ? Il y a une avocate qui pourrait me dénoncer facilement. Non, ce n’est peut-être pas une si belle idée… Parlant de l’avocate…Elle se dirige vers moi à grandes enjambées et me pique avec ses mots. Je monte tout de suite sur mes gardes. Elle n’a pas bien pris ce que je lui ai dit, et pourtant il n’y avait aucune méchanceté dans ma phrase. Par contre, la sienne en déborde et je refuse de me laisser parler ainsi. Mais c’est quoi leur problème à la fin de chercher à blesser les gens ainsi ?
- J’ai fait plusieurs manifestations, c’est vrai. Avant de juger quelqu’un, tu devrais tourner ta langue. Je ne suis pas impulsive, je n’aime tout simplement pas qu’on se manque de respect. Et puis, à en juger par tes petits commentaires, je présume que t’as l’habitude de japper pour dire des bêtises ?
Je me lève à mon tour pour lui faire face.
- Écoute, je suis nacrée que tu aies mal pris mon conseil, mais ce n’est pas une raison de me parler ainsi. Avant de faire le moral à quelqu’un, tu devrais te regarder toi-même !
Je prends de grandes inspirations afin de contrôler ma colère. Ce n’est pas moi. Je ne suis pas cette femme froide que j’ai l’impression d’être présentement. Non, je dois me reprendre. Une fois calmée, je me rassois en croisant les bras. Je soutiens son regard. Vas-y, fait ton appel. Tu vas voir que dans de telles situations, ta position n’y changera rien. Si seulement nous pourrions collaborer au lieu de créer un bain de sang…Non, pas de bain de sang. Je secoue ma tête violemment. Comment se fait-il que je pense ainsi ? Non, ce n’est pas moi. Je dois trouver un moyen de leur montrer ma vraie personne. Je suppose que la captivité peut affecter tout le monde…
Je sens Emily se détendre dans mes bras. Cela me fait pousser un soupir de soulagement. Qui sait ce qui pourrait arriver si elle se laisser emporter par ses souvenirs ? Je n’ose même pas imaginer. L’attitude d’Emily a sonné une cloche en moi : nous devons sortir au plus vite. Ou du moins nous entendre pour ne pas faire vivre un calvaire à cette pauvre fille. Même si elle est calme pour le moment, il n’y a aucune certitude que se sera le cas dans quelques heures. Je n’imagine même pas ma tête si on me forcerait à rester sur un bateau ne serait-ce que quelques minutes. Je dois donc trouver un moyen de rendre la vie plus simple pour Emily, même si ceci représente de piller sur mon orgueil et de tenter de m’entendre avec mes dits camarades de cellule.
En ne lâchant pas ma prise sur Emily, je commence à m’intéresser sincèrement à ce qui se passe autour de moi. Je réalise que James a rejoint une femme près d’un garde. Ils semblent vouloir faire un appel. C’est alors que j’entends James parler de son fils. Je crois que c’est là que la vérité me frappe : ils ne sont pas tous coupable. C’est vrai. Une souricière peut faire des victimes collatérales. Je me mords la lèvre en observant la scène en silence. Non, je ne peux clairement pas laisser ça filer entre mes doigts. Tant pis pour l’image de l’homme fort et insensible. Je parle assez fort pour que tout le monde m’entende. Le garde a quitté, probablement pour aller chercher un téléphone.
- Écoutez, je sais très bien que vous avez tous des vies à l’extérieur. Par contre, je crois sincèrement que le coup de fil devrait aller à James. Son fils doit l’attendre ou je ne sais trop quoi, et ce serait purement égoïste de prendre l’appel tandis qu’un enfant s’inquiète à la maison !
Si, j’ai un cœur de tendre. Ce genre d’injustice me touche profondément. Qui aurait cru ? Bah, c’est d’ailleurs pourquoi je tente de paraitre froid en général. Je n’aime pas que les gens comprennent que je suis sensible. Non, je préfère enmerder les gens et être en colère après le monde entier que de laisser quelqu’un entrer dans cette partie de moi. Mais là, on parle d’un pauvre gosse qui attend son père. Mon égo n’est pas si gros que ça. Si cet appel faisait en sorte que nous passions une nuit en prison, mais que je pourrais aider un gosse à ne pas s’inquiéter, je choisis la deuxième option. Tant pis, je ramasserai Emily si elle fait une crise de panique cette nuit. Ouais, on peut gérer. Un enfant ne peut pas.
« Mais oui je vous reconnais ! Je vous ai vu quand j’étais en France. » Je me retournai vers James, surprise par son intervention. Je modifiai rapidement cette stupeur en un grand sourire charmeur. Son français n'était pas terrible, mais ça suffirait sans doute. Surtout qu'un autre homme vint rapidement les rejoindre et se mit à parler dans un français impeccable. C'était presque à se demander s'il n'y était pas né lui aussi. Je les laissai essayer de convaincre le gardien tout en lui faisant les yeux doux. « Heu oui… Oui je vais voir ce que je peux faire pour vous Madame. » Je le regardai s'éloigner et laissai retomber ma main avec un soupir de soulagement. Je n'arrivais pas à croire que je venais de lui jouer une telle comédie. Je savais que je pouvais être impulsive parfois, souvent, mais pas à ce point-là. « Je ne pensais pas qu'il y croirait vraiment… J'ai juste tenté ma chance. » Je lui fis un sourire complice à lui et à mon autre sauveur. Seulement, ma bonne humeur fut vite diminuée par le dur retour à la réalité. Si je pouvais supporter de rester plusieurs heures ici, voire toute la nuit, ce n'était pas le cas de tout le monde. Le brun essaya quelques mots de réconfort, mais je n'étais pas certaine que ça suffise. « J'espère vraiment que ça va fonctionner… Vous vous appelez James, c'est ça ? Vous avez l'air de connaître le gardien. Vous ne pouvez pas essayer de lui demander un appel en plus ? Vous pouvez lui expliquer que vous voulez parler à votre fils ou à la personne qui la garde pour être sûr qu'il va bien. Ils ne peuvent pas vous refuser ça, je ne pense pas. » J'essayai de paraître confiante, mais je ne savais pas comment était les gardiens à Brisbane, je n'avais pas encore eu l'occasion de les rencontrer avant. J'eus alors la surprise d'entendre la voix du fou furieux, mais il semblait beaucoup plus calme qu'avant. Plus que ça, il suggérait sérieusement qu'on abandonne l'appel plus ou moins inutile pour nous sortir afin que le blond puisse parler à son fils. J'hésitai un moment en l'observant. Dans un sens, j'avais envie de le soutenir, de laisser James y aller, mais la fille qu'il avait dans les bras n'était toujours pas au mieux de sa forme. Elle semblait avoir repris des couleurs, mais très légèrement seulement et je n'aimais pas l'idée de la savoir mal dans une cellule aussi petite. J'entendis une porte claquée et vis le gardien revenir. Je posai de nouveau ma main sur ma hanche et inspectai les ongles de l'autre. « Alors comme ça vous me connaissez ? Vous avez vu la dernière émission ? C'était tellement incroyable ! Avec l'autre là, cette idiote d’Émilie qui se croyait la meilleure… Vous avez vu ses fesses ? Et ses seins ? Elle ferait mieux de faire une chirurgie si elle veut plaire ! Moi, je vous le dis… Ah, monsieur le gardien ! » Je me tournai vers lui et clignai rapidement des paupières. « Un appel. Vous avez le droit à un appel, pas plus. » Je crispai involontairement ma mâchoire et jetai un coup d’œil aux autres avant de poser mon regard sur James. « A vous de choisir... » J'espérais qu'il connaissait assez le français pour comprendre ce que je lui demandais.
L’ambiance s’était à peine calmée. Je réussissais encore à entendre quelques personnes se disputer, mais les cris semblaient lointains. Je remerciais Scott mentalement de s’approcher ainsi. Son contact me permettait de capter ce qui était vrai, des images qui arrivaient et repartaient sans cesse. Je fermais mes yeux pendant quelques secondes et me concentrais sur ma respiration. Inspire, expire. J’allais même jusqu’à suivre le rythme de celle de Scott. Ma décontenance était frappante. Si je n’avais pas été aussi vulnérable, je n’aurais probablement jamais laissé Scott se rapprocher ainsi. Le contact et les rapprochements avec les gens me laissent toujours inconfortable et, à chaque fois, je ne peux m’empêcher de rester sur mes gardes. J’essayais d’oublier le fait que j’étais dans une cellule et me concentrai sur ce qui se passait autour de moi. J’entendais brièvement la réponse de Scott envers le groupe au complet et je frissonnais. Je n’avais pas vraiment suivi ce qui s’était passé depuis le début et penser que je devais rester encore un moment dans cette cellule ne me plaisait pas, mais j’étais d’accord sur le peu que j’avais entendu: le père devait s’assurer que son enfant était en sécurité, mais s’il pouvait en profiter pour trouver un moyen de faire une pierre, deux coups ce serait l’idéale. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir dans cette cellule.
- Scott a raison.
J’avais dit cela tranquillement en essayant de ne pas bafouiller. Je croisais alors le regard désespéré du père pendant quelques secondes.
- Va appeler.
Mon regard essayait de se faire convainquant. Je détournais mon regard du coté des barreaux pour observer les autres. Puis, je refermais les yeux me laissant cajoler par le jeune homme qui faisait comme une barrière autour de moi. Je me mis à faire des scénarios pour essayer de nous faire sortir d’ici, mais en réalité, essayer de trouver un plan échappatoire me rappelait le nombre de plans que nous avions essayé de faire où tous avaient été sans succès et se suivaient de conséquences. Il ne fallait absolument plus que j’y pense. Les choses allaient devenir pires si personne ne voulait se calmer et si les choses finissaient par déraper encore plus, les choses pourraient dégénérés et je n’avais pas envie de rester plus longtemps qu’il ne le fallait parce qu’ils n’arrivent pas à s’entendre. Ce genre de choses n’arrivait que très peu dans l’armée. Ensemble, un groupe de militaire se concentrait sur la méthode la plus efficace pour atteindre un but identifié et évitait à tout prix de sortir du cadre pour ne pas que les choses s’enflamment entre eux. C’est ce qu’ils devraient faire, mais je n’avais pas le courage de prendre la parole et puis je n’en avais pas la force. De plus, une des femmes de la cellule essayait déjà de les regrouper sans succès. J’allais juste attendre que l’ambiance se calme et qu’ils nous laissent sortir. En attendant, je me retourne vers Scott, en repliant mes bras sur moi-même pour le remercier d’un signe de tête. Je lui étais reconnaissante d’avoir pris les commandes, il devait se rappeler les légers détails sur lesquelles on avait élaboré lorsque être à jeun était un état dans lequel nous n’étions pas.
Les esprits s’échauffent, c’est de pire en pire. Je reste là pour le moment, près de Kenneth, pauvre petit chat, qui semble carrément apeuré par tout ce qui se passe autour de nous. On est trop, trop dans cette petite cellule, et ça part très vite en cacahuètes. « Tu crois qu’ils me laisseraient aller aux toilettes ? » Je laisse échapper un petit rire amusé et secoue la tête. « Non mon chou, personne ne sortira de là je crois bien, à moins que la belle avocate réussisse à faire quelque chose… » Je ne dis pas ça trop fort, de toute façon, la jolie brune est déjà en train de s’engueuler avec l’autre brunette. Celle-là me tape déjà sur le système à dire qu’elle est une habituée, elle a l’air de tout savoir. Je lève les yeux au ciel puis passe ma main sur mon arcade pour vérifier que ça ne saigne plus. Ça a l’air d’aller. A peu près. Et puis voilà que la jolie blondinette intercepte un gardien pour essayer de le soudoyer ou je ne sais quoi. Elle est là, juste à côté de moi, et elle parle même dans une autre langue, en français en fait. Je m’en rends compte après quelques minutes. Je ne comprends rien à son charabia. Si tout le monde se met à parler dans sa langue natale, on est pas arrivés. Mais quel bordel ici ! Je tourne la tête vers Kenneth qui de toute évidence a du mal à se dire qu’il est pour la première fois de sa vie derrière des barreaux. Moi, ça m’amuse plus qu’autre chose. Ils n’ont rien contre nous, ça ne durera pas mille ans non plus. Il faut juste garder notre mal en patience. Et puis, pour moi, ce n’est pas la première fois, ça me rappelle cet épisode avec Elio, quand on a passé la nuit en garde à vue à cause d’une bagarre. Un sourire naît au coin de mes lèvres et voilà qu’un grand blond vient mettre son grain de sel, lui aussi en français. « C’est une colonisation ou quoi ? » Je les regarde tous les trois, le soit disant flic, la blondinette e télé réalité et le quadra qui vient d’en rajouter une couche pour appuyer les dires de la blonde. J’ai l’impression d’être dans un mauvais téléfilm à la con. « […] Par contre, je crois sincèrement que le coup de fil devrait aller à James. Son fils doit l’attendre ou je ne sais trop quoi, et ce serait purement égoïste de prendre l’appel tandis qu’un enfant s’inquiète à la maison ! » Je penche la tête sur le côté. « M’ouais, tout dépend de l’âge du gamin aussi ! » Oops, je crois que j’ai pensé un peu trop fort au vue de tous les regards qui se tournent sur moi présentement. Je tente un sourire un peu forcé et ils recommencent à parler entre eux. Ça vaut mieux comme ça. « Un appel. Vous avez le droit à un appel, pas plus. » Tout le monde se regarde. « J’peux appeler ma grand mère si vous voulez ! Le temps qu'elle arrive on aura peut-être pris une décision ! » Ok, de toute évidence, détendre l’atmosphère, c’est pas super le bon plan. L’agent de probation a l’air tétanisé, il aurait pas un gamin en bas âge tout seul chez lui quand même ? Je n’aime pas les gosses mais faut pas exagérer. « Scott a raison. Va appeler. » Je croise mes bras et arque un sourcil. « Je crois que le monsieur ne va pas attendre une éternité faudrait se décider là ! » Je penche la tête sur le côté en regardant James qui m’a tant de fois aidée quand j’ai fait des conneries il y a un an. « Allez, essaye au moins de voir si ton gamin va bien ! » Je savais même pas qu’il avait un gosse. En même temps, c’est pas marqué sur son front !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’aurais jamais cru pouvoir vivre un truc pareil. Je ne pige absolument rien de ce qu’il se passe. Je me suis retrouvée avec une douzaine de drôles de gens dans une cage, comme au zoo. Je commence même à me demander si tout ceci n’est pas une expérience, un genre de Big Brother Australien improvisé. D’ailleurs, y a une fille qui se prend pour une star de la télé-réalité. Je ne la connais pas, mais elle doit être tombée bien bas si elle a vraiment fait ça. Et en plus, elle est médecin. Puis y a cette grande brune, perchée sur ses escarpins, qui se prétend être avocate mais qui passe son temps à régler ses comptes avec une autre brune qui elle se prend pour le messie. Franchement, il ne me manque plus que le seau de pop-corns. Taille XXL pour bien faire. Mais au lieu de ça je mâche mon chewing-gum assez frénétiquement. Tellement qu’il commence à devenir sec, alors je le sors discrètement de ma bouche pour le coller en dessous du banc, sous les yeux dégoûtés du jeune homme pleurnichard. Je lui tire la langue et me repositionne plus confortablement sur mon siège de fortune pour écouter les derniers rebondissements. Je n’ai plus vraiment peur, je suis plutôt amusée de la situation maintenant que je vois comment agissent mes camarades. J’ai déjà été embarquée au poste cela dit, mais je n’ai jamais passé les barreaux d’une cellule. Mais bon, on est pas à Guantanamo ici, on ne risque rien. La starlette de télé-réalité réussit à obtenir un appel. Tout le monde se regarde, cherche quelle personne pourrait être la plus apte à nous sortir de ce bordel. Et puis le grand blond parle, et en grand manitou ordonne que le coup de fil aille au fils d’un prénommé James. (kyrah)« M’ouais, tout dépend de l’âge du gamin aussi ! » Je regarde la petite blonde et secoue la tête en pouffant de rire, ce qui me vaut quelques regards foudroyants. Oups. Mais il ne faut pas longtemps avant que toute l’attention se reporte sur le fameux James, le papa poule inquiet. Je soupire et passe ma main dans mes cheveux avant de prendre la parole d’un air détaché. « Franchement les gars, on a droit qu’à un seul appel et vous voulez appeler… un gamin? » Je secoue une nouvelle fois la tête. « C’est pas contre toi James, mais autant appeler quelqu’un qui peut nous sortir de là définitivement non? » Je regarde tour à tour mes co-détenus et je sens aussitôt mes joues s’empourprer. J’aurais peut-être pas dû l’ouvrir sur ce coup-là…
Je ne peux pas croire que je me suis laissé embarquer là dedans. Plus je jette des regards autours de moi, moins j’ai l’impression d’avoir ma place ici. Même Milena semble s’échauffer avec la brunette. « J'espère vraiment que ça va fonctionner… Vous vous appelez James, c'est ça ? Vous avez l'air de connaître le gardien. Vous ne pouvez pas essayer de lui demander un appel en plus ? Vous pouvez lui expliquer que vous voulez parler à votre fils ou à la personne qui la garde pour être sûr qu'il va bien. Ils ne peuvent pas vous refuser ça, je ne pense pas. » J’aimerai que les choses soient aussi simple, et pour sûr je vais tenter le coup mais connaissant la politique de la maison c’est déjà une chance si on arrive à passer ne serrait-ce qu’un coup de fil. « J’espère oui… » Et c’est sans grande surprise que le gardien revient pour nous annoncer qu’il nous offre un coup de fil et pas plus. Je me sens légèrement blêmir alors que la jolie blonde se retourne vers moi pour me dire en français. « A vous de choisir... » Qui je suis pour prendre cette décision franchement ? Je jette un regard autour de moi – tout ces gens sont dans le même pétrin que moi et pourtant l’envie de prendre ce coup de fil est tentant. Par la suite tout le monde y va de son petit commentaire. Je devrais le prendre – ou pas. Je suis un mauvais père si je ne le fais pas et un sale égoïste si je les prive de leur chance de sortir d’ici un peu plus vite. Le gardien semble s’impatienter et il n’est pas le seul, je sais qu’il faut que je prenne un décision mais je me retrouve exactement dans le genre de situation que je déteste, être le centre d’intérêt de tous me met extrêmement mal à l’aise et encore plus quand je dois prendre une décision de ce genre. « Franchement les gars, on a droit qu’à un seul appel et vous voulez appeler… un gamin? C’est pas contre toi James, mais autant appeler quelqu’un qui peut nous sortir de là définitivement non? » J’avais à peine entendu la voix de cette fille jusqu’à maintenant et peut-être que c’était mieux comme ça mais je ne pouvais en vouloir à personne de dire ce qu’il pensait. « Tu as sans doute raison… » Je le dis à contre cœur parce qu’au fond de moi je n’ai qu’une envie – envoyer tout le monde bouler et m’assurer que mon fils va bien. « Mon fils est avec sa nounou elle va pas l’abandonner pour aller acheter des cucurbitacées ou je ne sais quoi quand même… Qui ferait ça ? Personne… Personne ne fait ça… » Okay je commence légèrement à paniquer et le fait de donner ce coup de fil à quelqu’un d’autre n’aide pas. « Puis j’imagine que vous avez tous vos propres familles, des gens à contacter je vais pas… » Je ne finis pas ma phrase me mordant l’intérieur de la bouche un peu angoissé. « Milena… Est-ce que tu sais qui appeler ? Quelqu’un peu nous faire sortir de là plus vite ? » Si on doit donner se coup de fil autant être sûr qu’il va être utile.
Je ne regardais jamais les informations. Mais ce jour là, dans ma petite boutique de fleurs, j'avais osé allumer la télévision. Je n'arrive toujours pas à savoir quelle mouche m'avait piquée à cet instant... C'était peut-être un signe, je ne sais pas. Devant cet écran, j'étais tombée sur la manifestation pour le mariage homosexuel, une cause que j'ai toujours apprécié. Je ne comprenais toujours pas pourquoi en Australie, les couples homosexuels ne pouvaient pas se marier. En France, je savais que cela était passé il y a de ça trois ans. J'étais ravie pour le couple d'amies lesbiennes que j'avais en France. Elles allaient enfin pouvoir s'unir officiellement aux yeux de la loi. Il me semble que j'en avais même pleurer, vous avez qu'à voir combien cela m'a touché.
Prise d'un élan de bonté, pour changer, j'avais décidé de fermer la boutique pour la journée. J'allais manifester en faveur de ses couples délaissés par la loi et par l'Etat australien. Embarquant avec moi un énorme bouquet de Gerbera roses, fleurs de l'amour. Il est vrai que j'avais choisi cette variété plutôt que les roses, car les épines de ces dernières, me laissaient imaginer rien de bon. Je ne voulais pas que des personnes soient blessées. J'allais distribuer ces fleurs aux premiers que je croiserais durant la manifestation. Je vous laisse imaginer sur qui je suis tombée... Sur les policiers en maintien de l'ordre. Gentillesse incarnée, je leur en ai laissé, avant d'entrer dans le vif de la manifestation, distribuant mes fleurs aux couples. J'étais bien à ce moment là. Je répétais les slogans scandés pour le mariage gay, et je me sentais alors vraiment utiles. Mes fleurs faisaient fleurir de petites étoiles dans les yeux des manifestants, et voir ces petites taches roses au-dessus de nous, accompagnant les drapeaux multicolores, me réchauffait le cœur. Et puis, un vacarme énorme se fit entendre. Bousculades s'en suivirent, et je ne compris pas vraiment ce qu'il s'était passé. Blondie et son bouquet de Gerbera dans ses bras, assise dans un fourgon de police, accompagnée de manifestants. C'est fou ça comme on peut se faire interpeller rapidement. Je ne pensais vraiment pas que c'était faisable. Ces policiers étaient sans doute des ninjas. J'en suis sûre et certaine ! Mais même après ça, je ne peux pas leur en vouloir. J'ai appris dans les minutes qui suivirent qu'un groupe de casseurs étaient sorti de nos rangs, et avaient caillassé les policiers. Effectivement, ils n'avaient pas pris les bons, mais moi, tant que mes fleurs ne sont pas abîmées, tout me va. Bon, le fait de me retrouver dans un commissariat ne me plaisait guère, mais à qui ça plairait sérieusement ?
Le fourgon déchargé, mes fleurs toujours en main, on nous avait mis dans une cellule. On devait être un quinzaine dans cette salle entourée de barreaux. Mais en jetant de rapides coups d’œil, nous étions bien plus nombreux que ça. D'autres interpellations avaient dû être faites avant la nôtre. Je m'étais donc assise sur le banc dans le fond de la cellule. Ce côté là me permettait, si je le voulais, d'entrer en contact avec les manifestants de la cellule d'à côté. J'allais sûrement faire de nouvelles connaissances non ? Il y aura eu au moins un bon point dans la journée ! J'essaie alors d'attirer l'attention d'une blonde, celle qui vient de cacher son chewing-gum sous le banc. J'ai toujours détesté les gens qui faisaient cela... En même temps, j'étais souvent la fille qui se retrouvait à aller chercher des objets sous ces bancs, et à se retrouver avec une gomme à mâcher collée dans les cheveux...
"Hey, vous étiez à la manifestation ?"
Tact ? Zéro. On était pas là pour faire des manières.
« Crois-moi le patron ne te laissera pas y échapper. » « J’ai jamais prétendu vouloir y échapper tout ce que je dis c’est que tu as ton libre arbitre. Si le patron te dis qu’il faut manger du reblochon pour avoir bonne haleine tu vas le croire ? » « Ca n’a rien à voir. Je le fais parce qu’il est homosexuel donc il faut le soutenir. » Je hausse les épaule tapant mes feuilles sur mon bureau et relevant le regard vers mon collègue. « Quoi qu’il en soit j’irais à cette manifestation parce que je soutiens le mouvement et non pas parce que je pense qu’il pourrait apprécier que ce soit le cas. » C’est comme ça que je m’étais retrouvé dans les rues de Brisbane entouré de gens qui scandaient de multiples réclamations et droits égalitaires. J’étais bien plus calme que la plus part d’entre eux, ma présence étant déjà un signe suffisant de support à mon avis. Je déambulais dans mon costard non sans jeter un regard à ma montre pour être sur de ne pas me mettre en retard sur mon travail. « Si vous voulez partir rien ne vous retient vous savez. » J’avais à peine jeté un coup d’œil à la jeune femme qui venait de me parler me moquant éperdument de son avis. Puis derrière moi un raffut avait commencé. J’avais déjà entendu que certains manifestants avaient été embarqués pour cause de bagarre. Certains semblaient à nouveau se taper dessus et plutôt que de me mêler à la masse j’avais fait un pas sur le côté pour ne pas y être mêlé. C’est pour cette raison que je n’avais pas compris pourquoi la police m’avait sauté dessus comme si je venais de faire un attentat à la bombe alors que j’étais tranquillement à l’écart. « Croyez moi que vous allez le regretter. » Je n’avais rien ajouté de plus – je ne m’étais même pas débattu.
Arrivé à poste, un policier était simplement venu me poser quelques questions, j’avais commencé en lui expliquant ne pas être mêlé à cette affaire mais ce dernier insistant je m’étais retranché dans une autre position. « Je ne parlerais pas sans la présence de mon avocate. » Et par là j’entendais mon amie Milena, je ne me doutais pas à quel point elle était proche de moi. « Mais je vous… » « Il n’y a pas de mais, soit j’appelle mon avocate soit je ne parle pas. » Je me moquais bien de passer pour un coupable j’en avais marre de cet interrogatoire, autant qu’il me mette 24h dans une cellule si ça leur faisait plaisir. Au moins je serais tranquille. Du moins c’est ce que je croyais, mais mon avis a vite changé quand ils m’ont mené - accompagné de deux ou trois autres personnes - à la cellule déjà bondée de monde. « Je suis pas sûr que ça soit légale de caser autant de gens dans une cellule. » Une fois de plus je n’avais que posé la question, leur faisant bien comprendre que je ne comptais pas me faire marcher sur les pieds. Si cette histoire ne se réglait pas très vite ça risquait de mal tourner pour eux. Décidant de ne pas me mêler aux autres j’avais à peine jeté un regard aux détenus présents avant de trouver ma place contre un mur. Je détonais légèrement dans cette prison avec mon beau costard mais je n’étais pas le seul apparemment, cette fille qui mâchait son chewing-gum d’une façon exaspérante ne semblait pas être plus habituée que moi. J’étais allé me poser près d’elle en silence. Espérant juste sortir de là au plus vite.
Trop obmnubilé par le débat qui se passe devant moi, je remarque à peine la réponse d’Emily. Elle me repousse doucement, ce qui me fait sursauter. Je la regarde, indécis. Va-t-elle mieux?
- Ça va aller?
C’est une question un peu stupide, j’en conviens. Le fait qu’elle appuie ma réponse me soulage un peu. Au moins, elle ne m’en veut pas d’avoir pris la défense de James. Mais à quoi bon? Je m’éloigne un peu d’Emily pour lui laisser un peu d’espace, et je me lève pour m’appuyer sur les barreaux. La discussion autour de moi n’est pas vraiment animée, mais je ne peux m’empêcher d’être exaspéré. Une des femmes, je crois qu’elle s’appelle Kyrah, me tombe solidement sur les nerfs. Mais quelle garce celle-là! Je m’approche du groupe en discussion, mâchoire et poings serrés. Non mais quels imbéciles ceux-là! Je me mets donc en face de Kyrah, enfin je crois, et décide de prendre la défense de James une autre fois.
- Mais t’es conne ou quoi? On se fou de l’âge de l’enfant! Et ta grand-mère peut bien aller se faire foutre!
J’ai parlé trop vite, encore une fois. Non, pas de coups cette fois-ci, mais mon impulsivité me joue encore des tours. Elle se moque de moi ou quoi? Elle appuie James finalement, et je passe pour qui à la fin? Un taré qui tente de régler un problème Malgré mon intervention, James choisit de donner son coup de fils. Mais quelle stupidité! Je sers ma mâchoire pour tenter de ne pas dire un commentaire odieux. Tandis que je tente de me calmer, une autre femme met du piquant dans la conversation. Son commentaire me fait monter sur mes chevaux, comme à mon habitude. James est trop incertain pour se faire dire de telles choses! Et voilà qu’il va passer le coup de fils à quelqu’un d’autre! J’en reviens pas de leur stupidité! Ou plutôt, de leur égoïsme forcené.
- Ouais, appeler un gamin. T’appellerais ta mère pour pleurnicher toi?
Je ne contrôle plus mes paroles, et je crois que je continue d’une voix sèche et froide
- Ça va servir à rien de passer un coup de fil! Lécher le cul des riches changera rien pour 24 heures enfin! Comprenez-le à la fin!
Malgré mon intervention, James passer le téléphone à une des femmes. Je le regarde, incapable de faire le point de mes idées. À travers toutes les émotions qui se passent en moi présentement, je choisis l’exaspération au lieu de la colère. Attention, c’est une évolution!
- Mais vous êtes tous des masochistes! Vous venez de gaspiller un appel pour lécher de cul à des bureaucrates qui se fouttent de votre gueule en permanence!
Ouais, je généralise. Beaucoup. Qui sait qui elle va appeler? Et puis, je m’en fou maintenant. Ils ne m’ont pas écouté, et ne m’écouteront pas plus tard non plus. Je sens un peu de déception monter en moi et je ne peux m’empêcher de penser au gamin. Pauvre petit, une journée pour lui risque de passer beaucoup plus lentement qu’ici. Je n’ose même pas me mettre à sa place, sinon je risque de sauter sur James. Ouais, un peu de respect pour son père.
Avant même que je puisse m’avancer vers James, indécis si je dois m’excuser de sa stupidité ou lui donner un bon coup de poing en l’honneur de son fils, je fige. Je fige en voyant quelques nouveaux prisonniers se diriger vers la cellule, accompagnés par deux gardes. Avant même qu’ils entrent, je me colle aux barreaux proche de la porte de la cellule et je fixe un des gardes
- Par ta faute, il y a un gamin qui va s’inquiéter pour son père toute la nuit. Vous n’avez pas de cœur à la fin!
Je vois le gardien hésiter. Ce n’est pas le même, et il pose ses yeux dans les miens. L’autre gardien escorte les nouveaux prisonniers dans la cellule et j’entends la porte se refermer. Je me cramponne aux barreaux, les serrant tellement fort que mes points deviennent blancs. Il se retourne vers son collègue, lui murmure quelque chose avant de se retourner vers moi.
- Okay, un autre appel pour le père. Après, je veux que tu déposes le téléphone en face de la porte de la cellule, je vais venir le récupérer. Faites vite, je ne suis pas supposer faire ça et je pourrais me faire prendre.
À travers les barreaux, je réussis à déposer ma main sur son épaule.
- Merci mon vieux, c’est gentil de ta part
Je fais un sourire non forcer. Je sais obtenir ce que je veux parfois. Enfin, parfois. Animé d’une énergie nouvelle, je me retourne vers le groupe et tandis que la femme raccroche son téléphone, le visage déconfit (ah si, on te l’avait dit que ça ne fonctionnerait pas!), je lui prends des mains en lui faisant un regard mauvais et me retourne vers James et lui tendant
- Tiens, appelle ton fils. J’ai négocié un deuxième appel pour toi
Je souris cette fois-ci. Je ne laisserai jamais un gamin dans l’inquiétude. Non, pas comme mon père faisait avec moi lorsqu’il sortait dans les bars. Ce gamin va s’endormir ce soir, ouais, il va dormir…
es animaux de cirque. Voilà ce que nous sommes. Pris au piège dans une cage, enragés et distrayants. Nous sommes des animaux de cirque. Des animaux que je me dois de divertir si nous voulons trouver un moyen de passer à travers la nuit. Je regarde ma montre, il est à peine 18h00. Je soupire, relativement désespérée. Les gardiens ne vont pas tarder à nous apporter quelque chose à manger, je devrais d’ailleurs les avertir que je ne mange pas de viande. Je décide de me lever pour aller parler à Theodore que j’ai remarqué un peu plus tôt. Après tout, je vais laisser les tigres se battre pour l’appel, je sais très bien qu’il ne servira à rien. Je vous le dis! C’est l’expérience qui parle! Je me dirige donc vers Theo, et me place à quelques pas de lui. Je reste debout, un peu tannée d’être assise.
- Hey! C’est une surprise de te voir ici!
Pas vraiment. Je connais un peu Theodore, et je sais qu’il aime les hommes. Alors il n’y aucune surprise à le voir dans une manifestation pour le mariage gai! Oh, à moins qu’il n’y avait aucun lien entre sa présence ici et la manifestation. Cela m’étonnerait, mais je préfère ne pas lui demander. Je jette un rapide regard aux gardiens qui parlent dans un coin de la pièce. Ils sont trop loin pour que je puisse entendre leur conversation. Mais quand vont-ils nous amener nos repas? Je commence a avoir faim. Faim de viande? Non, jamais.
- Le souper ne devrait pas tarder. Cependant, j’ai peur qu’ils nous servent des rognons. Si c’est le cas, je te donnerai mon rein…
Je réalise que ma phrase ne fait pas vraiment de sens. Sous le regard un peu surpris de Theodore, je ris. Je ris assez fort pour que tout le monde puisse m’entendre. Ouais, un peu de rire ne leur ferait pas de tort. Il est temps que nous calmions les esprits. C’est alors que j’ai une idée
- J’ai une idée pour nous distraire après le souper! Que dirais-tu d’inventer une fable pour les divertir? Je suppose qu’à deux têtes d’écrivains, nous pourrions pondre quelque chose d’intéressant!
Je lui souris. Je suis tout de même heureuse qu’il soit ici. Enfin quelqu’un avec qui je m’entends bien. Au même moment, quelques nouveaux prisonniers entrent dans notr cellule. Je me retourne vers eux, tout sourire. Ils n’ont aucune idée de ce qui s’est passé avant, et j’en profite pour montrer le meilleur côté de moi-même. Je décide de répondre au commentaire de la nouvelle prisonnière par une connerie. Ouais, je suis meilleure comédienne que dictatrice.
- Bienvenue au cirque de manifestants! Veuillez prendre place, je vous en prie! Vous avez manqué une partie du show, mais ce n’est pas important! Je suis Adaline, et vous?
Il est temps de détendre l’atmosphère. J’espère simplement que les autres animaux vont suivre mon exemple.