Les Evans acceptent que Myrddin ramène Arthur à Brisbane. Ils acceptent qu'il fasse le voyage de retour avec nous. Il acceptent la paternité de Myrddin. Ils acceptent. ILS ACCEPTENT PUTAIN DE MERDE ! Ma joie est certaine, bien visible, mais moins expressive que celle de Nathan qui me fait quelque peu sourire malgré tout. Et il est d'ailleurs le premier à réagir. Je darde mon regard sur lui, l'observe et hoche la tête. Il a raison. Avoir l'aval des Evans est déjà une très bonne chose. Leur soutient est sans doute quelque chose qui aura beaucoup d'importance lors du passage devant le juge. Myrddin indique qu'il retournera demain pour parler des papiers et me propose de venir avec lui. J'arque un sourcil et hoche la tête mais Nathan revient après avoir raccroché.

Mon amant s'en va, accompagnant son meilleur ami au quais et me laissant seul avec mes sentiments contraires. Excité et heureux à l'idée que tout se passe bien jusque là, incroyablement paniqué à l'idée de rentrer avec un petit enfant qu'on arrache à sa ville natale et carrément nerveux à l'idée de rencontrer les Evans. Ais-je bien entendu ? Myrddin souhaite me présenter ? Dès demain ? Sérieusement ? J'ai peut-être mal compris, aussi, ça ne peu pas être possible. Cela dit... si, c'est obligé. On ne peut pas passer à côté de ces présentations. Un long frisson traverse mon échine et je referme mes mains autour ma tasse de thé. Je ferme les eux pour me calmer. Ça devrait le faire. Je n'ai aucune raison de m'inquiéter, non ?

Je relève subitement mon regard lorsque Myrddin apparaît à mes côtés. Il enlève son manteau et me dit que Nathan devrait partir dans quelque minutes avant de se reprendre qu'il est déjà parti. Puis, avec un petit soupire, il dit que c'est au moins une chose de régler. J'arque un sourcil  «On dirait que t'es soulagé qu'il soit parti » dis-je avec une pointe d'humour avant d'hausser les épaules  « Je me suis excuser. J'ai pas fait d'histoire. On n'a pas beaucoup discuter non plus et je crois que ça valait mieux pour tout les deux » expliquais-je rapidement avant de prendre une gorgé de mon thé.

 «Bon du coup si je comprends bien tu … tu veux que je vienne avec toi demain chez les Evans ? » demandais-je en pinçant les lèvres  « Si ça ne me concerne que moi j'accepte avec plaisir, mais tu es sûr toi ? Tu … tu leur a parlé de moi aux Evans ? Je veux dire, tu leur a dit qu'on est ensemble ? » demandais-je, une moue incertaine sur le visage  « Un jour au l'autre faudrait bien qu'on le fasse, que je les rencontre et mieux vaut que ce soit fait assez tôt mais … quand même. T'es vraiment sûr de toi ? Tu ne crois pas que ça risque de … de nous mettre des battons dans les roues ?» Je n'ai pas envie de gâcher quoique ce soit dans cette histoire et s'il faut attendre encore un peu, je le ferais. Mais d'un autre côté j'ai vraiment envie de voir le petit. Mais d'un autre côté j'ai peu. Mais d'un autre côté je me demande ce qu'il peut bien y arriver ? Beaucoup de possibilités, autant positives que négatives.

Je souris légèrement et hoche la tête lorsque Myrddin me dit que oui, il est soulagé que Nathan soit parti surtout parce que ça lui évite de s'inquiéter pour nous mais aussi parce qu'il est content pour lui.  «Ok, très bien » répondais-je simplement. J'aurais aussi très bien put ne rien dire, mais au moins ça me laisse un peu le temps de réfléchir un peu plus longtemps aux paroles qu'il m'a dit juste avant.

Me présenter aux Evans dès le lendemain. Cette idée me remplis d'une joie certaine, mais aussi de craintes. Non fondées ? Sûrement. Reste que cette panique est quelque chose de normale, je suppose. Peu importe. Dans tous les cas je m'empresse de faire part de mes questionnements à mon amant. Ce n'est qu'à la fin de ma tirade qui n'a que très peu de sens maintenant que j'y pense, qu'il m'explique avoir déjà parlé de moi aux Evans, qu'il vivait avec moi et que c'était vraiment du sérieux entre nous. Lorsqu'il me demande, de manière rhétorique, si les grands parents ont le droit de connaître le deuxième père de leur petit fils, j'hoche rapidement la tête  « Oui, t'as raison. Ce... ouais, ça me paraît bien» je pince les lèvres, montrant tout de même malgré moi que je ne suis pas totalement convaincu.

Mais la suite finira bien pas me convaincre ! Myrddin reprends, plus calme, plus réfléchis, qu'il aimerait que je me familiarise le plus vite possible avec Arthur, que lui-même a eu besoin d'une heure pour qu'il l'accepte et que d'après les Evans c'est rapide. J'hoche doucement la tête baissant à mon tour le regard sur les mains de mon amant avant qu'il ne reprends que son fils sent les choses, qu'il les devines et que dès qu'il a une idée derrière la tête, il est très difficile pour lui de la lui enlever. Il faudra être très doux et très patients et que plus tôt je me familiarise avec le petit, mieux ce sera car il ne veux pas que nous partions d'un mauvais pied.

 « C'est tout à fait légitime » souriais-je en hochant la tête  «Enfin je disais ça surtout pour les grands parents, étant donné que je ne savais pas si tu leur avais parlé de moi déjà ou non … enfin bref. Si ce côté là est réglé, la partie Arthur ne sera pas un obstacle je pense » j'ai confiance en mes capacités et mon instinc paternel est encore tout frais. S'il est évident qu'Arthur ne sera pas comme Alex ou comme Clara, je sais que jamais je ne commencerais à comparer les trois enfants.  «A quelle heure demain, du coup, tu sais ?  » demandais-je en finissant mon thé.

Je lève la main pour appeler la serveuse et payer nos commandes avant que d'un commun accords, nous nous levions pour sortir. Refermant mon manteau jusqu'en haut, reserrant un peu mon écharpe autour de mon cou, je marche sur quelques mètres puis me tourne subitement vers Myrddin, prends son visage entre mes mains et l'embrasse.  « Allez, on rentre vite à l'hôtel » dis-je avant de m'approcher un peu plus de lui, mon souffle se mêlant au sien  « J'ai envie de tester un peu de confort du lit » murmurais, alors que mon souffle se transforme en fumé à cause de la fraicheur envrironnante. Je plonge mon regard dans celui de mon amant. Un regard plein de sous entendu que Myrddin est totalement capable de comprendre.

Un fin sourire étire mes lèvres alors que je lui attrape la main pour l’entraîner derrière moi et commencer à marcher, accélérant le pas. Autant pour me réchauffer un peu que pour arriver vite à l'hôtel et profiter de mon amant tout le reste de la soirée.

Nathan est parti et c'est comme s'il n'avait jamais été là. Je l'oublie très vite, notamment parce que Myrddin me parle d'une future rencontre avec les Evans et le petit Arthur. Et c'est pour ça que je suis venu à Londres avec lui, à la base. Et pourtant, maintenant que nous y sommes presque, j'avoue que mes craintes de voir le petit pour la première fois et surtout faire face à ses grands-parents, sont d'autant plus grandes. Mais peu importe. Je formule des questionnements que j'exprime à haute voix, et Myrddin a une réponse pour chacune de ces questions. Ce qui me rassure grandement, je dois l'avouer.

Au final, je demande quelque chose de plus concret : quand devons-nous passer ? 14H, que les Evans lui ont dit, étant donné que le petit faite sa sieste jusque 16h environs. Je rigole doucement en finissant mon thé  «Comme Clara » expliquais-je  « Alex il était beaucoup trop curieux, il se battait contre le sommeil. Trop de chose à découvrir pour perdre son temps à dormir » dis-je amusé.  « Mais ouais, 14h ça me va totalement» dis-je  « On pourra passer à la boutique à côté de l'hôtel ? Je pense que des chocolats et du thé et du vin, éventuellement, ne seront pas de trop » non loin de moi l'envie d'acheter la sympathie des Evans, c'est juste que ces petites attentions font vraiment plaisir en général.

Nous finissons par payer nos commandes et nous sortons. J'ajuste mon équipement d'hiver puis m'avance, mais fini par m'immobiliser devant Myrddin. L'embrassant, je lui dit que j'ai vraiment envie de tester le confort du matelas avec un sous entendu sans équivoque. Mon amant, séducteur comme il est, me répond qu'il le fera avec plaisir et nous nous dirigeons vers le métro. Je croise régulièrement son regard, m'amuse du petit jeu de séduction silencieuse qu'il entreprends tout en long de la route et réponds hâtivement à son approche plus poussée dans l'ascenseur. Mais à part un baiser qui ne fait que raviver mon excitation, je n'ai droit à rien d'autre, si ce n'est de la frustration en voyant Myrddin se détacher de moi pour partir rapidement vers notre chambre. Il me dit de me dépêcher, qu'il ne veut pas tester le confort tout seul. Je le regarde et ralentis le pas, exprès.  « Et tu ferais quoi, du coup, si je restais ici, dans le couloir ?» je plonge ma main dans la poche de mon jeans  «En plus c'est moi qui ait la clef » dis-je en sortant la carte qui nous permet d'ouvrir la porte.

Je m'avance encore un peu, puis m'adosse contre le mur à côté de la porte et je frotte le menton avec la carte, faisant mine de réfléchir  « Il est quelle heure ?» demandais-je, rhétorique, en lançant un coup d’œil sur ma montre  «On a encore le temps d'aller boire un coup au bar de l'hôtel ! » m'exclamais-je en me détournant. Mais je sens la main de Myrddin qui agrippe mon poignet et je l'entends soupirer lourdement. Je ricane bêtement puis me retourne vers lui et l'embrasse  « Allez, j'arrête mon cinéma. De toute manière c'est toi le spécialiste là-dedans» je mordille légèrement son menton  «Chacun sa spécialité » je lui fais un clin d’œil et ouvre la porte puis entre.

Déposant la carte sur la table, j'écoute Myrddin qui referme la porte a clef et me débarrasse de mon surplus d'affaire. Très rapidement, je me retrouve pieds nu et ma chemise ouverte laissant apparaître mon torse -que je devrais un peu mieux entretenir quand même. Mais sur les hanches, je me tourne vers Myrddin et le regarde sévèrement  «Eh ben alors ? T'es pas encore près toi ? » demandais-je d'un air dédaigneux. Tout ça n'est évidement qu'un jeu pour nous, je sais que dans le fond Myrddin n'attends qu'une chose : que je le prenne. Purement et simplement.

Oui, je m'amuse un peu à tester la patience de Myrddin. Simple petite vengeance pour toutes les fois où il m'a frustré sans aller directement jusqu'au bout de la chose ! Mais ça se finit comme ça devrait se finir : nue, excité, orgasmique. Le sommier du lit s'est un peu plainte de ce mauvais traitement mais il a tenue le choc. Et je pense qu'avec le prix que nous payons la chambre d'hôtel, les murs sont assez insonorisé. Et quand bien même ne le seraient-ils pas, franchement, sur ce coup, ça m'est tellement égale. Mais a un point inimaginable. Nous faisons un mélange de baise et d'amour, mais finissons, comme d'habitude, par un câlin, pelotonné l'un contre l'autre, sous les couvertures. On est bien là. Tellement bien que d'un commun accord nous faisons venir le service de chambre. J'enfile quand même quelque chose de décent lorsqu'on toque à la porte et avec Myrddin nous mangeons sur le lit devant un film qui passe à la télé. Puis nous nous endormons.

A 8h, je nous nous réveillons presqu'en même temps. Frais et motivé, je me redresse pour aller à la douche. Ou du moins, tentais-je de me redressé. Mais Myrddin m'en empêche et je me dis 'pourquoi pas ?' en souriant doucement car je l'ai bien retenue aussi l'avant veille quand nous devions descendre manger à 20h. Je dépose un baiser sur le nez de mon amant puis pose mon front contre le sien et referme les yeux. Une heure de sommeil en plus nous est bénéfique à tous les deux. Et puis nous économisons l'eau en prenons la douche ensemble. (nous passerons donc aussi sous silence qu'un autre liquide s'est mélangé avec l'eau).

Ainsi donc, douché, propre et totalement réveillé, nous allons prendre notre petit déjeuné. Là, nous discutons, surtout d'Arthur et de la visite ainsi que des cadeaux, mais aussi rapidement notre retour en Australie. Je rappelle à Myrddin que j'ai récupéré l'ancien berceau d'Alex à qui j'ai donné un petit coup de peinture -bien que je reste vague là-dessus, n'évoquant aucunement que je me suis un peu (beaucoup) inspirer de la mythologie Arthurienne pour refaire la déco du lit. Ce sera son cadeau de noël, dirons-nous- et que de toute manière nous regarderons une fois de retour à la maison ce qu'il en sera avec le reste des affaires. Après cela, nous repassons rapidement par la chambre, sortons de l'hôtel et passons par la boutique. J'achète une boîte de praliné et du thé -sous les conseils de Myrddin- ainsi qu'une bouteille de vin, puis nous mangeons dans une petite brasserie avant de nous retrouver à 14h tapante devant la maison des Evans. Là, le stresse monte d'un coup. Je profite de mon reflet dans la vitre pour réajusté un plie de ma veste et me passer une main dans les cheveux pour remettre une mèche rebelle en place et me recule lorsque la porte s'ouvre sur le visage souriant et chaleureux de Mme Evans.

 «Ah ! Thomas ! Ça fait plaisir que tu sois venu aussi » s'exclame-t-elle en venant me prendre dans ses bras. J'avoue être un peu trop déboussolé pour réagir. En plus elle ne me laisse pas le temps car elle me lâche pour réserver le même bonjour à Myrddin. Je me décale un peu avant qu'elle ne m'invite à entrer.  « Tiens, c'est pour toi » dis-je en lui tendant le sachet. Elle me regarde avec étonnement et prends le sachet en main  « Mais fallait pas» dit-elle, poliment. C'est ce que tout le monde dit, mais si je ne peux m'empêcher de penser que si j'étais venu les mains vides elle m'en aurait voulut.  «Tout le plaisir est pour moi » lui assurais-je avant de me redresser en voyant l'homme arriver  «Mr. Evans » le saluais-je un peu plus modestement en lui tendant la main. Il m'offre un sourire chaleureux et attrape ma main avant de me serrer furtivement contre lui  «Je t'en supplie Thomas, appelle-moi Edmund » me corrigea-t-il. Cette fois je suis plus rapide et je réponds furtivement à son étreinte avant d'hocher la tête en me reculant.  «J'y penserais » promis-je avant de lui tendre la bouteille de vin  «J'espère que tu aimes le vin Français » dis-je alors qu'il observe la bouteille, hochant la tête  «Oui, oui. Mais venez, venez. Mettez vous à l'aise au salon » reprend-t-il en ouvrant la marche.

J'échange un rapide coup d’œil avec Myrddin puis enlève mon manteau et me débarrasse de toute mes affaires d'hiver que j'accroche au porte manteau.  « Eh ben, on pourrait presque croire qu'il fasse froid » sourit Janet en me voyant faire. Je rigole doucement et hoche la tête  «On a quitté l'Australie en plein milieu de l'été et au moment le plus chaud. Les températures avoisinaient les 40°c à l'ombre. Donc on vient de se prendre 35°c de moins dans la figure, autant dire que moi qui suit né là-bas, j'ai l'impression qu'il fait -40°c » je lance un coup d’œil par la fenêtre  « D'ailleurs j'aurais juré voir un ours polaire au détour de Camden Street ...» dis-je sur un ton assez sérieux, provoquant un éclat de rire chez les deux grands-parents alors que je les rejoins dans le salon.

M'installant sur le canapé, je laisse une place à Myrddin et observe Janet nous servir du thé.  «Alors Thomas, Myrddin nous a déjà pas mal parlé de toi » reprends Edmund. Je lance un coup d’œil à mon amant puis reporte mon attention sur l'homme  « Tu as deux enfants déjà, c'est ça ?» j'hoche la tête et me prends le temps de remercier Janet avant de reprendre  «Exactement. Une fille et un garçon. Clara va avoir 1 ans, là le 8 janvier et Alexander il va sur ses 8 ans » commençais-je à dire avant de me lancer dans de plus amples explication. Je parle d'un ancien mariage mais laisse cette parti en floue, explique les circonstance dans lesquelles Clara est arrivé au monde, leur parle d'Alexander et leur fait sans mal comprendre la fierté que j'éprouve d'être père.

Tous les doutes et toutes mes craintes s'envolent avec l'étreinte chaleureuse de Janet Evans. Cette femme respire la joie de vivre et fait honneur à l'hospitalité anglaise. Son mari, Edmund, n'est pas en reste, je crois que j'ai bien gérer mon coup avec le vin. Je m'autorise à critiquer le froid Britannique qui me semble plus polaire qu'autre chose avant d'aller me poser dans le salon où Janet nous sert en thé. Et c'est là que l'interrogatoire commence. Non pas un interrogatoire qui a pour but de me mettre mal à l'aise, mais plutôt pour apprendre à me connaître d'avantage, moi, le deuxième père d'Arthur.

Je leur parle donc ouvertement, réponds à leur question et ajoute d'avantage d'informations même lorsqu'ils me les demandent pas directement. Je vois bien que ça leur fait plaisir. De toute manière, je ne suis pas quelqu'un à qui on doit tirer les vers du nez, donc ça tombe bien. Toutefois, lorsque Janet reprends pour la troisième fois en même pas deux heures qu'on doit vraiment y aller doucement avec Arthur j'ai juste envie de lui dire qu'on a comprit à force. Mais je ne veux pas paraître impolie donc j'hoche simplement la tête et laisse Myrddin répondre que toute manière nous n'avons pas encore de billet de retour, donc que nous avons tout notre temps. Évidement, mon amant ne peut s'empêcher d'ajouter que si jamais je dois rentrer mais que c'est trop tôt pour Arthur, lui il pourra encore rester. Je roule discrètement des yeux mais ne dit rien : il connaît déjà ma réponse. Sauf cas de force majeure -donc s'il y a un problème avec l'un de mes enfants- je reste avec lui. Il évoque ensuite Nouvel an et le fait qu'on aimerait beaucoup le fêter avec ses parents et donc Arthur. Janet et Edmund, après quelques instants d'hésitations pendant lesquelles j'aurais vraiment pensé qu'ils refuserons cette idée, finisse par accepter. Un sourire reconnaissant vient prendre place sur mon visage alors que fini ma tasse.

Ils parlent encore d'Arthur et de ses habitudes, lorsqu'on entends le babillement d'Arthur dans le baby phone. Myrddin est très rapide et se lève, disant qu'il s'en occupe. Je me redresse et le laisse passer, observant mon amant monter dans la chambre.  « ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?» demande Edmund, alors qu'on entends la porte de la chambre s’ouvrir. Je me tourne vers l'homme et hoche doucement la tête  «10 mois à peu près » expliquais-je alors que Janet me resserre en thé  « Donc c'est du sérieux entre vous ?» me demande-t-elle en s'installant à nouveau.  « On ne peut plus sérieux» indiquais-je  « Nous avons emménagé ensemble il y un peu plus d'un mois et... je l'aime vraiment » expliquais-je en les observant tour à tour. Je vois bien qu'ils ont de nombreuses questions encore, ça se voit dans leur regard, mais ils se gardent bien de se montrer trop intrusif et pour cela je ne les remercierais jamais assez je pense.

De toute manière, Myrddin revient et coupe court à n'importe quel questionnement. Je me tourne et lorsque mon regard se pose sur le petit Arthur, je sens mon cœur qui fond. Mignon. Adorable. Magnifique. Beau. Trop d'adjectifs pour décrire le petit mais aussi l'image de Myrddin tenant son fils, qui s'offre à moi. Le regard du petit se pose sur moi lorsque je me lève en posant la tasse sur la table.  «Salut toi » dis-je d'une voix douce en m'approchant de lui. Et directement, c'est la crainte qui se lit dans le regard du plus jeune. Il s’agrippe plus fort au cou de son père et détourne la tête en laissant échapper un petit gémissement. J'affiche une petit moue mais ne me laisse pas démonter pour autant et m'approche d'avantage  «Ah, Arthur » reprenais-je, toujours sur ce ton calme et posé  «Tu veux pas me dire bonjour, hm ? » j'incline la tête sur le côté et me penche un peu, essayant de capter son regard, mais il tourne la tête vers l'autre côté  «Bon ben, tant pis » dis-je, rigolant, en me redressant.

Je regarde autour de moi, puis me dirige vers un coin dans lequel est posé une caisse de jouet. Je fouille un peu et sort un lapin dont l'oreille gauche est déjà toute mâchouillé. Preuve indéniable qu'il a fait ses dents là-dessus et que du coup ce lapin l'accompagne déjà depuis pas mal de temps. Je le prends en main puis me redresse et retourne vers Myrddin qui a installé Arthur au sol  « T'as vu qui j'ai trouvé ?» demandais-je au petit, m'accroupissant en face de lui et lui tendant la peluche  «C'est Mr. Rabbit, non ? Tu l'aime b-... » je n'en dis pas plus car Arthur se crispe soudainement et commence à pleurer et allant s'accrocher à Myrddin. Je l'observe, quelque peu désabusé, mais ne dit rien.  «Bon... » murmurais-je pour moi-même. Ça va être bien plus compliqué que je ne le pensais.

Je n'ai pas l'habitude qu'un enfant réagisse comme ça avec moi. Au contraire. Tous les enfants que j'ai put croisé étaient très rapidement très intéressé et totalement en confiance. Mais pas Arthur. Il est vraiment totalement différent des autres petits garçons que je connais. Chaque enfants est différents, c'est sûr, mais il y a bien quelques généralité qu'on peut faire. Enfin, peu importe. Lorsqu'il enfoui sa tête dans le cou de Myrddin et que celui-ci le berce en rigolant un peu, je me renfrogne un peu. J'ai l'impression que mon amant est entrain de se foutre de ma gueule. Et ça ne fait qu'accentuer ma honte. N'ais-je pas dis que j'ai deux enfants, moi ? Que je saurais gérer ? Je tombe de haut, j'ai l'impression. La désillusion est assez énorme. Mais je ne me laisse abattre. Ce n'est que le premier contact, normal que ça ne fonctionne pas toujours comme on aimerait. Alors je m'en vais chercher le Lapin avant de rejoindre Myrddin et Arthur sur le sol.

J'essaie une troisième approche qui se fini en pleur. Je soupire discrètement et lance un coup d’œil à Edmund qui me dit qu'en général Arthur pleur bien plus rapidement. S'il veut me rassurer là il s'y prend mal. Je souris tout de même et hoche la tête avant de reporter mon attention sur Myrddin qui m'indique de m'asseoir simplement en face de lui sans rien faire de plus. C'est ce que je fais. Je le laisse parler avec le petit, le rassurer, l'écoute comme il lui dit que je ne suis pas méchant, que je ne lui ferait aucun mal et que je l'aimerais autant que mes deux autres enfants. Je ne suis pas sûr que je l'aimerais vraiment comme s'il était mon fils, autant que j'aime Alex ou Clara, mais il est évident que je ne ferais pas de différence et que je lui donnerais tout mon amour possible. Encore fait-il qu'il m'en laisse l'occasion.

Je lâche le Lapin lorsque Myrddin le prends en main et c'est avec une once de jalousie que je vois Arthur le prendre dans ses mains, avant de relever son regard sur moi. Mon expression de radoucit tout de suite et je lui souris, encore plus lorsque Myrddin me tends la main. Sans quitter Arthur du regard, je prends la main de mon amant dans la mienne et referme mes doigts autour de siens. Peut-être même que je rougis quand Myrddin parle de moi comme étant son amoureux et qu'il n'y a pas plus merveilleux que moi. Je pose un regard attendrit sur mon amant, le gratifie silencieusement du regard, puis reporte mon attention sur Arthur.

 «Tu veux écouter une histoire ? » lui demandais-je. Des histoires, j'en connais des centaines. Autant des inventés que des réelles. J'en ai même couchées quelques unes sur papiers pour pouvoir les raconter plus facilement à mes enfants. Voyant qu'Arthur ouvre d'avantage les yeux, une lueur de curiosité y brillant, je prends ça pour un oui. Alors, mon sourire s'agrandissant d'avantage, je regarde autour de moi. Je vois un bateau dont la proue est troué, un bonhomme en playmobile ainsi que quelques rocher et une lune. C'est quelques éléments me suffisent pour improviser.  «Alors c'est l'histoire de ... » et je commence à parler. Sur un ton doux, je lui raconte l'histoire de Capitaine Némo -faut bien que je m'inspire du héro de ma jeunesse- qui sort de son sous marin, protégé par son scaphandre, pour aller explorer le fond de la mer. Tout le récit est édulcoré, je parle de plantes aquatiques qui sortent de mon imagination, j'introduis Mr. Lune -notez bien que j'utilise le mot français pou le nom- qui guide Némo tout au long de son périple. Normalement je parlerais encore de monstres sous marins, mais je m'en garde bien, j'évoque les poissons arc-en-ciel, les dauphins qui veulent joué avec l'explorateur, je compare un crabe à un chien et un coquillage à un chat.

Je parles pendant bien 15 minutes sans m'interrompre. Et Arthur semble captivé par cette histoire. J'ai l'impression qu'il comprends tout. Sans doute pas le sens de mes mots, mais au moins il sait que ce que je dis est joyeux, des paroles rassurantes, pareil à la protection du scaphandre de Némo. Au final, lorsque je me redresse et que je reviens sur terre, en Angleterre, dans cette maison, je remarque pour la première fois le silence. Et j'ai l'impression qu'Arthur n'était pas le seul a avoir été captivé par mon récit. Je lance un coup d’œil vers Edmund et Janet puis regarde le garçon. Sans doute que mon expression a changé d'un coup, car son visage trahis à nouveau la peur et dans un hoquet, il commence à pleurer. Je lève un peu les mains en roulant des yeux puis secoue la tête en souriant  «Au moins t'étais tranquille pendant 15 minutes » dis-je en rigolant légèrement, allant lui caresser la joue.

Alors qu'Arthur enfoui à nouveau son visage dans le cou de Myrddin, je repose le bateau et le playmobile sur le sol et prends appuie sur mes genoux pour me lever. Je vais rejoindre les grands parents et m'installe sur le canapé.  «Tu viens d'inventer cette histoire ? » me demande Edmund, sourcil arqué. J'hoche la tête en prenant une gorgé de mon thé  « Oui » répondais-je, reposant ma tasse  «Je me suis fortement inspirer du livre 20 000 lieues sous les mers qui est le meilleur libre que j'ai jamais lu » expliquais-je  « fan de Jules Verne, donc ?» demande le grand père avec un sourire en coins.  « Oh oui, et pas qu'un peu !» dis-je en hochant la tête.  «Quand j'te disais qu'il doit avoir de bon goût ce petit » glisse-t-il à sa femme en me désignant. Ils partent à rire. Rire auquel je me joins avec plaisir alors que Janet se lève pour aller prendre Arthur des bras de Myrddin et lui donner son goûter.  «Je suis entrain de faire cuir de scone » explique-t-elle en s'installant à nouveau dans son fauteuil  « Ils seront près dans une petite dizaine de minutes si vous en voulez » J'hoche la tête en regarde mon amant me rejoindre sur le canapé.

Arthur a beau être différent de beaucoup d'enfants, il a tout de même une chose en commun avec tous les autres : l'envie d'écouter des histoires. Comme chaque petit de son âge, il est en alerte, buvant mes paroles. Mais il est plus expressif que d'autre. Il agite les bras, rigole, sourit... je comprends donc je parviens d'avantage à l'atteindre avec des histoires. Et c'est tant mieux car ce n'est pas ce qui manque dans mon répertoire. Lorsqu'au bout de 15 minutes mon imagination me fait défaut, Arthur se plaint du silence par des pleurs. Myrddin m'indique qu'il n'avait sûrement pas envie que je m'arrête et je me joins à son rire.  « C'est une explication qui me convient aussi » dis-je, amusé en retournant m'installer sur le canapé.

Je comprends sans mal qu'avec Edmund, je partages la même passion pour Jules Verne. Et ça c'est une très bonne chose. Myrddin vient me rejoindre rapidement tandis que Janet donne le goûté à Arthur. Mon amant fait remarquer qu'il a un bon appétit et j'apprends que Lily, à cet âge là, n'en avait pas autant et qu'elle ne dormait pas beaucoup non plus. Je souris doucement et hoche la tête. Mais mon sourire disparaît lorsque Janet nous explique qu'il ne fait plus  ses nuits parce qu'il a des cauchemars. Je grimace et me passe une main dans les cheveux en lançant un coup d’œil vers Myrddin.

Dans le fond je me dis qu'entre Myrddin qui est très souvent réveillé aussi par des cauchemars et maintenant Arthur aussi, nous ne seront pas sorti de l'auberge. Quoique, peut-être qu'avec ce petit qui demandera plus d'attention, mon amant aura autre chose sur quoi se focaliser ? On verra bien comment ça se goupillera. Je fini par relever mon regard sur Janet et Arthur  «Dis, Janet » l'interpellais-je, souriant lorsqu'elle relève le regard  « Tu sais pourquoi Lily a choisi ce prénom là pour Arthur ?» demandais-je. Je sais que souvent il y a des explications logique au niveau de la signification du prénom, bien qu'Ida et moi avons décidé un peu au pif pour les prénoms de nos enfants, juste parce que nous aimions bien Alexander et Clara. Mais peut-être que cette Lily avait une autre façon de voir les choses ?

Et effectivement. J'apprends que leur fille a fait des études poussées en histoire et qu'elle adorait les légendes Arthurienne et le moyen âge. De plus Myrddin c'est la forme gaélique de Merlin -ce que j'avais oublié, je l'avoue- et qu'en y réfléchissant de plus près, elle adorait la relation entre Merlin et Arthur. Donc voilà. J'hoche la tête au récit et regarde mon amant  «Je vois » dis-je. C'était sa destiné, à Myrddin de s'occuper de cet Arthur. Bon, je me garde bien de le dire, ça pourrait être mal interprété, mais je n'en penses pas moins. « C'est intéressant» dis-je  «Je trouve ça génial de donner des prénoms qui ont une signification  »

Janet approuve puis se lève et dépose Arthur sur les genoux de son grand père pour aller dans la cuisine. Elle en revient avec un plateau de scone, du beurre et de la marmelade ainsi que la théière. Je me régale réellement, surtout avec la marmelade à l'orange faite maison qui est une tuerie. Je ne manque pas de faire mes compliments, que les grands-parents acceptent avec plaisir étant donné que c'est Edmund le spécialiste de la confiture. Nous discutons encore longtemps jusqu'à ce que Janet ne mettent Arthur au lit. Il doit être 21h lorsque nous sortons, nous donnons rendez-vous à la même heure demain.

Je leur fais un dernier signe de la main puis attrape la main de Myrddin lorsque nous nous dirigeons vers le trottoir. Après quelques mètres marché en silence, j'attrape mon amant par les épaules et le tire contre moi  « C'était ta destiné de t'occuper de ce petit » dis-je souriant doucement  « il est adorable. Ça ira mieux demain, j'en suis sûr. Et puis j'ai hâte de rencontrer tes parents du coup » je lui offre un large sourire et dépose un baiser sur sa joue.

Un plaisir. Le vrai, le pur, l'incroyable, qu'est celui de voir Myrddin l'homme de ma vie, grandir et s'épanouir en si peu de temps dans son devoir de père. Bien sur, je serais là en cas de questions de sa part, il ne fera pas tout seul l'éducation d'Arthur, mais je compte bien lui laisser le plus d'espace possible. Tout en restant toujours là si jamais ça ne va pas. Ces derniers jours, lorsque Janet explique à Myrddin tout pour ce qui est du bien être d'Arthur, je suis toujours présent et j'écoute moi aussi. On est jamais trop sûr ni même a l’abri avec la mémoire de mon amant qui lui fait encore régulièrement défaut. Vaut mieux être sûr. Le soir, en revenant à l'hôtel, je me prends le temps de tout noter sur un carnet. Même si Janet nous a assuré qu'elle nous donnera toutes ses notes, je me rassure personnellement avec mes propre notes, qui, de toutes manières, ne pourront qu'être complémentaire aux siennes.

Et maintenant nous sommes dans le train qui nous amène à Cambridge. Et au lieu de ressentir un stresse et une panique, c'est plus la joie et l'excitation que je ressens. J'ai vraiment hâte de rencontrer mes beaux parents. Myrddin m'a encore pas mal parlé d'eux, de leur habitude autant alimentaire que leur quotidien. Finalement, j'ai l'impression de déjà les connaître et j'avoue que ça me rassure franchement. Je me tourne vers Myrddin lorsqu'il prend la parole et sourit, comme a chaque fois que je pose mon regard sur mon amant et son fils. Notre fils ? Clairement, plus j'apprends à connaître Arthur, plus je l'aime et plus je le considère, effectivement, comme mon fils.  « Avec plaisir, ouais » dis-je lorsqu'il me propose de revenir à Cambridge un jour prochain vu que ce n'est pas loin de Londres. Ça me ferait vraiment plaisir, d'autant qu'à part Londres je ne connais pas du tout l'Angleterre.

Lorsque le train s'arrête en gare, je m'occupe de la poussette et de nos bagages -qui ne consistent qu'en un sac à dos. Étant donné le peu de temps que nous restons, les Evans nous ont gentiment proposé de laisser nos valises chez eux. Une fois en dehors du train, je laisse les commandes de la poussette à Myrddin et sortons de la gare. Nous n'en avons pas pour longtemps à marcher pour arriver chez les Owens et en même pas 10 minutes nous arrivons devant leur porte. J'avoue être un instant impressionné par la taille de la maison, mais Myrddin ne me laisse pas le temps de m'en remettre qu'il pousse sur la sonnette. Un aboiement se fait entendre, des pas précipités et la porte qui s'ouvre sur celle que je suppose être Charlott Owens. A la manière dont elle s'exclame et qu'elle prends Myrddin dans ses bras, il n'y a aucune doute, c'est bel et bien sa mère. Elle le sers fort contre elle et moi je m'occupe de rassurer un peu Arthur qui semble effrayé par ce brouhaha soudain.

Du coin de l’œil j’aperçois un chien court sur pattes qui renifle mes chaussures et mon pantalon avant d'aller sauter à la jambe de Myrddin alors que Charlott vient me prendre dans ses bras. Je rigole doucement et réponds à l'étreinte. «  Doucement ma chérie, va pas nous le tuer dès le début de la soirée » résonne une voix masculine dans le fond du couloir. Je me redresse et observe Alan Owens qui s'approche de nous. Son air grave laisse très rapidement place à une expression chaleureuse alors qu'il pose son regard sur Myrddin «Tu viens me dire bonjour à moi aussi ? »Mon amant ne se le fait pas prier et je reste donc un peu en retrait avec Charlott qui me fait de la place pour la poussette. Je me débarrasse de mes affaires  tandis que la femme se montre bien plus douce et calme avec Arthur.