Jameson annonça une mauvaise nouvelle. Elle parlait assez fort pour que tout le monde l'entende. « J'ai une mauvaise nouvelle. Apparemment, personne ne va remarquer notre absence avant demain matin, donc il semblerait que nous soyons obligés de passer la nuit ici. J'ai passé deux jours sur cette île y a quelques semaines – stage de survie. C'est pas grand chose mais ça m'a appris deux ou trois trucs, notamment que les nuits sont très froides donc nous aurons besoin de faire du feu. Il faudrait aussi trouver un abri, comme un tronc renversé, de grosses racines creuses. Et si certains se sentent de faire une petite randonnée, il y a des points d'eau potable plus haut que les roches et des noix de coco plein les arbres en forêt. Mais il vaudrait mieux ne pas s'y aventurer en solo... » Elle savait de quoi elle parlait. Taylor repensa à son stage de survie en plein désert. L'endroit était différent mais cela revenait au même. « J'ai aussi fais un stage de survie, pour la nuit il faudra faire chauffer des pierres et les enfouir sous le sable pour nous tenir au chaud. Un certain Conrad Charlingston me la apprit. » Sa dernière remarque n'eut pas grand intérêt mais elle était bien contente de l'avoir rencontré dans des circonstances de survie. « Je vais partir chercher des plantes, je peux allez prendre de l'eau et des noix de cocos si quelqu'un est prêt à m'accompagner. » Elle regarda autour d'elle. Elle voulait bouger. Elle attendait que quelqu'un se lève pour se joindre à elle. D'un coup, Sohan arriva en courant, tout paniquant. Il s'était fait poursuivre par un rhinocéros. Cela ne rassura pas du tout Taylor mais elle ne le montra pas. « J'espère que tu rigoles » espérait-elle. Apparemment non, sachant qu'il était blesser. "Tu es blessé, ça va allez?" .Jonathan n'était lui pas du tout rassuré et il ne le cachait pas, avant de lancer. « Bon les amis, prêt pour l'aventure ? » Taylor était prête. Elle ne savait pas si elle devait de suite se séparer des garçons ou pas. « On commence le chemin ensemble et on se sépare ensuite, je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. »

« Oui, t’inquiètes pas, tout va bien. » Soren était soulagé que Callie aille bien. Si ça n’avait pas été le cas d’ailleurs, il s’en serait sûrement voulu à la mort. « Je savais pas que tu étais du genre à tenter les nouvelles expériences. » Il rit à cette remarque. A vrai dire, il ne savait pas non plus qu’il était le genre d’homme à aimer autant l’aventure, un peu lâche et peureux qu’il pouvait être parfois. « Je suis surtout là pour tenter de prendre un peu l’air. Je pense que c’est pas loupé. » Il y avait encore un peu de sarcasme dans sa voix, mais sa colère était partie au moment où il avait vu Callie - comme quoi, elle avait toujours un certain pouvoir sur lui malgré tout. Ils restèrent ensuite quelques instants à se regarder dans les yeux, ce genre de moment ayant manqué à Soren. La simplicité de leur complicité semblait ne pas avoir totalement disparue. « Je suis contente de te voir. » Soren lui fit un petit sourire timide. « Moi aussi ma belle. » Il l’avait toujours plus ou moins surnommé comme ça. Il ne savait pas s’il était approprié de le faire encore aujourd’hui, mais pendant l’espace d’un instant, Callie la main sur son avant bras, c’était comme si rien n’avait changé. Il ne l’aimait plus comme il avait pu le faire, certes, mais il était toujours autant heureux de la voir. Callie finit par regarder à droite et à gauche, puis par pointer du doigt un petit groupe d’individus. « Je pense qu’ils ont besoin d’aide, tu viens ? » Soren acquiesça d’un mouvement de tête et ils marchèrent jusqu’à ce petit groupe situé à une dizaine de mètres d’eux. A les entendre parler, on pourrait dire qu’ils commençaient déjà à ouvrir des groupes de recherches - ce qui en soit paraissait être un bonne idée. « On vient avec vous. » Soren tourna la tête vers Callie, on sourcil relevé. On ? Ils étaient de nouveau un on maintenant ? « Hé ! Excusez-moi,  on a un homme qui saigne abondamment du nez et au cas où ça ne s’arrête pas, il faudrait trouver une plante dans la foret qui aiderait. Si jamais d'autres sont blessés, ça pourrait être très utile. L'achillée, vous savez à quoi ça ressemble ? » Soren, ainsi que les autres personnes présentent se retournèrent vers la jeune femme qui venait de prendre la parole (Hope), alors qu’elle approchait d’eux. Soren fut étonné d’entendre des noms de plantes que peu de personnes connaissaient - lui, son parcours scolaire et professionnel lui permettait de connaître presque une bonne centaine de plantes différentes. « C'est dommage mais je pense qu'il n'y a pas de rhododendron dans la faune australienne, ou peu. Si jamais vous en trouvez, ça serait vraiment bien d'en amener autant que vous le pouvez. Du millepertuis, aussi... A moins que vous ne préféreriez que je vienne avec vous ? Je ne veux pas vous encombrer, je ne pourrai pas marcher beaucoup. » Soren eut alors un petit rire. Il y avait des plantes qu’il était sûr de ne pas trouver dans les parages - dont ce fameux rhododendron -, mais il était plutôt content de voir une personne qui semblait s’y connaître aussi. « Le rhododendron ne pousse pas sur les îles d’Australie, enfin pas de ce côté là en tous cas. En revanche, si on a un peu de chance de trouver une zone moins sèche, le millepertuis sera plus facile à trouver. » Il regarda ensuite le ventre de Hope, qui commençait à se faire voir. « Et ce n’est pas contre vous, mais avec un ventre attendant un enfant, je ne me permets pas de vous laisser partir dans la forêt. Surtout si vous êtes médecin, il vaudrait mieux que vous restiez au campement… Ou tout du moins ce qui pourrait y ressembler bientôt. » Il fit un petit sourire d’excuses, puis regarda Callie. « J’vais pas venir avec vous, mes connaissances seront plus utiles pour chercher des plantes que du feu. Tu fais attention à toi. » Et ce n’était pas une question.

Sa montre, elle était grillée. Un coup d'oeil à celle-ci et il se rendait compte que les aiguilles restaient figées... Comme son téléphone qu'il avait sorti de sa poche détrempée d'ailleurs. « Quinze minutes, comment je suis sensé savoir que ça fait cinq minutes que je m'empêche de respirer par le nez ? » Marmonna t-il dans sa barbe en grimaçant et en levant la bouteille que lui avait tendu la jeune femme. « Vous êtes très bien équipée Jameson. Moi c'est Samuel. » Avait-il murmuré toujours avec cette voix nasale. Il avait hoché la tête en remerciement alors qu'il continuait à pincer son nez. Il jetait des coups d'oeil à l'autre jeune femme à coté qui était restée silencieuse. Ou alors il était encore tellement sonné qu'il n'avait pas entendu ce qu'elle avait pu dire... Aucune idée... Déjà qu'il comprenait franchement pas ce qui se passait plus loin.
C'était de pire en pire, la douleur. Il pensait que le pincement allait endormir un peu la douleur. C'était raté... Sam allait subir et il croisait les doigts pour que les saignements s'arrêtent.

Les gens s'agitaient tout autour de la plage et il était totalement incapable de voir qui faisait quoi. Il crut même entendre crier à un moment, mais il n'était pas sûr. Il avait l'air d'être le seul à s'être pris un coup. Et même la femme enceinte qui s'était rapprochée de leur groupe avait l'air d'être en bonne santé. Ils avaient un peu tous éviter le pire, c'était un titanic un peu raté. La brune aux bouclettes (hope) s'était empressée de venir examiné son nez. Un médecin, c'était sa veine, même si ils avaient franchement pas de médicaments à proximité. Il avait pas réellement le nez cassé ? Si ? Elle avait regardé, elle était restée silencieuse mais elle n'avait pas eu cet air grave d'une personne inquiète. Sauf que les médecins étaient très doués pour cacher le problème. Il avait envie de savoir, et il voulait s'inquiéter s'il y avait besoin. Et lorsque Hope alla rejoindre un groupe déjà prêt à partir pour des expéditions, il haussa les sourcils en maugréant : « Des plantes ? J'sais pas si c'est pour faire une soupe, on a rien pour faire ça, ou pour me mettre de la verdure dans le nez mais j'préfère en rester aux mouchoirs... » Il tournait la tête et Jameson était déjà en train de repartir au large pour aller repêcher un homme. Le commandant de bord d'après les vêtements qu'il portait sous le gilet de sauvetage. Commandant qui apparemment apportait de très mauvaise nouvelle... Nouvelles que la brune trentenaire avait dû leur transmettre d'ailleurs... Ça lui donnait vraiment envie d'aller secouer le commandant de bord dans tous les sens pour lui demander comment cette fichue radio pouvait être hors service. Il était à deux doigts de tenter de remonter sur le bateau (ce qu'il savait impossible) pour récupérer et réparer cette fichue radio...
Tout le monde était déjà en train de s'engager dans une expédition. Ça allait tellement vite qu'il relâcha une seconde son nez en se tournant dans les directions.

« Oh là... » Ça saignait encore, plus ou moins ça il était pas vraiment habilité à le voir. Il ne se voyait pas. Mais il avait rebouché presque automatiquement et s'était mis sur le coté pour se redresser avec son autre main. Sa tête le tournait mais ce n'était qu'un contre coup, il n'avait certainement pas eu le temps de se vider complètement de son sang. « Un rhino ? Sérieusement... Il a fumé quoi ce gars ? Qu'est-ce qu'il a été faire dans la forêt tout seul aussi... » Il avait tellement du mal à croire ce qu'il avait entendu un peu plus loin qu'il avait un mal fou à tenir sur ses deux jambes. Les quinze minutes elles étaient certainement passés, ça faisait des lustres qu'il attendait sur la plage avec Blake et la docteur improvisée. Il n'avait certainement pas envie de rester ici à rien faire. Peut être aider au campement ? Sauf que ça prenait pas deux secondes à construire tout ça. « Je suis réellement obligé de rester sur le camp comme un handicapé ? J'ai juste le nez qui saigne... Vous me prêtez encore un de ces mouchoirs Jameson, et ça devrait suffir pour aller ratisser le terrain. » Sauf que la majorité était déjà partie. C'était plutôt étonnant que tout le monde n'est pas hésité une seule seconde à s'enfoncer dans l'île... C'était pas le genre d'endroits qu'il aimait ratisser. Il était bien plus habitué aux déserts australiens qu'à ses îles. « Et j'ai ça, ça peut toujours servir. » Il avait sorti son trousseau de clef d'où pendait un couteau suisse. Et il laisserait certainement pas ça à quelqu'un.

Blake observe Jameson qui s’éloigne pour aller prêter main forte à un autre blessé, et Blake envoie un petit regard découragé à Samuel. Elle n’a jamais été très douée à réagir en situation d’urgence, la scène actuelle le prouve bien. Encore heureux qu’elle n’ait pas été sur le bateau pourri, elle aurait sans doute fait une crise de panique et on aurait dû la traîner jusqu’au rivage. « Ça fait mal? », demande-t-elle un peu idiotement à l’intention de Samuel, juste pour faire la conversation. Elle observe les gens qui s’organisent, qui décident de partir en excursion sur l’île pour trouver de quoi faire un feu, peut-être même un peu d’eau potable. « J'ai aussi fais un stage de survie, pour la nuit il faudra faire chauffer des pierres et les enfouir sous le sable pour nous tenir au chaud. » Les paroles d’une jeune femme parviennent à ses oreilles, et elle écarquille le regard. La nuit?! Ils ne vont quand même pas rester coincés ici si longtemps, pas vrai? Elle qui n’a jamais particulièrement apprécié les escapades en pleine nature, elle qui n’a même jamais fait de camping ou dormi à la belle étoile… Elle soupire, secoue la tête. Au moins, Jameson semble savoir ce qu’elle fait : elle restera scotchée à elle jusqu’à ce qu’un bateau revienne les chercher. « Des plantes ? J'sais pas si c'est pour faire une soupe, on a rien pour faire ça, ou pour me mettre de la verdure dans le nez mais j'préfère en rester aux mouchoirs... » Blake s’étrangle de rire suite au commentaire de Samuel, et regarde son pauvre mouchoir ensanglanté. Elle fouille de nouveau dans son sac à dos, en sort quelques serviettes en papier qu’elle lui tend, un petit sourire aux lèvres. « C’est un peu plus rugueux qu’un mouchoir, mais au moins, c’est sec. »

Les minutes passent, et Blake observe l’horizon, dans l’espoir d’apercevoir un autre bateau à qui ils pourraient faire signe. Mais elle ne voit que de l’eau, et la carcasse de ce bateau pourri qui les a tous amenés sur l’île. Quelle journée de merde. « Je suis réellement obligé de rester sur le camp comme un handicapé ? J'ai juste le nez qui saigne... Vous me prêtez encore un de ces mouchoirs Jameson, et ça devrait suffire pour aller ratisser le terrain. » Elle secoue vivement la tête, voyant le nez enflé, le sang qui coule toujours, bien que moins abondamment. « Non, je pense que tu dois rester ici. Avec cette chaleur, tu risquerais de t’évanouir, et ce serait encore pire. » Elle l’observe un moment, grimaçant un sourire d’excuse. « Et puis même si je ne t’aide pas vraiment, j’ai l’impression de me rendre utile en te fournissant de quoi essuyer ton sang. » Elle a un petit rire, puis se laisse tomber sur le sable, sur le dos. Les rayons du soleil plombent sur sa peau, elle devine qu’elle aura sans doute droit à un sacré coup de soleil d’ici la fin de la journée.

Inclinant légèrement la tête sur le côté, elle remarque une femme (Charlotte) qui semble s'affairer à construire un abris. Elle l'observe pendant quelques instants avant de se redresser. « Tu as besoin d’aide? », demande-t-elle d’une voix forte, se levant pour faire quelques pas vers elle. « Si tu es sage, tu pourras peut-être nous donner un coup de main. », confie-t-elle à Samuel sur un ton blagueur, devinant qu’il ne souhaite pas nécessairement rester assis à ne rien faire.

A présent, Taylor savait ce qu'elle avait à faire. Elle devait allez chercher les fameuses plantes telles que le millepertuis dans la nature pour soigner les blesser et à ce moment là plus exactement l'homme qui saignait du nez. La femme enceinte s'était proposé pour venir en aide à la recherche des plantes, mais vu à quel stade de grossesse elle se trouvait il était préférable qu'elle reste ici tranquillement à s'occuper éventuellement des blessés. La remarque du jeune homme qui plus tôt dans la journée était de mauvais poil, celui qui donnait des coups de pieds dans le sable pour calmer ses nerfs fut très pertinente.  « Le rhododendron ne pousse pas sur les îles d'Australie, enfin pas de ce côté là en tous cas. En revanche, si on a un peu de chance de trouver une zone moins sèche, le millepertuis sera plus facile à trouver. Et ce n'est pas contre vous, mais avec un ventre attendant un enfant, je ne me permets pas de vous laisser partir dans la forêt. Surtout si vous êtes médecin, il vaudrait mieux que vous restiez au campement... Ou tout du moins ce pourrait y ressembler. » D'après ses premières paroles, il avait l'air de s'y connaître en plantes, certainement plus que Taylor qui n'était qu'une amatrice en la question, qui s'y intéressait par curiosité plutôt que par véritable passion. Elle comprit aussitôt qu'elle devrait partir à la recherche des plantes avec le fameux ronchon de tout à l'heure. Il n'avait pas répondu à sa remarque et espérait qu'il ne lui en voulait pas sinon la marche allait promettre. Elle se retourna vers lui puis se présenta. « Moi c'est Taylor, celle qui t'as dit que le sable n'y étais pour rien tout à l'heure mais je pense que tu t'en souviens. » Elle baissa la tête. « Vu qu'on part que tous les deux, je préfère que les choses soient claires. Je voulais pas t'embêter tout à l'heure. J'espère que tu es un peu calmé. » Elle sourit. Elle espérait que son plus beau sourire fasse tout oublier. « On y va tu es prêt ? » Il acquiesça. Et tous deux se dirigèrent vers la forêt par la gauche. Après avoir un peu marché dans un grand silence, Taylor brisa ce dernier. « Tu t'y connais en plantes, pas vrai ? Comment ça se fait ? Une passion, un métier ? Tu n'es pas obligé de répondre si tu veux pas parler on peut y aller en silence aussi. » Taylor avait peur d'être un peu embêtante. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre avec cet homme qui la troublait.

Il y avait toutes ces grandes personnes que je ne connaissais pas et tonton Ezra qui partait chercher des choses dans la forêt. Moi j’ai vraiment peur parce que je veux revoir ma maman mais je sais que faire un caprice ça sert à rien parce que tout le monde est coincé comme tonton Ezra et moi. L’homme à qui tonton Ezra il parle finit par se tourner vers moi (jonathan) : « Enchantée mademoiselle. » Il a pas l’air très gentil, il fait une tête de méchant et je me cache derrière les jambe de tonton Ezra avant de lui dire d’une petite voix : « Moi aussi. » Ce n’est pas vrai mais maman elle dit qu’il faut toujours être poli parce que sinon ce n’est pas bien. Et puis j’ai Pascal contre moi alors il va me sauver de toutes les méchantes personnes. Alors que je suis assise entre Scarlett et Jordan, je regarde les personnes autour de nous. Il y a une dame qui attend un bébé parce qu’elle a un gros ventre et puis des gens qui bougent un peu partout et puis il y a des gens qui saignent. Le sang j’aime pas ça parce que c’est quand on a mal alors je regarde plus. Un monsieur revient en disant qu’il a vu un rhinocéros mais c’est pas possible si ? Tout le monde le croit cependant parce que lui aussi il a du sang dessus. Je commence à vraiment avoir très peur parce que les rhinocéros c’est vraiment méchant. Auntie Alexis et moi on a regardé un documentaire dessus et c’est dangereux comme animal. Et puis une dame vient nous voir et elle nous dit : « J’ai une mauvaise nouvelle. Apparemment personne ne va remarquer notre absence avant demain matin, donc il semblerait que nous soyons obligés de passer la nuit ici. » Je sens les larmes me monter aux yeux. Je ne veux pas passer la nuit ici, je veux qu’on vienne nous chercher et je veux dormir avec ma maman. Mais tout le monde décide d’aller chercher des choses dans la forêt et moi je suis là sur le sable avec des larmes qui coulent de mes yeux. Tonton Ezra est parti et une dame qui a la même couleur de cheveux que moi (charlotte) décide de construire un endroit où dormir. Je sens la panique m’envahir et maman elle dit toujours qu’il faut s’occuper quand c’est le cas. Je me lève et je vais voir la dame avant de lui dire : « Moi je veux bien vous aider. » Je ne sais pas trop comment aider mais je peux essayer non ? Auntie Gwen elle dit toujours qu’essayer c’est gagner …

J’eus un petit rire nerveux lorsque Jonathan plaisanta à propos des piqûres de moustique. Il se trouve que j’étais hautement allergique. Fort heureusement, je ne partais jamais en expédition sans une petite fiole d’herbes préparée par une voisine sorcière des temps modernes et qui me protégeait contre ces sales bestioles. L’annonce que je fis eut un effet de choc sur le reste des naufragés. Ils étaient en colère et frustrés, bien évidemment, mais aussi, très naturellement, ils décidèrent de s’organiser, mettant chacun leurs compétences au profit du groupe. J’ai senti un sourire m’étirer les lèvres alors que j’en voyais déjà certains quitter la plage et s’enfoncer dans les broussailles à la recherche de plantes médicinales TEAM FUMETTE ou de bois pour faire un feu TEAM FLAMME OLYMPIQUE. C’était le genre de trucs qui me redonnait foi en l’humanité. Ça m’amusait que Taylor ait aussi fait un stage de survie avec Conrad, mais je n’eus pas le temps de lui faire la remarque car elle disparaissait déjà dans derrière les arbres. Qu’importe, ce serait un sujet de discussion pour la soirée au coin du feu, je présumais. Au moment où je me faisais cette réflexion, une jeune femme aux longs cheveux blonds Charlotte s’approcha de moi en proposant ses services pour construire un abri, comme elle avait d’ores et déjà repéré un endroit et le lieu. J’ai suivi son regard et hoché la tête, un sourire appréciateur sur les lèvres.

- C’est une excellente idée, merci. Si personne ne se propose pour t’aider, tu peux compter sur moi. Mais comme je suis probablement l’une des rares à m’être déjà aventurée sur cette île, je serais probablement plus utile si je ramenais de l’eau et de la nourriture.

J’ai expliqué en étudiant les personnes qui restaient encore sur la plage. Une enfant Lily-Rose, et quelques autres personnes plutôt jeunes et d’apparence saine si ce n’était robuste. Je n’avais aucun doute quant au fait qu’iels pourraient survivre à porter quelques branches et lianes. J’ai fait signe à Charlotte de me suivre et je me suis dirigée vers elleux pour vérifier l’état de mon pauvre patient. Alors que j’approchais, j’entendis Samuel se plaindre d’être obligé de rester sur la plage en raison de ses saignements, et me proposer de lui prêter un mouchoir supplémentaire afin qu'il puisse me suivre. J’ai froncé les sourcils. J’aimais pas l’idée de le voir bouger comme ça. D’un autre côté il avait l’air bien bâti et possédait lui aussi un canif, ce qui pouvait s’avérer fort utile pour ce genre d’expéditions. D’autant que personne ne s’était encore proposé pour m’accompagner affronter les profondeurs de la forêt. Au final, c’est Blake qui a décidé pour nous deux, décrétant qu’avec cette chaleur et sa blessure, il était hors de question qu’il ne bouge ses fesses du sable.

- Blake a raison, j’ai répondu en mettant une main sur son épaule pour l’aider à se rassoir, comme il ne m’avait pas l’air très stable sur ses jambes. La dernière chose qu’on souhaite c’est que tu nous fasses un malaise en pleine forêt... J'ai beau être costaude, je ne pourrai pas te porter. J'ai plaisanté.

Charlotte commença à s’activer pour ramasser ce qui lui semblait nécessaire à la construction de nos abris, et Blake se proposa aussitôt de l’aider, bientôt rejointe par la petite blonde que j’avais remarqué tout à l’heure (Lily-Rose). Ça me fit sourire, mais je me détournai avec un pincement au cœur. Les enfants me mettaient mal à l’aise. A chaque fois que mes yeux se posaient sur l’un d’entre eux, l’horloge biologique me frappait en pleine gueule, avec la triste réalisation que je ne connaitrai probablement jamais les joies de la maternité. J’ai relevé les yeux vers Samuel.

- Je vais attendre une vingtaine de minutes pour voir si quelqu’un se propose de m’accompagner pour aller chercher de l’eau et de la nourriture. Si personne ne se propose, je partirai seule. A moins que ton nez aille mieux, auquel cas ton aide me sera précieuse. J’ai incliné la tête avec un petit sourire. Alors pinces moi ces narines, réhydrates toi avec l’eau de Blake… et croques là-dedans pour reprendre des forces.

J’ai sorti une des barres chocolatées végétaliennes de mon sac et la lui ai tendue. Je connaissais assez bien l’île pour savoir qu’il existait de très nombreux fruits sauvages comestibles. Comme je m’étais moi-même chargée de ramener la bouffe, je savais que nous n’allions pas en manquer. Puis je me suis tournée vers Blake et j’ai posé une main sur son épaule.

- Ça va, tu tiens le coup ?

Je m’en voulais un peu de l’avoir trainée dans un merdier pareil. J’eus un pincement au cœur en pensant à son frère et aux autres gars de The Dirty Conviction qui allaient probablement se faire un sang d’encre sans nouvelles de sa part. Moi, à part ma chienne, personne n’allait remarquer ma soudaine disparition. Je ne savais pas si cette éventualité me rassurait ou me faisait paniquer.

Blake lui avait tendu un tissu et le fait qu'il soit sec l'encouragea à le lui prendre. Il avait pas tout à fait compris d'ailleurs pourquoi elle, elle n'était pas trempée. Une histoire de bateau prit plus tôt, elle n'avait certainement pas passer la nuit ici. Pour l'instant il en était à maintenir la pression sur ses narines endoloris. La suite de ses propos lui arracha une nouvelle grimace. Ce non catégorique, certaine que pour son bien il ferait mieux d'attendre sagement que les autres ailles fouiller l'épaisse forêt. « Non, je pense que tu dois rester ici. Avec cette chaleur, tu risquerais de t’évanouir, et ce serait encore pire. » Sam pencha la tête sur le coté en rétorquant presque aussitôt sans sourire cette fois :
« Il fait toujours plus frais en forêt. » C'était son seul contre argument pour la demoiselle. Il n'en avait pas d'autres sous la main. Être têtu et vouloir faire quelques choses de ses dix doigts n'étaient pas une excuse. Jameson était revenue et elle prêta main forte au discours de son amie. Elles s'y mettaient à deux en plus, sans oublier que le médecin enceinte pourrait très probablement mettre son grain de sel. Pourquoi avait-il fallu qu'il soit dans ce couloir au moment où le bateau de croisière avait percuté cet immense rocher ? Il aurait préféré passer par dessus bord... Particulièrement Blake et Jameson, il les trouvait plutôt adorable d'être venu à lui, mais là d'être forcé de rester le frustrait au plus haut point. C'était pas de l'inconscience, il tenait sur ses deux jambes. Et, à trop être assis prêt du campement, il y avait des chances qu'il voit des rhinocéros aussi tiens... Il n'avait pas vraiment eu le temps d'en placer une que Jameson lui proposa un deal. Boire déjà, même s'il n'avait pas soif avec la sauce qu'il venait de se prendre, manger et attendre que l'afflux sanguin s'arrête. Il regarda les deux jeunes femmes avant d'aller s'asseoir près du campement improviser. Il avait bu une gorgée de l'eau sans toutefois toucher la bouteille du bout des lèvres. Il avait certainement du sang plein la figure, il n'allait pas faire un carnage avec le bouteille d'eau de la demoiselle quand même... « D'accord... J'attends... Mais ça m'empêchera certainement pas de partir... D'ailleurs pour aménager ce camp, si c'est bien ici qu'on l'établit, vous m'expliquez ce qu'on va faire là tout de suite ? On a rien sous la main, bois, cordes et autres... La majorité vienne à peine de partir pour en chercher. Alors je vois pas ce qu'on peut faire à part attendre et compter les grains de sable. ça donne juste de bonnes raisons supplémentaires pour moi de suivre le groupe de Jameson. Blake pourrait même venir avec pas vrai ? » Un petit sourire s'était étiré en regardant la jeune femme qui avait décidé de rester sur le campement. Elle avait peut être peur d'y aller, dans la forêt de l'île ?
Il avait toujours la barre entre chocolaté qu'il avait machinalement pris entre les mains et finit par le tendre à nouveau vers la brune : « On f'rait mieux de garder ça pour plus tard. Mon estomac va bien. Mais j'ai jamais vu ce genre de marque, c'est quoi ? » L'emballage lui était pas du tout familier et pour que les vingts minutes passent vite, il allait bien falloir parler...

J’ai secoué la tête avec un soupir et je me suis assise aux côtés de Samuel. J’avais à faire à un hyperactif. D’ordinaire, j’avais rien contre ce type de personnalité – bien au contraire – mais ils étaient de très mauvais malade. Du genre à détester de rester inutile au point de préférer se mettre dans vos pattes avant d’être rétablis, quitte à provoquer une situation dangereuse. Mais son énergie me rassurait, aussi, parce que s’il était capable de se poser toutes ses questions et d’exprimer ainsi sa frustration, c’est que ça blessure ne devait pas être bien grave. C’est juste qu’elle saignait. Beaucoup.

- Apparemment Charlotte a déjà repéré quelques trucs qui pourraient lui être utile sur la plage, j’ai répondu d’une voix posée. D’autant que nous n’allons pas construire une cabane géante, le but est simplement de créer des alcôves pour nous protéger du vent et du froid.  

J’ai repris la barre chocolatée qu’il me tendait et l’ait enroulé dans son emballage avant de la fourrer à nouveau dans mon sac. Il n’en avait pris que la moitié, mais vu le concentré de nutriments et d’énergie que ces petites merveilles contenaient, ça ne me dérangeait pas outre mesure. Ça me faisait un peu l’impression du lembas, le pain de route elfique dont une seule bouchée suffit à combler l’estomac d’un adulte, dans le Seigneur des Anneaux.

- C’est une Clif Bar. Ils font des barres énergétiques biologiques spécialement conçues pour les sportifs végétaliens. Je pars jamais en randonnée sans en avoir quelques-unes dans mon sac.

J’ai répondu avec un sourire. C’était aussi les seules barres de ce type qu’on pouvait trouver un peu partout au Canada et aux Etats-Unis, qu’on se soit dans une grande ville ou bien dans un shop paumé en plein milieu d’un parc national naturel. Autrement dit, elles m’avaient souvent sauvé la mise.  

- Mais honnêtement je ne pense pas qu’on soit obligé de finir mon stock, la forêt derrière nous regorge de fruits comestibles qui sont aussi délicieux que nutritifs.

D’insectes aussi, qu’apparemment on pouvait faire frire, mais je décidai de ne pas explorer cette option. Je voyais pas l’intérêt de tuer une espèce alors qu’on pouvait retrouver les mêmes nutriments dans des végétaux.

- Comment va ton nez ?

J’ai demandé après un moment. A croire que l’inactivité commençait à me peser aussi. J’avais hâte de partir dans les bois. Sans compter que Charlotte, Blake et la gosse allaient s’activer sur la plage, et il faudrait bientôt qu’elles puissent s’hydrater avec de l’eau potable pour ne pas se mettre en danger.

Fichue journée, fichu rafiot de malheur, fichu capitaine. Ce dernier n'était pas en cause finalement. Sauf qu'avant que je l'aide à parvenir au tobbogan jaune il me glisse une phrase sur un second ou je ne sais quoi. Il était complètement perdu le pauvre. Nous avions eu quelques secousses et il devait être tombé sur la tête. Je lui promis donc de faire le tour du bateau rapidement pour m'assurer que personne ne restait piégé à l'intérieur. Le capitaine était au courant de mon passé chez les SEALs, j'avais formé son fils quatre années plus tôt juste avant que je ne parte pour cette mission dont je suis revenu en petits morceaux. Je n'en restais pas moins flic et c'est sans doute pour tout cela qu'il m'avait chargé de cette petite mission.

Au bout de cinq bonnes minutes il était clair que plus personne n'était présent sur le bateau. Les petit groupes rassemblés sur la plage semblaient s'organiser, je décidai donc de les rejoindre pour me rendre utile. Rien de tel que l'eau glacée pour réveiller mes derniers neurones. En débarquant sur la plage je suis étonné de découvrir des petits groupes qui se forment autour de diverses activités : faire du feu, aller chercher de quoi manger, faire une cabane, et même aller chercher des plantes médicinales ! Si je ne le voyais pas de mes propres yeux je n'y croirai pas. Ce sont des citadins pourtant ils ont bien le sens pratique. J'entends ci et là, en traversant la plage pour rejoindre le groupe à l'orée de la foret, que deux ont fait un stage de survie avec un certain Conrad. Je crois bien le connaître, il me dit quelque chose. Peut-être que je pourrais dire à mes frères de le recruter lui plutôt que moi.

« On commence le chemin ensemble et on se sépare ensuite, je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. » Je l'entends comme un murmure et je sais qu'il faut que je me depeche avant de les perdre de vue. C'est ce groupe là qui doit partir au cœur de la foret, ce groupe dans lequel je serais plus utile. J'ai vu une femme médecin sur la plage, ce qui m'a immédiatement rassuré quant aux éventuels blessés. « Hey » je leur lance pour les retenir. « Je viens avec vous. Je suis un ancien navy SEAL, j'ai l'habitude de ce genre de terrain. Puis on ne sera pas trop de quatre pour aller chercher des noix de coco et de l'eau. » Ma voix transmet toute l'assurance dont je suis capable. Si ils jugent que je dois aller à la construction d'un abri j'irai, mais je juge que je serai davantage à ma place sur le terrain qu'ici. « Je m'appelle Ethan, au fait. » dis-je à l'ensemble du groupe. La jolie brune qui avait parlé au début est partie chercher des plantes d'après ce que j'ai compris. Dommage, j'aurais bien fait plus connaissance avec elle... mais bon, ce sera pour une prochaine fois.

Les mauvaises nouvelles semblaient s’amonceler plus le temps passait. Entre l’annonce qu’avait faite la dénommée Jameson comme quoi ils étaient condamnés à rester ici jusqu’au lendemain, peut-être même plus, ce qui n’était pas totalement impossible et maintenant un rhinocéros sur cette île ? Tout portait à croire que rien ne leur serait épargné. Les deux enfants qu’il tentait de rassurer se rapprochèrent depuis quelques minutes déjà, un peu plus de lui, alors qu’il passait autour de leurs épaules. « Ca va aller, on va s’en sortir » il mit de la conviction dans ses paroles, autant qu’il le pouvait. Il devait y croire, de toute façon, il n’y avait pas d’autre choix à l’heure actuelle, baisser les bras n’apporteraient rien de plus et il valait mieux se mettre un coup de pieds au cul pour faire le stricte nécessaire. « C’est vrai ? » la voix de la petite fille le sortit de ses réflexions, et il lui offrit alors un grand sourire « promis, croix de bois, croix de fer » dit-il d’un ton solennel en levant son petit doigt. C’était bien sa veine faire une promesse qu’il n’avait d’autre choix que de tenir, même si cela ne dépendait pas spécialement de lui dans le fond. Il fallait surtout procéder par élimination, avant le retour à la civilisation, il leur fallait déjà trouver un minimum de confort, se protéger du froid et se remplir l’estomac. « Je vais partir un petit moment pour aller chercher de quoi manger et boire » devant les protestations silencieuses des enfants, il reprit « je reviens juste après, juré et on mangera tous ensemble, d’accord ? » la petite acquiesça, allant se serrer contre sa mère qui finissait d’essorer leurs vêtements. Encore quelques mots réconfortants et quelques promesses qu’il espérait tenir, il se dirigea vers le duo que formait Jameson et celui qui saignait précédemment du nez (samuel). « Excusez-moi, c’est bien vous qui proposiez d’aller faire un tour en forêt pour chercher de quoi tenir ? » lui demanda-t-il en passant une main dans ses cheveux, geste machinal. A comprendre eau et nourriture. « Ou c’est ce qu’ils vont chercher ? » il fit un signe en direction du groupe qui s’était formé autour de l’homme au pantalon de costume qui venait de finir dans un buisson (Jonathan). Il eut d’ailleurs de la peine à réprimer un sourire amusé, ils ne risquent pas de s’ennuyer en tout cas.