Je l'avais bien compris. Maxyn ne voulait pas parler, elle voulait simplement que je reste avec elle, parce qu'elle n'allait pas bien. Mais rester les bras croisé juste en espérant qu'elle aille mieux par le saint esprit, non ce n'est pas ma façon de faire, et elle le sait très bien. Si elle m'a demandé de rester, c'est connaissance de tout ça. Je ne veux pas non plus la brusquer, alors oui, je lui avoue avoir peur pour elle, mais encore une fois, j'en viens à un cul de sac. Elle nie en bloc. Mais à quoi bon faire ça. Je n'arrive vraiment pas à comprendre. Je soufflais de désespoir. Jusqu'à ce qu'elle me parle d'une audition. Mon regard se posa de nouveau sur elle, perplexe. Je croyais que ton métier te convenait parfaitement ? Je me doutais bien à une époque qu'elle aurait aimé être plus qu'un simple professeur, mais elle avait réussi à trouver une alternative à son rêve, et oui, je pensais vraiment que ça lui plaisait. Avec ses paroles d'aujourd'hui, je commençais à douter. Je n'ai jamais été très encourageant dans ses démarches pour devenir comédienne. Peut-être que j'aurais du. Mais c'est un milieu auquel je ne comprend pas vraiment. Certes, moi aussi de mon côté j'ai fait de l'acting dans mes missions sous couverture, mais c'est totalement différent, ça a toujours eu le but d'aider ceux qui se faisait avoir par ces bandes de dealer. Mais peut-être n'avais-je simplement jamais vraiment compris l'intérêt qu'avait Maxyn de vouloir devenir comédienne. Au théâtre comme au cinéma. Je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de la voir jouer non plus. Mais une chose était sûre Ce genre de discrimination m'insupporte de toute façon. Je ne vois pas en quoi perdre 5 kilo pourrait mieux te faire interpréter un rôle ...
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Sa première réponse fut sèche et précise. Je savais qu'il n'allait pas adhérer à... cette nouvelle. C'était peut être encore un indice qui me faisait comprendre qu'Enzo et moi étions bien différents aujourd'hui.... Pourquoi alors une partie de moi espérait toujours?
- Tu sais bien que j'ai toujours voulu voir encore plus grand... Je ne me sens pas... complète en tant que professeure ou aux côtés de Saul... Qu'importe je ne vois même plus Saul de toute façon. A croire que j'ai un don pour faire fuir les gens que j'aime.
Je ne répondis pas à sa seconde "pique". Déjà car je n'avais pas la force puis même si cette perte de poids pour une audition avait été réelle, il ne l'aurait jamais compris, même en lui prouvant par x et par y que j'ai raison et lui non.
Je me frottais les bras à l'aide de mes mains, restant toujours à l'autre bout du canapé, repliée sur moi même.
- Tu n'as jamais eu des rêves toi?
Enzo et ses rêves voilà une bonne question. Rêvait-il d'une vie meilleure ou il était parfaitement bien dans sa vie actuelle? Avait-il quelqu'un dans sa vie? Son métier l'enchantait-il toujours autant? N'avait-il pas des rêves d'enfant non exaucés à ce jour? Ou alors étais-je folle avec des rêves irréalisables tandis qu'Enzo avait les pieds sur terre?
- Tu sais des rêves d'enfant qui te tiendraient peut être encore à coeur aujourd'hui... Moi c'est ça. Petite j'aimais m'évader dans un monde irréel en jouant plusieurs personnages à moi même, m'évadant de la réalité, en me disant que tout allait bien.
J'avais déjà parlé à Enzo de mon père... Il savait pour tout... Même s'il ignorait encore bien de choses à ce sujet. Comment mon père s'y prenait, combien de fois... ses menaces pour me faire taire. Mais les informations qu'Enzo avait étaient déjà assez importantes. Il en savait déjà beaucoup tandis que ma mère pleurait encore la mort "d'un mari aimant et d'un père parfait" comme elle l'appelait. D'où je ne l'appelais qu'une fois par mois... et c'était mieux ainsi.
Oui, je savais que son plus grand rêve aurait été de devenir actrice. Mais c'était bien un monde compliqué. Pourquoi s'acharnait alors qu'on a déjà tout fait pour y arriver, alors que l'alternative d'être professeur est tout aussi intéressant. Enfin, j'imagine. Je ne pourrais jamais avoir la patience d'apprendre quoi que ce soit à des enfants. Déjà qu'à l'époque, je ne me voyais même pas père, alors éduquer d'autres enfants me paraît encore plus inimaginable. Seulement, je pensais vraiment que c'était ce qu'aimait faire aussi Maxyn. Mais on en parlait pas non plus de longues heures vu que notre couple commençait déjà à faner. Elle me parla alors de nouveau de Saul, du fait qu'elle l'avait fait fuir, et j'eus tout de même le cœur qui se serra vu que je me sentais également compris dans ceux qu'elle aime. Ca me faisait un drôle d'effet qu'elle parle ainsi au présent. Peut-être qu'elle ne parlait pas de moi au final. Mais cette histoire avec Saul m'intriguait de plus en plus. Mais je n'osais pas, pas encore. A la place, je la laissais me demander si moi j'avais déjà eu des rêves, des rêves comme le sien qui lui avait permis de s'échapper de sa réalité, de s'échapper de l'emprise de son père. Et je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une haine encore et toujours aussi grande envers ce géniteur qui lui avait fait ainsi du mal. Elle pourrait être tellement heureuse si tout ça n'avait pas eu lieu. Oui, j'ai toujours su qu'elle n'était pas à 100% heureuse, je sais que tout découle de cette atroce enfance, mais le déclic du moment, c'est quoi ? Mais pour le moment, je ne voulais pas trop insister, juste trouver quel rêve avait été le mien en étant gosse. Mais les traumatismes m'ont empêché d'en développer. Ressembler à mon père je suppose. Et ensuite … retrouver mes sœurs, retrouver mes sœurs. Lui répondais-je honnêtement. Mais elle le savait très bien que ma famille avait été détruite et que j'avais tout fait pour nous réunir, comme l'a toujours évité notre mère.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
J'étais surprise de sa réponse... Enfin pas la réponse en elle même, mais surprise car il répondait à ma question. Je m'attendais à qu'il me sermonne en disant que j'évitais le sujet principal de la conversation... Mais non. Il semblait avoir baissé sa garde et peut être au fond il avait peut être envie de parler de "ça" de suite. Je savais que lui aussi avait eu une enfance compliquée et que sa famille était loin d'être parfaite... Comme la mienne ou celle qu'on a essayé de construire ensemble... Ou qu'on essaie de construire ensemble? Je ne savais même pas quel temps employer à ce niveau.
- Tu y arriveras un jour... Si on croit fort en nos rêves, ils finiront par s'exaucer.
Je souriais en coin, en osant le regarder. Je ne savais pas vraiment si ça allait l'aider... Je savais que parfois espérer fort ça ne suffisait pas à avoir ce qu'on voulait.
- Tu es quelqu'un de bien, tu mérites d'être heureux et d'avoir la famille dont tu rêves tant. Je suis désolée de ne pas avoir pu te l'apporter et d'avoir tout gâché.
J'haussais des épaules en me grattant la gorge, rebaissant les yeux aussitôt. Je pensais à Zoey, la petite Zoey qui allait vivre avec des enfants séparés, avec des noël différents, deux chambres à part... Un anniversaire sur deux chez moi puis chez Enzo. Elle allait vivre avec l'image des "parents séparés" comme si l'amour n'avait jamais eu lieu et que rien n'était solide dans ce monde. Peut-être était-ce réellement le cas... J'aurais aimé que Zoey soit fière de nous à ce niveau mais non...
Est-ce que j'avais besoin d'encouragement pour réaliser mes rêves ? Pas du tout, parce qu'ils ont arrêté d'être des rêves quand j'ai commencé à grandir et à me rendre compte qu'ils étaient des buts dans ma vie. Je suis parti à l'armée pour ressembler à mon père mais je me suis bien vite rendu compte que c'était débile, et qu'il aimerait simplement que je devienne qui j'ai envie d'être. Et mes sœurs, j'avais enfin pu les retrouver. D'ailleurs Maxyn connaît Mina, mais Cassie ? Je n'avais jamais parlé d'elle à Maxyn depuis que je l'avais retrouvé. Est-ce qu'il était temps ? Est-ce que c'était utile ? Pas vraiment. J'avais parlé un peu de moi à mon ex, mais c'était largement suffisant, je n'étais pas resté pour ça. Pour lui changer un peu les idées oui, mais pas trop. Puis mon ex me confiait ses désirs envers mon bonheur pour mieux s'excuser par la suite. Toujours à s'excuser. Est-ce qu'à la fin de la journée elle agira au lieu de s'excuser à tout va ? Je le lui espérais. Tu n'es pas la seule à avoir tout gâché. J'espère juste que Zoey nous pardonnera surtout. Oui, parce que comprendre c'est une chose, mais on arrêtait pas de faire des conneries sur conneries depuis qu'elle était née, et j'avais toujours cette peur qu'elle ne me pardonne pas d'avoir abandonné sa mère alors qu'elle était encore aveugle et avait besoin de soutien. Sauf que ce n'était clairement pas ce dont j'avais l'impression quand je suis parti pour l'Irlande. J'avais eu l'impression que je n'étais qu'un simple poids et un simple spermatozoïde pour lui permettre d'avoir un petit être à chérir et qui la chérirait quoi qu'elle fasse. Après tout, elle avait réussi. Mais ce n'était pas pour autant la voie de la guérison. Je me bats tous les jours pour être un meilleur père tu sais. Et j'ai l'impression que je suis le seul à me battre … Oui, je voulais qu'elle aussi le fasse, pour notre fille.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
Ca faisait bizarre d'avoir une vraie conversation avec Enzo. Peut être malgré moi et peut être car ce n'était pas l'endroit ou l'instant le plus idyllique pour cela. L'effet du joint disparaissait vraiment tant Enzo m'avait perturbé et fait peur. Je me sentais désormais juste fatiguée mais pas aussi "cool" et "relax" au contraire, j'étais stressée et peinée.
Je l'écoutais dire ce qu'il avait à dire et ce n'était pas joli à entendre. Il y a 2 ans c'était lui qui fuyait pour l'Irlande me laissant seule avec Zoey, mais avant c'était moi qui lui pourrissait la vie tandis que je ne vouais plus rien et pourtant il était resté jusqu'où il a pu. Quand j'avais su que j'étais enceinte, j'avais vu en ce petit être l'espoir de tout rattraper... D'effacer mon père de ma vie et que cet être allait avoir l'enfance que j'aurais aimé avoir. Par moment je me traitais d'égoïste, me disant que j'avais gardé Zoey pour mon bien être à moi et non le sien. Enzo m'avait déjà fait comprendre qu'il se sentait de trop et qu'il était perdu... et désormais je le comprenais... Aujourd'hui. Cette sensation d'être perdu, ne sachant pas quoi faire ou comment... Quand.... Pourquoi.
Il s'était rattrapé et Zoey adorait passer du temps avec lui, elle le réclamait de plus en plus. Mais est-ce que Zoey me réclamait quand elle était avec son père? Je n'en savais rien.
- Je ne fais rien de grave devant Zoey... Je te le promets. Je sais ce que je fais... Elle ne voit personne... Ni Indiana avec qui je traîne souvent ou d'autres personnes... Elle ne voit même plus Saul. La seule personne qui la rend heureuse à mes côtés, c'est Abel. Je ne sais pas pourquoi elle s'est attachée à lui. Mais je l'emmène toujours au parc et je lui fais à manger... On regarde les dessins animés ensemble et quand je suis seule... Je fais des choses seules... jamais je me permettrais d'infliger cela à Zoey... Je tiens à elle Enzo, vraiment. Crois moi... Mais... Parfois, c'est dur d'être forte tout le temps et de sourire alors qu'au fond tu as juste envie de crier...
Je disais encore ce mal être à Enzo et les larmes refirent surface et l'une d'entre elles m'échappa. Je la séchais de suite avec mon index ne voulant pas recraquer encore.
- J'aurais juste aimé qu'elle ait une enfance normale... idyllique. Parfaite. L'enfance que toi et moi aurez rêvé avoir mais qu'on a pas eu...
Oui, j'accusais encore mon ex, parce qu'elle ne se rendait pas compte qu'elle ne se faisait pas seulement du mal, mais elle en faisait indirectement à Zoey. Elle commence à voir les indices, ce qui nous rend heureux, et ce qui nous rend malheureux. Et si elle n'avait encore rien dit à sa mère, ça ne saurait tardé, quand elle saura parfaitement bien parler, quand elle saura parfaitement bien s'exprimer, Maxyn se rendra compte que son malheur est contagieux. Mais pour elle, elle ne faisait rien devant sa fille, et c'est tout ce qui comptait. Cette conversation ne mène vraiment à rien. A croire qu'elle se cherche une excuse pour continuer à faire toutes les conneries qu'elle est en train de faire. Je commençais à en avoir marre, marre qu'elle me répète la même chose, marre qu'elle me parle de ce fichu Abel et qu'elle ne me dise pas ce qu'il s'est concrètement passé avec Saul. Mais je me retenais, je ne voulais pas m'emporter, je ne voulais pas qu'elle me claque la porte au nez pour continuer toutes ces merdes qu'elle s'est infligé pour faire semblant d'être bien. Oui, elle aurait aimé que Zoey ait une vie de famille parfaite, celle qu'on a toujours aimé avoir. Mais mon calme s'évanouissait un peu Sauf que ce n'est pas le cas Maxyn, et elle grandit vite, très vite. Et elle est loin d'être conne. Je suis sûr qu'elle voit déjà que tu n'es pas heureuse. Il va vraiment falloir que tu te remette sur pied avant qu'elle ne se doute de quoi que ce soit. Je soufflais un bon coup, sentant que j'avais été un peu trop agacé sur le moment, alors que je ne le voulais pas. Alors que je voulais aidé mon ex. Je me relevais et me dirigeais vers ses DVDs. Alors on se le regarde ce film ? Je m'accroupissais, ne sachant clairement pas quel film on pouvait regarder. Après ce genre de discussion, il fallait bien qu'on trouve quelque chose pour se détendre.
“The best way to not get your heart broken, is pretending you don't have one.”
J'avais senti son ton agacé, il devait se retenir de me hurler dessus. Il bacla rapidement le sujet et se leva pour chercher un DVD parmi tout ce que j'avais. Peut être avait-il encore quelques de ses DVD parmi les miens... J'étais plus à fond sur Netflix ou des chaînes pour enfants pour Zoey.
Alors je ne répondis pas, je le laissais chercher avec agacement sans doute un DVD. Je le laissais peut être trente secondes agir ainsi avant de me lever pour me mettre à genoux à côté de lui.
- On peut chercher ensemble.
J'avais dit cela tout doucement, mon épaule touchait la sienne et mes yeux avaient croisé les siens l'espace de deux secondes mais ils revinrent rapidement se poser sur les DVD que je possédais. Je ne voulais aucunement des comédies musicales, des films d'amour... Peut être des films d'aventure ou des comédies pour rire.
- Quelque chose pour rire ?
Lui demandais-je sans chercher son regard cette fois ci. Il était bien trop prêt mais à peine cette question prononcée, quelqu'un toqua à la porte. Le livreur de pizza sans doute... enfin j'espérais.... Car si c'était mon voisin qui venait réclamer son shit, j'étais mal.
- J'y vais.
Avais-je dit rapidement, mettant ma main sur son bras gauche pour l'empêcher de bouger. J'allais en courant vers la porte d'entrée et j'entrouvris cette dernière et là c'était.. mon voisin. Jaco. Le fameux pote de Nina que je n'étais censée plus "voir" car Nina m'avait menacé, mais.... les règles étaient dures à respecter. Sans attendre, j'enfermais Enzo dans la maison, parlant avec Jaco le suppliant de revenir ce soir vers 22h car là je ne pouvais rien lui donner. Il commença à hausser le ton et j'espérais qu'Enzo n'entende rien car je n'avais pas envie de lui mentir une fois de plus. Je lui avais promis de ne rien faire devant lui et je comptais respecter ma promesse.
Devant son petit nombre de dvds, je me rendais compte qu'elle ne devait certainement plus en acheter des masses.Mon regard se posa inévitablement sur le dvd que je lui avais offert, Moulin Rouge, et je me sentais assez mal, surtout que ce fut à ce moment-là où elle vint m'aider à trouver un film, où son épaule frôla la mienne et que je me suis senti en faire toute une fixette alors qu'elle me cherchait du regard. C'est pas vrai. Pourquoi fallait-il que je me sente si mal à l'aise avec elle, quand elle est si proche de moi. Faut croire que moi aussi j'ai certaines choses à régler. Ou une poisse à vraiment faire passer. Parce que oui, je me sens maudit avec mes relations amoureuses. Pourquoi n'avais-je pas réussi à en avoir une des plus normales depuis que j'avais quitté Maxyn. Une sorte de karma, et oui j'y crois depuis peu. Voilà pourquoi aussi je me sens si redevable envers elle. C'est comme si j'étais coincé dans ce passé qui n'arrêtais pas de me rattraper. C'est alors qu'on frappait à la porte. Ca ne pouvait pas être déjà le livreur de pizza, le temps n'avait pas filé aussi vite. Ou peut-être. Toujours est-il que je ne voulais pas qu'elle paye. Alors je me redressais, cherchant le cash dont j'avais besoin pour payer le livreur. Mais le fait qu'elle m'ait enfermer à l'intérieur ne me disait rien qui vaille. Non, ça sentait mauvais. Et pas seulement à cause du shit qui restait encore encré chez elle. J'entendais des chuchotements. Je ne voulais pas savoir ce que c'était exactement, je savais juste que c'était encore une de ses affaires louches, et non, valait mieux pas que j'entende quoi que ce soit. Alors j'ouvrais la porte à la volée et je disais sans prendre la peine d’ausculter le type devant nous Clairement pas le livreur. Je le fixais, et mon regard était loin d'être sympathique, il voulait dire dégage avant qu'il ne t'arrive quoi que ce soit. Et pas besoin d'être chez les stups pour voir un grand drogué sous ses yeux. Rentre Maxyn. Je fixais toujours le type, attendant que mon ex daigne m'écouter et trouve enfin la voie de la raison.
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Jaco ne semblait pas vouloir m'écouter et voulait son shit de suite car ce soir il partait chez son plan cul. J'avais beau lui expliquer que je ne pouvais pas mais il était comme hypnotisé par l'appel du shit... Chose que je pouvais comprendre mais là ce n'était clairement pas le moment. On avait beau chuchoter, il commençait à monter en pression jusqu'à qu'Enzo vienne nous interrompre. Sa voix fut froide et en quelques mots j'avais ressenti sa déception et sa haine. Encore. Je regardais Jaco et je lui faisais signe de partir.
- Je veux ce que tu me dois Maxyn! Et après je vous laisse!
Enzo m'ordonna de rentrer... Je voulais pas avoir d'ennuis ce n'était pas le moment... Puis quand Enzo menaça Jaco du regard, ce dernier se recula de quelques pas.
- C'est bon Enzo c'est rien.
Je le pris par la main le forçant à rentrer même si je sentais son regard... ailleurs. En tout cas Jaco comprit le message. Je forçais Enzo à rentrer. Il était si musclé, si grand par rapport à moi mais j'y arrivais tant bien que mal.
- C'est bon il est parti, c'est pas un mauvais gars je te promets.... Il a juste... des problèmes.
Je savais que je m'enfonçais et là je savais que j'allais perdre Enzo. Je lui avais dit que j'allais faire aucun faux pas, et je commençais à peine à me confier et là juste cette arrivée pouvait tout changer. Je fermai la porte, tenant toujours la main d'Enzo... Je la relâchais...
- Je te promets qu'il n'a jamais croisé le chemin de Zoey. Et c'est pas mon dealer ou je ne suis pas sa dealeuse ou ce que tu crois.
Je commençais à paniquer, mon coeur battant à cent à l'heure. Je lui avais demandé de rester et il pouvait me laisser seule à tout moment.. .Comme une pauvre merde. Je ne savais plus où me mettre... je restais juste contre cette porte pour empêcher Enzo de partir s'il l'envie lui prenait.
- On... fume ensemble et j'ai encore des choses à lui à la maison... Cachées dans ma chambre, Zoey n'y rentre jamais.
Il était hors de question que ce pauvre type ait ce qu'il était venu chercher. Peu importe qu'il soit en droit ou non, avec moi chez Maxyn personne n'aura rien. Même si ça peut paraître au grand frère protecteur ou au petit ami jaloux, j'en avais rien à faire. Je voyais de plus en plus les ténèbres de mon ex et je ne comptais pas rester planté à rien faire, pas comme lorsque nous étions un vrai couple. Heureusement pour le type il décida de partir, même si Maxyn essayait de me faire comprendre que ce n'était rien. Je me laissais faire, après être sûr que le pauvre type soit parti, je la laissais me prendre la main pour nous ramener à l'intérieur. Je la laissais faire alors que ce n'était clairement pas à elle de me dire ce que je devais faire. Mais elle avait clairement encore ce talent pour me calmer avant même que je ne perde mon sang-froid. Parce que je n'ai jamais voulu la décevoir ou lui faire peur. Même si j'aurais été prêt à tout pour elle. Même encore aujourd'hui. Elle m'expliqua alors la situation. Je la regardais, plaquée contre la porte, comme pour m'empêcher de péter un plomb et de partir aussi vite que j'étais arrivé. Oui, j'avais envie de partir. Parce que je découvrais trop de choses, et pas seulement sur mon ex. Je commençais à me faire peur. Il fallait que je me calme. Mais pour ça, elle n'aurait jamais du me dire qu'elle avait encore de la came dans sa chambre. Et quand elle sera en âge d'y rentrer ? Et quand elle tombera dessus, quand elle voudra goûter, quand elle sera bien trop curieuse tu feras quoi ? Hein ? Elle menait vraiment à mal mes émotions aujourd'hui. Et j'avais l'impression d'en devenir fou. Non, il fallait que j'arrête de me mêler de la vie de Maxyn, il fallait que je me retire cette envie d'aller dans sa chambre pour brûler tout ce qui pourrait leur nuire, à elle et à notre fille. A la place, il fallait que je me détende. Tu n'as qu'à nous mettre Mary à tout prix. J'arrive. J'allais direction la salle de bain, pour me rafraîchir un peu et surtout pour me calmer face aux conneries de la blonde.
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Il était énervé et je le comprenais. Je lui avais promis de ne rien faire devant lui et voilà que Jaco débarquait. Ca voulait dire qu'il tenait encore un peu à moi tout cela? Ou faisait il tout ça pour notre fille? Peut être les deux? Non il ne fallait pas que je me fasse de fausses idées... Alors je le laissais hausser un peu le ton, j'étais comme une petite fille devant le fait accompli. Je baissais juste les yeux, honteuse. Je pensais qu'il allait me forcer à dégager de la porte et qu'il allait partir... Mais non.
Et lorsqu'il parla du DVD, je relevais les yeux vers lui, le voyant partir vers la salle de bain. Je devais faire quoi? Le suivre comme il m'avait suivi? Ou mettre le dvd? De peur, je pris la décision de mettre le dvd... Peut être avait il besoin de souffler et de se passer un peu d'eau sur le visage pour faire descendre la tension.
En deux petites minutes, j'avais mis le dvd en question et je restais debout face à la télé, réglant le menu, pour la langue choisit avant de reprendre depuis le début. Mais il n'était toujours pas là.
- Enzo? Ca va?
Je parlais assez fort, sans crier, pour savoir si tout allait bien à la salle de bain. Je ne voulais pas me sentir intrusive... alors que j'étais chez moi mais... si j'étais trop collante j'avais peur qu'Enzo le prenne encore mal. Alors que tout à l'heure on avait été si proche et si... bref...... pourquoi j'espérais toujours autant de sa part? Je savais que le souci, cette fois ci, c'était moi. J'avais réussi à le calmer pour l'énerver encore et encore.
- Le film va commencer...
Je m'asseyais sur le canapé, les jambes raides tombant sur le sol, j'attendais Enzo. Pourquoi j'avais cette peur au ventre? Cette peur de l'abandon? Ah oui car Enzo avait vécu ici et était parti et... non Maxyn, n'y pense pas... Tout va bien...
Oui, il fallait que je rassemble au plus vite toutes mes idées, tout ce qui faisait que j'étais le plus responsable de nous deux. Oui, il le fallait. Pour que tout se passe bien de nouveau. Il ne fallait pas que je m'énerve, cela ne mènerait à rien de toute façon. Et il fallait que je me renforce pour éviter de nouveau de retomber dans une boucle de laquelle je mettrais du temps à me remettre. Il fallait que j'arrête de voir Maxyn comme mon ex que j'aimais toujours au fond, et seulement comme la mère de ma fille que je veux aider seulement pour ma fille. Je me rends bien compte que je veux lui faire amende honorable mais je m'enfonce. Et ce n'est clairement pas bon, si on ne veut pas se noyer tous les deux, il fallait que je garde la tête hors de l'eau. Que cette journée se passe sans dérapage. Alors que je sentais bien que la blonde essayait le rapprochement. Comment lui en vouloir ? Après tout, elle avait besoin d'être soutenu. Mais ce n'est pas le genre de soutien que je voudrais lui donner. Parce que ce n'est pas celui-là qui va la guérir. Je le ferais si je savais que ça pourrait l'aider. Mais … voilà que je mets de nouveau à penser à n'importe quoi. Vite, un bon coup d'eau froide sur le visage et je ne pourrais que me sentir mieux. Seulement au moment où j'allais m'essuyer, je remarquais qu'une serviette était toujours accrochée de mon côté. Etait-ce pour les invités ? Pour cet Abel ? Je débloque, vraiment. Et Maxyn qui me demande si ça va. Non, je crois que non. Mais j'avais pas intérêt à flancher, elle a besoin de stabilité et j'allais la lui donner. Je m'essuyais donc et l'entendais me dire que le film allait commencer. Je revenais, la regarder un instant, assise, comme une enfant perdue qui n'attendait qu'un peu d'attention. Je me sens toujours aussi mal pour elle, mais pour moi aussi à présent, et je me sentais tiraillé. En espérant que le film nous permettrait d'oublier un peu tout ça. Je suis là. Lui disais-je d'une voix douce et posée, avant de m'installer non loin d'elle. La repousser ne ferait qu'accentuer son mal-être.
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J'attendais encore et encore et la voix d'Enzo se fit entendre. Je n'avais qu'à appuyer sur lecture pour le que DVD commence. Il arrivait enfin et je voyais bien que ce n'était clairement pas naturel comme situation... Il semblait déranger, tirailler. M'en voulait-il? C'était sûrement cela. Je mordais ma lèvre inférieure de honte et aussi pour m'empêcher de verser encore une larme. C'était ridicule.
Il se mit à côté de moi sur le canapé, je me mis en position "indienne" sur ce dernier appuyant sur lecture, laissant le générique de début s'installer. Je ne parlais pas, il ne parlait pas. C'était... morbide. Pourtant le film était tout sauf morbide... Mais je détestais ce silence entre nous... si encore on pouvait faire comme avant... je l'aurais taquiné, on aurait commenté les scènes du film ou alors j'aurais juste posé ma tête sur son épaule ou lui la tête sur mes cuisses étant épuisé après sa journée de travail mais non. Là on était comme deux étrangers sur un canapé que nous avions autrefois partagé.
Cela devait faire 15 minutes que le film avait commencé et je ne riais à aucune blague, à aucune situation. Je regardais juste Enzo qui semblait définitivement ailleurs... Alors, je me levai. Sans rien dire. J'allais dans ma chambre et je prenais les deux petits sachets de shit que j'avais dans mon tiroir. L'un à moi, l'autre à Jaco.
Je revins au salon, je m'installai à nouveau sur le canapé et je pris la main d'Enzo, sans lui demander, lui mettant les deux paquets en main pour qu'il les jette de lui-même. Je n'arrivais pas à parler, alors peut être qu'agir allait... faire quelque chose. Si je lui disais que je les avais jeté de moi même il ne m'aurait sûrement pas cru alors que là... il allait s'en débarrasser de ses propres mains ce qui pouvait changer la donne.
Je le forçai à refermer sa main sur ces deux paquets, caressant machinalement de mon pouce le dos de sa main, "comme avant" me disais-je dans ma tête... Je ne m'attardai pas sur ce geste avant de recroiser mes bras sur ma poitrine, mes yeux rivés sur le film que je ne connaissais plus que par coeur à force...
La situation était loin d'être agréable. En même temps, en restant ici, avec elle, c'était le grand risque qu'il pouvait y avoir, et je ne vois pas pourquoi j'en étais surpris. Sûrement que si l'autre bouffon ne s'était pas pointé, l'atmosphère aurait été bien plus détendue, et on aurait pu rire face à ce film qui nous avait tant fait rire, et qui était devenu culte. Mais peut-être que lui aussi était bien trop chargé d'histoire, de notre histoire qui avait duré trop et pas assez longtemps. Si on s'était rencontré aujourd'hui, est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Si elle avait eu cet enfant avec un autre, est-ce que je serais tombé assez amoureux d'elle pour ne pas la quitter. Certainement, parce que après tout, ce qui nous a détruit, c'est cet accident, c'est cette vue qui s'était perdu tout comme notre amour. Oui, s'il y avait bien quelque chose que je regrette, c'est de ne pas avoir été assez fort pour nous deux. Alors oui, je veux vraiment l'être maintenant, mais l'étais-je vraiment ? Je ferais mieux de laisser ce boulot à un autre, à un type qui n'aura pas perdu patience, à un type qui sera avide d'en apprendre davantage sur Maxyn, et qui ne verra pas toutes ces cicatrices, qui l'aimera complètement et sans retenue. Oui, je le lui souhaitais, et j'avais l'impression de m'y opposer. La blonde me sortit de mes pensées en se levant. Je ne bougeais pas, fixant mon regard sur la télé sans pour écouter quoi que ce soit, et me concentrais sur les pas de mon ex. Que pouvait-elle bien faire ? J'eus rapidement la réponse, et elle ne m'avait jamais autant agréablement surpris. Pourquoi faisait-elle ça ? Pour me prouver qu'elle voulait vraiment s'améliorer ou seulement pour me faire plaisir ? Peu importe, elle venait de déposer ces petits sachets de shit dans ma main, et je n'en revenais pas. Je la regardais, perplexe, jusqu'à ce qu'elle reparte s'asseoir dans son coin, voyant bien qu'elle venait de faire un effort sur-humain. Je n'osais rien dire. Je regardais les sachets, sachant pertinemment qu'elle s'attirerait des ennuis si je jetais celui qui appartenait au bouffon de tout à l'heure. J'y réfléchirais plus tard. En attendant, je les mettais dans ma poche. Au fait, il s'est passé quoi avec Saul ? Oui, la question me démangeait depuis de nombreuses minutes et je voulais enfin la réponse.