“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Le silence c'était installé. Enzo ne disait rien.... Je ne disais plus rien. Voilà à quoi notre relation en 2017 ressemblait? Au silence? Le néant? C'était donc cela... l'amour? Enzo qui avait été et était toujours... l'amour de ma vie? Du moins c'était ce que je me disais... Je n'avais jamais... mais jamais aimé quelqu'un comme lui. Enzo avait été la personne que j'avais le plus aimé sur terre, il était la personne qui me connaissait le mieux... la personne qui savait pour mon père... quand j'étais petite. La personne qui avait été là quand j'étais au plus bas, comme la personne qui m'avait quitté pour l'Irlande... etait-il si parfait et si bien que cela au final? Une partie de moi avait envie d'y croire, comme l'autre partie me disait de fuir... fuir pour arrêter de souffrir.
Je continuais à ranger ma chambre, l'air absente, je bougeais pour me maintenir en vie, pour me maintenir éveillée, ignorant les effets du joint même si là ils se dissipaient laissant place à la colère, la tristesse, la douleur... à tout plein de sentiment que j'aimais ignorer.
Je faisais mon lit au carré, chose que je ne faisais jamais. Que je ne faisais plus... je fermais parfois la porte à clé pour ne pas que Zoey voit l'état désastreux de ma chambre... de l'ancienne chambre de ses parents à présent abandonnée et souillée par ma nonchalance... Alors que je continuais de faire mon lit, j'entendis la voix d'Enzo retentir derrière moi et sa question me braque.
Je stoppai net mes mouvements pendant 2 secondes, puis 3, puis 4... Jusqu'à reprendre mes activités en ignorant ses mots.... qu'est-ce que je devais dire? Je mentais, je voulais te blesser volontairement car je suis une connasse finit? Mais est-ce que je mentais vraiment? Abel... Je ne connaissais rien de lui, ou très peu de choses et pourtant en sa présence j'arrivais à sourire et à oublier... Zoey l'adorait en plus... mais était-ce suffisant pour dire qu'il m'était important à ce jour?...
- C'est quelqu'un... Zoey l'aime beaucoup. Il est très gentil... avec moi. Et Zoey.
Petite phrase que j'avais prononcé timidement et donc assez faiblement. Je ne savais même pas s'il avait entendu chacun de mes mots tant je n'avais pas dit cela de façon assez audible.
- Il est gentil... Il me fait sourire.
Pourquoi je continuais à m'expliquer/excuser? Je préférais arrêter là car j'avais mal à l'estomac de parler de "ça" avec Enzo car une part de moi attendait toujours après lui... Mais est-ce qu'Enzo ne m'avait pas déjà oublié avec une autre? Qu'il ne me fasse pas croire qu'il n'est courtisé par aucune fille... Il est beau garçon, il a du charisme, il est sûr de lui... Il a une bonne situation, il est connu dans les alentours... Mais parfois, je préférais m'imaginer qu'il ne fréquentait personne pour mon bien, même si j'étais loin d'être naïve à ce point... toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre à ce qu'il paraît...
Loin de moi l’envie de passer pour le père que je suis avec Zoey, avec Maxyn. Non, tout comme lui faire la morale. Je voulais simplement lui faire ouvrir les yeux. Mais pour ça, il fallait que je lui fasse un peu d’air, que je la laisse cogiter avec ce que je lui ai dit. Peut-être se rendra-t-elle compte qu’elle n’avait pas opté pour la bonne solution. C’est tout du moins ce que j’espère. Mais je ne voulais pas non plus rester sur cette mauvaise note. Et aussi parce que j’étais très curieux d’en apprendre davantage sur le fameux Abel. Qui il était vraiment pour mon ex. J’avais bien compris que Zoey l’aimait beaucoup, et elle insistait de nouveau dessus quand je lui posais ma question indiscrète. Ca n’y répondait pas vraiment, à part qu’il semblait être sympa avec elles. Pourtant, j’avais cru comprendre qu’elle le fréquentait. Dans la dispute, j’avais peut-être mal compris. Peut-être espérait-elle plus avec lui, ou peut-être voulait-elle m’y faire croire. Franchement, je n’allais pas me mettre à chercher ce qu’il y a dans la tête de la blonde. Il y a bien longtemps que je l’ai perdu et que je n’arrive plus à la comprendre. Et pourtant, ça n’empêche pas que je rêve d’une nouvelle complicité avec elle pour s’entendre parfaitement. Même si je me doute bien que ça risque d’être compliqué à atteindre. Je ne perds pas espoir. Je regardais alors ma montre, me rendant compte que le temps avait vraiment filé Ecoute, je ne vais pas t’embêter plus longtemps. Je t’ai dit ce que je voulais te dire, je ne peux pas te forcer à faire quoi que ce soit. J’espère juste que tu iras mieux. Lui confiais-je de façon sincère, qu’elle me croit ou non. Parce que même si j’ai peur pour notre fille, je ne pourrais jamais détester Maxyn et lui en vouloir pour ça. Après tout, je sais qu’elle a toujours eu du mal à se défaire de son enfance et que ce n’est pas facile pour elle d’avancer tous les jours. Oui, parfois j’ai vraiment peur pour elle, j’ai peur qu’elle perde tout espoir de bonheur. Sûrement parce que aussi, j’ai été l’une des causes de son malheur d’aujourd’hui. Je me redressais donc de l’encadrement de la porte de cette chambre que je regardais une dernière fois avant de me diriger vers la sortie.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je bougeais dans le vide.. le vide et l'incohérence totale. J'étais perdue, désorientée, je faisais mon lit alors que ce n'était pas la chose à faire. Je fuyais... je parlais sans réellement parler, il comprenait ce que je disais mais je ne comprenais pas ce que moi je disais... J'étais à l'ouest, ailleurs. Physiquement là, mentalement absente. Mon cerveau plongeait dans le brouillard, j'étais déconnectée de tout et je m'en voulais. Je n'avais pas assez fumé pour être dans la gaieté et l'oubli total, là j'étais trop.... consciente de tout et juste la présence d'Enzo avait annulé tout effet du shit dans mon organisme.
Alors, après quelques secondes de silence, il parla.... Je l'avais vexé? Je ne m'attendais pas à ce genre de réponse, j'étais surprise... je l'avais blessé en parlant d'Abel alors qu'il n'y avait rien. Si seulement Enzo savait pour tout le reste... il me tuerait. Ce que je faisais avec les filles... les propositions indécentes d'autres hommes. Ma réputation au boulot... était-il au courant de ça? Le fait que je couchais avec des élèves? Une rumeur certes, mais l'avait il entendu? Comment il me voyait? Une pauvre folle dépressive?
- Enzo attends...
ll avait été de dos à moi mais j'avais entendu ses pas se diriger vers la sortie. Alors, je fis de même... Je ne lui sautais pas dessus mais je quittais juste la chambre pour rester dans le couloir.
- Si un jour... Je te disais... Que ça n'allait pas... Mais vraiment pas... Est-ce que tu seras là?...
Je le regardais dans le blanc des yeux, j'avais dit ça d'un coup, sans réfléchir vraiment à l'ampleur de mes mots et au sens premier de ma question. Alors je restais là, figée... comme une imbécile, à attendre...
Sur le point de partir, j'entendais Maxyn me retenir. Allait-elle enfin me parler ? J'en doutais mais j'étais curieux d'entendre ce qu'elle allait me dire, alors forcément je me retournais pour lui faire face dans le couloir. Elle semblait si abattue que je m'en voulais de la laisser là, seule, alors qu'elle était chez elle et qu'elle ne risquait en soit rien de grave, mais l'inquiétude me gagnait de plus en plus. J'écoutais attentivement ce qu'elle semblait avoir du mal à me demander et j'eus un léger sourire en coin, soulagé qu'elle avait finalement entendu ce que je lui avais dit. Alors je n'hésitais pas dans ma réponse Bien sûr, je serais toujours là pour toi. On a partagé bien trop de choses que je ne pourrais jamais t'abandonner … de nouveau. Et pas seulement pour Zoey. Mais ça, valait peut-être pas mieux que je le rajoute. Oui, ce serait de trop. Cela révèlerait que je ne l'ai pas oublié. Mais en même temps, comment oublier un tel amour ? Surtout que depuis qu'elle a retrouvé la vue j'ai l'impression de retrouver la Maxyn dont je suis tombé amoureux, et oui ça m'effraie d'un côté. Donc autant rester le plus soft possible dans mes paroles, même si j'avais besoin d'être là pour elle, pour la protéger, pour les protéger toutes les deux. Je ne veux vraiment pas qu'elles ne fassent plus partie de ma vie, forcément avec Zoey en commun, ce sera toujours le cas ou au moins pendant très longtemps. J'espérais en tout cas qu'elle me réponde qu'elle avait besoin de moi, là aujourd'hui et qu'elle ne repousse pas plus longtemps le fait qu'elle n'aille pas bien, mais bizarrement je sentais qu'elle n'était pas prête. Elle n'avait pas compris ça avant, et je ne peux pas lui en vouloir, je ne lui avais jamais dit parce que je ne pensais pas qu'elle en aurait besoin, et surtout je ne pensais pas qu'un jour elle l'accepterais de ma part.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Mes yeux étaient plongés dans les siens, mon corps paralysé sur place... Je sentais juste mon coeur battre à cent à l'heure comme s'il allait sortir de ma poitrine puis il parla... enfin. Il m'avait répondu positivement... mais est-ce qu'il me répondait de façon sincère ou alors juste avait-il pitié de ce qu'il voyait et qu'il voulait juste resté poli? Je baissais les yeux et les larmes me venaient automatiquement. Je les sentais déjà glissées le long de ma joue. Joue que je venais sécher du bout de mes doigts pour ne laisser aucune trace. Qu'est-ce que je devais dire? S'il te plaît remettons nous ensemble, j'ai besoin de toi? Non... C'était fini et je ne voulais pas souffrir encore mais je souffrais de son absence. Là était le paradoxe dans mes sentiments.
- Je..... Je...
Je voulais essayer de parler, lui dire ouvertement ce que je pensais et voulais mais ma gorge était trop serrée. Alors je me mordis encore ma lèvre inférieure, avalant avec une certaine difficulté ma salive pour renouer un contact visuel avec sa personne.
- Tu peux rester un peu?
Je le regardais avec des yeux remplit de larmes que je retenais fermement. Je ne voulais pas qu'elles se mettent à couler... mais c'était la seule phrase que j'avais pu dire... dire clairement la vérité, je n'étais pas encore prête mais cette phrase résumait tout non? Sauf si je me trompais... mais dire "hey Enzo, ça ne va pas, aide moi..." encore impossible. Pourtant tout était là. Il le voyait sûrement mais le comprenait-il vraiment?
Alors j'attendais là, on était chacun aux extrémités du couloir, il était plus proche de la porte d'entrée qu'autre chose... peut être avait il des réunions après ou juste des rdv entre amis... mais la phrase était sortie donc je devais en assumer les conséquences aussi douloureuses soient-elles.
Elle m’avait retenu avant que je parte. Et franchement c’était bien quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Mais ce à quoi je m’attendais encore moins, c’est qu’elle m’avoue avoir besoin d’aide, avoir besoin de moi. Parce que oui, je lui avais dit que je serais là si besoin, que je ferais en sorte de l’aider du mieux possible, parce que déjà c’est mon boulot et que malgré nos aléas de couple, Maxyn fait comme partie de ma famille. Oui, on avait été fiancé et non on n’était pas marié, mais tout ça par ma faute, alors oui, je tiens vraiment à la protéger comme j’aurais du le faire autrefois jusqu’à ce jour et pour la vie. Je me sens redevable mais c’est parce que je le veux aussi. Alors quand la blonde me demanda si je pouvais rester un peu, je ne pouvais pas faire demi-tour, j’étais bien trop content qu’elle avoue, même de manière détournée qu’elle avait besoin d’aide. Faut juste que je passe un coup de fil mais oui, je peux rester. Je lui souriais légèrement, pas trop sûr que ça soit vraiment la chose à faire vu la situation délicate qui nous faisait face, surtout que ça risquait de devenir bien « awkward ». A part la fois où on avait couché ensemble quand j’étais rentré d’Irlande, on n’avait jamais passé autant de temps ensemble. Et là on allait devoir s’occuper autrement. J’avais la mission de la faire se sentir mieux et ça n’allait pas être une tâche facile. Mais je m’y étais engagée et j’allais tout faire pour au moins essayer de la faire sourire un peu. Bien sûr, ça aurait pu être facile et on serait allé récupérer Zoey. Mais Maxyn avait surtout besoin de se retrouver, de ne pas penser à sa fille, de ne penser qu’à elle, à ses problèmes qui la tourmentent pour mieux les résoudre. Je composais alors le numéro de mon chef pour lui dire que j’avais un imprévu et que je ne pourrais pas venir bosser. Bien sûr, en échange j’avais intérêt à bucher sur mes rapports. Comme ça, même si je ne reste pas toute la journée avec mon ex, je pourrais rentrer tranquillement chez moi sans me presser d’aller au taf. Quand je raccrochais, je mettais tout de même une condition à la blonde Si je reste Maxyn, interdiction de toucher à quoi que ce soit de nocif.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Il n'avait pas dit non.... J'étais surprise. Je ne savais pas à quoi m'attendre en lui demandant ça, j'avais peur qu'il me fasse la morale ou qu'il me dise d'appeler Abel... Ou qu'il me dise que j'étais une grande fille de 29 ans qui doit apprendre à se contrôler elle-même... Mais non.
Alors lorsqu'il me dit qu'il devait appeler quelqu'un, j'ai juste dit oui de la tête en le regardant de mes tristes yeux bleus comme si je ne savais plus quoi faire ou dire. Je restais donc au bout du couloir, les bras croisés sur ma poitrine, la tête en bas en attendant qu'il passe son appel. Je l'écoutais parler à quelqu'un, sûrement le boulot, je n'en savais trop rien puis dès qu'il raccrocha et il m'imposa une condition. Je relevais les yeux, oui... Je n'allais jamais boire à outrance ou fumer en la présence d'Enzo... Il m'impressionnait trop pour que j'ose faire cela devant lui.
Puis pour je ne sais quelles raisons, je m'avançais vers lui et quand j'étais à même pas trois mères, j'accélérai le pas pour venir contre lui, le prendre dans mes bras, la joue contre son torse, mes mains étaient sur son dos où j'agrippais son haut fermement jusqu'à le plisser et je me mettais à pleurer contre lui. Il savait que j'allais mal mais là de suite, j'avais juste besoin de quelqu'un pour me réconforter ou me faire sentir... mieux. Même si c'était juste pour quelques heures. Peut être allait-il me dégager violemment, ne voulant pas que je le touche. Mais j'en avais besoin... Alors toutes les larmes de mon corps coulèrent le long de mes joues et j'étais incapable d'ouvrir la bouche...
Le coup de fil étant passé, j'allais pouvoir me consacrer à mon ex. Mais vu dans cette optique, ça portait à confusion. Oui, c'est étrange, que pouvais-je vraiment faire pour elle à part l'empêcher de faire des bêtises ? En même temps, c'est tout ce que je voulais dans un premier temps. Au moins elle pourrait faire face à ses démons, aussi effrayants soit-il. Elle pourra peut-être se concentrer sur elle-même et briser ce qui la rend si malheureuse. Peut-être aussi que je ne pourrais pas aider, vu que je suis persuadé que le fait de l'avoir abandonner n'a rien arrangé à tous ses traumatismes. Alors pendant un instant, je me sentais bête d'avoir dit que j'étais là pour elle. Elle aurait davantage besoin d'un autre homme, comme ce fameux Abel, mais était-il prêt à faire face à une Maxyn aussi désarmée et fragile ? Je suis tombé amoureux d'elle parce qu'elle avait toutes ces blessures et d'un côté ça paraît sadique, mais voilà, j'en ai aussi, et je me suis jamais vu avec une personne totalement heureuse. Comment aurions-nous fait pour nous comprendre ? Oui, c'est certainement ce qui arrive entre Delilah et moi, je ne suis pas sûr qu'elle ait vécu un aussi grand traumatisme que Maxyn, mais … en ce moment, ça me fait du bien ce genre de relation. Si on peut dire qu'il y a relation bien entendu. Je lui avais donc posé mes conditions, me demandant si elle n'allait pas me foutre dehors finalement. Mais voilà qu'elle s'avança vers moi, pour mieux se jeter contre moi. La surprise fut ma première réaction, mais je finissais par souffler pour poser une de mes mains sur sa tête et l'autre dans son dos. Je lui caressais doucement les cheveux alors qu'elle avait fondu en larmes et que ça me brisait vraiment le cœur. Dans ces moments-là, il n'y avait rien à dire, juste à attendre que toutes ces larmes sortent. Parce que oui, c'est bien connu, on se sent déjà mieux une fois tout sorti. Même si ce n'est pas encore la guérison.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
J'étais faible... Je voulais oublier Enzo, arrêter d'espérer et avancer. Enfin rencontrer quelqu'un pour que ça devienne sérieux.... Comme Abel par exemple. Il semblait... Parfait. Gentil, généreux, souriant, attentionné, curieux, il aimait le théâtre, il en avait déjà fait... Il sait aider les gens, il a été médecin à l'armée, il est le porte parole d'une grande assocation, il ale sens de l'écoute, il adore Zoey et sait l'occuper et la faire rire...Mais est-ce suffisant aujourd'hui de dire tout cela? Je ne le connaissais que depuis un mois alors que Enzo... Des années.
J'étais là contre son torse... Je pleurais et j'accrochais fermement son haut. Je m'en voulais d'être faible et de lui montrer. Il n'avait pas été parfait dans le passé, j'aurais pu apprendre de ses erreurs et agir... mieux. Oublier moi même mes tords et devenir plus adulte à 1 an de la trentaine. Mais non... Je préférais fuir la réalité, m'auto-détruire psychologiquement et physiquement comme je savais si bien faire depuis des années. J'avais grandi en étant détruite, pour moi c'était ça la normalité... C'était ça que je méritais... Sinon, si j'étais apte au bonheur, je serais encore avec Enzo.
- M'en veux pas s'il te plaît...
Disais-je entre plusieurs larmes... Sa main dans mes cheveux m'apaisait mais je sentais ce mur qu'il y avait entre mur. Je savais qu'on ne pourrait JAMAIS redevenir comme avant, jamais... Il y avait une telle fissure entre nous que même le béton le plus solide du monde ne serait pas apte à la réparer.
- Je veux pas que tu me détestes, je pourrais pas... Je suis désolée...
Je n'osais pas relever ma tête, la laissant enfouie contre son torse, laissant mes cheveux cachés mon visage... Je pleurais tellement que tout mon corps tremblait. J'avais l'impression de faire une grosse crise d'angoisse dans ses bras...
La voilà qui était en train de pleurer, contre moi, et c'est bien quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Que pouvais-je faire de plus à part attendre que sa crise de larme ne cesse ? Rien. Je ne voulais en aucun cas continuer de la brusquer, elle en avais assez eu pour l'instant, et je voulais surtout lui prouver que tout ce que j'avais pu lui dire n'avait été que dans le but de l'aider à avoir une meilleure vie. Peut-être n'aurais-je pas été là si Zoey n'était pas arrivée dans nos vie. Peut-être que … sûrement qu'on serait toujours ensemble la blonde et moi. Elle qui m'avait imposé Zoey alors que je n'étais pas prêt. Je me suis forcé à l'être, et aujourd'hui je suis loin de le regretter. Le seul regret c'est d'avoir abandonné Maxyn alors que son passé est tout aussi douloureux que le mien, et qu'elle a surtout eu beaucoup plus de mal à l'appréhender. J'avais merdé, alors oui, je lui serais très certainement toujours redevable. C'est du moins la sensation que j'ai. Et peut-être que j'avais aussi intérêt à régler cette dette une bonne fois pour toute, avant que je ne me mette en couple avec une autre femme. Parce que mine de rien, d'un point de vue extérieur, nous voir ainsi, oui, ça pourrait porter à confusion. Enfin, il faudrait déjà que ma poisse m'abandonne un peu pour ça. Les paroles de Maxyn me sortent de mes pensées. Elle s'excusait. Ca me touchait. Au moins, c'est déjà un bon point, elle reconnaît vraiment qu'elle merde et qu'elle aimerait agir autrement. Du moins, je suppose ? Je ne pourrais jamais te détester Maxyn, je t'ai bien trop aimé pour ça. Et qu'est-ce qui s'était passé entre nous ? Quelque chose s'est brisé quand elle a perdu la vue, quand elle a commencé à me mener la vie dure, quand elle a décidé d'avoir Zoey sans me concerter. Mais de là à dire que je ne l'aimais plus, non, c'était différent. On s'est éloigné, ça oui. Seulement l'affection que je lui portais est toujours présente. C'est bien quelque chose que je ne pourrais jamais oublier. J'allais un peu trop loin, et je sentais que si je continuais, j'en dirais bien trop, bien trop pour faire demi-tour. Tu ne veux pas qu'on aille s'asseoir ? Oui, parce qu'elle semblait bien trop fébrile, je ne voulais pas qu'elle s'écroule. Même si je la tenais et qu'il n'y avait peu de chance pour ça arrive au final.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Sa voix si près de moi... Sa voix ri grave et sensuel, rassurante.... Combien de fois je m'étais endormie à ses côtés tandis qu'il me parlait, sa main caressant mes cheveux.... J'étais si bien ici, dans ses bras mais je savais que je ne devais pas aller plus loin... J'allais encore avoir mal car c'était fini, il n'y avait pas de marche arrière possible... Et il me le rappela. Il m'avait trop aimé pour me détester... Il avait employé le passé, ce qui signifiait qu'il ne ressentait plus cet amour à mon égard tandis qu'une partie de moi s'accrochait à lui. J'avais beau couché avec un million de filles, ou accepter petit à petit les avances d'un de mes élèves, Milo, ou bien encore prétendre que j'étais avec Abel alors que non.... Enzo n'était jamais loin.
Alors, sans rien dire, je me détachais de lui tant bien que mal. Je baissais les yeux, séchant mes larmes et je dis oui d'un signe de tête.
- Pardon, je ne sais pas ce qu'il m'a prit...
Ca me déchirait le coeur de dire ça alors que ça m'avait fait du bien, mais peut être que lui ça l'avait gêné voir énormément dérangé.
- On peut aller au salon... regarder un film.
J'avais l'impression d'avoir 15 ans, d'avoir invité "mon premier copain", et que regarder un film était la seule activité possible pour deux ados inexpérimentés pour le moment... et qu'au bon moment du film on pourrait s'embrasser maladroitement mais amoureusement... Mais non. Peut être que le film était un prétexte pour ne pas parler davantage, pour lui comme pour moi, de peur de dire des choses qu'on regretterait... Mais il avait fait tout ce chemin pour me parler, allait-il accepter ce silence que j'avais un peu brisé?
Je me dirigeais au salon et je me contentai de m'asseoir sur le canapé, mettant mes mains devant mon visage. Comme pour cacher ses yeux déchirés, rouges vifs à cause du shit mais surtout à cause de mes larmes. Après tout il savait comment marcher la télé et où étaient les dvds... Ou peut être allait juste t-il s'asseoir sur le canapé, en attendant qu'on ait une conversation plus argumentée désormais que je ne pleurais plus? Je ne savais pas...
Je le regardais me suivre dans la pièce, je le regardais du coin de l'oeil, n'osant pas l'affronter avec un tel regard. J'avais honte... mais j'avais tellement besoin de lui...
Encore une fois, mes paroles semblaient l'avoir brusqué. Je ne pensais pas que ça lui ferait pareil effet, je ne pensais pas qu'elle se retirerait d'entre mes bras, et une sensation de vide m'envahissait. Étrange ressenti qui ne me plaisait guère. A croire que c'est moi qui avait besoin de la consoler. Ce que je peux être stupide. J'aurais mieux fait de partir quand j'en avais encore la chance. Là, je me laissais avoir stupidement. Il est évident que je suis toujours attaché à Maxyn et toute cette proximité est aussi dangereuse que lorsque je suis revenu et qu'on a pas pu s'empêcher de se jeter dans les bras de l'autre. Ne pouvait-on pas avoir une relation normale, comme deux simples personnes qui ont besoin de soutien et qui essaie de construire une amitié. Oui, j'aimerais construire ça avec elle, mais est-ce vraiment possible, je me le demande. Ca ne semble être qu'une simple utopie. Elle voulait donc regarder un film ? J'étais resté pour lui tenir compagnie et pour l'empêcher de tomber dans les ténèbres, mais on n'avait pas précisé qu'on devait parler. C'était peut-être la seule solution. Mais son état semblait encore sous l'effet des substances qu'elle avait prise il y a peu. Je la suivais dans le salon alors qu'elle s'était déjà installée. Je la regardais un instant, puis je me disais que manger un peu lui ferait du bien. Tu ne veux pas que je te prépare à manger plutôt ? Ou bien commander quelque chose. Tu as besoin de reprendre des forces. Oui, si elle avait assez d'appétit, une chose est sûre, elle se sentirait bien mieux après. Je n'osais donc pas aller m'asseoir à ses côtés parce que je sentais que moi aussi j'avais besoin d'être contre elle, mais qu'il fallait absolument que j'évite ça. Son état de faiblesse a toujours eu cet effet sur moi, et malgré toute la distance qu'on avait pu avoir, j'avais par moment encore envie d'être près d'elle. Je respirais un bon coup, attendant sa réponse, espérant qu'elle accepte ma proposition. Même si on allait forcément regarder ce film, et que j'allais forcément me retrouver proche d'elle, encore.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je le voyais me suivre dans la salle et sa façon de me regarder était si spéciale. Mais je ne savais pas si c'était bien ou pas... Son visage enchanté me manquait, son sourire, son rire... Ses yeux remplit d'étoiles à mon égard... Mais là c'était... différent.
- Manger?
Ce mot était sorti tout seul de ma bouche. J'avais la pateuse, je n'avais pas particulièrement faim. Peut être me disait-il cela en voyant bien que j'avais perdu trop de poids et trop rapidement. Je passais ma langue sur ma lèvre inférieure, regardant ensuite la télévision puis de nouveau Enzo.
- Je... Je n'ai pas trop faim et je dois faire les courses, le frigo est quasiment vide...
On pouvait commander une pizza certes, mais je voyais déjà Enzo payer pour moi et ça me gênerait car ça ferait trop... comme avant. Si on se faisait une soirée pizza télé comme au bon vieux temps.
- Mais tu peux te commander une pizza, je n'en mangerais pas une entière de toute manière.
Je me forçais de sourire. Peut être que ce sourire allait le tromper et qu'il n'allait pas insister. Peut être qu'il voulait juste voir ce sourire avant de partir la conscience tranquille. Alors, nerveusement, je me mettais à jouer avec mes doigts, laissant quelques mèches de cheveux couvrir la moitié de mon visage, rabattant toujours les jambes contre mon ventre, comme pour me recroqueviller sur le canapé. - Mais sinon sur le meuble derrière toi il y a une brochure d'une nouvelle pizzerria pas loin... Tu peux appeler si tu veux.
Cette brochure était pour Zoey, il y a deux semaines elle avait voulu une pizza hawaïenne alors je lui en avais pris une petite qu'elle avait mangé en 3 jours. Elle avait adoré... Mais moi ça ne m'avait guère donné envie... A part l'envie de rendre ma fille heureuse avec une simple pizza, mais depuis un certain temps, la nourriture était un mot presque absent de mon vocabulaire... et de ma vie.
Comme je le sentais, elle ne pensait pas du tout à manger. Et puis en y réfléchissant bien, je me demande comment j'avais fait pour ne pas avoir avant ses joues creuses et ses bras bien plus fins. Pourquoi se laissait-elle aller ainsi ? Plus le temps passe, et plus je me rends compte que j'ai vraiment bien fait d'insister. Le tout c'était d'arriver à la motiver de nouveau pour sa vie. Mais comment faire quand on a été l'une des causes qui ont fait qu'elle n'avait plus envie de se battre. Ca ne me décourage pas pour autant, non, je veux vraiment l'aider, et je compte bien y arriver. J'avais bien compris tout à l'heure qu'il fallait qu'elle remplisse son frigo. J'avais forcément songé à commander quelque chose. Elle propose alors une pizza. Oui, c'est le plus simple en soit, même si je n'avais pas vraiment faim à cette heure-ci, mais peut-être pour plus tard, midi n'était pas si loin au final. Elle me confiait ne pas avoir faim pour une pizza entière, mais si au moins elle se forçait à en manger au moins une part, ça me rassurerait. De toute façon, c'est pas vraiment bon pour la santé. Faudrait surtout qu'elle retrouve la motivation aussi de se faire la cuisine. Au moins un peu. J'aurais pu le faire. Mais à la place, j'allais chercher la brochure dont elle me parlait et commandais une pizza. Une simple, histoire de ne pas avoir non plus l'estomac trop explosé. Elle ne serait pas prête tout de suite, mais on avait le temps, oui finalement, j'avais du temps devant moi. Je venais alors m'asseoir aux côtés de mon ex, je la regardais un instant, soucieux et lui disais Je m'inquiète pour toi Maxyn, vraiment. Tu n'as pas mangé depuis combien de temps ? Parce que le shit ou même l'alcool peut parfois nous faire oublier l'essentiel même de la vie. Et si la blonde ni faisait pas plus attention, elle allait avoir de sérieux problèmes de santé.
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Après mes paroles, il se retourna, prit la brochure et commanda une pizza après quelques minutes d'attente. Une simple, ça doit être une quatre fromage je suppose. Je le regardais quand il passait l'appel puis quand il raccrocha je me remis à baisser les yeux, jouant toujours aussi nerveusement avec mes doigts... puis il se mit à mes côtés sur le canapé.
Je n'étais pas bête, il attendait toujours que je parle explicitement, avec les bons mots. Non juste en disant des "pardon ici et là" sans pointer du bout du doigt le comment du pourquoi de ce mal être. J'avais envie de tout lui dire mais en même temps je ne voulais pas qu'il culpabilise davantage.
Peut être que lui allait bien voir un million de fois mieux qu'avant et là je faisais encore une fois tout bouger, tout bousculer.... Alors perdu dans mes pensées, la tête dans les étoiles, la voix grave d'Enzo vint interrompre le tout. Manger? On parlait donc encore de cela? De la nourriture? Soit...
- Je n'ai juste pas trop faim là... Peut être plus tard...
Gros mensonge et je ne répondais aucunement à sa question. J'en avais conscience... le seul problème c'est que je n'avais pas le souvenir de quand remonte la fois où je m'étais bien alimentée. Mon dernier vrai repas date de quand? Là tous mes repas rimaient avec alcool et apéritif ici et là... ou alors je finissais le reste du plateau de Zoey pour combler un peu le vide et pour ne pas gâcher trop de nourriture. Mais un vrai repas... où j'ai eu du plaisir à manger... je n'en savais rien.
- Puis j'avais quelques kilos à perdre donc ça tombe bien... A une audition on m'a dit que je devais perdre 5 kilos...
Ah les auditions... J'étais prof de théâtre et j'aimerais percer dans le cinéma ou même jouer dans une pièce de théâtre locale mais les auditions ne menaient à rien. Je devais être horriblement horrible en tant que comédienne. A la fac, j'étais passée de 40 élèves à 5 en un semestre... Et uniquement UN de mes élèves, Milo me disait aimer mon cours, les autres étaient juste là pour les points et rien de plus. Etait-ce un signe pour que je stoppe tout cela aussi?...
Je tournais mon visage vers Enzo, plantant mes yeux dans les siens, en attendant ce qu'il allait dire. Je ne savais pas trop comment prédire/prévoir ses gestes à l'heure actuelle... mais il était là... et c'était ça l'important... pourtant mon petit doigt me disait "attention"...