Qu'il détestait cela, ce rôle de bourreau qu'il s'était mis en tête d'assumer jusqu'à la fin de ses jours, tout cela parce que Wren refusait toute forme d'attachement. Il n'avait pas toujours été ainsi mais depuis l'incendie, l'adolescent était devenu totalement refermé à ce sujet. Il refusait qu'on l'approche de trop près, murant son coeur au maximum pour ne pas avoir à supporter de nouvelles souffrances. Bien sûr, rien ne serait plus tragique que l'instant qu'il avait vécu avec sa mère remorqué à l'hôpital, sa petite soeur qui tremblait dans ses bras et la fuite de son père déchu. Les souvenirs restaient vivaces malgré tout et Wren ne voyait pas comment d'autres personnes pourraient lui apporter quoique ce fut de bon. Les êtres humains n'étaient bons qu'à cela de toute manière, qu'à blesser leur prochain même s'ils usaient de beaux prétextes pour indiquer le contraire. Doherty ne voyait plus la beauté de ce monde, encore moins celle des gens alors, il jouait avec eux, les détruisait avant qu'ils ne puissent le faire avec lui en retour. Pour autant ses bons vieux principes étaient tous mis à mal maintenant que Lizzie faisait partie de sa vie, était-elle réellement capable de le briser? Wren voyait bien dans son regard qu'elle avait une haute estime de lui, il ne le méritait pas bien entendu mais ce genre d'attentions ne pouvaient pas le rendre indifférent. L'adolescent avait beau jouer au garçon mystérieux et inaccessible, il en restait un lycéen comme les autres qui rêvait d'affection et d'avoir quelqu'un à qui se confier, quelqu'un qui le comprendrait et l'accepterait tel qu'il était, malgré ses failles et son imperfection. Pouvait-elle être cette personne? Doherty commençait à y penser en l'entourant de ses bras mais il avait aussi en tête qu'il était le tyran de ces dames, celui qui prenait et ne rendait jamais... Un tueur de coeurs. Avait-il envie de détruire celui d'une jolie brune comme elle? Clairement pas. Elle était si mignonne, là, à l'interroger sur ses intentions et sur le futur qu'ils pourraient avoir en commun. Apparemment, c'était à lui de décider puisque Lizzie avait l'air certaine des mots qu'elle avait osés prononcer lors de leurs ébats. Wren déglutit avec difficulté, évitant son regard quelques instants parce qu'il aurait bien aimé lui répliquer ce qu'il faisait d'habitude dans ce genre de situations, prendre son tas de fringues et se barrer avant le lever du jour. Elle ne le laissa pas faire parce qu'elle connaissait déjà toutes les histoires qu'on pouvait raconter sur son compte et Lizzie n'avait pas besoin d'une autre raison pour le mépriser, pas maintenant, pas juste après qu'elle lui ait offert son innocence et sûrement son coeur sur un plateau. "Je sais pas, Lizzie... Je sais pas gérer ça justement. Tu sais tout ce qu'on dit sur moi et je pense que les gens ont pas tort, tu vois, je suis mauvais. Profondément mauvais. Personne devrait m'aimer, absolument personne parce que je fais que du mal aux gens autour de moi et toi, tu vas avoir mal d'être avec quelqu'un comme moi. Tu veux vraiment ça?" Essayait-il de l'éloigner pour éviter le pire? Peut être parce que la jeune femme méritait bien mieux qu'un paumé comme lui, qu'un dealer sans avenir alors qu'elle brillait sous le feu des projecteurs, elle. "Je veux pas te faire de mal, Lizzie... C'est peut être pour ça que je peux partir là, pas comme avec toutes les autres parce que c'est vrai, t'es unique et ça me fait peur de ressentir ça, ça me fait peur de te le dire." Est-ce qu'il avait encore un peu de cohérence? Wren n'en savait rien mais il réussit à bloquer ses yeux verts dans ceux de Potter, espérant qu'elle comprendrait ce qu'il voulait dire. Ce qu'il voulait, tout court. Elle.

« Je sais pas, Lizzie... Je sais pas gérer ça justement. » Est-ce que ça est un fardeau ou un cadeau ? Est-ce que c’est supposé la réconforter ou la paniquer ? Lizzie a le cul entre deux chaises, elle ne sait pas trop où se foutre, elle ignore même quoi dire. Elle aimerait bien être ces filles qui savent toujours les mots à dire au bon moment. Dans un monde parfait, elle serait assurée, elle aurait confiance en elle, elle saurait parler, elle pourrait être à son niveau. Mais ce n’est pas le cas. La brune n’a rien de tout ça, et elle n’a même pas l’esprit qui rassure face aux mots qu’il prononce. Elizabeth veut quand même y croire parce qu’il a toujours ses bras autour d’elle, qu’il n’a pas encore déguerpi et mieux encore, il l’interroge. Sur le devenir de ce qu’ils ont commencé, sur quel chemin s’est censé les amener, quelle voie poursuivre. Il lui pose ces questions comme s’il pense peut-être qu’elle va le rejeter, le repousser. Pour avoir de culpabilité en moins sur les épaules ? La gamine l’ignore, elle n’en sait rien, Wren reste encore un mystère à résoudre, malgré ce que ses grands yeux verts peuvent lui transmettre. Lizzie a la peur dans ses intestins, tout d’un coup. Parce que même si Wren ne la rejette pas, il ne la prend pas non plus vraiment. Il se freine, il met un stop entre eux et même si ses bras l’entourent toujours, que leurs jambes restent emmêlées et que sa chaleur corporelle la réchauffe sans jamais s’arrêter, l’adolescent fout quand même un truc au milieu. Si c’est de la conscience, de la réalisation, une claque dans la figure en prenant considération de ce qui vient de se passer, il aurait dû se réveiller avant. Si jamais il vient à l’abandonner maintenant, elle le détesterait.
« Tu sais tout ce qu'on dit sur moi. » « Mais je m’en fous. » « et je pense que les gens ont pas tort, tu vois, je suis mauvais. Profondément mauvais. » « Arrête. » « Personne devrait m'aimer. » « N’importe quoi. » « Absolument personne parce que je fais que du mal aux gens autour de moi et toi, tu vas avoir mal d'être avec quelqu'un comme moi. » Clairement, il essaie de la repousser. Ou à ce qu’elle le repousse elle-même.  Il compte sur elle pour s’éloigner, pour l’abandonner là où il est sans un regard en arrière. Mais il a toujours ses bras autour d’elle, bordel, c’est pas compréhensible comme situation, ça ! Les mots qu’il prononce la fouettent en plein cœur, mais ce n’est pas fini. « Tu veux vraiment ça? » Lizzie a un battement, puis un deuxième avant de sentir un souffle béni sortir de ses lèvres. Elle doit faire quoi exactement pour lui faire comprendre ? Elle doit escalader le mont Everest pour le crier ? Elle a sa main près de lui qui flâne, les doigts qui s’étendent et Lizzie sent toute la chaleur de sa peau qui transpire.
« Je veux pas te faire de mal, Lizzie... » Tu m’en feras que si tu continues à agir comme ça. « C'est peut être pour ça que je peux partir là, » Ne le fais pas, parce que même si j’ai dit que je m’adapterai, ça me brisera bien plus que je pourrai l’imaginer. « pas comme avec toutes les autres » Ma jalousie est déjà présente, Wren, n’en rajoute pas. « parce que c'est vrai, t'es unique » Répète le encore une fois, pour l’éternité, je pourrai peut-être finir par le croire. « et ça me fait peur de ressentir ça, ça me fait peur de te le dire. » Tu ne devrais pas, putain, tu ne devrais pas.

Il a son regard coincé dans le sien, parce qu’elle a fini par relever la tête. « T’essaie de me faire fuir, Wren. T’inventes des excuses bidons pour que je me tire. J’y connais rien mais c’est l’effet que ça me fait. » Et on lui a souvent dit de faire confiance à son instinct pour opérer à un jugement. Et là, son instinct lui dit de lui faire comprendre qu’elle n’est pas une brebis égarée, ni un agneau sans défense. Lizzie redresse son tronc pour l’observer d’en haut, comme si cette position lui donne un sentiment fictif de supériorité. De maturité aussi. Dans le genre ‘‘regarde, je suis une grande fille, je fais mes propres choix, j’ai rien de fragile’’. « J’ai dit que je suis prête à prendre le risque, et je le pense toujours. Tu peux pas savoir à quoi ressemblera demain. Peut-être que tu me feras du mal, peut-être que je t’en ferais aussi, et alors ? J’ai jamais vécu une pareille situation et ça me fait tellement flipper, Wren. T’es pas le seul à avoir des doutes. Mais la différence, c’est que je veux vivre ma vie. On pourra jamais savoir la finalité, bonne ou mauvaise, si on ne prend pas le risque. » Alors choisis moi, vis ta vie avec moi, casse cette fichue barrière entre nous. Le physique, c’est une chose, mais le cœur, c’est autre chose. Et je suis prête à prendre tout pour le peu que tu me laisses entrer. Lizzie se penche et s’arrête à quelques centimètres de sa bouche, des mèches de cheveux humides venant caressant le visage de l’adolescent. « Tu mérites d’être aimé, Wren, alors laisse moi le faire. Si je compte à tes yeux autant que tu le dis, ne me repousse pas. » Elle scelle ses paroles en l’embrassant doucement, une main caressant sa joue. S'il l'interrompt, elle sera fixée. L’adolescente veut juste qu’il se laisse aller, pour une fois. Que le poids de ses épaules soit partagé, qu’il lui laisse voir un peu plus son monde, même s’il est gris, même s’il est sombre. Elle s’en fiche, Lizzie, elle prendra tout ce qui viendra parce que c’est lui.

Wren était le spécialiste des mauvaises décisions, le genre de garçons à choisir le petit démon sur son épaule plutôt qu'écouter l'ange de l'autre côté. C'était à cause de ce démon qu'il avait choisi la drogue comme moyen de se faire de l'argent facile, peut être parce que la famille Doherty était dans une situation précaire et qu'il devait penser à l'avenir pour trois autres personnes en dehors de lui. Il ne s'attendait pas à ce que les autres comprennent d'où il venait, encore moins le sens de ses actions mais ce qui avait commencé comme une méthode de survie des plus instables était simplement devenue un mode de vie auquel il ne pourrait plus échapper. Lui aussi avait succombé à la drogue, il avait commencé par en vendre et il avait pris plaisir à se prendre un rail ou deux d'abord avant d'aller plus loin, de ne plus se donner aucune limite. Quelle fille saine d'esprit pourrait s'accoquiner d'un type pareil? Wren était égoïste, il mettait toujours sa propre vie en avant, ses petits mystères lui permettant de jouer avec les autres pour obtenir ce qu'il désirait et en règle générale, il remportait toutes les batailles. Cette fois, néanmoins, il avait la sensation de perdre la sienne parce que Lizzie était plus irrésistible que jamais et qu'aucune autre femme n'avait essayé de le retenir. C'était une constante normalement, on couchait avec lui parce qu'il avait bonne réputation au lit mais il était hors de question de désirer plus qu'une aventure éphémère puisque tout le monde savait à quel point les Doherty étaient assimilés à des fils de Satan. Potter ne le considérait pas de la sorte, Wren le voyait bien aux regards qu'elle lui lançait, aux mots qu'elle prononça pour déjouer toutes ses techniques d'évitement. Peu importe ce qu'il pourrait lui dire, la jolie adolescente ne le quitterait pas et Wren était sans défense. Pour le première fois de son existence, le suédois était vulnérable, presque inoffensif. Alors, il la regardait et il tâchait de reprendre son souffle, faisant comme s'il n'avait pas entendu les protestations de Lizzie dans ses bras. Les ignorer, oui, pour faire croire qu'il était en plein contrôle de ses moyens comme toujours et qu'il allait trouver la parade parfaite pour éloigner la lycéenne de ce monstre au fond de lui. Il n'y arriverait pas, il le savait déjà parce qu'elle s'était relevée légèrement et qu'elle le dominait de son minois si innocent avant de statuer des faits. C'était un stratagème pour qu'elle le quitte et qu'il n'ait pas à culpabiliser de la rejeter puisque c'était le choix de la belle brune, finalement. Comme si Lizzie Potter allait le laisser là, n'importe quelle autre peut être, mais pas elle, jamais elle.Ce ne serait jamais Lizzie qui le lâcherait, l'évidence était là. "Et si je te dis oui? Bien sûr Lizzie que j'essaye de te faire fuir... Pour ton propre bien. Tu sais pourquoi je fais ça, tu sais que je suis un monstre, au fond de toi." Elle ne le réalisait pas encore mais ses yeux allaient rester hermétiquement clos apparemment puisqu'elle continua sur sa lancée, pas démontée par le discours de Doherty. Elle trouverait toujours une réplique pour détruire la moindre barrière autour du coeur du jeune homme et Wren ne pouvait pas être surhumain, pas avec une beauté comme la sienne, pas alors qu'il venait de lui voler son innocence en ressentant tout un tas d'émotions de son côté parce qu'elle était différente de toutes les autres. Qu'il la trouvait plus belle. Qu'il l'admirait secrètement. Qu'il lui vouait un culte, peut être même. "Tu veux prendre le risque d'être détruite par un Doherty? Les gens te diraient que t'es complètement folle, Lizzie, de vouloir menacer ton existence avec ce genre de poisons. Tu veux vivre, soit, mais tu veux vivre comment? Parce que t'as un avenir, toi, t'as du talent, t'es belle et tant de choses t'attendent. Moi, c'est pas le cas, dis moi ce que je peux t'apporter." Dans les faits, pas grand chose mais dans la réalité, l'amour. Il pouvait lui donner cela et elle serait peut être la seule femme du monde à obtenir ce droit venant du Doherty. Il ne lui dirait pas, pas encore en tout cas alors qu'elle lui assénait un discours final, ses lèvres venant se poser sur les siennes avant même qu'il n'ait pu lui répondre et s'il la rejetait, là, maintenant, il savait que ce serait terminé, qu'elle partirait et qu'il la perdrait. Une partie de lui aurait aimé cela parce qu'il était question de se protéger, autant elle que lui mais la seconde était faible, la seconde voulait tout obtenir... La seconde voulait prendre le risque alors, Wren répondit avec fougue, entraînant le corps de Lizzie sur lui, ses mains tenant fermement son dos alors que ses lèvres mouraient d'affection pour elle, contre les siennes. "Tu sais très bien que je peux pas te laisser partir... T'as ta place là." Et il fit choir la main de Lizzie sur son palpitant avant de venir déposer un baiser au creux de son cou, l'enlaçant étroitement parce qu'il avait abandonné la lutte. Elle avait gagné, elle l'avait obtenu et Wren savait que cette action ne serait pas sans conséquence. Que leur vie, à chacun d'eux, serait changé à jamais.

Il n’y a pas de règles pour ce genre de choses. Il n’y a pas de bon ou mauvais choix. Il y a juste ce qui est facile (la fuite, se laisser combler par la peur de l’échec, de la souffrance, de la peine) et ce qui est légitime, correct, bon (se jeter à l’eau – au sens émotionnellement en plus du sens physique – tenter, prendre les choses en main, expérimenter, oser). Et si elle est en train de se taper une citation de sa saga préférée dans la tête, Lizzie trouve que cela résonne cependant parfaitement à la situation présente. Et elle ne laissera pas l’adolescent choisir la facilité. Parce que contrairement à ce qu’elle lui avait dit sur un ton moqueur, elle ne veut pas croire qu’il est lâche. Il lui a murmuré qu’elle est unique et rien que ça, ça vaut toutes les déclarations du monde. Elizabeth n’a pas conscience qu’elle est en train de s’emballer mais c’est une réalisation qui commence à lui tempêter dans les veines et elle commence avoir la certitude qu’il y a quelque chose à faire. Elle ne veut pas que leur histoire s’arrête alors que rien n’a été commencé. C’est complètement stupide. L’adolescente veut s’accrocher et elle le fera. Elle se perdra dans ses yeux, elle le laissera la compléter une nouvelle fois, elle lui donnera le champ libre sur sa personne pour qu’un peu il abandonne de ce qui le freine dans sa cabosse. Elle a beau avoir affirmé qu’elle s’adaptera quelque soit son choix, il n’empêche que le fait que ni l’un ni l’autre ne bouge n’incite pas à amincir ses espérances.
« Et si je te dis oui? » Lizzie se courbera quelque soit son choix. Mais pour ça, il faut que Wren l’évoque clairement. Qu’il se confronte à son propre choix, que sa conscience lui dicte la suite des événements. Elle déglutit légèrement, silencieuse parce qu’elle n’aime pas son discours. « Bien sûr Lizzie que j'essaye de te faire fuir... Pour ton propre bien. Tu sais pourquoi je fais ça, tu sais que je suis un monstre, au fond de toi. » L’adolescente aurait envie de se taper la tête contre le mur. Pas sûr que ça aiderait sa cause mais ça la défoulerait sur un certain niveau. En lui donnant un mal de crâne immense. L’entendre se traiter de monstre lui hérisse le poil et Lizzie a juste envie de lui prouver le contraire – ce qu’elle peut faire si Wren la laisse faire.

« Tu veux prendre le risque d'être détruite par un Doherty? » Autant que celui de sauter d’un ravin pour atterrir dans l’eau. C’est effrayant mais c’est grisant, c’est palpitant. On peut arriver dans l’eau et s’y laisser bercer ou s’y laisser complètement noyer. C’est imprévisible mais c’est ce qui rend les choses belles et intéressantes à vivre, non ? Ne pas savoir ce que demain offrira, les embuches qui seront sur la route, les défis à relever. « Les gens te diraient que t'es complètement folle, Lizzie, de vouloir menacer ton existence avec ce genre de poisons. » Mais les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, ce ne l’est plus de son ressort. La seule chose qui compte c’est le type qu’elle regarde et le vouloir jusqu’au plus profond de ses entrailles, ce n’est pas comme si elle l’a demandé. C’est naturel, c’est juste comme ça, c’est arrivé. Lizzie ne l’a pas demandé mais elle s’y soumettra parce qu’il n’y a rien d’autres à faire de toute façon face à de tels sentiments qui parcourent ses veines. « Tu veux vivre, soit, mais tu veux vivre comment? » Intensément. Passionnément. Vivante. Libre. « Parce que t'as un avenir, toi, t'as du talent, t'es belle et tant de choses t'attendent. Moi, c'est pas le cas, dis moi ce que je peux t'apporter. » Tellement, pourquoi il ne peut pas arrêter de se dévaloriser comme ça ? Pourquoi il pense qu’elle est meilleure que lui ?

Lizzie sent son cœur sur ses doigts alors qu’il traine ses lèvres sur son cou. Ce n’est pas la réaction de quelqu’un qui a la véritable volonté vraie de se couper d’elle. Alors elle passe son autre main dans ses cheveux pour retenir sa tête près d’elle. « Je veux juste partager un bout de ce putain d’avenir avec toi, Wren. C’est pas la destination qu’est importante mais le voyage. T’es pas un poison et t’es pas un monstre. T’as une part d’ombre mais on en a tous une en nous. Les gens peuvent bien penser ce qu’ils veulent, je m’en fous. Laisse moi leur prouver le contraire. Qu’il y a autre chose qui se cache sous cette carapace. Que t’ai quelqu’un sur lequel tu peux te reposer. » Que t’es capable d’aimer, que t’es pas un robot, que t’as un cœur, que t’es autre chose qu’une rumeur et une tête qui intimide. « Et moi alors, tu penses à ce que je pourrai t’apporter ? » Elle ne répond pas à sa question parce qu’elle n’en sait rien. Ou plutôt, elle a une idée sur la question mais Lizzie ne veut pas le brusquer, risquer à ce qu’il se rétracte un peu plus, à ce qu’elle le perde un peu plus loin. Alors Elizabeth retourne la question contre lui. Essaie de voir le verre à moitié plein, Wren, s’il te plait. « J’ai pas la prétention de pouvoir guérir tous les maux du monde mais… » Lizzie prend sa main, croise ses doigts à travers les siens pour les poser à côté de la tête du jeune homme, signe qu’elle ne l’abandonnera pas. « Mais je veux croire que quelque chose de bon peut en sortir. Pour un tant soit peu que tu l'autorises. »

« Tu sais très bien que je peux pas te laisser partir... T'as ta place là. » « Cool car je compte pas partir à part si tu me le demandes clairement en me regardant dans les yeux. » Oses, Wren. Regarde-moi, essaie d’affirmer tes propos, joins le geste à la parole.

Elle avait déjà tellement de pouvoir sur lui et Wren se retrouvait totalement décontenancé, à sa merci. Lizzie régnait en maîtresse absolue de l'instant car elle avait tous les mots pour faire vaciller les convictions de Doherty. Il n'était pas un de ces gars là pourtant, un de ceux qui s'amourachaient de la vierge du coin comme dans les films romantiques. Il était plutôt censé être le connard ultime, celui qui volait des innocences et qui ne jetait plus un seul regard à sa victime après la fameuse nuit passée. Lizzie ne rentrait pas dans cette catégorie, il le sentait jusqu'au tréfonds de son être et il avait beau batailler, rien n'y faisait. Elle l'avait émotionnellement corrompu, oui, Potter avait réussi un miracle. Jamais personne n'avait réussi à l'atteindre en dehors de sa famille mais elle, la petite anglaise toute timide avait réussi l'impossible, à l'harnacher à elle, l'empêcher de partir. C'était peut être cela qui faisait toute la différence: habituellement, il n'y avait pas de discours, juste deux personnes qui se rhabillaient chacune de son côté avant de reprendre le cours de leur vie respective, Lizzie, elle avait répondu à son interrogation. Elle lui avait dit ce qu'elle désirait, être avec lui et ce, malgré les ragots colportés, les multiples femmes qui étaient passées dans son lit et son histoire familiale des plus loufoques. La brune s'en fichait pas mal de tout cela, encore plus du fait qu'il était un monstre... Elle ne le laissait pas avoir raison, elle se battait encore plus que lui, ne relâchait pas son étreinte autour de lui, ses yeux toujours ancrés dans les siens, comme si ce simple geste allait le rapprocher d'elle. Lizzie avait déjà gagné de toute manière, dès l'instant où elle avait répondu à son baiser, où elle l'avait suivie dans l'océan et s'était laissée emporter par le feu de la passion qu'il avait mis en marche de ses lèvres posées sur elle. Lizzie Potter était une reine et lui n'était qu'un paysan comme un autre dans cette histoire, un homme qui ne la mériterait jamais, pas un seul instant mais à l'heure actuelle, il avait juste envie d'y croire, au moins autant qu'elle. L'adolescente n'en démordait pas, prétextant que ce qu'il disait n'était dû qu'à une piètre estime de lui car chaque être humain de cette planète était un diablotin en devenir. Avait-elle raison? Savait-elle ce qu'il avait au fond de lui, en réalité? Du feu, rien que cela, un brasier et s'il le laissait sortir, ce serait Lizzie qui se consumerait. Wren ne pouvait pas accepter une telle issue, pas elle. Toutes les autres, mais pas elle, il supplierait ciel et terre pour la sauvegarder. "Tu crois tout ce que tu dis, Lizzie? Comment c'est possible? T'as entendu les gens pourtant, tu sais tout. Enfin, presque tout et tu crois encore en moi. Qu'est-ce qui te plaît tant chez moi?" Il voulait vraiment savoir parce que si cela n'avait été qu'une question de sexe, la réponse aurait été simple et sans équivoque vu toutes les femmes qui étaient ressorties satisfaites d'entre ses draps mais Lizzie cherchait autre chose, elle partait à la quête de son coeur et de son âme. Il la regardait, essayant de réfléchir, chose ardue quand elle agissait ainsi et qu'il n'avait qu'une seule envie, la conserver comme cela, contre lui, ses jambes entremêlées aux siennes, son souffle dans sa tignasse. "Tout. Tu pourrais tout m'apporter." Au moins, il était honnête à ce sujet: ce n'était pas ce genre de faits que Wren remettait en cause, c'était tout le malheur qui l'entourait de manière constante et qui toucherait forcément la si naïve Lizzie. Pour le moment, il déglutit en sentant sa main se lier à la sienne, la jeune femme emmenant cette union au dessus de la tête de suédois pour lui prouver certainement qu'il était prisonnier d'elle. Cela, Wren n'en doutait pas une seule seconde parce qu'elle le surplombait et lui demandait une ultime fois s'il allait lui dire de partir, de lui tourner le dos et ne plus jamais revenir. Le lycéen entrouvrit la bouche, muet, enfin. "Je peux pas te dire ça, Lizzie, tu le sais très bien. Tu as gagné, bien sûr que tu gagnes parce que t'es unique. Que je suis ton prisonnier et que je le serai sûrement toujours. Je peux pas te fuir." Non, il ne pouvait plus rien nier, plus la quitter alors que sa main libre venait se poser sur sa joue et qu'il venait chercher ses lèvres avec délicatesse, sûr de rien sauf de cette sensation que son coeur prenait feu. Pour la première fois de sa vie, celui-ci s'embrasait pour autre chose qu'un incendie parce qu'au fond, c'était Lizzie son brasier enivrant. Lizzie qui illuminait sa vie d'un aura orangé qu'il aimait tant.

Lizzie n’est peut-être qu’une poupée fragile en comparaison mais elle ne manque pas de volonté. Si elle en manque cruellement pour retenter quoique ce soit pour sa carrière professionnelle, la brune vient de se foutre dans la tête un nouvel objectif. Parce que ça vient d’arriver sur sa tronche sans crier garde, parce qu’il a fallu tout ça pour qu’elle ouvre les yeux. Ou aussi parce qu’elle n’attendait qu’un geste de sa part pour pouvoir oser espérer à plus grand et à plus fort. Le jeu adolescent est un jeu bizarre. On se cherche, on se découvre, on essaie de savoir si l’autre répond aux attentes. On n’ose pas faire le premier pas parce qu’on a peur et du coup, on a le temps de voir sa vie passer avant d’avoir vécu quoique ce soit. Si ça n’avait pas été pour Wren himself ce soir, jamais ils n’en seraient là. S’il émet autant de réserve, pourquoi l’avoir embrassé ? Pourquoi avoir continué ce petit jeu avec elle si c’est pour freiner juste après ? Lizzie ne veut pas croire qu’il se lavera de toute responsabilité sitôt le final tombé. L’espoir naïf qu’elle est belle et bien différente à ses yeux, une histoire typique du type charmeur de ces dames et de la fille qui reste dans son coin suivant son ombre tout en souriant. C’est triste à en crever, ce genre d’histoires. Et pourtant, Lizzie ne changerait sa place pour rien au monde. Repliant légèrement une jambe sur celles de Wren, elle décrète que non, ce n’est pas quelque chose qu’elle modifierait. Elle a beau avoir côtoyé un monde totalement différent pendant des années, coupée des gens de son âge, l’adolescente ne changerait pas une ligne de son histoire. Pour une fois que du bon en ressortait depuis son renvoi. L’opportunité est maintenant à elle, à lui, à eux. Elle a été trop lâche pour faire le premier pas mais elle fera le deuxième, le troisième et tous ceux qui suivent s’il le faut. Parce qu’elle a la certitude que Wren tient à elle, au-delà même de ce qu’il peut penser. Alors elle plantera ses crocs et ses griffes pour ne pas qu’il s’échappe.

« Tu crois tout ce que tu dis, Lizzie? » Est-ce qu’il pense qu’elle dit ça juste pour lui faire plaisir, dans une vaine tentative de manipulation quelconque ? « Evidemment. » Parce que c’est une évidence. Lizzie est peut-être naïve, elle est peut-être optimiste, mais elle n’est pas une menteuse. Son fond ne peut pas être aussi mauvais qu’un autre, pas lui, pas Wren. Qu’importe les rumeurs qui courent, l’australienne préfère enterrer sa tête dans le sable pour les éviter et ne croire que ce qu’elle veut. Et si elle tombe, tant pis, ça fait partie de la vie et de son apprentissage. « Comment c'est possible? » Elle sourit légèrement. « C’est mon côté optimiste philanthrope. » Parce que de là où elle vient, tout est possible, le pire comme le meilleur. Et parce que l’espoir de quelque chose de merveilleux reste un filament à laquelle elle s’accroche fermement parce que récemment, le bonheur s’est fait la malle et il est parti en vacances, la laissant face à son silence et ses doutes. « T'as entendu les gens pourtant, tu sais tout. Enfin, presque tout et tu crois encore en moi. » Il faut bien que quelqu’un le fasse, même toi, tu ne crois pas en toi-même. « Qu'est-ce qui te plaît tant chez moi? » La question a vingt milliards qui la laisse pantois. Wren lui balance ça comme ça, en plein doute, comme si c’est une vraie interrogation. Lizzie le regarde un moment dans les yeux, le temps comme suspendu avant qu’il réplique une nouvelle fois. « Tout. Tu pourrais tout m'apporter. » Donc Lizzie peut aussi provoquer sa montée que sa descente. Donnant donnant, fithy fifthy, pied d’égalité total.

« Je peux pas te dire ça, Lizzie, tu le sais très bien. » Lizzie le sait mais Lizzie voulait te l’entendre dire. Elle a souhaité que ses oreilles bourdonnantes entendent que tu ne lui montreras pas ton dos et, pire, que tu ne lui diras pas de montrer le sien et de déguerpir. Si tu voulais l’éloigner de toi, faire en sorte qu’elle te déteste, la recracher comme un vulgaire déchet aurait eu l’effet désiré. Lizzie t’aurait détesté au plus profond de son être, elle se serait sentie encore plus honteuse d’être tombée dans tes filets, elle aurait dû ravaler sa fierté une deuxième fois. Si tu lui aurais dit que ce n’était rien, que c’était juste pour s’amuser, si tu avais joué le paon inaccessible et froid, elle aurait été blessée au plus profond d’elle-même. Mais toi, Doherty, tu l’as prise dans tes bras, t’as plongé ton regard vert clair dans les siens, tu l’embrasses plus intensément que jamais. Comme veux-tu trouver une cohérence à ses yeux quand tes gestes trahissent tes paroles ? « Tu as gagné, bien sûr que tu gagnes parce que t'es unique. Que je suis ton prisonnier et que je le serai sûrement toujours. Je peux pas te fuir. » Lizzie le laisse récupérer ses lèvres, s’appliquant à poser sa main libre sur sa nuque pour approfondir leur danse alors qu’elle passe à califourchon sur lui. Elle s’y perd, elle y plonge et elle savoure parce qu’il vient de dire qu’il est à elle, qu’il ne lui échappera pas, qu’elle ose espérer que Wren ne chercherait pas de nouvelles excuses. Peut-être pas maintenant mais plus tard, demain, à la sortie de cette cabine. Quand ils retourneront au lycée, quand il la raccompagnera chez elle. Qu’il ne se dégonflera pas, qu’il ne va pas avoir une peur soudaine supplémentaire et qu’il va en profiter de la distance qu’ils vont forcément avoir en rentrant chacun chez eux pour mettre un terme à tout ça. Tu vois, Wren, moi aussi j’ai mes doutes, mes inquiétudes. Mais je les bouffe, je les ignore parce que ce que je veux que tu voies, c’est mon sourire, c’est la douceur des yeux, la tendresse infinie dans les gestes. Elizabeth interrompt le baiser mais ne quitte pas son visage, son front contre le sien. « Ta liberté. Ton charisme. Ta façon de me traiter. Tes carapaces. Ton mystère. Tes yeux. » Elle relève légèrement la tête pour se noyer dedans tout en passant son pouce sur ses lippes. « Tes lèvres. Je ne suis qu’humaine, Wren, et rien que ta présence me suffit pour me plaire. » Tout ce qu’il faudra pour qu’il y croit, qu’il voit qu’elle ne ment pas, qu’elle est transparente, translucide, limpide. Lizzie caresse ses lèvres des siennes. « Alors arrête de trouver des excuses bidons pour me faire fuir. Parce que je pourrai pas te fuir non plus, pas de ma propre volonté en tout cas. » Fichue bouche, tentatrice et attirante, elle ne peut s’empêcher d’en embrasser la commissure. « Je veux percer le cas Wren Doherty et j’y arriverai. Et tant pis si je me brûle les ailes au passage. » Lizzie s’applique une nouvelle fois à faire fondre leurs lèvres ensemble et cette fois, ce n’est pas tendre mais c’est brûlant. Elle veut qu’il comprenne qu’elle ira loin pour lui, qu’elle est prête à ce qu’il faut pour qu’il la laisse pénétrer dans son monde. Elle vient de lui offrir son innocence mais elle, elle veut qu’il lui ouvre les portes de son univers. Ses doigts se crispent, se retiennent un peu plus contre ceux de Wren alors que l’autre maintient sa tête pour les assauts de baisers que lui procurent l’adolescente.

Lizzie ne s’est jamais sentie aussi bien depuis longtemps. Et s’il faut qu’elle soit dans les bras de Wren pour atteindre de seuil, alors c’est un sacrifice dont elle peut s’y apprêter tous les jours.

Être prisonnier d'elle, ce n'était clairement pas la pire fin que Wren avait imaginé. Son coeur avait peur néanmoins, car il se doutait bien que ce bonheur serait éphémère, que deux adolescents comme eux, évoluant sur des planètes différentes ne pourraient pas rester éternellement sur la même étoile. Cela dit, le jeune Doherty tenait à profiter de ce qu'il avait à l'heure actuelle, sentant son coeur battre plus rapidement qu'à l'accoutumée parce qu'il sentait le regard de la belle brune ancrée dans le sien. Il exposait ses doutes encore et encore, persuadé que la lycéenne n'avait rien à gagner avec un type comme lui et elle finirait sûrement avec l'âme en charpie. Il le pensait toujours, le suédois, mais il n'avait plus autant de conviction à lui dire. De toute manière, Lizzie ne l'entendrait pas ainsi, elle avait l'air plus déterminée que jamais et c'était dans ce genre d'instants que Wren comprenait pourquoi elle avait longtemps été une célébrité. Son charisme était impressionnant et elle avait une volonté de fer, contrairement à Wren qui se liquéfiait sous son regard ambré. Il avait beau être magnétique et user de ses multiples atouts avec les femmes, quand Lizzie était dans les parages, c'était peut être lui qui subissait le plus les assauts de l'attraction qu'il pouvait ressentir pour elle. L'adolescente ne devait pas se rendre compte de tous les pouvoirs qu'elle avait mais Doherty, lui, les avait vus. Il se considérait chanceux d'avoir été le premier à ne pas être totalement aveugle concernant la belle brune parce que c'était limite un scandale qu'aucun garçon n'eut envie de poser ses yeux sur elle jusque là. Tant mieux pour le suédois cependant, il en était plus qu'heureux à l'heure actuelle. Elle restait avec lui, niait chaque fait qui s'échappait des lèvres voluptueuses du dealer et celui-ci acceptait d'être totalement à sa merci. Que pouvait-il lui refuser lorsqu'elle était ainsi? La belle Lizzie Potter au dessus de lui à lui narrer mille et une merveilles parce qu'elle lui faisait la liste de tout ce qu'elle aimait chez lui et apparemment, elle était longue. En résultat un sourire spontané sur les traits de Wren parce qu'il avait beau avoir conscience de ce qui pouvait plaire aux femmes chez lui, il ne s'était jamais vu l'entendre. Pas de la part d'une femme comme elle. Son charisme. Ses yeux. Ses lèvres. Un tout assourdissant et la brune déposa un doux baiser à la commissure de ses fameuses lippes dont elle rêvait a priori plus que de raison. Lui aussi aurait pu narrer à quel point elle était belle mais Wren s'en priva. Rester silencieux, c'était ainsi qu'on le reconnaissait le mieux puisqu'il n'avait jamais été très doué pour les longs discours. Non, il ne dit rien lorsqu'elle lui assura qu'elle n'était qu'humaine et qu'elle ne pouvait pas résister à une telle présence. C'était sûrement le plus beau compliment qu'on lui ait jamais fait et par manque d'habitude certainement, il se retrouva muet. Aveuglé par elle, par dessus le marché. Son regard vert d'eau ne la quitta pas alors qu'elle continuait à statuer des faits: jamais il ne pourrait l'éviter, aucune excuse ne serait assez bonne pour qu'il puisse la fuir et le jeune homme ne put que hocher la tête. Evidemment, il savait que le tout ne durerait pas, que son naturel reviendrait au galop et qu'il ferait les pires conneries au nom d'un démon qu'il considérait avoir en lui. C'était idiot comme pensée, bête à en crever oui, mais Wren ne pourrait pas résister à sa fameuse nature, à cette envie autodestructrice de perdre pied, ne plus rien contrôler et s'enflammer. Comme son père. A ce moment là, il était hors de question pour lui de laisser Lizzie payer les pots cassés de ses actes infâmes. Il la libérerait de ses bras et il aurait mal, à coup sûr, mais il le ferait pour elle, sans que la jeune femme ne puisse le deviner, forcément. "Je veux pas que tu brûles, Lizzie. Jamais." Elle ne devait pas réaliser la portée de ce message mais pour Wren, c'était énorme. Il ne voulait pas qu'elle meure sous son côté sombre et il ne put que la regarder avec des yeux émus, un quart de seconde avant qu'il ne reprenne la maîtrise de ses sentiments. Avec Wren, c'était toujours fugace, il refusait d'être trop vulnérable face à autrui. "Fais ce que tu veux, Potter, mais promets moi de pas te brûler les ailes pour ma pomme." Il caressa sa joue, ses yeux intenses qui visitaient chaque trait de ce visage si doux avant qu'elle ne vienne l'embrasser avec une passion assumée. Wren lâcha sa joue rapidement pour faire remonter sa main le long de son dos, sentant cette peau si ardente pour lui. A eux deux, ils devaient clairement jouer un rôle dans l'augmentation des températures nocturnes de la ville et ce n'était pas Doherty qui allait en être dérangé vu à quel point il rendit la même fougue à sa partenaire. "Est-ce que ça veut dire que tu veux assumer que je sois ton petit ami en public tout ça?" Il fallait qu'il s'interroge à ce sujet parce que le suédois n'avait jamais fait cela. Le sexe, il savait faire mais les petites amies, c'était une autre histoire. Cela dit, pour Potter, il l'envisageait. Mieux, il en rêvait vu comment sa main se posa de son ventre jusqu'à son cou et enfin ses cheveux, passant d'abord avec délicatesse sur sa poitrine, ses lèvres débordant d'affection pour elle au moment d'atteindre les siennes à nouveau. Wren aurait dû combattre cette affection pour elle. Il aurait dû, oui, mais on ne luttait pas contre l'amour. On ne se battait pas contre l'évidence.

Il y a des astres qui sont fait pour se rencontrer, pour se frôler, pour se toucher mais qui finiront par se séparer, incompatibles. Il y a ceux qui ne connaitront jamais l’existence de l’autre, parce l’opportunité ne s’est pas présentée, parce que l’univers est bien trop vaste pour que toutes les âmes s’y rencontrent. Et enfin il y a ceux qui finiront dans un big bang assourdissant, créant alors une planète toute nouvelle, rien qu’à eux, deux morceaux de pierre dans la voie lactée qui se cherchaient sans le savoir et qui ont fini par se trouver. C’est exactement la sensation qui bouffe les entrailles naïves de Lizzie à ce moment-là. Lizzie et Wren, rien ne les prédestinait à quoique ce soit. Jamais ils n’auraient dû se rencontrer. Si tout avait fonctionné comme avant, l’adolescente ne serait pas dans ses bras à l’heure actuelle. Si le plan s’était déroulé sans accrochage, elle serait en train de monter plus haut dans la lumière, elle aurait peut-être pu songer à caresser d’autres plans dans sa carrière. Mais dans les bras de Wren, c’est fou comment elle s’en fiche, de sa carrière. Elle n’a plus aucune ambition de toute façon pour l’instant, juste un boulet de regrets qu’elle se traine à la savate sans réussir à s’en défaire. Une preuve de son échec cuisant. Et le pire dans l’histoire, c’est qu’elle est en train de faire encore plus d’erreurs qui peuvent l’enfoncer. Participer à une soirée sur une plage publique, fumer (encore), boire (toujours), se retrouver à trois quart nue dans l’océan dans les bras d’un garçon. Faire l’amour dans un lieu où on a fait péter la serrure. Il y en aurait de quoi alimenter la presse à scandale pendant au moins une semaine. Et de donner des cheveux blancs à sa mère. Franchement, rien que pour cette dernière image, Lizzie aurait pu embaucher quelqu’un pour la suivre ce soir. Mais tout ça, elle refuse d’y penser.
Pour l’instant, il n’y a que Wren et le sourire dont il lui fait grâce parce qu’elle a réussi à le toucher quelque part. Et ça lui fait plaisir de voir ça, un mouvement de sa part qu’il entend et qu’il comprend ce qu’elle lui dit. Elle lui répétera jusqu’à ce qu’il l’intègre. Parce qu’elle est prête pour ça, Lizzie, de lui réaffirmer qu’il n’est pas un déchet de la société, qu’il est beau, qu’il possède des qualités mais c’est juste qu’il ne s’en rend pas compte. On préfère toujours s’alimenter et s’enfoncer de nos défauts plutôt que d’accepter et embrasser nos qualités, c’est bien connu. Mais l’australienne les soulignera et il en prendra conscience. Elle commence déjà à le faire parce qu’il n’est jamais trop tôt. Lizzie plonge ses lèvres dans les siennes, elle s’en délecte, elle les savoure, elle espère aussi lui faire passer un message. Celui de son affection, celui de son amour d’adolescente qu’elle vient de se prendre en pleine face et qu’elle est déjà toute impatiente de lui partager. Parce qu’elle reste une grande enfant, qu’elle n’a pas franchement d’expérience dans le domaine mais qu’elle veut tout, tout de suite. Comme si elle a peur que ça parte avant même le temps qu’elle est finie de dire ouf. Inconcevable.

« Je veux pas que tu brûles, Lizzie. Jamais. » La brune voulut le rassurer avec un léger sourire mais il insiste. « Fais ce que tu veux, Potter, mais promets moi de pas te brûler les ailes pour ma pomme. » « C’est une expression, Wren. » Caressant sa joue, Lizzie le regarde avec plus de sérieux, décontenancée. Elle ne saisit pas la portée de ses mots, clairement, Wren semble le prendre au premier degré. Les histoires de famille Doherty lui reviennent vaguement en tête mais elle finit par les oublier parce qu’il caresse sa joue et qu’elle peut enfin laisser son esprit dérailler de tout son soûl. Et encore pire quand elle l’embrasse parce que ça aussi, elle peut le faire. Wren ne la repousse pas, il se laisse complètement faire et mieux, il ne quitte pas non plus ses mains d’elle. Son échine tremble sous ses doigts caressants et Lizzie sent son cœur qui s’emballe furieusement alors qu’elle se sépare pour besoin d’oxygène. Parce qu’elle préfèrerait le respirer lui, bordel, fichu corps humain. « Est-ce que ça veut dire que tu veux assumer que je sois ton petit ami en public tout ça? » Maudis soit son manque d’expérience d’être touchée comme ça. Wren lui parcourt de nouveau le corps de sa main aventureuse et elle a les poils qui s’en hérissent. L’australienne a le ventre qui se tord, les doigts qui deviennent fébriles et les muscles qui s’engourdissent cruellement. Il l’embrasse mais elle s’échappe brièvement parce qu’elle sourit, la gamine, elle rayonne avec son sourire qui illumine tout son visage. « C’est l’idée. A moins que tu veuilles la jouer relation secrète et prendre le risque que d’autres gars viennent me draguer… » Toujours assise à cheval sur lui, Lizzie se redresse complètement et passe la main dans ses cheveux tout en se mordant la lèvre. Même si les autres gars n’auront pas de chance avec elle. Ses mains sur le torse de l’adolescent allongé, elle le caresse timidement. « Alors, t’en dis quoi, Wren ? Trop risqué pour toi ? Ou le risque en vaut la chandelle ? »

Okay, peut-être qu’elle apprendra avec le temps d’éviter les allusions inflammables.

Elle lui faisait perdre la raison, purement et simplement. Pourtant, il n'y avait pas plus calculateur que Wren Doherty. Il agissait seulement lorsque son intérêt était important et lorsque les risques étaient moindre, en comparaison. Clairement, ce soir-là, il n'avait pas écouté son cerveau. Il s'était allé à ses pulsions primaires, à son envie de voir Lizzie sous un nouveau jour parce que c'était lui qui l'avait embrassée en premier, lui qui avait commencé à la toucher et à lui promettre un moment béni dans cette cabine de fortune. A la base, il devait juste jouer les piquets à cette soirée pour vendre quelques rails de coke à des adolescents éméchés, pas terminer dans l'océan à moitié nu à embrasser Lizzie Potter. La suite, elle n'était pas si surprenante que cela parce que c'était écrit depuis le départ que la brune était hors du commun à ses yeux. Doherty s'en souvenait encore de son apparition devant lui à une de ces soirées ridicules où il s'ennuyait comme un rat mort. Elle était arrivée et tout de suite, son monde avait été éclairé. Elle avait été timide bien sûr, mais elle avait tenté quelque chose, de lui parler, de devenir son amie alors que personne d'autre n'avait envie de se retrouver dans la même pièce que lui. Tout le monde savait à quel point c'était dangereux de venir trop près d'un Doherty parce qu'ils brûlaient tous d'une aura particulière et qu'ils étaient bien incapables de contrôler leurs actes. Wren en était l'exemple le plus probant en vue des multiples jours de suspension qu'il s'était récoltés en jouant aux cons durant les cours. Il voulait jouer à celui qui s'en foutait de tout alors qu'il aurait pu faire plier l'univers à ses genoux s'il l'avait voulu. Avant que son père ne mette le feu à la bâtisse familiale, il avait été parmi les premiers de la classe, ceux qui aspiraient à une belle et grande vie, pourquoi pas tenter l'aventure de l'université. Ce genre de rêves étaient bien loin désormais, il n'était même pas certain d'obtenir un diplôme de fin de lycée vu le peu de fois où il se pointait frais en cours. Pourtant, Lizzie, la belle et intelligente Lizzie était dans ses bras. Tout cela n'aurait dû avoir aucun sens car la belle ne devait pas finir avec la bête, ce n'était que dans les films que l'épilogue était ainsi, dans la vraie vie, c'était différent. Les femmes comme elle choisissaient une personne qui leur ferait du bien, une personne bien sous tous rapports qui leur apporteraient le bonheur sur un plateau. Rasoir à souhait, oui, certainement mais tout de même bien plus rassurant que le brasier intérieur du suédois. Il ne faisait d'ailleurs pas grand chose pour le calmer, continuant ses frasques de dealer de bas étage et maintenant, comment allait-il agir? Le moment était intense, sûrement trop pour quelqu'un d'aussi mystérieux que lui mais il ne semblait pas paralysé pour autant. A l'intérieur, c'était difficile à gérer, tant d'émotions se bousculaient mais Doherty pensait à Potter avant toute autre chose. Il s'en fichait pas mal de se blesser dans l'histoire: ce qu'il ne désirait pas, c'était la voir souffrir par sa faute. Elle n'avait pas l'air de s'en inquiéter pourtant et Wren n'allait pas lui raconter maintenant à quel point son âme était pourrie par les flammes, il n'en avait pas la force. Au fond, il ne souhaitait pas la perdre tout de suite, pas alors qu'il l'embrassait de la sorte, sentant sa peau frissonner sous ses doigts aventureux et chaleureux. Les limites n'existaient plus et le jeune homme ne partirait pas de là. De toute manière, Lizzie était toujours à califourchon sur lui et Wren ne pouvait que subir ses assauts fougueux quoique tendres. Parler à nouveau n'était pas la chose la plus aisée à faire parce qu'il avait le souffle court, qu'il était haletant de tant de passion entre deux êtres si différents en temps normal. Il fronça même les sourcils en entendant la réplique de la jolie brune. "Aucun mec t'approche. Aucun." Il aurait pu faire peur à n'importe quel type qui oserait. Il savait faire, ça, le jeune Doherty et Lizzie ne devait pas s'en rendre compte alors qu'elle se relevait légèrement en passant sa main dans ses cheveux et bordel, Wren la trouvait tellement sexy comme cela. Evidemment qu'il était fier d'elle, de l'assurance qu'elle arrivait à avoir malgré son jeune âge et son peu d'expérience. Son idéal féminin. "Ok, Lizzie. Ok. Je peux pas résister à une femme aussi sexy de toute façon donc tu gagnes, encore." Il la regardait se mordre la lèvre en caressant doucement son torse et les mains de Wren vinrent se poser sur ses hanches, les faisant glisser à son tour sur cette peau si charmante et agréable à toucher. Il releva son buste délicatement et vint enlacer la jeune femme de tout son corps, ses mains s'accrochant à son dos alors qu'il venait déposer de multiples baisers sur sa mâchoire, son cou et enfin ses lèvres. "On sera inoubliables, Potter." Il désirait marquer sa vie comme il venait de marquer son corps, qu'elle n'oublie jamais Wren Doherty, même sa pire version. Il était vraiment très idiot bien sûr mais Wren avait l'air de s'en foutre royalement à ce moment-là, son pouce glissant sur la lèvre inférieure de Lizzie qu'elle venait de mordre alors que son regard se baladait sur le moindre trait devant ses yeux verts d'eau. Elle serait toujours à lui, voilà ce qu'il voulait maintenant, le fou.

Lizzie a déjà passé trop de temps dans sa vie pour s’inquiéter. Elle a perdu trop de précieuses minutes cumulables en heures et sûrement en jours à répondre aux exigences d’autrui, à abandonner sa propre vie pour jouer celle d’une autre, à se laisser diriger par le réalisateur du moment. Ne pas pouvoir s’habiller comme elle voulait, être sous trois tonnes de couche de maquillage pour perdre son identité et enfiler celle de son personnage. On a reproché à Lizzie ses ongles rongés par ses dents, ses cernes sous les yeux, sa mine qui devient de moins en moins solaire. A onze ans, on lui soulignait déjà qu’elle n’avait plus huit ans, qu’il fallait qu’elle agisse comme une grande, qu’elle devrait être capable de plus de professionnalisme. Que des inquiétudes, des interrogations, des incertitudes. Elle est arrivée dans la pré adolescence avec une multitude de complexes qu’elle-même n’a jamais vu – mais qu’on lui a reproché, ‘‘informé’’. Mais maman lui disait que tout allait bien se passer, qu’elles feront en sorte qu’elle perde ses vilaines poches sous les yeux et qu’elles travailleront leurs scènes deux fois plus à la maison. Alors s’inquiéter, l’adolescente juge qu’elle l’a assez fait, qu’elle a assez donné et qu’elle a le droit à une pause. Une pause dans une cabine, dans une pénombre seulement cassée par une fenêtre haute qui laisse passer la lumière de l’extérieur. Quelques heures suspendues dans le vide temporel, juste le temps pour Lizzie de profiter de sa jeunesse – pas retrouvée, mais clairement la découvrir. Et c’est avec insistance qu’elle veut que Wren soit là pour continuer sa quête. D’elle-même, de ce qu’elle veut faire, quel chemin emprunté. Les seules personnes qu’elle connait font parties d’un monde à part de celui dans lequel elle est en train d’évoluer actuellement. Wren serait le premier – le seul actuellement – à la voir se paumer un peu plus dans les labyrinthes sinueux des choix, de l’adolescence, de lycée, de tous ces trucs normaux que font les jeunes normaux.

« Aucun mec t'approche. Aucun. » Ce froncement de sourcil, ce ton un peu plus renfrogné, okay, Lizzie aime bien. Elle apprécie même énormément. C’est la première fois, ça aussi, que ça lui arrive. Cette espèce de sentiment d’attachement possessif qu’elle nourrit déjà envers ces fameuses ‘‘autres’’. Celles qui ont déjà trouvé grâce à ses yeux, qui ont déjà testé la marchandise, qui se sont peut-être montrées plus à la hauteur qu’elle. L’adolescente ne peut pas s’empêcher de nourrir ce genre de discours intérieur parce qu’elle a l’habitude d’être comparée à d’autres et parfois rabaissée – souvent par sa propre mère. Alors lire chez Wren une sorte d’admiration (ou alors elle se fait des films, ce qui ne serait pas non plus surprenant) dans ses yeux, c’est comme si elle vient de gagner un prix pour le meilleur rôle de sa vie. « Ok, Lizzie. Ok. Je peux pas résister à une femme aussi sexy de toute façon donc tu gagnes, encore. » Oh god. Elle lui tape l'épaule. « Commence pas à dire des conneries. » Lizzie sent le rouge lui piquer les jours et redescendre jusqu’à son cou et sa poitrine face à son honnêteté. Okay, elle n’est clairement peut-être pas encore totalement prête pour ce genre de discours. Quand Wren se relève pour l’enlacer, elle veut fourrer son visage dans son cou, masquée cette gêne apparente – qu’on qualifiera sûrement d’adorable parce qu’elle est plus adorable que sexy, d’accord, le contraire la rend vraiment toute bizarre. Du genre des picotements dans les doigts et l’envie de se faire toute petite. Mais pas le temps pour ça, parce que Wren attaque plusieurs parties de son visage, de son cou avant d’atterrir toujours au point de base, là où tout commence et tout finit. « On sera inoubliables, Potter. » Pour elle, pour lui, pour le reste du monde ? Pour eux avant tout. Son regard hypnotique dans le sien, l’adolescente lui caresse gentiment le visage. « Je crois que tu viens déjà de l’être pour moi. » Le truc de la virginité et tout ça. Pas moyen qu’elle oublie à qui elle l’a donné. « Donc ça va, tu vas assumer d’avoir une minimoys qui te colle aux basques, qui te tiendra par la main et qui te provoquera sûrement un lumbago à force de devoir te baisser ? » Lizzie passe ses bras autour de lui et lui embrasse le front, entre les deux yeux, l’arête du nez, sa lèvre supérieure avant de s’arrêter pour sourire contre ses lèvres. « T’es beau, Wren. T’es tellement beau. » Parce que Lizzie reste une fichue adolescente avec une âme de gamine, qu’elle est précieuse mais surtout qu’elle le pense sincèrement. Elle l'a vu qu'il a une piètre opinion de lui-même alors elle sera là pour lui rappeler qu'il n'est pas un monstre. Ses doigts plaquées sur chaque côté de son visage, ses lèvres plantées sur celles du suédois, la brune se sent parfaitement à sa place, comme si enfin, elle peut respirer et apprendre à vivre. Et elle le fera, tant que Wren sera avec elle. Inoubliables il a dit. Elle compte bien l’être autant que lui.

Il avait encore tout à vivre et pourtant, Wren se croyait déjà mort. A l'intérieur, en tout cas, il avait cette sensation de ne plus rien avoir à apporter à qui que ce fut. Voilà ce qui se passait quand on vivait dans un univers tragique à l'aube de ses dix huit ans: on n'avait plus foi en rien, on marchait sans savoir où on allait, persuadé qu'on allait tomber dans un fossé tôt ou tard et qu'on ne pourrait pas l'empêcher parce que c'était le destin. Que c'était comme ça. Que certains naissaient avec de la chance et que d'autres devaient supporter une famille dysfonctionnelle avec une part de folie à l'intérieur de leur âme respective. Wren n'était qu'un exemple parmi d'autres, un gamin qui avait tout perdu au fil de cette route sinueuse et maintenant que la malédiction était passée au dessus de sa tête, il n'arrivait pas à se raccrocher à la moindre once d'espoir. Il était là, pourtant, à la regarder dans les yeux, cet espoir. La jolie brune le représentait avec tout son coeur, toute son âme offerte sur un plateau. Wren n'était pas certain de pouvoir gérer quelque chose d'aussi intense mais il s'y jetait à son tour, son cerveau ayant perdu de sa superbe au cours des dernières heures qui venaient de s'écouler. Il pourrait toujours essayer de mettre cette nuit sur le compte de l'alcool et la drogue ingérées mais la vérité était toute autre... C'était ce qu'il avait voulu. Lizzie, c'était ce qu'il voulait depuis des semaines, sans lui dire, mais en lui faisant toutefois miroiter que c'était une histoire possible à grand renfort de regards mystérieux, de sourires angéliques et de manières séductrices. Doherty avait été éduqué ainsi, à charmer son peuple, se proclamer roi au milieu de la foule et clairement, il voulait être l'homme que Lizzie vénérerait à ce point-là. C'était égoïste, plus qu'atroce de sa part puisque le lycéen savait d'ores et déjà que la souffrance était uniquement ce qui attendait la belle Potter sur le chemin. Rien d'autre que cela. Il n'était pas fait pour les femmes comme elle, les brunes brillantes et joyeuses, les femmes pétillantes qui avaient tant d'âme. Lui n'en avait plus depuis longtemps, il était noirci par le vice mais quand elle le regardait de la sorte, quand elle l'embrassait avec autant de vivacité, Wren avait tendance à l'oublier. Il n'y pensait franchement plus à l'heure actuelle parce que la brune le rassurait, se refusait de le lâcher, l'obligeant même à arrêter ses piètres discours. Elle n'en croyait pas un mot, il était à la hauteur pour elle, mieux encore, il était tout. Absolument tout et c'était peut être trop d'un coup pour l'adolescent. Trop, oui, mais si beau. Si fort. Si grand. Fourrer son visage dans son cou semblait être la seule réponse à la hauteur de l'événement mais c'était sans compter sur les réactions de Lizzie qui en donnaient toujours plus, qui l'assénaient toujours de si jolis mots qui faisaient battre son coeur si fort. "N'importe qui me filerait un lumbago donc ça va, je m'y ferai. A tout ça. J'y survivrai." Non,il le vivrait très bien même, c'était tout ce qu'il y avait autour qui serait dur. La drogue. Les gens. Sa famille. Son mal être intérieur. Tout. "Tu t'es pas regardée pour me dire ça, Potter." Elle était bien plus belle encore, bien plus élégante et intelligente que lui. Bien plus charmante, aussi. L'embrasser lui en donnait la preuve et Wren se cala encore plus étroitement contre le corps de sa brune, ses mains voyageant partout sur elle, incapable de la lâcher, de calmer cette envie de la connaître par coeur. "Comment tu veux finir cette soirée, Minimoy?" Maintenant, c'était acté et il ne s'enfuirait plus. Lui non plus. Il baisa chaque centimètre de son visage, attendant sa réponse, caressant délicatement ses côtes de ses mains habiles. Marquer l'instant au fer rouge. Ne jamais l'oublier, pour mieux y retourner. Revenir vers Lizzie Potter, encore et toujours.

Elizabeth n’a jamais eu d’assurance ni de confiance. Elle faisait ce qu’elle savait faire, elle se cantonnait à ce qu’on lui demandait de faire. Les compliments peuvent pleuvoir et son égo a pu être flatté plus d’une fois. Mes les critiques, les coups assassins derrière son dos, les piques lancées, la pression de la jalousie lui ont permis de ne jamais perdre face avec la réalité du monde. Et d’elle-même surtout. L’exemple de la petite fiancée d’Australie a pesé sur ses épaules, maman faisant toujours tout pour que cette image ne soit pas ternie, pas amochée. Sa princesse aux œufs d’or dans un sens. Sa mère n’est pas tant que ça intéressée par l’argent, mais c’est un plus sur lequel elle ne crache pas dessus, ayant trimée toute sa vie en tant que maman célibataire. Sa fille aurait pu être choyée d’amour et de cadeaux, elle aurait pu devenir la première des capricieuses, une tête à claque, en quête de toujours plus beau, toujours plus grand. Parfois, elle l’a été, gamine. Elle a eu des vagues de crises – celle de vouloir les chaussures vernies, celle de n’être coiffée qu’avec des tresses, celle de pleurs parce que son jean était troué et qu’elle n’aimait pas ça. Mais ce n’est qu’une conception tout ça. Rien de réel, rien de naturel. Elle était jeune, il y avait d’autres gens que maman. Elle était tout aussi manipulée et manipulable, parce qu’elle n’avait pas l’âge ni le caractère d’affronter les adultes. Même si elle avait eu une jolie rouquine pour lui prendre la main et la guider. Son caractère réservé et souriant ne lui permettait pas d’hausser le ton alors qu’elle les regardait tous de bas.
Alors regarder Wren de haut, ça la change. Pouvoir le dominer physiquement, même si ce n’est qu’une illusion, ça la rend fébrile. Observer un garçon comme lui, aussi grand, aussi indomptable, aussi intriguant, coincer sa tête dans son cou comme un enfant qui se cache, ça la fait fondre. Lizzie lui a dit qu'elle n'était qu'humaine et ça n'a jamais été aussi véridique que maintenant. Elle n'avait jamais compris les histoires d'amour qu'elle lisait ou les coups de foudre qu'on avait pu lui demander de jouer. Et elle n'avait attendu que ça. Est-ce que Wren est celui avec un grand A ? Adolescente éperdue, elle vous répondra que oui alors qu'il est en train de la regarder d'une telle façon qu'elle en rougit encore plus fort. Une vraie petite tomate, voilà ce qu'elle devient. Mais Elizabeth apprendra avec le temps (ou pas). « N'importe qui me filerait un lumbago donc ça va, je m'y ferai. A tout ça. J'y survivrai. » « Okay, cool. Même si je ne veux pas que tu survives, mais que tu le vives. » L’australienne joue clairement sur les mots mais le vocabulaire qu’il emploie est bien trop sombre pour elle. Survivre, fuir, détruire, menacer, poison, mauvais, mal. Elle n’aime pas ces mots, elle n’aime pas ce vocabulaire et par la force des choses, peut-être qu’elle arrivera à lui faire changer son état d’esprit. L’histoire typique du bad guy qui changera pour les beaux yeux ambrés d’une jeune fille naïvement entichée, vous la connaissez ? Il y a deux fins possibles : celle où elle réussit et celle où il réussit. A savoir qui aura le plus de volonté, le plus de force. « Tu t'es pas regardée pour me dire ça, Potter. » Okay, il va falloir qu’il arrête déjà de dire des trucs comme ça parce que Lizzie va atterrir six pieds sous terre à cause de tout cet embarras qui la secoue entièrement. Chassez le naturel et il revient au galop.

« Comment tu veux finir cette soirée, Minimoy? » Elle frémit, pour l’instant, la minimoy. Son corps d’adolescente réagit instantanément à la course des mains de Wren sur lui, rappelant quand même l’extrême nudité dans laquelle ils se trouvent être tous les deux. Lizzie décrète qu’elle apprécie grandement ce contact, cet échange de sensations. Et elle le savoure encore plus en riant légèrement alors qu’il lui embrasse son visage. Ses propres mains, plus petites, moins audacieuses, caressent ses épaules alors que son cerveau essaie de réfléchir à une réponse à fournir. « L’idée de rester sur place me tente bien. Foutre les jetons à ma mère est bien trop tentant pour passer outre. » Lizzie aura le droit à une scène d’hystérie, elle le sait. Une fois que maman se rendra compte que sa fille n’est pas sagement dans sa chambre et encore moins dans son lit, les murs risquent de se briser. Elle profite que Wren soit à proximité pour l’embrasser sous l’œil puis la joue. Elle laisse trainer son nez sur sa tempe, souriant contre lui. « Si le propriétaire de la cabine débarque, on le remercie ? D’avoir pensé à mettre ça ?, elle tapote le matelas sous eux, Tu crois qu’il a l’habitude que des ados pètent la serrure pour y faire des bêtises ? » Des bêtises… Elle vient de donner sa virginité et c’est une ‘‘bêtise’’. Ça ne l’est pas. Mais son sourire amusé efface ce genre de pensée. « Par contre, si c’est pas déjà fait, il va falloir que tu lises les HP. Je peux pas avoir un copain qui ne les a pas lu. » dit-elle dans un ton léger. Surtout que le dernier tome va bientôt sortir et qu’elle est d’une impatience folle. Même si ça lui a valu des railleries depuis quelques années. Mais c’est un sacrifice qu’elle est prête à subir.
Lizzie l’embrasse – tentative d’amadouement comme une autre – avant de le repousser de la main dans un cri de surprise. « Les vêtements, bordel ! Il faut les récupérer avant qu’on les vole ! Je refuse complet de me trimballer juste le cul couvert jusqu’à chez moi. » Même si encore une fois, la réaction de sa mère serait bien trop précieuse, elle en est certaine.

Wren et Lizzie, deux êtres aux antipodes et pourtant, quelque part dans cet univers, on pouvait les retrouver ensemble. l'idée aurait pu paraître clairement surréaliste pour la plupart des gens, peut être même pour les principaux concernés mais c'était arrivé, toutefois. Wren n'aurait pas pu l'expliquer, lui qui se refusait de s'attacher à quiconque, se battant déjà constamment avec ses engagements envers sa famille. Troublé, il l'avait été, évidemment, mais il ne s'était jamais dit qu'il irait au delà de cela, pas avec Lizzie. Avec d'autres, le jeune Doherty ne se serait certainement pas gêné car l'enjeu n'était pas le même mais cette adolescente avait déjà tellement souffert. Wren connaissait quelques bribes de l'histoire, même s'il n'était pas un fan inconditionnel des programmes télévisés et autres sources de distractions pour les gens de son âme. Tout le monde avait entendu parler de la jolie Potter et forcément, les lycéens parlaient d'elle lorsqu'ils la croisaient, même si c'était pour en dire mal. Elle provoquait nécessairement des jalousies parce qu'elle avait été connue à un moment donné, mise sur un piédestal avant de mieux en choir. Une erreur, une simple faute de parcours et elle n'existait plus aux yeux de personne. Wren comprenait ce qu'il lui était arrivé, étant lui-même un partisan des erreurs de jugement et la drogue, il avait été un des premiers à la tester parmi son entourage. Quelques années plus tard, il faisait même partie du trafic,en première ligne pour distribuer du bonheur aux autres gamins de son âme. Tous ces idiots qui se bousillaient la santé en quête de sensations. Il n'était pas différent d'eux et ce soir-là, c'était certainement ce qu'il avait cherché en premier lieu en se laissant aller à serrer Lizzie dans ses bras, à lui promettre qu'il serait là le lendemain puis le jour suivant. Être l'homme de la situation alors qu'il n'était qu'un bon à rien de plus qui rêvait d'une vie meilleure. Il n'améliorerait en rien la condition de sa jeune amie, une femme qui avait certainement envie de briller à nouveau et non de sombrer dans les bas fonds aux côtés d'un suédois à l'âme glacial, à l'âme de tueur. C'était ce qu'il allait faire, la briser, même si, à l'heure actuelle, rien ne le laissait présager. Il la regardait avec affection pourtant, lui qui cachait ses émotions perpétuellement, bien trop apeuré de s'attacher à qui que ce fut. Elle était là, à essayer de lui dire qu'il pouvait vivre à ses côtés, plutôt que de se contenter des restes. Le lycée aurait aimé le croire mais il faisait plus semblant qu'autre chose en continuant leur petit manège, alliant gestes tendres et regards énamourés. L'instant ne durerait pas toujours et déjà, la perspective d'une fin était à envisager car le monde ne tournait pas uniquement autour d'eux, ou de leur petit instant dans une cabine de fortune. Wren était entré par effraction et avait bien profité du corps de Lizzie et maintenant, ils étaient là à faire le bilan nocturne de leur situation. "On s'en fout de ta mère, non?" Il était le premier à faire le mur et ne plus s'intéresser aux états d'âme des membres de sa famille alors, comment penser que le tout pourrait être différent pour sa comparse? Potter n'avait pas eu la même éducation que lui, c'était une évidence et Doherty avait rapidement compris que sa mère menait la danse et la menait en bateau par la même occasion. Wren détestait cela, l'idée que sa propre génitrice ait pu lui faire tant de mal en la lançant dans une carrière qu'elle n'avait sûrement pas demandé en premier lieu. "Tu peux le remercier si tu veux, moi j'étais prêt à faire ça n'importe où, c'était pour toi que je voulais un endroit plus privé... Comment ça, des bêtises? De quelles bêtises tu parles?" Forcément, il jouait à l'idiot, considérant que le sexe ne faisait jamais partie de cette catégorie. Il fallait dire qu'il avait commencé jeune et que c'était devenu au fil du temps un moyen d'expression comme un autre, pas à la hauteur cependant du sens qu'il pouvait y avoir derrière un simple acte. "Au pire, tu me les liras parce que j'ai pas assez de patience pour tenir devant un bouquin. Et je te déconcentrerai dans ta tâche, forcément." Il était suffisamment insupportable pour empêcher la jeune femme de terminer le premier chapitre, plus attiré par sa compagne que par un livre qui faisait vibrer des générations toute entières. Wren ne s'intéressait pas à toutes ces histoires, trop terre à terre, trop impulsif pour rester en place devant une bibliothèque. "Au pire, si nos fringues ont disparu, je te ramène quasi à poil chez moi... J'ai des bonnes idées, je sais." Il déposa un baiser sur sa tempe avant de se relever et inviter la jeune femme à en faire de même. Leurs sous vêtements traînaient devant la porte et Wren remit le sien avant de jeter un coup d'oeil dehors. Rien à signaler, tout était bien trop calme mais il s'osa s'extirper pour aller récupérer les vêtements froids au bord de l'eau et courir pour les ramener auprès de la jeune Potter. "T'es sûre que tu veux pas foutre les jetons à ta mère?" Le salaud, il allait la tenter jusqu'au bout pour la mettre dans son lit alors qu'il la tenait par les hanches pour la coller à lui, son regard vert d'eau concentré dans le sien, pour la faire craquer. En bon Doherty qu'il était.

L’envie de tester ses limites, de goûter aux limites jusqu’où elle est capable d’aller. Lizzie a beau pensé qu’elle est libre et indépendante à ce stade de sa vie, la vérité n’en a jamais été aussi éloignée. Sa mère et sa poigne de fer sur sa vie, sur les fils qui la tiennent encore et toujours, chancelants et sur le point d’être brisés. Et là, elle ne s’en pas rend compte mais elle tombe de nouveau la gamine. Enfin, de nouveau, non. C’est la première fois, c’est son premier – dans tous les sens termes – et elle ne remarque pas qu’elle commence déjà à le regarder avec trop d’émerveillement. Wren connait tellement mieux ce monde, il maîtrise les ficelles, ces fichues ficelles qui sont en train de l’envelopper elle. Parce qu’elle ne peut pas encore être lâchée dans la nature sans se rattacher à quelqu’un mais ça, Lizzie n’en a pas pleinement conscience. S’être attachée à Wren aussi vite lui est apparu tellement naturel, tellement évident. Ils n’ont rien en commun, rien n’aurait pu indiquer qu’un jour leurs chemins se croiseraient. Une enfant star et un gars des quartiers, c’est la rencontre du jour et de la nuit. Cependant, ils sont la preuve qu’on peut aussi bien se brûler au soleil qu’être brillant et lumineux sous la lune. Il n’y a rien de mal à ce que les opposés s’attirent, c’est même carrément une belle leçon de vie. Et sa vie, Lizzie veut la vivre. Elle veut en savourer chaque instant parce qu’elle ne la connait pas, elle cherche encore qui elle est vraiment. A son âge, on est supposé savoir ce que l’on est, ce qu’on veut faire de son futur, de planifier son avenir. Mais elle, elle a l’impression d’avoir déjà une partie mais pas l’essentiel. Lizzie crève de retrouver les caméras mais pas maintenant, pas dans ses conditions, pas quand maman la tanne au point qu’elle en étouffe. C’est peut-être sa rébellion, sa crise d’adolescente qui en ressort. La brune est partie dans l’objectif de faire le contraire de ce que sa mère lui demande, parce que non, maman n’a pas toujours raison. Et elle n’a pas réussi à la protéger ni à étouffer l’affaire quand il fallait. Mais pour l’instant, le seul monde qu’elle observe et qui l’intrigue, c’est celui du garçon devant elle et rien d’autre. Ce même garçon qui lui balance « On s'en fout de ta mère, non? » ce qui la fait sourire un peu plus parce que damn right. C’est vraiment la dernière personne à penser dans ce genre de conditions. Elle suppose. Elle n’en sait rien. Mais penser à ses parents ou sa famille alors qu’elle est nue contre un autre corps, ce n’est pas franchement quelque chose qui se fait, si ? « Complètement. Mais si je peux la faire chier, je crache pas dessus. » Sa voix est douce mais une pointe d’amusement navigue derrière. Et Lizzie est persuadée que Wren sera exactement le genre de type qui la fera sortir hors d’elle. Alors naturellement, sa fille le caresse un peu plus, l’embrasse doucement sur le front et le laisse complètement diriger.

« Tu peux le remercier si tu veux, moi j'étais prêt à faire ça n'importe où, c'était pour toi que je voulais un endroit plus privé... » Lizzie penche la tête. « Okay, je laisserai un mot du genre ‘‘merci, grâce à vous, j’ai pu m’envoyer en l’air pour la première fois en toute intimité’’. » Elle sent quand même ses joues rosirent à l’évocation qu’il aurait pu faire ça n’importe où. Parce que pas elle, pas pour sa première fois en tout cas. Est-ce qu’elle se sent plus aventurière après ce cap passé ? Absolument pas. Pire encore, l’idée de le faire sous le regard vagabond d’autrui lui hérisse le poil d’embarras. « Comment ça, des bêtises? De quelles bêtises tu parles? » Bon dieu, il n’a pas fini d’essayer de la foutre à mal, là ? Lizzie va finir en combustion avec tout ce feu aux joues. Comme si leur bêtise avait été quelque chose d’honteux – absolument pas. « Tu sais très bien de quoi je veux parler. » Wren serait capable de la titiller et elle n’aurait plus qu’à jouer la morte pour qu’il arrête avant qu’elle se foute la honte intégrale. Oui, elle en est à ce point-là.  « Au pire, tu me les liras parce que j'ai pas assez de patience pour tenir devant un bouquin. Et je te déconcentrerai dans ta tâche, forcément. » Lizzie écarquille les yeux tout en devenant sérieuse. « Ne sous-estime pas mon amour pour HP, Wren. Je peux mordre, tu sais? » Lizzie Potter, mordre, c’est un peu comme croire que les licornes existent. C’est mignon, on veut y croire, mais c’est une peine perdue et on le sait. Il n’y a pas une once de méchanceté chez l’adolescente, ce qui lui a valu des problèmes plusieurs fois. Ce qui lui vaudra sûrement d’autres problèmes dans l’avenir. « Au pire, si nos fringues ont disparu, je te ramène quasi à poil chez moi... J'ai des bonnes idées, je sais. » Il l’embrasse sur la tempe et ça lui donne l’impression d’être une enfant alors qu’elle vient de passer un cap important de sa vie de femme. Alors qu’il se sépare d’elle – embarquant la chaleur avec lui, Lizzie plie ses jambes contre elle et les entoure avec ses bras avant qu’il l’incite à se relever à son tour. Elle grimace légèrement tout en rhabillant le seul vêtement qu’elle a porté de main – et qui ne la réchauffe pas plus. Quand Wren revient, Lizzie sourit de nouveau malgré la fraîcheur. « A poil chez toi, carrément. C’est comme ça que tu comptes me présenter à ta famille ? » Parce que ce n’est pas sa vision des choses dans l’immédiat. Et puis, il veut vraiment (déjà) l'amener chez lui?

« T'es sûre que tu veux pas foutre les jetons à ta mère? » Proposition tellement séduisante. Lizzie se mord la lèvre tout le laissant faire. Elle ne résistera pas, elle le sait. Il le sait aussi probablement. Wren a beau dire ce qu’il veut, il a pleinement conscience de ses atouts. Il peut faire ce qu’il veut d’elle qu’elle dira amen à tout. Ses yeux bruns sont complètement happés par les siens et la proximité de leurs peaux nues lui fait de nouveau (un peu seulement elle espère) dérailler le cerveau. Sensible à son charme, sensible à son contact, sensible à tout ce qu’il provoque. « J’ai pas dit que je voulais rentrer. » Elle a encore envie de profiter de lui. Il est bien trop tôt pour se séparer de sa présence. Ses propres mains se posent sur son torse pour remonter timidement sur ses épaules, émerveillée de se dire qu’elle le peut. « Qu’est-ce que tu proposes ? », elle murmure doucement, le minois levé vers lui. Quitte à faire sauter la permission de minuit, autant que ce soit pour la bonne cause.

Et les yeux verts branchés sur les siens à ce moment-là sont une très bonne cause à son opinion.

Il s'était laissé tenter et maintenant, il allait devoir vivre avec toutes les conséquences engendrées. Wren n'était plus seul, Lizzie faisait partie de sa vie et il n'était pas tout à fait assuré dans ses faits et gestes pour ne pas mettre sa vie sans dessus dessous. Potter n'avait pas eu la même éducation que lui, elle avait sûrement beaucoup plus d'avenir que le jeune Doherty mais cela ne l'avait pas empêchée de river son regard vers lui. Uniquement lui. Wren ne comprenait pas très bien pourquoi c'était lui qui trouvait grâce à ses yeux mais il n'allait pas la contredire dès maintenant, pas alors qu'ils venaient de vivre un moment parfaitement unique dans une cabine de plaisancier. Il ne voulait pas tout gâcher dès les premières minutes, appréciant tout particulièrement ce lien qui naissait entre eux, un lien qui serait sûrement trop solide pour être détruit en un claquement de doigts. Cette pensée effrayait déjà le jeune lycéen parce qu'il sentait que Lizzie ne pourrait pas le lâcher, pas sans avoir une très bonne raison de tirer un trait sur lui. Heureusement, Wren avait toujours des centaines d'arguments sous le pied pour que l'adolescente retourne à sa vie d'antan, une vie où la célébrité l'attendait de nouveau au tournant, une existence loin de lui et son influence néfaste. Au moins, Doherty avait conscience de tout cela, de tout le mal qu'il allait fatalement lui apporter parce qu'il n'avait jamais été capable d'apporter la moindre dose de bonheur à qui que ce fut. Pas même à sa propre famille. Il se voulait être le roi des Doherty mais en réalité, il n'était qu'un vieux pansement qui les tenait maladroitement ensemble, sans qu'il n'y ait plus aucun lien d'amour profond, juste des obligations à cause d'un nom de famille et d'une tragédie qui les avait bouleversés. Dans ces conditions, qu'allait-il pouvoir être aux yeux de Lizzie? A l'heure actuelle, c'était appréciable parce qu'elle le dévorait des yeux et se montrait plus qu'ouverte à faire de lui une part majeure de son existence mais serait-ce encore le cas quand elle se rendrait compte de ce qu'il gardait terré au fond de son âme? Là bas, il n'y avait que de la noirceur, que du malheur à faire ressortir et Wren n'avait pas tellement envie de mêler la jolie brune à ce fatras maudit. Ne pas y penser, se laisser porter par le moment, par le fait que pour la première fois de sa vie, le lycéen avait fait l'amour à une femme plutôt que de se laisser emporter par la spirale du sexe sans sentiments. Ce n'était pas le cas avec Potter, cela ne le serait jamais, quoiqu'il puisse en dire parce qu'il lui mentirait, évidemment qu'il le ferait. Pas pour se protéger lui, mais pour la sauver elle. Il avait beau savoir tout cela, Wren restait tout de même à ses côtés, jouant à l'égoïste en voulant profiter de cette douce soirée avec la jolie brune, rire avec elle, s'endormir en la serrant contre lui, caresser sa peau et se laisser l'aimer aussi maladroitement que possible parce que c'était le meilleur dont il était capable. Il sourit à sa belle en l'entendant répondre comme une adolescente rebelle: faire suer sa mère, une réplique idéale pour la mauvaise influence Doherty. Elle allait forcément le suivre dans n'importe quel faux pas, juste parce qu'elle était en colère contre sa génitrice pour une carrière mis au rebut depuis des mois déjà. Cela faisait bien les affaires de Wren et il pouvait sortir ses yeux charmeurs en écoutant les réactions de sa brune. "C'est parfait comme note mais je persiste, aucune bêtise n'a été faite, Potter." Il disait cela parce qu'il savait parfaitement ce qu'il faisait et pour lui, le sexe n'entrait que très rarement dans cette catégorie mais peut être que pour Lizzie, les événements tourneraient différemment. Elle était encore bien trop jeune pour savoir ce que ses expériences donneraient dans l'avenir mais son insouciance, c'était également ce qui créait cette envie chez Wren. Il l'appréciait pour cela, évidemment. "Le problème, c'est que si tu me mords, tu peux pas lire en même temps du coup je serais toujours le copain qui n'a pas lu HP donc il y a un souci dans ta stratégie." Il lui fit un clin d'oeil déterminé, comme s'il avait la réponse à tout. C'était sans doute le cas sur bien des points mais maintenant qu'ils se rhabillaient tous deux pour envisager la suite de leurs aventures nocturnes, Wren avait conscience qu'il n'était pas l'homme le plus indiqué pour gérer la suite de la situation. "A cette heure là, ma famille pionce et ça les choquera pas vraiment, je t'assure." Avec une mère catatonique, des jumeaux paumés, il n'y avait rien à redouter concernant la réputation de Lizzie Potter mais comme elle n'avait pas l'air d'être tout à fait à jour sur les Doherty, Wren préféra ne pas insister plus avant, se concentrant plutôt sur ses mains qui se posèrent vaillamment sur les hanches de sa jolie brune, son sourire armant ses lèvres voluptueuses. "Madame Potter deviendrait rebelle, alors? Je sais pas... Soit on retourne à cette fête sans saveur, soit on va se promener quelque part, soit on va vraiment chez moi. Tu décides, beauté." Il s'abaissa quelque peu pour déposer un ou deux baisers dans son cou en collant son buste contre le sien, la faisant décoller de terre de quelques bons centimètres, histoire de pouvoir la regarder dans les yeux sans se tuer le dos. C'était elle qui tenait leur destin entre ses mains et lui était l'idiot qui allait tout détruire. Schéma classique. Regrets à venir.