Tout est une question de point de vue. Pour Wren, c’est peut-être le début de la déchéance d’une jeune fille qui a encore un avenir prometteur et une carrière à relancer. Il peut se voir comme la bête de son histoire, comme le boulet de sa potence qu’elle traine mais Lizzie la choisit. Non, ça aussi, c’est un peu faux. Elle ne l’a pas vraiment choisi. C’est un choix naturel qui s’est imposé de lui-même parce que sa différence est ce qui le rend aussi unique et attirant. Elle qui a côtoyée de l’hypocrisie, de la jalousie, des faux sourires, Wren lui parait plus vrai que nature. Il ne s’enferme pas dans ce qu’il n’est pas pour plaire à la société. Au contraire, il l’assume, il le brandit, il en fait étalage. Et c’est exactement ce qui intrigue Lizzie. La gamine n’a jamais connu tel personnage jusqu’à maintenant et c’est presque automatiquement qu’elle a été attirée. Peut-être que Wren va la déstabiliser. Peut-être qu’il va la faire souffrir. Peut-être même qu’il la foutra sur les rotules. Mais tout ça, ce ne sont que des hypothèses. Ce ne sont que des questionnements à avoir pour le futur, mais pas pour l’immédiat. Parce que pour le moment, Doherty reste avec elle, il ne part pas comme un voleur, il a accepté d’essayer d’être plus pour elle qu’un simple coup d’un soir. Et rien que ça, aux yeux de Lizzie, c’est énorme. Un petit pas pour l’Homme, un grand pour elle. Pour eux ? D’après les dires du jeune homme, il n’est pas dans ses habitudes de rester donc oui, certainement. Elizabeth ne sait pas trop ce qu’elle a de spécial par rapport aux autres mais au moins, elle peut se vanter de l’avoir près d’elle – chose qu’elle n’aura pas besoin de faire puisque ça se verra. Timidement au début, elle le cherchera des yeux entre deux cours, elle glissera sa main dans la sienne, elle pourra l’embrasser pour le saluer. Pouvoir faire tout ça lui fout des papillons dans le ventre et c’est un sentiment qu’elle connait – mais qui n’a jamais été réciproque jusqu’à maintenant. Lizzie est aveuglée par de la poudre aux yeux et même si ce n’est pas réciproque, elle ne le serait même pas. Oui mais il a dit que j’étais unique, ça compte, non ? Bien sûr que ça compte mais ce qui compte aussi, c’est que Wren est un charmeur sous ses airs de dandy détaché et mystérieux. Mais l’adolescente n’en tient pas rigueur ; pour ses yeux verts, elle est prête à faire ce qu’il voudra pour le peu qu’il ne se détache pas d’elle. Jamais.

« Ok, ok, tu gagnes. Pas de bêtise, alors. Activité physique ? Sport extrême ? » Elle réfléchit un moment avant d’avoir les yeux qui s’ouvrent. « Voyage sur la comète, c’est pas mal aussi, ça. » Parce qu’il l’a emmené ailleurs, elle ne sait pas trop où mais quelque part où les pieds ne touchent pas le sol de la terre ferme. Lizzie sourit et ça prend tout son visage, chaque trait et chaque parcelle. Voilà longtemps depuis qu’elle a été virée qu’elle n’avait pas connu pareil légèreté et insouciance. Quand il lui démontre que son plan pour la lecture de la saga pourrait si facilement tombé à l’eau et en plus se retourner contre elle, Lizzie roule des yeux tout en grimaçant. « T’y mettras pas un peu de bonne volonté ? Juste pour moi ? Je te préviens d’avance que je serai aux abonnés absents quand le dernier tome sortira, hein. HP before boyfriends. » dit-elle d’une voix toute innocente. La jeune fille se mord la lèvre tout en se répétant que ouais, elle peut le dire parce que Wren s’est auto proclamé lui-même son boyfriend donc elle peut le répéter aussi. Encore une fois et peut être que ça deviendra réel ? Demain, ça le sera peut-être encore plus. « Je préfère quand même les rencontrer habillée. C’est plus respectable. » Parce que si eux ça ne les choque pas, ce dont elle doute quand même, Lizzie risque de s’auto choquer d’avoir ce genre d’initiative. Alors les vêtements qui la rhabillent doucement, c’est plus rassurant. Et puis, pour l’instant, elle n’a pas très envie de rentrer. Chez elle ou chez lui. Pas sûre qu’elle soit déjà prête au petit déjeuner du lendemain où des inconnus noteront la présence d’une étrangère chez eux. Beaucoup trop awkward pour elle pour le moment. Baby steps, baby steps. « Rebelle, je sais pas, mais je veux juste profiter. » De la vie, de la jeunesse, de l’adolescence, d’être avec lui. Ce n’est pas forcément la lune qu’elle demande à l’univers, si ? « Je… » Elle commence, elle s’interrompt, elle soupire d’aise. « Je peux pas réfléchir si tu fais ça. » Juste l’embrasser dans le cou, la prendre contre lui, lui faire plonger sa main dans les cheveux pour le garder malgré tout là où il est. « La fête est nulle de toute façon. Chez toi, nope, too soon. Je suis pas prête pour ça encore. Une balade… Okay. Ça je peux faire. » A part s’il continue à faire ce qu’il fait et que son envie prend le dessus sur la raison. Même si ce n’est pas vraiment ce que Lizzie veut dans l’immédiat.

Le début de quelque chose d'extraordinaire, voilà ce qui se passait à l'heure actuelle et le tout dépassait totalement Doherty. Il ne se rendait pas compte que sa vie allait radicalement changer maintenant que Lizzie s'y était fait une place de choix. Non, le jeune homme ne pouvait pas imaginer quelque chose d'aussi intense et qui dépasserait le concours des années parce qu'il n'avait jamais rien ressenti pour qui que ce fut, toujours plus proche de la haine que de l'amour Néanmoins, la belle Potter ne pouvait pas entrer dans cette catégorie, pas elle et ses pupilles ambrées, pas elle et sa douceur innocente, pas elle et sa capacité à tout lui donner alors qu'elle ne savait que peu de choses sur lui au bout du compte. Elizabeth était différente et la vie toute entière de Wren en serait bouleversé parce que, dans dix ans de cela, elle serait encore là, quelque part dans son coeur et son esprit à le tirailler pour tout ce qu'il avait mal accompli avec elle. Cette femme serait probablement sa mort et il l'accepterait avec grand plaisir. Pour le moment, bien sûr, Wren ne voyait pas le mal dans tout ce qui se déroulait puisqu'ils n'étaient que deux adolescents insouciants qui découvraient les joies de la vie et des débats amoureux d'adolescents. Doherty avait beau être plus à jour sur tout cela, il n'en restait pas moins ce gamin désabusé qui avait toujours été convaincu qu'il ne pourrait jamais aimer. Pas lui, impossible. Et voilà où il en était à la regarder avec une grande tendresse alors qu'ils étaient partis pour faire des plans sur la comète. "Cette appellation me convient, notons ça." Oui, leur relation était un véritable voyage et Wren avait quitté la terre ferme, à défaut de quitter Brisbane parce qu'il crèverait certainement ici. Lizzie lui avait permis au moins cela, de rêver d'autre chose, d'envisager une autre porte de sortie que l'image qu'il pouvait avoir de lui-même, de ce dealer sans foi ni loi qui cherchait à écraser avant de parler. Avec Potter, il n'était pas ainsi, il avait un visage plus doux en la serrant entre ses bras, en laissant son visage se coincer dans son cou, une technique des plus cruelles pour la déconcentrer parce qu'elle était aussi faible que lui, finalement. Non, ils n'iraient pas tout de suite chez les Doherty, plutôt, ils profiteraient de cette nuit à deux autour de la plage, à dormir à la belle étoile, collés l'un contre l'autre avec ce rêve idiot qu'ils seraient ensemble pour l'éternité. Ce serait sûrement le cas, dans l'inconscient du lycéen parce que, dans la réalité, il était incapable d'y penser, sachant pertinemment qu'il ferait plus de mal que de bien à sa jolie brune. "Va pour la balade et on retrouve pas la civilisation avant demain." C'était le seul voeu qu'il avait en se détachant du cou de sa Lizzie pour attraper sa main et la serrer dans la sienne, les faisant sortir dehors, prêts à marcher des kilomètres durant, peut être sans rien dire, peut être en riant, parfois en s'embrassant mais dans tous les cas, en rêvant d'un avenir incertain. Un avenir où Wren Doherty n'aurait que Lizzie Potter comme unique amour.