Kyeran et lui arrivèrent rapidement au niveau de la clairière dont Kyle leur avait parlé. Soren avait cette impression de déjà-vu à être déjà venu ici plus tôt dans la journée. Si tout à l’heure, la clairière lui semblait être un havre de paix, là elle ressemblait plutôt à un village fantôme. Une espèce de brume couvrait le sol, et ça faisait vraiment froid dans le dos. Soren regarda Kyeran et Kyle et rapidement, alors que son ancien élève exprimait déjà son plan. « Je propose qu’on attende quelques minutes pour voir si Jameson nous rejoint, et si ce n’est pas le cas, faudra partir à se recherche. » Soren approuva d’un mouvement de tête, et les minutes qui passèrent ensuite furent très longues. Aucun mouvement dans les sous bois, aucune voix, rien. Aucune signe de Jameson. Soren ne resta pas très longtemps en place. « Je prends la partie de droite, toi celle de gauche, on tente de revenir dans la demi-heure. Si on peut trouver des personnes manquantes aussi… » Soren secoua la tête. Malgré le fait qu’il était inquiet pour toutes ces personnes disparues, le fait que la bête ait couru derrière Jameson et qu’elle ne soit pas revenue l’inquiétait davantage. Kyeran lui fit signe qu’il était d’accord et ils partirent chacun de leur côté. Soren marcha bien une bonne dizaine de minutes dans les hautes herbes, et pourtant, il ne semblait rien trouver pour le moment de son côté. C’était vraiment une journée de merde, et ils n’avaient même pas eu la nuit de repos.

Soren avait l’impression que ça faisait des lustres qu’il courrait comme un idiot dans la forêt pour tenter de retrouver Jameson. Ses poumons n’en pouvaient plus d’être autant utilisés en l’espace de quelques heures, lui disant d’arrêter. Mais il ne pouvait pas se le permettre, alors il réfléchissait aux endroits où la jeune femme aurait pu se réfugier en attendant. Mais avec la fatigue et la lassitude accumulée, Soren avait du mal à réfléchir. Au bout d’un moment, à force de se prendre des ronces contre le jeans, il dut se rendre à l’évidence et faire une pause dans sa course. Il engueulerait ses poumons plus tard - ou il s’engueulerait lui même d’ailleurs puisque c’était lui qui leur infligeant ça. En tous cas, qu’importe ce qu’il pouvait se trouver autour de lui, il se dit que le meilleure moyen qui lui restait encore pour savoir où était Jameson c’était de l’appeler. Alors, prenant autant d’air que ses poumons pouvaient en contenir, il se prépara à rugir comme un lion. « JAMESOOOOOOOOOOOOOOON ! » En espérant que ça fonctionne et qu’elle ne soit pas trop loin. Il reprit ensuite son chemin vers l’est en marchant, les arbres se faisant de plus en plus parsemés. Soren fronça les sourcils, et comprit mieux pourquoi c’était le cas lorsqu’il tomba au pied de la falaise. « Merde. » Pendant un instant, son coeur s’accéléra. Et si elle était tombée au fond en courant sans regarder devant elle ? Et si… Il secoua la tête, commençant à scruter les alentours de la falaise. Mais dans le noir avec seulement une lampe frontale, ce n’était pas pratique. Surtout que le noir c’était le talon d’Achille de Soren: il ne voyait presque plus aucune nuance autour de lui.

« Ouai, merde. » Soren sursauta et fut à deux doigts de tomber dans le ravin à son tour. Il dirigea son regard vers la voix qu’il avait entendu, pour que la lumière suive le mouvement de sa tête. « Mais évite de crier comme tout à l’heure parce que sinon tu vas rameuter toutes les bêtes sauvages du coin… Et Soren ? Est-ce que tu peux attraper ça et l’accrocher à un arbre s’il te plait ? » Soren n’en revenait pas. Jameson se trouvait là, à peine quelques mètres en dessous de lui, perchée sur le seul rebord qu’offrait cette falaise de plusieurs mètres de haut. « Mais borde, qu’est ce que tu fous là ? Tu vas tomber, remontes oui ! Comment tu t’es foutue là ?! » Soren n’en revenait pas, elle devait être folle. Il lui semblait qu’elle avait réussi à trouver le coin le plus dangereux pour se réfugier, plus dangereux que la bête elle même. Secouant la tête pour se concentrer sur ce qu’elle venait de lui dire, Soren se rappela ce que Jameson venait de lui dire. Attraper ça. D’accord, mais attraper quoi ? Il prend la lampe de secours qu’il avait dans la poche de son manteau pour se faire plus de lumière, et il vit avec défaire une espèce de corde et lui lancer dans sa direction. Il l’attrapa d’une main - merci le volley pour les réflexe, et tourna la tête pour voir l’arbre le plus proche derrière lui. « Tu sais faire un nœud solide, hein ? » « Oui oui, c’est pas le soucis… Jameson, t’es tombée au seul endroit où les arbres les plus proches sont plus loin que la longueur de ta corde. » Il espérait qu’elle n’avait pas commencé à escalader et se rapprocha du bord, pour la voir quand il lui parlait. « Tu sais pas remonter sans corde ? »

« L’animal qui nous suivait était juste sur mes talons, j’en pouvais plus, j’ai pas réfléchi, j’ai sauté. » Soren leva les yeux au ciel. Elle ne pouvait pas le voir d’où elle était, mais s’ils avaient eu le temps, il lui aurait fait comprendre que sauter dans le vide n’était jamais, jamais une bonne idée. A moins qu’on soit suicidaire, mais ce n’était pas le cas connu de Jameson. Soren lui expliqua ensuite qu’il n’avait pas de quoi accrocher sa corde, ce qui l’embêtait lui-même grandement parce-qu’il aurait bien aimé être sûr qu’elle ne finisse pas sa chute jusqu’au fond du trou. « Merde. » « Ouais, merde. » Oui, il faisait le perroquet en répétant ses propres paroles, qu’elle avait prononcé quelques moments plus tôt. Même quand leurs vies étaient en danger, il ne pouvait s’empêcher de jouer sur les mots. « Si, mais disons que ça m’aurait rassuré de savoir que si je me plante, j’ai au moins une corde qui m’empêchera une chute de cent mètres. Tu peux braquer ta lampe sur la roche s’il te plait ? J’ai perdu la mienne. » « A vos ordres m’dame. J’vais continuer de tenir la corde, si ça peut te rassurer pendant ta remontée. T’auras qu’à choper ma main en arrivant en haut. » Soren s’allongea alors à même le bord de la falaise, tête presque au dessus du trou, braquant sa lampe sur Jameson, ayant enroulé la corde autour de son bras. Les cinq minutes qui s’écoulèrent ensuite furent très longues. Soren avait l’impression qu’elle avançait pas, et si elle n’avait pas été suspendue dans le vide, il lui aurait fait remarquer. Elle finit enfin par arriver en haut, Soren attrapa sa main. « Ah ! » Elle fronça ensuite les sourcils. « Où sont les autres ? » « Mais qu’est-ce qui t’a pris de saute dans le vide, bon Dieu ?! » Maintenant qu’elle était sur la terre ferme, il se le permettait. Il la regardait les mains posées sur la tête, secouant cette dernière comme s’il regardait une folle. « Et non, on a du se séparer pour te retrouver. Et faut qu’on y aille, ils doivent nous attendre, je suis parti depuis plus longtemps que prévu du coup. » Il tendit sa lampe de secours à Jameson - elle avait un réel problème pour réussir à ne pas perdre ses lampes, il fallait croire - et il lui fit un petit signe de la tête comme quoi il fallait qu’ils y aillent. Il reprit la parole sur le chemin. « On n’a trouvé aucune des personnes manquantes sur le chemin de la clairière. Je suppose que depuis le fond de ton trou, toi non plus ? »

« Il faut croire que c’était pas une si mauvaise idée au final. J’ai pas fini dans l’estomac d’un animal sauvage, et c’était ma première priorité. » Soren leva une fois de plus les yeux au ciel. Il ne comprenait toujours pas la logique de cette action. Entre devoir courir pour éviter la bête ou devoir sauter dans le vide, il n’hésitait pas deux secondes et prenait ses jambes à son coup autant de temps qu’il le fallait. Mais apparement, la vie n’avait pas le même sens pour lui que pour Jameson. Ils avancèrent donc, suite à cet échange, en silence et ce fut avec une rhétorique que Soren le brisa. Apparemment, Jameson n’était pas d’humeur à faire de l’humour car elle retint à peine son rire ironique. « Si si, il y avait une jeune femme sur l’arbre d’à côté, on a discuté longuement. » Soren stoppa sa progression pour toiser Jameson du regard. « C’était une blague, Jaimie. » Apparemment, il ne prenait même plus le second degré maintenant, le reste de la nuit risquait d’être long. Jameson parla ensuite d’une voix plus sérieuse mais sa phrase fit lever quand même les yeux au ciel à Soren. Il arrivèrent après un petit temps de marche - Soren avait du se perdre en courant sur le chemin aller car ils mirent moins de temps - au niveau de la clairière, là où les trois hommes s’étaient séparés. « Vous aviez prévu de vous retrouver ici ? » « Selon le plan, oui. Mais comme aucun plan n’est apparement foutu de fonctionner aujourd’hui… » Soren soupira, se frottant le visage des mains. Il fallait qu’il se calme ou alors il allait finir par étrangler quelqu’un. « Hors de question de les appeler de vive voix je parie ? » Il se mit alors à scruter les alentours, mais pas pour longtemps c’était peine perdue: il ne voyait absolument rien, entre la nuit, le brouillard et ses yeux génétiquement modifiés. « Tu vois quelque-chose ou quelqu’un toi ? » Il se mit alors à parcourir la clairière en sa lisière, regardant dans la forêt.

« Ce serait mieux d’éviter, oui. A moins que t’ai encore envie d’essayer de battre un tigre au cent mètres. » « Franchement ? Pas vraiment non. J’ai eu mon quota de course pour aujourd’hui je crois. » Les mains sur les hanches, il attendait de voir si Jameson, justement, voyait quelque-chose. « Absolument rien » Soren soupira en coeur avec Jameson et murmura tout bas un on est mal partis encore. A force, il était à court d’idées sur ce qu’il fallait faire. A un moment, ils devaient se serrer les coudes pour avancer dans la forêt et l’instant d’après ils en étaient aux quatre coins. Soren avait l’impression de se croire dans un film avec des blagues à deux balles. Jameson partit d’ailleurs faire le tour de la forêt et Soren la laissa faire. Parce-que de son côté, il ne savait pas que faire d’autre à part l’attendre. Elle finit par revenir vers lui. « Bon, clairement nous n’avons pas beaucoup de choix. Soit on les attend en espérant qu’ils finissent par se pointer. Soit on leur laisser un message, au cas où, et on continue l’expédition en espérant retrouver les autres survivants, et peut être aussi Kyeran et Kyle. Qu’est-ce que tu en dis ? » Soren croisa les bras sur son torse, réfléchissant à la proposition de Jameson. C’était tentant de rester ici à faire la sieste - en dormant que d’un oeil pour éviter les bêtes sauvages - et attendre le retour des Kyky’s. Mais ce n’était pas la décision moralement bonne à prendre, Soren le savait. Il soupira, tournant le regard vers la jeune femme. « Allons-y, on a rien à perdre - du moment que tu sautes pas dans le premier trou venu. On va partir vers la gauche, c’est par là que sont partis Kyeran et son amoureux dénudé. » Ils finirent par se mettre en route. Dans les sous-bois, le temps s’était très nettement rafraichi et la veste mouillée que Soren portait n’arrangeait rien. Ce qui le fit râler dans sa moustache - invisible -, une fois de plus. « Vivement qu’on sorte de cette île maudite. » Il continuait de balayer de sa lampe frontale les alentours, à la recherche du moindre mouvement qui ne serait pas d’origine sauvage - animaux et aborigènes compris.

« Ne m’en parle pas. » Jameson était donc d’accord sur le fait qu’il fallait qu’ils sortent de cette île rapidement. Soren avait l’impression qu’elle était en train de le rendre fou, comme quand vous être claustrophobes et que vous restez trop longtemps dans l’ascenseur, que votre coeur s’accélère sans raison et que vous commencez à entendre des voix sans raisons ? C’était un peu la même chose ici. C’était oppressant. Soren avait aussi qu’une hâte de rentrer pour pouvoir revoir Cleo, Cami, les serrer dans ses bras de nouveau. De pouvoir les rassurer, leur dire qu’il allait bien et que non, il n’était pas mort dans le naufrage du bateau. En y réfléchissant déplus près, le naufrage du bateau au final, ça avait été l’épreuve la plus facile du jour. Ce n’était pas comme après il avait failli mourir assumé par un aborigène, essoufflé, coincé sous un bloc de métal dans l’eau, écorché par une fenêtre d’issu de secours, tomber d’une falaise… Non, tout était normal dans cette journée, Soren ne comprenait plus pourquoi il voulait rentrer chez lui franchement. Et d’un seul coup, il se prit le bras de Jameson en plein dans le ventre. Pour quelle raison cette nouvelle violence ? Il n’en savait rien. « Nous ne sommes pas seuls. » Jameson s’était remise à murmurer, ce qui voulait dire que c’était soit quelque-chose de grave, soit qu’elle avait peur. Soren soupira alors légèrement, murmurant à son tour. « Toi aussi tu les entends les voix ? »

La tête appuyée sur un rondin de bois, je me réveille avec un goût pateux dans la bouche. Bon sang, je ne me suis même pas rendu compte de m'etre endormi... ça devait etre pas beau à voir. Un début de migraine me vrille les tympans mais je n'y prends pas garde. D'un coup d'oeil je cherche Jameson et Kyeran, mes compères du jour. Ils ne sont nulle part en vue. Callie m'indique cependant qu'ils sont partis et la direction qu'ils ont pris... il y avait un corps dans le bateau... ça me hérisse le poil, toutefois je ne veux pas me laisser gagner par la panique. « J'y vais. » dis-je au reste du groupe.

La nuit est tombée, ainsi je ne me réfère qu'aux bruits, senteurs et aux quelques pas que je peux voir dans la terre humide. Ca ne me plait pas beaucoup d'etre aveugle. Tout pourrait arriver, ans que je ne m'en rende compte tout de suite. Je parviens à rester à l'affut du moindre bruit, c'est ainsi que j'entends des chuchotements au loin. Je suis les bruits de voix ainsi que la source lumineuse qui proviennent du meme endroit. Tiens, c'est bien la voix de Jameson que j'entends... avec celle d'un homme. Est-ce que je dérange quelque chose ? J'espère ne pas les découvrir en train de se bécotter contre un tronc d'arbre, je suis venu aider, pas faire le surveillant d'ados. Et puis Jameson ne semblait pas etre en couple, je me trompe sûrement quant à leurs activités nocturnes.

Eux aussi ont entendu quelqu'un approcher, sans doute leurs sens affûtés leur ont communiqué le danger. Quoi que je n'en représente pas un, pas pour eux du moins. « Ouais, vous avez raison. Vous n'etes pas seuls. » je dis en arrivant. « Bon, quelqu'un aurait l'amabilité de me dire ce qu'il se passe ou je dois deviner ? » Ce n'est que maintenant que je remarque le couteau qu'ils tiennent. Je pouffe de rire devant la naiveté du geste. Dans un combat de corps à corps pourquoi pas... mais ils n'auraient que peu de chances. " Je peux me charger du couteau pour dézinguer quiconque s'approche de nous, essayer de ne pas entailler mes bijoux de famille avec ce truc là sinon je vous en voudrais à mort. " Je leur prends délicatement le couteau, m'attendant à quelques protestations malgré tout...