Nous ne sommes pas partis depuis longtemps, en courant à bonne vitesse nous pourrions nous rendre sur la plage en quelques minutes. Le groupe semble à l’aise dans la foret, ce qui me rassure. Avec ce qui nous est arrivé il ne manquerait plus que… oh, je n’aurais peut-être pas du penser ça vu que le dénommé Jonathan saute partout comme si il avait le feu au cul. Puis soudain nous nous rendons compte de la raison de ces cris aigus : une araignée. Oh je n’en ai jamais eu peur mais celle-ci m’a l’air particulièrement féroce. Les araignées australiennes il ne vaut pas mieux s’y frotter. Quoi qu’en Afghanistan je n’étais pas mieux lotti. « Hé mec, calme toi ! » dis-je tout en riant de ses gémissements. Pas très sympa de ma part, ce fou rire inopiné. Mais quand même…  je n’ai pas pu m’en empêcher. Jonathan est allé se fourrer dans un buisson, sauf que c’est précisément près de ce buisson  que les araignées ont niché leur nid. Elles pourraient être venimeuses, là je ne ris plus du tout. « Oh putain ! Bouge ton bras ! Non pas comme ça, hé c’est mes fesses ça, merde quoi ! » Nous essayons tant bien que mal de nous dépêtrer de ce foutoir, sauf que ce n’est pas évident. Heureusement que d’autres viennent nous aider, mais entre leurs hurlements et l’adrénaline qui m’empêche de réfléchir correctement avec Jonathan qui se débat comme un lion, nous tombons tous à la renverse et dévalons une petite pente. « Au moins on est plus avec ces fichues araignées. » je souffle doucement, une grande bouffée d’oxygène s’insinuant dans mes poumons comprimés.

« C'était vraiment pas sur le prospectus ça... » Je me retourne vers ladite chose qui ne se trouve pas sur le prospectus : des aborigènes. Merde ! Comme si on avait besoin de ça. Une femme aux cheveux noirs (Jameson) s’empare d’un couteau suisse, déclenchant une réaction épidermique de la part des hommes à la peau sombre. On devrait être au sud du queensland donc cette tribu devrait parler le kala lagaw, ou peut-etre le wik-mungkan. Ces dialectes dont j’ai entendu parler et dont j’ai presque tout oublié avec le temps. Je hoche la tete à destination de Kyeran, qui dit qu’il faut se tenir prêt à courir. C’est vrai que nous aurions toutes nos chances de leur échapper, vu qu’ils connaissent la foret mieux que leur poche – ou leur pagne. On ne perd rien à essayer, si jamais ils menacent de nous pendre à une perche pour nous faire frire au dessus de leur feu. « Tu peux lâcher ça doucement, s’il te plait ? Je ne crois pas que ce soit du plus bel effet. » je demande à la propriétaire du canif.

Samuel était plutôt pour ne pas bouger au risque de justement se faire courser par les indigènes et de les ramener directement à leur campement de fortune... Il n'imaginait que trop la réaction des survivants sur la plage... Une part de lui-même voulait également se rassurer sur le groupe d'indigène non identifié, et il n'avait pas pu s'empêcher de laisser échapper un rire jaune lorsque le brun à moitié dévêtu (jon) lui avait dit qu'il était possible que l'information sur ces individus s'étaient glissés dans la partie que personne ne lisait jamais en bas. Il pouvait même pas demander au commandant de bord s'il s'était trompé d'île vu que la petite Blake était déjà présente quand ils étaient arrivés.
Samuel était toujours resté immobile, fixant chaque personnes présentent et surtout le groupe très important d'indigènes qui leurs faisaient face. Jameson devait vraiment écouter Ethan parce que son couteau n'aiderait certainement en rien. Elle prit d'ailleurs le soin de le ranger, et il remarqua que les épaules de certains des indigènes présents s'étaient un peu affaissé.
L'un deux, au grand damn de Jon qui récoltait les emmerdes, tira sur sa veste en la regardant avec un regard avide qui voulait tout dire. Jameson confirma le grognement guttural de l'individu à la peau sombre. D'un pas qui se voulait le plus sécuritaire possible, c'est à dire lent, sans geste brusque, Samuel s'était rapproché de l'homme qui un jour avait été bien habillé et marmonna à son encontre.
« T'as jamais tester les camps de nudiste ? Je crois que c'est le moment mec... Vaut mieux que tu fasses ce qu'il dit. » Sinon quoi ? Ils allaient vraiment cuire sur des broches ? Les clans indigènes avaient un peu plus évolué maintenant, Samuel voulait se rassurer à se disant qu'il avait possibilité de fraterniser avec eux... Il tira même à son tour sur la veste hors de prix de Jonathan avec cet air un peu désolé en sifflant : « T'as une poisse pas possible toi... Déjà l'araignée ou je sais pas quoi qui a failli de mordre la queue... » Le prochain truc pour le petit bourge, c'était quoi ? Peut être que quand ils sortiraient tous de là, il en rirait d'ailleurs.

Le mec que j'associe désormais au fils de bourge de la bande (Jonathan) m'agace fortement. Leur accoutrement ? Mais il se croit où le petit con ? Pour vivre dans la nature pas besoin d'avoir un costume Armani. Je lui offrirai bien une petite formation au stand de tir... avec un bizutage à la clé par mon ancienne équipe. Ça ferait rire Emily en plus, si il pouvait faire ça je le regarderai peut-être d'une autre manière. « Tu le récupérera quand on se sera fait d'eux des amis, compris ? » je fusille la jeune femme du regard. Elle avait l'air saine d'esprit pourtant, du genre à tenir à sa tête. Mais bon, on en découvre tout les jours sur les gens. « Écoutes, on peut découper les noix de coco sur un rocher, je l'ai déjà fait et ça fonctionne très bien. Je t'assure qu'on va s'en sortir. Si je ne me trompes pas, le rigolo qui se fait tirer la veste là-bas est en train de se faire proposer un mariage ou un truc du genre, d'après ce que je me souviens des coutumes des aborigènes australiens. On a rien à craindre. » dis-je avec une voix aussi rassurante que possible. Tirer sur le vêtement de quelqu'un a un rapport avec la mariage, je m'en souviens. Mais le mec est... un mec, alors peut-etre qu'on lui demande la main de sa fille ? J'en sais rien et je ne veux pas le savoir. Je suis heureux de voir qu'elle range le couteau dans sa poche alors je la remercie de loin parce que je ne veux pas effrayer nos futurs meilleurs amis en face de nous. "Merci." Les seuls mots que je connais du dialecte de ces gens ne vont pas beaucoup m'aider. Alors je tente le tout pour le tout : « Laag, nous, là-bas », accompagnant les mots de mes gestes je leur montre la direction de l'australie, puis je mime un bateau voguant, suivi du bateau qui coule et... « Bon Dieu ça craint, ils ont pas l'air de comprendre.

Kyeran pouvait sentir la tension grimper d’un cran, chez les aborigènes également. Il essaya d’en comprendre la cause et il put voir que Jameson avait sorti son couteau ce qui n’était pas du tout du goût des personnes à eux. Il avait proposé de courir, une idée qui semblait plaire à tout le monde, mais vers où ? Son regard lui confirma qu’ils étaient acculés contre le mur, ils devaient donc, remonter jusqu’en haut, à mains nues, essayer de les distraire pour les dépasser et s’enfuir dans la forêt –à noter qu’ils devaient sans doute mieux connaitre les lieux qu’eux- ou bien aller vers la mer et…ils n’iraient pas bien loin, ça c’était certain. Tandis qu’il réfléchissait, un des autochtones s’était déjà rapproché, plus particulièrement de Jonathan qui n’avait visiblement aucune chance aujourd’hui se fit-il comme réflexion. Il fallait dire qu’il détonnait grandement dans le décor et attirait de fait la curiosité des autres. D’un autre côté, nous avions un Ethan qui tentait de communiquer ce qui ne donnait pas grand-chose et prenant son courage à deux mains, Kyeran s’avança un petit peu. « Palya » lança-t-il afin d’attirer leur attention. Les langues aborigènes étaient nombreuses, il espérait parvenir à se faire comprendre, ce qui semblait être le cas visiblement ou bien était-ce simplement de la curiosité. « Nous lu-ni bindal pour le jimirndirr » il galérait, ça, c’était un fait certain, peut-être aurait-il dû être plus attentif ou tout simplement pratiquer plus souvent. Un second homme s’approcha, de lui cette fois et le considéra quelques secondes. « gawor di-nya bateau dowtj-wuy » il espérait vraiment ne s’être pas trompé dans les mots lorsque l’homme face à lui offrit un regard appuyé avant de se tourner vers les autres pour parler si vite qu’il ne capta que quelques mots. Puis, il lui accorda de nouveau son attention. « Apparemment faut qu’on les suive » énonça-t-il prudemment, celui à côté de Jon ne le lâchait plus, s’étant visiblement pris d’affection pour lui. « Où je ne sais pas » anticipa-t-il avant que la question ne fut posée « mais je pense que dans l’immédiat c’est le mieux à faire » il n’y avait pas d’autre issue, autant le faire de la manière douce et aviser au moment venu.

Palya : bonjour/salut
Nous lu-ni bindal pour le jimirndirr : nous être désolés pour couteau (=nous sommes désolés pour le couteau)
gawor di-nya bateau dowtj-wuy : après-midi venu bateau cassé (=nous sommes arrivés cet aprem dans un bateau qui a échoué)

La nausée se fait de plus en plus présente tandis que mon cœur s'affole. L'adrénaline, les hormones... tout ce qui se déverse dans mon sang me rend affreusement sensible à ce qu'il se passe autour de moi. Une femme enceinte dans un naufrage... quelle merde. Je n'ai pas envie de ralentir les autres donc je vais vomir mon petit déjeuner tranquillement dans les buissons avant de revenir comme si de rien n'était, la nausée calmée pour un temps. Heureusement la panique générale s'est elle aussi calmée sur la plage. L'instinct de survie a pris le pas sur tout le reste. De petits groupes se sont formés pour réaliser diverses activités, plus aucun blessés n'est à soigner donc je peux me calmer tranquillement. Une jeune femme blonde, Charlotte, que j'ai rencontrée dans un bar récemment, se démène pour fabriquer des abris en prévision de la pluie et du vent. Je l'entends donner des directives, ce pour quoi je m'approche doucement. « Je peux t'aider à voir comment on peut assembler tout ça, ça doit être la seule chose que je pourrais faire pour aider d'ailleurs. » Quelques femmes ramassent des perches et des branches pour nous aider, ainsi que des feuilles de palmiers pour le toit. On a déjà vu ça dans des séries télé alors en vrai ça ne devrait pas etre sorcier, si ? Mais dans les séries télé il n'y avait pas de femmes enceintes ou de petites filles apeurées et affamées. « Bonjour ma puce, tu t'appelles Lily c'est ça ? Je t'ai entendue le dire tout à l'heure je crois. » fais-je avec empathie, me postant à coté de la jeune blonde (Jordan) qui s'est chargée d'elle. « Ca doit être impressionnant pour toi tout ça. Mais tu vas voir on va très vite retrouver la maison. » Les bruits qui proviennent de son ventre m'indiquent clairement qu'elle a faim. C'est bien notre veine, perdus au milieu de nulle part avec le groupe nourriture qui vient de partir. « Tu n'as rien dans ton sac à manger ? Ca m'étonnerait que tu sois partie sans rien emporter. Qu'est-ce qu'il y a dans ce joli sac ? »

L'agaçant (Jonathan)ne se dépatouille pas de son aborigène favori. Est-ce que c'est bien ou pas, je ne préfère pas le savoir pour l'instant, mais dans le pire des cas il va falloir se battre et déguerpir vite fait bien fait. Sinon on le laisse ici, c'est une possibilité que j'aimerais qu'on considère tous ensemble. Il y en aura probablement qui seront de mon avis, j'en suis sur. Kyeran se débrouille mieux que moi dans la langue des résidants de l’île. Ça me surprend beaucoup de lui car je pensais qu'il n'en aurait rien à faire. Je sais que c'est un bon gars, qu'il a fait de mauvais choix mais qu'il n'est pas foncièrement mauvais. Pour moi tout ce qui importe c'est qu'il ne fasse pas de morts. Il s'est visiblement fait comprendre puisque les mines suspicieuses des aborigènes s'adoucissent après qu'ils se soient concertés. « Je suis d'accord. L’île n'est pas si grande donc en faisant le tour on pourra toujours revenir à la plage initiale. Je préfère prendre l'option où ils ne nous zigouillent pas sur place, vous en pensez quoi ? » je dis en hochant la tête face à Kyeran. Ce gars va être super utile si il comprend quelques mots de leur dialecte, je suis heureux qu'il se soit échoué avec nous même si je ne le souhaiterais à personne.

« On devrait se mettre par deux aussi, au cas où ce serait un piège. A deux on sera plus difficiles à piéger. » Qui c'est le parano de service ? Ça va être moi, je le sens. M'enfin si ça nous permet de déjouer deux trois mauvais coups, ça me va.

Je suis sur la plage et j’ai décidé de faire quelque chose. Maman elle dit toujours qu’il faut aider alors c’est ce que je vais faire parce qu’on est coincé d’après ce que les grands ils disent. Moi j’ai pas envi d’être coincée mais j’ai pas le choix je pense et j’ai peur mais j’essaye de pas le dire. Je sens que mon ventre gargouille et j’ai la tête qui tourne parce que j’ai faim et je sais que j’ai un peu à manger dans mon sac mais j’ai peur de le manger de suite parce que je ne veux pas mourir de faim plus tard, peut-être que je peux encore attendre là non ? Je vais voir Jordan parce que c’est la seule personne que je connais vraiment un peu et je lui dis que je me sens pas bien. « Quelqu’un aurait quelque chose à manger ? » Mais personne ne lui répond vraiment. Je regarde le sol avant de m’asseoir et de dessiner dans le sable. Jordan elle est déjà en train de parler à un monsieur mais je le connais pas alors je m’en fiche. Je mets mon sac à côté de moi et je le regarde. Est-ce que je dois manger quelque chose qui est dedans ? Auntie Gwen elle dit toujours que dans des cas d’urgence il faut sauver la nourriture. Je soupire et j’entends Jordan qui propose d’essayer d’aller chercher à manger sur le bateau cassé au milieu de l’eau contre un rocher. Je me souviens qu’elle a peur de l’eau et moi je suis trop petite mais c’est une bonne idée. J’ai toujours la tête qui tourne et elle fait mal quand une dame (hope) vient me voir : « Bonjour ma puce, tu t'appelles Lily c'est ça ? Je t'ai entendue le dire tout à l'heure je crois. Ca doit être impressionnant pour toi tout ça. Mais tu vas voir on va très vite retrouver la maison. Tu n'as rien dans ton sac à manger ? Ca m'étonnerait que tu sois partie sans rien emporter. Qu'est-ce qu'il y a dans ce joli sac ? » Je regarde la dame avec de grands yeux parce qu’elle a un gros ventre. Maman elle dit que c’est quand on attend un bébé et que c’est dangereux d’être en danger quand on a un bébé. Il faut manger plus et pleins de choses comme ça. Je regarde la dame avant de lui dire : « J’ai des barres de céréales mais je veux les garder le plus longtemps possible parce que je veux pas mourir de faim de suite. » Dis-je avec mes yeux qui se remplissaient de larmes. Je ne pleure pas, j’ai juste des larmes dans les yeux. « Mais je peux vous les donner parce que vous avez un bébé dans votre ventre et il faut qu’il mange. » Dis-je en lui tendant toutes mes barres de céréales. Il faut être généreux et aider les autres, c’est auntie Gwen qui le dit même si elle le fait pas toujours … « Et vous vous appelez comment ? » Demandais-je.

Je ne sais pas ce qu'on dit aux petites filles pour expliquer le fait que certaines femmes aient un gros ventre... comme le mien. C'est difficile parce que parfois un gros ventre lié à un gain de poids peut passer pour une grossesse et... on ne sait pas comment réagir. Un jour j'ai félicité ma coiffeuse pour son bébé et j'ai en fait appris qu'elle n'en attendait pas. Je vous dis pas le malaise qui a suivi ! Là il est clair que mon embonpoint ne résulte pas d'un surplus de graisse, enfin je crois. Alors est-ce qu'on leur dit de ne pas en parler ? Ou que c'est qu'il y a un bébé là-dedans ? Parce que la petite blondinette me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. Je devrais peut-être m'éloigner si elle a peur de moi, hein... « J’ai des barres de céréales mais je veux les garder le plus longtemps possible parce que je veux pas mourir de faim de suite. » J'étouffe un éclat de rire, ne laissant qu'un joli sourire éclairer mon visage rassurant. Sa réponse est mignonne et pleine d'une maturité à laquelle je ne m'attendais pas. Quand j'étais petite je gardais souvent mon dessert pour « plus tard », pas parce que je ne voulais pas mourir de faim sur une ile déserte, mais parce que nous n'avions pas beaucoup « d'extras » alimentaires alors je réservais les choses que j'aimais pour les moments où j'en aurais besoin.

Heureusement que mon rire ne franchit pas la barrière de mes lèvres car ses yeux se remplissent de larmes, ce qui me fait frémir. Une petite fille en pleurs ça devrait pas être compliqué à gérer, elle a l'air courageuse en plus. Je préfère faire semblant de ne pas voir ces larmes pour ne pas l'affoler, si ça continue je ferai quelque chose mais pour l'instant... les larmes sont passagères, j'espère. Sinon dans un cas pareil ce ne serait pas étonnant. « Mais je peux vous les donner parce que vous avez un bébé dans votre ventre et il faut qu’il mange. Et vous vous appelez comment ? » J'ai mis le doigt sur la raison pour laquelle elle ne voulait pas manger ses barres de céréales, maintenant il faut la convaincre de les manger. « C'est très gentil de ta part Lily. En fait, il a beaucoup mangé ce matin en fait. Alors il peut attendre un peu tu sais, mais toi tu as faim tout de suite. Mange un peu, d'accord ? Si tu n'es pas en forme on ne pourra pas aider les filles à construire l'abri, ce serait vraiment dommage. Je suis sure que tu as plein d'idées pour le construire, c'est comme si on fabriquait une cabane géante. » Je fais le geste avec la main pour montrer un truc vraiment énorme, lui donner une idée de la dimension de ladite cabane. J'attrape une barre qu'elle me tend, remets les autres dans son sac puis lui donne celle que j'avais piochée. « Prends ça ma belle, prends là. Les autres vont revenir avec des fruits et ce qu'il faut pour manger, mais si j'ai faim d'ici là, ou mon bébé, je te promets d'en manger une aussi. On est d'accord ? » Mon poing serré s'avance vers elle afin qu'elle le frappe de sa toute petite main. Une fille... j'aimerais tellement qu'à l'échographie son sexe soit révélé. Une fille ce serait génial, si c'est un p'tit gars nous l'aimerons autant, du moment qu'il est en bonne santé. « Moi c'est Hope, et mon amoureux s'appelle Liam sauf qu'il a du rester à Brisbane pour travailler. Il soigne des gens, lui aussi. »

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Heureusement que Jameson a retrouvé sa raison car la voir d'accord peut faire basculer le reste du groupe en notre faveur. Et comme elle le souligne, nous n'avons pas vraiment le choix. Le groupe marche lentement mais sûrement vers la destination qu'indiquent les aborigènes, plus au nord de l’île. Leur camp doit être situé là-bas et si j'ai bien observé les cartes avant d'embarquer nous ne devrions pas mettre plus d'une quinzaine de minutes pour nous y rendre. L’île n'est pas si grande que ça.

Les équipes de deux se forment toute seule, généralement avec le voisin d'à coté, ou par affinité. Je décide de prendre la tête du groupe et vérifie que ceux qui sont les derniers du groupe sont à peu près capables de se défendre. Traduction : que ce n'est pas ce Jonathan qui s'y trouve. La trentenaire aux cheveux noirs que j'associe désormais au doux prénom de Jameson se place à mes cotés. Je suis heureux que ce soit elle et pas un autre, cette femme m'a l'air d’être une dure à cuire. Au fond peut-être ne l'est-elle pas, elle a quand même gardé son couteau pour savoir se défendre alors que le mieux était de le lâcher, mais ce n'est pas si important. Sa force de caractère m'épate. En revanche ça ne contribue pas vraiment à équilibrer les groupes, je crois que je ferais mieux d'aller aider Jonathan même si ça me paraît être du masochisme pur et simple. « Merci. » Je lui chuchote pour son aide, de sorte que les autres ne l'entendent pas.

  « T’as des notions de self défense ? » Un large sourire naît sur mes lèvres alors que je lui réponds de manière énigmatique. « On peut dire ça, ouais. » Tu parles de notions... j'ai même enseigné le self-defense a des nanas qui avaient été tabassées ou juste des gens – y compris des hommes – qui voulaient avoir quelques pistes sur les comportements à adopter en cas d'attaque. Pourtant je ne veux pas trop m'imposer, nous avons tous notre importance et je ne vaux pas plus qu'un autre juste parce que je sais clairement me débrouiller en terrain hostile. « J'ai fait partie des navy SEALs aux États-Unis pendant un moment, tu connais cette branche de l'armée ? » Je demande par politesse, avant d'expliquer. « On dois savoir survivre dans n'importe quel environnement hostile : mer, terre, air, … on nous confie les pires missions. J'adorais ça, jusqu'à ce que je sois pris en otage et que ça tourne mal. Ca me manque parfois. Maintenant je suis inspecteur à Brisbane. » Mes muscles se crispent involontairement à l'évocation de ces souvenirs douloureux – c'est le moins que l'on puisse dire. « Et toi ? T'as l'air calée aussi en survie. »

Nous arrivons au village où des dizaines d'individus nous détaillent des pieds à la tête. Si j'avais été seul je serais allé vers eux, j'aurais posé quelques questions et leur aurait montré ma bonne foi. Toutefois je ne suis pas tout seul, c'est toute la différence. " Qu'est-ce que tu penses qu'on doit faire ? Si ça se trouve, ils vont nous faire fumer le calumet de la paix." dis-je en riant légèrement.

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Lorsque Soren annonça à Taylor qu’il était professeur à Brisbane, à l’université, cela sembla l’étonner au tout début, mais rapidement, comme si cette idée avait déjà fait son chemin dans la tête dans la jeune femme, comme si c’était déjà devenu normal. « Ah je comprends mieux maintenant les fameuses connaissances en plantes. C'est marrant j'aurais jamais parié que tu étais professeur. C'est drôle, je trouve. » Soren eut un léger rire, rapide. Ce n’était pas la première personne à lui dire qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit professeur. A vrai dire, cela étonnait toujours beaucoup de monde. A croire qu’il n’avait pas la tête de l’emploi. Et pourtant, il s’y plaisait énormément, peut-être même plus que dans n’importe quel autre domaine. « Drôle ? Je n’aurai pas été jusque là tout de même. » Ils arrivèrent alors à un embranchement, Soren laissa la jeune femme décider de quel côté ils devaient aller. « Disons, gauche. » « Allons y alors, capitaine. » Ils prirent le chemin de gauche, et comme Taylor ne semblait pas apprécier plus que ça les silences, Soren reprit rapidement la parole. Après tout, il croisait beaucoup de monde dans une journée, mais certains visages arrivaient à rester plus ou moins ancrés dans son esprit. Celui de Taylor en faisait partie - il ne savait pas pourquoi, peut-être lui rappelait-elle Cleo au même âge. « C'est exact. Je suis étudiante. Rien à voir avec la biologie par contre. Je suis en histoire de l'art. J'aimerais travailler dans un musée ou dans la conservation du patrimoine australien. Même Brisbane regorge de belles choses artistiques. Je ne l'aurais jamais pensé en devant étudier dans une si petite université et une si petite ville. » Soren leva alors les yeux au ciel. Il trouvait étrange cette remarque un peu cynique. « Je ne sais pas d’où tu avais entendu parler de Brisbane avant de t’y installer, mais ce n’est pas une petite ville. Et l’Université n’est pas petite non plus. Une fois qu’on apprend à connaître ce que ces deux lieux ont à offrir, on ne les trouve lus aussi petit que ça. » Lui qui avait vécu toute sa vie à Brisbane parlait en connaissance de cause. Il avait connu d’autres villes pour les vacances, d’autres lieux qui auraient pu lui donner envie de partir d’ici et de découvrir d’autres choses, et pourtant il était toujours revenu chez lui, parce-que cette ville avait toujours quelque-chose de nouveau à offrir, même après des années d’exploration. « Si t’es en histoire de l’art, tu dois connaître le professeur Hunter alors ? Il n’arrive pas à lâcher ce cursus même après de nombreuses années de bons et loyaux services… » Soren fut coupé dans son élan par un étrange bruit venant de non loin d’eux, à quelques mètres, dans les hautes herbes. S’il avait quelques années de mois, il aurait pu penser que c’était un Pokémon qui était prêt à les attaquer - mais il n’était plus cet enfant là depuis bien longtemps. Instinctivement, même s’il était peut-être le plus froussard des deux, il vint se mettre devant Taylor, comme pour la protéger. « Tu as entendu ça aussi ou c’est uniquement moi ? »

La remarque de Taylor fit rapidement rire Soren. Au moins, aura t-elle réussi à apaiser un peu l'ambiance entre les deux individus. « Drôle ? Je n'aurais pas été jusque là tout de même. » Après réflexion, cela était vrai qu'il n'y avait pas grand chose de drôle là dedans. Taylor lui répondit alors calmement pour sa défense. « Oui bon c'est vrai, j'ai tendance à accentuer les choses. Mais j'insiste  tu n'as pas la tête du gars qui s'y connaît en plantes et qui donne des cours après je sais que ce n'est que d'apparences.» En fait, Taylor s'en voulait d'avoir juger Soren de la sorte. Du coup, elle préféra vite changer de sujet, elle ne voulait pas que celui-ci pense que Taylor était le genre de filles à avoir des préjugés avant même de connaître la personne, ce qui n'était pas son cas, loin de là. Arrivée à l'embranchement, ils partirent vers la gauche après décision de Taylor. « Allons-y  alors, capitaine. » lui dit-il alors après s'être prononcée. Elle sourit légèrement. L'ambiance commençait à devenir plus posée pour la plus grande joie de Taylor. Rapidement, la discussion revint de nouveau. Soren la questionna sur ce qu'elle faisait. Taylor fit une remarque sur Brisbane qui n'avait pas l'air de plaire à Soren. Sa voix changeait de ton et son visage d'expression. Elle ne voulait en aucun cas attaquer ou rabaisser la ville de Brisbane, elle s'en voulait d'avoir fait une remarque de la sorte et d'avoir utilisé le qualificatif de petit. « Je ne sais pas où tu avais entendu parler de Brisbane avant de t'y installer, mais ce n'est pas une petite ville. Et l'université n'est pas petite non plus. Une fois qu'on apprend à connaître ce que ces deux lieux  ont à offrir, on ne les trouve plus aussi petit que ça. » Elle laissa un petit silence s'installer. Quelle cruche elle faisait... « Pour parler ainsi tu dois être originaire de Brisbane je me trompe ? » Elle le laissa répondre puis reprit. « Sinon, pour répondre à ta question je viens du Texas, et j'étais à l'université de Berkeley si je suis venue ici c'est en partie pour retrouver ma sœur. Voilà comment j'ai découvert cette merveilleuse ville. Parce que ne crois pas que je la dénigre, loin de là. » Elle ne voulait surtout pas froisser Soren, il allait passer un moment ensemble et elle voulait que cela se fasse dans la bonne humeur. Après de vagues excuses de la part de Taylor, Soren parla de l'université. « Si t'es en histoire de l'art, tu dois connaître le professeur Hunter alors ? Il n'arrive pas à lâcher ce cursus même après de nombreuses années de bons et loyaux services.... » Elle se remémora rapidement ce fameux professeur qui avait l'âge d'être à la retraite. « Oui, c'est un de mes professeurs préférés, il est tellement passionné que ces cours passent à une vitesse grand V. Il est génial... » Tout deux s'arrêtèrent, un bruit venu de quelque part. « Tu as entendu ça aussi ou c'est uniquement moi ? » Soren était devant Taylor, comme pour la protéger. Elle fit oui de la tête avant de se rendre compte qu'il ne la regardait pas, trop occupé à regarder autour de lui. Taylor voulu lui répondre mais vu un homme caché derrière un arbre. « Euh...Soren....Je crois qu'il y a un homme là-bas, derrière l'arbre. » Ce dernier sorti. Il était tatoué de partout. Taylor pensa alors à un homme faisant parti d'une tribu, elle savait qu'il y en avait beaucoup en Australie et cela ne l'étonnait pas plus que ça de tomber sur une d'elles sur cette île perdue.