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 joamie + from a life to another

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyJeu 23 Fév 2017 - 15:16

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

"Votre Majesté." Giuseppe s'était permis d'entrer dans ses appartements, l'air grave, même avec quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. La jeune femme s'était accordée un temps seul. Mais depuis le départ de Celso, elle faisait de son mieux pour montrer sa présence. Elle était présente à quasiment tous les banquets, donnait son avis sur quelques affaires de Naples qui devaient être réglés. Elle avait même appris à apprécier travailler avec le conseiller fidèle à Celso, il était devenu un ami. Grace posait son livre sur la table et regarda l'homme. Quelque chose n'allait pas, et, étrangement, elle savait de quoi il s'agissait. Mais elle ne voulait pas le croire. "Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle doucement, malgré sa gorge serrée. Le pauvre était en bien mauvaise posture, il n'aimait pas être un corbeau annonciateur de mauvaises nouvelles. "Sa Majesté... a été arrêté, et emprisonné." Il baissa la tête, ne pouvant supporter de voir le regard subitement bien triste et angoissée. Une main se posa sur son coeur et elle se retenait de ne pas s'effondrer devant son conseiller. "Les Sforza l'ont trahi." Grace ne leur avait jamais fait confiance, Celso était si sûr de lui et de ses démarches. Ses yeux se bordèrent de larmes sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Secouée, elle resta silencieuse pendant de longues minutes. "Que... Que pouvons-nous faire ? Que pouvons-nous faire pour l'aider ?" Giuseppe soupira. "Le mieux que nous pouvons faire est de continuer à s'occuper des affaires ici, votre Majesté. Je pense que ce serait ce qu'il aurait voulu." Elle déglutit difficilement sa salive. "Vous avez raison." admit-elle. "Mais il faut que j'aille à Rome." "Votre Majesté, pas dans votre condition. Vous n'êtes plus si loin du terme, pour les médecins. Ne courrez pas ce risque à votre enfant." Qu'est-ce qui peut leur arriver ? A mes enfants ?" s'alarma-t-elle alors, pensant alors à leur futur. "Francesco, vont-ils lui faire quelque chose ?" Grace connaissait la réponse, mais elle refusait de le croire. "Votre Majesté... Il n'est pas impossible que... L'on cherche à éradiquer une lignée, mais le jeune prince reste le filleul de l'Empereur." Tant de pensées bouleversaient la reine, tout ceci pourrait la rendre folle. Sans en dire davantage, la jeune femme se dirigea dans la pièce dans laquelle Giulia gardait Francesco. Elle avait grand besoin de l'enlacer. La nourrice devina aisément ce qu'il s'était passé dès qu'elle échangea un regard avec elle. Grace incita ensuite son fils à rejoindre ses cousins pour qu'elle puisse discuter avec son amie. "As-tu déjà aidé une femme à mettre au monde un enfant ?" demanda-t-elle alors. "Oui, quelques fois, mais cela remonte à bien longtemps. Je n'ai pas l'expérience d'une..." "Je veux que ce soit toi qui m'aide à mettre au monde mon enfant." Grace la suppliait du regard. "Si tu veux, bien sûr que je le ferai..." dit Giulia, en voyant les yeux plein de larmes. "Et... J'aurais une faveur à te demander. J'en ai deux, à vrai dire." "Tout ce que tu voudras." Grace baissait la tête. "Il est emprisonné. Il va être jugé, mais je sais que..." Elle plaça une main devant sa bouche avant de s'effondrer totalement. Giulia la prit dans ses bras, et caressa ses cheveux dans le but de la consoler alors qu'elle devait elle-même contenir son propre chagrin.

C'était vêtue de noir que Grace refit son apparition après quelques jours d'absence totale. Le visage pâle, ferme, le regard incroyablement triste. L'on avait annoncé à l'ensemble du peuple que l'enfant que leur reine avait mis en monde, avec bien moins de mal que ce ne fut le cas avec Francesco, ne put vivre qu'une poignée de jours. C'était une petite fille, que Grace avait nommé Lucia, et elle s'était éteinte durant son sommeil. La peine était partagée, et on la gardait pour Naples pour le moment. Tout le peuple de Naples était présent pour le cortège des funérails. Ils avaient un grand respect pour Grace, et pour cette petite qui ne put jamais profiter de la vie. Le monde continuait de tourner. Giulia avait demandé de prendre un congé, ayant également beaucoup souffert à la perte de l'enfant. Elle proposa d'emmener Francesco avec elle, alors que Grace devait se rendre à Rome. Mais Grace déclina cette proposition, tenant à être avec son fils. Ses suivantes pourront s'occuper de lui, elle leur faisait confiance. Bien chargée Giulia s'en alla alors pour quelques semaines à Florence. Elle aurait également apprécié que Giuseppe puisse venir avec elle, mais il devait continuer de tout diriger à Naples. Mais il lui avait conseillé d'emmener avec elle un de ses collègues, et un homme qui avait fourni une aide précieuse à Grace. Il s'appelait Paolo. Un homme charmant entièrement dévoué à sa reine, un peu trop selon Andrea. Grace discutait beaucoup avec lui.

"Votre Majesté, je vous présente mes plus sincères condoléances pour la perte de votre enfant. Je n'ose imaginer ce que vous êtes en train de traverser, en tant que mère." dit platement l'Empereur, bien qu'il ne manquait pas de sincérité dans ses paroles. "Je vous remercie, votre Altesse." Grace ne portait plus de noir, mais la couleur de ses tenues était encore bien sombre. Quoiqu'elle portait une robe d'un vert assez foncé, avec des bijoux à la monture en or. L'on ne pouvait pas lui retirer sa beauté, aussi triste pouvait-elle être. "Surtout en ces circonstances." Pour ne pas mentionner l'emprisonnement et le jugement de Celso. "Et mon filleul a bien grandi également, regardez-vous !" s'enthousiasma-t-il. Francesco s'inclina poliment devant son parrain. Attendri, Charles Quint rit doucement. "Vous devez être épuisés par ce voyage. Nous vous avons préparé des appartements dans lesquels vous pourrez vous reposer. J'espère vous voir présente au banquet de ce soir." Invitée à un banquet alors que son époux était en train de pourrir en cellule. Grace marchait aux côtés de l'Empereur quelques minutes. "Puis-je le voir, votre Altesse ?" lui demanda-t-elle. "Je peux vous permettre bien des choses, mais pas de le voir, votre Majesté. J'espère que vous comprenez." Le sourire qu'il avait sur son visage était déroutant, tout comme la bienveillance qu'il avait pour elle. Certainement à cause du fait qu'elle venait de perdre son enfant. Ils discutèrent ensuite de tout, sauf de Celso, alors que c'était certainement pour ça qu'il l'avait convié. En chemin, Grace avait croisé Ippolita, qui avait bien trop exagéré sur le maquillage et le nombre de bijoux qu'elle portait. Du moins, c'était bien trop selon Grace. La Sforza avait la tête particulièrement haute, mais ce n'était certainement pas ça qui allait impressionner la belle petite blonde. Ippolita s'approcha d'elle. "Votre Majesté. J'ai entendu parlé de la disparition de votre fille. J'en suis désolée." Un sourire impassible apparut sur le visage de Grace. "Non, vous ne l'êtes pas." dit-elle avant de tourner ses talons et laisser en plan la Sforza, qui tomba des nus devant la répartie de sa rivale. Cette dernière fut bien heureuse d'avoir un moment dans les appartements qui lui avaient été préparés. Il fallait qu'elle se change pour la soirée. Mais elle n'avait que l'envie de voir Celso en tête. Il était si prêt et si loin à la fois. Elle espérait qu'il ressente au moins sa présence, qu'il sache qu'elle était là pour lui, et qu'elle l'aimait. Au moins qu'il sache qu'elle l'aimait.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyJeu 23 Fév 2017 - 17:41


☙ from one life to another


“Souper!” lance le gardien avant de distribuer les bols de bouillasse infâme qui servent de dîner le long du couloir rempli de prisonniers. De l'autre côté de ma porte, j'entends des remerciements être marmonnés. Comme s'il fallait être reconnaissait d'être empoissonné de la sorte afin de mourir à petit feu. Mon isoloir s'ouvre sur ce grand italien baraqué qui vient ouvrir la porte de ma cage et déposer un bol par terre comme on nourrit un animal de compagnie. J'approche et note la consistance inhabituelle du repas de ce soir. Comme pour m'assurer que je ne rêve pas, je la remue légèrement avec la cuillère. “Je rêve ou est-ce en effet de la vraie soupe ? Vous me servez déjà mon dernier repas ?” je demande avec un cynisme on dissimulé, et même un petit rire, pas peu content de pouvoir déguster quelque chose de mangeable pour la première fois en un mois, quelque soit l'occasion qui me fasse cet honneur. Le garde pouffe aussi. “Bon appétit Majesté.” dit-il en faisant une petite pirouette particulièrement caricaturale et disgracieuse. Non, définitivement, je ne suis plus roi de quoi que ce soit, et chaque minute de chaque heure tend à me le rappeler. Même ce nom que j'ai mis tant d'années à gagner ne m'est d'aucune utilité. Je pourrais aussi bien être un Rossi. Quoi qu'un Rossi n'aurait pas de soupe ce soir. “Ha-ha.” fais-je, l'air blasé -alors qu'une partie de moi le trouve bel et bien drôle. Il retourne superviser les autres prisonniers. Il n'y a pas grand-chose à superviser, nous sommes tous bien trop faibles pour causer le moindre trouble, et honnêtement, sachant tous pertinemment quelle fin nous attend, nous n'avons pas d'intérêt à perdre notre temps en vagues inutiles. La plupart passent leurs journées à prier. J'observe la soupe un moment. Lorsque l'on se sent aussi heureux et soulagé d'avoir ceci pour repas, c'est que la chute a été particulièrement haute et douloureuse. Elle n'est même pas mauvaise. Juste assez digeste pour être satisfaisante. Le bol est vide lorsque je reçois la visite de l'Empereur qui, lui, se met tout juste en route pour le banquet au palais. Il n'y a sûrement que pour lui faire fasse que je trouve l'énergie de me tenir sur mes deux jambes. “Votre femme est arrivée à Rome.” Il suffit de la mention de Grace pour que mon coeur s'emballe dans ma poitrine, mes mains tremblent. “Elle est ici ? Est-ce que je peux la voir ?” Son visage est impassible. Il est froid, distant. Plus question de faire semblant d'être amis ou rivaux amicaux. “Non, Celso. Je voulais vous dire qu'elle et votre fils seront bien traités.” Encore une fois mon coeur bondit. “Francesco est là aussi…? Et le bébé ?” Il reste silencieux. Ce n'est pas à lui de m'apprendre la nouvelle. Je n'y prête pas attention. “Je veux les voir.” Là encore je ne suis pas en mesure d'exiger quoi que ce soit, mais je n'ai rien à perdre à demander sans ajouter de la dentelle à mes paroles face à mon futur bourreau. “Pas avant le procès. Il débutera demain matin, nous entendrons les charges, puis vous pourrez parler le jour suivant. Le troisième, nous déciderons de votre sort.” Comme s'il n'était pas déjà scellé. “Dois-je supplier de les voir avant ?...” “Cela ne changerait rien.” “Pitié.” Il soupire. “Ne comprenez-vous pas que je refuse pour vous, Celso ? Voulez-vous qu’ils vous voient ainsi ?” D'un signe de tête, il désigne les chiffons qui me couvrent depuis que j'ai été dépouillé, ces cheveux devenus trop longs, cette barbe négligée, ce teint blafard, ces joues creuses. Une apparition qui pourrait faire peur à mon propre fils et écoeurer ma femme. “Vous serez lavé demain, habillé proprement, vous aurez une allure décente pour le procès. Épargnez-leur cette vision là. Vous ne les avez pas vus depuis des mois, tenez encore une journée.” Alors que l'Empereur me tourne le dos, mes jambes lâchent et me font retrouver le sol. Au moins elle est ici. Au moins je la verrai une dernière fois.

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyJeu 23 Fév 2017 - 18:46

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Jane brossait avec attention ses cheveux avant de les redresser en un nouveau chignon. Son amie restait reine après tout, il fallait qu'elle soit joliment coiffée pour être présentable pour le banquet. Elle avait troqué sa robe verte pour une robe d'un rouge profond, qui mettait en valeur sa peau blanche et ses yeux de saphir. Elle était songeuse, elle mourrait d'envie de voir Celso, qu'importe son état. Elle l'imaginait fatigué, dans des haillons, le teint pâle, de lourdes cernes sous ses yeux et pas la moindre lueur d'espoir dans son regard. Elle l'aurait tout de même aimé. Luisa veillait sur Francesco, mais celui-ci savait qu'il devait être sage comme une image. Maria lui enfila tout en délicatesse collier, bracelet, bague, bijoux et de tête et tiare. Comme une reine, en somme, bien que certains trouveraient toujours moyen de critiquer sa simplicité, comparé à l'allure de la Sforza. Francesco avait également enfilé ses plus beaux vêtements. Il avait demandé à voir sa mère. "Tiens, tu offriras ça à ton parrain." "Pourquoi ?" "Il est d'usage de remercier son hôte, quelles que soient les circonstances. Nous disposons d'appartements plus que décents, et un bon repas nous attend. Il faut aussi avoir montrer notre reconnaissance, tu sais." "Et qu'est-ce que c'est ?" "C'est un collier, fait par un bijoutier de Naples que j'aime beaucoup. Avec de beaux détails gravés dans l'or, et ornés de nombreuses pierres précieuses. Un collier digne d'un Empereur." lui expliqua-t-elle calmement. "Pourrons-nous voir papa, ce soir ?" "L'Empereur ne veut pas que nous le voyons pour le moment. J'espère qu'il sera clément et qu'il nous permettra de le voir bientôt." dit-elle avec un sourire triste. "J'ai peur, Maman." "Il ne faut pas avoir peur, mon trésor. Je suis là, et je serai toujours là pour toi. Nous avons l'un l'autre, n'est-ce pas ?" Cette fois-ci, son sourire se fit plus encourageant. Il enlaça sa mère. "Lady Grace, vous êtes attendue." dit Jane tout bas. Luisa restait auprès du petit, Maria et Jane suivait Grace jusqu'à la grande -l'immense- salle où se déroulait le banquet. La Cour était immense, noire de monde. Lorsque Grace fut présentée, elle fut accueillie par un grand silence. Quelques messes basses, des regards mauvais, mais la majorité des regards était triste. "Votre Majesté, venez donc vous asseoir à mes côtés." dit l'Empereur, afin de briser ce long silence. Il embrassa la main de Grace. "La reine Grace Borgia n'est pas une conspiratrice. C'est une reine qui croit en Dieu et qui lui est fidèle, contrairement au pays dont elle est l'origine. Elle est restée fidèle à l'Eglise catholique et a su se faire aimer du peuple nappolitain. C'est une mère qui vient de perdre un enfant, et pour cela, je prierai pour elle ce soir. Elle est la bienvenue dans cette Cour. Ne lui reprochez pas des faits alors qu'elle est innocente. Nous avons l'honneur de sa présence, comme celle de mon filleul, le prince Franccesco Borgia, et considérez les comme tels." Il aida ensuite Grace à s'asseoir avant de s'installer afin que les festivités puissent commencer, malgré toutes les circonstances. "Vous verrez votre époux demain." lui dit-elle tout bas. "Sera-t-il possible de le voir en privé, juste pour une poignée de minutes ?" "Je ne suis pas certain de pouvoir vous le permettre, Lady Grace. Comprenez-bien que ce ne soit pas raisonnable. Pensez-vous qu'il aurait permis Sforza à voir sa fille, lorsque votre époux l'avait faite emprisonner ?" Bien sûr que non. Il en était désolé mais il ne pouvait pas le permettre, bien qu'il se doutait que Grace ne pouvait pas faire grand chose pour le sauver. Grace baissa les yeux. Francesco offrit ensuite la cadeau à son parrain, mais tenait à dire que c'était de sa part et de celle de sa mère, sous le regard attendri de toute la Cour. Charles Quint fut touché et semblait apprécier ce présent. La soirée se poursuivait, l'Empereur l'avait même invité à danser un peu avec elle, afin de l'inclure davantage dans sa cour. La jeune femme se demandait pourquoi il se montrait si respectueux envers elle. Certes, son comportement restait exemplaire, mais cela n'était pas suffisant pour qu'un Empereur prenne autant soin d'une reine dont l'époux allait être jugé le lendemain. Puis il était temps de se coucher. L'Empereur l'avait informé du déroulé du jugement juste avant qu'elle ne retrouve ses appartements. Le lendemain, Grace avait la boule au ventre. Elle était prête depuis longtemps, n'ayant pas pu fermer l'oeil de la nuit. Silencieuse sur sa chaise, elle se sentait démunie, incapable de faire quoi que ce soit. Elle avait ordonné à ce que Luisa et Maria restent avec Francesco, pour s'occuper de lui. Elle tenait à ce que Jane reste à ses côtés. "Lady Grace, il est temps." dit-elle alors. L'heure du jugement. Grace avait tant prié depuis son arrivée. Que si on pouvait lui accorder encore une chose, c'était de passer quelques minutes juste avec Celso, lui parler une dernière fois. Peut-être même l'embrasser, et lui dire qu'ils se retrouveront, quoi qu'il advienne.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyJeu 23 Fév 2017 - 20:24


☙ from one life to another


Les bains sont si rares et mal vus. Pourtant, après des mois de guerre en vain et des semaines au cachot, l'eau chaude et le savon sont deux bénédictions. Je ne traîne pas trop pour me décrasser, mais j'avoue aimer la sensation du passage de l'eau sur ma peau et l'odeur de propre. On m'autorise à avoir cette barbe taillée et mes cheveux sont noués. On m'apporte des vêtements décents à mettre moi-même, sans assistance, comme si cela devrait me gêner. Les tissus de sont pas aussi nobles que ceux que j'ai portés depuis mon retour en Italie, mais cette qualité ne m'est pas étrangère non plus, alors je m'en accommode tout à fait. Je frôle même ma joue avec l'une des manches juste our sentir la douceur du coton sur ma peau. Autant dire que j'apprécie pleinement ce court retour à la civilisation. Ledit procès débute en début d'après-midi. De nombreux bancs et estrades ont été disposés en rond dans la salle afin d'accueillir autant de public que possible, pour ne pas dire toute la Cour de l'Empereur. D'un côté se trouvent six grands sièges à l'assise dorée sur lesquels sont assis six paires de fesses bénies. Le septième est leur représentant, celui qui parlera pour qu'eux n'aient pas à gaspiller leur sainte salive. Près d'eux, deux hommes sont installés face à de petits bureaux ; leur rôle est d'écrire chaque mot prononcé aujourd'hui pour les archives de l’Église. Il y a enfin l'Empereur. Et, non loin de lui, deux silhouettes que je reconnais immédiatement, deux présences qui complètent mon existence. « Grace... » On ne me laisse pas approcher et l'on me fait comprendre que je ne devrais pas prononcer un mot de plus. Notre fils est à côté d'elle, forcé d'assister à tout ceci. Je lui souris timidement. Maintenant il me regard encore avec l'affection d'un fils pour son père ; qu'en sera-t-il dans quelques heures ? Au milieu de la pièce se trouve ma place ; on m'assoit sur cette chaise qui a vu passer de nombreux condamnés. A vrai dire, être assis à cette place est la garantie d'une condamnation. La preuve qu'il n'existe pas d'issue. « Celso Borgia, vous êtes aujourd'hui devant cette congrégation pour répondre de vos actes. » Ces mots imposent un silence solennel dans la salle. « Votre trahison et votre tentative de renverser l'Empereur n'étant plus à prouver, la justice impériale vous juge coupable de chacun de vos méfaits au sein de cette vaste conspiration. » Nul besoin de procès à ce sujet. Je suis déjà mort pour cette raison. Ce n'est donc pas pour cela que je suis ici ; le comprenant, mon rythme cardiaque tambourine de panique. « La justice ecclésiastique, elle, vous juge aujourd'hui pour hérésie, apostasie, et satanisme. » La respiration coupée, la pièce e met à tourner soudainement, la nausée me pique le nez. L'enjeu n'est plus de savoir si je vais mourir, mais comment. Ce n'est plus de savoir si on m'enterrera comme un traître, ou si on me brûlera comme un démon. Il me suffit d'un rapide coup d'oeil sur l'ensemble de ma vie pour anticiper de quel côté penchera la balance. Face au désespoir, il existe de nombreux mécanismes de défense ; sur le moment, mon esprit, pour s'évader de cette fatalité, se coupe de la réalité. Il abandonne sur cette chaise mon corps vide de toute volonté, les sens en berne. Je ne suis plus là. Je suis loin au-dessus de tout ceci. Je suis dans le lit de Grace après la première fois que nous avons fait l'amour, je suis sur la plage de Squillace devant le lever du soleil, je suis en train de saisir dans mes grandes mains ce tout petit bébé qu'était Francesco. Mais je ne suis pas là. « Ces écrits étaient dans les affaires de sa Majesté. Il y est narré ses voyages en Europe, ses très nombreuses… conquêtes. Des femmes vierges, fiancées, parfois mariées. Des dizaines et des dizaines de rapports hors mariages, de l'encouragement à l'adultère. Des pages et des pages de dépravation que la congrégation a déjà lues. Nous avons ici aujourd'hui des témoins physiques du caractère diabolique, lubrique et malfaisant de cet homme. » On raconte fort théâtralement mon empoisonnement, les soit-disant témoins qui ont affirmé qu'une ombre s'était dressée dans la chambre un soir et s'était glissée dans le lit où je gisais. La preuve que le diable est de mon côté. Ippolita est, sans surprise, la première à prendre la parole devant les sages de l’Église. « Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais j'étais en son pouvoir, je ne pouvais rien faire et… Il m'a forcée à me rendre coupable du péché d’adultère avec lui. Il m'a fait empoisonner mon époux, son propre frère. Puis il m'a fait empoisonner mon second mari, et... » Elle pleure, se réfugie dans son mouchoir, me hurle dessus que je ne suis qu'un monstre, et je ne réagis pas. Toutes leurs voix sont si lointaines. Toutes leurs paroles n'ont pas de sens pour moi. Le prête de Bologne s'en suit. Il ne m'a jamais vu qu'un bon œil. « Sa Majesté priait-t-elle souvent ? » Non. J'évitais déjà les prières superflues, et j'avais peu de conviction dans celles auxquelles j'étais forcé de participer de part mon rang. Cela s'est remarqué. « Racontez-nous ce qu'il s'est passé le soir où sa Majesté est venu tard un soir dans votre chapelle. » Le soir où la croix est tombée, renversée. L'homme laisse planer le doute ; est-ce moi qui l'ait vandalisée, ou était-ce un signe de Dieu ? Alessandro est présent également. Il ment avec fierté à propos de mon enthousiasme prétendu à l'idée de participer à une orgie avec lui. Il n'hésite pas à ajouter que depuis toujours il sentait que quelque chose n'était pas normal chez moi. Ce n'est que lorsque le nom de la dernière personne à témoigner est annoncé que je me réveille, comme transpercé d'une flèche en plein coeur. Maria est devant moi, honteuse, mais déterminée. Sa piété va au-delà de son affection pour Grace. Sa fidélité au Seigneur surpasse celle envers nous. « Vous avez vu sa Majesté être tout particulièrement proche avec un autre homme, diriez-vous qu'ils semblaient… intimes ? » Elle acquiesce. La garce. Elle offre son interprétation sur un plateau, et sa vision des choses n'a pas changé avec le mariage de Jane et Andrea. Elle le répète ; pour elle il ne fait aucun doute que nous sommes amants, et même Grace l'a cru. « Qu'avez-vous vu ce soir-là ? » lui demande-t-on en référence à notre dernière nuit d'amour avec mon épouse. « Le roi et la reine, ayant des rapports sexuels en dehors de la conception, pendant que la reine était enceinte, et ils étaient complètements nus. » Sa voix se fragilise au fur et à mesure qu'elle poursuit sa phrase, mais elle arrive jusqu'au point final. Je ne sais si je plains cette idiote d'être autant aveuglée par un Dieu qui se fiche d'elle, ou si je souhaite la tuer de mes propres mains. C'est les épaules et le regard bas qu'elle retourne à sa place. « Avant de clore cette séance, j'aimerais soumettre sa Majesté à un test. Avant que vous ne songiez à nier le pacte avec le démon que vous avez scellé afin de renverser l’Église et l'Empire, nous allons montrer aux yeux de cette congrégation votre vraie nature. » Les yeux plissés, je scrute l'émissaire de l’Église qui sort de sa robe une fiole rempli, sans doute, d'eau bénite. L'assurance du prêtre me rend nerveux. Ma nervosité attire sur moi des regards et des murmures suspicieux. « Il est dit que vous vous tenez à distance des bénitiers... Voici pourquoi. » Par à-coups, il projette l'eau sur mon visage. Dès la première goutte, je sens ma peau attaquée, brûlée. « Qu'est-ce que... » Ce n'est pas de l'eau, c'est une machination, mais toutes les personnes ici sont bien trop crédules pour le voir, et ceux qui s'en doutent ne voudraient pas se priver du plaisir de voir l'ultime preuve de cette nature qu'on m'impute. Après le choc, la douleur se réveille, bien réelle, corrosive, insupportable. « Démon ! » me crache-t-on volontiers alors que de nouvelles gouttes frappent mon visage, le brûlant sous les acclamations de l'assemblée choquée par ces révélations incontestables. Je passe mes mains sur mon visage mais la douleur ne fait que se diffuser à mes doigts. Je hurle de douleur, mais personne n'est pris de pitié, au contraire. Me voir glisser à genoux par terre est à leur yeux une première punition. « Emmenez-le. » Le feu semblant dévorer mon visage m'empêche de penser, de savoir ce qu'il se passe ; on se saisit de moi et on me traîne jusqu'au cachot ; j'y suis jeté, de même qu'un seau d'eau froide sur ma tête afin que mes complaintes cessent. Puis, je ne saurais dire si je sombre de désespoir, d'épuisement, ou si je ne fais que demeurer en état de choc durant des heures, le regard fixant le néant.

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyJeu 23 Fév 2017 - 21:30

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Le premier point qui contrariait Grace était le fait que l'Empereur ait exigé la présence de son filleul au jugement de son père. Francesco était bien trop petit pour ce genre de choses, c'était certain. Charles Quint voulait certainement l'effrayer, lui montrer ce qu'il arrive lorsqu'on s'oppose à son souverain. Peu rassuré, le petit avait tout de même logé sa main dans celle de sa mère. Celle-ci avait l'impression que son coeur allait imploser en voyant Celso, qui n'était déjà que l'ombre de lui-même. Elle crut voir une lueur dans son regar vert lorsqu'il la vit. Elle espérait qu'il sache qu'elle l'aimait toujours, qu'importe son allure et ses joues bien creuses. Les meneurs de ce jugement ne passèrent que très succinctement sur la tentative de Celso de récupérer son trône. Le fait qu'ils ne s'attardent pas sur ce sujet inquiétait immédiatement Grace, qui avait réuni toutes ses forces pour garder un minimum de contenance face à cette scène qu'elle n'aurait jamais espérer voir un jour. On voyait que le bel homme avait également complètement décroché de la réalité. Toute cette supercherie était magnifiquement montée par bien d'acteurs, qui avait tout manigancé et qui avait su anticiper les moindres faits et geste du Borgia. Tout le monde y passait. La Sforza, les Médicis. Tous mentaient avec brio pour le faire couler davantage, devant le regard démuni de Grace, qui se sentait alors seule contre tous. Elle était la seule à se sentir ainsi impuissante et à ne pas vouloir d'une horrible mort pour lui. Le futur qu'on promettait à Celso se montrait particulièrement horrible. Une foule de scène de torture à laquelle Grace serait certainement obligée de voir. Et là, même ses prières ne suffiront plus, pas même toutes les paroles qu'elle avait pu lui glisser pour le rassurer. Le coup de grâce, c'était le témoignage de Maria. Jane et Luisa furent tout aussi choquées qu'elle de voir cette amie les trahir à ce point, allant de le sens de tous les témoignages et paroles précédents. La reine l'ignora complètement lorsque sa prétendue suivante retrouva sa place à ses côtés. Grace ne supportait plus sa présence. Le prêtre semblait bien déterminé à la population qu'il était un démon. Il projeta quelque chose sur son visage, qui lui brûla la peau. Grace savait que ce n'était pas de l'eau bénite. Pour le peu de fois où il était venu avec elle dans la chapelle, ou à l'église, elle l'avait vu trempé ses doigts dans le bénitier, et en mettre sur son visage en faisant le signe de la croix. L'on continuait à l'asperger de ce produit corrosif dès que la foule s'exclamait, hurlant au démon, à Satan. La petite blonde voyait son époux souffrir, et c'était ce qui la terrifiait le plus. Elle voyait au loin sa peau brûler sous le produit, il hurlait de douleur, tant et si bien que ça lui brisait le coeur. On ne tarda pas l'emmener aux cachots, sans que personne ne prenne soin de son visage meurtri par l'acide. L'un des prêtres s'approcha de Grace. "Votre Majesté, je comprends l'horreur que je peux lire sur votre visage. Mariée au démon, à cause d'un masque parfait, je n'ose imaginée votre souffrance." Ce n'était pas celui qui avait aspergé Celso d'acide. Bien qu'il se sentait réellement désolé, la jeune femme le trouvait particulièrement faux. La première question qui lui traversait l'esprit se portait sur l'avenir de Francesco. l'on allait vite l'appeler l'enfant du diable. Pourtant il avait été baptisé, et béni à maintes reprises depuis le premier jour de sa naissance. "Ce n'est pas possible. Je l'ai emmené quelques fois prier avec moi. Il ne s'est jamais rien passé, il..." Grace était dans un tel état de choc qu'elle ne parvenait pas à émettre le moindre argument. "C'est un esprit malin, il a réussi à duper bien des personnes, votre Majesté." dit le prêtre, qui ne cherchait qu'à la déculpabiliser un peu. L'Empereur s'approcha de Grace. "Puis-je me retirer, votre Altesse ?" demanda Grace. Il fit un signe de tête. "Bien sûr, allez vous reposer. Nous vous ferons parvenir un dîner si vous souhaitez vous isoler pour ce soir, tout ceci a du être éprouvant pour vous. De telles révélations..." La jeune femme était tout de même reconnaissante qu'il lui octroie un temps où elle pourrait s'isoler, mais elle se souvenait de ce que Celso lui avait dit : elle ne devait pas renfermer sur elle-même, cela serait un avant-goût de victoire pour quelques personnes ici présentes, Ippolita la première. Mais c'était un bien maigre droit comparé aux horreurs qu'il venait de faire vivre à Celso et celles qui lui étaient encore réservées pour les jours à venir. Arrivées devant ses appartements, Grace stoppa Maria. "Qu'est-ce que tu comptes faire ?" La pieuse savait ce qu'elle risquait en témoignant contre Celso. "Je... Je comptais ranger vos affaires, je..." "Ah oui, vraiment ? Tu penses vraiment que je vais ignorer ce que tu viens juste de faire ? Faire comme si de rien n'était ?" "Lady Grace, je ne voulais que..." "C'est votre Majesté." coupa-t-elle sèchement. "Votre Majesté, je... je voulais vous protéger de ce mal, je ne voulais pas qu'il s'en prenne à vous. Il vous a déjà tellement blessé, avec l'écrivain, je pense que..." "Eh bien, tu penses mal, petite sotte." Les traits de Grace se durcirent. "Je t'ai déjà accordé mon pardon plus d'une fois, et c'est ainsi que tu montres ta reconnaissance ? Qu'ai-je fait pour mériter pareille ingratitude ?" "Ce n'était pas mon attention, votre Altesse, je vous le jure. Mais c'est un démon, vous avez vu..." "Et toi tu l'as vu quelques fois utiliser l'eau du bénitier, ça ne l'a jamais brûlé pour autant. Tu me déçois, Maria. Tu peux oublier toutes les faveurs que je t'ai accordé." Elle resterait à ses services, mais devra vivre les regards méprisants de Luisa et Jane, qui se sentaient tout autant trahies que leur reine. Celle-ci fit quelques pas dans ses appartements, puis revit le visage souffrant de Celso, toutes ces personnes qui avaient manipulé derrière son dos. Grace s'était méfiée d'eux depuis le début. Enfin, elle lâchait prise et laissait tomber son propre masque pour s'effondrer. Incapable de tenir debout, elle se laissa tomber sur les genoux, la chute amortie par le soutien de Jane. "Lady Grace..." Démunie, la pauvre ne savait pas quoi faire pour soulager un tant soit peu son chagrin. Grace espérait tant que dans sa douleur, Celso parvienne à se souvenir de tout ce qui avait été dit. Qu'il se réfugie dans ces rêves et ces beaux souvenirs pour s'évader de la réalité. Qu'il use de ce qui lui rester de cette force pour pouvoir s'éloigner de tout ceci, et lui faire oublier sa douleur. Francesco, accompagné de Paolo, fit son apparition dans la pièce. Le petit se précipita sur sa mère pour l'enlacer. Il semblait avoir bien grandi, d'un coup. "Je suis là, Maman. Tu n'es pas seule." dit-il. "Ils ont fait du mal à papa, je ne les aime pas. Je les déteste tous." "Il faut que tu gardes ça pour toi, mon trésor. Tu te rappelles ce que je t'ai dit ? Que lorsqu'on te voit, personne ne doit savoir ce que tu as derrière la tête, même à travers tes yeux. Il faut... Il faut qu'on soit forts, d'accord ?" "Je ne les aime pas quand même. Je sais que papa est bon, que c'est un homme bien." "Et c'est le plus important. C'est tout ce qui compte pour lui. Que nous l'aimons tous les deux, quoi qu'il se passe. Nous sommes tous les deux détenteurs de la vérité, et je sais que c'est tout ce qu'il demande. Tu ne dois jamais l'oublier, mon trésor." Il était encore si jeune, il y avait de grandes chances que de nombreux souvenirs s'effacent avec le temps. Ce qu'il avait vu ce jour-là n'en faisait pas partie, ce sont des images qui marquent l'esprit. "Tu me le promets, de ne pas oublier ? Même si tu le gardes au plus profond de toi, et que tu ne veux en parler à personne, ça me va aussi." "Je te le promets, Maman." Grace l'enlaça, avant de se décider de finalement se présenter à la Cour. On plaignait Grace, d'être l'épouse du démon alors qu'elle était une fervente croyante. On la plaignait d'avoir vécu un enfer. Un tissu de mensonges s'était créé en l'espace de quelques heures. Pourtant, Charles Quint l'accueillit comme le soir précédent, à son juste titre. Encore une fois, il rappela le titre de Grace, sa grande piété et son comportement exemplaire. Encore une fois, il lui refusa de voir Celso - sous prétexte qu'elle ne se remettrait jamais ce visage qui n'était plus celui de son mari. Et encore une fois, Grace fut incapable de fermer l'oeil de la nuit, craignant tant la journée qui allait suivre celle-ci. Et encore une fois, Grace passait la quasi totalité de la nuit à prier. Elle ne souhaitait pas le meilleur pour Celso, mais le moins pire - elle ne pouvait as demander plus au vue de la situation. A vrai dire, tout ce qu'elle espérait pour lui, c'était qu'il meurt rapidement et que l'on arrête de le faire tant souffrir. Parce qu'elle souffrait tout autant à côté.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyVen 24 Fév 2017 - 9:12


☙ from one life to another


Les larmes sur mes joues sont littéralement du sel sur mes plaies. Et la douleur du corps ne fait que vivifier celle de l'âme, rendant impossible de retenir ce torrent qui quitte mes yeux. Il se déverse même dans mon sommeil. Mon corps tremble, crispé. Rien ne peut soulager cette sensation terrible. Ni mes ongles qui s'enfoncent dans mes paumes pour tenter de la contenir, ni les hurlements sourds pour l'extérioriser. La nuit passe comme un premier aperçu de la mort. Froide et obscure. Je garde longuement la face contre terre, incapable de bouger, malgré la volonté de me redresser. Je ne peux pas ramper jusqu'à la gamelle, mon intention de me mouvoir ne se traduit que par de vagues spasmes. Jusqu'à ce que mes bras parviennent à soutenir mon poids jusqu'à ce que je puisse m’adosser au mur de la cellule. Le monde est changé. Pas seulement métaphoriquement. À tâtons, je parcours mon visage, grimaçant. Ayant eu le réflexe de tourner le visage lorsque le prêtre a éclaboussé la solution acide dessus, seule la moitié gauche a été dévorée. Je devine, en couvrant mon oeil droit, que l'autre est devenu aveugle. Enfin, j’inspecte mes mains, boursouflées et à vif par endroits. « Appelez l'Empereur. » dis-je d'une voix brisée aux gardes présents. « Je veux le voir, appelez-le. » On tire mon bourreau de son sommeil un peu plus tôt. Il ne prend pas la peine de s'habiller pour venir me voir en n’enfile qu'une robe de chambre par dessus sa chemise de nuit. Il se presse néanmoins, personne ne comprend pourquoi. Il se présente quelques minutes plus tard, sans ciller face à son oeuvre, sans s’en montrer fier non plus. « Qu'est-ce que vous voulez de moi ? » je demande. Tout ce cirque n’est pas sans but. Il cherche à me briser d'une manière précise, il attend un résultat précis. Seul lui sait exactement lequel. « Confessez-vous. Avouez. » répond-t-il, les mêmes mots que la Sforza. Après le spectacle de la veille je n'ai guère besoin d'avouer pourtant, la preuve suffisante pour décider de mon sort est sur mon visage. Néanmoins cela semble important. « C'est un tissu de mensonges. » « Vraiment ? » Mon regard se baisse. Non, pas vraiment. Je suis l'hérétique qu'ils décrivent. Je ne crois plus en dieu. Et je n'ai rien pour réfuter les mensonges. Qui croirait ce visage? « Qu'allez vous faire de Grace et de mon fils ? » À ce point, c'est tout ce qui importe. Moi, mon sort ne fait aucun doute. « Sa majesté sera libre de retourner en Angleterre. Aucun mal ne lui sera fait. Elle est innocente. Quant à Francesco, je le garderai sous ma tutelle. Il est mon filleul, j'ai un engagement auprès de ce garçon. Il sera traité comme un membre de ma famille, élevé auprès de mes enfants. Il aura un mariage avantageux, un avenir. » Je ne sais d'où vient cette clémence pour la famille, mais elle est bienvenue. L’Empereur a malheureusement toujours été un homme de parole, je peux croire ses mots. « Et… ? » Il manque une personne dans ces promesses. Charles soupire. Il s'appuie sur les barreaux de la cellule comme si le poids de la vérité lui pèse bien trop. « Celso… Je ne devrais pas être celui qui vous annonce pareille nouvelle. Grace est venue uniquement accompagnée de Francesco, parce qu'il n'y a pas de bébé. Votre fille n'a pas survécu. » Le sol s'ouvre sous mes pieds et mon âme tombe dans ce puits. Mes jambes prises de tremblements lâchent tout le poids de mon corps amaigri, le jettent par terre. « Il me hait... » C'est du sadisme. Sauver l'enfant de la maladie de sa mère, nous faire subir les rumeurs ravivées, la faire naître, et enfin, me l'arracher. Mes doigts grattent le sol, tâtent la gravité à laquelle je ne peux échapper. Mon dos peine à soutenir le poids que vient de me transférer mon interlocuteur. La douleur fait douter de la réalité. Est-ce que souffrir autant est une sensation qui peut exister ? À en juger par les cailloux qui se glissent sous mes ongles et m’ouvrent les doigts, oui. Et sûrement est-il possible de souffrir encore plus. « Je le hais. » je souffle avant que les larmes s’ajoutent à ma torture. Toutes ces plaies à vif. Mon crâne explose. « JE LE HAIS. » je m'époumone dans un hurlement désespéré. Il m’a trahi encore une fois. Une ultime fois. Je n'ai jamais été l'un de ses enfants. Il m’a placé sur terre pour ceci. Uniquement ceci. Finir dans cette cellule, doutant de ce qu'il reste d'humain en moi. Fou de douleur. L'Empereur reste là. Il n’a pas bougé. Il m’observe toujours. Attend le moment où mon corps se détend et se ramollit, abattu, résigné. « J'avouerai tout. » Je serai son démon. Cela n’a plus d'importance. Qu'est-ce qui en a encore ? Mon regard noir se relève, même cet oeil mort menace le roi d'une manière plus horrible qu'il n'aurait pu l'espérer. « Mais vous feriez mieux de tenir parole ou je jure que la seule faveur que je demanderai au diable est de vous hanter toutes les nuits. » L’accord est passé, tacite, dans un subtil signe de tête. Plus tard, alors que la Cour déjeune, c'est Ippolita qui me rend visite, toujours particulièrement bien parée, soignant le moindre détail. Elle m'adresse un petit sourire, fait une moue désolée tandis qu'elle scrute cette moitié de visage qui n'est plus que vaguement le mien. « Ce n'est pas si vilain, dit-elle en sortant un petit miroir de sa ceinture et le tendant à travers les barreaux. Tiens, regarde. » Je m'en saisis doucement. On pourrait s'attendre à pire. Pas à mieux. J’inspecte mes traits ici et là, ce qui y ressemble, et compare la partie attaquée avec celle épargnée. A vrai dire, mon apparence m’importe peu désormais, je songe surtout à la figure que Grace et Francesco devront supporter de voir plus tard. Ippolita me tend ensuite un petit bol rempli d’une sorte de concoction crémeuse. Ses yeux roulent au plafond en devinant ma méfiance. « C'est à appliquer sur les brûlures, pour la douleur. » Je n’y toucherai pas pour autant. Je ne peux pas avoir confiance en elle. Elle pose alors la coupelle par terre, de mon côté de la cellule. Je lui tend son miroir afin de le lui rendre, mais pendant la passation, il glisse entre nos doigts et éclate au sol. “Je suis désolé. Je ne me sens pas au mieux. Puis-je avoir de l’eau ?” Une jarre se trouve derrière elle ainsi qu’un gobelet en terre cuite. Avec ses grands airs bienveillants, la jeune femme accepte. Lorsqu’elle se tourne, mon bras passe à travers les barreaux, ma main se saisit de son collier. Je la ramène, plaquée à la cage, la respiration impossible. Il faut sûrement mettre ce regain soudain de force sur le compte de la rage et de la détermination. La vengeance et la haine. Ippolita se débat, agite ses jambes, tente de briser le collier. Surpris, choqués, les gardes prennent de longues secondes avant de réagir. Dans leur panique, impossible pour eux de trouver la clé de la cellule. Mais lorsqu’ils approchent, j’agis plus vite. Je tire la jeune femme et frappe dans ses jambes afin qu’elle tombe au sol. Je saisis un morceau de miroir d’une main et le porte à son cou. Il est trop tard lorsque la porte s’ouvre ; d’un geste sec, une grande entaille ouvre la gorge de la Sforza. Son sang se répand sur les dalles. L’épuisement me regagne, mon corps s’allonge par terre, mais j’arbore un fin sourire de satisfaction. Je laisse les soldats me trainer jusqu’au fond de la cage et me fiche même de la manière dont mes membres heurtent le mur. Dans la grande salle, un valet un peu pâle fait interruption et traverse la Cour d’un pas pressé jusqu’à l’Empereur. « Votre Altesse… Ippolita Sforza vient d'être assassinée. » Son murmure ne suffit pas à empêcher les oreilles curieuses d’entendre ses mots ; en une seconde, le choc s’empare des nobles dans un relatif silence particulièrement tendu. « Le démon exige de voir sa Majesté Borgia et son fils ou il menace de continuer. »

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyVen 24 Fév 2017 - 10:39

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Maria se faisait la plus petite possible. Grace se demandait pourquoi elle tenait tant à rester, malgré sa traîtrise et ses croyances. Dans ces appartements, elle était seule contre tous. Ni sa reine, ni les deux autres suivantes, ni Francesco - qui était sur les genoux de sa mère - ne lui pardonnait de son affront, de son témoignage. Paolo toqua à la porte. "Votre Majesté, l'Empereur souhaite vous voir." dit-il. La jeune femme acquiesça d'un signe de tête, silencieuse et confia son fils à Jane. Elle suivit le conseiller jusqu'à la Cour, jusque devant Charles Quint. "Votre Altesse, je vous prie de me suivre." dit-il alors en se levant dans son trône, comptant discuter avec elle dans son cabinet, loin des oreilles indiscrètes. "Je suis allé voir votre époux, il ne se soucie que de votre futur et de celui de Francesco." commença-t-il alors qu'il s'installait sur une chaise, invitant Grace à faire de même. "Je lui ai assuré qu'il ne vous arrivera rien, et que vous serez toujours traitée à juste titre. En tant que parrain de Francesco, je le garderai sous ma tutelle. Il reste un prince d'Italie, il disposera de titre et de terres lorsqu'il sera en âge. Il sera marié à une fille que j'aurai soigneusement choisi. Vous n'avez rien à craindre pour son futur." dit-il d'un ton très sérieux. "Quant à vous, vous serez en droit de retourner en Angleterre si c'est ce que vous souhaitez. Si vous préférez rester, vous serez la bienvenue. Par votre piété, le peuple croit que l'Angleterre n'est pas totalement perdu. Vous pourrez choisir votre lieu de résidence, et vous serez toujours la bienvenue." "Votre Majesté est bien généreuse, avec moi." "Vous ne serez plus reine de Naples, mais vous resterez une princesse d'Italie. Je sais combien le peuple du sud vous apprécie." La jeune femme ne savait pourquoi elle avait gagné un tel respect de l'Empereur - à moins qu'il craignait de ne mettre en colère une partie de son peuple en condamnant également la jeune femme en un avenir moins radieux. Et même s'il la destituait de ses titres, elle restait une noble anglaise. "Sera-t-il possible de voir mon fils ?" dit-elle, les yeux brillants de tristesse. "Il est... tout ce qu'il me restera." "Jamais je n'empêcherai une mère de voir son fils, encore moins lorsque celle-ci vient de perdre son deuxième enfant. Cependant, Francesco devrait se plier à mes règles et à l'éducation que je lui offrirai." "Merci, votre Altesse." Un long moment de silence régna avant qu'il ne reprenne la parole. "Celso a assassiné Ippolita Sforza, ce matin. Il exige de vous voir, vous et votre fils, et menace de recommencer." A en laisser croire son regard, l'Empereur savait qu'il en était parfaitement capable. Grace ne se sentait même pas désolée pour la Sforza, ni pour son père. C'était amplement mérité. D'un signe de tête, il fit comprendre à Grace qu'elle pouvait y aller immédiatement, et elle ne se fit pas prier pour aller chercher son fils au plus vite. Elle lui avait expliqué qu'il était blessé au visage, mais qu'il restait son père. Le petit semblait l'avoir bien compris. Il prit la main de sa mère et tous deux suivirent le garde jusqu'au cachot où était enfermé celle-ci. Il faisait froid, et humide. Celso faisait peine à voir, allongé par terre, épuisé. Grace exigea qu'on lui apporte un peu d'eau fraîche, ce qu'un garde fit au plus vite. Elle désirait ensuite se retrouver seule avec lui, assurant qu'il ne lui ferait rien. Résignée, ils finirent par obéir aux ordres une fois la cage ouverte. Grace y entra et s'agenouilla juste à côté de la quasi carcasse de son mari. Elle glissa délicatement ses doigts dans ses cheveux. "Mon amour..." souffla-t-elle tout bas. Elle l'aida à se retourner, afin qu'elle puisse voir son visage. Il était meurtri, couvert de brûlures juste d'un côté. La blancheur de l'un de ses yeux laissait deviner qu'il ne voyait plus avec celui-ci. "Je suis là." Elle parlait tout bas, avec toute cette tendresse. "Francesco aussi." La reine sortit un mouchoir qu'elle avait toujours sur elle et en trempa une partie dans l'eau fraîche, afin de tamponner un peu ses brûlures, en espérant que le froid le soulage un peu. "Je vais t'aider à t'asseoir, viens." Tant bien que mal, elle parvint à le faire s'adosser contre le mur. Francesco s'approcha de lui de lui-même, et embrassa sa joue, où la peau était encore saine. Puis il l'enlaça. "Tu me manques, papa. Ils sont tous méchants avec toi." dit-il d'un air boudeur et soucieux. Elle le laissait un instant. "Mon trésor, il faut juste que je dise quelque chose à ton père, et tu pourras de nouveau lui faire des câlins." Francesco chuchota quelques chose dans l'oreille de Grace. "Oui, c'est ça, ce que je veux lui dire."Il recula alors de quelques pas. La jeune femme saisit le visage de Celso avec le plus délicatesses possible. "Mon amour, qu'ont-ils fait de toi... ?" Son regard était triste, pas écoeuré. Elle déposa un doux baiser sur ses lèvres, puis elle vint lui chuchoter à l'oreille. "Elle est en vie, Celso, elle va bien." lui dit-elle. Puis elle le regarda, pour pouvoir voir s'il comprenait bien cette révélation. Puis elle s'approcha à nouveau de son oreille, faisant comme si elle l'enlaça, afin de n'éveiller aucun soupçon. "Lucia est en vie, tout s'est très bien passé. J'avais juste tellement peur qu'on lui fasse du mal suite à ton arrestation... J'avais tellement peur... Alors j'ai demandé à ce que ce soit Giulia qui m'aide à la mettre au monde. Moins de personne le savait, plus elle serait en sécurité. J'ai convenu à Giulia qu'elle fasse croire qu'elle ait besoin de se reposer, mais il n'en est rien. Lucia est avec elle, elle prend soin d'elle, elles sont toutes les deux à Florence. Tout le monde va bien..." Qu'il le sache avant de partir. "Elle est si belle, elle a tes yeux, mais ses cheveux sur sa petite tête sont bien blonds." Grace avait les larmes au bord des yeux, rien que de se souvenir de cette séparation, si peu de temps après sa naissance. "Et nous avons tout simulé. Il n'y a que Jane qui était avec moi au moment de l'accouchement, je ne voulais qu'elle. Nous avons simulé l'enterrement, tout. Je... Je ne savais pas quoi faire d'autre, j'avais tellement peur que l'on s'en prenne à elle, d'une manière ou d'une autre. J'étais si alarmée le jour où on m'a annoncée ton arrestation, je pensais que c'était la meilleure chose à faire..." Ce n'était peut-être pas la meilleure solution, mais désormais, personne ne suspectait son existence, et donc personne ne pouvait s'en prendre à elle, c'était ainsi que Grace avait imaginé les choses. Elle l'embrassa à nouveau. "C'est aussi ton secret, désormais." conclut-elle tout bas avec un vague sourire, la voix toujours aussi basse pour être sûre que personne n'entende. "Votre Majesté, vous ne pouvez rester plus longtemps avec le dé-... votre époux." "Juste encore quelques minutes, je n'en ai plus pour longtemps." dit-elle, le regard suppliant.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyVen 24 Fév 2017 - 12:53


☙ from one life to another


Sans raison pour demeurer éveillé en attendant que l’on accepte de me laisser voir ma famille, ou que l’on me jette dans le prétendu tribunal pour décider de mon sort, je gis là comme une carcasse, pouvant jurer que quelque part, à l’intérieur, la décomposition a commencé. Ma tête est lourde, mes membres engourdis, mon âme endolorie. La mort d’Ippolita est une maigre consolation, mais cela suffit à me mettre un peu de baume sur ce cœur sec. Je n’avais jamais tué une personne avec mes propres avant auparavant. Cela m’indiffère complètement. Le destin de la Sforza ne pouvait pas être autrement. Je la suivrai bientôt dans la tombe. Peut-être suis-je déjà mort. Peut-on mourir de manque de raison de vivre ? Non, pas tant que je n’ai pas revus Grace et Francesco. Je peux tenir encore un peu pour eux. Une main se pose sur mon épaule, et je ne réagis pas. Je n’ai plus la force de sursauter ou frissonner. En revanche, je n’ai pas besoin d’effort pour reconnaître la présence à mes côtés, et laisser une énième larme rouler à l’idée de mon épouse soit juste là. « Grace… » je souffle en roulant sur le dos pour pouvoir enfin poser mon unique œil valide sur elle. Elle est ce que j’ai vu de plus beau et de plus humain depuis que je suis ici. Elle m’éblouirait presque. Notre fils est juste à côté d’elle. Le soulagement de pouvoir le voir aussi l’emporte sur la honte que je ressens à l’idée que lui constate mon état. « Mon garçon… » Mollement, je laisse sa mère me redresser et m’asseoir contre le mur. Le petit n’hésite pas à approcher et m’embrasser. Comme sa chaleur m’a manqué… Et le son de sa voix… Mes bras peinent à le serrer mais le cerclent malgré tout. Je ferme les yeux, l’oreille collée à sa poitrine, écoutant le tambourinement de son cœur, tout enveloppé dans sa chaleur. Puis Grace lui demande de nous laisser un instant, lui semble savoir pourquoi. Je m’en arrache à contrecoeur. Pourquoi ne puis-je pas mourir juste ici, juste à cet instant, près de ceux que j’aime ? Avant que la situation n’empire un peu plus… « Ils taillent dans la chair et dans l’âme ce qu’ils ont toujours voulu que je sois. » je réponds de cette voix brisée qui ne sait plus qu’émettre un murmure rauque. Je m’échappe dans le regard bleu de la jeune femme. Je me noie dans toute l’affection que j’y trouve qui, si elle ne peut plus me donner de force, adoucit mes derniers instants. Son baiser délicat fait naître encore une larme. Comment peut-elle vouloir approcher ses lèvres de ce qui n’est plus qu’un tas de restes prémâchés de mon mari ? Puis elle se penche à mon oreille pour souffler une révélation qui prend immédiatement tout son sens. Je lui adresse un regard plein d’espoir ; est-ce que vrai ? Est-ce possible ? Je me réfugie volontiers dans les bras de mon épouse, sachant que j’y apprendrai plus. J’écoute attentivement, mais rapidement, au fur et à mesure du récit, je m’effondre de plus belle et hoquette, non pas de chagrin, mais de soulagement. Il me semble me transformer en eau entre les mains de la jeune femme. « Oh Grace… » Je prends son beau visage dans mes mains en répondant à son baiser, débordant d’une reconnaissance que je ne peux lui partager à haute voix. « J’aurais tant aimé la voir ne serait-ce qu’une seule fois avant… avant qu’elle parte. » Mais ma petite Lucia est en vie, c’est tout ce qui compte. A pas timides, Francesco approche doucement. Après avoir renvoyé le garde avec un air mauvais, je fais signe à mon fils de venir, il le peut désormais. « Ne pleure pas, papa. Sois fort. Ils ne doivent pas voir ce que tu penses dans tes yeux. Maman l’a dit. » « Il n’y a plus grand-chose à voir dans celui-là. » je réponds avec un petit rire en indiquant mon œil gauche. Le petit n’ose pas trop rire, il se sent bien maladroit. Je l’invite à s’asseoir sur mes jambes. Là encore, il n’ose pas, de peur de me faire mal, alors il s’y prend avec bon nombre de précautions. Une fois installé, je le prends dans mes bras. « Ta mère est toujours pleine de très bons conseils. Écoute-la toujours attentivement. Fais tout de ce qu’elle te dit. Et sois un bon garçon. Sois sage, et fais ce qui te paraît juste. Chéris ta femme, aime tes enfants, sois bienveillant avec tes amis. N’oublie jamais qui tu es, et sois digne de ton nom. Rends-moi fier. » Ses grands yeux se sont bordés de larmes, ses pommettes sont rouges. Il comprend que c’est un au revoir. Il acquiesce d’un signe de tête, la gorge trop serrée pour parler, puis réfugie son visage dans mon cou. J’attire délicatement Grace vers nous avec l’autre bras afin de les étreindre tous deux un instant. « Je vous aime tant… » Pour un court instant, je peux oublier la douleur. Elle n’est pas importante. J’oublie ce visage qui me fait souffrir, la manière dont mon cœur s’effrite, la faim, tout ce corps si faible que je ne le reconnais plus. Je ne suis pas là. Je suis dans chaque moment de bonheur que nous avons partagé, et que nous partagerons, éclatés dans le temps, le passé, l’avenir. Loin de tout ceci. Mais le garde revient à la charge. Nous heurtons tous le sol de la réalité, mais tous un peu plus robustes qu’avant. Je ne demande qu’une minute de plus. « Je confesserai tout. » leur dis-je tout bas, qu’ils sachent à quoi s’attendre lorsque je serai entendu tout à l’heure. « Je leur dirai tout ce qu’ils veulent entendre. Je veux plus me battre. Je veux seulement en terminer vite. Si j’avoue comme ils le demandent, j’ai bon espoir qu’on m’épargne bien des tortures. » Un espoir que je ne nourris pas trop néanmoins, de peur de me retrouver fort déçu une fois entre quatre chevaux. Je tente le tout pour le tout. Il n’y a plus rien à sauver de moi. « Vous ne devrez pas croire un mot de tout ce qui sera dit. » Ma prétendue liaison avec Ippolita ou Andrea, ou tout autre mensonge que l’on voudra me faire dire. Je m’adresse plus particulièrement à Francesco en caressant tendrement sa joue. « Souviens-toi toujours de moi tel que j’étais. » Son regard se fait plus intense. Même s’il promet, il ne veut pas non plus oublier le visage de son père à cet instant précis. Cela le suivra toute sa vie. Il est si grand pour son âge, forcé de grandir à toute vitesse. « Papa… Je sais que tu n’es pas un démon. » Je lui souris légèrement. « Merci. » Il quitte la cellule en premier. Puis je colle mes lèvres à celles de Grace aussi longtemps que cela m’est permis. « Je t’aime. Et si tu la revois, dis-lui à quel point je l’aime aussi. » Elle s’envole à son tour comme un bel oiseau. La porte se ferme. Son grincement est tout ce qui résonne dans la pièce désormais.

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyVen 24 Fév 2017 - 18:33

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Grace voyait que chaque larme qui coulait le long de la joue brûlée de Celso le faisait souffrir. Mais il semblait si heureux, si soulagé de pouvoir voir sa famille. Tous avaient bien conscience que c'était la dernière fois, même le petit en avait parfaitement conscience. Il fallait faire vite, le temps leur était compté. Grace aurait rêvé pouvoir lui dire bien plus de mots d'amour, mais il fallait qu'elle aille à l'essentiel. Et tout ce qui importait, à ce moment précis, c'était qu'il sache que sa fille était bel et bien en vie. Mais l'émotion primait, et tout le monde était bien heureux de se retrouver. Grace n'avait pas peur toucher son visage, ni de le regarder ou de l'embrasser. Il restait son époux, l'homme qu'elle aimait. Malgré la torture et tout le mal qu'on lui avait fait, il restait le même à ses yeux. Certes, il n'était plus que l'ombre de lui-même, un homme déjà brisé sur lequel l'Empereur voudra certainement s'acharner, à juste charge de revanche. Mais elle ne pensait pas encore au lendemain. Celso le verbalisait lui-même : on faisait de lui ce qu'on voulait qu'il soit. Il était un démon aux yeux de la société, sauf pour sa famille, et ces quelques personnes qui savaient la vérité et qui n'en douteraient jamais. Grace, Francesco, mais aussi Giulia, Jane, Luisa, Giuseppe, Paolo. La petite Lucia aura aussi droit de connaître la vérité. Le prince déchu serrait dans ses bras, en quête d'apaisement et de lumière auprès de cet ange qu'il vénérait. Apaisé, il l'était l'espace d'un instant, lorsqu'il entendait et assimilait les paroles de Grace. C’était certaine une bien maigre consolation pour elle, mais pour lui, cela semblait énorme. Bien sûr qu’il aurait aimé la voir, ne serait-ce qu’une fois. “Sache qu’elle est la plus belle de toutes, et qu’elle est en excellente santé.” Il devra malheureusement se contenter de cela, mais c’était certainement bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Francesco avait repris parole, dans l’espoir de donner un peu de courage à son père, qu’il admirait toujours autant. Celso s’essaya à un trait d’humour, mais son fils n’osait pas en rire. Suite à quoi, il lui prononça ses dernières paroles. Francesco l’avait deviné, c’était un petit garçon très intelligent pour son âge. Il comprenait tout. Mais il restait un petit garçon, et l’émotion le fit pleurer. Comment peut-on gérer la perte imminente de son père, à un âge aussi bas ? “Je t’aime aussi, mon amour.” dit Grace une fois qu’elle était dans ses bras. Ce moment de tendresse fut de courte durée, le garde voulait vraiment que Grace quitte les lieux. Encore une petite minute, durant laquelle Celso expliquait ce qu’il comptait faire. Bien sûr qu’elle n’en croirait pas un mot, tout comme elle savait que Jane, Luisa ou Paolo n’allaient pas y croire non plus. Il n’y aura que Maria, dans l’entourage proche de Grace, qui se fera avoir en beauté. Encore quelques mots à Francesco, que Grace ne manquera pas de lui rappeler à l’avenir. “Laisse-toi aller, ne résiste plus à rien.” lui dit-elle tout bas, une fois que Francesco s’était éloigné. “Laisse-toi partir comme lorsque tu me serrais contre moi, et, qu’apaisé, tu t’endormais dans un profond sommeil. Lâche prise, et attends moi.” lui dit-elle en caressant son visage, ses joues à elle étant plein de larmes. “Je t’en supplie, attends moi, je sais qu’on se retrouvera. Dans un monde que j’espère meilleur et où nous pourrons nous aimer.” Elle lui souriait, elle y croyait encore dur comme fer, plus que jamais à vrai dire. Elle posa son front contre le sien. “Tes oeuvres sont en sécurité.” Mais comme elle le lui avait déjà dit, elle ne lui dirait pas où. Grace fit de son mieux pour ne pas céder à son chagrin devant lui. “Et elle le sait, que tu l’aimes plus que tout. Je le lui ai dis dès le premier jour. J’irai la voir dès que je le pourrai, sache qu’elle sera toujours entre de bonnes mains. Et elle saura tout, tout de notre histoire. Et elle fera partie de ces quelques personnes qui ne nous oublieront pas, je le sais.” Grace l’embrassa longuement, sentant sa gorgée trop se serrer par l’émotion pour parvenir à dire de trop longues phrases. “Je t’aime, Celso. Je t’aimerai toujours.” C’était les derniers mots qu’elle lui disait avant de partir. Grace s’isola immédiatement dans ses appartements, pour pleurer longuement sans que ses suivantes ne puissent faire quoi que ce soit. C’était là que Maria regrettait son geste, Grace refusait catégoriquement qu’elle soit touchée par elle. Francesco avait fini par faire son apparition, et il semblait déjà vouloir prendre le rôle d’homme de la famille en venant enlacer sa mère, en lui disant que tout allait bien. Elle l’avait gardé longuement dans ses bras, jusqu’au dîner du soir, où elle se présenta à nouveau au banquet une fois que ses larmes étaient séchées et que ses yeux étaient moins rouges. L’Empereur admirait sa force, bien que Grace ne se trouvait pas à la hauteur de ce dont elle était capable habituellement. Elle n’osait imaginer le sort réservé à Celso. Que pouvait-on faire pour éliminer un démon ? Elle tenta de négocier à ce que Francesco ne soit pas présent le lendemain, mais Charles Quint insista pour que ce soit le cas, sous prétexte qu’il fallait bien qu’il commence tôt à voir ce genre de spectacles désastreux. “Vous restez une épouse fidèle, c’est admirable.” dit-il pendant le banquet. “Je reste liée à lui aux yeux de Dieu, je me dois de respecter mon rôle jusqu’à la fin.” “C’est étonnant, bien des femmes dans votre posture aurait déjà cherché un promis aisé. Savez-vous déjà ce que vous comptez faire, une fois cette affaire réglée ?” “Je pensais peut-être retourner à Tricarico, cette ville me manque. J’espère qu’elle voudra bien de moi.” ”Selon mes dernières informations, vous êtes toujours très appréciée là-bas. Mais ne voudriez-vous pas retourner auprès de votre famille, à Londres ?” “Je ne m’y sens plus chez moi là-bas, bien que je continue d’aimer mon frère et mon premier fils plus que tout. Mais je me sens incapable de me plier à ce que le roi impose là-bas.” “Il ne cesse de blasphémer. Tout ceci à cause de cette Anne Boleyn. Dieu la punit, j’ai entendu dire qu’elle a fait une fausse-couche cet été. Une preuve du Tout Puissant, ne pensez-vous pas ?” “Peut-être bien, oui.” “Je comprends que vous ne teniez pas à y retourner. Je puis vous assurer que vous ne manquerez de rien. J’ai omis de vous dire que vous êtes également la bienvenue à la cour ici, à Rome. Vous le serez toujours, votre Majesté.” Grace lui sourit, et le remercia une nouvelle fois. Comment pouvait-il se montrer si doux et généreux avec elle alors qu’il dépassait le plus haut seuil de cruauté envers Celso ? Faisait-il tout ceci pour équilibre la balance de sa propre conscience ? C’était ce que Grace s’était demandée toute la nuit, en priant à la chapelle. Elle priait que son époux puisse s’endormir cette nuit et ne jamais se réveiller, ou qu’il se ne tente pas de résister aux blessures et à tout le mal qu’on le lui infligera. Comme dernier geste d’amour, elle priait pour lui pour qu’il parte au plus vite, qu’il n’ait pas trop à souffrir. C’était tout ce qu’elle pouvait faire désormais. Elle ne s’en rendait que trop bien compte lorsqu’elle retrouva sa place de la veille dans la grande salle, alors que tout le monde attendait avec une certaine excitation les fausses confessions de Celso.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptyVen 24 Fév 2017 - 21:04


☙ from one life to another


Assis sur la chaise au milieu de la salle, je devine sur moi tous les regards posés qui pèsent sur mes épaules et brûlent dans mon dos, tous ces jugements, ces critiques, des condamnations. A ma gauche, ceux qui scrutent ce visage atrophié qu'ils ont vu brûler sous leurs yeux l'avant-veille, ce qu'ils prennent pour une preuve incontestable de ma liaison avec le diable. De l'autre, heureusement, se trouvent Grace et Francesco, qui n'ont pas à souffrir de cette vue monstrueuse. L'on attend le silence complet pour la poursuite de cette sainte farce. Le même prêtre m'ayant défiguré reprend la main sur ce procès. Derrière son apparence particulièrement solennelle se cache, je le sais, un homme qui jubile à l'idée d'obtenir le crédit pour la découverte et l'effacement d'un démon infiltré dans les rangs de la royauté depuis des années. C'est son heure de gloire, et son regard, lui, pétille. « Celso Borgia, maintenant que votre hérésie et votre nature ne font plus de doute pour cette congrégation, comptez-vous soutenir encore votre innocence ? » Je me rends compte qu'il faut être bien fou pour répondre par l'affirmative à cette question, alors qu'il est évident que rien ne fera changer qui que ce soit d'avis. La vérité ? Ils ne l'entendraient pas. Nier c'est empirer son cas. Or, je suis résolu à en finir. Ni moi ni ma famille ne pouvons souffrir plus longtemps. « Non. » je souffle, ce qui provoque un vent de murmures curieux dans la salle qui se meurt aussitôt. « Je suis présent devant vous pour confesser chacun de mes péchés. » Les évêques parlent entre eux un instants, pris de court. Ceux qui continuent de se battre sont peut-être plus nombreux que je ne le pensais. On se tourne à nouveau vers moi. « Est-ce le pardon que vous cherchez ? » me demande-t-on. Je pouffe. Je ne suis pas celui qui devrait demander pardon dans cette pièce. « Je me fiche de votre pardon. Je veux avouer. » Alors le prêtre s'approche et se tient devant moi, mains dans le dos. « Avez-vous assassiné Ippolita Sfozra de sang froid ? » demande-t-il pour tester ma bonne foi, véritablement curieux de découvrir si je me fiche d'eux tous ou non. « Oui. » je réponds sans l'ombre d'une hésitation, trouvant son regard de mon seul œil encore valide. Le gauche semble le déstabiliser ; il y discerne une intensité, lui semble-t-il, bien trop forte pour un œil mort. Comme s'il pouvait le scruter de l'intérieur, sonder son esprit, lire en lui et le damner à son tour. « Aviez-vous poussé cette pauvre femme à commettre l'adultère avec vous lorsqu'elle était mariée à votre frère et lui avez-vous soufflé le dessein macabre de l'empoisonner ? » « Oui. » Au moins n'aura-t-elle pas la satisfaction de me voir endosser ses crimes à sa place de son vivant. S'en suivant une foule de questions qui ne s'arrête pas un seul instant. Un retour, point par point, de tout ce qui m'a mené lentement mais sûrement à ma perte. Inéluctable fatalité, écrite dès le départ.  « En avez-vous fait de même pour son second mari ? » « Oui. » « Avez-vous entretenu une liaison homosexuelle avec un membre de votre Cour ? » « Oui. » « Ainsi, admettez-vous l'existence de débauche, d'immoralité, de perversion qu'a été la vôtre pendant ces années où vous avez poussé des dizaines de femmes au péché, à l'adultère ou à vous céder leur pureté ? » « Je le reconnais. » « Cela vous a-t-il procuré du plaisir, de la satisfaction ? » « Oh, beaucoup, mon père. » Mon sourire le répugne, le prête contient un mouvement de recul. Abjecte, semblent ses yeux me cracher à la figure. Il ne se laisse pas décontenancer plus longtemps. Son devoir est important. Il reprend ; « Avez-vous vandalisé la chapelle du palais de Bologne ? » « Oui. » « Avez-vous empêché la mort d'emporter votre épouse et votre enfant lors de sa maladie ? » « Oui. » « Admettez-vous avoir pactisé avec le Démon en personne lors de votre propre agonie en échange de votre survie et de votre servitude afin de lui offrir le royaume de l'Empereur, puis le royaume de la Sainte Eglise, afin de les réduire en cendres en son nom ? » « C'est très théâtralement dit, mais cela était en effet la stratégie. En revanche vous vous méprenez si vous pensez que notre accord ne remonte qu'à cette histoire à Squillace. » Un nuage d'indignation plane dans la salle. Mais la Cour n'est pas prête de cesser de porter la main à sa bouche pour contenir son dégoût. « Priez-vous ? » « Non. » « Croyez-vous en Dieu ? » « Vous plaisantez ? » Cette fois quelques insultes pleuvent, ne pouvant être contenues plus longtemps. Debout sur leurs chaises, certains seraient prêts à sauter de l'estrade pour sauter sur moi et me faire ravaler mes blasphèmes. Les yeux ronds du prête se détournent même de moi. « Puisse-t-il vous pardonner. » soupire-t-il en retournant auprès des juges. Ils murmurent entre eux à nouveau quelques instants. Ici et là, un regard fuite et se pose sur moi avec mépris et dégoût. Prêt à rendre le verdict, le prête s'éclaircit la gorge. Son moment de lumière. « Puisque vous avouez vos innombrables péchés, votre sort est sans appel. Aux vues de l'immensité de votre dépravation et de votre corruption, la congrégation statue que votre âme ne peut être sauvée. En tant qu'adorateur de l'antéchrist, vous serez brûlé ce soir, et avant, vous serez marqué comme tel. » Mon coeur rate un battement. La mine déconfite, mes balbutiements paniqués ne me permettent pas d'articuler quoi que ce soit. Le fer était déjà prêt ; à croire que a sentence était déjà décidé bien avant cette mascarade de procès. On se saisit de moi avant que je ne puisse songer à faire quoi que ce soi pour m'échapper. La chemise est ouverte, arrachée si besoin, assez pour dénuder le haut de mon torse. Haletant de panique, rien ne sert de supplier d'être épargné, mais cela est quasiment un réflexe tandis que le fer approche de ma peau. « Ne résistez pas. » me souffle l'un des gardes. La seconde d'après, une odeur de chair calcinée envahit la salle ; lorsque le fer est enfin levé de ma peau, il y a laissé la marque nette d'un grand D. Alors que l'on traîne mon corps inconscient jusqu'à ma cellule, l'Empereur prend la parole pour la première fois dans ce procès. « Le Démon Celso Borgia ne sera bientôt plus une menace pour l'Empire ni pour l’Église. Afin qu'il n'inspire pas d'autres esprits malins et que ses méfaits se tachent pas la grandeur de ce royaume, afin que les marques de sa présence sur cette terre ne nous apporte pas plus de malheur, il devra disparaître. Son nom sera effacé de chaque registre, chaque document. Son visage sera couvert sur la moindre peinture, la moindre pièce de monnaie sera fondue. Nul n'aura le droit de le mentionner. Celso Borgia n'existe plus, et n'a jamais existé. L'Histoire doit l'oublier. » Pendant qu'il parlait, les scribes commençaient déjà à noircir le nom de l'accusé de leurs comptes-rendus. Ce procès n'est déjà plus le mien.

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptySam 25 Fév 2017 - 10:23

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Le jugement reprit son cours comme prévu le lendemain. La jeune femme pensait qu'elle se sentirait nettement mieux, maintenant qu'elle avait dit à Celso la vérité concernant leur fille. Mais cet apaisement était minime comparé à la douleur qu'elle ressentait depuis plusieurs semaines. Et voilà que Celso, épuisé de se battre davantage contre le vent, allait se jeter dans la gueule du loup, prêt à donner au peuple ce qu'il voulait entendre. Le prêtre, fier comme tout, reprit parole et démarra une longue série de questions visant à Celso de se confesser. Il ne tentait même plus de se défendre, il voulait simplement répondre à toutes les questions et leur donner ce qu'ils voulaient tous. La jeune femme était bien obligée d'assister à pareille scène, à l'entendre dire toutes ces atrocités, qu'aucune d'entre elles n'étaient. Certes, il ne pouvait pas démentir ses nombreuses conquêtes, mais cela remontait à des années. Depuis qu'il avait rencontré Grace, il ne priait plus que par elle. Il se montrait parfois même insolent dans ses réponses, prétendant s'être délecté d'ôter la virginité à bien des femmes et à forcer des épouses à tromper leur mari. Il leur donnait bien plus que tous les prêtres ne pouvaient penser. Celso, dans toute sa douleur, devait tout de même porter un masque parfaitement construit, se faisant passer pour le monstre qu'il voulait laisser croire. Francesco ne se laissait pas duper, Jane et Luisa non plus. Les suivantes ne parvenaient pas à imaginer ce que pouvait ressentir leur maîtresse, et ne pouvaient que se sentir profondément désolées et attristées pour elles. Les murmures s'élevaient de plus en plus durant l'interrogatoire, jusqu'à ce que des révoltés se manifestent lorsque Celso ne disait pas croire en Dieu - ce qui en soit, était vrai. La jeune femme sentit ses jambes faiblir à l'annonce de la sentence. Discrètement, Paolo, ayant senti que sa reine perdait ses moyens, la saisit très discrètement par le bras pour la soutenir et espérer la maintenir debout. Elle ne pourrait même pas enterrer sa dépouille, elle n'aura même pas de cercueil devant lequel elle pourrait pleurer. Des cendres, rien que des cendres, et son souvenir. Sans attendre, on décidé de le marquer comme étant démoniaque au fer blanc au niveau de son torse. Grace était tentée de fermer les yeux devant son mari qui souffrait. Mais elle devait le regarder jusqu'au bout, subir avec lui cette douleur aussi vive que foudroyante. On traîna sans grand soin son corps inanimé jusqu'à son cachot alors que l'Empereur annonçait que son nom allait être oublié, rayé de tout registre, que personne ne se souviendrait de son visage. Grace fermait les yeux. Elle, elle s'en souvenait, de son visage. De son nom, de son odeur, de ce qu'il était réellement. Quelque part, elle espérait se réveiller, lorsque ses iris bleus verront à nouveau le jour. Que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve. Mais il n'en était rien. Elle ne voyait que la Cour se lever et quitter la salle, désormais impatient de voir le corps de Celso brûler. L'Empereur s'approcha d'elle. "Votre Altesse, vous ne pouvez guère porter le nom de Borgia également. Vous retrouverez votre nom d'ancienne épouse, je déciderai du nom de votre fils en temps voulu, mais il ne sera jamais considéré comme étant un bâtard, mais comme un membre de la famille royale à part entière." "Merci, votre Majesté." dit Grace, la voix tremblante, le regard bien vide. Elle demanda congé afin de retourner dans ses appartements. A peine la porte fermée, elle s'effondra. La main devant la bouche, elle ne parvenait pas à contenir ses larmes. Paolo, Jane, Luisa étaient restés là, incapables d'abandonner leur reine à un tel moment de détresse. Francesco, lui, peinait à tout comprendre. Du moins, il ne le réalisait pas. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'aimait pas Charles Quint, ni le prêtre qui l'avait interrogé. Il s'approcha de sa mère pour l'enlacer.

Grace peina à retrouver contenance pour le soir-même. Elle s'était changée et portait désormais une robe noire, qui ne manquait tout de même pas de détails en terme de perles et de broderies. Malgré les circonstances, elle restait élégante. Jane lui avait dit que sa liste de prétendants s'allongeait déjà, ayant remarqué les nombreux regards portés sur la future veuve, malgré son âge. Grace n'était plus si jeune que ça, cela ne semblait pas dissuader beaucoup d'hommes. "Tu es belle, maman." dit Francesco, qui fut également changé. La jeune femme lui sourit et l'enlaça. Il était certainement le seul homme pour qui elle acceptait les compliments qu'on lui faisait. Les autres l'importaient peu. Le ciel arbora des couleurs chaudes, annonçant qu'il était temps de quitter ses appartements. L'on avait préparé un bûcher particulièrement conséquent pour l'occasion. Il fallait marquer le coup, après tout. Avant que Celso ne soit emmené, la princesse s'approcher d'un prêtre, autre que celui qui avait aspergé le visage du démon. Elle s'inclina. "Votre Altesse, en quoi puis-je vous aider ?" "Puis-je vous demander une faveur ?" "Tout ce que vous voudrez." Grace tendit alors le chapelet bleu qu'on lui avait restitué quand elle était arrivée à Rome. L'on y avait vu ses initiales dessus, qu'elle avait fait gravé de nombreuses années en arrière. On le lui avait rendu après avoir à nouveau béni le bijou, surtout qu'il était auprès d'un démon aussi longtemps. "Pourriez-vous lui mettre ce chapelet autour du cou ? J'ai envie de croire que ce qu'il reste de mon époux puisse retrouver grâce aux yeux de Dieu." "Sa Majesté est bien trop gentille, même avec le démon lui-même. Mais il ne peut être sauvé. Gardez-donc ce chapelet pour vos prières." "Je vous en conjure, Monseigneur. Je ferai une bien piètre épouse si je n'ai pas pu tout essayer pour pouvoir sauver son âme." Le prêtre soupira. "Comment autant de bonté, de foi et de beauté ont pu survivre si longtemps auprès du mal en personne ?" se demanda-t-il, acceptant de prendre le bijou. "Je le ferai, Votre Altesse." "Merci, Monseigneur." répondit la jeune femme en s'inclinant à nouveau devant lui afin de retrouver sa place initiale. Jane savait que ce n'était pas pour l'âme de Celso, elle savait qu'il portait constamment ce bijou avec lui, et à qui il avait appartenu avant. Celso l'avait gardé auprès de lui toutes ces années, et Grace tenait à ce qu'il l'emporte avec lui jusqu'à la fin. Lui, il comprendra. Elle espérait que ce bijou remplace la douleur et la souffrance par les mêmes sensations que lorsqu'elle effleurait sa peau, lorsqu'elle embrassait ses lèvres. Il comprendra le message qui passait au travers de ce bijou, durant ses derniers instants.
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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptySam 25 Fév 2017 - 13:06


☙ from one life to another


Le bûcher brûla toute la nuit. On laissa le feu s'éteindre de lui-même, le laissant ronger au fil des heures chaque morceau de chair calcinée qui se détache des os, jusqu'à ce qu'il ne reste que des cendres mêlées au charbon ne permettant plus de savoir quelle poussière fut un homme il y a quelques heures de celles qui constituaient le bois sur lequel il périt. Le bûcher est quasiment détruit. L'espère de silhouette encore enchaînée au pilori n'a plus rien d'humaine. Un coup de vent, et même la carcasse se dissoudra dans l'air. Il ne reste que quelques flammèches gourmandes ici et là, vestiges discrets du grand feu qui a dansé des heures durant, fumant dans l'obscurité. L'odeur de peau, de cheveux, d'organes brûlés flotte dans une bonne partie de la ville et hantera l'atmosphère encore bien des jours, si bien que les passants, anciennement spectateurs, se couvrent le nez afin de moins subir cette pestilence qui semble tracter la mort jusqu'au fond de leurs poumons. Dans les maisons, dans le palais, ce parfum tenace imprègne les murs et les rideaux. C'est le mal purifié par le feu qui pique les narines des nobles et des hommes d'église. Une victoire à l'odeur âpre. La place s'était vidée rapidement. Voilà longtemps que personne n'avait été brûlé, c'est un spectacle auquel nul n'était plus habitué. L'on ne se souvenait plus du choc que cela produit. Ce moment précis où un ultime cri est poussé par le condamné, et celui-ci dure, dure, jusqu'à ne devenir plus qu'un sifflement insupportable s'échappant d'un cadavre. Alors les poumons vidés de tout air sont enfin attaqués par les flammes qui regagnent soudainement en vivacité, nourries par la douleur de ce dernier hurlement. C'est seulement à ce moment-là que la fin survient. Et cela n'arrive pas avant de longues minutes d'un spectacle de plus en plus monstrueux. Le feu n'est pas aussi radical que l'on veut le croire. Le feu mord, mâche et avance par bouchées. L'homme est encore conscient lorsque son visage est attaqué. Il a eu le temps de sentir les cloques se former sur sa peau qui n'est devenue plus qu'une fine enveloppe de souffrance. Ses cheveux sont partis en fumée depuis longtemps, alors son cerveau bout et fond sous son crâne nu. Il ne voit plus, alors tous ses sens recentrés sur lui-même lui font ressentir avec exactitude la détérioration de son propre corps, la moindre caresse des flammes. Difficile de juger quel moment est le moins morbide ; celui où l'on se sent prisonnier de cette cage d'os en feu, ou lorsqu'il était encore possible de deviner, à travers les vagues brûlantes, la foule qui se repaît de votre lente agonie. Une épouse et un fils qui ne peuvent pas détourner le regard. Avant que les vêtements se fondent à l'épiderme si chaud qu'il en paraît devenir liquide, avant que les plaques sur mes épaules deviennent des cloques, avant que le marquage au fer soit à son tour dévoré, que je ne sente plus mes mains, mes jambes, mes pieds qui procuraient pourtant une vive, une atroce douleur lors des premières minutes, bien des regards ont le temps d'être échangés. De la haine, de la satisfaction, du mépris. Un sentiment général de justice bien faite qui les hantera et leur coupera l'appétit plus tard. Mais dans les iris bleus de Grace, seulement de l'amour. Sur le visage fermé de Francesco, seulement de la bravoure. Le silence des dernières secondes, lorsque l'on sait que les torches allument le bûcher, que l'inéluctable approche, est là, mais ne se ressent pas encore, sont les pires qui soient. La peur, l'angoisse, la panique ont le temps de s'installer, saccageant même l'esprit le plus tranquille et résigné. L'on se dit que l'on ne criera pas. Par fierté, par courage, on s'en persuade. Partir dignement est bien le dernier luxe que l'on espère. La dernière prière est-elle vraiment d'une quelconque consolation ? Des âmes se sentent-elles apaisées par ces paroles, rassurées vis-à-vis de leur sort ? Alors que le prêtre, Bible en main, récite machinalement de derniers sacrement, je lâche pour dernières paroles ; « Ne perdez pas votre temps. Je ne vais ni auprès de Lui, ni rejoindre le Diable. Quand les flammes m'emporteront et que mon corps et mon âme se mêleront en une fumée épaisse à l'air que vous respirez, je retournerai d'où provient de vrai mal. En vous, dans vos coeurs. Ce jour, et mon visage, seront pour toujours dans vos têtes, dans vos mémoires, vous ne pourrez pas l'oublier. Vous n'aurez plus le droit de dire mon nom, mais en fermant les yeux, en sondant votre âme, vous saurez. J'y suis déjà. Votre Dieu n'y pourra rien. Votre Dieu n'existe pas. L'Amour seul est digne de prières, il est le véritable salut. Lui seul est une promesse d'éternité. Ma femme saura qui je suis, mon fils se souviendra. Alors je ne mourrai jamais, ni pour vous, ni pour eux. J'attendrai. J'attendrai le jour où nous serons ensemble à nouveau. Cette vie n'était qu'une étape. La prochaine n'est pas la mort. »

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Message(#)joamie + from a life to another - Page 27 EmptySam 25 Fév 2017 - 19:14

from a life to another
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Il n'y eut pas une seconde où Grace avait quitté son regard de son époux. Autant la longue marche jusqu'au bûcher, le moment où on l'y attachait fermement. Le prêtre tint sa promesse en laissant autant de son cou le chapelet bleu. Du coin de l'oeil, elle avait vu les flambeaux se rapprocher de lui. Elle ne voyait que de la peur dans le regard de Celso. Les dernières secondes avant un très long moment d'agonie. Bien du monde avait fait le déplacement pour un pareil spectacle. Francesco voulait prouver qu'il était un homme. Il était droit comme un pic, il ne voulait pas tenir la main de sa mère. Il lui voulait la rendre fier. Alors son père prononça ses dernières paroles, Grace faisait de son mieux pour retenir ses larmes devant ces mots, qui ne regorgeait que d'amour pour sa famille. Etait-ce vrai ? Y croyait-il également ? Le ton de sa voix laissait deviner que c'était le cas, comme si l'approche de la mort lui avait permis de voir ce qu'il se passerait ensuite, une fois l'agonie touchant à sa fin. A ce moment là, elle fut incapable de contenir son chagrin et pourtant, aucune larme de vint humidifier ses joues pâles. Elle l'entendait hurler de douleur, jusqu'au bout. Elle aurait même pu dire précisement à quel moment il était parti pour de bon mot, parce qu'elle avait senti une partie d'elle mourir au même temps que lui. Une fois que l'on n'entendait plus ses cris qui fendaient le ciel lui-même tant ils étaient épouvantables à entendre, il commençait déjà à y avoir moins de monde. Tout le monde commençait à partir lorsque le feu semblait moins vivace, lorsque l'on ne parvenait plus à se délecter de voir pareille souffrance. Mais Grace était toujours là, statique, les yeux rivés sur ce qu'il restait de son époux. Elle avait emmené avec elle un voile noire, que Jane posa délicatement sur sa tête afin de recouvrir son visage. Et de longues heures, elle restait plantée là, à le regarder. Même si Francesco désirait plus que tout rester avec elle tout ce temps, il commençait à s'épuiser et Paolo et Luisa s'occupaient alors de lui. L'Empereur avait sommé de laisser la femme et l'enfant tranquille quelques jours. Grace était restée là toute la nuit. L'odeur lui importait peu, ni les plaintes de ceux qui passaient par là. Durant cette période où elle restait là, au même endroit, on la surnomma la dame en noir, n'étant plus que le fantôme d'elle-même. En effet, Grace semblait sans vie durant cette poignée de jours. Elle ne parlait pas, ne mangeait pas, bougeait à peine. Ses iris bleus restaient continuellement rivés à l'emplacement où se trouvait Celso. "Attends moi." souffla-t-elle tout bas, avant de baisser enfin les yeux de là où se trouvait le bûcher et de rejoindre ses appartements. Peu de temps après cela, Francesco démarré son éducation. Mais malgré tout ce qu'on lui éduquait et tout ce qu'on voulait lui faire croire, jamais il n'oublia la vérité.

Grace était allée revoir sa fille à Florence, passant un long moment avec Giulia. La santé de la nourrice se dégrada quelques mois suivants, et ne pouvait plus subvenir à tous les besoins de la princesse oubliée. Quelques mois plus tard, la nourrice décéda d’un cancer, durant son sommeil. Grace avait assisté et financé la totalité de ses funérailles. Ce fut avec une grande surprise que Jane se proposa de s'occuper de la petite comme s'il s'agissait de sa propre fille. Elle ne parvenait pas à tomber enceinte, et se réjouissait de pouvoir prendre soin de l'enfant de son amie. Cette dernière restait reine aux yeux de la suivante. Grace eut tellement peur que la vérité éclate au grand jour qu'elle limita grandement ses visites. Jane et Andrea se chargeaient de lui dire qui elle était, ils avaient conservé un portrait de Grace qu'ils dissimulaient, mais ils ne purent se procurer un portrait de Celso. En revanche, Andrea avait bel et bien conservé ses écrits, qu’il comptait bien faire lire à Lucia une fois qu’elle sera en âge de comprendre les mots. Si Charles Quint pensait que le nom de ce qu’il pensait être un démon était totalement effacé des mémoires, il avait bien tort. Luisa restait au service de Grace, Maria fut renvoyée chez elle. La blonde ne voulait plus la voir, lui en voulant énormément pour sa trahison. Elle ne lui accorda jamais son pardon. Grace était longuement restée dans un premier temps à Rome. Elle pouvait ainsi régulièrement voir son fils. Mais elle finit par se rendre à Tricarico, la ville de son coeur. On l’y accueillit tout aussi chaleureusement. Elle y épousa un noble, Filippo, un ami proche de Giuseppe. Il venait de perdre sa femme suite à une fièvre puerpérale. Grace était devenue l’équivalent d’une mère pour ce petit garçon. Son mari était un homme tendre et aimant, elle n’avait jamais eu à se plaindre. Il était au courant de son histoire et était toujours reconnaissant qu’elle lui montre tout de même autant d’affection. Ils avaient le même âge. Ils finirent par retourner sur Rome, où son époux avait sa résidence principale. Il offrait énormément de choses à Grace, appréciant le fait qu’elle élève son fils comme si c’était le sien. Il ne voyait jamais d’objection à ce qu’elle voit Francesco, où à ce qu’elle voit ses amis Jane et Andrea.

Filippo s’était rendu à la Cour de Rome, demandant à voir Francesco. C’était désormais un jeune homme, d’une grande intelligence et qui ne laissait pas la gente féminine indifférente. Charles Quint l’avait marié à une noble italienne, qui tomba enceinte bien peu de temps après le mariage. “Que se passe-t-il ?” demanda-t-il en voyant cet homme qu’il côtoyait. Les traits tirés de Filippo laissaient deviner que la nuit fut bien courte, et l’inquiétude l’eut envahi. “Votre mère est malade. Elle est extrêmement faible et… les médecins sont peu optimistes.” Francesco avait eu d’excellent cours de sa mère, lorsqu’il s’agissait de porter un masque pour ne laisser transparaître aucune émotion. Mais cette fois-ci, les choses étaient différentes, et il peinait à garder contenance. Il aimait sa mère plus que tout. “En avez-vous informé Jane ?” “Oui, j’ai envoyé un émissaire. J’ai également écrit une lettre à son premier fils, Edward, en espérant qu’il veuille la voir. Je sais qu’elle a beaucoup continué à lui écrire et qu’il y a toujours ce lien très fort entre eux.” “Vous avez bien fait. Je… J’ai encore un impératif à régler, et je viens dès que possible.” Juste le temps de se remettre de ses émotions. Francesco eut le coeur brisé en voyant sa mère avec le teint aussi laiteux, ses joues sans couleurs. Il avait un vague souvenir du moment où elle était malade, enceinte. Les même sensations lui avaient pris les tripes. “Mère…” souffla-t-il tout bas, en caressant son visage, dans l’espoir de voir ses iris bleus. Ce fut le cas, mais ils manquèrent cruellement de lueur. Il embrassa sa main, laissant échapper quelques larmes rien qu’en la voyant réagir. Grace sourit faiblement. “Tu es venu.” dit-elle tout bas, en serrant de toutes ses forces ses doigts. “Bien sûr que je suis revenu. Elle est en route, elle va aussi venir. Et Edward a été informé que tu n’allais pas bien.” Grace aurait adoré le voir une dernière fois mais elle n’était pas certaine de pouvoir tenir le coup, le temps du voyage depuis Londres. Le jeune fils de Filippo, Jacoppo, était également présent. Il n’osait pas vraiment s’approcher, Francesco l’intimidait. Mais le garçon ne pouvait s’empêcher de retenir ses larmes et d’aller chercher l’affection de son père. Francesco ne quitta pas son chevet, bien que son état se dégradait longuement, ça se comptait en jour. Parfois il parvenait à échanger quelques mots, mais Grace faiblissait vite. Mais il ne quitta pas son chevet. Quelques jours plus tard, une jeune femme fit son apparition. Blonde, avec d’immenses yeux verts. Le lien de parenté avec Grace était évident. Le même teint pâle, la même douceur dans sa voix. Lucia ne vit que très rarement sa mère mais cela n’attenua en rien le lien qu’elle avait avec elle. Elles s’écrivaient régulièrement. Tout comme son frère - qu’elle voyait encore moins-, elle savait tout. Sans se poser de questions, sans prendre le temps de se défaire de sa veste, elle se précipita vers le lit afin d’enlacer sa mère. “Regarde-toi. Ma si jolie petite fille.” dit Grace tout bas en trouvant la force nécessaire pour lui caresser les cheveux. Lucia sanglotait déjà. Jane priait, Andrea retenait cette scène pour pouvoir la retranscrire dans quelques lignes d’écriture.

Encore de nos jours, on se rendait compte que bien des personnes attendaient un moment précis pour mourir. Ils attendaient quelqu’un, ou parfois, ils attendaient d’être totalement seul pour rendre son dernier souffle. Andrew avait pu arriver à temps. Bien qu’il ne l’avait pas vu pendant un grand nombre d’années, il gardait toujours le souvenir d’elle, alors qu’il n’avait que huit ans. Son oncle avait jugé bon de le garder auprès de lui, que c’était mieux, mais ça n’avait jamais été le désir du Comte. Et voilà qu’il voyait sa mère bien plus âgé, le teint blafard. Il devinait par ses traits tout ce qu’elle avait vécu, en plus d’avoir pu les lire par écrit. Pourtant, il la trouvait toujours aussi belle. Il rencontrait pour la première fois son demi-frère, et sa demi-soeur. Aucun ne savait réellement comment il fallait se comporter avec l’autre, alors tous préférait se concentrer sur la personne qui les avait poussé à se réunir dans cette chambre. Grace n’avait ouvert qu’une fois les yeux, lorsque son fils aîné était arrivé. Elle l’avait vu, elle savait qu’il allait bien. Francesco avait l’une des mains de Grace logée dans les siennes, Filippo, l’autre. Il avait invité son garçon à rester auprès de lui, à ne pas avoir peur de la toucher. “Vas-y, maman, va le rejoindre. Il t’attend.” dit Francesco, tout bas. Et sur ces mots là, Grace lâcha son dernier soupir.
crackle bones

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