Cette conversation aurait bien pu pire tourné oui mais bien mieux aussi. Il aurait pu m'insulter, me hurler dessus... Mais là j'avais trop mal. Il ne me disait pas ce que je voulais entendre, ce dont j'avais besoin. Je lui avais dit l'aimer et lui me disait... M'apprécier, qu'il aurait toujours de l'affection pour moi... Il m'aimait comme une amie? Une soeur? Pourquoi alors avoir couché avec moi s'il ne ressentait rien de plus... profond? Oui on pouvait coucher avec les gens juste comme ça, oui, je le savais... Je l'avais fait de nombreuses fois mais j'avais pensé que cette nuit là avait été plus profonde que celle d'il y a deux ans. Je m'étais encore trompée.
Je m'agrippais aux rebords du lavabo, je baissais ma tête, laissant mes cheveux cacher mon visage. Je ne voulais pas qu'on soit des parents "séparés qui s'entendent bien". Non... Je ne voulais pas et même je ne me sentais pas prête à être maman, là. Pas encore... Je lui avais dit ne pas vouloir de cet enfant, que je m'en voulais... Si j'étais enceinte, accepterait-il que j'avorte? Je ne pouvais pas... Alors je me remettais à pleurer, ça me faisait trop mal.
- Et si je suis enceinte... Mais que je veux avorter Enzo, tu vas faire quoi? Je veux pas de cet enfant... Pas de suite... Tu m'apprécies comme une amie alors.. Mais tu voudrais m'aider avec cet enfant? Je peux pas... Ce que tu me dis ça me fait mal. Je t'ai dit t'aimer et tu dis que... tu m'apprécies. Oublie tout ce que j'ai dit. J'aurais pas dû te dire tout ça. C'était débile. J'avais cru que... que ça aurait pu reprendre mais tu dois me prendre pour une dépravée accroc au sexe à peine sevrée.
Je me séchais mes larmes, encore et je regardais Enzo dans le blanc des yeux. Il s'était levé et s'était rapproché oui mais ça me faisait mal. Mal car je voulais être dans ses bras et j'avais envie de lui, à tous les niveaux. Mais lui... ne semblait pas partager tout cela.
- Qu'est-ce que tu veux Enzo? Tu attends quoi de moi? Que je redevienne comme avant? Mais c'est à dire comme avant? Pas folle? Normale? Une fille bien, gentillette prof de théâtre admirée de tous? La fille idyllique bien rangée?
Je tremblais de tout mon être et de tout mon corps mais là il me perdait.
- Pourquoi tu es perdu? J'essaie de te comprendre. Il y a un problème, c'est ça? Le problème c'est moi? Enceinte ou pas enceinte? Pourquoi tu n'as pas continué à voir Delilah? Elle semblait.. mieux non? Plus normale? Moins prise de tête? Alors que moi... Je suis moi.
Je l'affrontais du regard, je n'étais pas du tout à mon aise et je sentais ma lèvre inférieure trembler à cause du stress et de la pression.
Bêtement, je pensais qu'elle voulait au moins que je lui dise que je serais là pour elle, même si j'étais incapable de lui promettre l'amour qu'elle semblait vouloir. Etait-ce sensé être aussi simple ? Je l'avais abandonné, et un simple câlin résolvait le tout ? Non, je le ressentais clairement pas comme ça, surtout avec les problèmes qu'elle semblait avoir. Je voulais être là pour elle, mais pas comme ça, j'avais besoin de tout connaître, d'apprendre à la découvrir. Et pourtant, oui j'aimerais tellement la découvrir comme le jour où je l'ai rencontré. Mais c'est une autre femme que j'ai en face de moi, une femme brisée et qui me touchait terriblement. Qui me touchait comme jamais. Je ressentais bien trop sa souffrance et c'est peut-être ça aussi qui me faisait peur. J'ai vraiment de quoi être perdu. Mais ses paroles, le fait de songer à l'avortement, ouais ça me faisait mal au ventre. Mais que dire ? Elle semblait tellement mal, et je n'arrangeais clairement rien. C'était fou, je ne la voyais pas du tout comme une amie, mais je ne disais rien. Au fond, je préférais qu'elle croit ça, ce serait certainement plus facile. C'était facile de me demander pourquoi j'étais perdu, facile, mais pour moi ? La réponse était loin d'être évidente. Et cette conversation ne menait nulle part. Delilah n'était pas faite pour moi. Et le fait qu'on se soit revu juste après, oui, c'est vrai ça m'a aidé à y voir plus clair. Et je te vois bien plus qu'une simple amie, mais … je sais pas écoute, j'ai juste envie d'être là pour toi, pourquoi ça ne te suffit pas ? Pourquoi tu ne fais pas ce fichu test de grossesse avant de te prendre la tête autant à l'après ? Je prenais une bouffée d'air avant de rajouter. Je t'attends dans le salon. Oui, j'abandonnais, mais je ne fuyais pas, non, j'essayais juste d'arrêter ces questions qu'elle n'arrêtait pas de poser auxquelles j'étais incapable de répondre. Mais qu'elle veuille avorter ? Ca me restait encore en travers de la gorge. Peut-être que j'aurais été un peu moins agacé si elle n'avait pas dit ces mots. Si elle n'était pas prête pourquoi avait-elle été aussi irresponsable ? Non moi non plus je n'avais géré, et je ne voulais pas la blâmer pour moi.
Il semblait exténué, épuisé, fatigué ou bien déprimé, ou tout à la fois. Il m'avait répondu d'un trait mais clairement on allait droit dans le mur avec cette conversation. A croire que parler n'était pas notre fort ou bien alors car on ne se comprenait pas. Il me disait me voir plus qu'une amie et pourtant je doutais... J'avais l'impression que tout était de ma faute alors qu'on avait été deux à baiser cette nuit là, pourquoi il n'avait pas mis de capote? Pourquoi tout serait de ma faute? Mais il avait raison sur un point: je n'étais pas satisfaite. Il voulait être là pour moi mais on ne partageait pas la même vision des choses. Je ne voulais pas qu'il soit juste là pour moi, je voulais être avec lui... Non le voir faire acte de présence en faisant des allers-retours entre chez lui et chez moi. Alors, je ne répondis pas à ses mots, baissant les yeux, le laissant quitter la salle de bain.
A peine était-il parti que je me sentais seule et démunie. Je regardais ce foutu test de grossesse et je le pris en main, le serrant fort en me détestant. Sauf qu'Enzo avait raison, je me prenais la tête comme si j'étais sûre à 100000% que j'étais enceinte alors que là je n'avais même pas ce test. Je refermais la porte, fermant à clé et je me décidais à le faire même si là j'avais plus envie de vomir qu'autre chose.
Quelques minutes plus tard, je revenais au salon. Zoey était sur les genoux de son père à lui faire des câlins tandis qu'elle était toujours absorbée par l'écran de télévision. Je ne disais rien, me contentant de poser le test de grossesse sur la table.
- Il faut attendre 2 minutes.
Disais-je la voix tremblante. Je m'installais à mon tour sur le canapé, à l'opposé d'Enzo et Zoey. Comme s'ils étaient tous les deux "contre moi". Je me sentais nauséeuse, je dégoulinais de sueur, je devais être blanche et je tremblais des mains. Je n'osais même pas regarder le test tant deux minutes me paraissaient une éternité. J'avais croisé mes jambes, laissant mon pied s'agiter dans le vide. Zoey avait vite vu que je n'allais pas bien et elle quitta aussitôt son père pour venir me caresser les cheveux. Elle savait que ça me calmait et elle avait à peine trois ans. C'était à moi de la consoler, non l'inverse. Rapidement je vins déposer un baiser avant de prendre la parole.
- Va voir papa, je suis malade Zoey, tu ne veux pas être malade non?
Elle me fit "non" d'un signe de tête avant de revenir sur les genoux de son père, se mettant à sucer son pouce tandis que sa tête était calée contre le torse musclé d'Enzo. Je ne regardais que Zoey, impossible de regarder Enzo sinon j'allais vomir tant j'étais stressée du résultat.
L’envie d’arrêter d’être lâche était vraiment présente. Mais au bout d’un moment il faut savoir dire stop. Je ne partais pas pour autant, je ne la laissais pas pour autant tomber, malgré le fait qu’elle semble vouloir plus. Ca aurait pu me saouler davantage, partir sans rien dire, embarquer Zoey et laisser Maxyn se débrouiller toute seule. Mais ça ressemblait plus à de la méchanceté. Elle ne va pas bien, et elle pouvait me faire chier autant qu’elle voulait, je ne comptais pas bouger. Qu’elle me supplie ou non de partir. Finalement, elle revint bien rapidement jusqu’au salon, alors que Zoey avait déjà pris place sur moi depuis quelques minutes. Les deux minutes restantes risquaient d’être bien pesantes. Je me demandais comment elle allait réagir, surtout devant Zoey. Cette dernière voyait bien que sa mère n’allait toujours pas bien. Elle voulait la réconforter, et c’était attendrissant à voir. Mais cela ne dura pas longtemps vu que la blonde renvoyait sa fille vers moi. Je trouvais ça bien trop rude. Pourquoi la rejetait-elle ? Après tout, il y a des chances pour qu’elle ne soit pas si malade que ça. Un long regard s’enchaîna entre elles pendant de longues secondes et cette situation devenait de plus en plus gênante. Je ne savais même pas quoi dire, il n’y avait rien à dire, encore moins devant Zoey. La seule chose qu’on pouvait faire c’était d’attendre. Je câlinais toujours ma fille, regardant malgré moi les dessins animés qui passaient, n’arrêtant pas de penser à Maxyn et à son test de grossesse. Je ne savais même pas combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle était revenue s’asseoir. Je ne savais pas non plus si je devais aller voir le résultat moi-même ou si elle voulait le faire. Je n’avais pas l’impression qu’elle s’en sentait capable. Mon regard se posa sur elle, et elle semblait encore plus en piteux état. Tu devrais vraiment aller te reposer Max, vraiment. Je m’occupe de Zoey, ne t’inquiète pas. Bon ok, elle voudrait certainement voir le résultat du test avant tout, mais ça devait être bon là non ? Même si en soit, c’est davantage elle qui aurait besoin d’attention, mais j’avais de plus en plus l’impression que c’était inutile. Oui, je pouvais la soigner, mais à côté de ça, je n’avais pas du tout la sensation qu’elle voulait être rassurée. Elle semblait me repousser, à sa manière. Elle voulait m’avoir dans sa vie, mais seulement à sa façon ? Mais si je partais, si notre relation redevenait comme avant, est-ce que ça lui suffirait vraiment ? Je n’arrêtais pas de la regarder et me rendais vraiment compte que non, je ne voulais plus vivre si loin d’elle. Mais vivre de nouveau ensemble me semblait être bien plus casse-gueule.
Mes yeux étaient rivés sur le test, deux minutes me semblaient interminables. Je savais qu'avoir rejeté Zoey était maladroit voir mal mais là... J'avais déjà fait l'effort de revenir ici, d'avoir fait le test, de l'emmener là avec Enzo mais il ne daignait même pas y adresser un regard. Il devait me détester... Comme si tout était de ma faute alors qu'il était aussi responsable que moi, alors pourquoi me faisais-je autant de mal? L'habitude.
J'entendais les mots d'Enzo mais je ne comprenais pas pourquoi il voulait que je parte alors qu'il voulait que je fasse ce test. Des paroles en l'air.. Comme notre nuit passée ensemble. Je ne voulais pas d'un ami en tant que père de cette chose en moi, je ne voulais pas qu'il soit là à temps partiel, à croire que JAMAIS je n'aurais une vie amoureuse ou familiale... Normale. Ou idéale.
Je me levais et pris le test. Deux minutes s'étaient écroulées ne prenant pas la peine de faire attention aux mots d'Enzo tant j'allais mal. Sans le regarder je me dirigeais de nouveau à la salle de bain. Si je devais sauter de joie ou m'écrouler je préférais faire cela toute seule. Pas devant Zoey et Enzo.. Je ne savais pas si je pouvais compter sur lui vu comment il me considérait. Il voulait sûrement "rester" pour encore se racheter d'il y a deux ans mais pas par réelle envie, de toute façon, il n'avait même pas daigné regarder le test quand je l'avais ramené.
Une fois seule dans la salle de bain, je m'enfermais à clé à l'intérieur et je regardais le test après une forte inspiration... Et mon coeur s'arrêta. Il y avait affiché "enceinte". J'aurais pu m'écrouler, pleurer encore, hurler, tout péter mais je restais en total "bug". Je me laissais juste glisser contre la porte jusqu'à atterrir au sol, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés, les larmes coulant toutes seules le long de mes joues. Je ne disais là, restant là... Bêtement. Je ne savais pas quoi penser tant j'étais... Déboussolée. L'avortement fut juste la première chose qui me vint en tête mais Enzo.. Me laisserait-il faire? Il s'agissait de mon corps... Je restais alors silencieuse, pleurant en silence malgré moi, le test entre mes mains que je ne quittais pas du regard.
Il est évident que Maxyn n’allait pas et que je m’inquiétais pour elle. Je voulais qu’elle aille se reposer, oublier ce test et me laisser faire. Mais c’était peine perdue, évidemment qu’elle voudrait voir ce qui allait s’afficher. Le froid était revenu en masse entre nous, aucun de nos regards n’arrivaient à se croiser et j’avais fini par abandonner. Surtout qu’elle ne répondait même pas à ma requête. Je ne savais plus quoi faire ni quoi dire. Sauf que la voir aller s’isoler dans la salle de bain, entendre le verrou se fermer, ça m’exaspérait encore plus. Pourquoi fallait-il qu’elle voit tout noir ou tout rose. Je soupirais un bon coup, et déposais un baisé sur la tête de ma fille avant de la faire s’asseoir sur le canapé. Evidemment que je n’allais pas laisser mon ex gérer cette nouvelle sans moi. Sauf que je me doutais bien qu’elle avait déjà du regarder le test. Je frappais légèrement à la porte et je disais Ouvre moi Maxyn. S’il te plaît. Laisse-moi être là pour toi. Je savais très bien qu’elle voulait plus, mais pour le moment je m’en sentais incapable. M’en vouloir pour ça n’était pas fair-play de sa part. Surtout que mes sentiments se sont développés comme jamais pour elle. Une part de moi savait que je ne pourrais plus l’ignorer, plus simplement lui dire des formalités, non, j’avais ce nouveau besoin de la voir, d’être là avec elle. Et la voir me fermer la porte ainsi, non, ça ne me plaisait pas du tout. Je n’irais pas jusqu’à défoncer la porte, mais je n’allais pas me laisser impressionner. Sache que j’ai tout mon temps. Lui disais-je, pas sûr du tout qu’elle se décide un jour à m’ouvrir. La petite tête de Zoey dépassa du canapé. On pouvait encore se voir de là où j’étais. Je voyais bien qu’elle était inquiète et qu’elle se posait tout un tas de questions. Je lui envoyais alors un clin d’œil complice et son petit sourire refit surface. Maxyn avait intérêt à m’ouvrir rapidement ou à me parler avant que Zoey ne soit vraiment plus inquiète. Je n’avais plus envie de la voir dans un crise affreuse comme l’autre soir.
Buguée voilà ce que j’étais. J’avais oublié toute notion du temps, restant à lire le mot « enceinte » sur ce test de grossesse 3.0. Mon corps se contentait de rester figé et plaqué contre cette porte froide bien fermée à clé. Je ne saurais dire si j’étais là depuis une minute ou bien 30 voir bien plus. Mais la voix d’Enzo me fit sortir de mon « monde ». Sursautant à sa voix grave et aux bruits faits contre la porte je m’étais instinctivement déplacée, m’éloignant de cette dernière. Comme pour me protéger. Protéger de quoi ? D’Enzo ? Jamais Enzo n’oserait me faire du mal… Physiquement parlant.
Je me relevais tant bien que mal, m’aidant du lavabo pour me maintenir en équilibre. Il voulait être là pour moi, encore et encore… Je disais « non » d’un signe de tête comme s’il me voyait à travers cette fichue porte. Main tremblante, je déverrouillais la serrure laissant Enzo enter. Je refermais derrière lui, encore, je n’arrivais pas à parler. Rien, rien ne sortait. Rien… Alors je lui tendis le test avec le mot « enceinte » écrit dessus. Je m’arrêtais là.
Je ne pleurais toujours pas, je n’hurlais encore moins, je restais figée… Comme une imbécile. J’étais sous le choc et je m’en voulais. Je m’asseyais sur le rebord de la baignoire, là où était Enzo un peu plus tôt, lui aussi sous le choc de cette annonce mais là c’était officiel sauf que je semblais plus… choquée que lui. Je baissais les yeux, laissant mes cheveux cacher mon visage, mes mains à plat sur mes cuisses, le regard fuyant. J’entendais juste ma respiration et celle d’Enzo puis la télé au loin. Zoey ne disait rien et je me demandais comment elle faisait pour être si patiente à force de nous voir faire des allers-retours, surtout me concernant.
Mes ongles se plantaient dans mes cuisses à travers mon jeans, je les sentais plus que bien malgré l’épaisseur de ce dernier avant que je finisse par poser une main sur mon ventre, laissant une minable larme couler, encore. Je disais « non » d’un signe de tête, voilà juste ma réponse. Un « non » de la tête et une larme.
Pourquoi se sentait-elle dans le besoin de s’enfermer à clé pour vérifier si elle était enceinte ou non ? Ce n’était pas comme si je m’en foutais, au contraire, je voulais savoir si elle l’était vraiment et ce qu’on allait faire par la suite. L’idée qu’elle avorte me rendait encore plus anxieux. Non je n’avais clairement pas prévu d’avoir un deuxième enfant, pas tout de suite, et je n’aurais pas pu m’imaginer un quart de seconde que cela soit avec mon ex. Moi qui pensais que je ne pourrais plus jamais revenir avec elle, les sentiments que j’ai à son égard commence vraiment à m’en faire douter. Je lui avais alors signifié que je pouvais attendre indéfiniment devant cette porte jusqu’à ce qu’elle finisse par m’ouvrir. Heureusement pour moi, ce ne fut pas très long. Je rentrais de nouveau dans la petite pièce, mais elle nous enferma. Elle ne disait mot. Elle ne semblait pas avoir la force de m’annoncer le résultat. Elle préférait me le montrer. Quand je vis le petit « plus » s’afficher sur le test, j’eus un mélange d’émotions intenses. A la fois heureux, paniqué, triste et excité. Ce n’était pas normal de ressentir autant de choses opposées. Je relevais alors le regard vers Maxyn, sans oser réagir de quelque façon, alors que l’envie de sourire me prenait. Mais je me retenais. Par respect pour elle. Elle semblait dévastée et ça me faisait de nouveau mal au cœur. Elle était assise sur le rebord de la baignoire, n’osant toujours pas affronter mon regard, préférant secouer la tête. C’est évident que cette annonce ne l’enchante guère. Mais je ne peux pas l’encourager à l’avortement, j’en suis incapable. Même si c’est une vie microscopique à l’heure actuelle, je ne peux pas tuer quelque chose qui fait partie de moi. Partie d’elle. De nous. Je posais alors le test sur le rebord du lavabo et enclenchais la conversation Je ne peux pas te forcer à garder cet enfant, mais je ne peux pas non plus te donner mon accord pour l’avortement. Cet acte est fait pour les jeunes filles trop jeunes pour être mère ou pour des femmes violées, pas pour des mamans qui savent déjà s’occuper d’un enfant et dont le père est toujours présent. Mais j’avais l’impression que quoi que je dise, ça ne menait à rien, rien de ce que je pourrais lui dire ne la rassurera ou lui fera du bien.
Je restais là, tête baissée, je ne clignais même plus des yeux tant je me sentais... hors de moi. Trop hors de moi. Les larmes sortaient malgré moi, j'étais hors du temps, hors de tout... Ma main caressait inconsciemment mon ventre tandis que l'autre agressait ma cuisse dû au stress, à la peur, à un peu tout. Mais quand Enzo se remit à parler, ça me déconnectait un peu de tout cela. Un peu... Un tout petit peu.
Je n'osais toujours pas le regarder, séchant vite mes fichues larmes, Enzo devait me prendre pour la pleureuse du siècle. Je frottais mon visage de mes mains mettant mes cheveux bien derrière mes oreilles. Je comptais dans ma tête le nombre de fois où j'inspirais puis expirais tant j'avais peur de ne plus savoir comment fonctionne mon corps dû à la panique qui m'envahissait.
- Je peux pas Enzo, je veux pas... J'ai dû mal avec Zoey... Comment tu veux... Que je m'occupe de deux enfants toute seule? Oui tu seras là... Mais chez toi, on n'est même pas ensemble et tu veux que je le garde? Pour que cet enfant ne connaisse pas de vraie vie familiale comme Zoey le vit actuellement? Je peux pas Enzo, je peux pas.
J'évitais toujours son regard, j'avais envie de vomir, les nausées revenaient. Ou l'angoisse cette fois-ci ou bien les deux.
- Je vais vomir...
Je mettais ma main devant ma bouche comme si ce simple geste allait suffire. J'étais désormais à genoux au sol, non loin des cuvettes mais je me forçais à ne rien vomir, hors de question de faire ça devant Enzo même si j'étais livide et que mes yeux devaient être vitreux.
- Je veux pas Enzo, je t'en supplie...
Et là je recraquais en pleurant à chaude larme, me rapprochant des toilettes tant bien que mal. Je recommençais à trembler, je faisais une crise d'angoisse, ce n'était pas des nausées mais bel et bien une crise d'angoisse. Je ne faisais que répéter des "s'il te plaît" même en susurrant mais là à part dire cela, je me sentais incapable d'avoir une vraie et longue conversation à ce sujet, la nouvelle était bien trop rude. Car même si j'avais senti que j'étais enceinte, j'avais espoir que le test s'avère négatif en fin de compte... Sauf qu'à trop penser, je me mis à vomir. Tête dans la cuvette, je n'avais rien à vomir d'ailleurs, plus de la bile qu'autre chose et ça m'irritait la gorge à souhait.
S'il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, c'est de la voir pleurer. Pourquoi est-ce que ça me touchait autant ? Sûrement parce que je m'en voudrais toujours de l'avoir abandonné une fois et qu'elle avait du être aussi mal quand je l'ai quitté. Je n'aurais jamais du et le regret sera toujours présent. Je peux toujours essayer de me rattraper, même si je sens bien que c'est bien plus profond qu'une simple volonté de me rattraper. Non, j'ai vraiment envie d'être avec elle, de la soutenir. Je me voile la face, très certainement, mais ça me fait autant peur que mal au cœur de la voir toujours aussi mal. Je ne savais plus quoi faire. Toujours aller dans son sens ? J'en étais incapable. Encore moins quand elle me parlait de tuer cet enfant. Si je lui disais que je resterais avec elles, est-ce qu'elle le tuerait quand même ? Peut-être pas. Je me retrouvais confronter à un dilemme monumental. Je comprenais qu'elle ne pouvait pas avoir cet enfant, pas dans ces conditions. C'est exactement ce que j'ai ressenti quand Zoey était en cours de création. J'avais mal agit et aujourd’hui je me retrouvais à lui dire de garder cet enfant. C'était totalement déplacé de ma part. Je le sais bien. La panique me domina de nouveau quand elle s'agenouillait, me disant qu'elle allait vomir. Et j'étais sensé faire quoi ? Partir ? Elle était au dessus de la cuvette, me demandant en effet de sortir. Mais ce n'était pas seulement pour qu'elle puisse vomir. Je sentais bien qu'elle ne voulait plus parler de tout ça et que ça lui faisait du mal. Mais elle se mettait à vomir, comme si elle était vraiment malade. Mais que pouvais-je faire à part sortir de la salle de bain ? Lui dire que ça passerait, que je serais là pour qu'elle se sente mieux ? Non, je préférais la laisser tranquille, j'en avais déjà assez fait. Je refermais la porte de la salle de bain derrière moi, voyant encore le petit visage de ma fille, totalement inquiète. J'aurais pu l'emmener avec moi, qu'on laisse sa mère tranquille, mais c'est tout ce dont elle n'a pas besoin. Une part de moi voulait partir, mais au fond, je ne pouvais pas les laisser toutes les deux, pas dans cet état. J'attendrais qu'elle aille un peu mieux. Même si je me doutais bien qu'elle n'allait pas manger, encore. Je te prépare un goûter Zoey ? Le temps avait filé dangereusement.
Pourquoi Enzo ne voulait pas que j'avorte? Ne voyait-il pas dans quel état ça me mettait? N'entendait-il pas mes pleurs? Mes supplications ? Je vomissais ma bile, ma gorge me brûlait, mes yeux étaient rouges tant ça me faisait mal. La seule chose positive dans tout cela c'est qu'il avait quitté la pièce. Je ne savais pas quoi faire et être seule face à tout cela me terrifiait. Oui, je me sentais seule car Enzo ne me comprenait pas. Je pensais trop, j'avais envie d'hurler, de traiter tout le monde, j'en avais marre. Trop marre.
J'avais dû rester un bon quart d'heure, seule à la salle de bain... Après m'être sentie mal, je me sentais mieux... Vomir m'avait aidé à évacuer toute cette pression que j'avais ressenti d'un coup. J'étais toujours aussi pâle mais plus du tout nauséeuse. Pour réveiller tous mes sens et stopper ces pensées inutiles j'avais pris une douche bien froide. Oui, froide. J'y étais restée à peine 2 minutes pour ensuite enfiler un shortie et un débardeur qui me servaient de pyjama. Sortie de la salle de bain, j'étais revenue dans ma chambre prendre une veste assez épaisse pour me mettre par dessus. J'avais chaud, froid, c'était bizarre, à part me sentir plus "légère"...
Je revenais presque en titubant au salon mais il y avait juste la télé. Je tendais un peu l'oreille et j'entendais Enzo et Zoey parlaient à la cuisine. Mes pieds prenaient la direction de cette dernière et Zoey mangeait sa tartine chocolatée avec son petit verre de lait, elle adorait ça. Qui aurait cru que deux plus tard les rôles s'inverseraient et qu'Enzo serait un meilleur parent que moi. Je m'asseyais à côté de Zoey, lui caressant ses cheveux lisses.
- T'en veux maman? C'est super bon! - Non merci ma chérie, non merci... Je n'ai pas faim.
Mon sourire était forcé mais se voulait rassurant... Jusqu'à que je croise le regard d'Enzo qui me déstabilisait. Je ne savais pas ce qu'il pensait, s'il me détestait, s'il me trouvait pitoyable... Ce qui allait se passer à présent.
- Tu es toujours malade? Papa peut te soigner!
Je buguais un peu, sans trop savoir quoi répondre, j'en avais marre de mentir et de m'inventer des maladies imaginaires. J'étais juste fatiguée et j'espérais me réveiller en n'étant pas enceinte et que tout aille mieux dans le meilleur des mondes... J'espérais oui. Honteuse, je baissais les yeux, me blottissant contre le mur, repliant un genou sur la chaise tandis que mon autre jambe restait sous la table.
A travers la porte, j'entendais encore les vomissements de mon ex et ça me faisait mal, mal pour elle. J'étais incapable de l'aider, il fallait que ça passe. Je pouvais très bien voir que ça ne lui allait pas du tout le fait d'être enceinte, mais ça me donnait un goût amer de ne pas assumer ses actes. Je n'avais pas envie qu'elle devienne comme moi et qu'on échange les rôles. Sauf que depuis quelques temps, j'avais vraiment l'impression que c'était le cas. J'avais alors proposé à Zoey son goûter, pour oublier un peu ce qu'il venait de se passer, pour qu'elle ne s'inquiète pas plus. Elle sauta du canapé et on allait main dans la main jusqu'à la cuisine. Elle me demandait son goûter, sa tartine et son verre de lait habituel. A cet âge, varier n'est pas un mot qu'il connaisse. Mais d'un côté, ça nous facilite la vie en tant que parent. Même si je souriais à ma fille, qu'on parlait de son dessin animé, je me demandais si Maxyn allait mieux. Je n'arrêtais pas de regarder l'entrée de la cuisine. Et puis finalement, elle débarqua enfin. Toujours aussi pâle, mais elle semblait déjà aller un peu mieux. Je restais là, contre l'un des meubles de la cuisine, bras croisés sur mon torse, la regardant faire. Elle s'était assise à côté de sa fille et je voyais bien qu'elle essayait de la rassurer. Même si ce n'était pas comme ça qu'elle allait y arriver. Mais c'est déjà un début. Puis voilà que Zoey disait à sa mère que je pouvais la soigner. C'était vraiment adorable comment elle disait ça. Mais elle n'avait pas vraiment d'être soignée. Il faudrait surtout que maman aille voir un médecin, n'est-ce pas Maxyn ? Je peux au moins t'y emmener. Evidemment que je voulais parler d'un gynéco. Mais il y avait surtout beaucoup de chances pour cet entretien ne se passe pas comme je le voudrais, mais je n'irais pas à l'encontre de sa volonté non plus.
Gênée, pensive, malade, bête, stupide, puérile... Conne. Oui, conne. Ca me décrivait parfaitement. Je ne me reconnaissais plus, j'étais perdue. Avant que Zoey naisse, c'était moi qui avait tout fait pour tomber enceinte, tout jusqu'à mentir à Enzo pour tout faire derrière son dos. Il était pas prêt à l'époque d'être papa et malgré tout, le sachant mal, perdu, paniqué, je n'avais pensé qu'à moi, voulant garder à tout prix cette chose en moi... Cette chose qui était désormais une magnifique petite fille de trois ans. A son âge, on ne devait pas s'occuper de ses parents, à son âge on devait juste manger du chocolat à outrance devant la télé ou alors jouer dehors ou juste dormir. A son âge on devait voir un papa et une maman heureux ensemble, rire ensemble, vivre ensemble... A son âge on devait faire et voir bien des choses et j'avais l'impression de ne rien faire correctement.
J'étais consciente que je n'étais pas seule dans l'histoire, Enzo avait ses responsabilités mais je culpabilisais tant qu'à mes yeux la seule fautive était moi. Il y a 4 ans, j'avais tout fait derrière le dos d'Enzo, seule, en me jouant de lui, cette année, j'étais enceinte jouant de lui mais dans un autre sens: il ne voulait pas me donner son accord pour l'avortement alors que moi je voulais fuir cette chose dans mon estomac. Comme si c'était impossible que je m'entende à ce niveau avec lui, comme si... Nous n'étions pas faits pour être parents ensemble, pourquoi le destin s'acharnait tant? Des couples essayaient pendant des semaines, des mois, des années pour attendre l'heureux événement et moi... Je couche UNE fois avec Enzo et je tombe enceinte. Etais-je trop fertile ? Ou alors le sperme d'Enzo était trop compatible avec mes ovules ?
La voix d'Enzo me fit sortir de mes pensées l'espace de quelques secondes. Je regardais Enzo qui parlait sur un certain ton pour rassurer Zoey, notre fille. A peine avait-il prononcé le mot "docteur" que Zoey prit ma main pour m'y déposer un bref baiser.
- Bisou magique!
Son rire me fit sourire en retour. Il était si innocent, si angélique, si mélodieux... Un vrai remède contre la dépression. Même si là ce n'était nullement cette maladie. Je caressais le revers de ma main à l'aide des doigts de mon autre main, restant pensive, ne répondant pas de suite à Enzo.
- Oui... Maman va aller voir un médecin. - Moi j'aime pas les médecins... mais faut soigner ton bobo...
J'aurais pu répondre directement à Enzo mais répondre à Zoey me semblait moins effrayant... moins... réel. Comme si Zoey dégageait une telle innocence que je n'arrivais pas à penser "à mal"... J'avalais difficilement ma salive me grattant ensuite la gorge, je ne savais même plus quoi dire à force. Il y avait tellement de choses à dire pourtant.
- Tu comptes faire quoi ?
Je levais les yeux vers Enzo, je savais qu'en présence de Zoey il devait peser ses mots et utilisait des métaphores. Peut-être que le choc sera moins... lourd ainsi.
- Tu vas rester ici pour t'occuper de maman?
Zoey et ses questions... Elle parlait la bouche pleine se mettant du chocolat partout. C'était adorable, je n'osais même pas lui faire la morale comme quoi parler la bouche pleine était mal. Je me levais alors, je titubais toujours un peu, je pris du sopalin pour venir essuyer sa petite bouche chocolatée. Avant de venir vers Enzo qui était adossé à un meuble. Je posais délicatement ma main sur son bras pour lui faire comprendre de bouger vu qu'il gênait l'accès à la poubelle. Je ne disais rien... J'aurais pu lâcher son bras mais ma main restait à le caresser doucement mais ce fut bref. A peine le sopalin aux oubliettes que je revins m'asseoir près de Zoey.
Si je prenais la situation, là, d'un point de vue extérieure, je pourrais croire que je manipulais Enzo, encore. Ayant fait exprès d'être enceinte pour qu'il revienne ici, pour qu'il m'aime à nouveau comme avant... Je savais que ce n'était pas le cas mais à croire que je ne me faisais même plus confiance. Ou alors, je cherchais encore une façon pour me faire mal, comme si ma vie actuelle ne me suffisait pas en guise de souffrance ultime.
Oui, Maxyn devra dans tous les cas voir un gynécologue, pour vérifier qu'elle était bel et bien enceinte et aussi pour lui annoncer ce qu'elle comptait faire, et si elle choisissait vraiment de mettre un terme à cette grossesse, elle allait devoir prendre un rendez-vous très rapidement, sinon ça sera trop tard. Et en même temps, elle est enceinte depuis combien de temps ? J'en avais aucune idée, et elle, est-ce qu'elle le savait ? Elle ne pouvait pas avoir dépassé les premières semaines. Elle répondait alors à Zoey qu'elle allait en voir un, comme si c'était bien plus facile de parler à travers Zoey, pour éviter toute querelle entre nous. Ca semblait bien fonctionner. C'était bien plus apaisant. Me prendre la tête avec elle, la voir pleurer, j'en avais eu assez, c'est épuisant émotionnellement. J'aurais voulu que tout se passe parfaitement, qu'on forme de nouveau une nouvelle famille. Mais ça devenait de plus en plus de la fiction. Comme si nos intérêts étaient bien ailleurs. Finalement Maxyn me demandait ce que je comptais faire. Je la fixais un moment, perplexe, ne sachant toujours pas quelle était la bonne réponse pour éviter encore de la faire pleurer. La question que posait juste après notre fille me fit lui sourire tendrement. Pour ce soir, oui, si elle le veut bien. C'était dangereux, mais je ne comptais pas lui enlever Zoey, la laisser seule, partir sans me soucier de son état. Non j'avais dit que je serais là pour elle, et vu qu'elle ne le voulait pas, j'estimais que c'était un bon compromis. Même si en soit, je ne lui laissais pas vraiment le choix. En tout cas, ça semblait ravie notre fille. Qui s'était bien tâchée avec sa tartine. Elle était vraiment adorable et craquante. Je m'imaginais alors avec cet autre enfant, dans cette cuisine, tous les quatre. Mais la blonde me sortit de mes pensées en posant sa main sur mon bras, pour qu'elle puisse accéder à la poubelle. Elle aurait pu me détester, m'en vouloir de ne pas la soutenir dans ses choix comme elle le voudrait, mais je sentais toujours autant de tendresse dans ce simple geste. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, elle était si proche et elle me faisait encore plus battre mon cœur rapidement. Cet éloignement me faisait du mal, c'est évident. Mais c'était ce qu'il nous fallait. Je la laissais se rasseoir avant de rajouter On peut même prendre rendez-vous maintenant, comme ça je serais sûr de pouvoir t'accompagner. Parce que je ne voulais pas qu'elle y aille toute seule.
Il voulait rester ce soir, si je voulais bien. Je souris à ses mots, oui je voulais qu'il reste et avoir bien plus. Je me sentais égoïste mais j'étais perdue... Un coup il me faisait comprendre qu'il voulait rester avec moi puis un autre coup il me disait avoir de l'affection pour moi... "Juste". Je me sentais égoïste à le forcer à ressentir ce qu'il ne ressentait pas ou avoir tout, tout de suite. Oui, j'étais égoïste et horriblement conne.
A peine rassise sur ma chaise, mes yeux rivés sur Enzo, j'aurais tellement aimé être rassurée, là, dans ses bras, qu'il me caresse les cheveux, qu'il me dise que tout allait bien se passer, qu'on allait réfléchir ensemble, trouver des solutions... Je soufflais discrètement, caressant les cheveux de ma fille qui semblait ravie de savoir son père ce soir chez nous... J'étais étonnée qu'elle ne se pose pas plus de questions sur nous, peut-être car pour elle "c'était normal cette situation", de voir ses parents vivre dans deux maisons, puis les voir côte à côte, je n'en savais guère rien.
Mais quand Enzo parlait d'appeler le médecin maintenant, une boule au ventre se forma. Oui je savais qu'il avait raison mais je pensais appeler demain ou après demain ou après après demain... Peur d'affronter encore la vérité et de trop en savoir sur la chose dans mon ventre. Je me mordais ma lèvre inférieure de stress avant de dire "oui" d'un signe de tête.
- Oui... Je vais l'appeler. Enfin on va appeler.
Enzo avait employé le pronom "on" après tout. Je voyais bien qu'il voulait être là cette fois-ci et je devais accepter ses choix. Accepter le fait qu'il ne puisse me donner ce que je voulais vraiment mais il ne semblait pas me fermer les portes pour autant, j'espérais.
- Je pourrais venir aussi??? - Non, non Zoey, je suis malade, on va aller dans un endroit où il y a d'autres malades et je ne veux pas que tu sois contaminée. Tu seras à la garderie avec tes amis, d'accord?
Elle boudait et avait lâché sa tartine chocolatée, mais elle était mignonne à voir. J'embrassais son front, n'arrêtant pas mes caresses dans ses cheveux si doux et soyeux... Sauf qu'elle boudait vraiment. Elle descendit tant bien que mal de la chaise en courant avec ses petites pattes dans sa chambre. Je riais doucement à sa réaction, certes elle était vexée mais vexée de façon mignonne si je pouvais dire la chose ainsi. Moi qui voulait parler à travers Zoey de peur que ça se passe mal avec Enzo mais bon là j'étais seule face à lui. Je ne pouvais pas utiliser Zoey à ma guise pour fuir quoique ce soit.
Alors, je me levais, sans dire un mot ou autre. J'allais au salon chercher mon téléphone portable, cherchant le numéro de ma gynéco pour revenir à la cuisine près d'Enzo. Enfin, sur ma chaise. Je voyais toujours mes mains trembler tant mon téléphone était instable aux creux de ces dernières. Je trouvais enfin le numéro du médecin, j'avais cliqué dessus mais je n'avais pas encore appuyé sur le téléphone vert. Je soufflais encore en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
- Je te jure Enzo, je suis désolée de te faire subir ça... Je ne veux pas te forcer à quoique ce soit...
Je levais timidement mes yeux vers lui, son regard me perturbait toujours autant car j'avais envie de bien plus mais je devais calmer mes ardeurs... Faible que je suis, je rebaissais de suite les yeux posant le téléphone sur la table, le numéro du médecin toujours affiché qui ne réclamait que d'être appelé. Je voulais surtout me calmer avant et d'arrêter de trembler de la sorte.