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 joamie + life worth living

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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyJeu 1 Juin 2017 - 20:44


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Cole ne comprenait ce qu'elle voulait dire. Il ne voulait même pas l'entendre d'ailleurs. Il se dénigrait et pensait n'avoir aucune importance dans toute cette histoire. Il devait en avoir pris l'habitude, après tout ce temps passé auprès des Keynes. Mais la jeune femme fut particulièrement blessée du regard qu'il lui avait lancé à ce moment là, comme si ce qu'elle disait était tout à fait ridicule, dépourvu de sens. Une sombre idiote. Peut-être était-ce pour lui un dernier moyen de la faire fuir loin d'ici, qu'importe la destination. Il ne comprenait pas à quel point elle s'était attachée à lui, et qu'elle ne voulait pas vraiment le laisser. "Vous... Vous comptez beaucoup, pour moi." bégaya-t-elle, se sentant presque trop coupable de partager tout ceci avec lui puisqu'il ne semblait pas en avoir cure. "Je... J'aurais adoré que vous soyez à nouveau heureux aussi, vous le méritez bien plus que moi." estima-t-elle alors que ses larmes coulaient le long de ses joues pâles. L'idée simple de partir loin d'ici toute seule la faisait beaucoup paniquer. Le trajet du retour fut particulièrement silencieux. Ils n'avaient même pas le coeur à lire ensemble. Totalement vidée, Constance avait posé sa tête sur son épaule. La voilà à nouveau bien malheureuse.

Elle tressaillit lorsqu'elle entendit la dure voix de Brentford Keynes. Elle se dit alors qu'ils allaient passer un sale quart d'heure, mais les hurlements ne tombèrent que sur le médecin. Celui-ci restait parfaitement impassible. Il devait être habitué à se faire sermonner. Mais la petite blonde avait véritablement mal au coeur pour lui. Que lui serait-il arrivé s'il était revenu seul, si elle l'avait écouté sur le quai de la gare ? Cole partit sans dire mot, sans se faire prier, sans adresser un regard à son amie. Le ton de Christan était bien plus agréable lorsqu'il s'adressa à Constance. "Tout va bien, ma chère Constance ?" "Oui, bien sûr." certifia-t-elle avec un vague. "Nous n'avons simplement pas eu de chance avec le train, nous avions du attendre pour le suivant." Le père de la jeune femme s'approcha pour l'embrasser sur le front. "Le plus important, c'est qu'ils soient rentrés sains et saufs tous les deux." dit-il d'un ton bien plus doux, en s'adressant surtout à Brentford. "Vous devez être épuisée d'avoir passé toute la journée là-bas." "Je vais bien, Père, je vous assure." souffla-t-elle tout bas avec un sourire plus sincère. Peter s'approcha à son tour et ne se permettait toujours que de faire un baisemain à sa fiancée. Il semblait y avoir un certain soulagement, dans son regard. Il l'invita alors à faire quelques pas à l'extérieur. Constance accepta, à condition qu'elle puisse se changer avant. Elle enfila une robe aux couleurs estivales. Cela lui permettait aussi d'être un peu seule et de se recentrer sur ce qu'elle devait à tout prix être désormais. "J'ose espérer que vous ne comptez plus faire des sorties aussi longues une fois que nous serons mariés." dit Peter une fois qu'ils avaient commencé leur promenade. Voilà qu'il imposait déjà ces règles. "Je ne veux pas passer mes journées à faire un sang d'encre pour vous." Peter tentait de se montrer plus délicat en construisant quelques excuses. Constance le regardait, ne sachant que trop ressentir. "Et puis, vous aurez bien d'autres occupations. Lorsque nous aurons des enfants, notamment." Assurer la descendance, en somme. Constance détourna son regard, et ne dit rien. Le fait qu'il ne la questionne pas à ce sujet en disait long sur le fait qu'il se fichait bien de ce qu'elle pouvait penser à ce sujet. Un long moment de silence régnait avant qu'il ne reprenne parole. "Je... Je n'ai pas fait les choses en bonne et due forme." Il se plaça en face de Constance, sortant un petit boîtier de sa poche. Il contenait une bague de fiançailles en or avec en son centre un saphir taillé en ovale, entouré de diamants. Il y avait de fines arabesques gravées sur l'or. "Puis-je ?" demanda-t-il après avoir laissé Constance contempler longuement le bijou. Il l'enfilait délicatement sur son doigt avec un sourire largement satisfait. "Merci." souffla-t-elle tout bas, terrorisée à l'idée que tout ceci se concrétise de jour en jour. "Il me tarde d'être le jour de notre mariage. Nos parents ne veulent pas trop se précipiter, mais j'ai cru comprendre qu'ils ne voulaient pas non plus attendre que l'hiver n'arrive pour que cela se fasse. Le plus tôt sera le mieux tout de même. Je tâcherai à ce que cela soit encore plus somptueux que celui de Brentford et de votre soeur."

Ainsi, elle passait le reste de la journée avec son futur époux, à l'écouter déblatérer sur leur avenir, la manière dont il le voyait, et sur sa propre personne. Cela devait le convaincre, d'avoir une oreille attentive qui ne parlait pas, qui ne faisait que penser. Elle demeurait tout aussi silencieuse durant le dîner, ses yeux surtout focalisés sur son assiette. Elle était ensuite allée dans sa chambre, disant qu'elle était fatiguée. Mais Eleanor avait jugé bon de venir la voir et de tenter de l'enthousiasmer pour quelque chose, comme la robe qu'elle portera le jour de la cérémonie. Apparemment, il était prévu que des professionnels viennent au domaine afin de lui proposer plusieurs tenues pour son mariage. Il ne fallait pas trop tarder, afin que les couturiers aient suffisamment de temps de faire tous les réajustements nécessaires pour le grand jour. Constance laissait à sa soeur le plaisir de choisir la date des essayages. Enfin, on la laissait seule. Malgré le calme qui régnait dans sa chambre, elle n'arrivait pas à dormir. Elle avait tout de même éteint toutes les bougies afin qu'on la laisse tranquille. Mais au milieu de la nuit, elle avait envie de revoir Cole. Elle n'avait pas discuté avec lui depuis qu'ils avaient remis le pied au domaine, il devait être bien trop occupé avec sa patiente. Enfilant sa robe de chambre, elle se dirigea vers les appartements du médecin. Elle toqua discrètement, mais il n'y avait pas de réponses. Encore une fois, mais toujours rien. La jeune femme se permit alors d'ouvrir la porte grincer légèrement. Il dormait paisiblement, au fond de son lit. Il n'était pas raisonnable de le réveiller, n'y même d'entrer dans sa chambre ainsi. Mais Constance voulait le voir. Elle s'installa délicatement au bord de son lit. Elle l'observait avec une certaine tendresse pendant de longues minutes. La petite blonde se penchant ensuite sur lui. "C'est votre bonheur qui est le plus important, désormais." lui chuchota-t-elle avant de l'embrasser affectueusement sur le front, expérant que cela ne le réveille pas.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyVen 2 Juin 2017 - 0:22


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Le médecin retrouva son lit émotionnellement exténué. La journée avait été riche en sensations, et sur bien des sujets, Cole se sentait​ perdu. La matinée avait été agréable, mais il ne savait pas quoi penser de ses émotions en la compagnie de Constance. Il ne savait plus comment se comporter vis-à-vis des Keynes pour lesquels il possédait de moins en moins de patience. Il était peiné par sa patiente, qui ne se souvenait plus de lui. Augustine s'était montrée méfiante envers lui toute la journée, ne croyant rien de ce qu'il disait, n’ayant confiance en aucun de ses gestes. Il sentait que son monde entrait dans la fin de sa période de transition démarrée par des drames familiaux. Et celle-ci terminerait forcément avec d'autres drames avant qu'un nouveau chapitre plus clément puisse prendre le relais. Ce soir-là, son matelas lui parut plus confortable que jamais, et il déposa volontiers sa tête sur l’oreiller sans se joindre au dîner. De toute manière, il n'avait pas l'énergie pour affronter Brentford, Christian, ou la vision de Constance se faisant couvrir de douces attentions par un Peter déterminé à ce qu'elle devienne son épouse de bon coeur. Cole s'endormit tôt, après une dernière cigarette, et plongea dans le sommeil du juste, profond et sans rêves. Il avait laissé la porte et la fenêtre de sa chambre ouvertes ; l'aération du vieux manoir était déplorable et ainsi obtenait-il un peu d'air frais de la nuit. Il aimait s'endormir avec l'odeur de l’herbe, le son des insectes dans la nature, le bruissement des feuilles des grands arbres. Lorsqu'il était victime d’insomnies, Cole observait les ombres des branches qui se détachaient sur les murs grâce à lumière de la lune. Il avait bel et bien un rêve, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Un projet qui resterait sûrement à jamais à l'état de chimère. Cole rêvait d'aller dans le grand nord et voir une aurore boréale de ses propres yeux. Il était convaincu que son imagination ne pourrait jamais égaler la beauté de pareil spectacle. Et que pareille opportunité ne se présenterait jamais à lui. Lui qui n'était rien ni personne. Il y avait une personne pour qui il importait, et il ne le voyait même pas. Dans la nuit, Constance passa la porte de la chambre. Sa petite silhouette se pencha sur lui comme un ange gardien. Et elle l'embrassa sur le front. Cole devina le frôlement de ses lèvres, la douceur de sa peau, la présence près de lui, mais n'ouvrit pas les yeux. Il souffla un mot, un nom. Un murmure indistinct, une complainte discrète, tandis que son esprit ne savait plus de quel côté de la réalité il se trouvait. “... Laura…”

Les préparatifs du mariage furent retardés afin de laisser place à ceux de l'enterrement d'Augustine, peu avant la fin de l'automne. On la retrouva en bas du grand escalier, par terre, les membres formant des angles hors normes et le crâne ouvert sur le marbre du hall, taché par une large flaque rouge. Ce fut Charlotte qui tomba sur le corps la première au petit matin, tandis qu'elle se préparait à faire la poussière des marches et de la rampe. Thomas, le majordome, fut alerté par ses cris et ses pleurs. Il dut lui-même retenir ses larmes en posant des yeux sur le cadavre déjà gris et raide de la vieille femme. On réveilla Cole immédiatement. Après avoir constaté le décès si tragique de sa précieuse amie et patiente, personne ne put lui décrocher un mot de la journée. Il s’isola dans le centre du labyrinthe, et revint trempé jusqu'aux os d'un mélange de larmes et de pluie ; il semblait que même le ciel mesurait la perte que le manoir essuyait. Il ne cessa pas de pleuvoir dès lors. Tant et si bien que le lac menaçait de déborder. Gabriel et Samworth​ et d'autres passèrent des heures à empiler des sacs de sable tout autour du point d'eau au cas où. Eux, ainsi qu’Elwood, attrapèrent la mort et en firent une bonne excuse pour rester au lit. Cole ne voulait pas de visite de qui que ce soit. On ne le consulta pas pour les funérailles, comme toujours son avis importait peu. On ne lui proposa pas de prendre la parole durant l’oraison funèbre, alors il n'eut pas de discours à préparer. On habilla Augustine de cette robe couleur sable, pompeuse et démodée qu'elle détestait, et c'était ainsi qu'elle retournerait à la terre et serait vêtue pour toujours. Cela n'était même pas le dernier affront des Keynes vis-à-vis de leur aînée, mais bel et bien de l’ignorance pure. Au fond, personne ne connaissait la Lady comme Cole, et personne ne connaissait Cole comme elle. Même si elle ne se souvint plus jamais de son nom, ni de celui de sa mère, il y avait quelque part en elle cette femme superbe qui avait toujours été comme un membre de sa famille pour lui. Un repère rassurant et une dame inspirante. Ce fut Christian qui prononça quelques mots, puis son frère, et Brentford. Aucun n’avait l'air de penser ce sujet disaient. La seule hâte de Cole était d'en finir. Une fois le cercueil fermé et déposé tout en bas du trou boueux et plein de pluie, car celle-ci ne cessait toujours pas, il jeta une poignée de terre molle et suintante en souhaitant un bon dernier voyage à Augustine. Elle lui manquait déjà. Puis il rentra avec les Keynes au manoir. Depuis le décès de la Lady, Cole n’avait accordé aucune attention à Constance, et l’on ne pouvait vraiment lui en vouloir. Ses pensées étaient bien ailleurs, et son coeur aussi. Il avait besoin de paix et de temps. Après l'enterrement, le médecin demeura longuement assis au bord de son, à se demander à quoi allaient ressembler la suite des événements, à quoi allait ressembler sa vie désormais. Désormais c'était le monde entier qui lui paraissait enrobé d'une fine couche de brouillard londonien.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyVen 2 Juin 2017 - 2:23


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Les saisons étaient un peu comme le cycle de la vie. Et bien que l'automne décorait ses arbres de couleurs chaudes, le froid prenait rapidement place dans la région. Les poêles de la maison étaient constamment allumés, créant ainsi cette chaleur agréable et rassurante, contrairement au paysage des fenêtres. Constance s'était déjà promenée dehors plus d'une fois depuis le début de l'automne. Personne ne l'y accompagnait. Le temps lui semblait être constamment gris et l'ambiance était parfois très angoissante. Il y avait toujours cette couche de brume qui persévérait tout au long de la journée, sur un mètre de hauteur. C'était à la fois beau, mais aussi à en glacer le sang tant tout cela pouvait être glauque. Il n'y avait plus les bruits d'insectes pour rassurer, juste des petits mouvements de branches créées par du gibier qui s'était un peu trop approché de la lisière de la forêt. Le calme était omniprésent mais aussi oppressant. Les feuilles avaient commencé à tomber depuis longtemps des arbres, certains étaient déjà pratiquement nus. Souvent, Constance observait le domaine en restant immobile. Parfois, elle se demandait s'il y avait des fantômes qui rôdaient par ici. Ce genre d'endroits était particulièrement bien lotti, en matière d'histoires plus ou moins macabres. Dès qu'elle ne se sentait alors plus en sécurité, elle rentrait se réchauffer en lisant un livre. Elle regretta un jour ses pensées funestes. La jeune femme s'était réveillée en sursaut en entendant des cris. Sans attendre et sans se poser de questions, elle sortit de sa chambre et se laissa guider par la voix de Charlotte, qu'elle prit un certain temps à reconnaître. Bien que restée à l'écart, la petite blonde put constater sans mal le corps désarticulé d'Augustine et la flaque de sang séchée sous son crâne. Cette scène d'horreur lui en rappelait aussi une autre. Elle n'aurait jamais pensé voir de telles choses de sa vie. Rapidement, les pleurs réveillaient toute la maisonnée. Le père Dashwood éloigna sans attendre Constance de cet endroit et l'accompagna dans sa chambre pour rester un long moment à discuter avec elle. Une fois relativement remise de ses émotions, elle voulait porter son soutien à Cole. Mais il n'adressa pas un regard, pas un mot, et il avait fini par disparaître du reste de la journée malgré le temps pluvieux à l'extérieur. En regardant le ciel, Constance se demanda s'il pleurait pour Augustine. Elle se berçait aisément dans ce genre de poésies. Une certaine distance s'était déjà imposée entre eux, depuis peu. Lorsqu'il avait murmuré le prénom de son ex-femme alors que Constance venait à peine de l'embrasser sur le front, celle-ci fut particulièrement touchée, peut-être même blessée. Elle ne comprenait pas pourquoi cela l'avait tant heurté sur le moment. Mais ça l'avait touchée, et elle peinait véritablement à l'oublier. Lorsqu'elle voulait lui rendre visite, elle constata par terre un plateau avec de quoi grignoter. Mais il n'y avait pas touché, et la théière était froide au toucher. Constance se risquait tout de même à toquer quelques fois, mais finit par abandonner sans insister. Elle trouvait que les funérailles d'Augustine avaient été particulièrement bâclées. Les paroles manquaient de sentiments, tout avait fait uniquement parce que cela devait l'être, et personne n'y avait mis du sien. Il pleuvait toujours.

Il semblerait que même Constance, alors qu'elle ne portait pas encore le nom de famille Keynes, avait bien plus de respect que toute cette bande d'aristocrates réunis. Elle ne vit pas Cole, et durant les repas, il ignorait simplement sa présence. Elle comprenait sa peine, mais au bout d'un moment, elle avait tout de même fini par le prendre personnellement. C'était après le dîner qu'elle s'était décidée de venir à sa rencontre. Elle toqua timidement à la porte de sa chambre, et bien qu'il n'y eut pas de réponse, elle se permit d'entrer. Parce qu'elle savait qu'il était là. Assis au bord de son lit. Constance s'installa à ses côtés, et l'observa longuement avant de dire quoi que ce soit. Il était si peiné. "C'est la meilleure occasion pour vous de partir loin d'ici. Il n'y a plus rien qui vous retient ici." Elle le lui avait dit tout bas, qu'il était le seul désormais à pouvoir être libéré. "Vous pouvez retourner dans votre maison. Nul doute que vous vous ferez aisément une patientèle là-bas." Si elle ne le pouvait pas, lui, avait désormais toutes les cartes en mains pour avancer comme bon lui semblait. "Échappez-vous, menez une vie heureuse où bon vous semblera. Il n'y a aucune promesse qui vous lie à quoi que ce soit, ni de contrat signé qui vous laisse enchaîné ici." Constance déposa délicatement sa main sur sa joue afin de faire doucement pivoter sa tête en sa direction. Son regard à elle était tendre, d'une profonde bienveillance. "Pensez à vous. Il n'y a plus qui que ce soit à sauver dans cette demeure." La jeune femme ne voulait plus qu'il pense à elle. Constance se voyait déjà condamnée, et elle l'était, en quelque sorte. Elle ne devait pas être pour lui une raison de rester. C'était à son tour de le laisser partir. Elle déposa un doux baiser sur tempe. Elle s'agenouilla devant lui en prenant ses mains qu'elle embrassa. "Je vous en conjure, Cole. Il est temps que vous pensiez à vous, vous le méritez amplement." On entendait au loin la voix de Peter appelant Constance. Il était temps pour elle de partir. [color=#006699]"Je vous en conjue." lui souffla-t-elle une nouvelle fois avant de se lever et de quitter la chambre de son ami. Elle retrouva son fiancé à l'autre bout du couloir. Celui-ci voulait discuter une nouvelle fois de leur mariage, et était bien dépité qu'il puisse être retardé à cause du décès d'Augustine. Il n'était absolument pas attristée de sa disparition et ne se focalisait que sur la prochaine cérémonie prévue. Il était plus bavard que Constance n'aurait su l'imaginer, mais ça ne la dérangeait pas outre mesure. Il semblait tout de même respecter ses moments de solitude, elle espérait que cela dure le plus longtemps possible. Avec cela, il y avait peut-être des chances qu'elle survive. Elle laissait encore longuement déblatérer, faisant parfois quelques hochements de tête pour montrer qu'elle écoutait bien ce qu'il pouvait lui raconter. Lorsque l'heure n'était plus vraiment, il lui souhaita bonne nuit en se risquant de lui faire un baiser sur la joue, et put constater de lui -même ainsi la douceur de sa peau. Après cette journée riche en émotions, bien que fatiguée, la jeune femme n'avait pas vraiment sommeil. Encore une fois. Fort heureusement, elle avait une multitude de livres à sa disposition en attendant que Morphée veuille bien d'elle. Constance restait auprès du poêle de sa chambre, déjà en vêtement de nuit, avec une épaisse robe de chambre pour qu'elle n'attrape pas froid. Mais même ses histoires ne parvenaient pas à la faire évader ce soir-là. Elle pensait à Cole, et espérait qu'il prenne la bonne décision pour son propre bien.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyVen 2 Juin 2017 - 19:21


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Alors qu'il songeait à la possibilité de tout bonnement prendre racine ici jusqu'au jour où l'on s'inquièterait pour lui et qu'on vienne arracher sa vieille souche de cette chambre, son salut arrive bien plus tôt qu'il ne l'aurait pensé, et de la seule manière à laquelle il n'avait pas cru plausible. Il s'était imaginé Christian, venant lui ordonner de prendre ses affaires et de débarrasser les lieux maintenant qu'il n'avait plus rien à y faire. Il y avait aussi Brentford qui aurait pu apparaître pour remuer le couteau dans la plaie. Charlotte aurait pu entrer pour le secouer avec son éternel manque de délicatesse. Ou Alicia, saisissant une nouvelle opportunité de se rapprocher de lui et le faire changer d'avis sur leur relation. Les hommes tombent si souvent dans les bras de la femme qui se montre présente pour eux lorsqu'ils en ont besoin, comme une maman venant les materner, les prendre par la main et essuyer leur petit nez morveux. Cole n'avait pas songé à Constance. Il la pensait trop occupée, en compagnie de son fiancé, comme souvent depuis l'annonce du mariage à venir, accaparée par les préparatifs de la cérémonie qui pouvaient enfin reprendre, et un peu désintéressée par la mort de cette vieille femme qu'elle avait finalement à peine connu. Pourtant la petite blonde fit celle qui traversa la porte que personne n'osait pousser depuis des jours. Elle fut celle qui s'installa près de lui, et qui lui prit la main pour qu'il ne se sente pas seul. Elle lui demanda de partir, mais uniquement pour son propre bien. Car sa tâche était terminée ici, son travail, accompli. Il n'avait plus de raisons de demeurer enchaîné au manoir. Il l'avait gagnée, sa liberté. Vidé et abimé, le médecin n'avait pas encore pensé à reprendre sa vie, il ne savait pas par quel bout commencer. La parole ne lui était toujours pas revenue. Il observait la jeune Dashwood d'un regard éteint, mais il l'entendait. Il l'entendait très bien. Il savait qu'elle avait raison. Il lui suffisait de trouver le courage de se mouvoir. Constance repartit aussi vite qu'elle était apparue. Cole ne bougea pas. Pas pendant un long moment. Il sentait les paroles de son amie résonner dans son crâne, se peindre sur les parois de son crâne. Il se surprit lui-même à sauter sur ses deux jambes après de longues heures. Il faisait nuit noire dehors. Le moment parfait pour partir sans s'encombrer d'au revoirs hypocrites. Rapidement, Elwood reprit son grand sac gisant au sommet de son armoire. Il y déposa toutes ses affaires en un temps minimal, pris d'une forme de pression qu'il ne s'expliquait pas. Comme s'il ne partait pas immédiatement, il ne partirait jamais. Son coeur était serré, ses gestes nerveux. S'en aller, il en avait rêvé quasiment depuis son arrivée. Sa propre maison était à la fois si proche et si éloignée depuis tout ce temps. Il ne criait pas encore victoire, il ne connaissait pas la légèreté du soulagement, pas encore. Pour le moment, il devait atteindre la porte. Il ferma le sac, enfila son manteau et prit son chapeau sous le bras. Arrivé à l'étage de Constance, il jeta ce coup d'oeil en trop, ce regard curieux, comme s'il savait qu'il verrait de la lumière sous cette porte, comme s'il en avait eu l'intuition et qu'il devait absolument la vérifier. Il y avait bien de la lumière. Alors il fut pris de culpabilité. Partir et la laisser ici ? Retourner à sa vie alors que l'on ôtait celle de la jeune femme ? S'en aller comme un voleur alors qu'elle avait été la seule présente pour lui, elle qui avait tant de valeur à ses yeux ? Soudainement, plus rien n'était clair, le plan parfait volait en éclats. Non, elle avait tort. Il y avait bien une promesse qui le liait ici. Cole avança jusqu'à la porte de la chambre. Il posa là son sac, puis chercha le courage de toquer. Constance ne sera pas seule, pensa-t-il. Sa soeur, son père étaient ici. Tout irait bien. Il abattit finalement son poing sur la porte trois fois. Il n'entra pas dans la chambre. Il attendit qu'on lui ouvre, et il resta sur le pas de la porte. Face à la jeune femme, il ne trouva pas ses mots immédiatement ; le sac à ses pieds était bien assez explicite pour qu'elle comprenne que l’anglais comptait suivre son conseil. Une idée qui le peinait bien plus qu'il ne l'aurait pensé. « Je voulais vous dire… Merci. Et je voulais que vous sachiez que mon départ du manoir ne rompt pas la promesse que je vous ai faite. Vous pouvez toujours compter sur moi. Vous pourrez me rendre visite. Je… j’espère que vous le ferez… Ma maison est blanche, juste en face de la cathédrale. Il y a ma plaque dessus, vous ne pouvez pas la manquer. Venez me voir, même sans raison. Vous ne me dérangerez jamais. Et je viendrai à Chilham de temps en temps, si les Keynes me le permettent. Ils me feront sûrement appeler au moindre bobo de toute manière. Je crois… » Après tout, Cole ne s'était jamais senti bienvenu entre ces murs. La famille pourrait aisément se tourner vers une personne partageant leur caractère. Il n’était même plus certain que Brentford continuerait à l'envoyer s'occuper de ses affaires à Londres. Ce contrat là n'était sur aucun papier. Quoi qu'il en soit, Elwood tenait bien trop à Constance pour tirer un trait sur elle, sur leur amitié. Ou qu'importe ce qui les liait et lui donnait envie de déposer cet au revoir sur le bord de ses lèvres roses. « Vous avez été une alliée précieuse ici et aujourd’hui… maintenant que Augustine n’est plus là, vous êtes une de mes seules amies. Je ne voudrais pas que nous nous perdions de vue. » Son coeur s'emballait, finalement terrifié par ce départ, comme il l'était face à tout imprévu, tout changement. Et il y avait tant de changements, tant d'imprévus en si peu de temps. “Constance, promettez-moi que ce n’est pas la dernière fois que je vous vois.”
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 3 Juin 2017 - 15:43


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C'était certainement à contre-coeur que Constance l'avait à partir. Mais elle n'était pas de nature égoïste et elle savait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour lui. Que si quelqu'un pouvait être sauvé, ce serait bien lui. Il n'y avait plus rien à faire pour elle et elle lui léguait volontiers sa place afin qu'il soit heureux à nouveau. Elle se disait qu'il pourrait voir de nouveaux visages, et tomber amoureux de l'un d'eux. Peut-être même qu'il sera si amoureux qu'il envisagera de fonder une famille, de tenter une nouvelle fois afin de faire taire tous ses précédents malheurs. Constance rêvait pour lui, de cette vie là, quitte à ce qu'il l'oublie elle. C'était un maigre sacrifice comparé à tout ce qu'il pouvait l'attendre. Mais, malgré tout ce qu'elle pouvait se dire et espérer pour lui, savoir qu'il finirait par partir la rendait encore plus malheureuse qu'elle ne l'était déjà. Elle regardait dans le vide, attendant certainement que le temps passe. Elle n'avait plus que cela à faire. La petite blonde sursauta lorsque l'on vint toquer à sa porte. Elle espérait qu'il ne s'agisse pas de Peter, piqué d'une envie de débattre sur les détails de leur mariage au beau milieu de la nuit. Les sourcils légèrement froncés, elle fixait la porte, se demandant si c'était une bonne idée d'ouvrir ou non. Elle finit par déposer son livre sur un guéridon avant de se lever et de voir qui tenait à la voir à cette heure-ci. Constance le regardait de la tête aux pieds et constatait sans mal le sac de Cole qui devait certainement contenir toutes ses affaires. Elle comprenait sans mal que c'était un voyage sans retour. Elle s'était même déjà faite à l'idée qu'il ne voudrait certainement plus jamais remettre les pieds au domaine. Le médecin prit un certain temps à parvenir à prononcer quoi que ce soit mais la petite blonde savait se montrer patiente. Elle n'avait aucune idée de la raison qui l'avait poussé à venir la voir alors qu'il perdait du temps et qu'il aurait déjà pu être loin d'ici depuis longtemps. "Vous n'avez pas à me remercier." lui assura-t-elle doucement avec un sourire sincère, avec une pointe de tristesse. "Et... J'espère que nous pourrons nous voir, mais..." La petite blonde baissa les yeux. "Peter ne semblait pas apprécier nos sorties à Londres. J'ose espérer qu'il se montrera plus clément s'il me laisse aller à Canterbury." C'était moins loin. Et puis, son futur mari allait certainement avoir des journées bien chargées, il ne pouvait pas toujours avoir l'oeil sur son épouse à longueur de temps. Elle espérait qu'il lui accorde ce droit de visite. "D'ici peu, mon destin ne sera plus vraiment le mien." Elle n'avait pas vraiment de pouvoir décisionnel, elle s'était faite à l'idée qu'elle n'allait plus pouvoir faire tout ce qu'elle voudrait. Cole lui avait donné toutes les indications nécessaires afin qu'elle puisse reconnaître aisément sa maison. Elle en avait aussi conclus qu'il n'allait pas être présent à leur mariage également, à moins qu'il ne soit invité par l'un des Keynes, ce dont elle doutait fort. Sauf Alicia, peut-être. Que le médecin emploie le passé pour conjuguer ses verbes, lorsqu'il parlait du lien qui s'était créé entre eux, c'était comme la parole suffisante pour que Constance ne parvienne plus à contenir cette si grande peine qu'elle dissimulait au fond d'elle-même depuis des semaines. Elle se sentait déjà si seule. “Je ne désirerai que ça, de vous revoir. Autant que possible.” dit-elle alors que ses yeux semblaient devenir encore plus humides qu’ils ne l’étaient. Malgré sa tristesse, elle parvenait à lui adresser un sourire. “C’est devenu un de mes rêves. Et j’ai envie d’espérer que celui-ci puisse devenir réalité.” Bien qu’elle parlait en chuchotant, on pouvait aisément entendre sa voix trembler par l’émotion. Voilà qu’elle ne voulait plus vraiment qu’il part. Elle se trouvait alors bien égoïste de penser de telles choses et qu’elle ne devrait pas ainsi penser à ce qui lui conviendrait elle. Non, il fallait que Cole parte, il était désormais le seul des deux à pouvoir saisir l’opportunité d’être heureux. Subitement, la petite blonde passa ses bras par dessus les épaules du son ami. Elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour parvenir à l’enlacer très chaleureusement. Elle le serrait fort contre lui, le plus fort qu’elle pouvait. Ses doigts se glissaient délicatement dans ses cheveux. “Je vous le promets.” lui souffla-t-elle après de longues minutes de silence, se souvenant qu’elle n’avait pas dit quoi que ce soit par rapport à cette promesse. Elle lâcha doucement son étreinte, mais ses mains restaient posées sur ses épaules. Leur visage était assez proche l’un de l’autre. Constance sentait son coeur s’accélérer sensiblement en admirant ses traits d’aussi près. “Vous…” Mais elle oubliait aussitôt ce qu’elle voulait dire. Ses doigts glissaient de ses épaules jusqu’à sa nuque, puis jusqu’à ses joues, effleurant à peine sa peau. C’était là qu’elle les sentait pour la première fois, les papillons dans le ventre. La sensation était encore très légère, peut-être imperceptible pour d’autres, mais c’était nouveau pour la jeune femme. Elle en avait même les mains qui tremblaient, la respiration quelque peu haletante. “Vous allez tant me manquer.” parvint-elle à souffler après de longues minutes de contemplation.Bien que ce n’était initialement pas l’endroit où elle voulait l’embrasser, Constance déposa ses lèvres sur sa joue. “Vous… vous devriez y aller. Plus vite vous serez parti loin d’ici, mieux vous serez.” dit-elle avec un sourire bienveillant. “Prenez soin de vous, Cole.”
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 3 Juin 2017 - 18:15


─ life worth living
And my highs when you're gone Give me a golden guarded soul But when I'm crazy and I'm lost You calm me down.

Désormais, son coeur était tiraillé, ballotté de part et d'autre de sa conscience qui remettait en question la moindre de ses pensées. Il se sentait coupable, mais Cole n'avait pas d'autre choix que de s'en aller. Un Keynes finirait par le mettre à la porte, ou par continuer d'abuser de ses services, et le médecin n'aspirait pas à une vie de prisonnier ni de domestique érudit entre ces murs. Sa véritable vie, il l'avait mise entre parenthèses entre s'installant au manoir, mais il ne fut jamais question d'un aller sans retour. Il était largement temps qu'il s'en aille. C'était le regard embué de Constance qui l'attristait énormément. Cela le culpabilisait et ôtait toute lueur positive à son départ. Entre deux chaises, il partait à contrecœur, mais il resterait aussi à contrecœur. Mais il n'y avait que chez lui que Elwood pouvait espérer retrouver un certain goût de vivre. Il avait fait son choix, aucun retour en arrière n'était possible. La petite blonde, sur la pointe des pieds, enlaça l'anglais dans ses bras. Personne ne lui avait offert pareille accolade depuis des lustres. Il en avait oublié tout ce que cela était, de sentir un autre corps tout contre soi, cet échange de chaleur et d'affection. Comme danser, il ne le savait plus, et cela le rendit particulièrement nerveux. Il osa à peine poser une main dans le dos de la jeune femme afin de répondre à son geste. Elle lui promit qu'ils se reverraient, et à partir de ce moment, il existait un monde dans lequel ces paroles étaient vraies, et un autre dans lequel il s'agit d'un mensonge. Cole espérait de tout coeur être dans celui où elle disait la vérité. Il espérait tant de choses qui lui paraissaient à la fois étranges et absurdes. Il avait posé ses mains sur les siennes, juste pour sentir la douceur de sa peau. Il aurait voulu qu'elle l'embrasse, et cette idée le perturba au plus haut point. Ses lèvres posèrent un baiser sur le front de Constance avant qu'il ne récupère son sac. Il eut une dernière fois la tentation de faire demi-tour, une fois qu'il eut passé la grande porte d'entrée.

Sa chaise était vide à la table du petit-déjeuner. Personne ne s'en inquiéta particulièrement, jusqu'à ce que Christian envoie Charlotte réveiller le docteur afin qu'il se joigne à eux -il souhaitait aborder le sujet de son séjour au manoir et connaître ses plans pour l'avenir, tant s'il comptait demeurer auprès d'eux ou les quitter promptement. Charlotte se rendit donc dans les étages et frappa à la porte de la chambre, ce qui demeura sans réponse. Mais il avait le sommeil lourd, se disait-elle, alors elle frappa à nouveau et entra sans attendre la permission. Le lit était fait, et surtout, vide, froid. Il n'y avait plus de livre sur la table de chevet, plus de paquet de cigarettes au bord de la fenêtre. Elle ouvrit les tiroirs de la commode et les placards de l'armoire pour vérifier son premier constat ; tout était vide. Quand elle revint dans la salle à manger, penaude, on se demandait encore ; « Est-ce que quelqu'un a vu Elwood quelque part ? » Lui qui était d'habitude si matinal. Son thé était prêt devant une assiette vide. Charlotte ne sut comment bien tourner sa phrase, elle jouait nerveusement avec ses doigts, la tête basse. « Il a pris toutes ses affaires, my Lord, je crois qu'il est parti. »

Les premiers jours furent étranges. Comme tout captif remis en liberté, Cole ne savait quoi faire de celle-ci. Il y eut des heures bien vides et étranges pendant lesquelles il ne faisait strictement rien. Puis il reprit, petit à petit, des activités. Il se remit à lire, à s'occuper du jardin où il passait tant de temps avant. Lorsqu'on comprit que la maison était à nouveau habitée, on vint le saluer et lui souhaiter un bon retour. Les journées se transformèrent en très longues heures du thé accompagnées par tous les gâteaux que l'on pouvait lui offrir. Cela prit une semaine au médecin avant d'effectuer sa première balade à pied dans Canterbury. Finalement, cela devint un rituel. A force de déambuler, de discuter ici et là, retrouvant un certain plaisir à converser, Elwood attira ses anciens habitués dans sa nouvelle patientèle. Au fil des jours, d'autres s'en suivirent, et l'emploi du temps du médecin redevint noir de rendez-vous. Un week-end, deux semaines après son départ du manoir, la cadette Keynes lui rendit visite. Le brun fut déçu qu'elle soit la première à lui rendre visite, et non Constance, mais elle avait sûrement beaucoup à faire. Ou peut-être n'avait-elle jamais compté venir ici. « Alicia. Entrez, ne restez pas dans le froid. » L'hiver s'installait. Il faisait froid dans la campagne, bien plus facilement qu'en ville où l'air était chauffé par les usines. Il y avait déjà de la neige dans le Kent, tandis que les londoniens rêvaient d'un Noël blanc. Cole fit du thé, et laissa la jeune femme s'installer où bon lui semblait. Elle déambulait dans le vestibule, jaugeant la décoration, les meubles. « Vous avez une maison adorable. » dit-elle poliment, qu'importe si elle le pensait ou non. Ils prirent place dans le salon, face à face dans des fauteuils. Donnant peu de crédit à la théorie de la visite de courtoisie, Elwood préféra en venir rapidement au fait et se passer d'une demi-heure de small talk. « Qu'est-ce qui vous amène ? » demanda-t-il en servant les tasses. « Comme vous le savez, le mariage de Peter et Constance approche... » « Quand est-ce ? » « Début février. Un mariage enneigé, cela sera superbe. Tenez, votre invitation. » Cole reposa la théière et prit le carton. Il ne le quitta pas des yeux, sans savoir ce qui le perturbait le plus ; être invité, ou lire le nom de son amie et celui de Peter en lettres dorées non loin du mot mariage, le tout rendant soudainement l'événement bien plus réel. Il ne répondit rien, si bien que le silence mit Alicia de plus en plus mal à l'aise. « Vous nous manquez beaucoup au manoir. » reprit-elle avec un sourire trop grand pour être sincère. Il s'agissait surtout d'une tentative de faire redescendre le médecin sur terre. « J'en doute. » murmura-t-il en posant l'invitation sur la table basse. « Catherine souhaiterait que vous veniez pour le thé ou pour dîner un jour prochain. » « J'y réfléchirais. » Il but son thé silencieusement, en jetant régulièrement un coup d'oeil dehors. Il espérait qu'il ne se remette pas à neiger, sans quoi la jeune Keynes serait bloquée ici le temps que la météo soit plus clémente. Or, il n'avait nulle intention de se montrer plus hospitalier avec les Keynes qu'une simple tasse de thé. « Le lac a gelé, nous pouvons patiner. » tenta Alicia, qui ne reçut aucune autre réponse qu'un léger sourire et un signe de tête de la part du brun. Il avait déjà dit qu'il craignait trop que la glace cède et qu'il déconseillait de patiner dessus. Alors la jeune femme, comprenant qu'elle ne tirerait rien de plus du médecin, passa du coq à l'âne ; « Que diriez-vous de demain ? » « C'est Noël, demain. » Comme en témoignait les quelques éléments de décoration très spartiates dans sa maison, et le petit sapin sur le buffet du salon. Il avait installé ceci plus pour ceux qui le visitaient que pour lui-même. Après tout, il n'avait personne avec qui célébrer cela cette année. « Justement. Vous ne voudriez pas passer Noël seul ! Et vous savez que nous célébrons la fin d'année sans pareils à Chilham. » « Je... » « J'arrangerai les détails avec Père et Brentford, ne vous en faites pas. A demain alors ! » Avant que Cole puise ouvrir la bouche, Alicia avait déjà remis ses longs gants et sa cape sur ses épaules. Elle partit avec un large sourire vainqueur, laissant Cole avec une immense appréhension.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 3 Juin 2017 - 19:55


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Au réveil, Constance ne savait plus si ce qu'il avait pu se passer duant la nuit était un rêve. Elle ne put que véritablement s'en rendre compte lorsqu'elle avait rejoint la famille pour le petit-déjeuner. Tout avait été préparé minutieusement préparé pour le médecin, mais il n'était pas encore à table. Mais si tout était prêt, c'était qu'il était toujours là et qu'il n'allait pas tarder. On avait envoyé Charlotte pour aller le chercher, mais c'était seule qu'elle était revenue. Alors leur conversation nocturne fut bien réelle, réalisa Constance. Toutes ces sensations qui avaient retourné tout son organisme l'étaient aussi. Cette envie d'effleurer ses lèvres et de le garder égoïstement pour elle aussi. Les Keynes n'eurent ni chaud ni froid de ce départ précipité, la vie reprenait son cours comme si de rien n'était. Mais il semblerait que la jeune femme ne faisait que s'isoler davantage. Elle pouvait admirer seule pendant des heures les paysages enneigés du domaine. Chaque saison était une nouvelle poésie, selon Constance. Chacune d'entre elle avait ses propres atouts et ses propres défauts. Elle n'avait pas de préférence véritablement franche, quoi qu'elle se montrait toujours particulièrement enthousiaste lorsque le printemps pointait le bout de son nez. Mais pour le moment, les fêtes de Noël approchain, et malgré tout, elle ne put se trouver un seul moment pour se rendre à Canterbury. A chaque fois qu'elle partageait ce désir, on trouvait toujours une excuse pour qu'elle ne s'y rende pas : le temps maussade, l'heure, les impératifs à régler avant Noël, les préparatifs du mariage. Même si au début, son père semblait se montrer compréhensif, il ne semblait pas vouloir laisser partir Constance seule. Un argument supplémentaire pour qu'elle se confie un peu moins à lui, ou même à Eleanor. Celle-ci semblait bien se porter et bien s'adapter au tempérament de Brentfor. Elle ne se laissait pas faire et gérer à merveille sa situation de couple. Les choses n'avaient pas vraiment changé, entre Peter et Constance. Elle se rendait compte à quel point Cole pouvait lui manquer, et chaque espoir à l'idée de le revoir ruiné ne faisait qu'accentuer sa peine.

Les fêtes approchaient et les Keynes prouvaient une nouvelle fois qu'ils n'aimaient pas faire les choses à moitié. Les décorations étaient véritablement somptueuse, il n'y avait pas une pièce qui ne rappelait pas l'esprit de Noël. Peter ne cessait de s'en vanter dès qu'il avait constaté que cela avait particulièrement émerveillé sa future épouse. La petite blonde terminait de se préparer pour la veillée de Noël dans sa chambre. Eleanor toqua à la porte, déjà prête. Sa petite soeur terminer d'enfiler des boucles d'oreille. "J'ai une nouvelle qui devrait te réjouir." Cela était peu probable, selon la cadette, mais elle prêtait tout de même une oreille attentive à ce qu'elle comptait lui annoncer. "Le Dr. Elwood sera présent pour ce soir, et demain." Les yeux de Constance s'arrondirent, son coeur s'accéléra subitement. "V... Vraiment ?" Un large sourire arbora le visage parfait d'Eleanor, qui s'approche de sa soeur pour l'enlacer, après avoir acquiescé d'un signe de tête. "Je sais qu'Alicia est allée le voir pour lui donner en main propre le carton d'invitation pour ton mariage, et l'a invité par la même occasion pour passer les fêtes de fin d'année en notre compagnie. Elle a fait les choses à l'envers. Elle n'en avait parlé à son père qu'après l'avoir invité. Dès que je l'ai su, je voulais t'en parler. Je savais que cela te ferait plaisir." Et c'était bien vrai, car l'on n'avait plus vu sourire Constance aussi naturellement depuis un petit peu trop longtemps. "Il se peut que Peter se montre.. peut-être un petit peu jaloux, mais ne te laisse pas faire, d'accord ?" lui conseilla-t-elle en se permettant de réajuser un petit peu la coiffure de Constance. "Tu as l'air... de beaucoup tenir à lui." "Nous sommes devenus de très bons amis, oui." dit Constance. "J'espérais pouvoir lui rendre visite à Canterbury, mais il y avait toujours des... choses à faire." soupira-t-elle avec une certaine tristesse. "J'espère qu'il ne m'en voudra pas." "Il n'y a pas de raison, il doit bien s'en douter." Constance s'installa au bord de son lit et sa soeur se mit juste à côté d'elle et lui prit délicatement la main. "Est-ce... Uniquement amical ?" se risqua-t-elle à demander. La petite blonde leva les yeux vers sa soeur, surprise. "Qu...Que veux-tu dire ?" bredouilla-t-elle, bien confuse. "Constance, tu es ma petite soeur. Je te connais par coeur, et je sais reconnaître le moindre de tes sourires." dit-elle en toute bienveillance. "Et le sourire que tu viens de me faire, je ne l'ai jamais vu auparavant." Voir Constance aussi confuse et incapable d'articuler quoi que ce soit en disait long. Eleanor à la fois contente mais aussi triste que sa petite soeur ait pu connaître ce sentiment si particulier, même naissant. L'aînée prit la main de la petite soeur. "Je ne te dirai pas de t'en empêcher, Dieu sait combien c'est incontrôlable. Mais garde ça pour toi, très précieusement, en toi." "Qui me dit que tu n'en parleras pas à notre père ?" "Il y a bien des secrets que je ne lui ai jamais divulgué, celui-ci en restera le plus important. Il nous connait bien peut-être, mais il y a des choses qu'il ne comprendra jamais, auprès des femmes. Pas même auprès de ses propres filles." Eleanor continuait de la regarder avec une certaine tristesse. "Il faut que tu sois prudente, Constance. Quoi que tu puisses ressentir pour lui, sois prudente."

Le coeur de Constance ratait un battement lorsque le médecin apparut dans le salon où les festivités de la soirée allait commencer. La famille n'avait pas lésiné sur les moyens pour impressionner et satisfaire les papilles de chaque invité. Son verre de champagne à la main, elle s'approcha de lui. Peter était occupé à discuter avec son père et Mr. Dashwood. "Si vous saviez à quel point j'étais ravie d'apprendre que vous seriez là pour les fêtes." lui dit-elle en ne parlant pas trop fort. "Néanmoins, je m'en veux terriblement de ne pas avoir pu se voir plus tôt." Elle forçait un sourire. "Il y avait toujours quelque chose à faire lorsque je pensais avoir suffisamment de temps libre pour vous rendre visite." Constance s'en voulait terriblement. Et il était certain qu'elle aurait amplement préféré passer du temps avec lui en dehors des festivités, avoir des moments plus intimes avec lui, sans avoir à craindre le moindre regard. Il était élégamment habillé pour les fêtes, Constance le trouvait magnifique. "Je suis heureuse de pouvoir passer les fêtes en votre compagnie. Je ne pouvais pas espérer plus que votre présence."
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 3 Juin 2017 - 23:15


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« Est-ce que vous souhaitez passer Noël avec nous, Dr Elwood ? » lui proposa Mrs Durden avant de quitter le cabinet. « Je suppose que vous n'avez pas de compagnie ce soir et je fais toujours à dîner pour une armée, alors si vous le voulez il y a une place pour vous à notre table. » S'il avait su. Cole était particulièrement touché par cette attention, tant et si bien qu'il ne trouva pas quoi répondre. Il regardait cette mère de famille tenter de réunir ses cinq enfants sous son autorité, et il y en avait toujours un pour n'en faire qu'à sa tête. Elle paraissait fatiguée, et plus âgée qu'elle ne l'était, ayant transmis sa vitalité à sa progéniture. Mais elle avait un joli visage, de l'amour à revendre, et beaucoup de douceur, de générosité. Elle allait rentrer chez elle, et passer tout l'après-midi en cuisine pour sa famille, afin de leur mettre sur la table le plus somptueux des repas. Et il le sera, qu'importe si la viande n'est pas parfaite, si la sauce manque d'assaisonnement, ou si la présentation du dessert laisse à désirer ; mais parce qu'elle y aura mis du coeur et que tout sera dégusté avec enthousiasme. Cole aurait pu volontiers affronter toute une soirée chez les Durden à supporter le bruit incessant fourni par cinq enfants plein d'énergie, et il aurait même mis du sien afin d'affronter sa nervosité et ne pas se sentir comme un parfait intrus sous leur toit, si cela lui avais permis d'échapper à une soirée avec les Keynes. Néanmoins, la promesse d'une veille de Noël aussi belle soit-elle par Mrs Durden ne valait pas celle de revoir Constance à Chilham. Et pour elle aussi, il pouvait affronter les Keynes. Il remercia donc poliment sa patiente, la rassurant quant à son programme, et lui souhaita un joyeux Noël avant de fermer la porte pour le reste de la journée. Se préparer pour le soir ne lui prendrait pas beaucoup de temps. Cole avait surtout une course à faire, car il ne comptait pas venir les mains vides au manoir. Il ne pourrait sûrement rien apporter qui soit à la hauteur d'une famille d'aristocrates, et il savait que pour eux l'intention ne comptait pas, mais Elwood voulait avant tout être en paix avec sa conscience qui lui rappelait que sa mère l'avait bien élevé. Il trouva une belle bouteille de vin, et cela fit l'affaire.

Alicia, dans son souci de bien faire, avait envoyé leur calèche venir chercher le médecin devant chez lui à l'heure de l'apéritif, afin que celui-ci n'ait pas à marcher deux heures dans la neige. Plus la voiture avançait vers le manoir, plus Cole sentait ce quelque chose différent dans l'air qui englobait le domaine. Cette odeur imperceptible, légèrement âpre. Cette sensation que le vent devenait plus lourd sur ses épaules. Néanmoins, comme chaque hiver, la bâtisse était magnifique. Alors qu'il faisait déjà nuit, l'on devinait le feu dans les cheminées à tous les étages à travers les fenêtres qui ressemblaient à des dizaines d'yeux en flammes sur un château de verre. Christian l'accueillit dans le hall avec un enthousiasme presque étrange. En deux ans au manoir, il ne lui avait jamais semblé inspirer autant de sympathie. Thomas, le majordome, se saisit du vin et le fit porter en cuisine. On le débarrassa également de son manteau, le col rehaussé par une fourrure blanche pour parer au froid. Il faisait bon à l'intérieur. Le manoir était décoré du sol au plafond avec un soin, un goût et un sens du détail absolument indéniables. Cole prit un long moment pour admirer le hall avant de se rendre au salon où le reste de la famille était réuni. Les Keynes de France et ceux d'Amérique avaient prolongé sur séjour à Chilham ; il n'était pas question qu'ils manquent le mariage de Peter, mais ils furent d'abord obligés d'assister à l'enterrement d'Augustine, ce qui repoussa la cérémonie au-delà des fêtes de fin d'année. Ils profitaient donc de ces imprévus pour passer Noël ensemble. Dans le fond, personne ne s'en plaignait ; les Keynes appréciait particulièrement d'être réunis et entre eux.

Lorsque Cole entra dans le salon, son regard sut immédiatement où trouver Constance, et un sourire apparut sur son visage fermé par la nervosité. Elle était, comme toujours, belle comme un coeur. Alors qu'elle approchait, le médecin trouva une coupe de champagne sur laquelle jeter son dévolu, et il remercia le ciel pour l'invention de cet alcool qui l'aiderait à traverser cette soirée avec moins de peine. La jeune Dashwood tint à s'excuser de n'avoir pu lui rendre visite à Canterbury comme elle avait dit qu'elle aimerait le faire ; mais il n'y avait pas là de promesse à tenir, la seule l'engageant étant qu'ils se revoient, et cette partie-là était tenue. “Ne vous en faites pas. Je me doutais que vous étiez occupée.” Son regard tomba furtivement sur Peter, Christian et Mr Dashwood qui discutaient plus loin. Brentford était avec son épouse et ses cousins. Alicia et Janine observaient Cole et Constance de temps en temps. Il n'était pas question d'effectuer un faux pas ce soir. “Comment avancent les préparatifs ?” demanda le médecin afin que les oreilles baladeuses soient contentées. Quand il ne furent plus scrupuleusement scrutés, Elwood s'approcha légèrement de Constance afin de lui parler tout bas. “Je… j’ai juste eu le temps de vous trouver un cadeau.” Cela n'avait pas été trop compliqué ; il souhaitait quelqu chose de très précis pour la jeune femme et savait exactement où le trouver à Canterbury. “Pas un mot aux autres, je ne voudrais pas qu'ils se vexent.” En effet, il n'avait de présent que pour Constance. Elle était bien la seule qui méritait quoi que ce soit. Il ne l'avait pas emballé, se disant qu'un paquet traditionnel attirerait l'attention, alors il prit simplement l'un ds poignets de la jeune femme et y accrocha un bracelet. Celui-ci était entièrement noir, ce qui pouvait surprendre au premier abord. Il était composé d'un jonc formant deux tours, et d'une seule large pierre ovale. Celle-ci était incrustée de nacres colorés formant une fleur. Un bijou fin, peut-être modeste, en comparaison avec toutes les marques ostentatoires de richesse que pouvait offrir Peter à sa fiancée. « C’est de l’onyx. C’est une pierre qui est supposée avoir des vertus protectrices. Elle donne confiance en soi, vous protège des maladies, et… des êtres qui veulent vous nuire. » Autant dire qu'au manoir, il était plus sûr d'en avoir sur soi, ce pourquoi Cole glissait cette pierre sous l'oreille d'Augustine tous les soirs.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyDim 4 Juin 2017 - 0:05


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L'arrivée de Cole était aisément comparable à une bouffée d'air, alors que Constance avait eu l'impression de s'étouffer un peu plus chaque jour enfermée dans ce manoir. Bien que souriant, le beau brun ne semblait pas être entièrement à l'aise à l'idée d'être chez les Keynes pour le réveillon. Elle ne pouvait que comprendre, entre l'attitude de cette famille qu'il trouvait bien souvent exécrable et le deuil pour Augustine qu'il devait encore le miner, il était normal de constater qu'il n'était peut-être pas si enthousiaste que ça à l'idée de revoir ces murs. Mais le temps était à la fête et à la générosité, dans une ambiance particulièrement chaleureuse qui parvenait à dissimuler les moindres défauts de cette prestigieuse famille, et l'on savait à quel point la liste des points péjoratifs pouvaient être longues. Malgré l'esprit de Noël, il semblerait que les regards continuaient d'épier et de surveiller le moindre faux pas, le moindre geste qui pourrait en dire long. Constance n'en tenait que très rarement rigueur, mais elle devait reconnaître qu'après tout ce temps sans avoir vu son ami, elle était agacée que chaque phrase sortie de leur bouche était étudiée de très près. "Je ne m'en sens pas moins désolée." dit-elle avec un ton qui laissait amplement deviner sa culpabilité. A vrai dire, Constance aurait adoré voir la maison de Cole. Elle pouvait ainsi le découvrir un peu plus en voyant quelles couleurs ils préféraient, quels types de meubles la décorait, s'il avait un amour certain pour le jardinage ou le bricolage. Des détails peut-être sans importance pour beaucoup de monde, mais qui comptait énormément pour elle, dans la mesure où elle s'était trouvée l'envie de le connaître par coeur. Cette longue absence n'avait fait qu'agrémenter et multiplier ce désir qui virait tout doucement à une certaine obsession qu'elle parvenait parfaitement à dissimuler durant ses longues journées à Chilham. "Tout est pratiquement prêt. A ma connaissance, il reste certains détails à régler, mais rien qui ne puisse retarder davantage la cérémonie." Le sourire de Constance était incroyablement faux. Elle appréhendait tellement ce jour. Les voeux, l'échange des alliances, le baiser, la nuit de noces. C'était comme un effet de domino, et elle ne se sentait absolument pas prête pour quoi que ce soit. Un passage obligé, particulièrement désagréable, et qui plus est, avec un homme qu'elle n'aimait absolument pas. Ca l'angoissait énormément mais elle n'osait pas en parler à qui que ce soit, de toutes les raisons de ses angoisses, par simple peur d'être moquée et pointée du doigt. Toutes les femmes de son entourage n'en parlaient pas, pas même sa soeur, qui fut particulièrement succincte à ce sujet. Constance avait fini par croire que pour elles, ce n'était qu'une étape comme une autre, mais que pour elle, cela lui semblait insurmontable. Cole s'approcha d'un pas et parlait tout bas à Constance. Elle sentait son coeur s'accélérer à nouveau, mais elle ne pouvait pas accuser l'alcool, étant donné qu'elle n'avait bu que quelques gorgées de champagne pour le moment. "Un cadeau ?" reprit-elle tout bas, surprise qu'il ait pu penser à ce genre de détails. "Pas un mot."Elle arborait un sourire malicieux, bien contente d'avoir ce petit secret pour elle. Ses yeux devenaient enfantins et pétillaient d'excitation à l'idée de voir ce dont il s'agissait. Il lui enfila discrètement le bijou autour de son poignet, après quoi la jeune femme eut tout le loisir de le contempler. Elle le touchait du bout des doigts, en admirait les détails. Elle aimait les bijoux, mais n'osait jamais porter ceux que l'on voyait de trop. La taille des bijoux dont elle disposait était tout aussi discrète qu'elle, ce pourquoi ce bracelet lui correspondait parfaitement. Il lui listait ensuite toutes les vertus de la pierre qu'il avait choisit, ce qui prouvait également son sens du détail. Dans un premier temps, Constance était surprise qu'il croit aux attributs de cette pierre, mais ça ne la surprenait pas outre mesure. Elle avait gardé précieusement son jeu de tarot, qu'elle questionnait quasi quotidiennement. L'onyx était véritablement la pierre dont la jeune femme avait le plus besoin. "C'est magnifique." souffla-t-elle tout bas, profondément charmée. Elle adorait ce bijou, et elle y avait immédiatement attaché une très grande valeur sentimentale. "Merci infiniment, je... Je suis touchée." A croire que Cole faisait tout son possible pour que la petite blonde soit protégée lorsqu'il ne peut pas être. "J'espère que cette pierre m'aidera avec toutes ses vertus." Elle lui lança un regard complice. "J'aurais adoré pouvoir vous offrir quelque chose, mais..." Mais elle était enfermée ici. "Mais je vous rendrai la pareille. Il ne sera peut-être plus Noël à ce moment-là. Je vous le promets." Elle aurait aimé aussi pouvoir lui offrir des présents, même des objets qui pourraient sembler être particulièrement insignifiants pour d'autres. "Merci encore." Constance comptait bien le mettre autant que possible, et le garder précieusement près de soi lorsque ce n'était pas le cas. "Vous m'avez énormément manquée." lui souffla-t-elle tout bas. Peter finit par s'approcher, afin d'accorder de très modestes salutations au médecin, mais surtout aussi pour se permettre de poser sa main sur la hanche de Constance – un contact physique qui la mit particulièrement mal à l'aise. Voilà qu'il la prenait déjà comme sa propriété. "Le Dr. Elwood prenait des nouvelles des préparatifs pour notre mariage." expliqua-t-elle succinctement. "Avez-vous bien reçu l'invitation ? Comptez-vous être parmi nous, pour le grand jour ?" demanda alors Peter avec un sourire glorieux. "Ce sera un mariage somptueux, à n'en pas douter. Il ne faudrait pas que vous manquiez cela." Constance avait envie de rouler des yeux. La modestie et la prétention de son fiancé l'irritaient parfois un peu. A faire le paon dès que l'occasion se présentait. Il voulait juste entendre la réponse de Cole, et une fois qu'il l'eut, il s'éloigna pour retourner à des conversations plus intéressantes. Ne voulant pas s'éterniser sur le mariage, Constance préférait subitement changer de sujet de conversation. "Vous aviez raison. Le domaine est on ne peut plus somptueux, dans son manteau d'hiver. J'avoue ne pas avoir fait le tour du domaine, mais ce n'est pas l'envie qui manque. Ce sont des paysages qui font rêver." dit-elle alors avec un plus franc sourire. Un peu plus tard, le maître de la maison invita tous ses convives pour passer à table, afin que le dîner comporté d'un très grand nombre de plats différents puisse commencer. Constance aurait adoré être aux côtés de Cole, mais il y avait certaines personnes qui tenaient à imposer leur choix. Il était évident que mari et époux, fiancé et fiancée aillent l'un à côté de l'autre. Constance avait donc Peter d'un côté, et par chance, sa soeur de l'autre. Alicia s'était largement imposée en voulant s'asseoir aux côtés de Cole, à croire qu'elle n'avait toujours pas compris que le beau médecin n'avait aucun sentiment pour elle et qu'il ne devait certainement pas compter l'épouser.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyJeu 8 Juin 2017 - 21:40


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Il aurait pu s'attendre à des rires de la part de Constance, mais Cole savait qu'elle accepterait son cadeau sans préjugé a propos des superstitions qui lui sont liées, tout comme elle ne s'était pas moquée des cartes qu'il avait sur lui et dont il lui avait également offert un paquet. Peut-être ne croyait elle pas autant en ces détails que lui, mais elle avait la décence de ne pas les railler, elle avait même la grande qualité de garder l'esprit ouvert. Jamais son regard ne changeait, et c'était un élément perturbant pour le médecin qui avait passé ces dernières années réprimé par la famille qui lui prêtait un toit. Les Keynes sont catholiques. Vous souriez à cette idée, vous aussi. Ce soir, ils iront à la messe de minuit et passeront pour de bons chrétiens l'espace de quelques heures. Ils feront le plein de pardon divin pour l'année à venir et reprendront toutes leurs entreprises funestes dès la sortie de la cathédrale. Quoi qu'il en soit, l'intérêt d’Elwood pour tous ces parallèles à la science dire “pure” était un secret qu'il ne voulait pas divulguer à n'importe qui, et surtout pas à ceux qui pourraient le faire condamner pour si peu. Ainsi, son présent pour Constance n'était qu'un bracelet, et toutes ses vertus seront un secret entre elle et lui. “C'est modeste mais…” Elle le coupa avec des remerciements avant qu'il ne puisse dénigrer sa propre intention. Alors il souria et lui assura d'un signe de tête qu'elle était la bienvenue. Si toutes ces croyances n'étaient pas qu'un tissu de balivernes, alors peut-être que la pierre qui trônait désormais à son poignet pourrait lui être utile. “J’en suis certain. Regardez.” dit-il en lui indiquant une bague qu'il portait où était incrustée la même pierre. Une pièce qu'il portait depuis bien longtemps et qui avait acquis une véritable valeur sentimentale. “Et je suis toujours debout.” Oui, il était à toute épreuve. Parfois il avait l'impression qu’importe les évènements, qu'importe qui mourraot autour de lui, il survivait. Il passait au travers de tout. Jamais malade, jamais à terre. Dévasté à l'intérieur, mais toujours debout, un pied devant l'autre. Il ne manquait rien à Cole, en dehors de sa famille. Il n’était pas matérialiste, il n'avait besoin de rien. À moins d'un objet utile, Constance ne pouvait rien lui offrir. Et pour ce qui ne se touchait pas, son amitié suffisait amplement. “Vous ne me devez rien du tout. Si vous voulez me faire un cadeau, ce serait de ne pas vous laisser abattre par tout ceci.” dit-il tout bas. Tout ce qu'il souhaitait, c'était de ne pas la perdre, et qu'elle même ne se perde pas. Qu'elle ne fasse pas partie des meubles, engloutie par le manoir. Le temps pouvait paraître horriblement long entre ces murs. Cole devait admettre que ne plus avoir l'occasion de voir la jeune femme tous les jours était étrange. Il s'était habitué à sa présence, non seulement concrète, sous ses yeux, mais aussi plus abstraite ; à l'idée qu'elle était là, et qu'il n'était pas seul. Elle lui manquait, mais ils s’y feraient. Peter ne tarda pas à venir marquer son territoire, fier comme un coq de sa petite fiancée qu'il brandit comme un trophée, ayant hâte de cette union dont son orgueil se nourrit d'avance. Cole n’avait jamais été aussi populaire aux yeux du jeune Keynes jusqu'à ce qu'il devienne un proche de sa future épouse, et il était facile de voir qu'il ne s'intéressait à lui uniquement dans le but de l'avoir à l'oeil. Il semblait que la vie de la cadette Dashwood allait être parfaitement sous contrôle dès lors qu'elle aura pris le nom des hôtes de ce domaine. “Absolument. Je serai là. Que je le veuille ou non à vrai dire puisque je vis au pied de la cathédrale. En tout cas, merci pour l'invitation. J'espère que vous préparez une cérémonie à la hauteur de votre fiancée.” Même s'il acquiescait, il était évident que la cérémonie serait à sa hauteur à lui, et que Constance n’aurait plus qu'à se montrer reconnaissante et admirative pour tout ce qu’on lui fera partager. On lui fera rapidement prendre conscience que sans son époux, elle ne signifiait pas grand chose. Peter repartit. Cole et Constance échangèrent un regard complice. Comment autant de fierté pouvait résider dans ce corps sans exploser ? Ils devièrent rapidement de ce sujet fâcheux. “Alicia ne vous a pas assommée avec son envie de patiner sur le lac au point de vous faire céder ?” demanda le médecin avec un rire. En hiver, la jeune femme n’avait que cela à la bouche. L’aristocratie dans ce bout du pays avait tendance à rendre solitaire, et Alicia avait peu d'amis, la majorité résidant à Londres et ne faisant le déplacement que pour les grandes occasions. Alors rares étaient ceux qui acceptaient de passer du temps avec elle dehors en hiver, dans cette couche de neige, et encore moins de patiner sur le lac. Elle ne l'avouait pas, mais cela se devinait ; sa solitude lui pesait énormément, et elle avait besoin d'amis, d'affection. “Si vous avez du courage et un bon manteau, nous pourrons peut-être marcher un peu dehors plus tard.” ajouta Cole en espérant vivement que cette promenade aurait lieu. Avant cela, il fut l'heure de dîner. “J’ai un présent pour vous.” annonça Alicia au dessert, après lui avoir fait la conversation pendant tout le repas et dont le brun ne se souvenait déjà plus de la moitié -il écoutait d'une oreille, sachant pertinemment que les Keynes parlaient pour eux-mêmes plus que pour les autres, et qu'ils aimaient les mots comme de la dentelle ; un foisonnement d'ornements. Cole fut particulièrement surpris lorsque la jeune femme déposa une petite boîte dans sa main. “Alicia, nous avions dit plus tard pour les cadeaux, pas à table.” objecta Catherine, ce à quoi elle répondit avec un haussement d'épaules ingénu. “Ouvrez le.” reprit-elle comme si de rien n'était, et Cole s'exécuta, curieux. La boîte contenait une nouvelle bague, ornée d'une imposante pierre verte. Alicia, intentionnée, se pencha à l'oreille du docteur pour lui en dire plus sur ce cadeau surprise. “Je sais que vous accordez de l'importance aux symboles, ce genre de choses. J’ai vu la pierre d'Augustine. Alors je me suis renseignée ; Emeraude, pierre du savoir, de l’harmonie et du renouveau. Tout ce dont vous avez besoin pour reprendre votre vie où vous l'avez laissée à Canterbury.” C'est également la pierre de l'amour, mais la jeune femme se garda bien de l'évoquer. Cole le devina tout seul. “En effet, vous avez fait des recherches.” dit-il avec un sourire attendri. “C’est adorable, merci Alicia.” Elle lui prit son cadeau de Noël en retour et s'offrit le droit de lui déposer un baiser sur le coin des lèvres.

“Regarde-les se goinfrer, Sam.” pestait Gabriel posté le long du buffet, prêt à resservir en volaille, en vin, en cigarettes. Les autres domestiques, ceux qui avaient une famille, étaient autorisés à quitter le manoir ce soir afin de profiter de leurs proches. Gabe n’avait personne, lui, personne a part son meilleur ami. Cela le rendait amer. Sa seule consolation était d'être de service avec Charlotte. “Eux ils ont un Noël digne de ce nom, et nous, on aura quoi ?” “Les reeeeestes !” s’exclama Samworth tout bas, ravi et particulièrement enthousiaste à cette idée. Parce qu'on ne crache pas sur les restes d'un dîner d'aristocrates, non monsieur. La qualité reste la même, et dieu savait à quel point tous ces plats lui faisaient envie depuis des heures. Sa hâte fut apaisée pour une courte durée par Charlotte qui, discrètement, en passant, leur glissa un macaron dans les mains. Ils le gobèrent tout rond et sans modération.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyJeu 8 Juin 2017 - 23:07


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Parmi les valeurs enseignées par Peter Dashwood, il y avait bien évidemment savoir accepter et apprécier n'importe quel présent. Il ne gatait pas ses filles comme certains autres aristocrates. Bien sûr qu'il y avait des cadeaux, mais cela restait relativement modéré, et cela avait toujours amplement suffi aux deux filles Dashwood. Elles ne connaissaient pas vraiment la démesure et ne voulaient pas vraiment s'y frotter. Constance, encore moins. C'est pourquoi elle était si touchée que le médecin ait pensé à elle pour les fêtes de fin d'année. Il aurait pu lui offrir n'importe quoi que cela lui aurait plu. Ils se connaissaient bien, désormais. Ses iris bleus restaient constamment rivés sur le bracelet qu'elle effleurait du bout de ses doigts. Elle avait ce sourire, ce genre de rictus qui n'arrivait pas à s'enfuir de ses lèvres, bien agrippé. A vrai dire, c'était le plus beau cadeau que l'on pouvait lui faire. Il y avait mis du sien, il avait cherché une signification derrière cette pierre, et qui correspondait parfaitement aux besoins de la jeune femme par rapport à sa situation. "C'est parfait." se permit-elle de corriger, alors que Cole pensait que ce n'était pas grand chose. Ce présent faisait galoper son coeur, cela en devenait particulièrement perturbant. Cole montrait discrètement la bague qu'il avait autour de son doigt. Constance fit un large sourire en le voyant, alors qu'il tentait de démontrer que la pierre lui avait été d'un grand secours. "Mais je ne pense pas être tout aussi solide que vous." souffla-t-elle tout bas, son sourire restant inchangé. C'était une réalité, mais elle ne s'en plaignait pas. Tout comme elle savait qu'Eleanor était bien plus résistante qu'elle, même sur le plan de la santé. Constance était bien plus à même d'être grippée au courant de l'hiver que sa grande soeur. La jeune femme tenait véritablement à lui offrir aussi quelque chose en retour, mais aussi par plaisir. Le médecin laissait comprendre qu'il n'avait besoin de rien et demandait un cadeau bien plus abstrait. "Je...Je ferai de mon mieux." lui assura-t-elle, bien qu'elle semblait un peu moins sereine. Constance n'aimait déjà pas sa vie de fiancée et elle savait que tout n'allait certainement pas arrangé une fois qu'elle serait mariée. Elle ne voulait pas de cette vie-là. Il n'y avait pas un jour où elle regrettait de ne pas avoir le train pour aller ailleurs, parce qu'elle savait qu'elle n'aurait jamais pu faire quoi que ce soit seule. Mais répondre à tous les rôles qu'elle devait avoir l'agaçait. On lui demandait d'être une personne qu'elle n'était pas. Et elle avait l'impression d'être de moins en moins libre de ses faits et gestes à l'approche du mariage. D'ailleurs Peter pensait que c'était le bon moment pour faire comprendre à qui la petite blonde appartenait. Cole confirma sa présence pour les festivités. La cathédrale n'était pas bien loin de chez lui, après tout. Et bien que son prétendant était aimable avec elle, elle doutait qu'il fasse les efforts qu'il lui avait promis afin qu'elle se sente mieux au manoir. Elle n'allait certainement pas être une épouse heureuse, c'était ce qu'elle pensait en voyant son fiancé s'éloigner d'elle. Le médecin, cherchant certainement à faire penser autre chose à son amie, aborda un tout autre sujet. "Elle me l'a déjà proposée mais je ne fais pas ce genre d'activités. J'avoue que j'aurais bien trop peur que la glace ne craque sous mes pieds. Et je préfère amplement admirer le lac depuis les berges que d'aller dessus. Eleanor acceptait volontiers, elles commencent à passer beaucoup de temps ensemble." dit-elle avec un sourire. "Je les y accompagnais et je les regardais faire." Elle haussa vaguement les épaules. Secrètement, Constance commençait un peu à reprocher à Alicia ses fiançailles : pour elle, la petite Keynes y était aussi beaucoup pour quelque chose, et le père de chaque famille avait suivi le mouvement, après qu'un murmure leur avait fait comprendre que c'était certainement une très bonne idée. A vrai dire, Constance n'accordait sa confiance à personne de la famille. Elwood lui proposa alors de faire une promenade dès que l'occasion se présenterait. "J'adorerai, oui." dit-elle d'un air ravi, heureuse de se dire qu'ils pouvaient reprendre quelques unes de leurs habitudes ne serait-ce que pour une soirée. A table, Alicia ne manquait pas de s'exposer en tenant à offrir un cadeau de Noël à Cole. Elle avait trouvé quelque chose pour lui, elle. Constance s'en voulait énormément de ne pas avoir eu l'occasion de lui acheter quoi que ce soit et elle ne devenait que spectatrice de cette petite scène. Il semblait apprécier le présent, aussi. Mais ce qui perturba le plus la cadette Dashwood était bien le baiser qu'Alicia se permit de faire. Ca la gênait bien plus qu'elle n'aurait pu le penser. Elle baissa immédiatement les yeux pour rester concentrée sur son assiette, à prétendre qu'il n'y avait rien.

Le dîner touchait à sa fin. Il avait pris une bonne partie de la soirée, il n'y avait plus beaucoup à attendre avant la messe et ils profitaient alors de ce moment pour échanger les cadeaux. Un moment qui semblait véritablement convivial, mais tout le monde savait que ce n'était qu'une illusion. Peter avait gâté Constance bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Surtout en bijoux. Il semblait l'avoir cerné parce qu'aucun d'entre eux n'était trop surchargé et correspondait plutôt bien à ses goûts. Un simple sourire et un simple merci fit de lui le plus ravi des hommes. Il y avait ensuite la messe de minuit à la chapelle. Après cela, les festivités se poursuivaient, avec alcool et cigares, et d'autres gourmandises plus sucrées pour les dames. Chacun s'occupait un peu de ses affaires. Dès qu'elle en avait l'occasion, elle invitait Cole à la suivre et elle prit la direction de sa chambre en montant les escaliers, prétextant aller chercher son manteau pour se promener dehors. Dès que l'on ne pouvait plus les voir, elle l'avait pris par la main pour l'entraîner avec elle. A peine eut-elle fermer la porte derrière eux qu'elle passait ses bras par dessus ses épaules pour l'enlacer chaleureusement. Elle se collait à lui, glissait l'une de ses mains dans ses cheveux. "Vous me manquez tellement." lui souffla-t-elle tout bas. "Si vous saviez combien vous me manquez..." Il était rapidement devenu la principale motivation de sortir du lit le matin. Constance restait longuement blottie contre lui, avant de s'en détacher un peu pour pouvoir le regarder, les yeux brillants. Ses doigts encerclaient son visage, ses pouces caressaient délicatement ses joues. "Mon plus beau cadeau de Noël est le fait que vous soyez là. C'est le plus beau cadeau qui soit." lui dit-elle avec un sourire reconnaissant. Son coeur s'était remis à battre la chamade, avec des papillons dans le ventre. Etrangement, Constance trouvait que toutes ces sensations lui avaient aussi beaucoup manquées. Et elle ne voulait plus vraiment s'en passer.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyVen 9 Juin 2017 - 10:59


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Raidi par le baiser volé d'Alicia, le médecin lui adressa un fin sourire crispé. Il n’osa pas condamner le geste et s’en affligea. Ni dans son regard, ni dans ses paroles ; rien en dehors de ses dents et sa gorge serrées ne laissait deviner à quel point la jeune femme venait de flirter avec les limites de son immense patience. Il ne savait pas ce qui l'empêchait de remettre les pendules à plat. Peut-être parce qu'ils étaient à table et que cela serait impoli. Peut-être parce que c'était Noël et qu'il ne souhaitait pas créer ce genre d'ambiance autour de lui ce soir. Ou peut-être parce qu'il n’était pas certain, lui-même, de la manière dont les mots traverseraient ses lèvres pour heurter les oreilles de la cadette Keynes, et qu'un soudain vent de colère pouvait faire bien plus de dégâts qu'il ne le voulait. Normalement, afin de plaire à son hôte, Cole aurait immédiatement troqué sa bague actuelle, malgré sa valeur, pour le bijou qui venait de lui être offert -dont il ne doutait pas de la valeur, mais celle-ci était avant tout pécuniaire. Cette fois, il referma la boîte et la posa à côté de son verre à vin, sur la table, comptant bien l'oublier. Alicia ne le remarqua même pas, obnubilée par ce baiser qu'elle considérait comme une petite victoire. C'est absolument ravie de son coup qu'elle entama son dessert. Lui trouva plus adéquat de terminer son verre d'une grande traite. Il entendait déjà Charlotte lui répéter “Et Laura ? Et Laura ?” et même s'il n’était coupable de rien à part d'un excès de consensualité, Cole eut l'impression qu'il l’avait en effet trahie.

Ce fut la toute première fois que le médecin fut invité à se joindre au reste de ces messieurs qui fumaient leur cigare dans la pièce d'à côté. Il accepta avec des yeux ronds de surprise, encore une fois uniquement par politesse. Il mit la soudaine complaisance des Keynes sur le compte de l'esprit de Noël et leur hypocrisie naturelle en ce jour. À vrai dire, Cole ne comprenait pas ce qu'on lui voulait ; il n’avait jamais été autant apprécié en deux ans que durant cette unique soirée, et bien sûr, il ne pouvait s'empêcher de trouver cela louche. Un murmure paranoïaque peut-être, soufflé par l'expérience des manipulations de cette famille, une mise en garde le sommant de ne pas donner le moindre crédit à cette amabilité née du néant. Il fut silencieux en fumant sa cigarette. Il écoutait, observait, et répondait de temps en temps avec un sourire, un signe de tête. À sa grande surprise, Elwood devint le centre de la conversation lorsque l’on se mit à parler d'Augustine. À vrai dire, chacun y allait de son hypothèse sur les raisons de sa mort et sa maladie, et Cole servait avant tout à clamer qu'un prétendu diagnostic était pertinent, plausible, ou non. Quand le fumoir devint gris et vaporeux, il s'échappa ; trop tard pour avoir un moment de tranquillité, son mouvement ne fit que rappeler aux hommes qu'il était l'heure de rejoindre la chapelle pour une messe de minuit. Il n’était pas vraiment l'heure, mais le plus tôt cette formalité serait derrière eux, le plus vite pourraient-ils ouvrir et déguster ce superbe whisky dont Christian comptait bien tirer une flopée de compliments. Quand le service prit fin, Cole ne les accompagna pas, prétextant vouloir se dégourdir les jambes dehors -ce qui n’était qu'un demi-mensonge. Il se mit en quête de Constance, et elle de lui, leurs esprits ayant choisi le même moyen de s'échapper de la compagnie des Keynes. Néanmoins, surpris par la manoeuvre de la jeune femme, il la suivit dans les étages avec une certaine réserve. Ne pouvait-il pas l'attendre en bas, le temps qu'elle prenne son manteau ? Il n’y avait rien de plus suspicieux qu'un homme accompagnant une femme jusqu'à sa chambre. Ils pourraient aisément s'attirer les foudres d'un Peter jaloux. Lorsque Constance lui prit la main, il fronça un peu plus les sourcils. Il surprenait une partie de lui qui appréciait ce contact, et l'autre le flagellait ; ce n’était absolument pas correct. Et ce fut pire encore une fois qu'on le traîna dans la chambre. La manière dont la jeune femme se jeta à son cou. Il se raidit à nouveau, et à nouveau, il ne réagit pas. Il n’avait pas la moindre idée de ce qui se passait, mais il avait l'impression d'être l’objet des caprices des demoiselles sous ce toit et qu'on se fichait bien de son avis. Ce qui ne changeait pas de d'habitude, certes. Mais c'était une situation, un cas de figure inédit pour lui, et il ne savait pas comment réagir, s'il le devait. Il comprit bien vite qu'en ce qui concernait Constance, il était pris de panique. Submergé d'une part par cette culpabilité dont il était impossible de l'arracher, cet engagement qui n'existait plus mais auquel il s'accrochait sans raison ; d'autre part, le rythme indécent de son coeur à cet instant, cette envie de passer ses bras autour de la jeune femme et la serrer contre lui, absorber sa chaleur et cette affection dont il était privé depuis quelques années maintenant. Et cela l'effrayait. Il tremblait de l'intérieur, pris d'un vertige. Tiraillé, sa conscience biaisée et meurtrie le sommait de rejeter la petite blonde au nom d'une épouse qui l'avait abandonné. Ses émotions, s'entrechoquaient dans son crâne, dans sa poitrine, opposées et puissantes, le secouant, le malmenant. Pris entre deux feu, il demeurait silencieux, transpercé par chaque pensée qui pourfendait l'autre. Et à cet instant, il n’avait plus l'impression d'être un fantôme. Il importait pour quelqu'un. Dans sa carcasse, il sentait enfin une petite flamme de vitalité le réanimer et ramener d'entre les morts. Les mains de Constance lui parurent brûlantes, posées sur ses joues rougies. C'était cette paire d'yeux bleus qui le faisait flancher peu à peu. C'était ces lèvres roses, légèrement entrouvertes, sur lesquelles il pourrait si facilement poser les siennes. Il en avait tant envie -tant besoin- qu'il en était tétanisé. Jamais n'aurait-il pu deviner que ces émotions reviendraient à la charge un jour. Il avait tiré une croix dessus. Voilà qu'elles avaient jeté leur dévolu sur cette femme qui était complètement hors de sa portée. Elle était là, sous ses doigts, mais il ne pouvait pas l'atteindre. Malgré cette proximité effrayante, tentante -cette maudite proximité qui s'avançait de seconde en seconde jusqu'à ce qu'il puisse sentir le souffle de Constance au bord de ses propres lèvres brûlantes d'envie de l'embrasser- il y avait ce rideau invisible entre eux, et il n’y eut pas de baiser. “Je ne peux pas...” souffla-t-il, résigné, la tête basse. “Je ne peux pas avoir ce genre d'affection pour vous… Je ne dois pas.” Il se sentait tremblant, fébrile. Malgré sa volonté de fuir, ses jambes demeuraient ancrées dans le sol comme deux barres de plomb. “Je suis désolé...”
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptyVen 9 Juin 2017 - 22:44


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Constance avait toujours adoré les fêtes de fin d'année. Mais cette année-ci, le contexte était bien différent des années précédentes et le tout lui semblait beaucoup plus morose. Pourtant, le domaine et la famille qui l'habitait mettait tous les moyens pour que Noël en rende jaloux plus d'un. La petite blonde était très admirative des décorations et du dîner auquel elle avait eu droit. Mais l'esprit n'était pas le même. La chaleur était fausse, dépourvu de bonne volonté. Il ne s'agissait que de faire bonne figure dans l'espoir de se repentir pour les années à venir. Rien de tout ceci ne lui semblait être vrai. Toute une mascarade pour dissimuler ce que les Keynes cherchaient à dissimuler.Ils voulaient être enviés et rien de plus. Ils voulaient faire comprendre aux Dashwood combien ils pouvaient être privilégiés. Tout ceci n'était finalement que politique et qu'une petite histoire de principes. Cela manquait cruellement à Constance, cet esprit de famille et d'intimité. Elle n'allait plus jamais connaître de Noël comme ceux des années précédentes, elle en avait déjà bien conscience. C'est pourquoi elle s'impatientait tellement à l'idée de passer un petit moment avec Cole. C'était son seul et véritable ami et elle ne l'avait plus vu depuis longtemps. Et dès qu'elle en avait eu l'occasion, elle avait invité le médecin à la suivre. Celui-ci semblait particulièrement perplexe et surtout fermé à l'idée de l'accompagner jusqu'à sa chambre. Elle avait bien senti combien il pouvait être crispé lorsqu'elle lui avait pris délicatement la main. Comme s'il ne voulait pas de ce contact. Mais c'était plus fort qu'elle, dès qu'elle avait fermé la porte de la chambre derrière eux. Constance voulait le prendre dans ses bras, comme au moment de leurs adieux. Et c'était ce qu'elle fit. Seulement, cette fois-ci, il y avait quelque chose de différent. Une sorte de révulsion. Cole n'avait pas envie de la prendre dans ses bras. Il préférait rester parfaitement immobile, n'était absolument pas réactif à quoi que ce soit. Du moins, c'était ce que la cadette Dashwood pensait. Dès que son visage était entre ses mains, la distance entre leur visage se réduisait. Constance ne s'entendait même plus penser tant son coeur battait la chamade. Mais elle n'avait toujours pas admis qu'elle puisse éprouver le plus beau de tous les sentiments pour Elwood. Leurs lèvres étaient si proches, si proches... Mais soudain, le médecin baissa la tête. Ses paroles, ce simple geste, ébranla alors totalement la jeune femme. En une fraction de secondes, de grosses larmes vinrent border ses iris bleus. Déjà bien secouée, chaque nouveau mot que le bel homme pouvait prononcer semblait être un nouveau coup de marteau asséner sur sa tête. Constance fut prise de quelques vertiges, incapables de dire quoi que ce soit. Ce genre d'affection ? Elle n'était pas sûre de comprendre dans un premier temps mais elle commençait à faire les liens. Il s'excusa, ne lui adressant plus aucun regard. La petite blonde recula d'elle-même de quelques pas. Tout son petit corps tremblait, déroutée par cette salve d'émotions et de sentiments. Elle ne savait pas quoi en faire. "Pardonnez-moi. Je..." Elle hoqueta, et pourtant, par on ne sait quel miracle, elle parvint à retenir ses larmes. Elle finit par s'asseoir sur un siège, alors bien silencieuse. Constance savait bien que tout allait changer à partir de ce moment-là, que leur amitié allait forcément être lésé par des sentiments qui étaient bien plus forts qu'eux. Elle baissait les yeux sur ses doigts, ne sachant quoi dire ni quoi faire. "Je viens seulement de le comprendre. Ce que c'était. Tout ceci." souffla-t-elle tout bas. Depuis que Cole avait parlé d'affection. Jusqu'ici, elle pensait qu'il ne s'agissait que d'une amitié très forte, se refusant peut-être d'admettre que c'était d'un tout autre registre. "Je suis tellement sotte." Elle pensait être bien ridicule, de ne pas avoir pu repérer tous les signes alors qu'elle en avait lu les descriptions plus d'une fois dans des romans à l'eau de rose. Constance déglutit difficilement sa salive et regardait dans le vide, ne sachant plus vraiment quoi faire. Voilà qu'elle avait eu son premier chagrin d'amour en même temps que de réaliser qu'elle était amoureuse. Cole avait bien faire comprendre que cela était véritablement impossible. Il était évident qu'il allait prendre ses distances, pour leur bien à tous les deux. Et à partir de ce moment là, Constance serait véritablement seule, et condamnée. "C'est tellement injuste." Toute la situation l'était. Elle n'avait pas d'autres mots. Ce réveillon de Noël s'avérait être encore plus triste qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Un long moment de silence s'imposa. Un instant lourd, pesant. La petite blonde essuya les quelques larmes qui avaient coulé le long de ses joues. Constance rêvait en soi de ne lui demander qu'un baiser. Juste pour savoir si c'était vrai, tout ce que l'on racontait sur toutes les sensations qui parcouraient le corps lors de cet instant précis. Mais il l'avait bien dit, il ne pouvait pas, il ne devait pas. "Peut-être... Peut-être devriez-vous rejoindre les autres en bas. Vous y passeriez un bien meilleur moment qu'avec moi." dit-elle finalement, faisant bien semblant d'avoir repris un peu de contenance afin de pouvoir le regarder – quoi que son regard semblait légèrement dévier. "Je vais simplement... rester ici, un instant." Constance envisageait déjà s'échapper bien loin du Kent en plongeant son nez dans un livre. Elle trouverait bien un roman de Noël, dans sa petite collection. "J'espère que vous saurez pardonner mon... ma maladresse, disons. Ne... N'allez pas gâchez vos fêtes de Noël à cause de moi." Et Constance disait ceci en toute bienveillance, espérant de tout coeur qu'il puisse tout de même passer une bonne fin de soirée, sans elle.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 10 Juin 2017 - 14:35


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La distance se réinstallait entre Constance et Cole pendant que, chacun de leur côté, ils sondaient leur coeur à la recherche d'explications, de réponses. Cela faisait quelques semaines que le médecin avait des doutes concernant l'affection qu'il avait vis-à-vis de la petite blonde, mais il s’était résigné à être l'ami dévoué pour cette belle âme qui en avait bien besoin. Réciproquement, il se sentait valorisé grâce à cette amitié, et il aimait cette sensation d'être important, d'avoir de la valeur pour quelqu'un qu'il estimait beaucoup. Il pensait que pour toutes les fois où son coeur s'était emballé, pour le soir où il l’avait prise dans ses bras, pour la quête constante de son sourire et de son regard, une justification suffisait ; une émotion passagère, une amourette qui serait bien vite effacée au profit du lien qui les unissait véritablement, à savoir une profonde et forte amitié. C'était tout ce que cela pouvait être, et devait être. Alors il avait promis qu'il serait là pour elle, qu'il veillerait sur elle. Parce qu'il n'oubliait pas que la jeune Dashwood avait un engagement de la plus haute importance auprès des Keynes. Qu'il y avait ce mariage qui approchait à grands pas, et que cette machine ne pouvait pas être arrêtée. Pas pour lui, ni par lui. Pas pour un faible, un béguin. Pas pour un sentiment qui n’était sûrement pas partagé. Il ne parvenait toujours pas à déterminer, d'ailleurs, s'ils l'étaient ou non. Il n'oubliait pas Laura non plus. Elwood osait à peine poser le regard sur Constance et il devinait uniquement sa silhouette se mouvoir du coin de l'oeil, s'éloigner et s'asseoir plus loin. Elle lui proposa de partir, de la laisser. Mais elle n'était pas plus sotte que lui, pas même plus aveugle. Désormais, alors qu'il n’y avait eu aucune faute concrète, ils s’étaient piégés. Comment parler d'amitié suite à cela ? Comment remonter le temps ? Perdu, Cole ne parvenait toujours pas à déterminer la suite des événements. Il ne bougeait pas. Fautif, coupable, il priait pour s'évaporer dans l'air, disparaître. Bien sûr, rien d'autre que ses jambes ne pouvaient lui faire quitter cette chambre, et quelque chose l'en empêchait. Rationnellement, il savait que s'il retournait au salon seul, leurs hôtes se douteraient de quelque chose. Ils étaient montés pour chercher un manteau, alors ils devaient redescendre avec et se rendre dehors, faire comme si de rien n'était, sans quoi la soirée pourrait être encore plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. Enfin, Cole se meut à son tour. Il s’accroupit face à la jeune femme, et il prit délicatement ses mains entre ses doigts. “Constance…” Il chercha son regard ; il était toujours là pour elle, rien ne briserait cette promesse, pas même cet accident. Pas même si elle souhaitait le fuir à présent. L’anglais déposa un long et tendre baiser sur ses mains. Son coeur ne savait plus sur quel pied danser. Finalement, il se releva et encouragea la Dashwood à faire de même. “Venez avec moi.” Rapidement, il ouvrit une armoire pour y trouver un manteau chaud, et lorsqu'il tomba sur une paire de gants, il l’emporta également. “Venez.” insista-t-il, tirant la jeune femme hors de la pièce. Comme Cole le soupçonnait, ils étaient attendus en bas des escaliers par Peter et Alicia. “Qu'est-ce qui vous a pris tout ce temps ?” demanda le Keynes en dissimulant sans talent sa contrariété et sa jalousie. “Nous avons cherché les gants de Miss Dashwood partout.” répondit Cole avec un sourire. Dans le hall, tout naturellement, il aida Constance à mettre le manteau, comme si les plans n'avaient pas changé. “Et où allez-vous ?” “Nous serons dans la cour.” Ils auraient pu s'aventurer plus loin, mais il faisait bien trop sombre désormais, et le parvis était éclairé par les lumières traversant les fenêtres. Ils y seraient à la fois plus tranquilles, et les Keynes auraient l'illusion de les avoir à l'oeil. Ils s’excusèrent donc et se rendirent dehors. Là, il n’y avait plus que le vent secouant des branches nues, la neige. Là, tout paraissait tranquille. Et tout était silencieux, malgré les conversations dont ils devinèrent le brouhaha à l'intérieur. Ils firent mine de marcher jusqu'au bout de la cour, là où les petites marches menant sur l'herbe avaient été englouties par la neige, les empêchant d'aller plus loin. Durant de longues minutes, aucun mot ne fut échangé. Un malaise persistait, tenace. Il y avait surtout bien des questions sans réponses, bien des incertitudes et des doutes. “Pendant un instant j’ai espéré que vous ne ressentiez pas la même chose, qu’il ne s'agissait que de moi… pris de court par ces émotions.” Sur le moment, il n’était pas parvenu à contenir cette vague -ou plutôt y était-il parvenu quasiment trop tard, et tous ces moments où il s’était retenu de l'embrasser, de l'étreindre, de partager ce qu'il pensait et ressentait, n’avaient servi à rien. “Peut-être que ça n’était qu'une faiblesse momentanée. Peut-être que ça ne signifie rien du tout.” voulait-il les convaincre en pensant que cela était le meilleur, le seul moyen de faire marche arrière, et essayer de sauver ce qui pouvait l'être.
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Message(#)joamie + life worth living - Page 6 EmptySam 10 Juin 2017 - 16:49


life worth living
give me your love and physical affection, give me the worst of you to hold

Ces révélations avaient véritablement lessivées la jeune femme. Elle avait très compris que rien de tout ceci n'était possible. Que finalement, l'amour n'était peut-être pas un aussi beau sentiment que ça. Les livres qu'elle lisait, ce que les lignes décrivaient comme étant la plus belle chose qu'un être humain pouvait vivre devenait rapidement une source de souffrance pour elle, avant même d'avoir pu faire quoi que ce soit avec. Elle ne parvenait pas à trouver les mots afin de décrire son mal-être, et cette profonde solitude qui ne faisait que se creuser, encore et encore. Il n'y avait à ses yeux aucun retour en arrière possible, rien qu'elle puisse faire pour oublier cet incident, ces aveux à demi-mots qui bouleversaient absolument tout. La petite blonde sanglotait silencieusement, bien résolue à rester dans sa chambre pour le reste de la soirée. Elle n'avait plus envie de fêter Noël, ni de passer du temps avec qui que ce soit, pas même avec sa propre famille. Elle se disait que personne ne pouvait comprendre, alors qu'Eleanor en était tout à fait apte. Elle avait réussi à deviner ce qu'il se tramait après tout. Mais en parler la rendrait encore plus malheureuse qu'elle ne l'était déjà et elle commençait à se dire s'il ne valait pas mieux qu'elle ne dise plus rien. Son futur époux semblait beaucoup apprécier ses silences. Elle se voyait très bien résumer sa vie à cela, tant qu'on ne l'empêcher pas de penser, ou de rêver. Constance tressaillit légèrement lorsque le médecin avait pris avec délicatesse ses mains entre les siennes, après s'être accroupi juste en face d'elle dans l'espoir de croiser son regard. Mais elle préférait le fuir, elle ne voulait pas vraiment apercevoir ces iris verts, craignant bien trop de ce qu'elle pourrait y trouver. Elle priait de tout son coeur qu'il cesse d'être aussi affectueux avec elle, avec ses baisers, qu'importe où il les déposait. Cela ne la faisait que souffrir davantage. Il y avait cette douleur persistante au niveau de son coeur qui était insupportable. Cela lui faisait tellement de mal, comme si l'on transperçait à de multiples reprises sa poitrine avec un couteau à la lame brûlante. Elwood l'invita à l'accompagner, bien qu'elle semblait totalement ailleurs. Elle venait de dire qu'elle comptait rester ici pour le moment, qu'elle ne voulait plus descendre et adresser la parole à qui que ce soit. Cole se permettait de fouiller dans ses affaires pour lui trouver un manteau bien chaud. Il semblait bien déterminé à faire cette promenade à l'extérieur avec elle. A quoi bon, se demandait Constance. Il finit par la prendre dans le bras afin de l'extirper de sa chambre. Elle quittait cette pièce contre son gré, si bien qu'elle en avait la gorge serrée et l'estomac noué. Au rez-de-chaussée, deux personnes les attendaient de pied ferme, bien curieux de savoir ce qu'ils avaient pu faire ensemble. Cole répondit aux questions avec autant d'aisance possible, elle, elle préférait rester muette comme une tombe. C'était sans la moindre résistance qu'elle accepta qu'il l'aide à enfiler son large manteau gris, avec un col de fourrure pour maintenir son cou bien au chaud. Elle enfila également elle-même ses gants avant d'aller à l'extérieur. Il faisait particulièrement froid. Ils marchaient silencieusement. Constance semblait être un petit peu détachée de tout ceci. Ses yeux balayaient le sol enneigé sur lequel elle marchait. Elle n'avait ni le coeur à parler, ni à le regarder. Ce fut finalement le médecin qui décida de rompre le silence, avec un sujet que Constance ne voulait plus qu'éviter. "Ce n'était qu'un rêve." dit-elle tout bas, d'un ton particulièrement évasif. "Juste un... doux et beau rêve." Les livres mentaient, alors. Peut-être que tout ce que l'on ressentait et qui était si poétiquement décrit était vrai, mais il n'y en avait pas beaucoup qui pouvait le vivre. Pas pour quelqu'un comme Constance. "Pouvons-nous parler d'autre chose ?" dit-elle en levant enfin les yeux vers lui. Sa voix, son regard, tout lui suppliait de ne pas remuer le couteau dans la plaie alors qu'ils avaien tous les deux bien conscience que cela n'arriverait jamais. Elle esquissa un sourire, mais elle ne parvint pas à dissimuler la tristesse que l'on pouvait si aisément deviner dans ce rictus. "Parlez-moi plutôt... Je ne sais pas. De votre vie à Canterbury, de ce que vous comptez faire ensuite. Vos projets, vos envies..." Elle haussa les épaules. Il avait certainement beaucoup de choses à raconter. De la liberté ressentie dès lorsqu'il avait passé les portes du domaine, ou du plaisir qu'il avait eu de retrouver son chez-soi, de s'occuper à nouveau d'un jardin, elle n'en savait trop rien. "Nous pouvons de discuter de plein de choses, mais pas de... ça." Elle n'était pas certaine de dire tout ce qu'elle pensait pouvait résoudre quoi que ce soit.  Ses yeux brillants laissaient deviner qu'il serait bien trop dur pour elle d'en discuter, même si c'était pour tout mettre à plat. Non, tout ceci ne signifiait pas rien.
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