Apocalypse now (zombieraeleah)

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Le trajet continua une nouvelle fois dans le plus grand des silences, mais cette fois-ci il était légèrement apaisé par le fait que Raelyn lui avait enfin dit ce qu’elle pensait tout bas. Leah savait de toute façon qu’elle lui en voulait, et maintenant que les choses avaient été dites, il n’y avait plus que le temps qui pourrait calmer les quelques tensions restantes. Après tout, elle lui avait sauvé la vie un nombre incalculable de fois, et le chemin emprunté pour retrouver son ami était toujours le plus dangereux ; elle ne pouvait pas dire qu’elle ne faisait pas d’efforts pour rejoindre cet homme au plus vite. Garant la voiture sur le bas-côté, la jeune femme en fit le tour afin d’observer le visage de Raelyn sous tous les angles. Ce type n’y avait pas été de main morte. « C’est si horrible que ça ? » A La brune hocha légèrement la tête avant de hausser les épaules. « Au moins l’avant et l’arrière sont assortis maintenant. » Lança-t-elle en faisant référence à la plaie qui traversait l’arrière du crâne de Rae. « Heureusement que j’ai cessé de m’accrocher à l’idée de ressembler à quelque chose. » Un sourire en coin apparu sur les lèvres de Leah tandis qu’une image de l’ancienne Raelyn lui revenait à l’esprit. Clairement, la fin du monde avait fait baisser son capital séduction à pas grand-chose. Mais une fois tous les artifices enlevés, la brune demeurait une très belle femme – une pensée que Leah conserva toutefois pour elle, persuadée qu’elle ne manquerait pas l’occasion pour lui rappeler qu’elle était restée hétéro en dépit du baiser qu’elles avaient partagé. « Y’a quelque chose que tu peux faire ? » Leah fit la moue avant d’ouvrir sa pharmacie portable. « En temps normal je t’aurais collé un truc congelé sur l’œil, mais j’ai pas ça à disposition. » Elle réfléchit quelques secondes tout en fouillant dans les fournitures médicales qu’elle avait collecté depuis deux ans. « Tiens. C’est une pommade décongestionnante… C’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. » Ce truc l’aiderait à dégonfler plus vite et à cicatriser. Son œil était complètement refermé sur lui-même, ça craignait vraiment si elle devait se battre dans quelques heures.

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2 ans depuis la fin du monde – Jour 4

Ce n’était pas tout à fait vrai, ce que j’avançais, que je me fichai totalement de mon apparence et de l’image que je renvoyais au monde. J’avais appris à faire avec, mettant un point d’honneur à éviter de croiser des miroirs tant que c’était possible, mais je ne m’en fichais pas totalement non. Quand je voyais mon visage dans cet état je ne pouvais empêcher mon cœur de se serrer et ma sempiternelle fierté d’en prendre un coup, malgré tout. « Au moins l’avant et l’arrière sont assortis maintenant. » Je lui adresse une grimace, ayant l’impression que ma tête était devenue depuis quelques jours un vrai champ de combat. Au moins la plaie à l’arrière de mon crâne ne me faisait plus aussi mal qu’avant, et c’était déjà ça de pris. « Ouais, tout le monde s’est passé le mot. » Je fais une pause avant de reprendre. « Je crois que ça cicatrise bien, derrière. » Cela me tire moins en tout cas.

J’apprécie l’effort de chercher à m’aider, mais dans ce cas de figure je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire. La marque deviendra rouge puis noire, bleue, violette, passera par toutes les couleurs de l’arc en ciel pendant quelques jours, deux semaines plus tard avant que je ne retrouve un visage normal. Je secoue la tête, déglutissant difficilement. « En temps normal je t’aurais collé un truc congelé sur l’œil, mais j’ai pas ça à disposition. » Elle se penche dans la voiture avant de me tendre un tube de crème. « Tiens. C’est une pommade décongestionnante… C’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. » J’observe le tube et le fais tourner entre mes doigts un instant. « Merci. » Je m’installe en tailleur, le dos contre un arbre, avant de déboucher le tube pour faire glisser une noisette de crème sur mes doigts, massant ma pommette en grimaçant. « Tu dois te dire que c'est le karma qui me rattrape enfin. » Avec tout ce que j’avais à me reprocher de l’avant. J’étale encore la crème, avant de reboucher le tube et de le glisser dans ma poche. J’essaye d’ouvrir un peu plus mon œil, avant de laisser tomber. Demain déjà ça ira mieux. « Ce type qui te frappait. Il lui est arrivé quoi ? » Je ne sais pas pourquoi j’y pense maintenant. Peut-être parce qu’elle semble être habituée à gérer ce type de coup, elle a dit en temps normal, et avec les révélations qu’elle m’a faite l’avant-veille je doute que cela soit une compétence qu’elle n’ait acquise qu’après l’épidémie.

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Maintenant qu’elles étaient à l’arrêt, Leah en profitait pour souffler un peu et pour faire une tentative d’humour face au fait que Raelyn avait récemment servi à plusieurs reprises de punching-ball. « Ouais, tout le monde s’est passé le mot. » En même temps, il était utopique de croire que cette fin du monde ne se passerait pas dans la violence et la douleur. La survie avait un prix, et elles le payaient tous les jours depuis plus de deux ans maintenant. L’adrénaline commençait à peine à disparaître, comme si son corps avait attendu qu’elle soit à l’arrêt pour mettre tous les signaux de dangers en berne. « Je crois que ça cicatrise bien, derrière. » Prenant ça comme une demande muette de vérifier comment sa plaie se portait, Leah y jeta un coup d’œil rapide avant de hocher la tête. « Aucun signe d’infection. Je sais pas qui t’as recousu mais cette personne était vraiment douée. » Elle fit un mouvement exagéré pour remettre ses cheveux en arrière, signe évident qu’elle plaisantait une nouvelle fois. « Merci. » Raelyn attrapa le type de pommade que la brune lui tendait tout en prenant appui contre un arbre pour s’en appliquer. « Tu dois te dire que c'est le karma qui me rattrape enfin. » Leah laissa s’échapper un petit rire, occupée à vérifier que rien d’important n’avait été oublié dans la précipitation dans cette maison. « C’est toi qui le dis, pas moi. » Cela prouvait que la brune avait conscience de la portée de ses actes passés, c’était déjà ça. Parfois, la jeune femme se demandait s’ils n’évoluaient pas tous dans un espèce de purgatoire avant d’arriver en enfer pour de bon. Elle n’avait jamais rien commis comme crime, sauf cette histoire avec Tobias. Mais peut-être était-ce suffisant pour faire de sa vie le théâtre d’un cataclysme comme celui qui leur était tombé dessus. « Ce type qui te frappait. Il lui est arrivé quoi ? » Leah haussa un sourcil, désarçonnée par cette question. « Avant tout ça je n’avais plus de nouvelle de lui. Il m’a laissée pour morte et il s’est enfui, et moi j’ai été dans le coma quelque temps. Mais quelques semaines après, quand tout a commencé… Il est revenu. Et il s’est fait buté sous mes yeux. Il a eu ce qu’il méritait. » Elle s’était toujours demandée s’il était revenu pour achever le travail ou dans le désir de l’aider à surmonter l’apocalypse, la jugeant trop faible pour se débrouiller seule. S’il la voyait aujourd’hui…

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Leah jette un œil aux point qu’elle m’a fait à l’arrière de la tête et je ne bouge pas, attendant de savoir comment les choses évoluent. Je préférerais que l’on n’ait pas à rouvrir la plaie et à la suturer à nouveau, j’ai encore la douleur de l’aiguille qui s’enfonce dans mon cuir chevelu sans anesthésie bien en tête, et je n’ai aucune envie de revivre ça. Bon la bonne nouvelle c’est que le type qui m’a cogné ne m’a pas ouvert le visage, et que je ne devrais donc garder aucun signe de ce passage à tabac, pas de signe physique en tout cas, et j’étais assez solide pour encaisser de potentiels impacts psychologiques. « Aucun signe d’infection. Je sais pas qui t’as recousu mais cette personne était vraiment douée. » Je pousse un soupir, d’abord de soulagement qui se mue en fausse exaspération devant la modestie relative de la brune, qui renvoie ses cheveux en arrière de façon théâtrale. « Ouais, elle a un sens des priorités douteux et ses chevilles rentreront bientôt plus dans ses rangers, mais elle sait suturer. » Je lui renvoie un sourire ironique, mais signe de détente de la situation malgré tout. Ma colère commence à retomber, même si je reste sur mes gardes. « C’est toi qui le dis, pas moi. » Je hausse les épaules. Non, je me fous bien de tout ce que j’ai pu faire par le passé, je le referai encore si cela pouvait m’aider d’une façon ou d’une autre et si j’étais étonnement agréable et humaine avec Leah, je n’étais pas devenue une sainte pendant l’apocalypse. « Avant tout ça je n’avais plus de nouvelle de lui. Il m’a laissée pour morte et il s’est enfui, et moi j’ai été dans le coma quelque temps. Mais quelques semaines après, quand tout a commencé… Il est revenu. Et il s’est fait buté sous mes yeux. Il a eu ce qu’il méritait. » Je hoche la tête en observant les réactions de la brune, qui malgré la surprise que trahissait son regard, semblait assez détachée de tout ça. « Ouais dans son cas à lui on peut parler de karma, c’est clair. » Je me redresse, avant de jeter un coup d’œil circulaire autour de moi. « Qu’est-ce que tu veux faire ? Prendre les quelques heures de repos supplémentaires dont ils nous ont spoliées ? Manger quelque chose ? Ou on se remet en route ? »

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Inspectant la plaie qu'elle avait refermé dans des conditions d'hygiène assez approximatives, Leah continua sur sa lancée en tentant une nouvelle fois de plaisanter. Elle ignorait d'où lui venait ce besoin d'alléger l'atmosphère à tout prix; sans doute se sentait-elle un peu coupable que Raelyn puisse penser qu'elle préfère prioriser la vie d'un chien plutôt que celle de son ami. « Ouais, elle a un sens des priorités douteux et ses chevilles rentreront bientôt plus dans ses rangers, mais elle sait suturer. » Un nouveau sourire étira les lèvres de la brunette lorsqu'elle constata que la jeune femme plaisantait à son tour, même si le ton était légèrement plus incisif que le sien. Peu importe, elles étaient en bonne voie pour que le tout revienne à la normale. Leah avait besoin de ça pour se sentir en confiance, et puisqu'elles allaient une nouvelle fois se jeter dans la gueule du loup pour avancer, il fallait qu'elle soit sure que Raelyn ait ses arrières. "On peut pas tout avoir hein." Lança-t-elle simplement en haussant les épaules sans se départir de son sourire. Tout en laissant la brune s'appliquer de la pommade, la jeune femme fit l'inventaire des affaires que Rae avait chargé à la hâte dans la voiture, tout en répondant à sa question pour le moins étonnante sur Camden. Le sujet était douloureux autrefois, mais plus maintenant. « Ouais dans son cas à lui on peut parler de karma, c’est clair... Qu’est-ce que tu veux faire ? Prendre les quelques heures de repos supplémentaires dont ils nous ont spoliées ? Manger quelque chose ? Ou on se remet en route ? » La brunette hocha une nouvelle fois la tête à la première partie de sa phrase, d'accord sur le fait que si il y avait bien une personne qui devait mourir lors de cette apocalypse, c'était bien cet enfoiré. Reportant ensuite son attention sur elle, elle pencha la tête sur le côté comme à chaque fois qu'elle prenait le temps de réfléchir avant de répondre. "Personnellement j'me sens bien pour reprendre la route, si toi ça te va. On pourra manger un truc ou l'autre en chemin si on a faim..." Elle sourit, lui montrant ainsi qu'elle ne comptait pas les retarder plus que nécessaire.

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L’atmosphère semble se détendre un instant, et si je ne suis pas à l’origine de la trêve je ne fais rien pour la contrer, l’empêcher de se produire. J’ai montré à Leah que même sur les nerfs j’étais restée pour elle – parce que je ne l’ai clairement pas fait pour le chien même si cette brave bête m’a déjà sauvé la vie – et si elle a déjà sauvé et épargné la mienne, je ne peux m’empêcher de penser que lorsqu’il a été question de faire un choix, elle a choisi de me mettre en danger avec elle, sans se poser la question, trop focalisé sur la plaie de ce pauvre animal. « On peut pas tout avoir hein. » Je laisse échapper un sourire, le premier vraiment sincère depuis notre altercation, avant de m’occuper de mon visage tuméfié. D’où sort-elle tous ces médicaments ? Je me pose la question tant elle semble avoir réponse à chacun de nos maux, quand je suis réduite à utiliser de la colle glue pour suturer mes plaies. Elle a braqué une pharmacie ou quoi au début de tout ça ? Certains l’ont fait, quand la ville a basculé dans le chaos, et quand plus personne n’était là pour tempérer les pulsions animales habituellement endormies.

Quand vient la question de la poursuite de notre périple, je pose la question en espérant secrètement que Leah me donnera la bonne réponse. Je n’irai pas jusqu’à dire que je la teste, mais au fond c’est sa chance de me montrer qu’elle fait ce qu’elle peut pour m’amener le plus rapidement à bon port. « Personnellement j'me sens bien pour reprendre la route, si toi ça te va. On pourra manger un truc ou l'autre en chemin si on a faim... » Je hoche la tête. « Va pour un truc en chemin. » De mon côté la fatigue engourdi mes membres, à moins que cela soit un contrecoup du passage à tabac , mais je tente de ne rien laisser paraître. Je comprends que cela va être compliqué quand à peine remontée dans la voiture, j’ai du mal à ne pas me laisser bercer, à garder mes yeux ouverts. Je pose à nouveau ma joue endolorie contre la vitre fraîche, lutte un instant contre la somnolence, et sans m’en rendre compte glisse rapidement dans un sommeil sans rêve. Je rouvre les yeux à peine plus tard – le soleil vient à peine de finir de se lever, et tourne les yeux vers une Leah concentrée sur la route. « Désolée, je vais essayer d’être d’une compagnie un peu plus…active. » Je sais que cela ne doit pas être facile de se concentrer sur la route après tout ça, même si elle est habituée à évoluer seule.

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Leah fut ravie de constater que ses efforts n'étaient pas vains, et elle rendit son sourire à la brune tout en continuant de vérifier que tout était en ordre. Elle n'avait jamais été une maniaque du contrôle, mais il était tellement difficile de réunir des vivres et des armes que la jeune femme devenait légèrement maniaque lorsqu'il s'agissait de son stock. Certaines de ces affaires avaient été prises au péril de sa vie, littéralement. Elle avait rapidement vu quelles devaient êtres les priorités, et celles-ci étaient la nourriture, l'eau, les médicaments et les armes. Il fallait continuellement être pourvu des quatre sans quoi les choses pouvaient rapidement partir en cacahuète. Pour l'instant ça allait, mais tout disparaissait plus vite quand on était deux, c'était logique. C'est l'une des raisons pour laquelle Leah voulait absolument tenter sa chance dans le centre-ville, même si c'était dangereux; on n' avait rien sans rien. « Va pour un truc en chemin. » Raelyn était d'accord pour la suite des évènements, rien d'étonnant là dedans. La brune hocha simplement la tête avant de se remettre en route, jetant fréquemment un oeil sur la carte ouverte sur les genoux de la brune qui s'était assoupie. Elle avait prit bien plus cher qu'elle sur ce coup là et Leah décida de la laisser dormir puisque de toute façon, il ne se passait rien. Il valait mieux qu'elle reprenne des forces, au cas où. Le temps passait et le ventre de la brunette commençait à gronder, mais elle se retint de réveiller Raelyn tant que cela ne s'avérait pas nécessaire. Et comme si elle lisait dans ses pensées, cette dernière ouvrit les yeux et se tourna vers elle, l'air fatigué. « Désolée, je vais essayer d’être d’une compagnie un peu plus…active. » Un rire s'échappa des lèvres de la jeune femme qui observa son amie de biais. "T'en fais pas, j'ai l'habitude." Elle jeta un oeil dans le rétroviseur avant de reporter son attention sur la route. "Mais par contre je veux bien que tu nous attrape un truc à manger, je meurs de faim." Et encore, c'était un euphémisme.

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Quand je rouvre les yeux je suis éblouie un instant par la lumière nouvelle, qui chasse les mauvais souvenirs de la nuit de façon presque définitive. Je masse les muscles de mon cou endoloris par le passage à tabac, sentant déjà qu’ils resteront contractés quelques jours, avant de tourner la tête vers la brune qui conduit en silence, les yeux rivés sur la route. « T'en fais pas, j'ai l'habitude. » Je laisse échapper un sourire, secouant la tête. « Ouais le chien est pas bavard hein ? » C’est sûr qu’en terme de discussion et de compagnie, j’ai peu de concurrence, même si je ne suis lèche pas encore affectueusement la joue. Je sens la faim qui me tiraille le ventre au moment où la brune manifeste elle aussi l’envie de gringotter quelque chose. « Mais par contre je veux bien que tu nous attrape un truc à manger, je meurs de faim. » Je hoche la tête et me retourne sur mon siège, genoux posé dessus, tâtonnant à l’arrière à la recherche du sac noir de nourriture qui commence à m’être familier. Je l’ouvre, prête à en annoncer le contenu. « Crackers, mais, raviolis, thon en boite, chips, le pot de nutella qu’on a trouvé hier, qu’est ce qui te fait envie ? » Un vrai festin tout ça… Autant de chose qui ne m’auraient jamais données envie deux ans en arrières, mais qui étaient devenue la base de notre alimentation. Dieu bénisse les conserves et les denrées impérissable. J’attends sa réponse avant d’attraper les crackers et le pot de Nutella, que j’ouvre pour y tremper un biscuit sec. A présent, plus besoin de se soucier du nombre de calories ingérées et des kilos en trop, elle a moins la peau sur les os que moi, mais pas plus à perdre. Les kilomètres passent, et les yeux rivés sur la carte je décide de la mettre en garde. « Attention, on va arriver dans le périmètre où t’as aperçu la horde l’autre jour. » A partir de là, difficile de savoir dans quelle direction les morts vivants sont allés, mais je préfère garder mes deux yeux ouverts, prête à toute éventualité.

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Leah laissa Raelyn reprendre doucement ses esprits, sans savoir elle-même combien de temps la brune avait dormi exactement. En général elle profitait du silence pour réfléchir à la suite, pour établir des plans, penser à de nouvelles éventualités ou perspectives... Un tas de choses lui passaient par la tête. Qu'allaient-elles trouver au bout de leur route? Est-ce que Mitchell serait là à l'attendre comme prévu? Parviendraient-elles au moins à atteindre la grange? Autant de questions qui demeuraient pour le moment sans réponse, mais Leah savait qu'elles seraient rapidement fixées. Elle avait bien avancé pendant que la jeune femme se la jouait "Belle au bois dormant" même si elle conservait une allure modérée afin de ne pas utiliser trop d'essence. « Ouais le chien est pas bavard hein ? » Ah ça. Elle plongea son regard dans le rétroviseur et croisa celui de Pata qui l'observait les yeux à moitié ouverts. Il en avait prit un sacré coup lui aussi et elle espérait qu'il se remette rapidement de sa blessure. "Pas vraiment non. En général je fais la conversation pour nous deux." Plaisanta la brunette avant de lui demander d'attraper de quoi lui remplir le ventre. « Crackers, mais, raviolis, thon en boite, chips, le pot de nutella qu’on a trouvé hier, qu’est ce qui te fait envie ? » Leah réfléchit quelques instants, réalisant que manger une conserve en conduisant allait s'avérer peu pratique. "Les chips." Lança-t-elle finalement en tendant la main, se disant qu'elle se calerait au moins avec ça le temps d'être posée. L'avantage de ne plus manger énormément était qu'il n'en fallait pas beaucoup pour remplir son estomac. Raelyn opta pour du sucré, et tout en trempant ses biscuits dans le nutella, elle observa la carte en fronçant les sourcils. « Attention, on va arriver dans le périmètre où t’as aperçu la horde l’autre jour. » En effet, la brunette reconnaissait la route et savait qu'elle ne tarderait pas à déboucher sur l'intersection. "Croisons les doigts pour qu'ils soient déjà loin." La chose qui effrayait le plus Leah était de se retrouver piégée au milieu d'une horde de centaines de zombies. Elle se mordit la lèvre avant de prendre l'intersection quelques minutes plus tard, bifurquant à droite afin de suivre la route préalablement empruntée par les morts-vivants la veille. Rien à signaler devant.

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De mon côté je tente de m’empêcher de réfléchir, parce que je sais que mes pensées dévieraient trop facilement Mitchell maintenant que l’état dans le choc dans lequel je m’étais retrouvée après cette nuit commence à passer, et je n’ai pas envie de me laisser à nouveau envahir par l’angoisse. Malgré tout il est présent ce nœud autour de mon estomac, il n’a jamais complètement disparu et c’est une compagnie peu agréable avec laquelle j’ai dû apprendre à composer au fil des jours. Leah m’aide à focaliser mon esprit sur autre chose, je dois bien l’admettre, et dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, toute sensation, tout sentiment est décuplé, et je dois bien admettre que je commence presque à la voir comme une amie, comme une personne de confiance, moi qui n’en ai toujours eu que très peu. « Pas vraiment non. En général je fais la conversation pour nous deux. » Je jette à mon tour un œil au chien qui commence à émerger, en secouant la tête dans une fausse consternation. « Pas étonnant que tu deviennes un peu folle. » Prête à recevoir un majeur, je lui adresse un sourire avant de partir à la recherche de notre petit déjeuner, demandant à la brune ce qui la tente le plus. « Les chips. » Sans un mot j’attrape donc les victuailles et ouvre le paquet de chips que je place à sa portée, avant de me concentrer sur le petit déjeuner que j’ai choisi. Mon dieu, Alec doit se retourner dans sa tombe s’il m’observe tremper des crackers dans du Nutella et considérer ça comme un petit déjeuner décent.

Nous roulons encore un peu en silence, avant d’arriver là où elle a été forcée de rebrousser chemin il y a quelques jours, pour venir me tirer d’un mauvais pas et pour échapper à une horde qu’elle m’a décrite comme gigantesque. Inutile de préciser que je lui fais confiance et n’ai aucune envie de vérifier par moi-même. « Croisons les doigts pour qu'ils soient déjà loin. » Je hoche la tête en silence, ouvrant les yeux. Pour l’instant rien et je ne peux m’empêcher de ressentir un certain soulagement. Un soulagement un peu précoce peut être, puisque quelques kilomètres plus tard une tâche sombre commence à se dessiner devant nous. « Et merde. » Je sens la voiture ralentir, et pose mes prunelles sur Leah.

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Le ton de la conversation était naturellement redevenu plus léger et Leah se sentit soulagée de constater que Raelyn avait – étonnamment – l’air de ne pas être rancunière. Ou alors elle le cachait bien, mais dans tous les cas l’atmosphère était bien plus agréable qu’à leur départ de la maison. Une fois réveillée, la brune la taquina à son tour sur cette solitude qu’elle avait l’habitude de subir, s’occupant l’esprit comme elle le pouvait en faisant parfois la conversation pour deux. Un moyen de ne pas totalement perdre la boule, même si Raelyn voyait les choses sous un autre angle. « Pas étonnant que tu deviennes un peu folle. » Leah secoua la tête avant de froncer le nez dans sa direction, se retenant tout juste de lui mettre son majeur devant les yeux. « Je l’ai toujours été, y a pas de soucis à se faire. » Ironisa-t-elle tout en attrapant le paquet de chips que la brunette lui tendait. Un repas de folie, vraiment. Il n’était plus vraiment nécessaire de faire attention à sa ligne puisque elles passaient leur temps à courir littéralement pour leur vie. Et au-delà de ça, il n’existait plus énormément de sources leur permettant de se faire de bons repas, malheureusement. Leah savait qu’elle pourrait tuer pour manger un plat de pâtes, et rien que cette pensée lui mit l’eau à la bouche. Dépitée, elle croqua dans son chips tout en gardant un regard concentré sur la route. Bifurquant afin d’emprunter la route qui donnait sur la horde préalablement aperçue par la jeune femme, le cœur de Leah se serra légèrement tandis que son corps se tendait, comme si elle savait intérieurement que le risque était présent. Un silence tendu s’était installé, mais il ne s’agissait plus d’une rancœur quelconque, simplement d’un stress muet. « Et merde. » La brune n’aurait pas pu dire mieux. Leah freina et se tourna vers Raelyn avec un air contrit. « On en est où par rapport au sentier dont je t’avais parlé ? Pour couper par la forêt ? »Même cet itinéraire s’avérait dangereux pour peu que la horde se soit dispersée, mais ça valait le coup d’essayer.

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La discussion se détend, et avec ce constat, l’impression de vivre un moment de calme avant la tempête. Parce qu’aujourd’hui il est rare qu’une journée se passe sans encombre, sans affrontement avec un être humain ou un mort vivant, sans que quelqu’un se blesse ou pire sans connaître de perte. Leah et moi sommes encore là, ce qui nous classe automatiquement dans les chanceux de la population humaine. « Je l’ai toujours été, y a pas de soucis à se faire. » J’esquisse un sourire, avant de me concentrer sur mon repas, si tant est que l’on puisse appeler ça comme ça, en observant la carte toujours dépliée sur mes genoux d’un coin de l’œil.

Et effectivement, il ne faut pas attendre longtemps avant que la tempête ne pointe le bout de son nez, prenant la forme d’une tâche sombre à l’horizon. Une tâche que Leah et moi savons tout de suite comment interpréter, puisque nous nous y attendions, dans un sens. L’une comme l’autre nous espérions un miracle, mais la voilà la horde dont elle a parlé. Elle semble effectivement s’étendre sur une distance immense, et je serais pour l’instant bien incapable de dénombre le nombre de morts vivants. « On en est où par rapport au sentier dont je t’avais parlé ? Pour couper par la forêt ? » Mon cerveau se met en marche accélérée, et j’observe la carte, tentant d’estimer les distances et notre position ainsi que celle de la horde. « Je dirais qu’il se situe… » Je laisse mes doits courir sur le papier avant d’esquisser une grimage. « Je dirais qu’il se situe pile entre nous et la horde. » Un silence plane quelques seconde, chacune prenant la mesure de ce que ça veut dire, avant que je me racle la gorge pour le rompre. « T’estimes à combien les chances qu’elle se soit dispersée, et qu’on s’embarque droit dans un coupe gorge ? » Si nous voulons emprunter ce chemin, il va falloir se rapprocher de la horde droit devant nous, et elle repèrera notre présence. Ce qui veut dire qu’une fois engagées sur le sentier, nous ne pourrons plus faire marche arrière, on se retrouvera encerclées si des morts vivants ont eux aussi choisi d’emprunter ce chemin.

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Il aurait été utopique de croire que la journée allait se dérouler sans le moindre problème, car ça n’était tout simplement jamais le cas. Il y avait toujours quelque chose, raison pour laquelle Leah ne laissait jamais totalement son esprit se reposer. Au contraire, elle demeurait sur le qui-vive même si elle donnait l’impression du contraire en apparence. Elle n’avait jamais été pessimiste, mais il fallait bien avouer que depuis la fin du monde, il y avait peu de jours avec et beaucoup de jours sans. Et comme pour confirmer cette façon de voir les choses, la horde se dressa devant elles à quelques kilomètres de là. La brune arrêta la voiture et interrogea Raelyn du regard, cherchant à savoir où se situait le sentier « plan B » par rapport à leur position. « Je dirais qu’il se situe… Je dirais qu’il se situe pile entre nous et la horde. »D’accord. Et sinon une bonne nouvelle une fois de temps en temps, c’était trop demandé ou… ? Leah soupira légèrement, le temps de réfléchir à la suite des évènements. Elles avaient discuté de toutes les possibilités, mais maintenant qu’elles étaient sur place, il était difficile de prendre une décision. « T’estimes à combien les chances qu’elle se soit dispersée, et qu’on s’embarque droit dans un coupe gorge ? »La brunette se mordit la lèvre, laissant son regard se perdre à l’horizon. « Quand je suis venue te chercher, ils étaient déjà dans la forêt… Je pense que si on s’engouffre là dedans, on tombera d’office sur certains d’entre eux. La question c’est de savoir combien, et si ça sera gérable. » Elle passa une main dans ses cheveux, tournant la tête vers Raelyn. « Mais si on fait le grand détour, on perdra énormément de temps. Et d’essence. » N’oublions pas que trouver de l’essence était compliqué et que si elles étaient miraculeusement parvenues à faire le plein, il ne fallait pas pour autant l’utiliser comme si il y avait une pompe de disponible tous les vingt-cinq kilomètres. « On tente le coup ? » Les zombies étaient lents et à moins de se faire rapidement avoir par leur nombre, elles pourraient très bien se frayer un chemin en faisant un petit carnage sur leur route.

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Ce genre de décision, le genre qui peut bouleverser le cours de votre vie, je n’avais jamais réellement eu à en prendre avant tout ça. Quand j’avais décidé de quitter Charleville sans me retourner, malgré tout j’aurais pu faire machine arrière. Quand j’avais rejoint le Club, c’était la lumière au bout du tunnel pour moi, et la décision s’était imposée d’elle-même, sans qu’aucune hésitation ne vienne me parasiter. Mais aujourd’hui et toutes les semaines depuis le début de l’épidémie nous avions à faire à ce type de dilemme. L’impression de tirer à pile ou face, puisque finalement malgré toutes les précautions que nous pouvions prendre, malgré tous les calculs que nous faisions, il y avait toujours cette part de hasard, d’incertitude plutôt. Rien ne pouvait nous garantir que nous ne foncerions pas droit dans un coupe gorge, en empruntant ce sentier. Nous étions sûre de mourir en fonçant droit devant, et un détour ne garantit pas non plus notre sécurité, mais il nous assure de perdre beaucoup de temps et d’essence. Elle n’a pas besoin de me le dire, j’en ai déjà conscience. « Quand je suis venue te chercher, ils étaient déjà dans la forêt… Je pense que si on s’engouffre là-dedans, on tombera d’office sur certains d’entre eux. La question c’est de savoir combien, et si ça sera gérable. » Je réfléchis un instant. « Et on a aucun moyen de le savoir à l’avance… » Je gagne du temps, pour retourner le problème dans ma tête quelques minutes de plus, alors que Leah continue à réfléchir à haute voix. « Mais si on fait le grand détour, on perdra énormément de temps. Et d’essence. » Je hoche la tête, sans répondre. Cette réflexion je l’ai déjà eue aussi, et elle sait comme moi qu’il n’y a pas de solution miracle, pas de choix parfait. « On tente le coup ? » Je déglutis en relevant les yeux. Ils sont vraiment nombreux, mais jusqu’ici faire preuve d’audace m’a toujours réussi. J’espère que la chance ne va pas tourner aujourd’hui. « La largueur du chemin les aura obligés à se disperser. » En théorie en tout cas. « On tente le coup. » Je redresse les yeux vers elle, alors qu’elle appuie sur l’accélérateur. Attentive, je reste focalisée sur la gauche de la nationale, à la recherche du sentier en question. Alors que la voiture se rapproche de plus en plus de la horde, je prie silencieusement pour ne pas m’être trompée. Finalement, je l’aperçois. « Là, à gauche ! » Il était temps, nous commençons à être dangereusement proche de la horde, qui nous a définitivement repérées.

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Apocalypse now

Les deux jeunes femmes réfléchissaient en silence, sachant pertinemment que la moindre décision pouvais désormais s'avérer fatale. La fin du monde avait amené avec elle des conséquences à l'issue définitive, et les brunes avaient déjà pu en faire les frais ou bien l'observer d'elles-mêmes. Leah avec perdu Lene, Raelyn avait été séparée de Mitchell... Et elles n'avaient tout simplement pas droit à l'erreur. Cependant, la brunette savait déjà vers quelle option l'esprit de Rae tendait, et c'était bien normal. Et si Leah s'efforçait de réfléchir avec lucidité, aucune option ne lui semblait meilleure qu'une autre. Aborder ce sentier était peut-être un très mauvais plan, mais elle avait aussi la conviction qu'elles pourraient s'en sortir. La horde avait eu le temps de se disperser et il y avait peu de chance qu'ils soient très nombreux pour les attaquer en une fois. Evidemment, il était impossible de vérifier ce qu'elle avançait. « Et on a aucun moyen de le savoir à l’avance… » Raelyn évoqua ses pensées à voix haute et Leah secoua ses boucles brunes avec un air dépité. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée dans cette situation, à chercher une solution avec quelqu'un d'autre qu'elle-même. Finalement, après plusieurs secondes de réflexion, elle proposa à la brune de tenter le coup. Il ne fallait pas penser au pire. Le garder dans un coin de la tête seulement, au cas où. « La largueur du chemin les aura obligés à se disperser... On tente le coup. » Prenant cela comme le signal de départ, Leah appuya sur la pédale de l'accélérateur, sachant que le moteur de la voiture attirerait rapidement l'attention des rôdeurs; il fallait faire vite afin qu'ils n'aient pas le temps de se retourner. « Là, à gauche ! » Et il était temps. A cette vitesse, la brunette avait l'impression qu'elle n'allait pas tarder à foncer dans le tas de zombies dont certains avaient déjà commencé à faire demi-tour dans leur direction. "Bordel." La jeune femme prit le tournant à toute vitesse, manquant de se choper un arbre au passage. Finalement, elle ré-accéléra une fois sur le sentier, pas forcément à l'aise à l'idée de prendre son temps. "Je pense que c'est le moment où tu attrapes un maximum d'armes pour qu'on ait de quoi se servir." Souffla-t-elle en laissant son regard se perdre de tous les côtés, à la recherche d'un ennemi potentiel.

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