“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Il ne dit rien mais je vis les muscles de son visage se décontractaient. Peut être qu'il n'attendait que ça depuis le début. Des gestes/actions au lieu des mots lancés à tout va vide de sens.
Je le regardais du coin de l'oeil, il mettait les 2 sachets dans sa poche... Il allait s'en débarrasser bien loin je suppose, histoire que je ne fouille rien. Je lui faisais confiance... Ca me faisait mal au coeur car c'était de l'argent et car je savais que j'allais être en manque tôt ou tard... Mais peut être qu'il avait raison. Peut être qu'au lieu de m'aider, le shit m'aidait juste à repousser la réalité sans jamais l'effacer entièrement.
On resta peut être 5 minutes ainsi, à ne pas parler, les yeux rivés vers la télé avant que la voix d'Enzo retentisse. Ah Saul... Ca avait dû le perturbait et ça me faisait mal au coeur. Il savait que j'étais proche de lui.
- Oh tu sais, les amis viennent puis repartent...
Même moi j'avais dû mal à croire dans cette phrase. Saul était bien plus qu'un ami... Il était mon coéquipier dans mes aventures théâtrales et savait si bien me comprendre à ce niveau.
- Elsie m'a accusé à tord d'être la maîtresse de Saul. Je ne savais pas... Qu'il avait de tels soucis dans son couple... Sauf que plusieurs personnes en ont eu écho et désormais.. Je suis la fille briseuse de couple. Alors... Vu que j'ai toujours apprécié leur couple, j'ai pris mes distances. Il m'écrit encore mais... Apparemment même pour lui je suis une personne toxique. Si je reste à ses côtés, rien ne s'arrangera avec Elsie. Après tout je suis la cible parfaite, célibataire, super discrète, et je suis la coéquipière de Saul... Mais je te promets sur la tête de Zoey il n'y a jamais rien eu entre lui et moi et ça n'arrivera jamais. Je vois Saul comme mon frère... On a juste une passion commune: le théâtre... Mais c'est tout... Il n'y a même jamais rien eu d'ambigu entre nous... Mais Elsie n'est pas de ce même avis comme plusieurs personnes dans les environs. T'imagines si on avait été encore ensemble? T'aurais été le cocu de l'histoire. Comme quoi c'est peut être pas si mal d'être... seule.
Oulah j'avais parlé beaucoup mais dès qu'il avait évoqué le prénom de Saul j'avais eu envie de parler... comme pour me justifier et m'excuser aussi alors que je n'avais rien fait.. .et même si j'avais fait quelque chose, Enzo n'avait rien à dire vu qu'on était séparé... Mais le revoir là, à mes côtés dans notre ancien chez soi ça faisait remonter des sentiments.
Faut dire que je n'ai jamais été très proche des amis de Maxyn, on était entre nous, et moi j'étais bien trop … renfermé, bien trop pris par mon travail, ne donnant même pas l'occasion à mon ex de mieux apprendre à connaître ses amis. Un grand tord, je le sais bien. Encore une chose qui a du bien brisé notre couple. Mon travail. Si je n'avais pas été si acharné par ce dernier, j'aurais pu être vraiment là pour la blonde, au lieu de m'éloigner au fur et à mesure. A chaque fois que je la vois, je repense à ce pauvre con que j'ai été, à celui que je ne veux plus jamais être. Toujours est-il que j'avais vraiment discuté avec Saul il y a quelques mois, et il sortait de chez Maxyn. Je me demandais forcément ce qui avait pu mettre fin à leur amitié. Bien sûr, moi aussi j'avais eu des doutes quant à leur relation « amicale », mais il avait réussi à me convaincre. Surtout que bon, je n'avais rien à dire, j'espérais juste que Maxyn rencontre un type normal et sans problème et sans femme surtout. Mais c'est cette dernier qui avait tout brisé finalement. Mais n'étaient-elles pas amies elles aussi ? Pouah, j'étais bien largué pour le coup. C'est vraiment dommage de voir une amitié se briser comme ça, et c'est peut-être ça qui a fait que la blonde n'arrive plus à se relever, n'arrive plus à gérer son travail et sa passion. Il en faisait parti, et ça semble logique. Si on avait été encore ensemble, elle ne se serait peut-être pas mêlé de votre amitié. Ou c'est moi qui aurait pu être le grand jaloux dans cette histoire. Oui, ça aurait pu être largement moi qui aurait fait foiré cette amitié qui semblait si importante à ses yeux. Je n'en sais rien. Et je ne sais même pas pourquoi je continuais dans ces hypothèse, ça n'avais absolument rien de pertinent. C'est quand même dommage. Rajoutais-je simplement comme une pensée à haute voix alors que mes yeux fixaient toujours le film qui se déroulait sans se préoccuper si on était attentif.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
- Toi le grand jaloux de l'histoire?
J'ai ri. Je ne savais même pas pourquoi d'ailleurs. Peut être car je m'imaginais encore le scénario et que Enzo jaloux... Ca me faisait sourire. Ce côté protecteur, possessif... Montrer à quelqu'un qu'on tenait à lui ainsi... Ca me faisait sourire.
- Je pense que Saul me ressemble trop pour que je puisse vraiment flirter avec lui. J'aurais l'impression de flirter avec moi-même...
Je riais encore mais je redescendais aussi vite. Pourtant... parler de quelque chose qu'il avait connu, que j'avais connu, qu'on avait connu... Alors je fixais Enzo, qui lui était hypnotisé par l'écran de la télévision.
- T'as déjà été jaloux de Saul ?
C'était une question sérieuse. Après tout... Pourquoi pas? Si Elsie l'avait ressenti ainsi peut être qu'Enzo à un moment... Je ne savais pas mais cette idée me faisait sourire. Pourtant... j'étais triste de ne plus avoir Saul et Enzo mais là... J'avais comme oublié... oublié ma vie présente. M'imaginant encore dans le passé, Enzo à mes côtés où ça allait un peu mieux on va dire.
- T'es bien plus charismatique. Puis j'aime bien les "bad boy".
Je souriais en coin et regardais la télé à mon tour. Saul était... si bien rangé que j'avouais ne pas le voir comme un bad boy, wild guy... je le voyais comme... quelqu'un de très rangé, sérieux, passionné mais si romantique et.... je ne sais pas. Si... Saul en fait. Tout ce que j'aimais chez lui c'était comme les critères que je pouvais aimer chez "un frère". Il n'y avait pas ce "je ne sais quoi", ce "petit plus"... C'était Saul... Saul un frère de théâtre que j'avais bel et bien perdu. Peut être comprendra-t-il tôt ou tard que cet éloignement est là pour l'aider à reconstruire son couple...
Bizarrement, je ne savais pas comment j'avais fait, mais j'avais réussi à faire rire mon ex. Enfin. J'arrivais à lui faire changer les idées. Peut-être que de me laisser aller était la bonne solution après tout. Peut-être est-ce en recréant un peu de complicité, comme lorsque nous étions en couple, lui permettrait de se sentir un tant soit peu mieux. Je l'espérais et je sentais que je pourrais y arriver. Elle me donnait envie de sourire et je ne m'en cachais pas. J'haussais les épaules quand elle fut surprise que j'aurais pu être le jaloux de l'histoire. En même temps, elle avait raison. J'étais loin de montrer autant ma jalousie à l'époque, j'ai même l'impression de l'être bien plus maintenant que je suis revenu bien différent de l'Irlande. Maintenant que je regrette de l'avoir fait, de les avoir abandonnées et que je n'ai plus envie de les perdre. Je ne savais tout de même pas quoi répondre à Maxyn face à sa question, face au fait de savoir si j'ai déjà été jaloux de lui. Je n'osais toujours pas la regarder, réfléchissant à ce que je devais faire, lui dire la vérité ou lui mentir. Puis elle me disait préféré les bad boy, même si en soit, je n'en ai jamais vraiment été un, même si beaucoup de gens m'y apparente, du à mes tatouages et à mon côté froid et mystérieux vu que je n'ai jamais aimé parlé pour rien dire. Pourtant ce n'est pas moi l'acteur. Je regardais mon ex, sourire en coin, puis je rajoutais au bout de quelques secondes, toujours plongé dans son regard, me sentant pas l'âme à lui mentir, pas après tout ce qu'on venait de vivre aujourd'hui J'ai été jaloux de Saul oui, enfin, si on veut. C'était il y a quelques mois à peine. Je baissais le regard, un peu honteux, avant de reporter mon attention sur le film. J'avais l'impression qu'il venait bien trop souvent te voir, et ce n'est clairement pas le meilleur parti pour toi. Je me suis senti bête de ressentir ça. C'est stupide hein ? Surtout que je ne me souviens même avoir porté beaucoup d'intérêt à tes amis à l'époque … Cette journée commençait vraiment à devenir une sorte confession.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je disais cela en plaisantant à la base, en pensant connaître déjà la réponse. Je pensais que dans la tête de Enzo, Saul n'était qu'un ami mais il venait de m'avouer qu'il avait ressenti de la jalousie à son égard? Il y a quelques mois à peine? Mais on n'est plus ensemble depuis... Des années et il était encore jaloux il y a peu?
Je voyais que ça gênait Enzo de se confier mais ça me faisait tellement chaud au coeur. Parce que ça me donnait espoir de quelque chose? Ou juste car ça prouvait qu'il tenait encore un peu à moi sans doute?
- Il y a quelques mois? Pourquoi donc? Vous êtes si différents l'un de l'autre et je ne vous aime pas pour les mêmes choses. Tu me vois parler de théâtre avec toi ou pire encore aller au théâtre avec moi? Tu ne supporterais même pas 5 minutes une telle épreuve.
Je riais et inconsciemment je me rapprochais de lui sur le canapé. J'étais pas collée à lui mais j'étais "au milieu" un peu plus éloigné de l'accoudoir.
- Tu me supplierais limite à genoux de partir en acceptant mes 5 derniers caprices en date tant ça ne serait pas pour toi.
Je lui mis un petit coup d'épaule, rien de mal dans tout cela... Mais j'en avais oublié le film. Etrangement, voir un Enzo jaloux, qui restait me redonnait... le sourire et qu'importe s'il apportait mon shit avec lui, j'appréciais le moment présent. Je verrais plus tard pour le reste.
- C'est comme si tu m'emmenais faire du sport avec toi. Imagine la catastrophe... Tu me vois faire des pompes avec ces choses qui me servent de bras?
Je tendais mes bras devant lui en guise de preuve de ma non sport attitude.
- Ou bien mes jambes... Je ne sais même pas où se cachent mes muscles là-dessous...
Je tendais alors mes jambes remplit de bleus vu mes nombreuses gamelles lorsque j'étais un peu trop défoncée et bourrée... Mais je le vivais bien. Je n'avais pas mal mais c'était assez flagrant vu ma peau plus que blanche.
Voilà que j’osais avouer à Maxyn ce que j’avais mis du temps à m’avouer. Mais oui, j’ai été jaloux de Saul, un tant soit peu, pour sa relation toujours aussi proche avec mon ex. Parce que je l’aurais voulu aussi, parce que je m’en voulais d’avoir tout abandonné alors que je n’aurais pas du, et que j’aurais du me battre pour elle. Seulement on ne peut pas revenir en arrière et il était à présent trop tard pour que cette proximité puisse renaître. Bon il y avait bien sûr eu beaucoup d’inquiétude dans cette jalousie, parce que je savais Saul marié et je les pensais bien trop proche moi aussi. Mais parce que la blonde mérite mieux qu’un homme déjà marié. Voilà que dans la réponse de Maxyn, elle parlait encore au présent. Il n’y a vraiment que moi que ça perturbe quand elle me dit qu’elle nous aime de deux manières différentes ? Mais je laissais tomber et riais avec elle quand elle me disait que je ne tiendrais pas 5 minutes au théâtre. Faut dire que ça n’a jamais été ma came. Je préfère de loin les films, où la réalité est bien ancrée. Le théâtre est bien trop … étrange. Non, je n’y ai jamais compris grand-chose. Mais ce n’est pas pour autant que je critiquais les goûts de mon ex. Tout comme elle n’avait jamais rien dit quant à mon besoin de faire beaucoup de sport, activité qui se rapproche le plus d’une passion. Parce que non, je ne peux clairement pas m’en passer. J’imaginais alors mon ex se mettre au sport, se mettre aux pompes et je la regardais tendre ses bras et ses jambes microscopiques. Je souriais toujours pour finalement lui répondre Ca ne te ferait d’ailleurs pas de mal de faire ressortir un peu ces muscles ! Voilà que maintenant je lui envoyais un clin d’œil taquin. Comme quoi au final, entre son coup d’épaule, mon clin d’œil, notre complicité n’était pas si morte et enterrée. Quelque part, oui, ça donne de l’espoir. Même si en soit, on en était encore loin. Je regardais alors un instant l’écran avant de me rappeler que je ne lui avais pas expliqué les raisons de ma jalousie. Après tout, je m’étais lancé, autant clôturer le sujet. A vrai dire, j’étais jaloux de Saul parce qu’il était toujours proche de toi alors que tout a foiré entre nous. Et je le regrette vraiment. Parce que je tiens toujours à toi. Et le fait qu’il soit en couple, je voulais absolument qu’il évite de te faire du mal. Alors ouais, je me suis aussi fait passer pour le mâle protecteur alors que je n’ai aucun droit. J’eus un léger rire, plus nerveux qu’autre chose, finissant par poser mon regard sur la blonde, intrigué par la réaction qu’elle allait avoir.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je faisais tout pour plaisanter. Pourquoi? Car je culpabilisais d'avoir fait mal à Enzo et encore aujourd'hui avec Abel entre autre alors qu'il n'y avait rien entre lui et moi... Puis ça me faisait du bien de rire, de ne penser à rien... D'oublier mes relations désastreuses et même en amitié.
- Tu as osé dire cela... Je suis sûre que je suis une cause perdue en sport, regarde l'état de mon corps....
Je riais mais je rirais moins si Enzo me forçait à faire du sport avec lui. Je n'avais pas fait de sport depuis l'arrêt du lycée et ça ne m'avait jamais manqué... Puis son clin d'oeil taquin me faisait encore plus chaud au coeur. Peut être qu'aujourd'hui on serait encore si taquins ensemble, comme autrefois... Mais Enzo revint sur le sujet Saul. Apparemment ça lui tenait vraiment à coeur... Tellement que... je sentais mon coeur s'accélérer. L'entendre dire qu'il était jaloux de Saul.... Et qu'il tenait toujours à moi, qu'il ne supportait pas le fait que je sois si proche de Saul même après notre rupture... Et qu'il se faisait passer pour le "mâle protecteur"... Il entendait quoi par là? Qu'il avait parlé à Saul... après notre rupture? Il riait mais ça devait être nerveux et quand il me regarda enfin, je le regardais tout autant. J'avais la bouche entrouverte ne sachant plus trop quoi dire tant je sentais mon coeur battre à cent à l'heure.
J'étais si... positivement étonnée des paroles d'Enzo et ça me faisait tellement du bien que ma voix, sous le choc, s'était comme coupée. Alors, je me rapprochais et je lui fis une sorte de câlin. Je posais ma joue sur son épaule, entourant ses épaules musclées de mes petits bras assez gringalets. C'était enfantin, voir maladroit.
- Jamais personne te remplacera Enzo. Saul ou n'importe qui. T'es le père de ma fille et mon premier vrai amour.
Oui, j'aurais aimé voir un peu mon ex faire du sport, avec légèrement plus de forme, elle aurait été encore plus belle et plus sexy. Du moins à mes yeux. Mais elle s'est toujours senti bien ainsi, et cela a toujours été le plus important. Avec de la volonté et un peu d'énergie, on arrive à tout. Lui disais-je davantage comme un conseil autant pour le sport que pour son problème de drogue. En attention voilà. C'était dit. J'avais lâché le gros morceau, celui que je cachais à Maxyn, celui que je pensais qu'elle apprendrait de la bouche de Saul. Manifestement non. Et je l'en remerciais de n'avoir rien dit. Je me serais senti tellement con si elle m'avait reproché ça aussi. Je me sentais plus à l'aise, au moins on était à égalité. Même si elle le prenait incroyablement bien. Choquée, oui elle semblait choquée, mais finalement, elle vint s'enlacer de façon adorable, sans pour autant chercher un retour. Et ça faisait du bien. Surtout qu'elle aurait très bien pu m'engueuler à la place. Quel droit j'avais eu de mettre en garde son ami de la sorte ? Heureusement, ce dernier avait compris, tout du moins, c'est ce que j'avais compris. Surtout qu'en plus de cela, il ne lui en avais pas touché deux mots. Je sentis alors dans les paroles de Maxyn de l'amour. Oui, j'avais cette drôle de sensation encore une fois que l'amour qu'elle me portait à l'époque, n'est pas vraiment parti. Et je m'en sentais gêné et troublé. J'avais eu un premier amour au lycée, la fille avec qui j'avais couché pour la première fois. Mais j'étais bien trop jeune et perturbé à l'époque, et c'est Maxyn qui m'a permis de me stabiliser dans ma vie. Alors oui, c'est davantage elle mon premier amour également. C'est sûrement pour ça qu'on ne pourra jamais vraiment s'oublier, et qu'on tiendra toujours l'un à l'autre Je ne voudrais juste pas faire peur à tes futurs prétendants. Lui confiais-je avant de lui déposer un baisé sur le front. La sonnerie de la porte retentit alors. Certainement la pizza. Je rompais alors ce contact qui semblait vraiment réussir à lui changer les idées pour aller récupérer notre petit en-cas.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Avec de la volonté on arrivait à tout disait-il... Je comprenais le message subliminal mais pour le sport... Je serais essoufflée au bout de deux minutes. Ca ne serait vraiment pas beau à voir... mais peut être que le sport m'aiderait à évacuer une certaine pression ou rage... je ne savais pas trop... là je profitais juste de mon "câlin" avec Enzo... il ne me rejetait pas et m'embrassa sur le front. Ca me fit sourire... et encore plus quand il évoqua le fait de ne pas vouloir faire peur à mes futurs prétendants. Parlait-il indirectement du fameux Abel? Ca me faisait sourire... Peu de gens étaient possessifs à mon égard mais venant d'Enzo ça me faisait doublement plaisir mais la sonnette nous interrompit. Je n'avais même pas eu le temps de répondre à sa phrase.
On rompit notre brève étreinte et je le laissais aller chercher notre pizza. Je savais qu'il allait payer après tout il allait manger les 3/4 de cette pizza donc c'était sa pizza... Il revint deux minutes après, la pizza en main. Je me levai et lui prit des mains pour la déposer sur ma table basse en enlevant quelques bouquins de théâtre qui traînaient ici et là.
- Ils l'ont déjà prédécoupé, ils sont géniaux!
Pourtant je n'avais pas si faim en la voyant mais je devais reprendre des forces et Enzo allait sûrement me forcer à manger au moins une part.
- Attends.
J'allai à la cuisine cherchait des serviettes en papier pour qu'on tienne les morceaux de pizza dans nos mains sans s'en mettre partout. Je revins au pas de course, m'asseyant sur le canapé, rapprochant la table basse et je lui servis la première part avant de prendre la mienne en main. Elle semblait délicieuse Zoey aurait adoré.
- A la nôtre?
Je souriais en riant légèrement avant de venir "trinquer" avec la part de pizza en main. Certains faisaient ça avec du champagne ou du bon vin rouge de Bordeaux, nous c'était une pizza quatre fromage mais toute aussi bonne. Je pris un petit bout de pizza en bouche, j'avais du mal à bien mâcher et quand j'avalais j'avais comme une sorte de petite irritation mais je savais que mon organisme en avait besoin même si moi j'avais oublié cette sensation de "faim" sur la longue durée.
- Mes futurs prétendants? Si j'en ai déjà un je serai déjà contente... Je pense pas que le sac d'os que je suis à moitié zombie attire quelqu'un...
Je mentais à moitié. Je savais encore jouer de mon sex appeal en soirée, quand je collectionnais les conquêtes en compagnie d'Indie... Surtout Billie qui était à mes yeux la femme parfaite. La femme de mes rêves, elle savait comment s'y prendre avec moi à ce niveau... mais ça me ferait bizarre de parler de ça avec Enzo... déjà qu'évoquer le nom d'Abel me faisait bizarre alors qu'il n'y avait rien... alors si je parlais de Billie, que je "vois" fréquemment depuis 2-3 mois...
- Puis même si j'avais quelqu'un, tu n'aurais aucune crainte à avoir. Personne ne peut te remplacer Enzo.
Je souriais en coin en prenant un autre goût de pizza, en appréciant petit à petit le goût du fromage qui fondait dans ma bouche.
Après ce moment qu’on pourrait considérer comme tendresse, je nous avais ramené la pizza que j’avais commandé il y a déjà un certain moment à présent. Et si je n’avais pas spécialement faim tout à l’heure, à présent l’odeur me donnait vraiment envie. J’espérais juste que cela soit le cas pour mon ex. Elle avait vraiment mauvaise mine et il n’y avait rien de mieux que de la bonne bouffe bien grasse pour reprendre des forces. Même si elle devrait après cela, continuer à se nourrir de façon normale et régulière surtout. Ses joues creuses et pâles ne mentaient pas. Et si je n’insistais pas, j’ai bien peur qu’elle nous fasse un malaise. Maxyn me fit rire face à son enthousiasme par rapport aux parts prédécoupée. Je trouve ça assez normal pour ma part, je serais plus du genre à râler si ce n’était pas déjà fait à vrai dire. Elle revenait ensuite avec quelques serviettes pour éviter d’en mettre partout, et sur nous aussi. Franchement, ça faisait du bien de revoir une Maxyn de bonne humeur. J’avais peur que cela ne soit plus jamais le cas, l’état dans lequel elle se trouvait tout à l’heure, ça faisait vraiment mal au cœur. Là, je sentais bien que ça allait mieux. A la tienne. Répondais-je à la blonde tout en trinquant avec elle sur notre part de pizza. Oui, j’étais resté pour elle, pour qu’elle aille mieux, donc c’est pour elle que toutes mes pensées positives allaient. J’avais donc déjà amorcé deux crocs qu’elle en revint sur cette histoire de prétendants. J’avais du mal à croire en ses paroles. Elle passait d’un extrême à l’autre en fonction de son humeur. Mais je ne relevais pas, je suis persuadé qu’elle plaît assez pour avoir au moins quelques histoires par ci par là, même si elle ne semble rien n’avoir de sérieux pour l’instant. Surtout qu’elle insista de nouveau sur le fait que personne ne pouvait me remplacer. Je me sentais de nouveau gêné. Dire que j’étais persuadé qu’elle me détestait pour l’avoir abandonné elle et Zoey, je ne réalisais pas. Je me suis mis alors à la regarder, perplexe, alors que je la trouvais adorable en train de manger sa pizza. Elle me remerciait, mais c’était franchement rien Ca fait du bien n’est-ce pas ? D’ailleurs, j’étais obligé de reprendre une deuxième part. C’était vraiment trop bon. Je me régalais un instant, avant de reprendre sur la conversation d’avant Tu sais Maxyn, je pense que pour aller vraiment mieux, il faudrait que tu trouves quelqu’un, quelqu’un qui pourrait prendre soin de toi, quelqu’un avec qui tu partagerais des moments forts, des moments de tendresse et d’amour. Quitte à me remplacer, je ne pourrais pas t’en vouloir. Surtout que pour ma part, je fréquente quelqu’un … Voilà, c’était dit. Et avant ce moment passé avec elle, je n’aurais pas eu l’idée de lui en parler. Mais voilà que je me sentais autant obligé que gêné. J’espérais juste qu’elle ne le prendrait pas mal. Même si je ne savais pas si vraiment ça allait durer avec Delilah. Si vraiment c’était sérieux.
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Je me forçais de manger cette part de pizza. J'avais dû mal à avaler mais je voulais faire un effort pour lui. Il l'avait payé et m'avait fait la morale dessus... Puis quand il me dit "à la tienne" ça me fit légèrement sourire. J'étais gênée mais ça me faisait plaisir. Ca voulait dire qu'il tenait un peu à moi. Au moins... Puis son côté protecteur ou jaloux me le faisait comprendre aussi.
- Ca m'avait un peu manqué oui.
Disais-je entre deux morceaux de pizza... J'étais même pas arrivée à la moitié de ma première part qu'Enzo se resservit. Je le regardais en souriant encore, il était capable de manger deux pizzas à la suite alors que moi deux parts, j'étais rassasiée. Ca me faisait bizarre de manger une pizza avec lui, devant un film qu'il avait choisi, chez notre ancien chez nous. Ca voudrait peut être dire que... peut-être.... éventuellement... un jour, il pourrait se passer... encore quelque chose entre nous deux? Non, non, non Max... C'était impossible. On avait trop souffert pour revenir ensemble. Mais pourquoi semblait-il si perplexe ou énervé quand un homme m'approchait? Rien que d'évoquer Abel l'avait... perturbé et je m'en étais voulue. Puis il reprit la parole, je l'écoutais attentivement mais je déchantais au bout de 3 secondes.
Il me parlait de retrouver quelqu'un... alors qu'avant avec "Abel" il ne semblait pas.. heureux voir contrarié... mais la fin m'acheva. Il avait quelqu'un. Que faisait-il ici alors? Il avait vraiment pitié et était juste inquiet pour Zoey. Je reposais ma part de pizza sur le carton, m'essuyant la bouche avec la serviette en papier. Ca m'avait coupé l'appétit. J'aurais aimé le féliciter et être heureux pour lui et.... j'étais juste mal.
- Oh.... je vois.
Je me grattais la gorge en baissant les yeux. Je ne savais pas quoi répondre.... Je devais le féliciter? Lui souhaiter tout bonheur avec elle?
- C'est.... bien. Je veux dire c'est cool que tu avances et que tu sois heureux.
Je pensais cela.... sans le penser. Oui je voulais qu'il soit heureux mais j'aurais espéré avec moi. J'étais juste bête d'espérer....
- Abel est gentil. Je l'aime bien. Et Zoey l'adore.
Pourquoi je reparlais d'Abel? Il n'y avait rien... aucun baiser échangé et pourtant je parlais de lui comme s'il s'était déjà passé quelque chose. Peut être car je voulais voir s'il était vraiment jaloux ou peut être je voulais juste me protéger d'avoir mal encore.
- Je te souhaite tout le bonheur du monde avec ta nouvelle copine. Tu le mérites.
Les montagnes russes. Les montagnes russes de l'humeur et ça me faisait vraiment mal au coeur. J'avais juste été bête de croire pendant 10 petites secondes qu'Enzo m'aimait encore comme à nos débuts. J'avais beau me dire "attention Maxyn" je flanchais tôt ou tard. J'étais trop faible.
Ca me faisait plaisir qu'elle mange. Même si ça ne serait qu'une part, ce sera mieux que rien du tout. Sauf que bien sûr, en vouloir bien faire, j'avais encore merdé. Fallait pas être devin pour voir que je venais de perturber Maxyn en lui disait que je voyais quelqu'un. Premier signe, elle reposa direct sa part de pizza. Ca voulait tout dire, elle aurait pu s'arrêter là, sauf qu'elle se força à trouver des mots justes et sympathiques. Mais elle remettait encore ce mec sur le tapis. C'est pas spécialement agaçant (si en fait …) mais elle le sort comme une excuse à tout. Je me demande de plus en plus s'il se passe vraiment quelque chose avec ce type, et si elle ne cherche pas plutôt à me montrer qu'elle vit très bien sans moi. Bien sûr, c'est tout ce que je lui souhaite. Mais était-ce vraiment le cas ? Elle faisait un réel effort, ça se voyait, mais ça me touchait quand même qu'elle ne s'emporte pas, qu'elle me vire de chez elle, qu'elle ne comprenne pas pourquoi je veuille l'aider alors que j'ai une femme dans ma vie. Enfin, tout comme le terme «copine» c'était vite aller en besogne. Mais avais-je vraiment besoin de le signifier ? Non mais … Le terme copine n'est plus vraiment adapté mais … merci. J'espère surtout que ta prochaine relation amoureuse sera moins … catastrophique. Parce que non, faut qu'elle arrête de me mentir, elle était si à l'aise tout à l'air, je savais qu'elle disait la vérité, qu'elle n'avait pas de copain, donc cet Abel c'est des conneries. Mais elle semblait en avoir besoin et surtout bien l'apprécier, c'est le principal. Nous, on ne ferait que se déchirer encore plus. Sauf que oui, elle me manque, et même si j'apprécie beaucoup Delilah et que l'attirance est forte, elle n'est en rien comparable à celle que j'ai toujours ressenti et que j'ai l'impression que je ressentirais toujours envers Maxyn. Non, moi non plus je n'arriverais pas à la remplacer. Je n'y crois plus.
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J'essayais de faire semblant mais c'était dur. Il venait un peu de m'achever en me disant toutes ces choses. Je savais qu'il ne me l'avait pas dit dans ce but ci... Peut-être qu'il me voyait trop proche et que c'était sa manière de me dire "calme toi, tu divagues." Je n'en savais rien...
Je regardais la pizza qu'Enzo dévorait à lui même, ma misérable part qui était mangée à la moitié à peine hurlait dans son coin tant elle se sentait seule et mal aimée vu que je ne la dégustais plus mais là j'avais en tête, Enzo, avec une autre femme. Main dans la main, heureux, Zoey appelait cette femme "belle maman" ou alors pire "maman", cette femme mieux à tous les niveaux que moi, plus belle, intelligente, marrante, intéressée, cultivée, avec plus de points communs avec Enzo que moi... Alors quand il prononça une autre phrase, je ne la compris qu'à moitié... Le terme copine n'était pas le bon mot? Ils étaient fiancés?? Je ne comprenais pas.
- Oh je vois...
En fait non je ne voyais pas du tout et mon estomac se serrait encore. Ils étaient fiancés?
- Félicitations alors...
Je ne savais pas de quoi je parlais et j'avais peur qu'Enzo me confirme tout cela. Je me grattais encore la gorge en regardant Enzo, me forçant à sourire.
- Je suis sûre que Zoey doit l'adorer si elle partage ta vie.
Je soufflais discrètement en me forçant de reprendre le morceau de pizza, croquant à nouveau dedans. Je ne voulais pas qu'il voit que ça m'avait affecté à ce point. Déjà par fierté mais surtout car je ne voulais pas qu'il se sente mal de refaire sa vie alors que... je suis juste son ex, point final... J'osais même pas encore évoquer le prénom d'Abel. Oui il était... spécial et m'attirait peut être un peu, du moins... il était plus intéressant que d'autres hommes et avec lui je voyais une Zoey heureuse, joueuse, taquine... Le 5 août c'était mon anniversaire et Abel m'avait offert un petit gâteau au chocolat autour d'un verre pour que je fête tout cela avec lui et avec Zoey sur ses genoux... Oui il était... spécial, différent et... peut être qu'il pourrait se passer quelque chose si je l'intéressais un peu, mais là, aujourd'hui, il n'y avait rien... même pas un simple baiser.
Alors, je mâchais tant bien que mal cette pizza qui me dégoûtait à présent, mes yeux rivés vers la télé où le film tournait encore alors que je n'avais dû regarder que 10 minutes au total pour le moment.
C'était stupide de devoir se justifier face à son ex, mais je m'étais senti obligé, parce que je ne voulais pas la blesser. Je n'aurais pas du parler de Delilah, j'aurais du faire comprendre à mon ex qu'elle ne devait pas rester à m'attendre, et en même temps, ce n'était sûrement pas ce qu'elle pensait et c'était terriblement prétentieux de ma part de penser ça, mais toutes ces choses qu'elle avait pu dire m'ont fait avoir des doutes, et oui, moi aussi j'ai sorti l'excuse de Delilah, même si rien n'était vraiment officiel avec elle. Cela n'avait pas été facile d'avoir une chance avec elle, mais étions-nous prédestinés vraiment à devenir amants ? On se rapprochait davantage de deux bons amis qui se plaisent. Mais rien de passionnel, rien de ce que j'avais pu connaître avec Maxyn. Je sais qu'avec Delilah je me poserais et on deviendra le parfait couple. Encore une fois, je n'étais pas sûr de vouloir ça. Alors oui, je la fréquente, j'ai envie de la fréquenter plus que comme une amie, mais rien n'était officiel, alors forcément quand Maxyn me félicita, je comprenais rien. J'haussais un sourcil, avant de me mettre à rire Tu vas vite en besogne dis donc ! Je voulais dire qu'il n'y a rien d'officiel, je la fréquente, c'est tout. Mais vu mes anciennes relations désastreuses, c'est pas dire que ça aille plus loin. Je disais ça sur un ton léger. Et pourtant je tiens à Delilah, mais à croire que je préférais d'abord protéger Maxyn, et c'était vraiment, mais vraiment stupide, comme si je voulais qu'elle reste accrocher à moi alors que j'essaie de refaire ma vie depuis que je l'ai quitté. C'est même plutôt égoïste et si je continue comme ça, je … Non, autant finir cette stupide pizza, finir ce film qu'on connaît trop par cœur et … j'en sais rien. Je n'ai pas non plus envie de partir, de la laisser seule, mais je commence à me demander si ce n'était pas une erreur de rester avec elle. Ma tête commence vraiment à partir en vrille.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Je mâchais tant bien que mal ma pizza, avalant petit à petit... Cette pizza avait un gout amer mais je voulais tenir bon... Puis quand Enzo me parla sur un ton plus léger, m'expliquant que j'avais mal compris la situation.... j'étais perdue. On s'était mal compris ou alors on avait compris comment l'autre marchait à ce niveau et que la confusion était la seule réponse à notre "relation". Voilà, on était confus.
- Toi et moi on est pas trop doués pour... ce qui est couple et affection.
J'haussais les épaules et je repris un autre bout de ce morceau de pizza, mes yeux toujours rivés sur ce film sur ma télé... et pourtant là mon cerveau était en surchauffe. Si Enzo était parti il y a 2 ans, c'était parce que je lui menais la vie dure, donc si notre relation avait été un échec, c'était de ma faute car je l'avais poussé à bout et que donc je n'avais que ce que je méritais... Non?
- J'espère que Zoey sera bien plus forte que nous.
Zoey était tactile, câline, affectueuse... et même recevoir des câlins ou des bisous de ma fille me gênait parfois... j'en avais pas l'habitude et pourtant j'en ressentais le besoin, le manque... alors que j'étais nulle à ce niveau.
- Le problème ne venait pas de toi donc je suppose qu'avec ta future copine tu ne seras que plus qu'heureux et que vous formerez le couple parfait. Zoey sera contente.
Je finissais ma pizza, m'avançant un peu sur le canapé, comme pour être un peu de dos à Enzo et ne pas croiser son regard pendant qu'il me parlait de sa nouvelle compagne même officieuse.