Samedi. C’était arrivé vite et en même temps j’avais compté les jours. Le fait de revoir la souffrance de mon ex m’a complètement retourné le cerveau. J’apprenais de nouveau à la connaître et c’est comme si ces années où elle m’a mené la vie dure n’avait pas exister. Comme s’il n’y avait plus que l’amour qui en ressurgissait. Je me sentais vraiment comme les premières semaines, les premiers mois où je fréquentais Maxyn. J’étais persuadé à l’époque que je l’aimerais toute ma vie d’un amour inconditionnel. Sauf que non, je n’ai pas été assez fort, et ce que je ressens aujourd’hui me prouve bien tout ça. Si je m’étais battu à l’époque, on aurait pu vivre ensemble aujourd’hui et parfaitement heureux. C’est ce que je me dis alors qu’au final, je n’en savais strictement rien. Toujours est-il que je ne pouvais plus passer à côté d’elle, j’avais besoin de la revoir, de la toucher, de l’embrasser. Est-ce que je voulais de nouveau essayer quelque chose avec elle ? Peut-être pas. J’ai vraiment la trouille franchement. Et si j’ai remarqué son état perdu, je l’étais tout autant. Je pensais à Delilah de temps en temps oui, j’aimais sa présence et passer du temps avec elle. Mais ce que je ressens pour Maxyn c’est … totalement indescriptible. Et je ne comprends pas pourquoi. Et je n’arrive clairement pas à me contenir. J’avais bien plus besoin d’être avec elle que n’importe qui. Bon il y a ma fille évidemment, mais elle n’est clairement pas dans la course. Je venais donc sonner chez mon ex, vers 11 heures, comme prévu, prêt à lui annoncer le programme du jour. J’aurais pu le faire plus tôt, mais je voulais savoir si ça leur convenait, ou qu’on puisse en parler avant de partir si ça ne leur convient pas. J’étais assez anxieux à vrai dire. Ce n’était pas un rencard, et heureusement, mais je me sentais tout autant stressé que si cela en avait été un.
- Maman, maman! - Va ouvrir ma chérie. - T'es encore malade? - C'est papa Zoey, va ouvrir.
J'étais enfermée dans la salle de bain depuis plus d'un quart d'heure. Mes nausées étaient revenues, enfin elles n'étaient jamais parties. Aujourd'hui c'était bien plus oppressant et douloureux mais je mettais tout cela sur le compte du stress. Aujourd'hui c'était une journée "famille". Ca me paraissait impossible... A tous les niveaux. Une journée "famille" alors que... Oui Enzo était le père de Zoey, oui. Aucun doute. Mais ça faisait longtemps qu'une journée à trois n'était pas arrivée. Oui à trois. Rien qu'à trois... Non quatre. Clairement pas quatre.
- Dis lui que j'arrive, je finis de me maquiller.
J'entendais les petits pas de Zoey fuir vers l'entrée. Je me relevais difficilement, baissant la cuvette des WC, tirant la chasse, me posant ensuite devant le miroir. Je m'étais bien maquillée pour Enzo, pas non plus à outrance mais j'avais fait un réel effort de présentation. Efforts jetés à la fenêtre après ses vomissements incessant. Je m'aspergeais le visage d'eau fraîche en me lavant rapidement les dents... Je ne ressemblais définitivement à rien alors je finissais par me démaquiller. Mon mascara avait été foutue en l'air et là... Au moins j'avais ma tenue. Tenue simple mais j'avais mis des vêtements assez près du corps pour me mettre en avant sans tomber dans la vulgarité, surtout pour une journée familiale, ce n'était pas l'instant précis pour arriver avec un décolleté au nombril et une robe ras les fesses.
Je fis quelques pas vers la porte, je l'ouvris légèrement avant d'hurler dans le couloir sans sortir de la pièce.
- Sers toi un truc à boire... J'arrive!
J'essayais de garder la pêche, le sourire. Je ne voulais rien laisser transparaître pas en cette journée qui devait être positive, ensoleillée et joviale de A jusqu'à Z. Alors, je vins rapidement me mettre du rouge sur mes lèvres, un peu de mascara et de blush sur mes joues pour cacher ce teint cadavérique. Pas le temps pour le primer, le fond de teint, l'illuminateur, l'anti-cerne. Ca irait... Je l'espérais.
Je me recoiffais, j'avais laissé mes cheveux ondulés et lâchés. J'avais mis un jeans-slim taille-haute qui me gainait à merveille et mettait mes fesses en avant. Je l'avais accompagné d'un body noir qui maintenait ma poitrine en place sans avoir un décolleté certes, mais j'étais contente de la fermeté et maintient qu'il me donnait. J'avais opté pour des baskets basses, après tout "journée ensemble" allait rimer avec marche certainement donc les talons étaient à rayer de la liste.
- Allez Max, sois forte.
Je soufflais et je prenais un cachet contre les vomissements avant de mettre quelques pilules dans une de mes poches avants. Je me grattais ma gorge et je sortais enfin de la salle de bain. J'espérais que Zoey n'ait rien dit d'inquiétant à son père. Je voulais éviter les mots "maladie" ou "vomis" ou autre. J'avais recommencé à manger un peu plus, je voulais qu'Enzo le voit aujourd'hui même si là avec les nausées, l'appétit n'était clairement pas au rendez-vous, mais j'allais me forcer.
Je marchais dans le couloir me forçant à avoir une attitude décidée avant de tomber sur Enzo dans la cuisine, Zoey dans les bras qui lui décoiffait déjà à coeur joie ses cheveux. Pitié qu'elle n'ait rien dit.
- Salut Enzo désolée je finissais de me préparer.
Comment le saluer? Je ne pouvais pas l'ignorer ou le "checker". Mais l'embrasser devant Zoey... Non. Déjà qu'elle m'avait posé des questions sur cette journée. "Papa et toi vous vous êtes fait des bisous?" m'avait-elle demandé un soir devant un Disney. Elle était déjà trop intelligente et mâture pour son âge. Alors, je vins vers Enzo et j'embrassais avec toute délicatesse la commissure de ses lèvres sans trop m'attarder pour autant.
- Motivé pour aujourd'hui? Je suis plus que prête. J'ai mes chaussures de course!
Je montrais mes pieds de mes mains avant de m'adosser à l'évier pour les regarder là, tous les deux. Heureux d'être réunit.
- Maman t'es trop belle!
Lâcha Zoey le sourire collé aux lèvres et mon regard vint se poser instinctivement sur elle puis sur son père. Je me sentais gênée et intimidée. Alors que ce n'était qu'Enzo mais cette journée voulait dire beaucoup pour moi et ce n'était pas juste "une journée comme ça". Enfin... J'espérais bien interpréter les signes.. et voilà que je me remettais à me mordre ma lèvre inférieure sans trop savoir pourquoi. Un vrai tic.
Une légère boule au ventre fit son apparition quand je venais enfin de sonner. C'était stupide, ce n'était pas comme si c'était le premier rendez-vous que j'avais donné à Maxyn. Au contraire. On avait été même tellement proche qu'on savait parfaitement ce que l'autre appréciait ou détestait. Cette complicité qui s'était finalement bien trop rapidement évanouie quand je l'ai sentie s'éloigner de plus en plus à cause de son accident. Cette complicité que j'étais surpris d'avoir retrouvé si vite la dernière fois. Et pourtant, c'était comme si on apprenait de nouveau à se connaître. Avec notre fille. Qui vint m'ouvrir d'ailleurs. Elle n'avait pas encore quatre ans et pourtant, elle est si débrouillarde. Elle grandit bien trop vite d'ailleurs. Mais je n'y pensais plus quand j'aperçus son sourire radieux une fois la porte ouverte avec un peu de difficulté. Je lui souriais de la même façon Ma princesse ! Papa ! Elle se précipitait vers moi et je la rattrapais pour la faire voler dans les airs. Elle s'était mise à rire avant que je ne la serre enfin contre moi pour lui faire un gros bisou sur sa joue toute douce. Je la gardais dans mes bras tout en rentrant dans l'appartement de sa mère. Je refermais derrière moi et j'entendais la blonde me dire de me servir à boire. Je ne me faisais donc pas prier et allais me servir un simple verre d'eau alors que ma gamine n'arrêtait pas de m'embêter. Elle n'attendait qu'une fois, des chatouilles, alors forcément une petite guerre éclata bien rapidement dans la cuisine alors qu'elle riait comme une folle. Maxyn fit son apparition dans la cuisine et je ne pouvais qu'admirer son effort de belle présentation. Et pourtant, elle ne portait rien de sexy, pas comme l'autre jour au commissariat, mais elle était belle, terriblement belle. Je me laissais bien trop subjuguer et déstabiliser, surtout quand elle vint m'embrasser pour me saluer, bien trop proche de mes lèvres. Je lui souriais, en coin, pas très sûr de moi, alors que je sentais le regard de notre fille sur nous. Je vois ça ! Répondais-je à mon ex quand elle me parla de ses chaussures de course. Je n'eus pas le temps de répondre davantage que Zoey complimenta sa jolie maman Je confirme. Ajoutais-je tout en continuant de regarder la blonde. Que diriez-vous d'un pique-nique ? On pourrait le préparer ensemble ? J'ai pris ce que j'avais chez moi avec une bouteille de blanc et de jus.
Les regarder heureux ensemble me faisait sourire et m'aidait à oublier /un peu/ mon estomac bien trop noué. Même si là, après avoir vomi ça allait déjà mieux, les cachets devaient aider à me maintenir stable. Je continuais de me mordre ma lèvre inférieure avant d'arrêter pour sourire encore plus aux mots d'Enzo. Oui Zoey me trouvait belle, certes, mais Enzo c'était toujours différent. Bien évidemment. Je le regardais timidement dans les yeux avant de revenir sur Zoey qui ne semblait pas vouloir le quitter.
- Un pique-nique? Pourquoi pas! Ca fait un moment que je n'ai pas pique-niqué, Zoey adore ça! Il fait beau on peut en profiter!
Je me dirigeais vers le frigo, me baissant pour voir ce que j'avais à emporter. Il y avait du jambon, de la mayo, j'avais des gâteaux dans les autres placards, les yaourts préférés de Zoey, des cornichons... Bon pour un simple pique-nique ça devrait le faire et rien que de voir de la nourriture ne m'enchantait pas plus que ça, mais je tenais jusqu'à présent.
- Ca va être assez simple de notre côté...
Je me redressais en me grattant l'arrière de la tête. J'ouvrais un autre placard, zieutant les gâteaux qui me restaient jusqu'à que j'entende Zoey rire et faire des bisous à son papa. Je me retournais, c'était vraiment attendrissant. J'aurais aimé qu'on forme une famille... normale mais peut-être que c'était mieux ainsi. Peut-être.
- Zoey tu veux emmener des jouets avec toi? T'as montré à papa les dernières peluches que je t'ai offertes? - Non! Je vais les chercher!
Elle descendit des bras d'Enzo, toute pressée et excitée et se dirigeait en courant vers sa chambre. Elle allait encore tout mettre sans dessus-dessous mais je rangerais demain.
- Zoey est vraiment contente de passer la journée avec toi.. et moi. Ca fait bizarre. Tu ne trouves pas?
Je souriais en coin en commençant à sortir les gâteaux des placards, les laissant sur la table. La même table où il m'avait soigné il y a quelques temps... Avant qu'on finisse dans ma chambre. Je devais arrêter de penser à ça.
- Tu nous as emmené quoi? Je suis curieuse!
J'étais curieuse mais l'envie de manger n'était toujours pas là. Mais je voulais voir ce qu'Enzo avait emmené comme j'étais curieuse de voir ce qu'il nous avait réservé. Puis même il aurait pu me dire qu'on allait en prison le temps d'une après-midi que j'aurais été contente juste car il était là. C'était bête de penser ainsi, surtout que là, on était que nous deux à la cuisine. Et il me manquait alors que j'étais complètement perdue. Alors je regardais discrètement dans le couloir, Zoey était toujours dans sa chambre. Mauvaise idée à l'horizon mais j'en avais envie, besoin. J'étais irrécupérable. Alors je m'approchais d'Enzo, prenant son visage entre mes mains, me mettant sur la pointe des pieds et j'embrassais délicatement ses lèvres pour le saluer comme il le fallait.
- Désolée si c'est pas trop approprié à la situation... Ou si j'interprète mal quelque chose.
Soufflais-je contre ses lèvres avant de lâcher son visage de peur que Zoey atterrisse comme une furie ici à tout instant. Je me sentais honteuse mais j'en avais eu envie. Puis ce n'était qu'un simple petit baiser. Rien de mal... Mais... Voyait-il encore l'autre femme dont il m'avait parlé? Pourquoi je ne pouvais que penser ainsi? Soit mal penser? Ou trop penser? Après tout il était ici, aujourd'hui avec nous. Il m'avait avoué à demi mots qu'il ressentait quelque chose pour moi... Ou alors j'essayais de trouver une façon comme une autre de me détacher de lui, pour me forcer à prendre une décision sur ce qu'il y avait, ou non, à l'intérieur de mon ventre. Déjà, il faudrait commencer par acheter un test de grossesse. Je n'aurais mes règles que dans une semaine et demie et c'était encore trop long d'attendre... trop long mais j'avais trop peur d'aller dans une misérable pharmacie acheter l'objet qui résoudrait sûrement bien des problèmes pour m'aider à avancer.
Je n’avais pas non plus envie de prévoir tout un tas d’activité. Je voulais juste passer du temps avec Zoey, mais avec Maxyn également. C’était certainement bien trop évident, mais je me cachais un peu derrière Zoey. Le fait qu’elle ne dorme pas, ou qu’elle ne soit pas chez la nounou, nous empêcher de trop nous rapprocher. Parce que même si je voulais passer cette journée avec mon ex, ça me faisait tout de même peur. On ne savait pas non plus où on en était et il serait peut-être temps de mettre les choses à plat. J’étais bien trop posé et vieux pour imaginer une double relation, pour avoir deux relations pas spécialement sérieuse. Avec Delilah, oui, je pourrais être heureux, elle me plaît depuis presque deux ans. Mais ce que je ressens pour Maxyn est certes bien plus passionnant et prenant, mais ce sont des sentiments qui peuvent s’avérer dangereux. Et je n’ai pas spécialement envie de me brûler les ailes. Alors oui, pour l’instant je reste prudent. Je jouais encore avec ma fille, ou plutôt elle jouait encore avec moi alors que sa mère regardait ce qu’elle pouvait bien avoir dans le frigo et placards. Maxyn proposa alors à notre fille de me montrer ses nouvelles peluches. Je sentais le guet-apens. Je m’appuyais alors contre l’évier, bras croisés sur mon torse alors que la blonde me faisait part de l’enthousiasme de Zoey. Du fait également que c’était assez étrange comme situation. Même si pour ma part, je ne l’aurais pas dit ainsi Un peu. Mais j’ai comme la sensation qu’on aurait du faire ça depuis longtemps. Parce que non, on n’aurait pas du se séparer, je n’aurais pas du la quitter. J’avais besoin de me rattraper de nouveau, et cette fois-ci de cette manière. Maxyn me demandait alors ce que j’avais pris de mon côté Une bouteille de vin blanc, du jus de fruit, trois baguettes de pain et un peu de charcuterie dont du saucisson. Lui disais-je avant qu’elle ne s’approche de moi. Je sentais ce piège qu’elle avait voulu me tendre en envoyant Zoey chercher ses jouets. Mais celui dont on a envie. Celui où elle vient m’embrasser délicatement, m’entourant le visage de ses douces mains et qui me réconfortait. Loin de moi l’envie de la repousser, au contraire. Ma main était même venue se caler au bas de son dos par réflexe. Mais avec Zoey dans les parages, je ne pouvais pas aller au bout de mes envies. Les paroles de mon ex me firent sourire et retirais à contre cœur ma main de son corps, vu que Zoey pouvait revenir à tout moment Non ne t’excuses, je ne te facilite pas la tâche non plus … Pas le temps d’en rajouter davantage que notre petit bout de chou n’arrivait en furie avec ses peluches. Elle n’était peut-être pas en âge de vraiment voir ce qu’il passe, mais la proximité était toujours de rigueur, et j’espérais que ça ne faiblisse pas durant la journée.
Enzo avait tout emmené et ça faisait du bien à voir même si je ne savais pas trop si le vin blanc serait bien accueilli. Après tout si j'avais quelque chose dans mon ventre je savais que l'alcool était obligatoirement à bannir mais si je ne buvais que du jus de fruit je doute qu'Enzo trouve cela normal. Surtout qu'il est au courant de mes soirées trop arrosées donc si je me mettais, d'un coup, à bannir l'alcool de ma vie il n'allait rien comprendre.
Mais bon, tout cela était vite parti en fumée quand j'avais laissé mes lèvres se coller brièvement sur les siennes pour un salue digne de ce nom. Il ne m'avait pas repoussé et avait posé sa main au bas de mon dos. J'avais eu un sourire niais sur mes lèvres pendant quelques secondes mais les mots d'Enzo me laissèrent perplexe. Il ne me facilitait pas la tâche... Qu'est-ce que cela voulait bien dire? Mais Zoey vint vite nous interrompre, sautant sur son père avec ses peluches my little pony. Je m'écartais donc continuant de sortir de la nourriture du frigo puis du placard à gâteaux. J'entendais Zoey présenter ses peluches à son père, c'était mignon. Elle en avait que trois pour le moment, mais 20 euros la peluche on allait y aller molo sur la consommation de ces dernières. Au moins Zoey avait la tête ailleurs et ne parlait nullement d'une maman malade. Mais quand je continuais de trier la nourriture sur la table j'entendis mon téléphone sonner au salon. Je caressais la tête de ma fille, en souriant à son père avant de quitter la pièce. Je pris aussitôt mon portable et c'était Billie. J'ouvris son sms et elle me donnait un rendez-vous demain au parc car elle voulait parler. Je fronçais les sourcils. Aucun mot taquin ou coquin, aucune photo, rien. C'était assez froid. Puis je repensais à Enzo qui était au courant de "ça". Y'avait-il un quelconque rapport? Après tout on avait pas eu le temps de finir cette conversation avec Enzo... Je n'étais même pas sûre de vouloir la finir d'ailleurs. Je répondis juste un "ok pas de soucis" à Billie, mettant mon téléphone dans une de mes poches, revenant auprès de Zozo sénior et junior.
- Zoey tu veux toutes les emmener? Ca va prendre de la place... Pourquoi tu prends pas juste ta préférée?
Elle fronça les sourcils et fit la moue avant de se coller à la jambe de son père avec ses peluches dans ses petits bras. Ah, elle comptait sur super papa pour qu'il lui dise oui. Je ne pouvais pas lui en vouloir après tout. C'était juste drôle comme situation car on avait jamais été confronté aux vrais problèmes de parents. Soit les décisions à prendre à deux, ou alors une Zoey qui ne voulait pas m'écouter et attendait l'appui de son papa ou bien l'inverse. C'était nouveau comme situation. Mais je me mettais à sa place, elle ne devait pas trop comprendre pourquoi d'un coup papa et maman sortaient avec elle pique-niquer alors que d'habitude c'était "chacun sa journée".
- Papa va pas décider à ta place tu sais... Ce ne sont pas ses peluches. Puis regarde elles t'encombrent trop! T'arrives à peine à les tenir dans tes petits bras. - Papa! S'il te plaît?
Je levais les yeux au ciel mais je trouvais ça attendrissant. Dérangeant un peu mais attendrissant. J'appréciais qu'elle soit proche de son papa et j'étais contente qu'elle en ait un. Il y a deux ans je me voyais l'éduquer seule jusqu'à ses 18 ans... Enzo nous était trop important. Mais là avec sa dernière phrase et le sms de Billie, j'étais pommée. Est-ce que je trompais Billie avec Enzo? Ou alors est-ce que je trompais Enzo avec Billie? On ne s'était rien promis avec Billie, c'était du sexe, point final. Mais j'étais si accroc à elle. Elle ne faisait que me répéter que j'étais à elle, que je lui appartenais. Mais elle aussi voyait bien des gens de son coté, non? Puis Enzo... M'avait l'air dérangé par la situation que je vois des femmes, je repensais à Eric aussi. Ou Abel. Que voulait-il? Juste une aventure sans prise de tête à l'abri des regards? Sans parler d'exclusivité ou d'un quelconque sérieux? Je m'exaspérais de trop penser. Alors si j'étais... bref.
- Zoey, ton papa va pas décider pour toi. - Quand je suis toute seule avec lui il est plus gentil que toi...
Elle fronçait encore les sourcils et étripait limite ses peluches tant elle les serrait. Je soufflais et je croisais mes bras sur ma poitrine.
- Alors soit, n'écoute que ton papa. - Ouiiiii!
Ce n'était que des peluches, rien de grave... Non, rien de grave.
Le fait de se sentir obligé de se cacher était loin d’être agréable. Et pourtant, nous n’avions pas vraiment le choix. C’était en soit assez perturbant pour Zoey, pas besoin d’en rajouter davantage. Elle était donc revenue avec ses trois peluches de poney, qui semblaient énormes dans ses bras. Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire tellement elle est craquante. Elle avait tout pris de sa mère et je ne comprenais décidément pas où mes gènes se trouvaient chez elle. Et pourtant, ça ne faisait aucun doute que je sois son père, elle a même quelques-uns de mes traits, mais rien de bien flagrant, pas comme avec Maxyn. C’est alors que s’en suivit une grande conversation, ou plutôt un grand débat pour savoir si Zoey pouvait prendre toutes ses peluches. J’avais bon dos tiens. Mais les voir ainsi que procurait une sensation de joie, d’amusement même et j’étais curieux de savoir jusqu’où le petit diable était prêt à aller. Surtout qu’elle était bien plus capricieuse avec moi qu’elle ne l’est présentement. Faut dire aussi qu’on est tous les deux-là et elle ne se rend pas compte que c’était bien plus facile pour nous. On pouvait lui tenir tête tous les deux et elle n’aurait personne d’absent sur qui se reposer. Personne qui peut influer sur son éducation. Quand Maxyn lâcha l’affaire en lui disant de m’écouter, j’en profitais pour enfin répondre. Je n’allais pas les laisser ramer indéfiniment, même si c’était plutôt un spectacle plaisant. Zoey avait posé son regard sur moi, totalement suppliant, pensant que j’allais céder. Peut-être que j’aurais pu oui, mais face à sa mère, je ne me voyais pas du tout le faire Alors écoute ta maman Zoey. Elle se mit alors à bouder méchamment, cherchant une solution, mais se rendant compte qu’il n’y en avait plus. Sauf que je ne voulais pas la laisser dans un pareil état. Si on vivait tous ensemble, si on avait une parfaite vie de famille, oui, je serais bien plus intransigeant, mais je voulais que cette journée soit parfaite. Hors de question de lui voir cette bouille si renfrognée. Je m’accroupissais alors face à ma fille et lui proposais Mais tu sais ce qu’on peut faire ? Tu en gardes une dans tes bras et je t’en prends une autre dans mon sac. C’était déjà mieux deux qu’une non ?
Je n'avais jamais pensé à qui avait le beau rôle entre Enzo et moi. Y'avait toujours un parent cool et un parent strict. A croire que Zoey avait choisi qui était qui. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle voyait Enzo moins souvent que moi et le peu de fois où ils se voyaient ça devait être magique. Un peu comme quand je voyais Enzo. Et si ça se passait bien car on se voyait peu? Et si on se voyait plus souvent ça allait redevenir comme avant? Non, j'avais changé. Je n'étais plus aveugle mais un autre handicap avait pris le dessus. Je regardais mon bras gauche et on voyait encore mes cicatrices par rapport à mes scarifications. Je disais à Zoey que ce n'était que des méchantes griffures de chat, heureusement qu'elle était encore petite pour croire à tout cela... Inconsciemment, je touchais mon ventre de mon autre main tandis qu'Enzo était de dos à parler à Zoey et à être le papa le plus cool au monde. Enzo avait eu du mal à avoir Zoey, à avoir cette complicité actuelle et je ne me voyais pas... Lui faire subir cela encore. Contre son gré. Contre mon gré aussi pour le coup.
- Enzo...
Il fallait que je lui dise non? Il allait me détester et me jeter s'il apprenait que je lui avais menti encore longtemps. Mais non, ce n'était pas le moment. C'était une journée à trois, en famille, pas une journée à "quatre" et à déprimer ou se prendre la tête. Alors je me rattrapais vite.
- Heureusement que Zoey t'as!
Zoey avait arrêté de bouder, un peu du moins. Elle gardait le petit poney bleu dans ses bras tandis que je reprenais le blanc pour qu'Enzo mette le dernier dans son sac comme il lui avait promis. Je les laissais tous les deux dans la cuisine tandis que j'allais dans la chambre de Zoey voir les dégâts et effectivement c'était Bagdad.
-Zoey ta chambre!
Hurlais-je en levant les yeux au ciel. Mais là pas le temps de ranger, je me contentais de poser le troisième petit poney sur son lit avant de les rejoindre à la cuisine.
- Les poneys sont pas assez grands pour que tu ne les vois pas? Fallait que tu jettes toutes tes autres peluches au sol?
J'arquais un sourcil avant de finir de déposer le reste de la nourriture sur la table de la cuisine. Je pense que là on était bon et qu'on avait largement de quoi manger pour un simple pique-nique.
- Je peux mettre ma nourriture avec la tienne? Promis on prend pas de place.
Je n'avais pas de sac à pique-nique.. rien à vrai dire. Je n'étais pas trop douée pour faire des "sorties". Enzo avait tout emmené alors si on pouvait partager ça au moins... Ca serait un début. Mais je me voyais pas tout prendre pour acquis en m'installant sans rien lui demander auparavant.
Zoey était désormais collée à Enzo et n'avait d'yeux que pour lui. Elle était agrippée à sa jambe comme un petit Koala à sa branche. Ca ne devait pas être très pratique pour se déplacer mais ça avait son charme. Alors discrètement sans trop parler fort, je vins le remercier pour ne pas m'avoir contredit pour Zoey. Il aurait très bien pu lui dire de tout emmener après tout.
- Merci pour tout à l'heure.
Je triais la nourriture sur la table, me contentant de frôler l'épaule d'Enzo. Zoey jouait déjà avec sa peluche en tenant la jambe d'Enzo, trop préoccupait à tout cela pour venir nous écouter parler.
Voilà, ma bonne action était accomplie. J'avais fait plaisir à ma fille sans pour autant contredire sa mère. Parce qu'il n'y a rien de plus atroce que des parents qui n'arrêtent pas de se contredire. J'avais toujours respecté ça avec Maxyn, même si elle ne s'en est toujours pas rendu compte. Même si on ne parlait pas beaucoup il y a encore un mois. C'était tellement froid entre nous et que parfois je me demande comment ça avait pu si vite évoluer entre nous. Et puis je la revois si mal dans sa peau que ça m'en brise encore plus le cœur. Comment n'avais-je pas pu le voir plus tôt ? Peut-être était-ce simplement ça qui faisait que j'avais toujours eu ce sentiment qu'on avait encore certaines choses à régler, mais que je n'arrivais pas à trouver le courage d'en parler avec elle. Peut-être que cette journée en famille serait l'occasion. Oui, malgré la présence de notre fille, j'espérais qu'on puisse parler sérieusement et posément. Je récupérais donc l'un des poneys de ma fille alors que Maxyn voulait me dire quelque chose. J'avais remonté mon regard vers elle, attendant ses paroles. Je souriais face à ces dernières et me relevais. Zoey continuait de m'embêter alors que sa mère s'absenta avant de crier à travers l'appartement. Zoey se cacha directement dans mes jambes et je ne pus m'empêcher de lâcher un pouffement que je retenais avec ma main. C'est bien la plus dure des tâches en tant que parents, de rester sérieux quand nos gamins font des conneries, mais que ces dernières sont bien comiques. Quand mon ex revint dans la cuisine et posa sa question à notre fille, j'haussais les épaules en même temps qu'elle, tel un innocent Faut croire … Bien sûr c'était pour l'embêter, pour la taquiner, pour qu'on passe une bonne journée tous ensemble. Maxyn me demandait alors si elle pouvait caser sa nourriture avec la mienne Bien sûr, donne moi tout ça. Je récupérais sa nourriture, et rangeais un peu le tout dans mon grand sac qui n'était pas vraiment spécialisé pique-nique, mais qui faisait parfaitement bien l'affaire. C'est alors que la blonde me remercia. Au début, j'avais un peu de mal à me replacer le contexte, mais je comprenais que ça lui avait fait plaisir que je la soutienne avec Zoey. C'est normal. Lui répondais-je simplement avant de me pencher pour attraper Zoey, la portant dans l'un de mes bras et attrapant le grand sac de l'autre et souriais à mon ex On y va?
Voilà que même mon cher et tendre ex venait me taquiner sur l'amour des peluches de notre fille... enfin surtout son amour légendaire pour le chaos, particulièrement dans sa chambre. Je ne relevais rien en lui faisant juste un regard mesquin. Gentiment mesquin. C'était possible ça? Sans doute. Mais bon ça faisait rire Enzo. Normal, ce n'était pas lui qui allait ranger la chambre après. J'aimerais bien savoir à quoi ressemblait la chambre de Zoey chez lui d'ailleurs... Je ne savais même plus à quoi ressembler son "chez lui" tout court.
Au fond, ça me faisait plaisir qu'il me taquine sur ça comme sur autre chose. Je retrouvais un semblant de complicité et ça faisait tout autant du bien qu'un baiser ou une étreinte de sa part. Pour aujourd'hui j'allais me contenter de ça. Avec Zoey, impossible de s'embrasser ou de se tenir la main. Ca allait bien trop la déranger. Enfin... Elle m'avait déjà demandé si son papa et moi allions se remettre ensemble mais lui donner de faux espoir n'était pas dans mes cordes. C'était encore trop compliqué... Et je pensais au sms de Billie de tout à l'heure. Que voulait-elle me dire? Puis peut-être qu'Enzo avait encore des questions sur ma bisexualité. Ca le dérangeait vraiment? Mais comment? Bref... Là je devais juste me contenter de ranger toute la nourriture dans son sac pour être prête à quitter mon cher appartement pour la journée.
Je regardais Zoey toujours accrochée à Enzo, un vrai koala, c'est sûr. Enzo la prit vite dans ses bras et prit le gros sac de l'autre. Un vrai gentleman et horriblement bien foutu. Ok, là je devais calmer mes ardeurs.
- Monsieur est gentleman en plus. Il porte notre fille et ce super sac. Je suis bien tombée!
Je souriais en retour de son sourire. Je prenais mon sac en main qui n'était pas très loin et les clés de l'appart. Je me sentais un peu inutile à ce moment mais bon Enzo semblait content de porter Zoey et toute la nourriture. Puis c'était son idée... Je n'avais rien imposé ou obligé. On se dirigeait vers la sortie, ils passaient devant moi et je refermais ensuite la porte. Je n'avais pas pris de veste, il devait faire 25 degrés aujourd'hui, il y avait des nuages mais le soleil était là malgré tout. Je ne risquais pas de mourir de froid comme une pauvre andouille. J'espérais.
- Tu nous emmènes où? Au parc d'à côté ou tu as repéré un autre endroit où Zoey pourra jouer avec son poney préféré?
Elle était toute contente d'être dans les bras de son père et surtout d'avoir son super petit poney. Etrangement je trouvais Enzo sexy en super papa cool. Ca lui allait bien et j'étais contente qu'il avait fini par accepter Zoey et à l'aimer autant que je l'aimais. Quand il nous avait quitté, je crois que la chose qui m'avait fait le plus mal était le fait qu'il renie sa fille. Certes il ne m'aimait plus, c'était un fait, mais qu'il n'aimait pas sa fille m'avait doublement brisé.
- Avoue t'es contente dans les bras de papa? Elle déteste marcher. A chaque fois qu'on va au parc elle me supplie pour que je la porte. - C'faux... - Oui bien sur. Comme l'état catastrophique de ta chambre, c'est faux ça aussi?
Elle fit la moue et se cacha derrière la tête de son père, lui faisant un énorme câlin. Elle était irrécupérable. Mais je l'aimais. Encore heureux. D'ailleurs je me mettais à rire car la grosse peluche de Zoey cachait 50% du visage d'Enzo tant elle était encombrante. Mais bon il avait voulu la prendre dans ses bras, il devait assumer.
- La vue est belle de là-haut?
Je continuais de rire en lui donnant un coup d'épaule pour le charrier. Je ne savais même pas la taille exacte d'Enzo, 1m90 sans doute. Par là. Je faisais à peine 1m68, j'étais minuscule à côté, alors Zoey avec ses 20cm de hauteur, n'en parlons même pas.
C’était un réflexe pour moi. Il était évident que je porte le lourd sac de notre repas dans un premier temps. Et en plus de ça, Zoey s’était accroché à ma jambe, c’est qu’elle voulait être contre moi. Je ne la vois pas assez souvent pour lui dire de marcher seule ou juste main dans la main, non, j’avais un bras de libre autant en profiter. Et ça semblait plaire à mon ex. Même si en soit, Zoey prenait de la place, surtout avec son poney. Maxyn me demandait où j’allais les emmener et lui répondais Je connais un parc assez sympa, avec une colline où la vue est assez dégagée. Il risquait d’y avoir un peu de monde, mais c’est bien un endroit qui n’était jamais bondé même en week-end, et où on allait souvent Zoey et moi. Faut dire que ce n’est pas loin de chez moi non plus. Mais pour le coup, valait mieux s’y rendre en voiture cette fois-ci. La petite conversation qu’elle venait d’avoir me fit rire. Encore plus quand ma fille se cacha encore plus contre moi, peluche contre mon visage qui m’empêchait d’y voir clair. Zoey … Disais-je en voulant lui faire comprendre qu’elle en faisait trop. Mais elle ne faisait rien de mal non plus, alors je n’en rajoutais pas. Je sentais juste la tête de Zoey bougeait quand sa mère lui demandait si la vue était belle. Je ne pus m’empêcher de rire avec elle, avant qu’on ne se mette en route. Je déposais alors le sac dans le coffre de ma voiture avant d’aller installer ma fille sur son petit rehausseur à l’arrière et bien l’attacher avec son poney. J’attendais que Maxyn s’installe à mes côtés avant de démarrer et de partir en direction du parc que j’avais en tête. La montée n’allait pas être évidente. Mais la chaleur était agréable donc ça n’allait pas être non plus une montée trop atroce. J’avais repris le sac et Zoey dans mes bras pour grimper la colline. Je me tournais vers mon ex et lui disais Je t’aurais bien portée aussi si j’avais eu un troisième bras. Lui disais-je pour rire un peu. Fallait croire que j’étais vraiment de bonne humeur. Parce que cet humour, du moins avec Maxyn, je l’avais perdu depuis bien longtemps.
Le spectacle me faisait rire. Zoey faisait son petit show et prenait clairement Enzo pour acquis et cela à tous les niveaux. Il était si acquis qu'elle se permettait de poser le poney sur sa tête à la limite. J'aurais du filmer cela mais c'était bien trop drôle à voir en vrai et surtout en temps réel.
- Va pour ton parc secret alors!
Enfin secret pas pour lui, ni pour Zoey sans doute, je n'en savais trop rien. Comme je ne savais pas trop leurs habitudes ensemble. Certes il me disait en général comment ça s'était passé mais de là à en discuter autour d'un verre, d'un café ou d'un bon repas... Non. Là le Enzo que je connaissais ou que j'apprenais à redécouvrir c'était plus... Comme le "avant Zoey". A nos débuts. Quand on flirtait où tout n'était que passion et fusion entre nous. Après tout les seuls fois où on s'était revus... C'était... spécial et tendu qu'importe le niveau ou la situation. J'avais encore en tête la jalousie qui l'animait quand Jaco mon voisin avait toqué à ma porte, ou encore quand je parlais d'Abel, ou alors d'Eric et le pire de Billie. Ouais. Il pouvait me dire tout ce qu'il voulait, je voyais que Billie le dérangeait tout autant. Mais hors de question que je remette le sujet au goût du jour. Pas aujourd'hui non. Je voulais redécouvrir Enzo en papa gâteau et oublier mes soucis... Surtout celui qu'il y avait dans mon ventre.
Au bout de quinze petites minutes on était arrivé au fameux parc. Le trajet avait été tranquille. Zoey n'avait fait que jouer avec son poney et chanter comme une casserole sur ses chansons Disney préférées alors qu'Enzo et moi parlions de la pluie et du beau temps sans oublier les talents de non-chanteuse que ma fille possédait... Que notre fille possédait devrais-je plutôt dire.
En temps normal, Zoey aurait fait la moue pour monter cette colline mais heureusement que super papa était là avec ses bras musclés pour la porter. Elle avait la belle vie tiens. C'était clair que moi et le sport ça faisait deux et j'étais déjà épuisée après un étage de monté.
- Te crois pas non plus Monsieur Muscles, même avec un troisième bras t'aurais pas été capable d'avoir tout ce poids sur tes épaules.
Il me taquinait, je le taquinais. Règle du jeu et ça faisait un bien fou. Je voyais Zoey rire à mes mots avant de faire un bisou sur le front de son papa en guise de "t'inquiètes papa, je t'aime quand même." C'était mignon à souhait sauf que c'était bien beau de plaisanter, mais je commençais déjà à avoir le souffle coupé alors je faisais mine de rien, mais bon... A part mes baskets, il n'y avait clairement rien de sportif chez moi.
- La prochaine fois, je choisis l'endroit et il n'y aura que du plaaaaaaaaaat.
Je regardais l'horizon et je voyais la fin arrivait. Heureusement que ça ne faisait même pas 1km de montée car là j'aurais capitulé à peine en bas.
- Ou alors Zoey, tu peux pas demander à tes amis les poneys de devenir réels pour qu'ils nous portent jusqu'à la haut? - Mais non maman ce sont que des peluches!
Même ma fille me trollait. Pourquoi elle était si intelligente? Elle croyait au père noël mais croire en une peluche qui pourrait devenir vivante c'était déjà trop puérile.
- Merci Zoey de ton formidable soutien dans cette horrible épreuve. Maman retient mais maman devra se reposer avant de sévir!
Je plaisantais bien sûr, je lui faisais mon regard de "attention je te surveille pour des chatouilles de la mort". Elle riait encore plus se cachant derrière la tête de son père.
- Je suis sûre que cette montée tu l'as fait en courant avec Zoey sur ton dos autant de fois que tu veux. La vie est parfois cruelle...
Je devrais arrêter de parler, je m'essoufflais davantage.
Evidemment, comme je m’y attendais, mon ex répliqua automatiquement à ma blague. Et c’était de plus en plus évident que cette après-midi – ou presque – allait très bien se passer. En dilettante. C’était ce que je recherchais et j’étais content que ça convienne aussi à Maxyn. Cela semblait déjà plaire aussi à Zoey vu qu’elle était bien plus souriante et joviale que d’habitude. C’était évident qu’elle allait apprécier cette petite journée avec son père et sa mère. Comme une vraie famille. Face à la taquinerie de la blonde, j’haussais les épaules comme je le pouvais avec le poids que j’avais et lui répondais Peut-être pas non. C’est vrai que t’es tellement lourde … Oui, c’était facile. Déjà qu’à l’époque de notre couple elle avait un poids plume, alors aujourd’hui avec ses problèmes d’alimentations, elle devait être encore plus légère. Zoey venait alors m’embrasser sur le front, comme si c’était elle l’adulte qui consolait son enfant. Forcément je lui rendais ce bisou sur sa joue toute rose et toute joufflue. Plus on montait, plus j’entendais les souffles de plus en plus intenses de mon ex. Tellement qu’elle finit par imposer son choix pour une prochaine fois. Je me mettais à rire, parce que oui, pour moi cette montée est loin d’être compliquée, même avec les poids que je portais. Maxyn continua alors dans son délire et parler de faire devenir les poneys réels. Je pouffais de rire alors que notre fille lui brisait totalement son rêve. C’était plus agréable que je n’aurais pu l’imaginer de les entendre se taquiner elles aussi. A croire que c’est de famille. Ca m’arrive oui, pour m’entrainer de bon matin quand elle vient me réveiller en sautant dans mon lit. Parce que oui, elle était toujours à fond pendant les week-ends ou jours où j’avais sa garde. Bien fatigantes comme journées, mais tellement agréables. Je finissais par atteindre le sommet de la colline où il n’y avait pas un chat, où on allait pouvoir s’installer sous un arbre pour éviter le soleil de midi. Je posais alors le sac et revenais sur mes pas pour aller aider mon ex tout en lui tendant la main. Allez, courage, plus que quelques mètres et tu pourras t’écrouler. Je lui envoyais un clin d’œil, encore taquin. J’avais tout de même toujours apprécié son courage, malgré le fait qu’elle ne soit pas du tout sportive.
A peine m'avait-il dit que j'étais "lourde" que je lui donnais un coup dans les abdos.
- Ca s'appelle de l'auto-défense monsieur l'agent.
Je continuais de le taquiner. D'ailleurs je crois que je m'étais plus fait mal à ma main que lui avait eu mal à ses abdos mais soit, c'était le geste qui comptait. Puis le voir rire me faisait du bien surtout quand je voyais le regard gaga de Zoey. Elle ne devait strictement rien comprendre mais le peu qu'elle pensait comprendre semblait lui faire du bien. Je m'en voulais tellement de toutes les fois où je l'avais fait pleurer à cause de mes conneries, à cause de mes disputes avec Enzo... Toutes les fois où je l'avais interdit de voir son père la semaine mais uniquement le week-end. Là j'avais envie qu'Enzo soit bien plus présent dans la vie de Zoey et il était bien plus méritant que moi pour l'avoir la semaine et non juste deux jours ici et là.
- Perso quand Zoey vient me réveiller le matin trop tôt je me cache sous le lit pour continuer à dormir mais chacun ses réflexes matinaux c'est clair...
Je n'avais jamais compris les gens sportifs, jamais. Comment aimaient-ils souffrir, transpirer, se tuer à la tâche.. volontairement? Après oui, c'était bien pour la santé, le corps comme le mental blabla... Mais je ne me voyais pas avoir des muscles de la taille de ceux d'Enzo ou alors des abdos. Ouais c'était vraiment pas pour moi... On m'avait déjà conseillé de faire de la boxe pour évacuer ma peine et ma rage mais je n'étais jamais allée jusqu'à ce stade. Trop froussarde sans doute.
Alors je continuais de regarder l'horizon et à grimper cette fichue colline. Adieu mon beau maquillage qui devait partir sous la sueur de mes gouttes. Adieu mon sexappeal et mes efforts de présentation. Enzo avait fini de grimper avant moi, j'avais honte. Je levais les yeux au ciel en essayant tant bien que mal de le suivre mais j'étais déjà saoulée. Je le voyais aller sous cet arbre poser le sac, gardant Zoey avec lui dans ses bras. Mais moi dans tout ça? Oh je m'étais arrêtée, mettant mes mains sur mes hanches, reprenant tant bien que mal mon souffle. Pourtant j'avais que quelques pas à faire mais le chemin semblait trop long.. Si long qu'Enzo avait déjà eu le temps de faire demi-tour pour revenir vers moi et se moquer encore plus.
- Je te prierais de respecter plus profondément la sportive qui est en moi... s'il te plaît.
Ouais je disais ça en étant totalement essoufflée et Zoey était morte de rire.
- Car même toi tu ne me respectes pas? Ok, je divorce de vous deux.
Zoey riait encore plus mais comment aurais-je pu refuser un énième contact physique avec Enzo? J'étais trop faible. J'aurais pu le dégager et finir en courant mais si lui tenir la main, aujourd'hui, était la seule chose que je pourrais avoir, je me devais de la lui prendre. Ca n'allait pas être trop suspect pour Zoey, elle verrait juste son papa aider sa mère adorée ultra sportive. Alors, je vins prendre la main d'Enzo pour avancer avec eux jusqu'à l'arbre. Quelques pas oui, mais à peine arrivée sous l'arbre que je me laissais glisser contre ce dernier pour enfin avoir mes fesses sur le sol. Sauf comme une imbécile heureuse, j'avais oublié que le tronc d'un arbre était tout sauf lisse. Et le body que je portais était mi dos-nu et le tissu assez fin. J'avais senti quelques écorces flirter trop profondément avec ma peau mais je voulais pas paraître pour la mère doublement boulet en plus de victime. Alors je serrais mes dents et je faisais mine de rien.
- Je veux bien de l'eau s'il te plaît!
Demandais-je gentiment à Enzo, restant bien collée à l'arbre de peur que quelque chose se voit sur ma peau. Sauf s'il adorait jouer au docteur mais d'abord il me soignait ma main, mon bras et là mon dos? Ca pouvait être un tue-l'amour sur de la longue durée.
La seule réponse qu'elle avait pu trouver au fait qu'elle était lourde, avait été l'attaque. Une gentille petite tape sur mon ventre. Une tape que je n'avais pas senti bien évidemment, qui m'avait chatouillé oui (a), mais qui me faisait rire. Maxyn m'expliquait que pour sa part, elle préférait continuer de dormir quand Zoey la réveillait trop tôt le matin Si je l'avais toute la semaine, il y a de fortes chances que je fasse comme toi ! Parce que oui, je ne l'ai que très peu de fois avec moi, donc évidemment, j'en profite bien plus. Et forcément, Zoey se mit à bouder face à mes paroles Je sais princesse, la vie peut être dure. Je venais la smacker encore une fois sur sa joue, parce que je ne peux pas m'en empêcher tellement j'aime ma gamine et tellement je la vois rarement. Oui, j'aimerais la voir tous les jours, la coucher tous les soirs, la réveiller tous les matins, l'aider à mieux comprendre la vie. Au final, je ne l'aide pas tant que ça. Mais c'est ma punition pour les avoir abandonner, je l'assume. On finissait par atteindre l'arbre au sommet et je revenais bien rapidement vers mon ex, sachant qu'elle n'avait pas l'habitude de ce genre d'ascension. Bien sûr je la taquinais encore un peu mais surtout j'espérais qu'elle prenne ma main, histoire d'avoir encore un peu de proximité avec elle. Parce que ce serait la seule qu'on pourrait se permettre pour aujourd'hui. Si Maxyn avait un peu trop fait pleurer sa fille, aujourd'hui, elle la faisait rire, et ça me faisait plaisir de les voir si heureuse toutes les deux. Je me dis que ma mission est bientôt achevée. Même si je ne peux m'empêcher de me dire que c'est parce que je suis là. Ca je ne peux malheureusement pas le savoir. Et je me vois mal poser cette question hautaine à mon ex. Le fait qu'elle nous dise qu'elle divorce de nous me fit avoir un goût amer en bouche. Moi qui l'avait abandonné après lui avoir demander sa main. Non, je ne me pardonnerais certainement jamais. Je déposais simplement Zoey à terre avant de venir installer le drap à terre pour qu'on puisse s'installer confortablement. Maxyn était épuisée et s'écroula, comme prévu, contre l'arbre. Je lui souriais, parce qu'elle était toute rouge, en sueur aussi, mais elle n'en perdait en rien son charme incroyable. Mais au lieu de me perdre à ces pensées, je préférais sortir la bouffe avant de regretter quoi que ce soit. Je sortais également la grande bouteille d'eau pour la blonde et la lui tendais Alors, tu ne ressens toujours pas les effets bénéfiques du sport ? Oui, je la cherchais encore un peu, mais c'était bien trop facile.