Même à moitié morte contre cet arbre je repensais à ses mots. "Si je l'avais toute la semaine..." Je m'en voulais de lui avoir infligé cela mais quand il était revenu c'était juste impossible pour moi de faire la garde partagée à 50-50. Pas après nous avoir laissé même si j'y étais grandement pour quelque chose. Mais là, Zoey avait 3 ans et il s'était passé deux longues années après ce gros problème dans nos vies. Surtout qu'aujourd'hui, Enzo était plus méritant que moi pour avoir Zoey. Il était le super papa, non plus le papa lâche, alors que moi... J'étais devenue la traînée, alcoolo, droguée, mère indigne et prof minable de service. Le combo parfait. Même si là depuis un mois, depuis que je m'étais rapprochée d'Enzo tout semblait aller mieux. Comme si tout mon bonheur dépendait sur lui et c'était horrible.
Je pris la bouteille d'eau sans hésitation et je buvais de longues gorgées. J'avais limite envie de boire la bouteille à moi toute seule mais non, fallait être raisonnable. Une fois finit, je m'essuyais ma bouche de mon bras en arquant un sourcil, donnant un regard moqueur à Enzo.
- Très drôle, très drôle... Le jour où je t'accompagne à la salle dis toi c'est car tu me devras quelque chose en échange de super important, car là... Être dans cet état volontairement plusieurs fois par semaine je ne comprends pas!
Zoey était déjà en train de jouer avec son poney dans l'herbe. On l'avait déjà perdu. Elle semblait contente de changer un peu de paysage et le climat agréable qu'il y avait autour d'elle semblait lui convenir. Alors je souriais à cette vue, la regardant courir faisant voler son poney dans les airs.
- Tu sais Enzo... Pour ce que tu as dit tout à l'heure... Si tu veux voir Zoey plus souvent. Tu peux. Tu le sais n'est-ce pas? Même si je sais qu'avec ton emploi du temps c'est pas toujours facile mais on a la nounou, ou alors moi je peux te la reprendre le soir si tu as une intervention de prévue. Elle est heureuse quand elle est avec toi et je m'en voudrais qu'elle grandisse en me détestant car tu ne l'as que 2 jours par semaine. Et promis je ne dis pas ça pour que... enfin. Tu sais. Je ne dis pas ça pour que tu me retrouves dans un état lamentable comme la dernière fois. J'ai arrêté depuis plusieurs semaines.
Une demie-confession mais j'en ressentais le besoin puis peut-être que lui aussi avait besoin d'entendre ça après deux longues années assez compliquées. Il ne m'avait jamais demandé à l'avoir plus souvent, peut-être car il se sentait encore coupable mais on avait été deux à avoir fauté pour le coup.
- Sauf si tu ne veux pas, je continuerais de la torturer dans sa chambre aux milliers de peluches qui n'attendent qu'une seule chose: que super Maxyn arrive pour les ranger.
Je riais à mes mots avant de reboire encore. J'avais la gorge sèche et je n'étais clairement pas habituée à ce genre d'effort physique. Alors que ce n'était qu'une misérable colline... Enzo n'était même pas essoufflé, je l'enviais pour le coup mais ça faisait son charme. Je me contentais de le regarder dans les yeux, lui sourire et le regarder déballer tout notre superbe pique-nique. Il faisait tout tout seul alors je finissais par me décider de l'aider un peu. Pour faire genre d'avoir fait un truc quand même.
- Bon je peux t'aider en quoi? La sportive qui est en moi a repris un peu de force!
Un peu, oui, un peu. J'espérais surtout que mon corps ne réagisse pas mal à ces efforts me faisant vomir par la suite. Zoey m'avait déjà vu mal ce matin alors si en plus j'étais mal devant Enzo... Non, non.
Monter cette colline ne me paraissait pas non plus des plus compliqués. Elle était même assez simple dans son genre. Son angle n’était pas si obtus, mais elle était surtout en longueur. Elle pouvait paraître interminable, oui, je peux le comprendre. Même si elle n’était pas si ardue que ça. Peu importe. Le plus dur était passé, et maintenant mon ex pouvait reprendre son souffle et s’hydrater comme le réclamait son corps. Corps que j’avais horriblement envie de toucher. Mais je me contentais de la regarder, de lui sourire et si mes amis me voyaient faire ouais, ils seraient choqués de me voir autant sourire. Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes. Peut-être qu’une réelle amitié pourrait naître entre Maxyn et moi, oui, je me dis qu’au final ce serait la meilleure option. Si on devait de nouveau partager plus ensemble, j’aurais toujours la trouille que ça finisse mal. Mais en même temps, je ressens toujours bien plus pour elle que de la simple amitié. Pour aujourd’hui, j’allais m’en contentais. Je voulais juste que cette journée se passe bien. Je me suis mis à rire face à la remarque de mon ex pour le sport et lui répondais C’est parce que tu ne sais pas bien respirer. Même si parfois, je te l’avoue, ça se rapproche du masochisme. Je riais de plus belle, parce que oui, se faire du mal pour se sentir comme sur un nuage après, oui, ça peut s’en rapprocher bien plus qu’on ne pourrait le croire. Je sortais alors le deuxième poney de ma fille pour qu’elle puisse jouer avec. Je ne pensais pas que ces peluches allaient autant la captiver. Maxyn en profita pour me parler d’elle justement. Et de ma garde. Je ne m’y attendais pas vraiment. J’étais perplexe mais je finissais par lui sourire, parce qu’elle me confiait avoir arrêté la drogue. Enfin, elle ne me le disait clairement pas, mais j’étais content pour elle. Elle était sur le bon chemin, et franchement, ça se voyait. Peut-être que l’aider n’était pas si compliqué que je n’aurais pu l’imaginer finalement. Je riais avec elle, même si mon rire était bien plus faible pour mieux entendre le sien, et lui répondais Tu proposerais quoi alors ? Une semaine sur deux ? Ou plusieurs jours dans la semaine ? En même temps, je me rendais compte que j’avais vraiment envie d’avoir Zoey plus souvent, et que je privais aussi Maxyn de sa fille les week-ends. Peut-être qu’on pourrait justement trouver un nouvel accord. La blonde me proposait justement de m’aider dans le repas, alors que je venais de sortir à peu près tout ce dont on pourrait avoir besoin. Tu peux commencer les sandwichs ? Je m’occupe de la boisson. Je sortais trois verres et ouvrais respectivement chaque bouteille avant de servir du jus à notre fille et du vin pour nous deux.
Moi pas bien respirer? Surement, sans doute, ok ça en était même certain. J'étais une bille en sport, comment le nier après cela?
- Ah mais je serais ravie que tu m'apprennes à respirer! Je retiens que tu sois maso aussi, sait on jamais si un jour ça peut me resservir.
Je lui fis un large sourire assez bêta suivit d'un clin d'oeil taquin. J'aimais redécouvrir cela entre nous au lieu de se hurler dessus mutuellement, de pleurer, de s'insulter ou de fuir à l'autre bout de la planète... Mais quand Enzo me proposa les nouveaux "horaires" de la garde partagée ça me brisait littéralement. Je voulais qu'Enzo voit sa fille, oui... Mais s'il voyait plus souvent Zoey, moi je la verrais encore moins. J'aurais préféré que rien de tout cela ne se produise et qu'on profite de notre vie à trois ensemble mais non... Ce n'était pas le cas. Puis en regardant Enzo préparer les affaires je repensais à notre ancienne vie... Je repensais même à sa demande en mariage alors que je n'y avais pas pensé depuis... Des années. Aujourd'hui nous serions mariés, dans une grande maison en banlieue, heureux et avec un autre enfant qui sait... Mais là, j'avais juste eu le réflexe de poser ma main sur mon ventre, regardant la nourriture dans la vide mais je devais me reprendre.
- Je ne sais pas pour Zoey... Tu préfères quoi toi? Ce qui serait mieux pour elle... et pour toi donc. Tu veux la voir la semaine entière ? Ca va faire long une semaine sans elle...
Et sans lui. Si Zoey était chez Enzo toute la semaine, pourquoi nous nous re-verrions encore alors? Je me sentais égoïste de penser ainsi mais quand on se voyait Enzo et moi c'était toujours autour de Zoey... Toujours. Ce qui était normal.. Mais si je n'avais pas été enceinte, on en serait où aujourd'hui aussi? Alors pour éviter de trop penser je commençais à faire des sandwichs, commençant par le plus petit pour Zoey. Je l'entendais au loin crier assez fort jouant avec ses poneys tandis qu'Enzo préparait les boissons mais j'étais perdue dans mes multiples pensées. Je voulais tellement de choses mais elles étaient si contradictoires... Sauf qu'en plein milieu de mes pensées et sur le sandwich pour Zoey, cette dernière me sauta dessus comme un petit poney fou de rage. Enfin, heureux. Heureux de rage cela se disait?
- Maman maman!
J'étais totalement tombée à la renverse, Zoey était sur mon ventre à califourchon, tranquille. Ma tête avait manqué de heurter l'arbre. J'étais un peu sonnée sans trop comprendre pourquoi elle avait fait cela.
- On va bientôt manger??
Elle me mettait ses poneys en pleine figure finissant par me faire un câlin, reposant sa tête sur ma poitrine. Je me relevais tant bien que mal, la gardant dans mes bras, près de moi. Je caressais ses longs cheveux soyeux.
- Si tu me sautes dessus ainsi ton sandwich ne va pas se faire par magie... Va embêter papa!
Et elle s'exécuta. Elle me quitta sans rien dire avant de sauter sur le dos de son père. La scène était mignonne à voir.
- Dis Zoey t'aimerais voir papa plus souvent? - Oui, oui!!! Tout le temps!
Ses paroles auraient du me réjouir pour Enzo mais si elle voulait le voir tout le temps, quand est-ce que moi je la verrais? Je souriais en travers, essayant de cacher ma peine comme je le pouvais... Alors je me remis à faire mon petit sandwich pour ma fille adorée qui préférait clairement son père à moi.
Oui, j’assume être masochiste. Mais en même temps, qui ne l’était pas. Dans un certain sens, on l’est tous. On ne peut ressentir le plaisir qu’après un peu de souffrance. Ca me paraît logique. Peut-être pas pour tout le monde. Et Maxyn semblait décidée à garder cette information qui pourrait lui être utile pour plus tard. Quant à moi, je ne retenais que ce qui m’intéressait. Va falloir te mettre au sport si tu veux que je t’apprenne à respirer. Parce que non, sinon, ce n’était pas possible d’apprendre à bien respirer pour ne pas se sentir essoufflée à tout va. Mais pas sûr qu’elle accepte cet accord. Même si ça pouvait nous donner une nouvelle excuse pour se voir plus souvent. Voilà que le sujet de la garde de Zoey rentra dans la conversation. Elle voulait que j’ai la garde un peu plus souvent et oui, je m’étais emballé. A l’idée de l’avoir plus souvent était une bénédiction. Mais la priver de sa mère plus souvent ? Laisse tomber pour la semaine. Ca me va très bien de l’avoir les week-ends et quelques soirées de temps en temps. Ce n’était pas vrai, mais disons que je préférais ça plutôt que de priver Zoey de sa mère. Je souriais tout de même à mon ex pour lui faire comprendre que ce n’était vraiment pas un problème pour moi. C’est alors que Zoey lui sauta dessus justement alors qu’elle était en train de commencer à faire les sandwichs. Une chance que ce n’était pas sur moi. Sinon les verres se seraient renversés royalement. Je n’avais pu m’empêcher de me mettre à rire. Même si je me doutais bien que j’allais avoir ma part aussi. Et c’est d’ailleurs ce qui arriva. Maxyn me l’envoya et elle vint m’enlacer autour du cou, dans mon dos. Sa mère lui demanda alors si ça lui plairait de me voir plus souvent. A la réponse affirmative de la petite, elle me serra davantage l’étreinte, même si elle était encore loin de l’étranglement heureusement. Je posais ma grande main sur ses petits bras et lui répondais Moi aussi princesse, moi aussi. Alors pourquoi je ne répondais pas que c’était impossible ? Je regardais alors Maxyn, assez perplexe et un peu perdu. N’était-ce pas toute cette nouvelle histoire entre nous qui me perturbait dans mes idées ? Oui, on allait vraiment devoir parler. Mais pour l’instant, je donnais le verre de jus à ma fille et le verre de blanc à la blonde.
J'étais perdue dans mes pensées, trop. Je devais arrêter de trop cogiter, vraiment. Alors je préférais me perdre sur Enzo et Zoey. Enzo avait dû voir que ça m'avait peiné et je m'en voulais. Je proposais qu'il voit Zoey plus souvent et à peine après j'étais triste quand il me parlait de faire une semaine sur deux. J'étais horrible.
- Zoey, ça te dirait d'être 2 jours de plus par semaine avec papa ?
Elle le serrait encore plus et restait collée. Je finissais au plus vite les deux autres sandwichs pour Enzo et moi. Ils étaient pas tip top niveau présentation mais c'était mangeable, c'était l'essentiel. Je tendais alors le sandwich à Zoey, le mettant sur une serviette en papier, elle-même dessus la petite nappe qu'Enzo avait emmené, je faisais de même pour celui d'Enzo et le mien était sur mes genoux. J'espérais surtout qu'Enzo voit les efforts que je faisais pour lui, pour Zoey, pour "nous". Enfin s'il y avait un "nous." 2 jours c'était gérable... Il pouvait la prendre du lundi au jeudi et moi du jeudi au lundi. Ou bien alors l'inverse... Ca m'était égal. Enfin je l'espérais. Mais quand il me servit le verre de blanc, juste l'odeur me rendit blanche écarlate. D'habitude j'adorais le vin mais là, aussi nauséeuse que j'étais... Allez Max, reprends-toi.
- Allez on trinque!
Je devais apprendre à respirer, là, aussi. Et me concentrer sur toutes les odeurs autour de moi à part celle du vin. Zoey, toute mignonne levait son verre de jus d'orange et je trinquais avec elle like a lady et elle fit de même avec son papa. Ca me faisait rire... Puis je regardais Enzo droit dans les yeux en approchant mon verre du sien.
- A notre fille.
Zoey buvait déjà cul-sec son verre. Elle allait finir malade à ce rythme, je détestais quand elle buvait ou mangeait trop vite de peur qu'elle s'étouffe ou qu'elle vomisse tant son petit corps n'était pas habitué et surtout n'était pas fait pour cela. Sauf qu'une fois de plus, les yeux d'Enzo rivés sur moi me déstabilisèrent lourdement. Je souriais en me mordant /encore/ ma lèvre inférieure avant de boire une mini gorgée de ce vin... Mais vraiment mini. Ensuite, je faisais plus semblant pour ne pas paraître suspecte avant de reposer le verre à ma gauche pour ne pas qu'Enzo voit le niveau du vin restait identique. Hélas, cette mini gorgée me donnait déjà envie de vomir et je culpabilisais car l'alcool et... avoir quelque chose de vivant dans mon estomac n'étaient pas vraiment deux choses à concilier.
- Mes poneys ont soif aussi!
Ah ça faisait longtemps qu'on les avait pas entendu eux. Je regardais juste ma fille en arquant un sourcil avant de sourire en biais mais Zoey répliqua autre chose aussitôt.
- T'es encore malade maman ?
Je fis les gros yeux à Zoey lui faisant comprendre de se taire immédiatement sans que je n'ai l'utilité de lever la voix.
- Tes poneys n'ont pas besoin de boire Zoey, ils ne peuvent pas devenir réels pour transporter maman donc pas la peine de leur donner une seule goutte d'eau.
Je répondais à sa première altercation, me contentant d'ignorer la deuxième, en espérant juste qu'Enzo n'y fasse pas attention. Encore inconsciemment, je venais poser ma main sur mon ventre, mordillant un peu dans mon sandwich pas du tout esthétique, rêvant surtout d'un bon verre d'eau pour avaler mon cachet contre les nausées qui était toujours dans une de mes poches avants.
Loin de moi l’envie de priver ma fille de sa mère. Et en y réfléchissant bien oui, c’était beaucoup trop une semaine sans sa mère. Non, mes week-ends me convenaient parfaitement. C’est toujours mieux qu’un week-end sur deux ou juste pendant les vacances. Certes, je me faisais une joie d’avoir ma fille plus souvent avec moi, mais Maxyn a bien plus besoin de compagnie que moi. Je sentais bien que Zoey était son pilier, alors si je la lui enlevais, non, je ne me le pardonnerais pas. Surtout que mon ex ne semblait en très grande forme aujourd’hui, je la trouvais un peu pâle. Mais ça ne l’empêchait pas de trouver une nouvelle proposition pour que je puisse avoir notre fille un peu plus souvent. Bien sûr que Zoey était aux anges à l’idée de passer plus de temps avec moi, mais en dépit du temps passé avec sa mère. Elle ne devait pas s’en rendre compte. Va pour 3 jours dans la semaine, mais pas plus Maxyn. Pas plus. Je me tournais vers ma fille et lui disais en venant l’enlacer par sa petite ceinture. Ce n’est pas que je ne veux pas te voir plus ma princesse, mais tu verrais beaucoup moins maman, et je ne veux pas que tu sois privée d’elle. Elle aurait été trop triste si je ne lui avais pas expliqué ainsi, et au moins, elle reconnaîtra peut-être que c’est bien la meilleure solution. Mon ex aussi, j’en suis sûr. Même si en soit le mieux serait de vivre ensemble. Mais cette idée était bien trop irréalisable, même si je ne pouvais m’empêcher d’y penser. On se mit alors tous à trinquer, en la santé de Zoey et je buvais une bonne petite gorgée de mon vin. Il n’était ni excellent, ni dégueulasse, il était même plutôt doux pour un vin sec. La petite me fit alors rire en vouloir faire boire ses poneys, mais je laissais sa mère lui répondre. Elle savait être bien plus sérieuse que moi, c’est indéniable. Voilà pourquoi aussi ce n’était pas une si bonne idée de l’avoir une semaine entière rien qu’avec moi. Sauf que je n’avais pas oublié la deuxième question de Zoey, concernant Maxyn qui était apparemment malade. J’avais bien vu qu’elle n’avait pas bonne mine mais de là à être malade, je n’aurais pas dit. Je commençais alors à manger le sandwich qu’elle avait pris soin de me préparer et lui demandais Ce n’est rien de grave j’espère ? Je ne voulais pas paraître inquiet ou même inquisiteur, alors j’essayais de paraître au maximum détaché.
Je n'étais pas folle, je savais qu'Enzo avait vu cette douleur dans mes yeux. Peut-être qu'il me connaissait trop bien ou alors que j'étais une piètre comédienne. Sûrement les deux, oui les deux. Alors, je préférais me concentrer sur le positif, trinquer à Zoey et à ce nouvel accord. Enzo l'aura donc 3 jours, à son choix. C'était un petit pas... Je me sentais juste trop égoïste. Peut-être qu'il aurait vraiment aimé l'avoir une semaine entière, mais soit... Là j'avais surtout envie de vomir, je refusais de tout gâcher. Je me sentais partir, je voyais carrément mes mains plus que blanches. Le vin, ce surplus de pensées, cet odeur, les mots de Zoey... Pas du tout un bon mélange, pas du tout.
Mais à l'entente des paroles d'Enzo ça me peinait, il ne voulait pas me priver d'elle, j'avais donc eu raison, j'étais très mauvaise comédienne alors que je voulais faire un bon geste. Je privais Enzo de Zoey depuis bien des années et lui ne voulait pas me priver d'elle... Je baissais les yeux, honteuse, continuant de mordiller mon sandwich. Je n'avais vraiment pas faim, pas du tout.
- Zoey dit n'importe quoi, ça va bien.
Je me forçais à sourire, me cachant derrière mon sandwich mais Zoey répliqua aussitôt.
- C'est faux! - Zoey, mange ton sandwich!
Voilà, j'avais haussé la voix. Je regrettais. Elle commençait à pleurer tant ma voix était partit dans les aigus alors que je voulais que tout se passe bien. Je voulais faire profiter Zoey de la présence de son père et vice versa, je voulais montrer à Enzo qu'il pouvait voir plus souvent Zoey et là je faisais pleurer notre fille en cette journée qui avait bien commencé. Sauf qu'en haussant la voix, l'envie de vomir était revenue. Trop dangereux. Je lâchais le sandwich, je pris une bouteille d'eau qu'Enzo avait pris et je partis quelques mètres plus loin pour me caler à un autre arbre, m'asseoir, boire et avaler mon cachet pour stopper les nausées. J'étais en sueur, j'allais pas bien du tout. Je me haïssais. J'aurais aimé avoir une journée mielleuse, niaise, cucul pralineuse, banale, normale... Heureuse. Mais non... Mes nausées avaient encore pris le dessus, comme si faire semblant physiquement était impossible à l'Homme. Enfin, dans le sens d'être bien alors qu'on est mal. Trop mal.
Je repensais à ce qu'Enzo avait dit tout à l'heure: apprendre à contrôler ma respiration. J'inspirais longuement tout en expirant de la même façon et je me forçais à m'hydrater encore avec la bouteille d'un litre et demi. J'avais limite honte d'être parti de la sorte et d'avoir laissé pleurer Zoey. Après tout elle ne disait que la vérité et je lui avais mal parlé comme si elle avait dit un horrible mensonge mettant à mal l'humanité toute entière. Ouais, une indigestion alimentaire me semblait une excuse plus plausible. Un repas aux fruits de mer que j'aurais pu déguster chez Mark hier soir par exemple. Oui... Puis techniquement, on avait vraiment mangé chez Mark avec Zoey hier, donc c'était à moitié un mensonge... A moitié.
Je revenais à peine cinq minutes plus tard qui m'avaient paru une éternité. J'avais un peu repris de couleur avec les cachets qui agissaient assez vite mais j'étais toujours un peu barbouillée.
- Je suis désolée... Je vais pas bien depuis cette nuit mais je ne voulais pas annuler cette journée avec toi.
Zoey avait déjà séché ses larmes, elle s'était réfugiée dans les bras de son papa et de ses poneys. J'espérais surtout que désormais elle arrête de parle de mon "mal être". Elle était trop petite pour avoir une contre-argumentation après tout mais je me méfiais.
- Si ça te dérange pas, je vais juste rester contre cet arbre qui a déjà abîmé mon dos et boire uniquement cette belle bouteille d'eau. Tu peux partager mon sandwich avec Zoey... Je suis désolée ma puce de t'avoir mal parlé.
Elle ne disait rien, elle me regardait juste avec son regard de petit chaton battu mais là je n'étais pas trop apte à la prendre contre moi. De toute façon, elle semblait mieux près de son papa, ce que je comprenais. Quand on osait hausser la voix avec moi, je n'avais pas envie de faire un câlin à la personne en face, peut-être lui mettre une grosse claque dans sa gueule à la limite. Alors, je fermais les yeux, me concentrant sur le vent caresser mon visage encore bouillant.
Maxyn n'allait pas bien. J'avais bien vu que son teint était livide, mais je ne m'étais pas beaucoup inquiété jusqu'à ce que Zoey me fasse remarquer qu'elle avait été malade. Clairement elle l'était encore. Je sentais que la tension allait vite monter, les traits du visage de mon ex se durcirent et elle cria après sa fille. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'y attendais. Je crois bien que je la connais toujours aussi bien. Faut dire aussi qu'on n'a pas été les meilleurs parents du monde quand notre fille est née. Ce n'est pas facile d'être de bons parents, personne ne connaît la notice idéal, personne n'est parfait. Je n'en voudrais certainement jamais à Maxyn. Juste de me cacher que ça ne va pas. On aurait du annuler, reporter. Et moi qui lui propose un verre de vin. Zoey s'était mise à pleurer, forcément, alors qu'elle n'avait très certainement dit que la vérité et vint se coller contre moi. Je lui caresser son dos, ses cheveux si soyeux et regardais la blonde s'éloigner avec la bouteille d'eau. Je n'osais pas aller la voir. Elle a besoin de respirer, à tous les coups. Ca va aller ma princesse. Maman est encore malade, mais ça va passer. Rassurais-je Zoey. Je sentais ma fille se calmait. Ce n'était pas non plus la grande engueulade du siècle, pas lorsqu'elle nous a fait cette crise en pleine nuit. Mais je la gardais contre moi, parce qu'elle ne bougeait pas pour autant, alors que sa mère revenait au bout de quelques minutes. Je la regardais, totalement inquiet, n'essayant plus du tout de paraître détacher. Elle s'excusait simplement mais je restais impassible, perplexe, ne comprenant pas la situation. Certes, elle ne voulait pas annuler, mais ce n'était pas une bonne idée de sortir, de passer la journée dehors si c'est pour se sentir mal. Elle me confiait à présent qu'elle s'était abîmer le dos avec l'arbre ? Je fronçais encore plus les sourcils et reportais mon attention sur ma fille Zoey, tu finis ton sandwich et tu m'aides à ranger ? On va rentrer à la maison, je ne peux pas laisser ta maman dans un pareil état. Peu importe ce que j'avais prévu de cette journée, tout ce qui m'importait c'était que la blonde aille mieux.
Collée à cet arbre je comptais le nombre de fois ou j'inspirais puis expirais. Je voulais me calmer et être vite à mon aise... Mais ça devait être trop tard pour n'inquiéter personne après ma petite fuite à quelques pas d'ici au cas où que j'aurais vomis. Je voulais vraiment sortir, profiter de cette journée en famille. Avoir une journée normale juste entre nous trois mais mon estomac semblait en avoir décidé autrement.
Zoey s'était calmée oui mais je voyais bien que le regard d'Enzo sur moi avait changé. Je m'en voulais et je sentais mon dos me piquer encore. En même temps, rester contre cet arbre, avec un haut pas du tout protecteur au niveau du dos, laissant ma peau libre, n'aidait clairement pas.
- Non c'est bon Enzo, je vais bien. On peut rester ici, j'ai pas monté cette colline pour rien...
Peut-être que faire autant d'efforts physiques en étant nauséeuse à souhait avait du légèrement empirer mon cas. Sauf que là, j'avais plus envie de pleurer et de hurler... Si j'étais enceinte, c'était la fin. Pourquoi alors ne prenais-je pas un simple test de grossesse pour m'assurer de tout cela? J'en avais tous les symptômes, nausée, mal à la poitrine, mon dos qui n'en faisait qu'à sa tête, comme il y a plus de trois ans avec Zoey. Mais là, Enzo et Zoey avait déjà commencé à ranger, je fermais les yeux en étant désespérée par ma propre personne.
- Je suis désolée... Je voulais pas gâcher notre journée...
Zoey me regardait avec des petits yeux et n'avait même pas eu la force de finir son sandwich. Elle préférait aider son papa à tout ranger, même si certes, Enzo faisait 95% du travail et Zoey aidait comme elle pouvait avec ses petites mains mais elle ne disait rien. Elle aurait pu hurler, m'en vouloir.. Elle semblait si heureuse d'être ici, là, avec son père et moi. Surtout avec son père.
Je me détachais de l'arbre, passant mes cheveux sur le côté pour libérer mon dos et je touchais tant bien que mal le haut du dos, libre à l'air, où je sentais quelques éraflures à cause des écorces. Rien de grave, je ne saignais pas jusqu'à en tomber dans les pommes mais j'étais marquée. Tant bien que mal, je me rapprochais d'eux en les aidant à ranger comme je pouvais... Heureusement on avait pas sorti un pique-nique 5 étoiles avec cent mille accessoires.
- Peut-être qu'on peut juste rester à la maison, devant un film... Techniquement on est samedi... Donc Zoey doit être avec toi. J'ai des cachets là-bas ça passera mieux et vous pourrez manger à votre guise et moi je vous regarderais avec mon dafalgan codeine 500mg en bouche... Non?
Je soufflais encore avant que Zoey ne vienne me voir pour me faire un câlin me susurrant un "pardon". Ce pardon avait été si faible qu'Enzo n'avait pas dû l'entendre mais voir Zoey me faire un câlin me redonnait le sourire. Moi qui pensais qu'elle me détestait alors qu'elle n'avait rien fait de mal à part dire la vérité... Là, c'était moi qui mentais.
- Est-ce qu'avant on pourrait passer à la pharmacie s'il te plaît? Je dois prendre des cachets...
Un test de grossesse oui. Là il fallait que j'en ai la certitude, je ne pouvais pas rester ainsi éternellement, attendant sagement que mon ventre se mette à grossir... Je ne savais juste pas une chose: est-ce que j'en serais capable? Capable d'aller jusqu'au bout de mes actes? Et faire ce test? L'acheter était une chose, aller jusqu'au bout en était une autre. Enzo ne me le pardonnerait jamais... Il allait me hurler dessus. J'avais le souvenir de comment il avait accueilli Zoey, mais là... Mon ventre se serra encore plus. Je me contentais alors d'éviter le regard d'Enzo tant je me sentais honteuse.
- Maman ton dos...
Zoey passait sa petite main dessus, ça me piquait encore plus alors je lui pris son petit poignet délicatement en lui faisant comprendre de prendre ses poneys et de s'apprêter à rejoindre la voiture de son père.
- N'y touche pas, ça va, ce sont comme des griffures de petit chaton car maman est maladroite.
Enzo aurait dû être infirmier à ce rythme.
- Encore des griffures comme celles sur le bras? - Oui voilà, comme sur le bras.
Je ne regardais toujours pas Enzo, la honte m'accaparait trop.
C'est sûr, c'était dommage d'avoir monté cette colline pour redescendre si rapidement. Mais la santé d'abord. Et Maxyn n'allait pas bien. Je ne voulais pas la laisser ainsi. Même si je paraissais un peu froid, un peu distant, mais c'était surtout pour éviter de retomber dans ses bras. Je veux l'aider, je veux la soigner, mais c'était dangereux. Je voulais surtout qu'on mette les choses au point, pas qu'on se rapproche de nouveau pour passer encore une soirée ensemble, à se coller l'un à l'autre, à se donner l'un à l'autre pour au final repartir comme si de rien n'était. Non, je voulais que tout soit clair. Après tout, elle a cette jeune femme dans sa vie, moi j'ai Delilah oui, mais c'est presque évident que rien ne se passera de plus entre nous. Certes, elle me plaît, mais la flamme n'y est pas, pas celle que je ressens depuis peu avec mon ex. Alors que celle-là semblerait plus interdite, plus mauvaise. J'avais donc demandé à ma fille de m'aider à ranger, alors que je venais d'avaler le restant de mon sandwich, alors que les deux n'avaient pas réussi à le finir. Peu importe, de toute façon on allait rentrer. Elles pourront toujours manger une fois rentrés. Rentrés où, je ne savais pas trop encore. Je pensais rentrer chez moi, je me sentirais peut-être moins attiré par elle, mais en même temps, étant malade, valait mieux qu'elle rentre chez elle. Si tu veux. Lui répondais-je simplement en haussant les épaules, n'ayant pas vraiment de préférence. Sauf qu'elle voulait passer par la pharmacie dans un premier temps, disant qu'elle avait besoin de cachet. Ne venait-elle pas de dire justement qu'elle avait des cachets chez elle ? Je la regardais, perplexe, sauf qu'elle évitait mon regard. Je ne disais rien, pour l'instant, je verrais bien tout à l'heure. Zoey était contre elle, la serrant dans ses bras et c'était bien ainsi. Elle ne lui en voulait pas et c'était mieux ainsi, je me sentais bien plus à l'aise. Pas de soucis. Avais-je simplement répondu à mon ex avant de récupérer le sac sur mon épaule, une fois tout rangé. Sauf que Zoey remarquait les blessures de sa mère dans son dos, et comme je le pensais, elle ne s'était encore pas raté. Heureusement, cette fois-ci, ce n'était pas fait exprès. J'allais devoir si ce n'était pas grave. Je voyais bien que la blonde n'arrivait toujours pas à me regarder. Notre relation est loin d'être facile, c'est tellement compliqué, même moi je ne me comprend pas, alors la comprendre elle, j'ai forcément abandonné. Je n'ose même pas lui poser les questions à poser. Alors à la place, j'attrapais la main de mon ex et la mettais sur mon bras libre pour qu'elle s'appuie sur moi Zoey, tu m'aides à tenir maman jusqu'à la voiture ? Elle lui attrapa directement la main et essayais de faire comme moi et c'était adorable à voir à quel point elle tient à la santé de sa maman.
J'avais beau aidé comme je pouvais, Enzo était plus rapide que moi. Ce qui me paraissait normal car il n'avait pas envie de vomir ou de s'allonger comme une masse en attendant que ça passe. J'avais l'impression de l'avoir blessé car j'avais gâché cette journée, on s'était taquiné tout à l'heure dans la colline, la voiture et là... Tout était inversé. Puis Zoey qui me posait des questions sur mes "griffures" aidait encore moins mais là il avait bien vu que je n'avais pas fait exprès pour mon dos et que de toute façon ce n'était pas aussi profond que celles sur mon bras gauche.
J'embrassais Zoey sur sa petite joue et je me relevais tant bien que mal. On aurait dit que j'étais bourrée mais non, ça s'appelait juste des nausées. J'étais à peine debout qu'Enzo me prit la main pour que je la mette sur son bras, histoire que j'ai un appui. J'aurais pu lui dire que j'en avais pas besoin, ce qui était vrai... Mais j'avais besoin de ce simple contact... J'étais tellement accroc à lui que je ne me voyais rien lui refuser à ce niveau. C'était ridicule, j'étais ridicule.
- Merci...
Disais-je tour à tour à Enzo puis à Zoey qui avait pris mon autre main. On commençait à se diriger vers la voiture en empruntant cette fameuse colline qui était tellement plus facile à descendre qu'à monter... Mais je m'étais retenue de dire quoique ce soit jusqu'à la voiture. J'aurais encore pu plaisanter sur ça mais Enzo ne semblait pas d'humeur et Zoey était absorbée par son poney. Lors du chemin retour, ma main avait descendu jusqu'à la main d'Enzo... Je pouvais marcher normalement mais je préférais lui tenir la main que son bras puis c'était plus intime et plus familial.
On était enfin à la voiture, j'avais installé Zoey à l'arrière en refermant la porte doucement tandis qu'Enzo rangeait le sac dans le coffre.
- Je voulais pas gâcher cette journée, promis... Je voulais la passer avec toi et Zoey. Surtout avec toi. D'où je t'ai rien dit, car je ne voulais pas rester mal au point seule chez moi.
Je m'enfonçais en lui parlant ainsi, je me détestais. Ca montrait clairement mon attachement à son égard, mon côté "accroc" alors que je risquais de le perdre encore une fois si je m'avérais véritablement... enceinte. Sans oublier Billie qui était toujours dans un coin de ma tête.
- Mais rester chez moi c'est bien aussi non...? Certes moins glamour, moins lumineux et moins grand mais on sera tout les trois... non?
Je profitais de lui parler ainsi tandis que Zoey était dans la voiture et que nous on était face à face, dehors, seuls. Sauf que son regard semblait tout aussi renfermé.
- Avec un autre cachet plus efficace et un bon film ça ira... Puis pour mon dos ce sont que des éraflures d'écorce, pas des abominables griffures de chat mutant.
Oui j'avais essayé de lancer une petite pique pour le faire sourire mais je n'étais pas sûre de sa réaction... Alors, je le fixais timidement, mes bras croisés sur ma poitrine tandis que mon corps s'appuyait sur la voiture.
Pourquoi fallait-il qu'elle me cache constamment des choses ? Oui, c'est ça qui m'énerve le plus chez elle. Toujours à faire comme si de rien n'était, comme si tout allait bien, et il fallait que je la bassine pour qu'elle crache enfin le morceau. Alors ouais, depuis cette histoire avec cette autre meuf, ouais, j'étais blessé. Forcément, je n'ai plus envie de me battre. J'ai envie de passer du temps avec elle, essayer de parler normalement, entre adultes en essayant de savoir où on était, mais à quoi bon. Même si nos sentiments sont là, je me rends compte que je me méfie bien trop. Je le sens trop quand elle me cache quelque chose. Elle ne me ment pas forcément, mais elle ne me dit pas tout. Mais je la laissais pour autant glisser sa main dans la mienne, jugeant que c'était bien plus facile ainsi de descendre. Mais là, je ne cherchais plus. Je ferais mieux de rentrer chez moi, mais je n'en avais pas spécialement envie. Et pourtant, j'ai l'impression qu'elle va encore me décevoir. Sauf que je ne peux pas non plus la laisser dans un tel état, je tiens bien trop à elle. Alors j'arrête vraiment de me poser des questions, et je verrais bien tout à l'heure. Une fois à la voiture, Zoey installée et le sac dans le coffre, Maxyn m'interpellait pour s'excuser. Je la comprenais, mais elle aurait du me dire que ça n'allait pas. On aurait pu rester tranquille, tous les trois. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je la laissais s'exprimer, comme j'avais un peu trop l'habitude de faire, avec elle, comme avec tout le monde. En voyant son malaise, je finissais enfin par réagir, ne prenant pas en compte son humour auquel je n'avais plus spécialement envie de réagir. Plus pour l'instant. Je veux bien qu'on rentre chez toi Maxyn, mais à une condition. Tu arrêtes de me cacher quoique ce soit. Je commence à en avoir un peu marre. Moi aussi je voulais passer cette journée avec vous deux, mais peu importe l'endroit, je pensais que prendre l'air pourrait vous faire du bien. C'était une erreur, mais t'aurais pu me le dire. Je la regardais, l'air un peu inquiet et en même temps renfrogné. Je soufflais un bon coup et rajoutais Va falloir encore que je te soigne. J'allais pour lui ouvrir la portière du côté passager, sourire en coin, pour la rendre moins gênée et attendais qu'elle vienne s'asseoir avant de refermer derrière elle et de venir au volant.
Le regard dépité d'Enzo me peinait et j'avais honte... Mais quand il osa ouvrir la bouche ses mots me peinèrent encore plus. Je baissais les yeux, honteuse, je ne savais même pas quoi répondre tant les pensées se bousculèrent dans ma tête. C'était ma faute que la journée avait été cachée et même à la maison, on aurait perdu cette complicité. Il n'avait même pas répondu à ma "petite blague" en se contentant de rester froid. Il ne voulait plus que je lui cache des choses mais à quoi bon? Au final lui et moi on était quoi? Il m'avait fait comprendre à sa manière sa jalousie et possessivité à mon égard, concernant Billie ou Eric. Il m'avait fait comprendre tenir à moi... A sa manière aussi. Mais on avait mis aucun mot là-dessus et lui comme moi étions trop craintifs pour cela sans doute. Comment ne pas l'être vu notre passé?
Alors, la boule au ventre, je m'étais contentée de hocher la tête et quand il m'expliqua que "encore il devra me soigner" je me sentais... Mal. En un sens, j'aimais le voir aussi... Attentif à ma santé mais j'avais compris avec le ton employé qu'il était dépassé. J'osais un peu relever les yeux quand il m'ouvrit la porte, je vis qu'il me sourit légèrement et je souris à mon tour. C'était automatique.
- Je n'ai pas fait exprès, c'était la faute de l'arbre.
Ouais, j'essayais de relativiser et de garder le sourire pour réparer ce que j'avais brisé. Je m'installais sur mon siège en regardant Zoey dans le rétro qui jouait encore avec ses poneys et Enzo s'installa vite au volant pour faire le chemin inverse. Je n'avais pas parlé durant le trajet car les mots de Enzo me hantaient. Il ne voulait plus rien que je lui cache mais je n'étais même pas sûre de ce que "je me cachais" ou non. J'avais besoin d'aller à une pharmacie... Alors je n'avais osé rien dire... Je le laissais rouler sans lui rappeler que je voulais y passer mais quand on arriva enfin devant chez moi, je préférais faire cela discrètement. Sans me sentir épier par Enzo, m'attendant dans la voiture.
- Je te donne les clés, tu installes Zoey... Tu connais la maison. Je vais à la pharmacie dans la rue d'à côté, j'en ai pour 2 minutes.
Je pris sa main dans la mienne, je lui déposais les clés à l'intérieur pour enfin sortir de la voiture, les laissant là pour qu'ils puissent rentrer. Je préférais faire vite et ne pas trop me poser de questions... Je devais au moins faire ce geste même si je ne faisais le test que demain ou après-demain...
Alors, quelques minutes plus tard, je revins à la maison. J'avais acheté quelques cachets pour "faire genre" et je me dirigeais de suite à la salle de bain. Heureusement Enzo avait laissé la porte ouverte et en catimini j'allais jusqu'à la salle de bain, voulant me faire discrète. Je fermais à clé la porte derrière moi pour m'assurer que Zoey ne débarque pas en courant ou qu'Enzo veuille entrer ici sans m'avoir vu auparavant. Je mis le test au fin fond du tiroir que j'utilise pour ranger mes tampons, personne n'allait y faire un tour au moins et j'étalais mes cachets sur le robinet de la salle de bain pour qu'Enzo "constate" mes achats. Mais pour le coup j'avais vraiment repris un anti-vomitif car le stress n'aidait pas à me reposer et à aller mieux. Je sortis de ma cachette, après avoir avalé ma petite drogue médicale du jour pour enfin rejoindre Enzo et Zoey. Enfin Zoey. Je les pensais au salon tout les deux mais il n'y avait que Zoey, seule face à la télé, admirative du dessin animé qui défilait sous ses yeux. Je ne disais rien me contentant de m'asseoir sur l'accoudoir, lui caressant ses longs cheveux lisses et si doux. Je sentais mon dos me démanger car des éraflures d'écorce n'étaient jamais agréables mais j'avais bien fait pire et mon bras gauche, toujours marqué, me le rappelait tous les jours.
- Je suis désolée ma puce.
Susurrais-je à peine. Elle ne devait pas m'entendre tant elle était absorbée par la télé... Et encore une fois je mis ma main sur mon ventre, pensive. Je n'étais pas sûre de pouvoir gérer cela toute seule, j'avais l'impression que tout était de ma faute... Puis Billie, rien n'était réglé avec elle et encore moins avec Enzo... Sans parler du boulot... Qu'ai-je de stable au final dans ma vie? Zoey. Oui, Zoey était ma seule stabilité et je ne voulais pas bouleverser son petit monde. Je le bouleversais déjà assez.
C’était un fait, j’étais déçu. Parce qu’on n’avait pas eu cette journée que j’aurais voulu avoir avec elles. J’aurais tout de même pu la passer avec Zoey, déposer Maxyn chez elle et la laisser se reposer tranquillement. Mais je ne pouvais pas la laisser dans un tel état. Peut-être que mentalement ça allait mieux, mais physiquement, ce n’était pas ça. Et j’avais un doute. Elle m’avait confié ne plus reprendre de drogue, mais peut-être que ça aussi elle me le cachait. Non, elle aurait les yeux rouges et son état était bien trop maladif. Elle avait certainement chopé mal. J’aurais du encore plus l’éloigner de Zoey, mais je ne savais pas non plus ce qu’elle avait. Elle était pâle oui, mais n’était-ce pas non plus mes paroles qui la rendait dans un tel état ? J’avais l’impression qu’on se faisait du mal, à chaque fois qu’on pouvait se voir, autant qu’on arrivait à se faire du bien. Sinon, je ne serais pas revenu chez elle. Et puis je voulais la soigner, je voulais perdurer cette habitude, je n’avais pas envie que ce soit quelqu’un d’autre, un homme ou une femme, qui vienne prendre soin d’elle. Je suis aussi en train de me faire du mal. Mais promis, demain j’arrête. Demain, je ne serais plus chez mon ex et je passerais une journée bien mouvementée avec ma fille. Je l’avais d’ailleurs installée devant un dessin animé pendant que sa mère était à la pharmacie. J’en avais profité pour ranger le pique-nique qui ne nous avait pas beaucoup servi au final. Encore moins la bouteille de vin. Le goûter allait être le bienvenu vu le peu de choses que nous avions mangé. Je finissais à peine de ranger quand j’entendais du mouvement dans l’appartement. Maxyn était assise à côté de sa fille. Je n’avais pas entendu, mais elle lui avait dit quelque chose. Tu as trouvé ce qu’il te fallait ? Lui demandais-je, restant entre la cuisine et le salon, ne sachant plus comment agir à force. Peut-être que je ferais mieux de faire ce dont j’ai l’habitude, fuir. Sauf que Zoey m’en voudrait. Déjà qu’on ne se voit pas souvent. De plus je m’étais engagé à soigner mon ex, je ne pouvais décemment pas lui laisser son dos en piteux état. Bien que je n’avais pas encore conscience des dégâts qu’elle s’était infligée. Une fois qu’elle m’eut donné sa réponse, je me dirigeais vers la salle de bain, remarquant ses achats. Je ne préférais pas y prêter attention, j’ai peur de découvrir certaines choses, alors je me contente de récupérer de nouveau la trousse des premiers secours. Au moins, je savais qu’il y avait de quoi désinfecter.
Enzo semblait brisé, peiné, embêté. J’avais l’impression de l’avoir trahi ou alors peut-être m’en voulait-il pour d’autres raisons que j’ignorais ou que je savais, allez savoir. Quand il débarqua, je me contentais de lui sourire en lui répondant d’un signe de tête à sa question. Il se sentait vraiment responsable de ma personne et je devrais m’en ficher mais ce n’était pas le cas. J’étais touchée et je commençais à en prendre goût alors que je le sentais… ailleurs. Comment pourrais-je lui dire après cela « hey je pense que je suis enceinte ! » alors qu’en lui ayant menti à peine sur cela il était déjà mal à l’aise.
Enzo ressortit peu de temps après de la salle de bain, je le croisais dans le couloir. Je lui souriais gênée puis le pris par la main pour l’entraîner dans la chambre. Ca pouvait sembler étrange, mais je voulais être seule dans un espace moins fréquenté.
- Enzo je voulais vraiment que cette journée soit parfaite, crois-moi. J’ai pas menti dans le but de te mentir ou te blesser ou gâcher quoique ce soit… Je voulais vraiment la passer dehors avec vous et je me suis dit que l’air frais… Ca me ferait du bien et que ça passerait. A t’entendre je t’ai… enfin bref… Rien d’important…
Je soufflais et m’asseyais au bord du lit, les yeux baissés, honteuse. Que pouvais-je faire à part m’excuser sérieusement ? Peut-être avais-je été trop égoïste à le voir absolument aujourd’hui vu nos retrouvailles d’il y a trois jours. Ses lèvres m’avaient manquées, ses mains sur mon corps aussi... Ou alors juste sa personne en fait. Oui, j’avais aimé nos rares moments de complicité, ça aussi ça me manquait horriblement.
- Sauf si tu veux me dire autre chose à travers tes mots… Tu parlais aussi de Billie n’est-ce pas ? Ce que je ne comprends pas c’est que tu m’as dit toi aussi voir quelqu’un… Puis… On a jamais reparlé de notre… situation.
Ce n’était définitivement pas la journée à laquelle je m’attendais. Pas du tout. Lui non plus… Alors j’osais un peu lever les yeux et je regardais Enzo avec la trousse de secours. Il était un ange mais je me sentais tellement débile. Mais tellement.
- T’es un ange mais tu n’es vraiment pas obligé de me soigner pour mon dos, ce sont que des éraflures, non des scarifications profondes…
Je remettais mes cheveux sur mon dos au lieu de les avoir sur mon épaule et je recommençais à jouer avec mes doigts nerveusement. Zoey était sage devant la télé et ses poneys en main, au pire pour fouiller l’appartement ce n’était pas bien long et compliqué, ou alors juste un petit cri et on arriverait en vingt secondes.
- Je tiens vraiment à toi Enzo, je veux plus te faire souffrir. Je suis désolée si je le fais encore malgré moi.
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