give me your love and physical affection, give me the worst of you to hold
Devaient-ils se considérer comme amants ? A force de baisers, d'accolade et de mots d'amour, Constance avait fini par reconnaître qu'elle ne pouvait que répondre positivement à cette question. Cela devenait comme une drogue, quelque chose dont on ne pouvait plus se passer. A chaque nouveau baiser, elle en voulait encore plus. Plus intense, plus long et encore plus amoureux. Un sentiment d'insatiabilité qui était étrangement agréable. Un paradoxe bien curieux mais dont l'harmonie était parfaite. Elle ne pensait pas qu'être amoureuse était encore plus beau que tout ce dont elle avait pu lire dans des dizaines de bouquins. Cole semblait presque soulagé qu'elle ne lui porte aucun jugement, que malgré son passif sombre et ténébreux, elle ressente toujours la même chose à son égard. Son coeur lui disait qu'il était inutile de lutter, que cela ne ferait que creuser davantage le manque et qu'il finirait pas y avoir un point de rupture. Autant rassasier secrètement leurs sentiments par de petits gestes, dans le plus grand des secrets. Il viendra certainement un moment où tout ceci ne serait plus suffisant. Une fois que les bruits de pas s'étaient éloignés de la pièce, le beau brun ne manqua pas une nouvelle occasion de s'approcher d'elle pour l'embrasser à nouveau, avec cette tendresse qu'elle lui connaissait. Il la faisait craquer, avec son regard à nouveau pétillant, peut-être même heureux, avec cette petite pointe de malice agrémentée par le danger de faire de telles choses sur le terrain ennemi. Constance en passait ses dents sur ses lèvres juste après que Cole y ait posé sa marque. Néanmoins, il reprit tout de même un peu de contenance afin d'ausculter correctement la petite blonde. Cela ne prit qu'une petite poignée de minutes. Cliniquement, Constance allait bien mieux que la semaine passée. "Tout cela grâce à vos bons soins, Docteur." répondit-elle avec un large sourire. Elle se sentait plus légère, depuis qu'elle s'était réconciliée avec lui, plus heureuse. Il y avait comme un poids en moins sur ses épaules et elle avait l'impression que c'était également le cas de son amant. Néanmoins, elle désenchanta rapidement lorsqu'il mentionna son mari, qu'il trouvait plus raisonnable. Constance haussa les épaules, peu convaincue. "Certes, il a un comportement quasi exemplaire avec moi dès qu'il y a une paire d'yeux pour l'observer. Mais cela ne me donne pas plus envie de me retrouver seule avec lui." dit-elle en baissant le regard. Dès que Cole aura annoncé la rémission de Constance aux Keynes, nul doute que Peter allait vouloir rattraper le temps perdu et à cette idée, elle en avait déjà la boule au ventre. Il était particulièrement brutal, durant leurs rapports. Cole tentait de trouver un peu d'optimisme là-dedans mais le ton laissait deviner qu'il n'y croyait pas non plus, pas vraiment, du moins. Cole avait pris sa main dans la sienne et la serrait toujours un petit peu plus. Ils sentaient tous les deux que le moment de la séparation approchait de plus en plus et il y avait cette appréhension commune à l'idée de devoir se déchirer une nouvelle. Alors, histoire de ne pas gâcher une seule minute, Cole l'embrassait amoureusement, glissant ses doigts dans ses cheveux comme s'il craignait que ses lèvres ne finissent par lui échapper. Constance y répondait avec tout autant de dévotion. Elle tenait son visage entre ses mains. Que c'était agréable, d'être ainsi chérie par l'homme dont elle était amoureuse. C'était à chaque fois comme une découverte pour elle et il semblerait que même son corps la suppliait d'en avoir un peu plus, toujours un petit peu plus. "Je vous aime aussi." dit-elle en collant son front contre le sien, avant de reprendre encore ses lèvres d'assaut pendant quelques secondes. Mais à chaque contact rompu, elle voulait à nouveau ses lèvres. Alors elle enchaînait les baisers jusqu'à ce qu'elle puisse supporter l'idée d'arrêter. "J'essaierai de venir vous voir le plus vite possible." lui dit-elle sur un ton qui laissait comprendre qu'il s'agissait là d'une promesse. "D'ailleurs, vous allez oublier quelque chose ici." dit-elle en se penchant pour aller fouiller dans sa mallette pour récupérer son stéthoscope. Elle le dissimula alors sous sa couverture, avec un petit sourire malicieux. Soit Cole devra passer pour venir le chercher, soit elle devrait venir à Canterbury pour le lui ramener.
La soudaine gentillesse de Peter n'avait changé en rien sa façon d'appliquer son devoir conjugal, bien au contraire. Mais il avait tout de même beaucoup de sympathie pour Constance, et cela permettait d'avoir à la jeune femme plus de liberté qu'elle n'en avait jamais eu depuis le début de son mariage. Trois semaines s'étaient tout de même écoulées depuis la dernière visite de Cole et rien de bien incroyable ne s'était passé depuis. Eleanor avait un ventre de plus en plus rond et l'on avait réaménagé la nurserie pour le bébé à venir. Grâce à elle, peu de personnes ne venait reprocher à Constance le fait qu'elle ne soit pas enceinte. Cela ne faisait que retarder l'échéance, mais c'était mieux que rien. Ainsi, un bon matin, elle demanda à son époux si elle pouvait passer la journée à Canterbury, pour aller voir Cole en tant qu'ami. Peter croyait en cette relation uniquement amical et fut nullement surpris que sa chère et tendre ne vienne lui demander d'aller le voir pendant quelques temps. Et puis, se dit-il, il valait mieux que Cole soit un ami plutôt qu'un ennemi. Puis les affaires reprenaient de plus belle et Constance ne voyait Peter que très peu durant la journée. De longues discussions autour avec cigares et whisky pour parler d'argent et d'avenir. Comme tout homme de ce genre de familles, il voulait aussi se démarquer en apportant sa pierre à l'édifice. Ainsi, Constance avait sa journée, à son plus grand soulagement. C'était synonyme de répit pour elle. Dès qu'elle était dans la calèche, son coeur battait à folle allure à l'idée de le revoir. Tout ce qu'elle voulait, c'était d'être dans ses bras et de l'embrasser. Le temps lui semblait alors incroyablement long, le temps d'arriver à Canterbury. L'excitation était à son comble et cette enthousiasme la déroutait elle-même. Il lui était difficile de garder une allure parfaitement calme et un pas lent lorsqu'elle approchait de la porte d'entrée, où elle toqua délicatement. "Bonjour, Dr. Elwood." dit-elle de sa voix douce, avec un sourire qu'elle tentait de modérer. "Il me semble que vous avez oublié quelque chose durant votre précédente consultation au manoir, je me devais de vous le rapporter."
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Elle l’avait promis à demi-mot, et quelques semaines plus tard, Constance était là. Il ne pouvait se l'expliquer, mais lorsqu’on frappa à sa porte, au milieu d'une consultation, Cole sut que la petite blonde était là, sur le palier, à attendre qu'il lui ouvre. Il s'excusa auprès de son patient juste un instant, posa le stylo avec lequel il inscrivait la prescription à côté du papier, et se rendit rapidement dans l'entrée. Il craignait que la jeune femme ne pense qu'il était en consultation en ville et tourne les talons pour retourner au manoir avant qu'il n’ait le temps de lui ouvrir. Et dès qu'il la vit, par les fines fenêtres qui bordaient l'entrée de part et d'autre de la porte, son sourire s'étira un peu plus. Elle lui paraissait toujours superbe quand il posait son regard sur elle, un peu comme s'il la voyait pour la première fois à chaque fois, et qu'il retombait sous le charme encore et encore. C'était une belle journée, le début du printemps, et ce doux soleil se reflétait dans les grands yeux bleus de Constance. Avec un petit sourire, il jouait la courte comédie qui servait d’excuse à cette visite et d’alibi auprès des oreilles baladeuses. Elle avait le stéthoscope entre les mains. Le médecin s'en était procuré un nouveau depuis le temps, ne pouvant décemment pas s'en passer si longtemps, mais il n’en parut pas moins ravi. “C'est très aimable à vous.” dit-il. Puis il ouvrit un peu plus grand la porte afin d'inviter la petite Lady à entrer chez lui. D'un signe de tête en direction de son cabinet, il fit comprendre qu'il lui restait un patient. “Entrez, je n’en ai que pour une minute.” Derrière la porte du cabinet, on devinait le brouhaha des cinq enfants Durden. Il en était toujours un malade, et bien sûr, le mal passait d'un frère a une soeur jusqu'à faire le tour de la fratrie, puis passer par la mère pour son plus grand désarroi. Autant dire qu'il se passait rarement un jour sans que les Durden ne fassent un saut par la maison Elwood. Il termina donc sa prescription et lança une traditionnelle tournée de chocolats une fois dans le hall à laquelle même la mère avait droit. Puis ils sortirent, et le bruit cessa. “Je n’ai pas de pacte avec le dentiste de la ville, si vous vous le demandez.” fit-il à l'intention de Constance, rangeant le bureau avant de la rejoindre dans le salon. Là seulement, Cole se permit un geste d’affection, un baiser sur le front, la main frôlant sa joue porcelaine. Il lui sourit, rassuré qu'elle ait tenu parole, et qu'ils puissent enfin se retrouver chez lui, et non en territoire ennemi. “Vous vous souvenez des fleurs que vous m'avez aidé à mettre en terre la dernière fois ?” demanda-t-il. Le brun lui prit la main et l'entraîna dans le jardin de derrière. Celui-ci débordait de couleurs désormais. Des boutons devaient encore éclore, les arbres s'étofferaient avec le temps, mais le tout formait un beau spectacle. D’or et déjà, des insectes avaient débuté leur travail et volaient ici et là. Les oiseaux avaient retrouvé leur place dans les hauteurs, formaient leurs futurs nids. Cole retrouva sans peine le lieu où ils avaient planté les fleurs en question la dernière fois, il connaissait ce jardin par coeur. Il indiqua à Constance les belles pétales violettes qui se nourissaient de soleil. “C’est bientôt la fin de leur floraison. Le moment où elles sont les plus belles. Elles brillent avant de s'éteindre pour quelques mois. Et les autres prennent le relais.” Du bosquet d'à côté, un chat roux fit son apparition. Du bout des pattes, il semblait particulièrement attentif à l'endroit où il les posait pour avancer. Il n’était pas craintif. Visiteur régulier, il s'était habitué à la présence du médecin, et lui à la sienne. Lorsqu'il vint se frotter à ses mollets, Cole passa ses doigts par son poil. Puis il le prit délicatement dans ses bras. “Viens là, petit patapon.” Comme une peluche, le félin se laissa transporter jusqu'à la fontaine à eau accolée à la façade de la maison. Elwood n’ouvrit qu'un fin filet d'eau et laissa là le chat se désaltérer ou se laver le pelage. “C’est encore Eleanor qui vous a déposée ici ? Vous repartez tôt ?” demanda Cole en retrouvant la belle blonde, songeant qu’elle était ici clandestinement une nouvelle fois, et qu’ils auraient bien peu de temps devant eux avant qu’elle ne retourne au domaine. S’ils devaient s’habituer à ces entrevues fort courtes, cela n’était pas le cas. Il souhaitait de tout coeur avoir tout le temps du monde devant eux sans avoir à regarder par dessus leurs épaules, juste une fois.
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Même les excuses les plus futiles devenaient valables. Constance se disait qu'elle allait devoir préparer toute une floppée d'arguments, suffisamment pour qu'elle puisse voir le médecin le plus régulièrement possible. Trois semaines, c'était bien trop long, mais elle n'avait pas pu faire mieux. Il n'y avait pas eu un jour où ell ene pensait pas à lui, où elle avait envie de l'embrasser et de l'aimer comme elle l'entendait. C'était à chaque fois salvateur de la revoir. Comme si elle reprenait soudainement vie après une longue période de léthargie. C'était en lui qu'elle puisait de nombreuses ressources pour tenir le coup. Des souvenirs qu'elle chérissait au possible afin de ne jamais les oublier. Elwood jouait le jeu que Constance avait débuté grâce au stéthoscope qu'elle tenait en main. Elle adorait le voir sourire, elle trouvait que cela illuminait son visage. C'était une autre facette de lui, ce visage heureux. On ne la voyait pas régulièrement, et la petite blonde était honorée de faire partie de ceux qui avaient cette chance. Elle devina rapidement qu'il avait des patients encore à consulter, avant qu'il ne puisse lui accorder un peu de son temps. Il l'invita à rentrer et s'absenta quelques brèves minutes pour terminer de rédiger quelques prescriptions. Les enfants faisaient beaucoup de grabuge, Constance n'était pas habituée à tant de bruit dans une maison. Le calme fut plus qu'appréciable lorsque tout le monde était parti, laissant enfin Cole et Constance seuls. La jeune femme rit à son commentaire. "Je ne me permettrai pas de penser de telles choses." répondit-elle avec un ton amusé. Il s'approcha d'elle pour l'embrasser sur le front, pour se permettre enfin avec elle un contact physique. Trois longues semaines qu'ils attendaient cela, tous les deux. Elle appuyait un peu sa joue contre sa main, l'espace de quelques secondes. Il glissa ensuite ses doigts entre les siens pour l'emmener au jardin et lui montrer le fruit de leur labeur. Le jardin était magnifique, avec cette magnifique palette de couleurs créée par les dizaines de fleurs qui profitaient d'un bain de soleil. C'était un petit coin tranquille, la jeune femme était véritablement charmée par cet endroit. "C'est magnifique." souffla-t-elle tout bas. Un sourire discret étirait ses lèvres roses. "J'ai bien du mal à concevoir que c'est aussi un petit peu grâce à nous, que ce jardin est si beau." exprima-t-elle en tournant la tête en direction de son amant, avec un sourire ravi. Typiquement le genre de jardins qui la faisait rêver, que l'imagination même ne pouvait concevoir. Un petit félin fit alors son apparition et semblait être très proche du médecin, qui n'hésita pas à le prendre dans ses bras. Constance observait cette petite scène de tendresse en se passant de commentaires. "Non, je suis venue seule." lui répondit-elle. "Peter sait que je suis ici, il pense que ce n'est qu'une visite amicale. Il a bien trop à faire ces derniers temps." expliqua-t-elle. "Je lui ai dit que je serai là pour dîner, ce soir. J'ai peur que si je demande à passer la soirée avec vous, cela ne devienne trop suspicieux à leurs yeux." Constance sourit tristement. Chacune de leur visite était bien trop limitée dans le temps, à leur plus grand désarroi. "Ce n'est pas l'envie qui manque, pourtant." souffla-t-elle bien plus bas. "La branche française de la famille est repartie mais durant les dîners, il m'a semblé comprendre qu'il y avait encore beaucoup d'affaires à régler alors je nourris cet espoir qu'ils partent quelques jours là-bas. Si c'est le cas, Brentford ne voudra certainement pas qu'Eleanor l'accompagne dans sa condition, et je pense qu'elle ne voudra pas être totalement seule et je mettrai ma main à couper qu'elle demande à ce que je reste auprès d'elle." C'était une certitude, même. "Alors... dernièrement, je nourris cet espoir là." Il fallait bien que Constance s'accroche à quelque chose. Et même si cette opportunité là avait aussi de grandes chances de tomber à l'eau pour de multiples raisons, elle y croyait, elle espérait. La jeune femme s'approcha du chat pour lui faire quelques caresser. L'animal ronronna en quelques secondes. Ils restaient quelques minutes là, avant de faire quelques pas dans le jardin et de rentrer dans la maison. "Ce que je donnerai pour pouvoir passer quelques jours avec vous, juste avec vous..." chuchota-t-elle. "Sans avoir à craindre quoi que ce soit." Lorsqu'ils étaient revenus dans le salon, Constance se colla à lui et se permit enfin de toucher ses lèvres avec les siennes pour l'embrasser avec douceur et tendresse. Elle avait pris son visage entre ses mains. Elle avait attendu ce moment depuis trois semaines, de pouvoir donner cette affection à l'homme qu'elle aimait. "Il n'y a pas une seule seconde où je n'ai pas envie d'être à vos côtés." dit-elle en posant son front contre le sien. "Et vous voir ainsi sourire... Vous n'avez pas idée combien cela puisse combler mon coeur." Chacun de ces moments était très précieux pour elle. Plus le temps avançait et plus Constance constatait qu'elle aimerait voir un jour Peter mourir. Pas de sa main, pas de celle de Cole. Mais elle voudrait que le destin soit un peu de leur côté. En attendant, elle subissait. "Lorsqu'il veut que je passe mes nuits en sa compagnie, je... J'ai l'impression de vous tromper vous." dit-elle plus tard d'un bien plus hésitant, en baissant le regard, honteuse. "Je dois être bien sotte en disant cela, mais c'est ce que je ressens à chaque fois. Et cela ne fait qu'accentuer la douleur déjà bien présente, à chaque fois." Elle avait l'impression que son âme se déchirait à chaque fois, et cette souffrance là était tout bonnement indescriptible. Ses yeux s'était bordés de larmes, à cette pensée. Constance releva son visage pour pouvoir admirer ses traits, l'embrasser. Tout, sauf le regarder, elle avait un peu peur de ce qu'elle pourrait y voir. "Je vous aime tellement, Cole."
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S’il était un seul endroit où Cole pouvait se ressourcer, prendre de grandes bouffées d'un air vivifiant, passer des heures réparatrices, il s'agissait de ce lopin de terre dans lequel il avait placé tant d'attention. Chaque espèce de plante, d’arbre, était à sa place, traitée avec soin. Les couleurs étaient choisies comme celles d'un tableau, et la composition faisait sens aux yeux du créateur -et de ceux tentant de le voir. Il y avait de toutes les formes, pour toutes les saisons. Ainsi le jardin pouvait revêtir bien des aspects, et dévoiler de nombreuses facettes au fil des mois. Malgré l’absence de Cole lors de son long séjour au manoir des Keynes, les plantes n'avaient pas dépéries. Elles avaient survécu, continué de s'épanouir, et l'avaient attendu. Désormais, elles bourgeonnaient. Les pivoines rougissaient pour lui, les violettes bleuissaient, le lierre grimpait, les roses s'ouvraient et les fruits des arbres grossissaient. Il y avait tant à faire, et tant à admirer dans ce carré de terre. Il y avait ces petites fleurs violettes qui ne s'épanouissaient que l'hiver et que Constance avait plantées avec lui. “Vous pensez toujours que vous n’êtes pas faite pour travailler la terre ?” demanda-t-il avec un sourire taquin. Elle qui pensait être incapable de participer au cycle de la flore. Cole en était persuadé, il y avait une harmonie qui régnait ici. Un calme, un apaisement impossible à trouver ailleurs. Il avait ce chat pour colocataire régulier, qui lui aussi respectait les bosquets et le travail du médecin. Peut-être que lui aussi venait trouver le repos du guerrier, peut-être avait-il trouvé là un petit havre de paix. Il espérait que Constance s'y sente aussi bien. D'une certaine manière, la maison était son reflet. Tant de soin était donné aux êtres extérieurs, et les fantômes étaient dans les placards. Les souvenirs, imprégnés dans les murs. Et pourtant, l’on s’y sentait chez soi, accueilli dans un cocon. Il voulait que cet endroit soit également le refuge de Constance. Ici, il prendrait soin de la jeune femme, et il l’aimerait tendrement loin des regards. Ils se sépareraient pour le dîner, tel était leur délai. Cela était moins qu'ils ne le voulaient, mais plus qu'ils ne pouvaient l'espérer raisonnablement. “Vous avez bien fait.” fit-il en approuvant la stratégie de la petite blonde d'un signe de tête. La discrétion, la prudence, étaient les maîtres mots qui pourraient leur permettre de poursuivre cette relation. Et cela ne semblait pas encore avoir d'autre futur que ceux rêvés par Constance. Plus pragmatiquement, la possibilité d'un voyage en France s'esquissait pour Peter, signifiant quelques jours de répits et de liberté pour les deux amants. Le visage d’Elwood s'était instantanément illuminé. “Ce serait -” L’enthousiasme dans sa voix était presque indécente. S'en rendant compte, ses lèvres se pincèrent en un sourire nerveux, gêné. “Ce serait parfait.” reprit-il plus posément. Alors il l'espérait aussi, de tout cœur. De retour à l'intérieur, la senteur des bosquets les suivirent dans le salon. L'air était frais, agréable, à travers les grands carreaux ouverts de la baie vitrée. Le chat ne franchissait jamais cette limite. Après sa toilette, il repartit par le même chemin que celui emprunté pour venir dans le jardin. Il disparut dans les violettes. “Vous n’avez rien à craindre, ici.” assura Cole à la petite blonde qui soupirait du même souhait que lui d'obtenir, un jour, au moins une journée en tête-à-tête. Il lui rendit son baiser avec la même tendresse, les mains sur ses hanches l'approchant un peu plus de lui. Son sourire s'étirait un peu plus tandis qu'il déposait son front sur celui de l’américaine. Ces moments-là faisaient son bonheur. Constance voulut lui confesser qu'elle était victime de cette impression de le trahir à chaque fois qu'elle était tenue de remplir sa part du devoir conjugal. Peter semblait déterminé à assouvir ses envies, ses pulsions à lui seul, et avoir son propre enfant rapidement. Cole crut comprendre qu'il se montrait également violent dans ces moments qui ne devaient être qu'un des ingrédients du ciment d'un mariage. Une chose dont personne ne parlait néanmoins, même si le silence autour de ce sujet ne le faisait pas disparaître pour autant. “Je vous aime aussi…” souffla Cole en prenant un peu plus Constance dans ses bras, où elle était certaine de trouver de la sécurité. Il pouvait sentir sa respiration chaude dans son cou, la douceur de la peau de son visage au creux du sien. Il humait le parfum de ses mèches blondes. Puis il resserra encore un peu plus fermement son étreinte. Il n’était pas de raison que la jeune femme songe devoir lui être fidèle, elle n’était pas sienne. Néanmoins, d'une certaine manière, il comprenait. Oui, elle était un peu à lui. Son coeur l'était. Tout comme le sien battait pour elle, un peu plus vite à chaque fois que leurs lèvres se frôlaient. Envouté par cette caresse, il ne se souvenait ni avoir engagé le baiser, ni comment celui-ci était devenu aussi langoureux. Ce fut la chaleur dégagée par ses joues qui lui fit réaliser qu'il souhaitait bel et bien que Constance soit sienne. “Constance, je…” Doucement, il relâcha son étreinte, non pas pour fuir à nouveau, effrayé par cette envie naissante et plus oppressante à chaque fois. Prit une main de la jeune femme et la posa sur son torse. L'autre s'était mise sur sa joue pâle. Quand a son regard, complètement noyé dans le sien, il était subtilement vitrifié par le charme qu'elle opérait sur lui, sa raison, et son coeur qui continuait de tambouriner. “Je pourrais vous montrer comment il devrait vous traiter…” murmura-t-il, s'en voulant déjà de proposer à la jeune mariée de se placer dans une position aussi délicate que dangereuse au nom de plaisirs dont ils s’étaient toujours parfaitement passés. Bien qu'il s'agisse de plus que cela, et Constance pouvait le lire dans son regard vert, si elle levait les yeux pour les surprendre désireux d’échanger avec elle les sentiments qu'ils partageaient sous une forme indéfinissable. “... comment l’amour est censé être.”
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"Je pense que c'est surtout votre amour des plantes qui rend ce jardin si beau." répondit-elle avec un léger, disant tout de même ce qu'elle pensait. "Je n'ai pas beaucoup de mérite là-dedans, vous avez fait la majeure partie du travail, ici." On devinait aisément que le jardinage était l'un des passe-temps favoris du médecin. Il suffisait de voir l'état de toutes les plantes présentes dans ce petit coin vert, et celles qu'il entretenait à l'intérieur. Le jardin n'était pas bien grand, mais il était suffisant, c'était ce que se disait Constance. Une nouvelle fois, intérieurement, elle se voyait vivre ici et tout lui semblait parfait. Alors que le chat se familiarisait rapidement avec la présence de l'invitée du jour, Cole se demandait comment elle avait pu venir ici. Pour le coup, son mari était au courant, ne se méfiant d'absolument rien. Le Dr. Elwood n'était qu'un ami de la famille, rien de plus. Il devait certainement penser que son épouse était beaucoup trop sage et réservée pour se permettre de tomber amoureuse d'un autre et d'entretenir une relation cachée avec lui. Son silence était, pour le coup, un bel avantage pour elle. La petite blonde racontait aussi qu'il était fort probable que les hommes Keynes ne partent du domaine pour quelques jours. Cole fut pris d'une enthousiasme qu'elle ne lui connaissait pas. Il tentait de reprendre parole sous le regard amusé et attendri de sa maîtresse. "Parfait, oui, c'est le mot." répondit-elle doucement. A vrai dire, elle rêvait de passer une nuit entière avec lui, dans ses bras. Elle n'arrêtait plus d'y penser. Cette idée s'était greffée dans son esprit et il était impossible de s'en défaire. Ils retournaient à l'intérieur, où il faisait un petit peu plus frais que dehors, au soleil. Ils s'embrassaient avec tendresse, Cole posant ses mains sur ses hanches afin de l'attirer un peu plus contre elle. Il souriait, il semblait si heureux. Elle le trouvait encore plus beau, lorsque son visage rayonnait autant, comme cela était le cas lorsqu'elle avait annoncé qu'il était possible qu'ils aient quelques jours rien que pour eux. Il la serrait contre elle alors qu'elle se confiait, n'osant pas vraiment verbaliser à quel point Peter lui faisait véritablement mal à certains moments. Lorsque leurs lèvres se touchèrent à nouveau, le baiser gagnait de plus en plus en intensité, bien plus que toutes les autres fois. Comme s'il y avait cette envie qu'ils ne parvenaient plus à retenir et que finalement, Constance découvrait à chaque fois qu'elle passait un peu de temps avec lui. Elle sentait ses lèvres brûler, son coeur tambouriner dans sa poitrine et cette étrange chaleur qui envahissait peu à peu son bas ventre. Elle avait l'impression de se sentir fébrile, sans pour autant être malade. Elle se sentait comme hypnotisée. Jusqu'à ce que le bel homme rompe le baiser et prenne une certaine distance. Constance était déroutée, perdue, par ce flot de sensations positives. Elle sentait que son corps et son âme en réclamaient plus. Presque essoufflée, elle s'arrêtait malgré tout de respirer pendant quelques secondes lorsque Cole lui proposait subtilement de coucher ensemble. Ce n'était qu'au bout de quelques secondes qu'elle osait lever les yeux vers les siens. "Vous...Vous me désirez à ce point ?" lui demanda-t-elle tout bas, comme si elle craignait que quelqu'un ne les entende. La réponse était évidente. Au vu de sa maigre expérience, il était difficile pour elle de concevoir que cela pouvait être un acte agréable voire même jouissif. "Moi, oui." bégaya-t-elle, les joues bien rouges et le regard fuyant. "Enfin, je suppose que c'est cela, je... Je l'ai déjà un peu ressenti les dernières fois où nous nous sommes vus. Comme si... comme s'il y avait cette partie de moi qui en demandait plus. Plus que des baisers." Cependant, elle ignorait que la suite logique n'était autre que les ébats amoureux. Constance ne s'entendait même plus penser, tant son coeur battait faire dans sa poitrine. Le regard de la jeune femme exprimait à lui seul la réponse à la proposition de Cole. Elle frôlait sa bouche avec la sienne et le regardait pendant de longues minutes, totalement sous son charme. En prenant délicatement sa main, Cole l'emmena avec elle à l'étage, dans sa chambre. Elle devenait subitement nerveuse, incertaine. Constance fermait la porte de la chambre derrière eux. C'était avec beaucoup moins d'assurance, peut-être même un peu de honte, qu'elle échangea un nouveau regard avec son amant. Elle commençait un peu à paniquer. Mais elle ne se sentait certainement pas coupable. Un long silence s'imposa. Constance jouait longuement avec son alliance avant de se décider de la retirer et de la poser sur la table de nuit. Ce n'était que symbolique, elle restait mariée à Peter. Mais pas à ce moment là, pas avec Cole. "C'est... C'est bien mieux, comme ça." souffla-t-elle tout bas. D'un pas lent, elle s'approcha de lui, et reposa sa main au niveau de son coeur, sur son torse. Elle approchait doucement son visage du sien pour ensuite l'embrasser tendrement. Il lui était difficile de retenir cette fougue en elle. "J'adorerais que vous me le montriez..." souffla-t-elle, à nouveau plus que fébrile, et l'impression que ses sens se décuplaient à chaque seconde passée avec Cole, et en étant aussi près de lui. Après ces mots, la jeune femme ne se sentait plus capable de contenir quoi que ce soit, elle l'embrassait tout aussi langoureusement qu'au moment où ils s'étaient arrêtés lorsqu'ils étaient encore au rez-de-chaussée.
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Leurs lèvres jointes marquaient le point de départ d'une étape à franchir à deux. Une étape qui, surtout, n'accordait pas le moindre retour en arrière. Néanmoins, cela ne semblait pas être une préoccupation à cet instant, aucun des deux amants ne souhaitant freiner plus longtemps cette envie. Et qu'importe le reste, même si les conséquences pourraient être désastreuses. Qu'importe tout ce qui se trouvait au-delà de la porte de la chambre. Jamais ils n'avaient été qu'eux deux, jamais n'avaient-ils complètement quitté le manoir, même s'il ne s'agissait parfois qu'un petit bout de leur esprit prisonnier de ces murs. Jamais ils n'avaient connu d'émotions simples, d'amour facile. Jamais ils n'avaient songé à braver cet ultime interdit. Et si tout était facile, pour une fois ? Juste une fois où ne seraient que deux. Loin du domaine, loin des autres, pas même dans un recoin sombre de leurs pensées. Là, avec l'être aimé, corps et âme n'incarnant plus rien d'autre que la tendresse qu'ils avaient l'un pour l'autre. L'instant présent. Cole le sentait, le frôlait, le goûtait. Il était ici, nulle part ailleurs, et même le flux habituellement ininterrompu de ses réflexions s'était suspendu pour n'être plus que faits instantanés. Sa bouche, ses lèvres, sa caresse. Son visage, sa peau douce, entre ses mains. Son souffle, fort, chaud, rapide. Ses joues chaudes, ses paumes moites, son corps embrasé. Et tant de tissu à retirer. Elwood mit fin au baiser, mais demeura au bord des lèvres de Constance. Il lui ôta tout d'abord le plus facile, la veste, la faisant glisser sur ses épaules frêles après en avoir défait les boutons un à un. Il trouvait ses doigts maladroits, mal assurés. Dieu seul savait à quand remontait la dernière fois qu'il avait déshabillé une femme de cette manière, dans ce but. Ce n'était pas une consultation, ce n'était pas une patiente ; ce n'était pas un acte mécanique, détaché, désintéressé auquel il s'adonnait sans même y prêter attention. Soudainement, tous les détails lui sautaient aux yeux, des broderies sur la jupe à la complexité de la boutonnière, du son du tissu froissé et tombant au sol, à celui de son coeur battant un peu plus fort en découvrant enfin tout ce que ses yeux s'étaient vus refuser l'accès jusqu'à présent. Il poursuivait, dénouant la jupe, détachant la tournure, débarrassant peu à peu la jeune femme avec une grande attention, le regard parfois intensément plongé dans le sien. Lorsqu'il ne resta plus que le corset et le jupon, Cole invita Constance à les mettre à égalité. Il déposa ses petites main sur le col de sa veste, et de là, il lui suffisait de la retirer de ses épaules. A son tour, elle délogea les boutons de sa chemise, un à un. Bientôt, lorsque le tissu quitta son dos, la jeune femme put toucher pour la première fois son corps, poser ses mains à même sa peau, sur son torse, ses épaules, ses bras, son ventre. Ce ne fut qu'alors que Cole retrouva les lèvres de la belle blonde. Ils étaient déjà, à ce stade, plus proches du corps l'un de l'autre qu'ils ne l'avaient jamais été. Ils pouvaient toucher, embrasser, observer des parcelles de peau qu'ils ne se seraient jamais permis d'imaginer. Ils avançaient, pas à pas. Surtout, ils poursuivaient avec délicatesse. Ils étaient, l'un pour l'autre, la plus précieuse des œuvres. Constance était faite toute de porcelaine. Ses joues avaient rosi, ses lèvres rougi sous les baisers. Superbe, envoûtante. Encore un peu de patience. Les doigts de l'anglais se glissèrent entre les lacets du corset et les écartèrent petit à petit. Les baleines s'écartant, le buste et la poitrine de Constance se libéraient. Une fois que le jupon, dernier bout de coton, quitta sa silhouette pâle, la jeune femme fut complètement dévêtue. Et elle était splendide, ainsi féminine et nue des pieds à la tête, le chignon défait laissant ses cheveux sauvages tomber sur ses omoplates. Ce fut avec toute l'attention du monde que Cole déposa la petite blonde sur le lit, mais avec cette approche animale qu'il se fraya une place entre ses jambes afin de coller son corps au sien. Ses lèvres soufflèrent un long soupir ; il pouvait sentir la poitrine de Constance tout contre son torse, la chaleur qu'ils partageaient, et son coeur battant à toute allure avec la force d'un tambour d'armée -à moins qu'il ne s'agissait de leurs deux coeurs à l'unisson. Et quand il le pouvait, il la contemplait avec amour, il la parcourait avec émotion, il l'adorait, corps et âme dans l'instant présent.
give me your love and physical affection, give me the worst of you to hold
Elle avait l'impression que les lèvres de Cole devenaient de plus en plus chaudes tout au long de leur baiser. Comme si quelque chose en lui s'embrasait de seconde en seconde et c'était une sensation qui était particulièrement contagieuse car il lui semblait ressentir la même chose. Ils s'embrassaient pendant de longues minutes, se contentant pour le moment du seul contact amoureux qu'ils pouvaient se permettre. C'était le médecin qui rompit le baiser, sans pour autant éloigner son visage du sien. Leurs lèvres se frôlaient à peine et les doigts de Cole glissaient jusqu'au niveau de la veste de la jeune femme. Sa respiration à elle était haletante, son coeur tambourinait tant dans sa poitrine que cela en était assourdissant. Parfois, elle baissait simplement les yeux pour le regarder faire. Ses mains tremblaient quelque peu. Elle savait que c'était de la nervosité, et non de l'hésitation. C'était quelque chose qu'ils désiraient ardemment tous les deux. Il s'exécutait avec le plus grand soin, avec la délicatesse qu'elle lui connaissait. La petite blonde se sentait déjà particulièrement à nu lorsqu'il n'y avait plus que sur elle ses sous-vêtements. Une tenue qu'elle n'avait que sous les yeux des domestiques qui l'aidaient à s'habiller, ou encore ceux de son mari. Elle ne pensait absolument pas à lui. La seule personne qui comptait, c'était Cole. Sans qu'elle ne s'y attende, elle prit ses mains pour les déposer au niveau de sa veste. Constance, incertaine, l'interrogea un bref instant du regard. Ca, c'était une première nouveauté. Jamais Peter ne lui avait permis de le deshabiller. Elle tremblait un peu à son tour mais faisait tout de même glisser avec douceur le vêtement le long de ses bras. Elle déboutonna ensuite sa chemise et finit par être torse nu. Elle était comme hypnotisée par ce qu'elle voyait. Elle le trouvait tellement beau, chacun de ses traits débordait de perfection. Timide, ses doigts osaient à peine frôler sa peau dans un premier temps. Constance s'était approchée d'un pas de lui tandis qu'elle se permettait de plus en plus de le toucher. Un processus qui avait pris quelques minutes. Elle trouvait sa peau douce et chaude, un contact des plus agréables. Ses iris bleus observaient ses mains qui le parcouraient. Elle se permit même de déposer un doux baiser sur le haut de son torse et l'envie de recommencer juste après était bien présente. Le bel homme prit ses lèvres d'assaut. Constance avait laissé ses mains sur son torse alors que lui guidait les siennes jusqu'au laçage de son corset. Le desserrant de plus en plus, il libérait le torse de la jeune femme de cette entrave qu'elle portait quotidiennement afin de parfaire sa silhouette. Elle se laissait totalement faire et paradoxalement, bien qu'elle était nerveuse, elle voulait se dévoiler entièrement à lui. Cole l'admirait de haut en bas et ne semblait pas vouloir en perdre une miette. Il semblait adorer ce qu'il voyait et il n'hésita pas à la guider jusqu'au lit afin qu'elle s'y allonge. Il trouva tout naturellement une place cotnre elle, entre ses jambes. Constance passait ses bras autour de son cou alors que son coeur explosait dès qu'elle sentit le torse du brun se coller contre sa poitrine. Elle le voyait soupirer, se délecter de la moindre parcelle de peau qui entrait en contact avec la sienne. Parfois, elle fermait les yeux et se concentrait uniquement ses les mains de Cole, qui parcouraient son corps avec des délicatesse. Son doigté était à la fois ferme mais d'une extrême délicatesse. Elle se crispait légèrement lorsqu'il touchait la peau de ses cuisses, parce que c'était principalement à cet endroit là que Peter empoignait beaucoup trop fermement sa chair en étant particulièrement brutal avec elle, si bien que parfois, quelques hématomes venaient colorer sa peau. Mais son corps lui-même semblait comprendre que Cole n'allait pas être de cette trempe là. Constance le savait. Elle savait qu'il ne lui infligerait rien de tout ça. Ses mains à elle caressaient délicatement son dos pendant qu'ils échangeaient un long regard amoureux. Sa tête se levait un petit peu et elle frôlait ainsi le bout de son nez. Elle finit par se redresser, incitant donc Cole à faire de même. Installée sur ses genoux, collée à lui, elle avait plongé son regard dans le sien et effleurait la peau de son visage avec la sienne. Elle lui souriait avec tendresse, caressait ses cheveux délicatement. Elle l'aimait tellement. Les mots n'avaient pas leur place, elle avait l'impression de pouvoir comprendre tout ce qu'il voulait lui dire par un regard, une caresse, un baiser. Elle était surprise de voir à quel point elle appréciait être ainsi mise à nue devant lui, pour lui. Constance prenait de longues minutes pour l'admirer, le toucher. Elle savait qu'une fois qu'elle retrouverait ses lèvres, ils ne parviendraient plus à s'arrêter et à avoir envie de s'aimer de plus en plus intensément. A son tour, elle désirait le voir entièrement nu. Elle voulait découvrir l'intégralité de son corps, en mémoriser chaque détail. Elle était heureuse, comblée, en étant ainsi dans ses bras, à l'adorer et à l'aimer plus que tout. Une de ses mains restait autour de sa nuque, l'autre glissait le long de son torse avec lenteur pour déboutonner son pantalon. Il n'y avait plus qu'à l'enlever, mais c'était certainement pour un peu plus tard. En étant collé à lui, Constance pouvait sentir le coeur du médecin battre à folle allure. Enfin, elle céda à la tentation en l'embrassant. Le baiser fut tendre dans un premier temps, puis qui gagnait peu à peu en fougue. Elle avait pris son visage entre ses mains et se laissait tomber sur le lit, l'entraînant dans sa chute car elle refusait de se détacher une seule seconde. De longs soupirs traversaient ses lèvres pour passer entre celles de Cole. Ses mains glissaient ensuite le long de son dos pour arriver jusqu'à son pantalon qu'elle fit doucement glisser le long de son fessier, d'autant qu'elle pouvait le faire. Elle voulait aussi le découvrir dans son intégralité, être totalement en contact avec sa peau sans qu'il y ait le moindre tissu pour entraver la chaleur qui émanait de son corps.
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Pour le peu que Cole osait toucher de Constance -ses mains étant bien plus occupées à la débarrasser de ses artifices plutôt que de parcourir la peau qu'il découvrait ainsi-, pour le peu que ses doigts avaient frôlé, il était sous le charme, envoûté par le contact électrisant de cette peau, pâle et douce, par la vision des courbes fines, délicates, qui se dessinaient peu à peu. Elle n'était pas moins qu'un diamant brut, attendant le bon maître pour la façonner, la faire briller de tout son éclat. Quelqu'un de capable de voir, d'apprécier toute sa valeur, de lui dire, lui faire sentir, à quel point elle était précieuse. Et son époux, qu'importe à quel point il était épris, à quel point il la désirait et pensait la flatter, tentait lui plaire, égoïste malgré lui, ne voyait pas les marques qu'il laissait sur elle, la solitude dans laquelle il la plongeait, et son âme qui dépérissait au fil du temps, lassée, blessée d'être aussi mal aimée. Comme l’anglais s'était donné la mission de la protéger, d'être son gardien, il pouvait aussi être son sanctuaire ; là où les baisers étaient véritablement tendres, les caresses dévouées, là où ils avaient tout à donner, sacrifier, sur l'autel de leur amour secret. Il serait toujours là pour l'enlacer comme personne d'autre, la regarder, la chérir comme son mari lui-même ne le pouvait pas, ne le comprenait pas. À la décharge du Keynes, n’ayant connu que la froideur du domaine et de ses habitants, il était naturel que ces subtilités lui échappent. Il ne voyait là qu'un corps, de la chair, et une âme, inférieure à la sienne, à conquérir, posséder, soumettre. Alors l’homme civilisé, l'aristocrate, se révélait finalement plus sauvage que les castes qu'il méprisait et dont il jugeait parfois la simplicité. Elwood était élevé à donner. Uniquement donner. Garder sa porte ouverte, accueillir toute personne l’approchant, être à leur écoute, et toujours donner de sa personne, sans compter, sans attendre en retour. Il aimait de la même manière. Il observait, embrassait, frôlait Constance de la même manière. Et il l’aimait tant. Cole n’osa véritablement poser ses mains sur la jeune femme que lorsqu'ils furent l'un contre l'autre dans le lit. Son torse épousait son buste, et son ventre aussi. Il avait posé une main sur sa poitrine, simplement pour en sentir le galbe et la chaleur dans sa paume. Il glissait ses doigts le long de sa cuisse, suivait la courbe de son fessier, et adorait tout ce qu'il découvrait. Il était logé là où il se sentait à sa bonne place, entre ces jambes qui l’accueillaient et l'invitaient à rester, à approcher. Elles l’agripèrent quand il se redressa, afin que le corps de la petite blonde soit emporté avec le sien. Ainsi, Cole put enlacer son amante, la serrer dans ses bras, toute entière. Il put plonger son regard dans le sien, et répondre à son sourire. Il frôlait son visage, joue contre joue, et déposait ici et là un baiser, au bout de son nez, son menton, sa mâchoire, son cou, les doigts entre ses mèches blondes. Le médecin n’avait connu personne depuis le départ de sa femme. Il avait été un époux fidèle en toutes circonstances. Et avant Laura, il n’avait guère connu de nombreuses conquêtes. Il avait craint de penser à elle, d'être freiné par cette fidélité qu'il avait conservé depuis des années en dépit de tout, même de sa présence. Mais il n’y avait plus d'alliance à son doigt, et il n’y avait rien d'autre, à cet instant, qui ne mérite toute son attention, toutes ses pensées, et tous les battements de son coeur, plus que Constance. Lorsque que celle-ci scella un nouveau baiser, il fut certain qu'ils iraient jusqu'au bout de leur entreprise. Son coeur s'emballa, son épiderme s’embrasa, son baiser s'intensifia. Cole se laissa retomber sur le lit avec la jeune femme, et sans autre impatience que celle de pouvoir sentir tout son corps, entièrement nu contre chaque parcelle du sien, il termina de retirer son pantalon préalablement déboutonné par son amante, puis son sous-vêtement. Un soupir lui échappa ; plus rien ne les séparait, et le frôlement de son sexe sur le sien le rendait fébrile, fou de désir. Ils y étaient, ils l'étaient vraiment, amants ? Bientôt, ils ne pourraient plus le nier. Bientôt, ils franchiraient ce pas tant redouté et attendu. Ils sauraient tout de l'autre, même ces grains de beauté que nul autre ne peut avoir connaissance -comme celui sur le sein droit de Constance et qu'il trouvait charmant. Ils pourraient fermer les yeux, et se souvenir de ce moment, le chérir en silence, en secret. Il n'appartiendrait qu'à eux. Et chaque regard échangé éveillerait la chaleur des baisers, des caresses marquées à jamais sur leurs corps. Bientôt, c'était il y a un siècle, c'était hier, il y a une minute. Désormais, ils échangeaient un long, long soupir de satisfaction, tandis que Cole se fondait de plus en plus profondément en elle. Et cela parut si naturel, ni nécessaire, si parfait, qu'il lui était impossible de songer un seul instant que cela puisse être mal.
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Constance sentait son coeur battre d'une intensité qu'elle ne se connaissait pas. Comme si ça se gonflait toujours plus de sang, pour en injecter tout autant dans l'ensemble de son corps, éveillant tous ses sens, prête à recevoir n'importe quel signe envoyé par son amant. Celui-ci osait à peine frôler sa peau dans un premier temps mais gagnait peu à peu en assurance. Tout comme elle d'ailleurs qui se montrait de plus en plus encline à découvrir le moindre trait qui formait sa silhouette masculine. Ils prenaient le temps de se découvrir, à tâtons. La petite blonde retenait parfois sa respiration lorsque sa main longeait sa cuisse ou épousait avec perfection l'un de ses seins. Jamais Peter n'avait-il pris le temps de l'effleurer ainsi. Le médecin semblait bien plus envieux de découvrir et d'assimiler la moindre parcelle de son corps de porcelaine. Et Constance réalisait rapidement à quel point elle appréciait sentir ses mains sur elle. Il était attentionné, incroyablement amoureux. Il adorait la sentir tout contre elle, comme lorsqu'ils s'étaient retrouvés assis, l'un contre l'autre, à échanger des regards et des gestes de tendresse. Il déposait une multitude de baisers sur son visage, permettant ainsi à Constance de découvrir ses quelques zones érogènes. Il mêlait ses doigts à ses mèches de cheveux, chaque geste prenait son temps. Rien ne pressait et ils savouraient chaque seconde passée à s'aimer et se découvrir encore un peu plus. La jeune femme ne pensait même pas à son mari. A vrai dire, elle ne s'était jamais considérée comme étant sa femme, malgré l'alliance, la cérémonie et les voeux. Comme si Dieu lui-même n'avait pas correctement uni leurs âmes. Elle ne se sentait véritablement liée qu'à une seule personne et elle se trouvait dans ses bras à ce moment-là. Elle l'aimait tellement, elle le chérissait d'autant qu'elle le pouvait mais son inexpérience était un énorme frein et il y avait parfois des instants où elle ne savait pas quoi faire. Alors elle le regardait, ou bien elle caressait les traits de son visage, ses mèches brunes. Il était facile de deviner par son toucher à quel point Constance avait de la tendresse à donner, et bien plus encore. Elle avait tout à donner et elle avait choisi l'élu de son coeur. Cole avait droit à tout, même à son corps, même à son âme s'il le désirait. Elle était capable de se donner totalement. Le bel homme prêtait beaucoup d'attention à certains détails, ceux qu'ils ne pouvaient pas voir en d'autres circonstances. Il avait jeté son dévolu sur un minuscule grain de beauté qui ponctuait l'un de ses seins et semblait prendre beaucoup de temps pour le mémoriser. Ils n'avaient pas attendu plus longtemps pour se débarrasser de ce qui lui restait comme vêtement et Constance lâchait un long soupir dès qu'elle sentit sa virilité au niveau de son pelvis. Ils étaient si près l'un de l'autre, si proche de ce moment où ils pouvaient plus faire marche arrière. Mais aucun des deux ne semblait vouloir reculer. Ils se fichaient tellement du reste du monde, ils voulaient tous les deux vivre cet instant ensemble tout en sachant qu'ils n'auraient que de très rares occasions de le faire. Peut-être même qu'il s'agirait de la seule fois. Constance craignait un peu ce moment, mais tout ce que faisait Cole la rassurait, la mettait en confiance. Sentant le moment approcher, sa respiration devenait de plus en plus haletante, tentant désespérément de suivre le rythme éfreiné de son coeur. Leurs lèvres s'étaient détachées au moment où Cole se rapprochait de plus en plus d'elle. Elles se frôlaient, partageaient l'intensité de ce soupir commun. Un peu crispée au départ, avec une forte appréhension de la survenue de la douleur, ses doigts s'étaient un peu serrée au niveau de ses épaules. Ils se détendaient peu à peu. Une fois qu'il était bien en elle, ils échangeaient un regard. Elle allait bien, elle allait plus que bien, même. A cet instant, elle se sentait complète, elle se sentait femme. Comme si toute sa vie avait attendu ce moment précis, pour être au plus près de lui. Pour la première fois pour elle, elle partageait le plaisir avec son partenaire. Au bout de longues minutes d'observation, Constance colla ses lèvres contre les siennes et l'embrassait avec tout l'amour qu'elle pouvait lui donner. Instinctivement, son torse cherchait à se coller contre le sien. Cole commençait alors à faire de lents mouvements de rein. Elle était surprise de voir combien c'était agréable. Les caresses que cela prodiguait, la chaleur grimpante de leur corps, la douceur commune de leur peau. Elle mit fin au baiser seulement pour reprendre un peu son souffle mais aussi pour émettre ses premiers gémissements. Sa tête se penchait en arrière, son échine se courbait parfois. La main qu'elle avait logé dans les cheveux de Cole invitait ce dernier à nicher son visage dans son cou. Ses jambes avaient encerclé sa taille. Constance attrapait ses lèvres dès qu'elle le pouvait, ayant l'impression que son amant accélérait peu à peu la cadence, s'adaptant peu à peu au rythme de leur plaisir commun.
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“Mon amour”, soupirait-il parfois. Lorsqu’au bord de ses lèvres, suffoquant délicieusement dans son souffle chaud, enivré par les sensations qui le parcouraient, le faisaient frémir, trembler, perdre son nom ; lorsqu'il se sentait si bien, là, tout à elle et elle tout à lui, oubliant l’avant et l'après ; il soupirait, tantôt un mot d'amour, tantôt le prénom de Constance. Comme on récite sa poésie favorite, en y mettant le coeur que mérite l'oeuvre du poète. Comme on répète une incantation, une prière emplie d'espoir, de reconnaissance. Car elle se donnait à lui malgré les conséquences, sachant parfaitement que rien ne serait plus pareil par la suite. Et si cela pouvait être perçu comme une faiblesse, la plus basse de toutes, l'attrait pour une chaire à laquelle elle n’est pas liée par le mariage, si on pouvait la juger, la renier pour cette raison, pour l’anglais il n'en était rien. Elle était brave, et elle était parfaite. Non pas parce qu'elle l'avait choisi lui, il n’avait pas cette prétention, mais parce que la jeune femme assumait, vivait, nourrissait son véritable amour, était fidèle à son coeur ; pour cela, plus de courage que l’on pourrait le dire est nécessaire. Il aurait tout fait pour elle, même le pire, même l'irréparable, il aurait péché et aurait vécu avec. Elle lui rendait la pareille. Elle prouvait son amour mieux qu'il n'aurait su le faire. Même s'il l’avait voulu plus d'une fois, même s'il y avait pensé plus qu'il ne l'admettrait jamais, il était celui d’eux deux qui risquait le moins. Le sacrifice d'une digne fidélité sans failles était tout pour une femme. Et Cole était présent pour accueillir le don, l'offrande avec tout le soin, la délicatesse, l'humilité qu'elle méritait. Il ne se faisait pas d'illusions ; elle n’était pas à lui, elle ne le serait jamais, si ce n’est à cet instant, destiné à être le seul de ce genre qu'ils partageraient. Car il le fallait. Un moment parfait. Sans fausse note. Les poumons pleins de soupirs de plaisir, les doux râles et les gémissements expirés à l'unisson étaient les seuls sons qui résonnaient dans la chambre, mélodie envoûtante qui se nourrissait et s’affamait elle-même perpétuellement. Cela selon le tempo, plus rapide, plus lent, plus ample, qui n'était pas tant imposé par lui ou par elle, mais par l’envie, par le plaisir commun s'imposant de lui-même et dictant la durée d'un baiser, l'intensité d'un va-et-vient. Marionnettes de ces pulsions qui avaient gagné leur passe droit, les amants étaient également le réceptacle des sensations qui rendaient leurs corps ivres. Le plaisir dans le sang battait au creux de leur cou, il transpirait à travers cette sueur à fines gouttes. Les coups de reins, la cadence, n’étaient finalement qu'une traduction, minute après minute, de la cruelle passion qu'ils avaient l'un pour l'autre, frustrée depuis des mois. Ce dévouement sans nom, cette admiration mutuelle, et ce besoin qui s'était installé à une vitesse effrayante et ce malgré tous leurs efforts pour aller à son encontre. À cet instant, tout paraissait simple. Aucune question ne se posait, aucun doute n’interférait. Ce n'était qu'eux, et cette nécessitée devenue viscérale, implacable, d’enfin abandonner, et donner à l'autre l'évidence, le cadeau que les regards et les silences avaient su offrir jusqu'à présent ; un amour bien réel, palpable, concret. À chaque mouvement s'écrivait une nouvelle ligne de la partition, un bal de corps nus sur draps froissés, encore et toujours ponctué par ces murmures, glissés tendrement à l'oreille, frôlant cette peau pâle que Cole apprenait par coeur, de la texture au parfum, des courbes aux imperfections ; toujours, lorsqu'un frisson chargé sensuel secouait son échine, lorsqu'il empoignait un peu plus sa jambe et qu'elle le serrait dans ses bras, lorsqu'il ne suivait plus le rythme de son propre coeur, et qu'il perdait son souffle, il retrouvait ses esprits, revenait à la réalité de ce moment parfait, il retournait tout près d'elle, corps et âme, sussurant “mon amour”.
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Les secrets, il n'y avait que cela dans le monde dans lequel vivait Constance. Bien que tous prétendait le contraire, personne n'était chaste ou dépourvu du moindre péché. Certains étaient plus lourds que d'autres, certains rendaient fous certains hommes. Il y en a qui valait la peine d'être dissimulés, d'autres qui mériteraient d'être révélés. Celui de la jeune femme était peut-être lourd à porter, mais pas pour elle. Ainsi, elle allait gardet secret chaque caresse de son amant, chaque baiser qu'il déposait sur sa peau toujours bien pâle, mais brûlante et recouverture d'une fine particule de sueurs. Elle n'allait jamais divulger la fougue avec laquelle elle répondait à ses baisers et le plaisir qu'elle ressentait en étant au plus proche de lui. Elle se sentait même privilégiée, parmi toutes les femmes de ce monde, d'avoir un homme qui puisse l'aimer autant. Elle découvrait ce que l'on ressentait, lorsque l'on partageait pareil amour à deux et malgré son vocabulaire poussé, elle ne trouvait aucun mot pour décrire cette perfection. Une symbiose évidente, autant grâce au corps que grâce à l'âme. Constance sentait sous ses doigts les mouvements du corps de son partenaire. Une houle qui changeait de temps en temps de rythme, d'ampleur. Comme si chaque mouvement de rein voulait lui transmettre différemment tout l'amour qu'il voulait partager avec elle. Elle découvrait que chaque mouvement prodiguait un autre plaisir, une autre douceur. Mais jamais il ne se montrait indélicat, jamais incontrôlé. Comme si son corps entier lui dictait de chérir cette personne comme étant la plus précieuse qui soit. Elle devait l'être pour lui, il l'était pour elle. La petite blonde adorait entendre de sa bouche ces mots, mon amour. De son timbre de voix, du ton qu'il utilisait, c'était si beau à écouter. Les épingles qui maintenaient son chignon s'étaient depuis longtemps perdues parmi les draps. Certaine de ses boucles blondes venaient se coller sur son front ou le long de son cou et son amant prenait toujours grand soin de les enlever afin de pouvoir une nouvelle fois effleurer sa peau avec ses lèvres. Des frissons venaient de temps en temps électriser le corps de la jeune femme, qui découvrait alors toutes ces sensations bien singulières pour elle. Son coeur, son âme, son corps tout entier semblaient vouloir en demander toujours et encore plus, mais elle ignorait ce dont il s'agissait. Elle ne pouvait se l'expliquer, mais admettait que c'était une sensation fort agréable. Cette envie d'en vouloir toujours et encore plus de son amant, de se donner entièrement à lui l'espace de ces quelques instants, partager cet événement comme s'il s'agissait à la fois du premier, et du dernier. Constance n'en perdait pas une seconde. Si elle ne l'embrassait pas, elle gardait son visage proche du sien, avec cette volonté inexplicable d'avaler le moindre de ses soupirs, de réceptionner chacun de ses râles. Elle avait l'impression que la chaleur qu'il lui transmettait la revigorait, la ressuscitait peu à peu. Son amour était pour elle la plus belle raison de vivre, et peut-être même l'unique. Peu à peu, elle sentait son corps devenir de plus en plus réceptive à ses caresses. Bien que perplexe, elle se laissait volontiers envoûter par ces sensations qui gagnaient rapidement en intensité. Jusqu'à ce que cela se décuple, et devienne incontrôlable. Constance tentait d'articuler le prénom de son amant, désireuse de lui signaler que quelque chose se passait, mais elle n'y parvint pas. Ses gémissements gagnaient en volume et en fréquence tandis que l'ensemble de son corps se crispait soudainement. Son échine se courba de plus belle et sa respiration également. Ses doigts s'agrippaient dans la chair de Cole, qui lui continuait sa danse sensuelle. Elle échangeait un regard avec lui; il ne semblait pas inquiet, peut-être même qu'il souriait, elle ne savait pas. Constance ne put qu'émettre un long gémissement que lorsque ses poumons hurlaient leur manque d'air après que son corps se soit fait foudroyé par ce torrent de plaisir. Son corps se détendait mais continuait de frémir, de trembler, ne se remettant pas de ce trop plein d'amour et de plaisir reçu en une seule fois. Elle reprenait peu à peu sa respiration, mais restait bien blottie contre lui, à échanger des regards plus qu'amoureux, à venir embrasser ses lèvres de nombreuses fois. "Je vous aime, je vous aime tant." vint-elle lui chuchoter plusieurs fois au bord de sa bouche. Leur amour lui semblait si pur, unique, vrai. Quelque chose que les aristocrates ne pouvaient ou ne voulaient se permettre. Mais elle, elle y avoir droit, par on ne sait quel miracle. Mais c'était un secret, quelque chose qu'elle allait garder pour elle. Le plus précieux des cadeaux, le plus beau qui soit. Cet amour qui semblait pouvoir surmonter n'importe quelle épreuve. Celui qui ne faisait pas douter de la fidélité de l'un ou de l'autre malgré les circonstances. Cole savait que son coeur était à elle. Peut-être pas aux yeux des autres, ni aux yeux de Dieu, mais lui, le savait. Et c'était ce qui comptait le plus, pour la jeune femme. C'était un secret, le plus beau qui soit.
And my highs when you're gone Give me a golden guarded soul But when I'm crazy and I'm lost You calm me down.
Constance était belle. Néanmoins elle ne se résumait pas à cela. Et non seulement l’âme de Cole avait trouvé un écho, une réponse dans la sienne, formant ainsi la plus agréable des harmonies, son corps semblait avoir également découvert le plaisir d'une symbiose flirtant avec la perfection, le sublime qui transporte, transcende, qui renverse tout sur son passage, tempête interne instoppable formant le beau sur les cendres du passé. Car ici même, dans cette maison, dans cette chambre, dans ce lit, le brun avait vécu des moments similaires avec sa femme -celle qui fut un jour sa femme- et pourtant ils n’avaient rien d'égal. Ici il y avait des souvenirs, bons et terribles. Une chambre est sûrement la pièce d’une maison qui renferme le plus d’émotions. Sanctuaire, refuge, ces murs sont les sauveurs de bien ds états d’âmes qui n’ont pas leur place dehors, aux yeux du monde. Amour, haine, peine, et même des rêves. Oui, dans ces murs, dans ce sol respiraient les images et les paroles du passé, d’une autre vie. Et pour la première fois depuis qu’il avait été livré à lui-même, Elwood se pensait capable de faire fi de ces événements, d’encaisser, d’accepter, pardonner et aller de l’avant. Il ne pourrait pas constamment vivre dans un monde formé de “et si”. Pas quand son salut se trouvait là, dans ses bras, embrassait sa bouche, caressait ses cheveux. Au delà du plaisir partagé, outre la houle qui gagnait en passion, Cole savait que ce moment allait changer bien des choses pour eux deux, et ce non seulement parce que la jeune femme était désormais compromise, mais parce qu’il devinait une sensation nouvelle en lui, une chaleur toute autre, un regain d’espoir et d’optimisme. Il voulait aller mieux avec elle, grâce à elle. Il voulait donner cette seconde chance à l’amour, et ce même si cette histoire s’annonçait complexe, sans issue, sans fin heureuse non plus. Il voulait la vivre quand même, il voulait risquer, sacrifier, se battre. Car qu’y a-t-il d’autre pour animer le coeur d’un homme qui n’a ni ambition, ni orgueil, ni égoïsme tel que lui ? Quels autres challenges la vie pouvait-elle lui offrir afin que ses jours et ses nuits prennent un sens ? Cole n’était pas un combattant pour la patrie, pour la justice, pour l’égalité, mais pour la liberté ; celle d’être qui notre coeur nous dicte d’être, celle d’aimer celui ou celle qu’il a choisi, celle d’être heureux dans une vie qui nous correspond. C’était ce qu’il espérait pour tous, ce qu’il souhaitait pour eux, qu’importe si le combat était perdu d’avance, qu’importe s’il en sortait blessé, meurtri. Il réalisait que l’amour était une chose qui méritait le bénéfice du doute, qui méritait la foi. Il comprenait que vouloir vivre sans revenait à se condamner à bien des jours obscurs sur le modèle de ces années lugubres dont il s’était fait prisonnier lui-même. D’une certaine manière, en offrant ainsi son coeur et son corps à Constance, à l’être aimé, l’anglais se défaisait de ses chaînes, celles qui le liaient à sa culpabilité. Et même si jamais il n’oublierait Laura ni Annie, même s’il les aimerait pour toujours du plus profond de son coeur, il s’autorisait le droit de vivre à nouveau, de reprendre le cours de son existence, la confiant aux bons soins de cette petite blonde qu’il avait appris à adorer toute entière. Au propre comme au figuré, c’est ainsi qu’il accueillit cette sensation lorsque son corps succomba au plaisir accumulé peu après avoir pu admirer sa belle en être également envahie ; libéré. Il était essoufflé, mais souriant. C’était important, pour eux deux, et ce fut parfait. “Je vous aime tout autant…” murmura-t-il en réponse à Constance, puis il déposa un baiser sur son front salé. Son corps se glissa à côté de celui de sa belle, laissant ainsi le sable retomber sur ses ruines et son coeur retrouver un rythme normal. La jeune femme se blottit contre lui, et tandis qu’il humait ses cheveux blonds, qu’il lui caressait l’épaule machinalement, songeant à tout ce qu’il ne regrettait absolument pas, il n’en fallut pas plus au médecin pour somnoler. Ils passèrent ainsi une heure, peut-être même deux, sans échanger un mot, uniquement des caresses, des baisers discrets sur la peau nue ici et là, enlacés, sans bouger. Et le calme après ce cap était léger, reposant. Il n'y avait pas d'urgence, il n'y avait rien à dire. C'était ainsi qu'ils profitaient l'un de l'autre, de l'occasion peut-être unique de partager un moment comme celui-ci, gardant en tête qu'il y avait bien des chances que cela soit la première et dernière fois. Mais Cole n'en était pas triste, étrangement. Pas encore. “Il vous faudra bientôt partir.” réalisa-t-il lorsque son regard se posa sur la fenêtre et le soleil qui n'était plus aussi haut dans le ciel. Ses bras se resserrèrent autour de Constance, l'invitant à loger son visage au creux de son cou, niant l'évidence, la fuyant autant que possible. “J’aimerais tant que vous restiez. J'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais…” Mais les choses étaient comme elles étaient, la réalité demeurait là, au-dehors, le temps ne s'était pas figé, le monde ne s'était pas arrêté de tourner. Tout le ramenait à cet instant à King's Cross, lorsqu'il avait offert à Constance l'opportunité de partir, de fuir, d'aller n'importe où mais surtout le plus loin possible. Et ils ne seraient pas là aujourd'hui. Peut-être seraient ailleurs, ensemble. “Nous aurions dû partir ce jour-là.” souffla Cole, frôlant toujours le dos de la jeune femme. Mais ils ne pouvaient pas vivre dans les suppositions, dans la nostalgie de moments qui n'existeront jamais. Ils auraient été de renégats ensemble, pas que cela aurait importé outre mesure. Le brun se rendit rapidement compte qu'une émotion avait rendu sa belle fébrile, et lorsqu'il releva son joli visage, il devina ses yeux humides et rougis, son sourire disparu. Il se sentit immédiatement coupable d'avoir tourné le couteau dans la plaie, mais la bulle aurait éclaté quoi qu'il arrive. “Ne soyez pas triste. Ce n’est pas le moment d'être triste. C'est un moment précieux.” dit-il avec un fin sourire. La main posée sur sa joue, il caressait sa peau, frôlait les traits de sa figure, l'admirait sous toutes les coutures comme une véritable œuvre d'art, mise entre ses doigts pour une seule et unique fois. “Laissez-moi vous regarder… Je ne veux manquer aucun détail, gâcher aucune seconde.” Et c'est ce qu'il fit en l'observant avec attention et rigueur, avec tendresse et ardeur. Après cela, il ne pourrait plus l'admirer ainsi sans attirer les soupçons, les suspicions ; tous ses sentiments se lisaient sur son visage, dans son regard amoureux, dans son rictus affectueux. Il voulait s'en souvenir, de ce petit ange, superbe dans la lumière d'un soleil descendant, la fin de l'après-midi s'annonçant, la fin d'un moment -quoi qu'il durerait éternellement dans sa mémoire.
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Cole était un être passionné, bien plus qu’il ne laissait le croire. Cette partie de lui avait certainement été mis aux oubliettes depuis sa séparation avec sa femme, alors persuadé qu’il ne ressentirait plus jamais la même chose avec une autre. Et pourtant, le voilà à donner tout son être et toute son âme à Constance sans se soucier du risque encouru, ni des conséquences éventuelles. Ils assumeraient tous les deux si ce moment fatidique viendrait un jour. Mais ce n’était pas encore le cas, alors ils savouraient chaque seconde avec l’être aimé. C’était ce qu’il y avait de plus important, de le chérir plus que tout tout en oubliant le reste du monde en l’espace d’une poignée de minutes. Constance le découvrait un peu plus à chaque houle, chaque soupir, chaque baiser. Elle avait l’impression de l’aimer davantage bien que cela lui semblait jusqu’alors impossible. Il se débarrassait d’un lourd poids sur ses épaules et croquait désormais la vie à pleine dent. Quel bonheur, pour la petite blonde, de le voir si heureux, si épanoui, si amoureux. Tant de choses rien que pour elle. Elle voyait ceci comme le plus précieux des cadeaux. Aucun diamant qu’on voudrait lui offrir ne pourra égaler la valeur de ce moment. Ils souriaient tous les deux, satisfaits de ce qu’ils venaient de partager tous les deux. L’entendre répéter ces mêmes mots d’amour était si agréable pour ses oreilles, comme un poème qui éveillait tous les sens, la beauté des mots caressant l’âme avec tant de délicatesse et d’attention. Leurs ébats ainsi finis, le médecin finit par se détacher d’elle pour s’allonger sur le lit. Il ne fallait pas attendre bien longtemps pour qu’elle vienne à nouveau se coller à lui et puiser un peu de sa chaleur. Ses pieds s’étaient entremêlés avec les siens et avec les draps, qui recouvraient désormais une partie de ses jambes. Ils n’avaient rien à se dire. Les petites caresses qu’ils se faisaient mutuellement suffisaient amplement. Un petit frisson la parcourait, parfois, lorsqu’elle réalisait à nouveau que c’était bien les doigts de l’homme qu’elle aimait qui l’effleuraient ainsi. “Moi qui ai toujours considéré la nuit comme mon alliée, voilà que je n’ai pas envie de la retrouver.” souffla-t-elle avec une profonde mélancolie dans sa voix. Elle regardait l’extérieur, maudissant le temps qui passait, imposant ainsi au Soleil de se coucher. Constance aurait tant aimé passer le reste de la soirée en la compagnie de son amant, et la nuit aussi. Voilà que peu à peu, elle réalisait qu’être une minute éloigné de lui relevait de la torture. Lui non plus ne voulait pas qu’elle parte, vu la manière dont il avait de la serrer un peu plus tout contre lui. Il regrettait le jour où il avait donné l’occasion à Constance de partir. Elle ne s’était pas sentie capable de saisir ce genre d’opportunités. Elle savait désormais qu’elle l’avait lui à ses côtés et avec cette donnée là, elle se sentait capable de faire bien plus de choses qu’auparavant. Cette pensée l’attristait et humidifiait donc ses iris bleus. Cole avait aisément ressenti cette tristesse, mais il ne voulait pas la voir dans son chagrin. Elle esquissa alors un adorable sourire. Elle récupéra la main qu’il avait déposé sur sa joue pour y déposer un doux baiser. “Il n’y a pas que de la tristesse.” lui dit-elle tout bas. “Il y a aussi ce… bonheur indescriptible que je ressens et je n’ai pas souvenir d’avoir été aussi heureuse, aussi amoureuse.” Il y avait donc des larmes de joie et des larmes causés par son chagrin. “La beauté de cet instant, la valeur qu’il à mes yeux. Quel bonheur de vous aimer autant, Cole.” Elle s’approcha de lui pour l’embrasser doucement, après quoi le brun tenait à admirer les traits de son visage, les courbes de son corps avec adoration. Constance lui laissait alors le temps de la regarder comme bon lui semblait. Ses iris bleus partageaient autant d’amour et de tendresse qu’elle pouvait avoir pour lui. Et dès que cet instant de contemplation fut terminé, elle l’embrassa langoureusement une dernière fois avant qu’ils ne doivent réellement s’arracher de leurs draps. Constance était quelque peu amusée par la suite. Elle se sentait comme une enfant espiègle venant de faire une bêtise et qu’elle devait désormais tout faire pour la dissimuler. C’était assez vrai dans le fond. Elle récupérait donc ses vêtements, ne pouvant résister à l’envie d’admirer son amant se revêtir. Dès qu’il eut terminé, elle sollicita son aide pour serrer le corset comme il le fallait. Ayant déjà eu une épouse auparavant, il avait déjà idée de la façon de procéder pour l’habillage. Elle lâchait parfois quelques rires, bien trop heureuse pour les contenir. Et puis, elle pouvait encore s’exprimer comme elle le voulait avant de porter à nouveau un masque qu’elle connaissait par coeur. “Voilà que vous savez m’habiller et me déshabiller, maintenant.” dit-elle en se retournant pour être face à lui, ne pouvant résister à l’envie de l’embrasser encore une fois. Mais le temps commençait à presser et Constance devait encore refaire son chignon. C’était bien souvent le même, elle savait bien le faire et elle aurait de toute façon un chapeau pour dissimuler d’éventuels défauts. Elle enfilait son alliance au doigt, à contre coeur, puis ils rejoignirent ensuite le rez-de-chaussée, les sourires disparaissant alors qu’ils approchaient la porte d’entrée. La jeune femme le fixa alors droit dans les yeux. “Je vous aime, Cole, n’en doutez jamais.” lui dit-elle en serrant sa main dans la sienne. “J’ai vécu les plus belles choses que j’ai pu vivre jusqu’ici, vous êtes la source même de mon bonheur. Et je chérirai à jamais nos secrets si nous n’aurons pas l’occasion de… se retrouver, de cette façon là.” Bien qu’elle savait que c’était illusoire, la jeune femme continuait de l’espérer. “Je me nourris de cet espoir là, de revivre des journées similaires avec vous, toutes aussi parfaites.” Et la nuit qui suit, pensa-t-elle tout bas. “J’espère ne pas avoir à me faire tomber malade pour que je puisse vous revoir.” Ou peut-être que son mari, Peter, aura une nouvelle crise et précipitera la venue du médecin. Dans ces cas là, le Keynes ne pouvait se passer de sa présence. “Vous êtes une belle personne, Cole. Aujourd’hui, il m’a semblé voir au fond, tout ce que vous teniez tant à cacher aux yeux des autres, certainement pour vous protéger, et je puis vous assurer que je n’ai jamais rien vu d’aussi beau.” lui dit-elle en caressant sa joue. Elle s’approcha une dernière fois de lui pour déposer un dernier baiser. “Gardez les yeux fermés, comme ça vous ne me verrez pas partir.” Parce que c’était ce qu’il y avait de plus difficile, les au revoirs, les adieux, voir l’être aimé s’envoler au loin. “Je serai toujours là pour veiller sur vous.” Ensuite, avec des pas feutrés et en ouvrant en toute discrétion la porte, elle quittait la maison Elwood. Une fois dans la calèche, l’air lui semblait un peu plus lourd. Elle ne savait pas si elle devait être triste ou heureuse, elle était véritablement partagée. Voir être éloignée de sa maison lui fendait le coeur. Alors, elle priait. Elle priait de le revoir au plus vite, ne serait-ce que pour le voir, même de loin, de savoir qu’il allait bien. Le soir-même, Constance était bien heureuse de pouvoir dormir seule. L’on ne l’avait suspecté de rien. Elle avait longuement parlé du jardinage pratiqué avec Cole ainsi que du chat qu’elle avait croisé et du fait d’avoir profité du beau temps. On la crut, à son plus grand soulagement. Personne ne la pensait capable de tromper son époux, après tout. Et le soir, au fond de son lit, elle espérait. Elle voulait tant le revoir.
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Les yeux fermés, Cole écoutait la portière de la calèche se fermer sur son amante, puis le claquement du bâton du cocher, le hennissement des chevaux, leurs sabots grattant la terre avant d'avancer, puis les grandes roues craquer en débutant leur inlassable cycle sur le parvis de la cathédrale. Il l'entendit s'éloigner, quitter la place, et il n'ouvrit les yeux qu'une fois le son trop lointain pour que la voiture soit encore à portée de vue. Tout cela n’avait pas vraiment rendu la séparation moins difficile, néanmoins, sans les images pour le hanter, Cole pensait que la nuit serait plus tranquille. La main sur la poignée de la porte, il ferma enfin celle-ci. Son regard triste se posa sur le vide face à lui, là où se tenait Constance il y avait un instant. Désormais il ne demeurait que le silence. La nuit lui parut tomber bien moins rapidement tout à coup, comensinle temps, leur jouant un mauvais tour, s'était accéléré uniquement jusqu'au moment des au revoirs avant de reprendre son cours. C'était si cruel. Comme toujours, le docteur gardait son esprit occupé. Les jours suivants il s'empêcha de songer à la jeune femme en prenant autant de patients que la journée avait d'heures. Il nourrissait toujours le jardin et ses occupants. Il songeait à prendre un chien, afin de tuer la solitude, mais il ne parvenait pas à décider s'il préférait un énergique modèle réduit ou un pataud grand bestiau. Elwood était toujours régulièrement invité chez les Durden, et peu à peu les intentions, les aspirations de la mère de famille, seule elle aussi, se firent de plus en plus évidentes pour tous à Canterbury, excepté le bon docteur. Lui demeurait aveugle, incapable d'arracher son esprit au souvenir de l'adorable rire de Constance lorsqu'il la rhabillait après leurs ébats. Elle avait toutes ses pensées en otage, et souvent, en songeant, il souriait presque naïvement. Il ne doutait pas qu'ils se reverraient, et même si les conditions devaient être toutes autres, pouvoir poser son regard sur elle était une joie dont il pouvait se contenter -et il en avait hâte. Quelques semaines plus tard, on vint le chercher chez lui. Une calèche des Keynes qu'il reconnut immédiatement, de loin, si bien qu'à peine en bas de sa maison Cole était à sa porte, prêt à grimper à l'intérieur. Nul besoin d'être devin pour savoir ce qui les poussait à faire appel à lui ; la santé de Peter était tellement fluctuante que le moindre signe de rechute les faisait tous paniquer. Le docteur fut accueilli comme un invité de marque, chose dont il se délectait toujours intérieurement. Dieu qu'il aimait les avoir sous sa semelle, douce vengeance dont il ne se lassait pas. Mais la seule capable de le faire sourire en ces murs apparut en dernière. "Lady Constance." Il embrassa délicatement sa main. Le seul contact de leurs regards suffisait à prononcer tout le reste de leurs mots d'amour. On le conduisit à l'étage, dans la chambre de Peter. Celui-ci, recroquevillé sous ses draps, fut également souriant à l'apparition du médecin. "Vous prenez toujours votre traitement tous les matins ? Parfait." Il s'attela immédiatement à une courte auscultation, et comme à chaque fois qu'il palpait ainsi ce qui n'était autre que son oeuvre, le résultat de son attentat contre la vie du Keynes, il ne ressentait pas de remords ou de culpabilité. Peut-être n’aurait-il pas pu vivre avec sa mort sur la conscience, mais sa douleur, en revanche, ne le peinait absolument pas. "Ce n'est qu'une petite crise, vous serez sur pieds demain." Cole en profita pour déposer les prochaines semaines de traitement et les confia à une domestique. Afin de rendre cette visite aussi utile que possible, le brun en profita pour constater l'avancement de la grossesse d'Eleonore, et il ne nota rien d’anormal, outre le début d'une carence en fer qui commençait à la pâlir et contre laquelle il lui confia un remède. Comme à chaque fois, en guise de remerciement, on l'invita à rester dîner, ce qu'il ne déclinait jamais. On le plaça exceptionnellement à la place de Peter, qui ne put se joindre à eux, c'est-à-dire à côté de Constance. Et cette proximité suffit amplement à le rendre souriant et loquace pendant toute la durée du repas, bien qu'il adressait à peine la parole ou un regard à la jeune femme afin d'éloigner tout soupçon. Malgré tout, les rares coups d'oeil étaient des plus intenses, une réelle connexion contre laquelle ils ne pouvaient lutter. À la fin du repas, Cole fut pris en aparté par Brentford, sous prétexte de partager une cigarette à l'extérieur, sous le regard attentif de Christian. "Avez-vous été à Londres récemment ?” Non, le médecin était bien trop pris par ses patients, faisait en sorte de l'être en tout cas, pour continuer à accorder son temps aux affaires du jeune Lord. Il n'était plus sous sa botte, il ne l'avait jamais été à vrai dire même s'il avait longtemps été persuadé du contraire. Alors il lâcha un petit rire. "Vous vous souciez de votre garçon tout à coup ? Rassurez-vous, il est sûrement mort à l'heure qu'il est." Emporté par une toux sanglante, suffoquant dans la misérable chambre partagée avec sa mère a Whitechapel, tous frais payés, comme si cela était suffisant. "J'aimerais que vous y alliez pour me donner des nouvelles." répondit pourtant Brentford, plus soucieux que Elwood n’aurait pu le croire capable pour la progéniture qu'il n’avait jamais voulu rencontrer ou connaître le nom. "La grossesse d'Eleonore vous inspire un soudain instinct paternel on dirait, peut-être y a-t-il de l'espoir pour vous. J'irai." Cole s'attendait à trouver une tombe, rien de plus. Peut-être deux. Après tout, non seulement la tuberculose avait sévi, mais aussi l'hiver. Et dans le Londres gros et sale, il était sans pitié. Les deux hommes se séparèrent sur ce. Cole retourna à l'intérieur et proposa de ne partir que le lendemain matin afin de ne pas déranger le cocher à une heure si tardive. Avant de rejoindre ses anciens appartements, il baisa à nouveau la main de sa bien aimée secrète. "Bonne nuit, Lady Constance." Elle ne viendrait pas le visiter cette nuit. Sa place était auprès de son mari, ou du moins, assez près pour que tous continuent de la voir comme l'épouse dévouée qu'elle se donnait tant de mal à être afin de gagner leur considération. Mais il n'était pas déçu. Cette occasion de la voir suffisait à le ravir. Ce fut Charlotte qui entra dans sa chambre, toujours sans frapper et sans se formaliser un seul instant de le surprendre parfois à moitié nu, se changeant pour la nuit, et ce qu'importe à quel point cela lui déplaisait. "Cole, qu'est-ce tu as fait ?" demanda-t-elle avec ce regard accusateur, son ton sec, ce visage fermé qu'il connaissait bien, cette expression qui lui mettait tous les maux du monde sur les épaules. "De quoi est-ce que tu parles ?" "Est-ce que tu me crois aussi aveugle que tous les Keynes réunis ?" Elwood capitula rapidement, il savait que Charlotte n'était pas idiote et au contraire très, trop perspicace. Elle le connaissait bien, parfois mieux que lui-même, et elle le prouvait encore en devinant d'un simple coup d'oeil ce qu'il s'était passé entre lui et Constance. Et cela la faisait enrager. "Tu te mets dans une position dangereuse, et elle aussi. Tu as pensé à ce qui lui arriverait s'ils savaient ?" Il soupira. Bien entendu qu'il y pensait. Tous les risques, et toutes les peines qui pouvaient découler de cette seule et unique fois. "Mais ils n'ont aucune raison de savoir, n'est-ce pas ?" "Ils n'auront pas besoin d'en avoir une si tu continues à la dévorer du regard comme tu le fais." A vrai dire, il était trop tard pour ces préoccupations. La graine de la suspicion avait été semée dans l'esprit de Brentford et de Clara. Elle ne ferait que germer et fleurir. Et déjà songeaient-ils à la manière de tuer cette disgrâce dans l'oeuf pendant leur partie de cartes dans le calme de la bibliothèque. Le lendemain matin, Cole se passa de partager le petit-déjeuner avec les Keynes. Il apparut au milieu de celui-ci pour prendre congé de ses hôtes en les remerciant chaleureusement de leur accueil -et on lui assura qu'il était toujours le bienvenu, ce qui étaient des paroles étrange de leur part. "Revenez la semaine prochaine Dr Elwood. Il y a quelqu'un que j'aimerais vous présenter." suggéra Brentford, et le médecin accepta, ne voulant pas manquer une occasion d'être auprès de Constance, même séparés par une table et des conversations ennuyeuses, par un mari et des faux semblants. Quant au jeune Lord, il comptait sur son ami John Lewis, explorateur particulièrement en vogue dans les clubs de gentlemen depuis son voyage en Égypte, pour être la solution au problème Elwood.
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Les journées semblaient être une éternité. Constance s'était mise à aimer et détester à la fois le soleil qui se lèvait. C'était à la fois peut-être une nouvelle chance de voir Cole, ou une autre à être si loin de lui. Il lui manquait tant. Se souvenir de cette journée passée avec lui la faisait sourire, mais cela creusait également un manque qu'elle ne pouvait combler nulle part. Elle regardait Eleanor être l'épouse parfaite, elle lisait, se changeait pour le dîner, passait ses nuits avec Peter. Intérieurement, elle ne pouvait s'empêcher de comparer ces ébats là avec ceux vécus avec le médecin. Les journées lui semblaient de plus en plus moroses, ne préservant que son coeur pour son amant. Constance se demandait de plus en plus ce qu'il serait advenu d'elle s'il n'était pas là, s'ils ne s'étaient jamais rencontrés. Chaque jour était pénible à vivre, incroyablement long. Bien qu'elle multipliait les promenades lorsqu'il faisait beau, la jeune femme s'ennuyait. Lorsqu'elle bouquinait, elle se rappelait de ses moments de lecture avec lui, lorsqu'elle s'approchait de l'étang, elle se souvenait du jour où ils étaient tombés dedans et lorsqu'elle était sous les draps, elle priait pour qu'un jour vienne où elle pourrait passer une nuit entière avec lui. Constance pensait qu'après avoir passé ce cap, elle se sentirait rassasiée de l'amour qu'il lui portait, qu'elle parviendrait à surmonter tout ça. Il y avait une part de vérité, elle nourrissait l'espoir de le revoir au plus vite et se montrait un peu plus optimiste. Mais le sentiment qui prédominait restait le manque. Voilà qu'elle espérait que quelqu'un tombe malade, ou que le temps s’accélère afin qu'il soit temps pour Eleanor d'accoucher. Il était évident que l'on exigerait qu'un médecin reste sur place quelques jours après la naissance du petit. Mais il semblerait que la santé de Peter soit un peu de son côté, et qu'une nouvelle crise ne se manifeste au beau milieu de la nuit, les cris réveillant en sursaut la petite blonde. Elle avait pris soin de lui le reste de la nuit et son mari appréciait être le centre de son attention. Le père de famille avait ensuite exigé à ce que l'on cherche Elwood au village. Tout le monde l'avait déjà salué lorsque Constance vit son apparition. Son coeur s'emballait et elle dissimulait au mieux l'envie de le prendre dans ses bras. Elle restait très discrète, peut-être même réservée lorsqu'elle le salua. "Dr. Elwood." souffla-t-elle avec un fin sourire. Les traits de la Lady étaient tirés, sa nuit ayant été particulièrement courte. Elle était si heureuse de le voir enfin. Une vie entière s'était écoulée depuis leur dernière rencontre. Constance était restée dans le petit salon le temps de l'auscultation. Au moins, elle l'avait du, se dit-elle. Au moins, elle savait qu'il allait bien. Elle le trouvait plus beau à chaque fois qu'elle le revoyait. Le médecin était volontiers resté dîner, aux côtés de Constance. Ils n'avaient pratiquement rien échangé durant ce temps, si ce n'est quelques regards bien discrets. Bien que Cole se montrait bien bavard ce soir-là, son amante restait comme d'habitude bien silencieuse, fidèle à elle-même. La petite blonde ne vit ensuite Cole que lorsqu'il vint lui souhaiter bonne nuit. Elle adorait tant sentir ses lèvres sur sa main. Son devoir d'épouse le menait au chevet de son mari. Constance était restée toute la nuit auprès de lui, en lui tenant la main. "Vous êtes toujours si douce, avec moi." dit-il au milieu de la nuit, ne parvenant pas à trouver le sommeil à cause de ses aigreurs d'estomac. Constance esquissa un faible sourire. "Et si tendre." Il voulait certainement lui prendre la main mais elle l'en empêcha. "Ne vous épuisez pas." lui conseilla-t-elle en parlant tout bas. Elle lui caressait doucement les cheveux. "Vous avez besoin de vous reposer, afin de vous rétablir pour que vous puissiez à nouveau sortir de votre chambre demain." "Alors venez vous allonger à côté de moi." "Je ne pourrai pas veiller sur vous si je m'endors." souffla-t-elle. "Fermez les yeux, endormez-vous, mon cher." Le lendemain, durant le petit-déjeuner, Cole prit congé, invité ensuite par Brentford à revenir la semaine suivante. Constance le regardait à peine, elle n'avait pas envie de le voir partir. Elle poursuivait son petit-déjeuner avant de revenir au chevet de Peter, qui se sentait bien mieux. Assis dans son lit, il mangeait un peu. Mais son teint avait repris des couleurs. Elle le laissait tranquille le reste de la matinée en allant s'isoler dans la bibliothèque pour lire. Le lendemain, Peter était véritablement sur pied. Il avait offert une paire de boucles d'oreille ornés de maints diamants en guise de remerciement. Il s'y sentait obligé, apparemment. "Il n'y aura bientôt plus assez de jours dans l'année pour que je puisse tout mettre." dit-elle avec un rire. "Merci infiniment, Peter." Peter, qui restait bien amoureux, était lancé dans une quête perpétuelle pour trouver un bijou qui soit à la hauteur de la beauté de Constance. Il ne souhaitait que le meilleur pour elle. Il espérait en échange qu'elle tombe un jour enceinte. Il exprimait souvent cette envie, sans pour autant faire preuve d'impatience. Constance se doutait bien qu'il allait devenir moins tolérant au fil des mois. Il fallait bien qu'elle accepte qu'un jour, elle porterait en son sein un petit Keynes. Cette idée l'effrayait. Les jours passaient, jusqu'à ce que le jour où Cole était sensé revenir ne vienne. "Quand arrivent-ils tous ?" avait demandé Eleanor durant l'heure du thé. "Nos invités arriveront ce soir, pour le dîner." répondit Brentford, avec un sourire peu descriptible qui étirait ses lèvres. "Constance, veux-tu m'aider à m'accompagner dans ma chambre, j'aimerais me reposer pour être plus présentable pour ce soir." Même fatiguée, Eleanor restait plus belle que n'importe qui, aux yeux de sa soeur. Elle lui tenait compagnie tout de même, s'installant à ses côtés une fois l'aînée allongée. "Et toi, à quand ton tour ?" "Tu as besoin de repos, je devrais te laisser tranquille." répondait Constance pour éviter le sujet. Elle comptait se lever mais Eleanor la retint par la main. "Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?" La benjamine déglutit difficilement sa salive, son teint devint plus pâle. "Tu l'es ? Tu es enceinte ?" demanda sa soeur, les yeux ronds, peinant à cacher son enthousiasme. "Ne dis pas ça. Ne prononce pas ce mot, s'il te plaît. Et non, je ne le suis pas." lui certifia-t-elle. "Et c'est bien mieux comme ça." "Mais il faudra bien que..." "Je le sais, Eleanor. Mais je ne suis pas faite pour être mère, toi oui. Je ne pense que je serais une bonne mère, plus les jours avancent, plus j'en suis sûre." "Le simple fait de te questionner sur ce rôle prouve que tu auras beaucoup d'attention pour les enfants que tu auras." répondit doucement Eleanor. "Pourquoi en es-tu si sûre ?" "Parce qu'il n'y a pas beaucoup d'enfants en ce bas monde qui auront droit à une mère aussi douce que toi. Ceux que tu auras seront chanceux, je n'en doute pas." Eleanor semblait être bien sûre de ses propos. "Qu'en est-il du Dr. Elwood ?" demanda-t-elle bien plus bas. Sa soeur haussa les épaules, le sourire timide. "N'oublie pas de faire attention à toi, préserve-toi, Constance. Brentford n'en parle pas, mais il ne semble pas vraiment apprécié votre amitié. Je ne saurais imaginer sa colère s'il savait que c'est un peu plus qu'amical." Constance le savait, Constance s'en doutait bien qu'elle échangeait très peu avec son beau-frère. Elle la laissait ensuite se reposer, se rendant dans sa propre chambre pour avoir un peu de tranquillité. Jusqu'à ce qu'il soit temps de mettre sa tenue de soirée bleue, élégante. La domestique avait pris un certain temps à parfaite son chignon, et Constance était parmi les dernières à rejoindre tout le reste de l'assemblée dans le salon, tous ayant déjà un verre de champagne en main. Peter l'accueillit, l'embrassa pudiquement sur la main, complimentant sa beauté. Il la guida jusqu'à Elwood afin que les salutations soient faites. Constance lui offrait le plus charmant des sourires, tentant encore une fois de contenir tout l'amour qu'elle avait pour lui, avant d'être enfin présentée à l'ami de Brentford, celui que ce dernier tenait à introduire au médecin.