La situation pouvait être drôle, c'est pour ça que je m'étais mis à rire, mais au final, je me sentais vraiment con. Pourquoi avait-il fallu que je parle de Delilah à mon ex ? Stupide. Ca avait cassé cette complicité que j'avais réussi miraculeusement à récupérer. Mais à quel prix ? La laissant croire qu'une nouvelle relation était possible entre nous ? Ouais, j'ai peur, peur de me laisser de nouveau embarquer par mes sentiments, laisser prendre au jeu de tenter de nouveau quelque chose avec elle, même rien que le fait de la toucher, de l'embrasser, ça me faisait peur. Parce qu'une part est toujours amoureux d'elle. Je suis parti du jour au lendemain parce que je ne supportais plus toute la pression qu'elle me mettait et forcément mon amour pour elle n'a pas été assez fort. Oui, j'ai honte aussi. Bien trop de sentiments quand je suis avec elle qui ressurgisse et qui m'empêche de me laisser aller à des pensées amoureuses à son égard. Elle avait raison, on était loin d'être doués c'est un fait, on est vraiment maladroit Je ne te le fais pas dire … C'était pas tous les jours faciles, même si avec toutes les déceptions que j'avais eu après Maxyn, j'en avais appris des choses sur les femmes, j'avais fini par mieux les comprendre. Je l'espère aussi. Répondais-je à la blonde par rapport à Zoey. Zoey qui n'avait encore jamais vu une seule femme que j'ai fréquenté, pas même Delilah, donc peut être que ça risque de la perturber quand je serais vraiment en couple. Sans sa maman. Déjà ça risque d'être bien galère. Mais voilà que la blonde en rajoutait une couche. Pourquoi avait-elle eu besoin de préciser ça ? Ce n'était pas sa faute ! Enfin, un peu, mais pas seulement. Je voyais bien qu'elle fuyait mon regard, alors moi aussi je me rapprochais du bord, coudes sur les genoux et je passais mes mains sur mon visage, comme pour me réveiller, avant de lui répondre La faute ne venait pas totalement de toi. J'ai été lâche, j'aurais du me battre pour notre couple, pour Zoey, pour toi. Je n'étais pas prêt et je le regretterais toute ma vie. Voilà, elle arrivait à me faire dire ce que je ne voulais pas dire. Il fallait vite que j'enchaîne, même si en soit, c'était déjà trop tard. Faudrait déjà que j'accepte enfin cet … abandon avant de pouvoir commencer une nouvelle relation. Oui, ça me poursuivait, et ça me poursuivrait toute ma vie.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je mâchais encore et encore, j'en venais à détester le goût de cette pizza que j'avais semblé apprécié même que trois secondes il y a de cela quelques minutes... pour finir par la manger en entier. Enfin ma part. Enzo mangeait à sa fin mais là c'était déjà trop pour moi. Puis bon, j'avais mangé devant lui, ça devait lui suffire. Il aura le reste pour lui tout seul, il pourra même ramener les restes chez lui, et les partager avec sa nouvelle compagne. Qui n'aimait pas les pizzas en même temps...
Je sentis Enzo se rapprochait, se mettant à mon niveau, alors machinalement je le regardais, il semblait... aussi perdu que moi et perturbé. Il frotta son visage à l'aide de ses mains comme pour se réveiller à tout instant. Se réveiller du cauchemar que je lui faisais subir? Encore...? Je le regardais timidement sans oser l'affronter visuellement et il commença à se confier... à reparler du passé explicitement, en oubliant les faux semblants, les "félicitations" pour son nouveau couple et ses mots me firent chaud au coeur comme me blessaient à la fois.
Ca me rappelait notre passé et trop de choses... peut-être que lui et moi étions perdus et rêvons d'une relation si parfaite vu notre passé chaotique... le négatif avec le négatif devenait positif mais avec nous... était-il devenu si positif? Oui on avait eu Zoey mais... Enzo avait eu du mal... au début et là c'est moi qui flanchait même si j'essayais de préserver Zoey plus que tout.
- Tu ne peux pas te battre pour l'irrécupérable Enzo.
Il était mal et je m'en voulais. Je posais une main sur une de ses cuisses faisant de légers cercles de mon pouce comme pour le "réconforter."
- Tu ne peux pas te battre pour deux personnes. Peut-être... peut-être que...
Je soufflais, un peu et j'enlevais ma main de sa cuisse pour repositionner mes cheveux.
- Enzo... J'allais mal. J'étais horrible, je le sais. Je t'en voulais... Je ne sais pas pourquoi. Tu étais là... tu voyais notre fille, tu voyais tout tandis que... je ne voyais que du noir. J'avais perdu la vue et j'étais toujours dans ce dénie. Car je me détestais. Je me détestais tellement que... je t'en voulais. Je t'en voulais... voilà.
Je n'étais pas fière de ces révélations mais... il fallait que j'en parle. J'en avais pas parlé depuis... longtemps. Trop sans doute.
- Je me dis qu'il y a 6 ans, j'aurais pu abréger toutes mes souffrances, ne plus ressentir ce mal qui m'envahissait... j'aurais pu éviter de te faire du mal, de décevoir tant de gens. J'aurais pu en finir et au lieu de cela... je suis restée en vie, avec la vue en moins. Je me détestais trop. Je m'en voulais d'avoir tout loupé, j'aurais pu en finir et aujourd'hui tu n'aurais rien... connu de tout cela. T'aurais rencontré quelqu'un de bien et t'aurais connu une belle relation.
Je regardais encore cette misérable télé, avec le film qui défilait sous nos yeux.
- Tu te battais pour quelqu'un qui avait arrêté de se battre il y a bien longtemps Enzo. Tu ne peux pas sauver quelqu'un... qui ne sait même pas s'il veut être sauvé.
Je parlais à la troisième personne du singulier car le "je" était impossible à prononcer.... Pourtant j'avais encore besoin d'Enzo, j'étais comme accroc à lui, j'avais tant misé sur notre relation. Il était si parfait alors que moi j'étais horriblement imparfaite. J'étais si imparfaite que... que je lui menais la vie dure pour qu'il soit aussi imparfait que moi et je l'ai perdu. Car j'avais tout fait pour perdre un bout de bonheur que je possédais. Car je ne pouvais connaître le bonheur, le bonheur à l'état pur, le vrai, le dur.
- Je suis désolée Enzo.
Une larme coula le long de ma joue, je cachais ma tête en laissant des mèches de cheveux couvrir la moitié du visage qu'Enzo percevait de là où il était. Mais mes excuses ne changeront rien... rien du tout...
Malgré le fait de parler de Delilah, j’arrivais de nouveau à rattraper les choses avec mon ex, j’arrivais à lui expliquer les bonnes choses. Pour une fois. Ce que nous avions besoin de parler et d’entendre. Parler comme deux adultes sans se prendre la tête ou sans s’énerver, oui, ça faisait du bien. Forcément, je me sentais lâche de les avoir abandonné, et je le regrettais amèrement, parce que je sais qu’aujourd’hui, je réagirais d’une bien différente manière. Et si tout ça est arrivé, c’est aussi en partie ma faute. Sauf que Maxyn essaya de me rassurer. D’abord en posant sa main sur ma cuisse, geste que je sentais vraiment attentionné, et ensuite en me disant que je ne pouvais pas la sauver vu qu’elle ne souhaitait pas l’être, qu’elle avait rejeté son accident sur moi. Je peux la comprendre, dans ces moments-là, c’est plus facile d’en vouloir aux personnes qui nous entourent. Mais je n’étais pas prêt pour ça, j’avais bien trop encaissé. Mais encore une fois, ce n’était pas une raison. Du moins, pas pour moi. Sauf que la suite de ses paroles me laissa sans voix. Je rêvais ou elle avait des paroles suicidaires ? C’est quoi ce délire ? Même à l’époque elle avait pensé comme ça ? Ouais, si j’avais peur pour elle, là je paniquais complètement. Elle eut le temps de s’excuser tellement je venais d’être choqué et que les mots ne venaient pas. J’abandonnais la pizza et le film pour un moment. A son tour, elle venait de me couper l’appétit. Je me sentais mal, horriblement mal d’apprendre ça. Tu me fais peur Max … Tu es vraiment en train de parler de … de suicide ? Tu penses vraiment que ma vie aurait été mieux sans toi ? C’était loin d’être une morale, j’avais eu le ton le plus doux du monde, et à la fois le plus inquiet. Ne me dis pas que tu songes encore à cette éventualité … C’était peut-être remuer le couteau dans la plaie, mais je ne pouvais pas faire comme si je n’avais pas compris, comme si je n’avais rien entendu.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je pensais bien faire en me confiant mais avec le ton qu'il prenait je me rendis compte que j'avais encore eu une mauvaise idée. Je pensais qu'il allait accepter mes excuses et là... j'avais provoqué l'effet inverse. Je séchais vite ma larme sur ma joue, faisant mine de me gratter le net. Je restais cacher à l'aide de mes cheveux et j'étais bloquée. Je ne voulais pas qu'il sache trop de choses sur mes réelles pensées... puis même... peut être... peut être qu'il avait raison. Mais... non il était dérangé et paniqué et je m'en voulais. Je ne voulais pas le retenir par pitié, je pensais qu'il allait être content de mes excuses... mais non. J'ai échoué, encore une fois.
- Ca va Enzo.
Je me grattais la gorge en me levant du canapé, je ne savais pas quoi faire... Débarrasser la table? Oui bonne idée, ça allait me faire bouger.
- Je vais débarrasser.... Tu sembles avoir... fini.
Je pris la boîte de pizza avec les parts entières et achevées à l'intérieur je me re-dirigeais vers la cuisine, mettant les morceaux de pizzas entamés à la poubelle, prenant du cellophane pour y mettre les parts entières de pizza.
- Tu pourras les emmener avec toi et les manger avec Zoey et...
Comment s'appelait-elle déjà? J'étais perdue, je divaguais complètement me rappelant plus s'il avait évoqué son nom ou pas. Je me débrouillais juste pour rester de dos à lui, s'il allait me suivre ou non, préférant être active et me concentrant sur mes gestes que mes réelles pensées qui elles, devaient rester cachées car... dites ou non ça n'allait rien changé à ma vie actuelle... rien du tout.
Pourquoi parlai-elle de suicide ? Pourquoi n'avais-je jamais rien vu ? Pourtant je savais très bien que Maxyn avait eu des problèmes dans son enfance, un sacré traumatisme plutôt et qu'au fond, elle n'arrivera jamais à s'en défaire, après tout elle a été éduqué dans ce mal, comment pourrait-elle défaire ce qu'elle a toujours connu. Je voulais y croire, et je me rendais compte que j'étais le seul dans cette histoire à y avoir cru. Cru qu'elle pourrait s'en sortir par l'amour que je pouvais lui donner. Mais cela n'a pas été suffisant. Une bien triste nouvelle. Ca me plombait assez. Surtout d'apprendre qu'elle voudrait atteindre à ses jours. Bien sûr que ça me touchait, bien sûr que je n'avais pas pu rester sans rien dire. Mais elle ne réagissait pas tant que ça, juste son habituelle réponse comme quoi tout allait bien, et surtout sa fuite. Hé ho c'est moi le lâche ici ! Oui, ma langue brûlait de lui dire ça. Mais je n'en fis rien. Notre relation d'aujourd'hui n'arrêtait pas de faire des montagnes russes et c'était fatiguant émotionnellement. Mais à croire qu'on devait en passer par là. J'espérais vraiment qu'une fois cette étape passée entre nous, on arriverait à aller de l'avant, à se sentir mieux. Parce que oui je croyais que tout allait bien, mais je me rendais compte que je n'avais pas eu encore l'opportunité de lui dire toutes ces choses dont on venait de discuter. Comme si aussi j'avais senti qu'il me manquait des morceaux du puzzle dans notre relation passée. Hors de question tout de même que je la laisse s'en sortir aussi facilement. Alors oui, elle pouvait débarrasser, mais je me rendais compte que la question évitée ne voulait dire qu'une seule chose. Et ça me brisait encore plus le cœur, comme la première fois qu'elle a commencé à me virer de sa vie. Du moins la première fois que je l'ai ressenti. Elle n'osait toujours pas affronter mon regard et ça voulait tout dire. Elle était au bord des larmes tellement j'étais au bord de la vérité. Mais j'avais l'impression que quoi que je dise aujourd'hui ne servait à rien qu'à la refermer encore plus. Alors oui, elle allait m'emballer mes pizzas pour moi et Zoey, et alors qu'elle essayait de terminer sa phrase par je ne sais pas quoi, je me levais et j'allais l’enlacer, restant derrière elle, sans vouloir la brusquer à voir ses beaux yeux rougies par le shit et certainement les pleurs à présent. Peu importe, je voulais juste la réconforter de façon plus directe, plus forte, en espérant que cela soit vraiment ce dont elle avait besoin. Surtout que ma tête glissa lentement vers la sienne et que je ressentais une sensation de bien être que je n'avais plus ressenti depuis … depuis que je l'avais quitté.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je m'excitais dans la cuisine, je faisais les cent pas, je restais mobile, j'étais concentrée sur le cellophane et la pizza. Je savais qu'il m'avait suivi et je m'attendais encore à une morale. Comme quoi j'étais une personne égoïste, que je ne pouvais pas penser ainsi avec une enfant de trois ans... et ça me donnait envie de vomir.
Plus ça allait et plus je me rendais compte que c'était officiellement fini avec Enzo... Plus de contact physique, plus rien.... rien. Rien. Rien. Je me mordais ma lèvre inférieure pour me retenir de pleurer en sa présence mais je trouvais ce silence présent.
J'essayais de rester dos à lui de n'importe quelle manière jusqu'à que je sente ses bras autour de moi. Je restais figée tant je ne m'y attendais pas. J'avais un morceau de pizza en main, le cellophane de l'autre et Enzo... se colla à moi, posant sa tête sur la mienne. J'étais... paralysée, choquée. Tout à l'heure c'était moi qui était allée vers lui mais là c'était l'inverse.
Je sentais la chaleur de son corps contre le mien, je sentais tout aussi bien son parfum... ce parfum qui m'avait tant manqué. Pourquoi faisait-il cela? Je pensais qu'il allait me sermonner... Là j'aurais dû le repousser ou lui dire que ça allait juste bien... et au lieu de ça, je fermais les yeux et je laissais quelques larmes m'échappaient. Je repensais à toutes les nuits où je pleurais seule dans ma chambre tandis que Zoey dormait à côté. Toutes les nuits où je pensais à Enzo, où j'aurais aimé qu'il soit là à mes côtés...
Alors je lâchai ce que j'avais dans mes deux mains... Je mettais ces derniers sur les bras d'Enzo que j'agrippais et que je caressais à l'aide de mes deux pouces, relevant légèrement ma tête pour le sentir contre moi.
- Je suis désolée... Mais j'essaie de plus y penser, je te le promets... C'est juste compliqué... ça ne s'arrête jamais...
Je murmurais en disant tout cela, mais il m'entendait très bien vu notre proximité... je m'en voulais de souffrir autant, mais je ne savais pas comment arrêter... c'était sans cesse et toujours aussi puissant.
Il était temps. Temps que je réconforte vraiment Maxyn. Parce que je le devais, elle semblait vraiment aller mal, et surtout qu'elle essayait de me prouver qu'elle voulait aller mieux, alors pourquoi continuer à s'acharner. A s'acharner à lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle pense différemment. Son traumatisme semble vraiment trop encrée, et je n'avais fait qu'empirer les choses. Autant en l'abandonnant il y a deux ans, autant maintenant à lui parler de ma nouvelle fréquentation. Comment j'aurais pu deviner qu'elle allait se sentir aussi mal. Et surtout lui faire rappeler son envie de suicide. C'était horrible comme sensation. Je n'avais clairement pas envie de la laisser toute seule, j'étais même prêt à crécher ici pour être sûr qu'elle aille un peu mieux. Mais vu que c'est quasi impossible, je me doutais bien que ça ne servirait à rien. Il fallait qu'elle trouve une solution à elle, pas que je l'enfonce de nouveau dans une impasse. Parce que nous deux, ça me semblait impossible. Et pourtant, j'aimerais, oui, j'aimerais nous donner une chance, mais j'ai tout de même l'arrière émotion qui est de la pitié, et je ne veux pas lui donner cet espoir s'il a ce sentiment. Même si j'ai davantage de peine que de la pitié. Alors oui, à la place, je venais l'enlacer. Lui faire comprendre que je ne voulais pas la blesser, je ne voulais pas qu'une autre femme la remplace, qu'elle ne se sente pas menacer. C'est con. Je crois franchement qu'on a des choses à régler, notre relation n'a pas pu se terminer comme elle l'aurait du, et on devait la clôturer, pour de bon, pour qu'autant l'un et l'autre puissions avancer dans nos vies respectives. Mais que faire ? Comment faire ? Elle s'excusait encore, mais là, tout comme tout à l'heure, elle n'était pas en faute. Je sais. C'est un combat de tous les jours. Et j'ai vraiment envie de t'aider. Mais je me rends compte que je n'aurais pas du te parler de … de ma vie. Ma vie qui au final stagne aussi, donc t'aider ne pourrait que m'aider je pense. Oui, je me devais de l'aider, peut-être que je réussirais enfin à aller de l'avant. Peut-être qu'elle aussi. Mais encore une fois, la question du comment demeurait.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Il me tenait encore dans ses bras... Ca me faisait du bien... trop de bien. Enfin une étreinte pour me dire "tout ira bien"... surtout de la part d'Enzo. Je me sentais égoïste car j'avais des amis qui me prenaient dans leurs bras, comme Indiana par exemple mais les bras d'Enzo étaient... mieux. Enzo a compté énormément dans ma vie et compte toujours autant et comptera toujours de la même manière. Je n'arrivais pas à l'oublier... c'était pour cela que je collectionnais les femmes car elles ne me rappelaient nullement le corps d'Enzo et l'affection qu'il avait pu m'apporter. Certes il y avait Milo cet élève avec qui j'avais... couché mais Milo était à l'opposé d'Enzo. Jeune, mince, dans son monde... alors qu'Enzo était un homme, un "vrai". Pas que Milo soit un "faux homme" mais il était un jeune homme, voilà alors qu'Enzo il était grand, musclé, imposant, une voix super grave qui porte, il portait très bien son âge, on ne lui donnait pas du tout 17 ans... Mais un bel homme de 34 ans qui allait sur ses 35 ans en novembre. Avec l'âge il devenait de plus en plus beau... mais stop... Stop... Je ne devais plus le voir ainsi... Mais là... je voulais être égoïste dans le bon sens.... je reposais ma tête sur lui, mes yeux fermés pour sentir sa voix près de moi, son odeur, ses bras m'entourant. Zoey serait si heureuse de nous voir ainsi... mais c'était mieux qu'elle ne voit rien. Je ne voulais pas lui donner de faux espoir et qu'elle souffre de cela.
- M'aider Enzo... Je ne sais pas...
Est-ce que j'avais envie de m'aider? Là oui... car il était là et que je n'étais pas... "ailleurs". Devais-je lui dire que je voyais un psychiatre et que ce psychiatre m'avait parlé de la bipolarité? Comprendrait-il ou me verrait-il comme une folle? Connaissait-il au moins cette maladie sans avoir affaire à des préjugés?
- Bouge pas, si tu veux m'aider.
Je serrais mes mains autour de ses bras qui m'entouraient toujours. Je ne savais pas quoi faire à part apprécier ce moment, me réchauffant auprès de lui, pensant au passé... au bon passé pas au mauvais. A nos débuts, à nos instants de complicité comme on avait eu un bref instant il y a quelques minutes. Je repensais aux points positifs qui m'arrachaient un bref sourire. Je ne voulais aucunement que ma maladie, que ma "sad part" empiète sur cet instant et me fasse aller encore plus mal que je ne l'étais déjà, même si je savais que ça allait être difficile.
L'avoir contre moi faisait remonter tous les souvenirs et tous les sentiments que j'avais enfouis dans un coffre bien caché. C'était la seule façon que j'avais su pour revenir en Australie et pouvoir m'occuper de ma fille sans de nouveau faire souffrir mon ex. Aujourd'hui, je ne peux clairement pas rester insensible à sa souffrance. Je ne l'ai jamais été et le fait qu'elle me demande vraiment d'être là pour elle, ça réveille encore plus toutes ces sensations. Choses qui me font dire que non, notre histoire est loin d'être réglée. Le problème, c'est que je n'imagine pas simplement en parler, trouver le fond du problème et de se dire qu'on pourra devenir les meilleurs amis du monde. Si seulement la vie pouvait être aussi simple. Si seulement je n'étais pas parti … Si seulement … Des tas de choses que je ne suis plus en mesure de modifier. La seule chose, c'est que je peux tout faire pour rester près d'elle, à ce cet instant-même et faire en sorte qu'elle se sente déjà mieux quand je serais obligé de partir. Je ne veux évidemment pas partir comme un voleur, mais à un moment donné, il faudra bien que je me force un peu. Ca ne voudra pas pour autant dire que je l'abandonne. Non, je ne veux plus jamais qu'elle ait le début même de cette pensée. Elle ne savait pas elle-même comment je pourrais l'aider, ce qui semble logique. Mais le principal, c'est que cette étreinte semblait lui faire du bien. Je ne bougeais donc pas, je ne disais rien. J'attendais simplement que Maxyn décide qu'il serait temps pour moi de la laisser essayer de nouveau reprendre sa vie sans que je n'ai besoin d'être là.
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Je sentais son souffle sur ma peau et je sentais ses bras se resserrer autour de moi. Si Zoey voyait cela elle croirait tant de choses... mais non. Rien n'était réel. Je fermais les yeux et me concentrais sur Enzo, je m'en voulais d'être encore accroc à sa personne. Enfin pas accroc mais... toujours penser à lui. Il avait quelqu'un désormais, certes pas "officiellement" mais s'il m'en avait parlé c'est que c'était important pour lui même inconsciemment. Alors je m'en voulais à présent d'être ainsi avec lui, de profiter de cette étreinte alors que... une autre devrait en profiter. Mais je voulais être égoïste... penser à moi, à mes besoins, mes envies....
Je caressais ses bras du bout de mes doigts, plantant légèrement mes ongles dedans comme pour le retenir sans le blesser. Puis de toute façon mes minables ongles face à ses muscles n'allaient pas faire grand chose. Je soufflais et je rouvrais mes yeux, je ne savais pas quoi faire.
On avait trop de chose à se dire mais je nous sentais pas prêts pour cela. Ca me faisait trop mal et ça... le dérangeait aussi. J'avais vu son regard quand j'évoquais Abel, ou tout à l'heure avec Jaco quand on était dehors.
- Enzo...
Malgré moi, je me forçais à rompre cette étreinte. Je m'avançais un peu pour me défaire de ses bras, allant vers le lavabo pour me laver les mains après avoir touché la pizza.
- Je... Je ne sais pas quoi te dire... C'est...
Je n'arrivais même pas à finir mes phrases dans ma tête c'était Bagdad... Et ses bras me manquaient déjà, je m'en voulais.
Cette étreinte ne pouvait pas durer éternellement, même si j’étais prêt à rester ainsi le temps nécessaire. Mais à un moment donné, il fallait bien se séparer, et ce fut elle, comme je le souhaitais qui fit le premier pas. Je ne la retenais pas bien sûr, je la regardais faire, se laver les mains et essayais de me parler, encore et toujours, sans jamais réussir à me dire le fond de sa pensée. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je peux comprendre que parfois mettre des mots sur ce qu’on pense peut parfois être compliqué. Même si elle a tout de même pu s’exprimer sur le fait qu’elle avait bien trop de pensées négatives et suicidaires. Ce qui me donnait vraiment d’énormes frissons dans le dos. Je ne peux clairement pas imaginer cette situation. C’est aussi pour me consoler, pour me prouver qu’elle était toujours de chair et d’os que j’étais venu l’enlacer. Oui, elle m’a fait peur, et j’allais encore plus m’inquiéter pour elle, c’est inévitable. Et est-ce qu’avec ces pensées qui seront bien trop tourné vers elle, j’aurais la possibilité d’avoir une vie de couple ? Je risquais même de privilégier mon ex. Ce n’est pas bon. Je ne suis pas encore prêt à avoir une relation, je le sens. Et pourtant, c’est tout ce dont j’ai envie. En attendant, j’avais assez insisté pour aujourd’hui avec elle, si elle n’arrivait pas à placer ses mots, je n’allais pas l’en dissuader. Te force pas Maxyn. Appelle-moi si jamais ça ne va pas ou si t’as juste envie de parler. J’avais même envie de lui dire que je pourrais débarquer à n’importe quelle heure de la nuit ou du jour, mais ce n’était pas bon, je ne devais pas non plus me rendre aussi disponible. Après tout, je ne cherchais plus à la séduire, j’essayais simplement de l’aider et d’aider notre relation. Peut-être que ce n’était pas la bonne technique, mais c’était la seule que j’avais. Je ne vais peut-être pas tarder. On a assez fait de remue-ménage pour aujourd’hui tu ne crois pas ? Je me voulais compatissant et attentionné, mais il fallait mettre un peu de recul face à tout cela. Je venais de lui permettre de m’appeler, c’était une évolution. On s’envoyait à peine des messages juste avant, pour parler de Zoey et de sa garde, rien d’autre.
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Je finissais par arrêter de lui tourner le dos, restant immobile, face à lui, en contenant ma respiration pour qu'elle reste... normale. J'étais fatiguée... Enzo m'avait fait trop réfléchir... J'étais passée de stone à stressée/mal... trop dans le réel. Mes muscles me lâchaient et je voulais juste dormir, même si ce n'était nullement l'heure... Alors il me dit qu'il serait là si j'avais besoin. Que je pouvais l'appeler. Je souriais doucement en hochant de la tête pour acquiescer ses mots.
- Oui... Je suis fatiguée et comme tu peux le voir... Y'a mieux comme compagnie à l'heure d'aujourd'hui.
Je me forçais à rire de cette phrase même si c'était très léger... Mais il avait raison. Je ne pouvais pas le maintenir éternellement ici, il ne vivait plus ici et il avait une vie... en dehors de moi. Ca me tuait de dire cela, d'avouer... ce fait. Mais là je ne pouvais pas faire autrement. Ce câlin, cette étreinte m'avait trop chamboulé et m'avait encore plus raccroché à lui et je savais que c'était mal... mais j'en avais tellement eu besoin.
- Puis tu dois récupérer Zoey... Elle doit hurler ton nom à l'heure qu'il est.
Je me frottais fermement le visage pour me réveiller et arrêter de pleurer bêtement. Pleurer ne servait à rien à part le faire culpabiliser et le rendre mal. J'avais l'impression de le manipuler avec "de la pitié", je m'en voulais... beaucoup trop.
- Merci d'être resté plus longtemps que prévu... Ca m'a fait du bien.
Je croisais mes bras sur ma poitrine, le regardant dans les yeux, en souriant tant bien que mal.
Il était temps. Et non pas que j'en avais spécialement envie, mais le temps filait vraiment vite, et cette discussion qu'on avait pas mal entretenue était suffisante pour aujourd'hui. J'avais eu en plus de cela, bien trop de révélation pour avoir la force de rester ici et de rester fort. Elle arrive encore à me toucher d'une manière que je n'aurais plus imaginer, alors oui, il est temps pour moi de filer. J'espérais juste qu'elle ne m'en voudrait pas, qu'elle comprendrait et surtout qu'elle serait assez forte pour rester seule et ne faire aucune bêtise. Parce que oui, j'avais Zoey ce soir et je ne pouvais m'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur, espérant que Maxyn irait bien ce soir. Face à face, elle osait enfin affronter mon regard. Il y avait vraiment de l'évolution dans l'air. C'est encourageant. Je la regardais un instant, ne sachant pas du tout comment cloturer cette visite. Comment lui dire au revoir, simplement avec un au revoir ? On s'était rapprochés. Même si ce n'était pas forcément la meilleure solution. De toute façon, c'est bien connu, plus je réfléchis moins je me décide et plus je me paume encore plus. J'en suis ravi. Finissais-je par lui répondre, tout en lui rendant son sourire, restant encore quelques instants ainsi et de me dirigeais de nouveau vers la sortie, mais le cœur bien plus léger cette fois-ci. A ce week-end. Oui, c'était la parfaite conclusion. Je lui ramenais Zoey dimanche soir vu que c'était la semaine où j'avais la garde de ma fille. Je la regardais encore une seconde avant de refermer la porte derrière moi. Quelle aventure … Je n'en revenais toujours pas d'être resté aussi longtemps avec mon ex et d'avoir réussi à mettre les choses à plat. Tout n'était pas réglé, mais après tout, on se voyait souvent grâce à Zoey, on allait avoir l'occasion d'approfondir tout ça. Tout du moins, c'est ce que j'espère.