Lorsque je m’éveille, il est tôt. N’ayant pas de fenêtre dans ma chambre, je ne pus pas voir si le soleil est levé ou non. John dort coller contre moi alors que mon cœur bat à tout rompre. Encore ce foutu cauchemar qui me hante et qui me fait sienne. Je me dégage sans le réveiller. Il semble si paisible. Je m’approche de mes vêtements pour choisir une longue robe noire, signifiant le début du mois d’octobre. Je l’enfile ainsi que des sous-vêtements assez sobres pour coiffer mes cheveux devenus raides et coller mon chapeau de sorcière sur le dessus du crâne. Les bottes dans une main, le violon dans l’autre, je quitte la chambre à pas feutrés avant de voir que Tyler se tient dans le couloir deux tasses dans la main. « Nuit courte ? » Son sourire taquin me donne envie de le gifler avant que je ne dépose un baiser sur sa joue. Lui aussi bravait les interdits en venant dans le quartier des femmes. « J’ai voulu te rejoindre cette nuit mais la place était prise. » Nous avions pris l’habitude de dormir ensembles. Notre amitié étant parfaite symbiose. Je prends une gorgée de thé alors qu’il me glisse un préservatif dans la main avant d’avoir un clin d’œil. Je me pose pour enfiler les bottines avant de le suivre. « Ton coach est déjà là. » Génial et je ne suis pas en tenue. Le tournage pour Undercover devait commencer dès ma sortie de cure. Je devais donc continuer à m’entretenir bien que la mobilité de ma jambe soit réduite. Je soupire alors qu’il me tend mon sac de sport. Je troque ma robe noire contre un legging de la même couleur et un haut toujours aussi sombre. Je suivis mon meilleur ami jusqu’à l’extérieur où la morsure du froid m’arracha un frisson. Geralt nous attendait sur le pas de la porte alors que le jour n’était pas encore levé. Je m’entrainai souvent lorsque tout le monde dormait. La pénombre était mienne, j’étais habituée à me lever aux aurores et regarder le lever du soleil. « Comment va ta jambe ? Me demanda mon entraineur. » Je ne répondis pas si ce n’était pour lui montrer l’attelle qui la ficelait. Le geste parlait de lui-même. « Nous concentrerons donc sur le lancer de couteaux. » ça tombe bien car après avoir retrouvé John et ses trente-six pouffes, j’avais une envie de sang. Je vins me poser près des cibles alors que Tyler mit la musique. Elle était essentielle. La musique familière d’Evanescence retentit et je me tournai vers mon meilleur ami. « T’es sérieux ? Tu m’as pris pour Elektra ou quoi ? » Je me saisis de la lame. Elle est coupante, le couteau avait une bonne prise en main. Le véritable défi d’incarner une tueuse à gages. Tout comme de devoir apprendre à faire des strip-teases mais la chose attendrait puisque je ne pouvais pas poser le pied sans hurler de douleur. Geralt passa derrière moi pour venir raffermir ma prise et ajuster ma position. « Pense à quelque chose qui te met en colère. » Ce n’est pas bien difficile. Je ferme un instant les yeux avant de venir prendre une profonde inspiration. Je pouvais entendre les surveillants qui allaient réveiller les résidents alors qu’une bourrasque vint ébouriffer mes cheveux. Le premier couteau fendit l’air pour aller stopper sa course non loin du centre de la cible. Ce n’était pas assez. Je devais être la meilleure. Je tendis la main pour en avoir un autre alors que celui-ci rebondit pour atterrir sur le sol. Un grognement de frustration sortit de mes lèvres. Tyler poussa un soupir avant de venir se mettre au centre. « Vise-moi. Imagine que je suis une des putes de ton mec. » Je le vis avoir un petit sourire qui ne semblait pas être pour moi. Je pris une nouvelle lame alors que cette dernière vint se ficher au-dessus de sa tête, qu’une suivante se planta près de son oreille et que dernière vint érafler sa main. Je sentis une ombre derrière moi et je me retournai vive comme le serpent pour lancer le couteau qui atterrit à deux centimètres de la tête de mon amant. Je pris donc ma canne pour parvenir à sa hauteur et retirer la lame qui était fichée dans le chambranle de porte. Tout rapprochement avec les résidents d’ordre charnel était interdit alors que je contentai d’un sourire timide. « Bien dormi ? » Ma bouche s’attarda sur sa joue alors que je fis tourner le couteau dans ma main. Geralt commença à s’impatienter. « Bon je n’ai pas toute la journée, ramène ton cul ici qu’on reprenne l’entrainement. » Je me tournai vers lui, mes cheveux suivant le cours du vent alors que j’eus un sourire. Je jetai la lame qu’il n’eut aucune peine à rattraper. « J’y retourne. J’ai un coach crétin et peu patient. » Je le gratifiai d’un clin d’œil alors Tyler vint me tendre une nouvelle lame. Je pris donc une profonde inspiration prête à reprendre l’entrainement. Histoire d’en finir rapidement car j’avais la dalle. Je vis passer mon meilleur ami près de moi pour aller s’asseoir non loin de John. « Elle va jouer une tueuse à gages. Ça sort de ses rôles de nunuche. Donc évite de fracasser son entraineur si tu veux pas un procès au cul. Oh et j’allais zapper. » Il lui lança quelque chose que je devinai comme étant une boite de préservatifs. « Mieux vaut sortir couvert. » J’eus un rire sincère avant de reprendre le lancer de lames, consciente que jamais les deux hommes ne s’entendraient mais faire semblant était mieux que rien après tout.
« Ne t’avise pas de me rendre jalouse, John. Je ne suis timide qu’en apparence. » Tu commences à mieux cerner Ruby. Tu pensais la connaître mais finalement, la demoiselle n'a absolument rien à voir avec l'adolescente qui te collait aux fesses lorsque tu passais du temps en compagnie de son frère aîné. Ruby l'adolescent et Ruby la jeune femme sont deux personnes différentes. En apparence, elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau. À l'intérieur, elles sont différentes. Du moins avec toi. Jamais tu n'aurais pu soupçonner qu'elle était capable de tant de choses lorsqu'elle se trouve au lit avec un homme. Ou peut-être est-ce toi qui a une bonne –ou mauvaise- influence sur elle. Cette partie de Ruby te plait. Après la nuit que vous venez de passer tous les deux, tu viens t'endormir en serrant la demoiselle contre toi. T'as peur. Peur de te réveiller et qu'elle ne se trouve plus à tes côtés, qe tout ceci n'ait été qu'un rêve. Et beau et magnifique rêve. Si cela en était réellement un, tu ne voudrais jamais te réveiller. Tu t'endors peu de temps après elle, épuisé par cette nuit forte en émotion. La nuit fut courte, trop courte. Tu en as l'habitude avec ton travail. Couché à pas d'heure, réveillé entre neuf et dix heures parce que tu as un milliard de choses à faire avant de retourner travailler le soir-même. T'en as ras le bol de ce rythme, tu aspire à autre chose. Quitte à changer complètement de voie. Être barman ne t'intéresse plus aujourd'hui. À ton retour à Brisbane, certaines choses vont changer dans ta vie. Tes yeux viennent s'ouvrir doucement. Tu déplore le manque de fenêtre dans les chambres du centre. La plupart des résidents sont ici de leur plein gré, nous ne sommes pas des animaux. Il est donc inutile de nous enfermer dans des chambres tels des animaux en cage dans un zoo, par exemple. À côté de toi, il n'y a personne. Ruby n'est plus là. La panique commence à s'emparer de toi, tu crois réellement qu'il ne s'agissait que d'un rêve. En jetant un coup d'oeil autour de toi, tu te rends compte que tu n'es pas dans ta chambre. Il s'agit d'une chambre de fille. Tu reconnais ses photos. Tu es bien dans la chambre de Ruby. Elle avait certainement rendez-vous avec son meilleur ami, Tyler. Tu te dépêche d'enfiler tes fringues qui ont eu le temps de sécher. Ça va être compliqué de traverser l'aile des filles sans se faire repérer. Dans un premier temps, tu passes la tête dans l’entrebâillement de la porte. Personne. Tu sors donc et, lorsque la porte est fermée, en te retournant, tu te retrouves nez à nez avec une infirmière. Elle n'a pas l'air ravie de te voir du côté des filles. « Je peux savoir ce que vous fichez ici ? » Au ton de sa voix, elle n'a sûrement as couché avec son mari la nuit dernière et ne semble pas être du matin non plus. Un sourire taquin, tu te contente de lui lancer « Je me suis perdu ! » Tu la salue poliment avant de sortir de l'aile des filles. Tu fais un détour par ta chambre afin de prendre ton traitement pour le cœur. Six cachets à prendre à chaque repas, sans compter ceux que tu prends pour ne pas retomber dans l'alcoolisme. Mais eux, bientôt -tu l'espère- tu n'en auras plus besoin. Main dans les poches, tu fais le tour de l'établissement. Aucune trace de Ruby, tu commence à t'inquiéter. Est-ce que ton esprit t'as joué des tours ? Est-ce que ce n'était qu'un rêve ? C'est en te rendant dehors afin de prendre ton bol d'air de la journée qu'un couteau te passe à deux centimètres du visage. Un couteau ? Vraiment ? « Vise-moi. Imagine que je suis une des putes de ton mec. » La voix de Tyler résonne à ce moment-là. Comment il sait que t'es son mec ? Elle lui a dit ? Elle lui a parlé de ce que vous avez fait la nuit dernière ? Tu es proche de Quinn ou de Shay mais jamais tu n'irais parlé de tes performances sexuelles avec elle, tout comme elle ne parlerait pas de les leurs avec toi. Tout le monde est différent. Les membres du personnel doivent certainement vous observez surtout cette infirmière qui a dû rapporter le fait que tu trainais dans l'aile des filles. Tu crèves d'envie d'embrasser Ruby mais tu te retiens et te contente de lui sourire. « Très bien oui. Je me suis remis de cette nuit ! » Dis-tu en prenant une voix suave, te penchant dans le creux de son oreille. Ruby vient tout de même t'embrasser sur la joue. Ce geste a pour effet de te donner la chair de poule. Tu lui souris et embrasse le sommet de son crâne, un geste amical pour une femme qui fait battre ton cœur. Le coach de ta dulcinée s'impatiente, tu soupire en lui lançant un regard qui veut dire « Fiche nous la paix ! » Mais tu ne dis rien et va t'assoir plus loin afin d'admirer ta belle Ruby s'entrainer à tu ne sais quoi. « Va Princesse et ne blesse personne d'accord ?! » Tu lui fais un clin d'oeil et va t'assoir plus loin. Tyler te rejoint, s'asseyant à tes côtés. « Elle va jouer une tueuse à gages. Ça sort de ses rôles de nunuche. Donc évite de fracasser son entraineur si tu veux pas un procès au cul. Oh et j’allais zapper. » Tu comprends mieux. T'as déjà vu des films avec elle, t'as jamais fait attention qu'il s’agissait de Ruby. Mais la remarque de Tyler te fait arquer un sourcil. « J'vais pas fracasser son entraineur, j'ai aucune raison d'avoir peur de lui et j'ai confiance en elle. » Comme si tu fracassais la gueule de tous les mecs qui osent la regarder trop insistement. Par contre qu'il ne tente rien avec elle. Tu sauras te montrer persuasif envers lui s'il ose la draguer ne serait-ce qu'un peu. « Et désolé pour le coup de poing hier.. J'pensais t'étais son mec et .. enfin, je la connais depuis qu'elle est gosse Ruby .. » Et elle a toujours été ton crush, ton amour d'adolescent et plus encore. Tu ne sais pas si la jeune femme lui a parlé de toi, enfin de vous et de votre relation. Certainement que oui vu qu'il te tend une boite de capotes. Sans le moindre mot, tu la planque dans la poche de ta veste. « Certains deales de la drogue ou de la bouffe, toi c'est les capotes. C'est .. original ! » Dis-tu en lui donnant une tape plus ou moins forte dans le dos du garçon. « Attends, elle t'as parlé de nous .. ? De cette nuit .. ? » Demandes-tu le palpitant qui s'emballe.
J’ai toujours été très méticuleuse dans mon travail. Je le prenais très à cœur. Même si au début, jouer la comédie n’avait rien de très drôle pour moi, je me suis prise au jeu. Après le tournage éprouvant en Espagne, j’ai décidé de me tourner vers des rôles plus adultes. Jamais je n’aurai cru avoir le premier rôle d’Undercover. Cela sortait tellement des sentiments battus pour moi. je me suis donc levée avec une nouvelle journée d’entrainement en perspective. Même si je me devais d’aller mieux, de me remettre, je pouvais toujours me servir de mes mains. Tyler m’attendait avec une tasse de thé à la main et une capote pour venir me lancer ses remarques. Je ne voulais pas entrer dans les détails. J’ai toujours été d’une nature pudique avec mes relations amoureuses et sexuelles, ce n’est pas maintenant que j’allais l’avoir. Mon coach nous attendait dehors dans la pénombre et avait déjà installé tout le matériel. Je m’étais changée alors que je commençai par étirer mes muscles. Je commence donc à me saisir des couteaux sans réels succès alors que Tyler vint se mettre entre la cible et moi pour servir de sujets d’expertise. Comme d’habitude, je gardai mon calme. Je ne mouftais pas alors que le couteau fendit l’air pour atterrir le long de sa main droite. Puis le second se ficha près de sa tête alors que le dernier lui effleura l’oreille. Mon regard émeraude planté dans le sien, je sentis une présence derrière moi avant de me tourner et de lancer la quatrième lame qui se ficha tout près de la tête de John. Avec un calme déconcertant, je vins récupérer l’objet avant de lui poser une unique question. « Très bien oui. Je me suis remis de cette nuit ! » Je vins hausser un sourcil alors qu’il se pencha pour murmurer à mon oreille. Je dodelinai de la tête avant de me sentir rougir tandis que j’eus un petit sourire pour venir embrasser sa joue. John me rendit mon affection alors que je retournai vers mon entraineur. Je levai les yeux au ciel alors qu’il me tendit des lames plus longues. Je restai à les observer alors que les hommes discutaient dans mon dos. « Je sais que tu la connais depuis des années. Elle me l’a dit. » La voix de mon meilleur ami était calme alors que fichai la lame plus longue dans la cible mais pas au centre comme j’aurai voulu le faire. J’eus un soupir d’exaspération. « Bon on arrête pour les couteaux. On va faire du corps à corps. » J’eus un coup d’œil pour ma jambe. Mais dans le fond, ça ne me ferait pas de mal de botter quelques fesses. Je prendre ma canne pour me mettre en position. Je n’étais pas aussi fluide que si j’avais eu l’usage de mes deux jambes mais je ferai avec. Il vint m’attaquer et je parai avant de ne pas voir le second coup qui me mit au sol. « C’est surtout que je n’ai pas envie de la voir avec un gamin sur les bras. Ne te vexe pas mais je ne te connais pas. » Je remis sur mes deux pieds au prix d’une grimace avant de venir lui lancer un coup de canne en pleine tête ce qui valut à Geralt de faire quelques pas en arrière. Puis, je le déséquilibrai avant de venir planter ma canne sur son torse, le forçant à garder le sol. « Redoutable. Mais pas encore assez assurée. » Il se saisit de mon bien pour me déséquilibrer mais je l’entrainai dans ma chute. Match nul. Je vins abattre mon outil entre ses jambes tandis que les deux hommes continuaient de discuter. « Ruby ne dort plus. Donc la nuit, je lui tiens compagnie. On se soutient les coudes entre junkies. Et t’avais pris ma place cette nuit. Tu sais bien qu’elle ne dit jamais rien. » Tyler sembla se reporter sur notre combat alors que je plaquai Geralt violemment contre une cible au point de nous faire tomber tous les deux. Je ne pensais plus qu’il s’agissait de mpn ami mais d’une revanche. « RUBY STOP. Cria Tyler. » Il vint en courant vers moi pour m’attraper alors que j’allais abattre ma canne sur la tête du jeune entraineur. « Je pense que t’as gagné. » Il vint m’écarter alors que je me débattais. « Elle est ingérable depuis sa… » Il se tut pour reporter son attention sur moi alors que je collais ma canne sur son pied. Il vint me lâcher et je repris mon gilet. « Je suis ravi de voir que tu as transformé ta peur en colère, murmura Geralt en se relevant. » Je lui jetai un regard venimeux avant de ramener les pans de mon gilet contre moi. je n’avais pas transformé ma peur. Elle vivait toujours en moi. C’est juste que je ne voulais pas qu’elle me paralyse. Je voulais vivre normalement. Même si c’était chose impossible tant que je me refuserai à parler de ce que je ressentais. «J’ai faim. Allons manger. »
Hier matin encore, t'étais célibataire. Ce matin, lorsque tu t'es réveillé, tu ne sais plus dans quelle catégorie tu te trouve. En franchissant le seuil d'entrée de ce centre, tu ne t'attendais pas retrouver la jeune et jolie Ruby McPhelps. Celle pour qui ton cœur a battu depuis des années. Celle que tu as pris plaisir à dépuceler il y a une dizaine d'années. Tu pensais tes sentiments et enterrés. Baliverne ! Tes sentiments sont réapparus dès l'instant où ton regard s'est posé sur elle. Cette nuit ne fut pas une erreur. Au contraire même. Tu t'es réveillé, t'es redevenu toi-même. Toutes ces idées de suicide que tu as pu avoir suite à ton second séjour en moins d'un mois à l'hôpital sont désormais très loin de toi. À ton réveil, dans la chambre de Ruby, la demoiselle n'est plus là. Étrange. Chercherait-elle à t'éviter ? Des milliers de questions en tête, tu te rhabille avant de sortir de la chambre. Ta malchance fait son apparition lorsque tu te retrouves nez à nez avec un membre du personnel qui ne semble pa ravi de voir un homme dans le quartier des filles. Tu t'enfuis rapidement avant qu'elle ne puisse appeler la direction. C'est à l'extérieur que tu retrouve Ruby. Un poignard t'effleure le visage. Tyler est là lui aussi et ce type que tu ne te connais pas. Son entraineur certainement. Tu te sens tellement idiot que tu n'es pas reconnu la jeune femme dans ses films. En apparence, Ruby reste la même que tu as pu connaître il y a des années de cela. Quelques kilos en plus, les cheveux toujours de la couleur semblable du feu. Une poitrine qui s'est bien développée. Ruby ne répond rien, elle se contente de retourner vers son entraineur afin de reprendre le lancer de ses lames tranchantes ; toi, tu t'assois dans un coin, observant ta dulcinée. Tyler ne tarde pas à te rejoindre. «Et toi ? Tu la connais depuis quand ? » Ruby tu l'as vu grandir, évoluer. Elle a toujours été cette fille timide, réservée qui bégaie lorsqu'elle se trouve face à des inconnus. En tout cas, avec toi, elle ne bégaie pas. C'est pas grand chose mais ça signifie beaucoup pour toi. Ça veut dire que tu compte pour elle, tout comme la jeune femme compte pour toi. La voir se déplacer avec sa canne te brise le cœur, tu déteste ce type. Il lui a fait du mal, il l'a détruite. Il ne mérite pas de vivre. «Il lui est arrivé quoi à son ex ? » T'espère qu'il a été jeté en prison, il ne mérite que cette sentence de toute façon. La mort aussi mais on t'as souvent répété que c'était mal de souhaiter la mort des gens. T'observe Ruby qui s'entraine au corps à corps avec son entraineur. Un sentiment étrange s'empare de toi, pas si étrange que cela. T'es totalement jaloux de l'homme. C'est toi qui devrait faire du corps à corps avec elle mais t'es pas certain que vous puissiez garder vos fringues sur vous. La phrase de Tyler te fait tourner la tête vers lui, arquant un sourcil. « Tu sais, si ça devient sérieux avec Ruby, on sera amené à se fréquenter souvent je pense. Tu crois pas qu'il est temps d'enterrer la hâche de guerre ? » Lances-tu envers le garçon. Tu ne fais plus attention à Ruby, tu te contentes de la surveiller du coin de l'oeil préférant te consacrer à ce que te dit l'homme se trouvant être son meilleur ami. Tu te crispe lorsque tu la vois sur son entraineur, un soupir de rage s'échappe de tes lèvres. « Rassure-toi, elle a dormie comme un gros bébé avec moi cette nuit. » Tu lui fais clin d'oeil, en espérant qu'il comprenne l'allusion. « Tu veux m'faire croire qu'il s'est jamais rien passé entre Ruby et toi ? » Tu arque un sourcil, soucieux de la réponse. T'es pas certain de vouloir savoir la vérité mais a moins, t'en auras le cœur net. Tyler n'a pas le temps de te répondre, il court vers Ruby pour la stopper dans ses attaques. Tu le suis, restant à bonne distance d'eux. Tu ne veux pas être le cliché du petit ami jaloux du meilleur ami de sa nana. Tyler est important pour ruby. Il sait ce qu'elle a vécue, traversé. Il sait comment il faut agir avec elle. T'espère simplement arriver à créer un lien comme celui entre les deux meilleurs amis entre Ruby et toi. Elle compte beaucoup pour toi. «J’ai faim. Allons manger. » Tu souris et viens embrasser le haut de son front. « Je te trouve sexy quand t'es en colère ! » Murmure-tu à son oreille. Un bras autour de ses épaules, tu compte bien montrer a monde entier que la jeune McPhelps est à toi. Et seulement à toi. Le flirt est proscrit dans l'enceinte du centre, comme si t'en avais quelque chose à faire. Comme si tu écoutais les règlements. Tu viens t'assoir et prends Ruby sur tes genoux. Tout comme toi, tu sais qu'elle est jalouse. Tu compte bien le trouver que c'est elle que tu veux, que tu désire et pas une autre. « J'étais un peu déçu de ne pas voir ce merveilleux visage lorsque je me suis réveillé tout à l'heure. D'ailleurs, j'ai croisé une infirmière. Elle était pas contente de me voir sortir de ta chambre, Princesse. » Une main sous son menton, tu l'embrasses délicatement puis la passion ainsi que la fougue reprenne dessus. « Tu déjeune quoi le matin ? Café ? Thé ? Tartines ? Céréales ? » Demande-tu avant d'aller chercher de quoi vous rassasiez après la nuit que vous venez de passer.
J’ai toujours été très méticuleuse dans mon travail. Il s’agit là de mon besoin d’exceller, d’être la meilleure. Je savais que j’aurai dû rester en convalescence, attendre que ma jambe ne se remette mais ce n’était pas mon genre. Je suis plus le genre de femmes à bouger. J’ai trop longtemps connu les entraves. Devoir faire attention alors que j’étais enfant, devoir faire attention alors que je commençais ma vie d’adulte, devoir faire attention par égard pour mon couple. J’en avais marre de faire attention. Je voulais vivre. Je voulais faire ce que je voulais, quand je le voulais. J’ai pu goûter à un peu de liberté alors que Tyler et moi sommes venus ici. Loin de l’Europe et de cet air néfaste qui me rongeait de l’intérieur. Son influence, de savoir que Nicolas ne reviendra certes jamais mais n’était pas loin. ça me bouffait de l’intérieur. Alors oui, quand Undercover m’a demandée si je souhaitais m’entrainer, j’ai répondu oui. J’ai certes brisé, j’étais certes une loque mais je parviendrai à me relever. Je l’ai toujours fait. Je gratifie John d’un timide baiser sur la joue, n’aimant pas les effusions d’amour en public. Je suis actrice et je ne peux pas me permettre d’afficher mon amour, ma passion en public. je pensais que John l’aurait compris. Tout comme il aurait compris qu’il ne se passerait rien entre Tyler et moi. Certes, nous étions tactiles l’un envers l’autre mais ça n’irait pas plus loin. Je laisse tomber les couteaux pour commencer à me battre. « Juillet. Depuis sa… quand elle a fini en centre et moi aussi. Elle était toute seule dans son coin. J’ai eu du mal à l’apprivoiser. » L’apprivoiser, comme si je n’étais qu’un animal. Je me relevais après une grimace de douleur en relevant les poings. « Tiens mieux ta garde. » Le conseil de Geralt n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Je continuai mes parades avec mon bâton lui abaissant sur la tête tout en écoutant la discussion distraite des deux hommes. Mon inattention me valut de finir au sol, le souffle coupé. Je me remis sur pieds. « Tu sais, ce n’est pas en demeurant jaloux de tous les mecs qui l’entourent que ça fonctionnera, confia Tyler à John avant de venir m’applaudir, allez défends-toi bordel. » Je repris ma canne pour recommencer à me battre de toutes mes forces. Comme si ma vie en dépendait. Elle a failli en dépendre. Je lui mis un coup de bâton. « Elle t’a dit ce qu’il était advenu de Nicolas, il est en prison. Callum l’a arrêté à temps. » Et encore une fois, il avait raison. Je l’avais déjà dit à John mais il n’écoutait que ce qui l’arrangeait. Entendre le nom de mon ex fut comme un déclencheur. Je me remis à me battre de toutes mes forces si bien que Tyler vint me stopper. Je me débattis dans sa poigne alors qu’il me calma. Puis, je me tournai vers John. J’avais beau lui dire qu’il ne s’était rien passé entre lui et moi, il persistait. Je voyais aussi qu’il fusillait Geralt du regard. Geralt qui doit avoir le double de mon âge. Je passe près de lui avant qu’il ne m’attrape sans ouvrir la bouche. Nous nous dirigeâmes tous les trois vers le réfectoire et je n’eus pas le temps de m’asseoir que John me prit sur ses genoux pour me murmurer des choses. « Je ne dors jamais. » Ma voix n’avait rien d’affectueux, ou de tendre. Il vint m’embrasser. En public. Et ce fut la goutte de trop. « Williams, McPhelps. » On nous appela et je coulai un regard à Tyler qui me fixait, mutique. Je me mis debout pour aller voir la surveillante. « Convocation dans le bureau de la directrice. Toi McPhelps, tu y vas à dix heures et Williams à neuf heures. » Je m’en doutais. J’attendis qu’elle soit partie avant d’attraper John par l’oreille et de l’entrainer loin des gens. « C’est quoi le projet ? » Je croisai les bras sur ma poitrine. « Tu penses que parce qu’on a baisé, je suis ta propriété ? » Merci mais j’avais déjà donné. Etre la propriété de quelqu’un m’avait donné une jambe cassée et un bras en compote. Ne parlons même pas de mon âme. « ça marchera pas nous deux. Pas tant que t’auras ton comportement de mecs des cavernes. Ouais, je suis jalouse aussi sauf que moi, contrairement à toi, je n’ai pas couché avec la moitié de Brisbane. TU OSES redemander à Tyler ce qu’ils se passent entre nous alors que je te l’ai dit. TU OSES m’embrasser en public. Je ne suis pas ton jouet. Je suis une personnalité, des gens comptent sur moi. Alors, je m’entrainerai avec qui je veux, quand je veux, COMME JE VEUX. » Je le défiai du regard alors que mon cœur battait à tout rompre dans ma cage thoracique. « Tu sais quoi ? Ce qu’on avait : c’est fini. T’es exactement comme mon ex. Aussi possessif, aussi jaloux. Sous prétexte que tu me sautes une fois, tu crois que je suis ta propriété. Je ne suis la propriété de personne. Je suis Ruby McPhelps. Et je t’emmerde. » Je fus une bonne élève tout le long de ma convalescence ici. Et me voilà convoquée dans le bureau dès le premier jour où nous étions ensembles. Je ne voulais pas qu’il me suive partout, je ne voulais pas qu’il me roule des patins devant tout le monde. Je n’avais pas envie de faire la une de la presse. Alors, je rompais directement. Je vins attraper une pomme avant de faire signe à Tyler de me suivre. Ce dernier coula un regard à John avec une mine désolée alors que nous allions dans la salle commune. « Je reviens. » Il me laissa avec mon script avant que je n’allonge ma jambe douloureuse pour aller retrouver John. « Mec, tu peux pas agir comme ça. C’est une actrice connue. Elle va tourner des scènes de nues, des scènes de sexe et… Nicolas n’a pas toujours été violent avec elle. Il a commencé après son shooting de nu avec son chat. Tu ne peux pas l’embrasser comme si tu te foutais du monde entier car elle appartient au monde entier. Il y a ses chats, ses fans et tu ne seras que le troisième. Pardon quatrième car son frère vient avant. Et il ne s’est jamais rien passé entre nous parce que quand je l’ai récupéré, elle se remettait d’une… » J’entendais la conversation et je me tournai vers eux. « Tentative de suicide. Tu peux le dire, ce n’est pas un tabou. » Après tout, il l’apprendrait tôt ou tard. « j’ai tenté de me suicider car je vivais en prison. Et il est hors de question que ça recommence. N’essaie pas d’arranger les choses Ty’. John est un imbécile et nous deux, c’est terminé. »
Tu ne sais pas être amoureux, personne ne t'as jamais appris à l'être. Offrir des fleurs ou du chocolat à la femme qui partage ta vie, ça ne te ressemble pas. Tu as toujours été très jaloux et possessif envers les filles qui ont été assez folles pour sortir avec toi. Très souvent, ce semblant d'amour entre vous fut très vite consommé. Tu t'es vite lassé. La preuve est là lorsqu'on observe de près ta relation avec Charlie. Une relation qui n'a duré que trois mois. Ce que tu es en train de vivre avec Ruby sera-t-elle plus longue ? Plus courte ? Tu sais que cette relation ne se fera pas sans pousser des cris, sans disputes pour venir entraver cet amour qui vous lie. Tu ne sais pas où tu vas avec elle, t'es prêt à prendre le risque avec elle. À te lancer dans une vraie histoire avec elle, même si elle est une célébrité. T'as pas peur, t'as confiance en elle. Tu n'étais pas près d'elle lorsque son ex compagnon a bien failli la tuer. T'ignore ce qu'elle a vécue, bien que tu te doute que cela n'a pas dû être facile pour elle. À côté de ce que Ruby a pu vivre, tes problèmes sont bien peu de choses. Plus jamais tu ne te plaindras de ta vie. Plus jamais. T'observe la grande rouquine qui s'entraine au corps à corps avec son entraineur. Ça ne te plait pas ce rapprochement entre eux et un grognement rauque. T'as confiance en elle, tu ne cesses de te le répéter. C'est vrai, tu lui fais confiance, c'est dans la gente masculine que tu n'as pas confiance. Tu les connais les mecs, certains ne penseront qu'à la sauter juste pour passer dans la presse à scandales. Pendant que Ruby se bat avec son entraineur, tu discute avec Tyler, son meilleur ami. Tu l'as mal jugé. En fait, c'est un garçon bien qui aime Ruby tout autant que toi. « Juillet. Depuis sa… quand elle a fini en centre et moi aussi. Elle était toute seule dans son coin. J’ai eu du mal à l’apprivoiser. » Le dernier mot te fait sourire, tout le monde a du mal à apprivoiser Ruby. Elle est indépendante et solitaire, mais elle a aussi cette fâcheuse tendance à se faire aimer de ses pairs. En tout cas, toi, tu la trouve attachante et encore plus aujourd'hui lorsque tu sais ce que son ex lui a fait vivre. T'as toujours cette envie de la protéger, de l'aider. Comme la fois où elle est rentrée de soirée, ses fringues imbibées d'alcool et les moqueries des autres qui ont fait saigner son cœur. À partir de ce jour, tu t'es juré de la protéger. Mais elle est partie avant que tu n'es eu le temps d'honorer ta promesse. Une nuit. C'est tout ce vous avez eu le temps de vivre avant que la rouquine ne prenne ses affaires et fiche le camp ; sans un mot, sans une parole. «Personne ne peut apprivoiser une McPhelps, même pas son propre frère ! » C'est ce qui fait son charme. « Tu sais, ce n’est pas en demeurant jaloux de tous les mecs qui l’entourent que ça fonctionnera. » Tu ne fais pas confiance aux mecs qui l'entourent. Exceptions faites pour Tyler et Callum, et son entraineur bien sûr. Ruby n'est pas une fille comme les autres, tu l'as bien compris. Elle est une célébrité très connue. Elle doit avoir des milliers de fans dans le monde entier, des femmes mais aussi des hommes. Imaginer des hommes que ni toi, ni elle ne connait, ça ne te plait pas. Tu n'as pas le temps de répondre, Tyler vient empêcher la jeune femme de mettre KO son entraineur. Cette image d'elle te plait, elle ferait une excellente boxeuse. Ça ne fait aucun doute. Tous les trois, vous vous dirigez jusqu'à l'intérieur du centre où il est temps de venir déjeuner. Ton ventre ne cesse de gargouiller et tu peux te montrer sous ton très mauvais jour si tu ne mange pas très rapidement. Assise de force sur tes genoux, la voix de la rouquine n'a rien d'affectueux. Elle est même très froide, voire presque glaciale. Tu ne comprends pas trop ce qu'il lui prend. Tu viens l'embrasser amoureusement, devant tout le monde alors que tu sais que le flirt est proscrit au centre. On vous interpelle par vos noms de famille. T'as l'impression de revenir à l'époque du lycée lorsque tu étais envoyé chez le principal pour tu ne sais plus quelle bêtise. À force, ça en devenait une habitude. Ruby s'entretient rapidement avec l'infirmière. Une fois cette dernière partie, la rousse t'entraine plus loin. Elle te fusille du regard, heureusement qu'elle ne peut pas te tuer comme cela. « ça marchera pas nous deux. Pas tant que t’auras ton comportement de mecs des cavernes. Ouais, je suis jalouse aussi sauf que moi, contrairement à toi, je n’ai pas couché avec la moitié de Brisbane. TU OSES redemander à Tyler ce qu’ils se passent entre nous alors que je te l’ai dit. TU OSES m’embrasser en public. Je ne suis pas ton jouet. Je suis une personnalité, des gens comptent sur moi. Alors, je m’entrainerai avec qui je veux, quand je veux, COMME JE VEUX. » Ces premiers mots te transpercent le cœur. Ruby a donc eu vent de ta réputation à Brisbane. Pourquoi cela ne t'étonne pas ? Tu dis rien, tu ne l'interrompt pas. Tu te l'écouter attentivement, hôchant parfois la tête en guise de compréhension. « Tu sais quoi ? Ce qu’on avait : c’est fini. T’es exactement comme mon ex. Aussi possessif, aussi jaloux. Sous prétexte que tu me sautes une fois, tu crois que je suis ta propriété. Je ne suis la propriété de personne. Je suis Ruby McPhelps. Et je t’emmerde. » Cette fois, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elle a brisé ton cœur alors qu'elle t'as fait la promesse de ne pas le faire. « Et on avait quoi ? Tu peux m'le dire ? » Depuis ton réveil, tu n'as pas su mettre de mot sur votre relation. Un couple ? Des amants ? Tu n'es pas prêt à perdre une nouvelle fois Ruby. Il n'est pas question que tu la laisse filer. « Sur Terre, y'a sept milliards d'êtres humains. Pourtant, c'est toi que je veux. Toi et seulement toi. Me demande pas pourquoi. T'es brisé, détruite. T'as ta part de vices, tes défauts et tes qualités mais c'est toi que j'veux. J'peux avoir toutes les filles que je veux, mais c'est toi que j'veux. Je sais qu'on ne sera sans doute jamais heureux ensemble, qu'on se criera après, qu'on se dispute tous les quatre matins. Jamais, jamais je ne pourrais t'oublier ou passer à autre chose Ruby McPhelps. Notre amour ne sera pas parfait mais on ne l'est pas nous-même, pas vrai ? Qui peut se vanter d'être parfait ? » Non, tu n'es pas parfait. Tu ne l'es pas et tu le sais parfaitement. T'as fait un tas de bêtises, certaines plus graves que d'autres. Certaines aussi dont tu n'es pas fier. On apprend de ses erreurs. Ruby s'en va. Elle te laisse planter là et s'en va manger sa pomme loin de toi, comme si tu ne comptais plus à ses yeux. Mais c'est faux, tu le sais bien que tu compte encore pour elle. Tu as compté et tu compteras toujours. « Mec, tu peux pas agir comme ça. C’est une actrice connue. Elle va tourner des scènes de nues, des scènes de sexe et… Nicolas n’a pas toujours été violent avec elle. Il a commencé après son shooting de nu avec son chat. Tu ne peux pas l’embrasser comme si tu te foutais du monde entier car elle appartient au monde entier. Il y a ses chats, ses fans et tu ne seras que le troisième. Pardon quatrième car son frère vient avant. Et il ne s’est jamais rien passé entre nous parce que quand je l’ai récupéré, elle se remettait d’une… » C'est la voix de Tyler qui te fait redresser la tête. Il a entièrement raison. Le fait de ne passer qu'en quatrième position pour elle ne t'enchante mais si c'est le prix à payer pour continuer cette idylle entre vous, tu t'en accommoderas. Tu préfère souffrir de cette situation que perdre définitivement Ruby. Une larme coule le long de ta joue, tu l'essuie du revers de la main avant que quiconque ne puisse la voir ruisseler sur ta joue. « Tentative de suicide. Tu peux le dire, ce n’est pas un tabou. j’ai tenté de me suicider car je vivais en prison. Et il est hors de question que ça recommence. N’essaie pas d’arranger les choses Ty’. John est un imbécile et nous deux, c’est terminé. » Pour bien enfoncer le couteau dans la plaie, Ruby te le dit une nouvelle fois que vous deux c'est terminé. « C'est bon j'ai compris. Pas besoin de le dire deux fois ! » Grognes-tu sans même lui accorder un regard. Tu sais que si tes yeux se posent dans les siens, t'es foutu. Tu ne pourras plus être en colère contre elle. « En attendant je te signale que cet imbécile tu l'aime depuis que t'as treize ans. J'me souviens que j'ai as eu trop de mal à te convaincre de te donner cette fameuse nuit de tes dix-huit ans. » Dis-tu un sourire en coin. « Ni même cette nuit d'ailleurs, tu veux que je te rafraichisse la mémoire. » Bon, ce n'est pas comme ça que tu vas récupérer la demoiselle. Elle t'as blessée, ton égo a été touché. C'est trop tard. Tu viens frapper violemment ton poing dans le mur avant de coller ton front sur ce dernier. Une nouvelle larme vient ruisseler sur ta joue. Tu t'approche de la demoiselle, tes mains sur ses joues. « J'accepte tes reproches. J'accepte que tu sois une célébrité. Je m'en contrefiche que tu joues des scènes de nues, des scènes romantiques. Jm'en fiche de ça. Je t'ai fait confiance. Le problème c'est moi, j'ai pas la réputatin d'un mec gentil et fréquentable. Tes parents te diraient certainement de me fuir s'ils savaient tout de moi. Mais putain, je t'aime Ruby. Je crève d'amour pour toi. C'est pour toi que mon cœur bat presque à la normal. » D'ailleurs, ton cœur bat bien trop rapidement à ton goût. Heureusement que tu as pensé à prendre tes médicaments avant de te rendre dans la salle commune. « Je t'aime Ruby. Même si tu me déteste ! »
Je suis venue à Brisbane dans le but de me reposer. D’éviter les esclandres, d’éviter la presse. Et me voilà aux prises d’un homme qui ne savait pas ce qu’il voulait. Enfin si, il savait ce qu’il voulait : moi. Comme si je n’étais qu’un vulgaire trophée. Alors que je lui fais face, j’ai conscience d’être de nouveau le phénix qu’on enferme dans sa cage dorée. Je ne peux que le défier et directement couper ce lien qui nous unit. « J’peux avoir toutes les filles que je veux. » Cette remarque ne peut que m’arracher un rire jaune. Alors pourquoi est-il ici s’il peut avoir toutes les filles qu’il veut ? Pourquoi est-il dans cet état ? A quarante ans, ne devrait-on pas être marié et avoir un ou deux enfants ? Mais non, John était en cure, avait une liste de conquêtes aussi longue que la taille de sa bite et en plus de ça, il osait venir se pavaner devant moI. « Oh mais quelle chance ai-je d’être l’élu ! Tu veux qu’on se batte à mort, Voldemort ? » Je ne pus que lever les yeux au ciel avant de le planter là. C’était la seconde fois en 24 heures qu’il me pourrissait mon repas. Je vins croquer dans ma pomme mais l’australien vint me suivre avec Tyler qui tenta de le raisonner. De lui expliquer mon mode de vie. Mais encore une fois, John n’écoutait rien. « C’est bon j’ai compris, pas besoin de le dire deux fois ! » Visiblement non, il n’avait pas compris puisqu’il était ici. Je vins tourner un regard agacé vers lui avant de voir que la rage déformait ses traits. Et sur le coup, mon cœur accéléra. « En attendant je te signale que cet imbécile tu l'aime depuis que t'as treize ans. J'me souviens que j'ai as eu trop de mal à te convaincre de te donner cette fameuse nuit de tes dix-huit ans. » Je déglutis alors qu’il me rappelle à ce bon souvenir. Parce que justement, il était en train de le gâcher. Je nous revoie cette nuit-là. moi trempée et en larmes. Lui qui essayait de me réconforter. Sur le coup, il m’a réconforté et j’ai cru le moment parfait. « Ni même cette nuit d'ailleurs, tu veux que je te rafraichisse la mémoire. » Je sentis la rage émaner dans mes pores. Tyler vint se poster entre nous alors que le poing de John vint atterrir dans le mur. Il vint jusqu’à moi. Tyler m’interrogea du regard mais je ne cillai pas alors qu’il vint poser ses mains sur mes joues. Je déglutis, tétanisée. Je ne l’écoutai plus. je me rappelai de la dernière fois qu’un mec avait posé le regard sur moi. Les mains sur mes joues. La dernière fois qu’un mec avait eu un geste violent. « Non, tu ne m’aimes pas. On n’aime pas quelqu’un du jour au lendemain espèce d’abruti. » Je vins le repousser avant de claquer mon script. Je pouvais le mettre à la poubelle car je savais que je ne pourrais pas travailler ici. Pas avec lui dans les parages. « Tu ne m’as jamais aimé. Moi, je t’ai aimé. Mais non, je ne t’aime pas. » Les mots étaient durs, sans doute blessants mais ce n’était que la cruelle vérité. « J’étais amoureuse de ton souvenir. » Je repoussai sa main. « Si tu me touches encore une fois, je te jure que je te le ferai payer très cher. » Je ne pourrais oublier son arrogance. Puis, je vins me mettre debout alors que Tyler vint me tendre la main avant de couler un regard désolé vers John. « T’es pathétique. Tu me dégoutes. Tu me roules une pelle devant tout le monde pour me marquer comme ta putain de propriété, crachai-je avant de le pousser, tu viens me dire que tu peux avoir toutes les gonzesses. Mais elles sont où John ? T’es tout seul. Tu viens me dire que tu m’aimes avant de me sortir que je ne suis qu’une salope qui s’est donnée à toi dès le PREM… » Ma respiration se bloqua dans mes poumons. Alors que je vins cracher une gerbe de sang. Sans réellement comprendre, je vis Tyler plonger sur moi tandis que je finissais au sol. Mes médicaments. J’avais oublié de les prendre. Dans la détresse de mon cauchemar, dans la détresse de ce moment. Mon cœur saignait et pas qu’au figuré. Je crachai une gerbe de sang à mesure que ma main s’accrocha à celle de mon meilleur ami. Puis, je coulais un regard hargneux sur John. Des paroles seraient vaines. « NON, hurla Tyler envers John, tu l’approches je te brise la mâchoire. Elle a été claire. » Puis, il vint me prendre dans ses bras auxquels je m’accrochai, la respiration sifflante. Avant de plonger dans le noir et que ma main ne retombe mollement le long du corps de mon meilleur ami tandis que le mien basculait et que jen vins m’écraser contre le sol.
Une semaine plus tard, Je n’avais pas remis les pieds au centre depuis mon malaise. Car ce n’était pas une attaque mais bel et bien un malaise. Tyler n’avait pas été autorisé à sortir et venir me voir. Heureusement, j’ai pu sortir un peu pour aller jouer sur la plage, danser, me faire des amis. mais je savais que je devrais retourner au centre. Callum avait pris un avion spécialement pour m’y reconduire et je refusai de lui dire les raisons de mon attaque. Je pris donc mon sac avant de poser ma tête contre la vitre fraiche du SUV qui nous emmenait au centre de désintoxication loin de Brisbane. Je devais en permanence avoir une bouteille d’oxygène sur moi, les fils étant directement reliés à mon nez et mon système respiratoire. Je soupirai alors que nous l’avions monté sur roulettes. Puis une fois arrivés, je descendis suivi de mon frère ainé avant d’arriver à l’accueil. Tyler nous attendait tous les deux puisque je lui avais dit que je revenais la veille. Au téléphone. « Comment ça va Dark Vador ? » J’eus un éclat de rire avant de venir le prendre dans mes bras, faisant attention aux tuyaux pour ne pas manquer d’oxygène. « tu croyais que tu allais te débarrasser de moi comme ça ? » Callum signa les papiers avant de me prendre dans ses bras. Puis, il salua Tyler avant de quitter les locaux aseptisés. « Tu veux de ses nouvelles ? » je hochai la tête à la négative avant de tirer ma bouteille jusqu’à la salle commune. Celle que je partageai avec les autres drogués. Les alcooliques étaient désormais séparés depuis mon esclandre. J’avais remercié Coco d’avoir étouffée l’affaire John. Je suivis mon meilleur ami pour me mettre derrière le piano. « On fait le medley ? » Je hochai la tête avant de commencer ôter mes tuyaux mais il m’avisa d’un regard sévère et je le remis en place. Puis, je commençai à chantonner en bougeant la tête. mes cheveux allaient et venaient dans mon dos tandis que ma robe noire me donnait un air faussement gothique avec mon teint affreusement pâle. « Under a tree at quarter three, I had some hope in me…» Mes doigts se joignirent à ceux de Tyler pour jouer alors que le monde commençait à affluer pour nous écouter. « What is this, a painful twist, is this a bitter kiss? » Une larme solitaire coula sur ma joue alors que je me relevai pour le couplet final. « And will we ever end up together? No, I think not, it's never to become For I am not the one…» Puis, je me tournai pour le voir. Il n’avait rien à faire là mais tout était dû à John Williams. Je lui en voulais toujours. D’une colère bouillonnante puisque les McPhelps étaient rancuniers. Alors, je décidai de lui tourner le dos, la canne dans ma main, le chariot avec la bouteille dans l’autre pour disparaitre dans les couloirs. Consciente que j’étais suivi, je resserai ma poigne sur ma canne avant de fendre l’air avec et de le coller au mur. La pointe de cette dernière coincée sur sa gorge alors que je demeurai à quelques centimètres de lui. « Ne vas-tu donc jamais me laisser en paix si ce n’est dans la mort, John Williams ? » Ma voix était plus rauque que la semaine passée, faute à ce foutu oxygène qui vrillait mon jugement et mon timbre. « Je ne te déteste pas. » Je vins lâcher la canne au sol alors que ma main s’abattit de nouveau sur sa joue. « Mais je ne t’aime pas non plus. » Sans doute un violent mensonge mais je n’ai cessé de ressasser ses paroles blessantes, tantôt viles, tantôt niaiseuses. Je voulais retrouver le John d’il y a dix ans. Celui qui ne pleurait pas. Celui qui avait certes son arrogance mais qui n’était pas aussi pitoyable. Et si je devais battre le fer, souffler le froid pour qu’il me revienne, je le ferai. Je voulais le John connard, viril. Mais sans une once de violence en lui. En vérité, je ne désirai qu’une chimère qui appartenait désormais au passé tout comme je n’étais plus l’enfant énamourée qu’il a connu. Alors qu’allions-nous devenir ?
Être venu dans ce centre est certainement l'une des meilleures choses que tu ai pu faire mais c'est aussi la pire. La meilleure parce que tu te fais soigner, tu acceptes et assume cette faiblesse en toi. Tu refuse de devenir un homme alcoolique et violent comme ton père. Une semaine et demie que tu es là, présent au centre et une semaine et demie que tu n'as bu aucune goutte d'alcool. Les trois premiers ont été compliqués et puis, finalement, tu as su passer par-dessus cela. Ruby aurait pu faire partie du meilleur côté de ce séjour, elle en est la pire. Elle t'as déjà brisé une fois à l'époque où toute la famille McPhelps est partie s'installer en Angleterre. Elle t'as brisé le cœur, t'as essayé de t'en remettre mais en vain, ça n'a pas fonctionné. Aujourd'hui encore, elle est en train de te le détruire. Elle te renvoie ce que le reste du monde te reproche ainsi que ces craintes, ces peurs que tu avais à son égard : t'es pas un homme pour elle. Lui dire que tu peux avoir toutes les filles que tu souhaite à tes pieds n'est certainement pas très malin. T'aurais pensé que ça aurait pu la flater de savoir que tu peux obtenir une fille en claquant des doigts mais que c'est elle que tu souhaite avoir. Et Ruby, tu ne l'auras pas en claquant des doigts. Si tu la veux, si tu la désire vraiment, il va falloir te battre. Lui montrer que tu la désire réellement et qu'une femme n'aura pas besoin de remuer son postérieur pour t'attirer dans ses filets. « Oh mais quelle chance ai-je d’être l’élu ! Tu veux qu’on se batte à mort, Voldemort ? » Tu ne répond même pas à son attaque, tu préfère laisser couler et recevoir ses reproches dans le plus grand silence. T'encaisse, sans rien dire. Tyler tente d'apaiser les tensions, de vous calmer l'un et l'autre mais c'est trop tard. Le gentil John n'existe plus. Il est retourné s'enterrer au plus profond de ton âme. Pourtant, tu te souviens de ce que tu as pu ressentir à l'époque lorsque tu as trouvé la jeune rouquine en larmes, ses vêtements sentant l'alcool à des kilomètre. Si elle ne t'avais pas empêché de retourner à cette soirée, peut-être les aurais-tu tous tués. Ou seulement leur passer un savon. Ruby ne te laisse pas indifférent depuis qu'elle a commencé à grandir et à se transformer en femme. Ruby n'a eu que deux hommes dans sa vie dont toi, et toi, t'en as eu des dizaines. Peut-être même des centaines. Tu n'as jamais été capable de l'oublier et tu n'en seras jamais capable. Ton cœur saigne à chaque mot qu'elle prononce. « Tu ne m’as jamais aimé. Moi, je t’ai aimé. Mais non, je ne t’aime pas. » Ton cœur saigne, il a mal. Tu le sens qui se serre dans ta poitrine. T'as envie de hurler, de frapper dans tout ce qui te tombe sous la main. « Qu'est-ce que t'en sais putain ? T'es pas dans ma tête, ni dans mon cœur. Tu sais pas ce que je ressens ! » Tu te mets à crier pour la simple raison que t'as mal. Tu as bien du mal à respirer. T'ignore si c'est à cause d'elle ou à cause de ton cœur. « J’étais amoureuse de ton souvenir. Si tu me touches encore une fois, je te jure que je te le ferai payer très cher. » Tu tente un pas vers elle, Ruby te repousse et tu as encore plus mal. « T’es pathétique. Tu me dégoutes. Tu me roules une pelle devant tout le monde pour me marquer comme ta putain de propriété, tu viens me dire que tu peux avoir toutes les gonzesses. Mais elles sont où John ? T’es tout seul. Tu viens me dire que tu m’aimes avant de me sortir que je ne suis qu’une salope qui s’est donnée à toi dès le PREM… » Jamais tu ne l'as traité de salope, tu la respecte Ruby mais t'as pas le temps de te défendre. Ruby vient à nouveau cracher du sang. Tu ne sais pas comment la sauver, comment lui venir en aide. Tyler t'ordonne de partir, de foutre la paix à sa meilleure amie. Tu l'entends mais en l'écoute pas. Tu n'en as rien à faire de lui et de ce qu'il veut que tu fasses. C'est Ruby qu'est en train de cracher du sang à tes pieds. Jamais tu ne le laisseras même si elle te le supplie à genoux. Tu prends sa main dans la tienne, elle est glacée. Ton cœur se brise à nouveau lorsque tu poses tes yeux sur elle. « Ruby .. M'laisse pas .. J'ai besoin de toi .. » Une larme ruisselle à nouveau sur ta joue. Tyler te repousse, cette fois, tu le laisses faire. Les yeux de Ruby se ferme, elle est en train de faire un malaise et tu ne peux pas l'aider. Tu ne peux pas, elle ne veux pas. T'as envie d'hurler, de crier. Ruby s'en va, allongé sur un brancard. Tyler ne peux pas la suivre. Lorsque l'ambulance quitte l'allée du centre, tu lance un regard rempli de haine au meilleur ami de la rouquine et vient t'enfermer dans ta chambre. La colère te prend. T'envoie tout voler, tu tapes dans le mur. Ton poing est en sang, il te fait mal mais la douleur est nettement plus supportable que celle que tu ressens au fond de ton cœur. Tu revois les yeux de la rousse se fermer. Tu tremble. Tu ne sais pas si tu vas la revoir un jour, si elle va s'en sortir. Mais si, elle s'en sortira. C'est une battante Ruby, elle s'en sortira tu le sais. Mais la reverras-tu ? C'est moins sûr. Ruby est partis, épuisé par tout cela, tu viens t'allonger par terre, en boule et t'endormir. Au moins, en dormant, tu n'as pas mal. Tu respires à peu près normalement. Dormir c'est le seul moyen que tu as trouvé pour avoir Ruby près de toi.
Une semaine plus tard. Ruby n'est pas revenue au centre depuis une semaine. Normalement, une semaine passe vite. Mais cette fois, la semaine ne veut pas se terminer. Le premier jour a été le jour le plus horrible de toute ta vie. Lorsque Ruby vous a quittés, elle a perdue connaissance. Le plus horrible c'est de ne pas savoir comment elle va et, surtout si elle a survécu. Une part de toi est terrifiée d'apprendre son décès. Ici, personne n'en parle. T'as donc un petit espoir que la rouquine est survécu, elle serait très certainement affaiblie mais en vie. C'est le plus important. Tu ne cesses de penser aux dernières réflexions que la jeune femme t'as dit avant de ne faire son malaise. Tu la revois, là, en face de toi, crachant du sang. Tu sens ton cœur se serrer à nouveau, les larmes te montent aux yeux. Durant cette semaine, tu as lié une certaine complicité avec Tyler qui se trouve être le meilleur ami de Ruby. Il la connait bien, mieux que toi même. Tu l'as vu grandir, devenir une femme mais lui, il a eu la chance de la côtoyer. Il sait ce qu'elle aime et ce qu'elle n'aime, ce qui la rend heureuse et, au contraire, ce qui la rend triste. Durant une semaine, tu as tenté de survivre au centre. Te refermant sur toi-même. Il y a eu cette fille qui ne cesse de te coller jour après jour. Tu la connais bien. Tu as couché avec elle à Brisbane. Tu ne pensais jamais la revoir et encore moins ici, dans ce centre. Une ancienne droguée, légèrement nymphomane. Elle ne cesse de te coller, espérant que tu viennes la baiser dans l'une des remises du centre et toi, tu ne cesses de la repousser. T'as même participé au cours de peinture auquel tu n'as jamais mis les pieds. Tu ne sais pas ce que tu as dessiné, t'as simplement réussis à échapper à la jeune femme. Tes repas, tu les passes en tête avec ton assiette ou bien avec Tyler. Vous ne cessez de parler de Ruby. Il te donne quelques conseils pour la charmer et la garder près de toi. Il n'est pas dupe, il voit bien que la rouquine compte pour toi. Ruby n'est pas une fille de passage dans ta vie. Tu ne cesses de penser à elle. Chaque minute, chaque heure. Tu ne penses qu'à elle. Ton cœur saigne, ton cœur a mal. Tu ne sais pas si elle reviendra au centre, ni dans combien de temps. Ce matin, lorsque tu ouvre enfin les yeux, tu fixes le plafond avant de te lever. « Encore une journée sans elle .. » Dis-tu à voix basse. Les pieds qui trainent jusqu'à ton fauteuil t'enfile ton jean ainsi qu'un tee-shirt puis tu te rend au petit-déjeuner. La journée est longue encore une fois. Tu la passes enfermé dans ta chambre, depuis quelques jours tu t'es mis à écrire une lettre pour Ruby. Juste au cas où elle ne reviendrait pas. Et parce que tu ne sais pas t'exprimer avec les paroles, écrire ce que tu ressens et ce que tu as envie de lui semble plus facile. Alors que tu traverses le couloir, t'entend de la musique au loin. Ce son, tu le reconnaitrais entre mille. Ton cœur se serre puis, il s'emballe, battant la chamade. Cette voix. Tes pas te conduisent jusqu'à la salle de musique. Elle est là, Ruby est revenue. La meilleure nouvelle de cette semaine. Un sourire apparaît sur ton visage mais elle, Ruby, ne semble pas ravie de te voir. Elle vient te tourner le dos et s'en va. Tu te mets à la suivre. Ruby se tient face à toi, sa canne sous ta gorge. Ton premier réflexe serait de l'embrasser. Tu sais que tes baisers ne la laissent pas de marbre. « T'es belle quand t'es en colère ! » Bien qu'elle soit belle tout le temps. « Ne vas-tu donc jamais me laisser en paix si ce n’est dans la mort, John Williams ? » Dans sa voix, tu sens la rancoeur qu'elle éprouve pour toi et ça te fait mal. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Tu l'aime, t'en sûr et grâce aux recommandations de Tyler tu sais exactement ce que tu dois faire. « Toi aussi tu m'as manqué Ruby ! » Te contentes-tu de dire sans jamais ne te défaire de ce sourire qui te vaudrait certainement une gifle. Et la voilà cette baffe. Tu ne t'énerve pas mais tu n'es pas non plus heureux. Tu te contente de la regarder en te mordant la lèvre inférieure. Pas le temps de répliquer que la fameuse fille vient vers vous, furieuse de te voir proche de Ruby. « Eh bah mon cœur, je t'attendais ! » Dit-elle. Tu soupire, levant les yeux au ciel alors qu'elle essaie de te caresser le torse. « Me touche pas ! » Hurles-tu. « T'as pas encore compris que je ne veux pas de toi ? Va-t-en ! » Tu n'es pas du tout amical avec elle. Tu ne la supporte pas et elle est en train de ruiner tes chances avec la rouquine. Ton regard se pose sur Ruby. Ton bras autour de sa taille, tu la rapproche de toi. Tes lèvres viennent s'emparer des siennes et tu laisses totalement aller à ce baiser. Tu la serres contre toi, prolongeant ce baiser avec toute l'envie que tu éprouve pour elle. Pas seulement envie d'elle, de son corps mais envie de faire partie de sa vie, d'être à elle. Tu es sien, tu le lui a promis.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, on m’informa que je dormais depuis deux jours. Le repos du mort. Aucune information n’avait filtré dans la presse et j’étais donc safe le temps de me remettre. Des analyses, des repas infâmes, des cuillères de fer, des examens d’effort, tout était bon pour savoir ce qui n’allait pas avec mon pacemaker. Sans doute arrivai-je à mon terme ? Sans doute allais-je mourir plus rapidement que prévu ? On m’avait donné trois ans maximum lors de mon précédent arrêt en juillet, est-ce que ce temps était devenu infime ? Je n’en avais aucune idée. « Avez-vous été soumis à un stress dernièrement ? » Oh non, j’ai juste retrouvé mon amour de jeunesse, qui s’est avéré être un imbécile complet, pour le quitter dans une effusion de larmes et de sang après avoir fait l’amour avec lui de manière sauvage. Avant qu’il ne me rappelle à mon souvenir que je m’étais donnée à lui rapidement. Et qu’il pouvait avoir toutes les filles qu’il voulait en un claquement de doigts. Un vrai con en somme. Mais dans le fond du fond du fond, je savais qu’il était à moi. Seulement est-ce que j’aurai le courage d’admettre que cet imbécile qui se revendiquait comme véritable tombeur de ses dames serait mien ? Je n’en avais aucune idée. Je m’étais contentée de lire Madame Bovary avant de pleurer pour la fin. Le suicide. Comme dans Anna Karénine. Etait-ce donc tout ce qu’une femme était capable de faire par chagrin d’amour ? Se tuer ? Je refermai le livre en étant en colère. Je suis sortie pour voir des connaissances, éplucher les annonces d’appartement, de maisons. Après tout, j’allais devoir m’installer ici pour le tournage de ma série. Celui de Nightmare before Christmas se ferait à Los Angeles dans les locaux de Disney. En attendant, je n’avais aucune intention de prendre le soleil. Comme il fallait la présence d’un de mes proches pour signer une décharge, Callum fit le déplacement non sans me tirer les oreilles au passage. « Heureusement que John sera là pour veiller sur toi.» Mais oui bien entendu. John Williams, veiller sur moi. A ce que je termine dans la tombe. Je soupire avant d’attacher mes cheveux en tresse et de mettre mon chapeau noir sur la tête pour suivre mon frère. « Tu ressembles vraiment à une sorcière. » Il faut dire que la robe noire extrêmement longue qui trainait au sol, les bottines à talons et le chapeau. Oui, j’avais la parfaite panoplie de la Mortitia Addams. Il ne me resterait plus qu’à prier les forces de Satan et l’outfit serait complet. Je grimpai avec difficulté dans la voiture, me trainant cette foutue bouteille à oxygène dont dépendant ma survie avant d’emprunter le chemin jusqu’au centre. Je sortais le jour de mon anniversaire, triste ironie. Coincée dans cet endroit pendant trois semaines avec un ancien amant. L’enfer serait-il venu sur Terre ? Alors où est Tom Ellis ? Sans doute en train de convoler avec sa femme sublime. Abominable salaud. Je soupirai alors qu’on se stoppa devant les locaux pour descendre et retrouver Tyler qui m’attendait. Avec ses cheveux blonds en bataille et son petit sourire d’enfoiré. Un nouveau surnom Dark Vador. Mais c’est que j’étais morte de rire. A cause du tuyau sans doute. Et aussi parce que ma voix était plus caverneuse. Je le suivis en trainait mon chariot pour aller chanter. Je n’aimais pas me donner en spectacle mais je devais m’entrainer pour mon rôle. La mobilité de ma jambe était presque entièrement revenue donc je pourrais bientôt reprendre la danse. Sally était gracieuse. Elle bougeait avec grâce. Pas moi quoi. Je me donne l’impression d’être un fucking buffle. Je me tourne pour voir que John me regarde. Je fronce les sourcils avant de secouer la tête tout en disparaissant dans les couloirs. Je sais qu’il est derrière moi. Depuis l’altercation avec Nicolas je demeurai sur la défensive. Je prenais toujours soin de mes arrières. Alors je me retournai très vive pour venir coller la pointe de ma canne sous sa gorge. Mes yeux plantés dans les siens. Il ne cillait pas. « Toi aussi tu m’as manqué Ruby ! » Je vins lever les yeux au ciel avant de raffermir ma prise. La canne tomba au sol, le chariot était plus important et ma main s’abattit avec violence sur sa joue. « Eh bah mon cœur, je t’attendais ! » WHAT THE ? Visiblement, John n’aura pas mis bien longtemps à me remplacer. Sur le coup, je me fais toute petite en regardant cette superbe blonde, limite en essayant de rentrer dans le mur pour déglutir. Je n’ai pas le temps de tourner les talons que John ouvre la bouche pour rembarrer la fille. De manière assez poli, pas du tout John. Je n’ai pas le temps de m’esquiver qu’il m’attrape pour venir m’embrasser. J’ai envie de me laisser aller à ce baiser et de tout oublier, d’’effacer ce qu’il m’a dit. Machinalement, j’en viens à nouer mes mains autour de sa nuque pour venir mettre fin au baiser, mes tuyaux manquant de s’échapper. Puis, je constate alors -par un tapement de pieds- que la jeune demoiselle est toujours présente. Je déglutis alors qu’elle prend la parole. « Donc c’est comme ça ? Tu préfères la compagnie de cette guenon plutôt que la mienne… » Sympa, je suis donc un singe. Je soupire avant de couler un regard vers John. « Tu sais…, murmure la demoiselle, que je sais te faire vibrer. » Ma parole mais c’est qu’elle le touche. « Dégage la cancéreuse, tu vas nous contaminer avec tes bactéries. Bébé et moi avons des choses à faire. » Je fais les gros yeux alors que mon poing fend l’air pour venir la frapper en pleine mâchoire. Je sens la douleur irradier ma main gauche alors que mes jointures craquent le long de son menton. Elle titube et se retrouve en arrière. Je ne sais plus trop si je perds totalement le contrôle. Ou si la goutte est atteinte. Mais je finis par lui frapper la tête sur le sol avant de la rouer de coups. Ma bouteille me gênant, je finis par me stopper dans une quinte de toux avant de fixer mes mains. Le sang tâche mes doigts, coule le long de ma robe pour venir salir mes chaussures. Un flash vint me perturber un instant alors que je pouvais voir Crockdur se jeter sur Nicolas qui lui brise la nuque d’un coup sec. Le craquement, le même qui a retenti lors de mon premier coup. Je n’ose jeter un coup d’œil à John avant de m’enfuir en courant en tirant ma bouteille d’oxygène et laissant tomber ma canne au passage. Puis, je vins m’enfermer dans le placard avant de me coller en boule dans un coin. Les mains poisseuses, la robe foutue, les cheveux en bataille, je viens prendre une inspiration alors que les larmes trop souvent retenues commencent à couler en silence. Ma voix, celle que j’ai essayé de trouver pendant ces dix dernières années, se bloque, forme une boule alors que je viens étouffer un gémissement, ramenant mes genoux sous mon menton. Je n’ose bouger. je suis devenue comme lui dans le fond. J’étais belle et bien devenue une guenon.
Durant une semaine, tu n’as jamais cessé de penser à ce qu’il s’est passé avec Ruby. Actrice, elle est devenue une très grande actrice. Tu ne peux qu’être fier d’elle et de sa réussite. Tu la connais depuis qu’elle a cinq ans. Petite aussi bien par la voix et par la taille, Ruby n’a jamais été énorme. D’ailleurs, elle ne mangeait que très peu dans tes souvenirs. Tu n’y a jamais fait attention, ce n’était pas à toi de lui faire ces reproches à l’époque mais à son frère. Tu n’étais que le meilleur ami de son aîné. Durant une semaine, les derniers mots que Ruby a prononcée face à toi n’ont cessés de te lâcher. « je ne t’aime pas ! » C’est ce qu’elle t’as dit. Peut être à t elle raison finalement, peut être ne l’aime tu pas. Néanmoins, Ruby McPhelps compte pour toi. Tu ne reçois que très peu d’appel au centre. Hier, t’as reçu un appel de Callum te chargeant de veiller sur sa soeur. Encore faut il qu’elle te laisse s’approcher mais s’il te le demande c’est que la rouquine revient au centre. Avec Tyler, ce n’est pas l’amour fou. Il t’as beaucoup aidé à devenir quelqu’un de bien envers Ruby. Il t’as aidé après t’avoir fichu un énorme coup de poing dans le visage. Ouais bon d’accord, tu l’as mérité celui la. Tu ne mérite même pas que la rousse te pardonne, ni ne te parle encore. Tu l’as promis à son frère, tu veilleras sur sa soeur. Lorsque tu la revois, Ruby semble très affaibli. Une bouteille d’oxygène l’aide à respirer. Cette vision te sers le coeur. Elle t’adresse un simple regard avant de se lever et de partir. Pas un mot, rien. Grand silence. Elle est toujours là fillette que tu as connu il y a trente quatre maintenant. Cette gamine qui restait dans ton ombre ainsi que de celle de son frère. Tu te mets à suivre Ruby, sa réaction n’est pas celle de la Ruby que tu connais. Elle a changé et, cette fois, t’en prends conscience. Tu scrute le moindre de ses faits et gestes, ton regard ne lâche pas. Une gifle. Elle vient te coller une gifle que tu as encore une fois, bien mérité. Tu n’as le temps de rien dire, mis à part qu’elle t’as manqué, une blonde s’approche de vous faisant que t’es à elle. Mais elle se trompe, t’es ni à elle, ni à Ruby. T’es à personne. Tu tente de la faire partir, de t’en débarrasser. Elle reste là et commence à s’en prendre à Ruby. Cette fois, tu vois rouge. Exactement comme ces personnes qui se moquaient d’elle à l’époque et que tu en penses vais envie de fracasser. Ruby ne l’a jamais su mais t’as mis un coup de poing à l’un de ses camarades une fois, juste parce qu’il a fait une remarque sur la rousse et que ça ne t’as pas plu. Après l’épisode Charlie, tu t’es juré de ne plus jamais frapper une femme. Tu ne vas pas frapper la blonde, juste lui faire comprendre que personne, absolument personne ne peut s’en prendre à Ruby et surtout pas devant toi. Sans aucune gêne, aucune pudeur, tu viens embrasser Ruby et tu aimerais que ce baiser ne cesse jamais. Le baiser se finit et tu constate que la fille est toujours présente près de vous. Tu soupires assez bruyamment pour lui faire comprendre qu’elle dérange. « Stop !! » hurles tu dans un premier temps. « Tu lui parle pas comme ça. Tu la connais pas, t’as pas à m’insulter. J’ai eu ce que je voulais avec toi, je t’ai eu une fois déjà. C’est bon maintenant ! » Le ton de ta voix n’est pas du tout amical. Tes yeux sont d’une noirceur à faire pâlir les ténèbres. Lorsqu’elle l’appelle la cancéreuse, tu as bien du mal à te retenir. Tu serres les poings ainsi que la mâchoire. Pas le temps de répliquer, c’est Ruby qui le fait. Le poing de cette dernière s’abat sur la mâchoire de la blonde. La Ruby que tu connais n’aurait jamais fait ça. Surpris mais pas peu fier d’elle. La blonde tombe en arrière. Bien fait pour elle. Tu ne t’interpose pas entre elles, tu laisse Ruby se charger d’elle. Et ce que tu vois de la rouquine t’étonne au plus haut point. Tu ne connais pas cette partie d’elle et c’est à cet instant que tu comprend que ta Ruby a changée. Que l’agression de son ex l’a changée. « Ruby !! Stop !! Arrête !! Ça suffit maintenant !! » Tu tente de la tirer en arrière, de l’arrêter. Le sang coule, tachant sa jolie robe. Ruby s’arrête, elle se fige et refuse de te regarder. « Ruby !! Regarde moi !! » La supplie tu mais elle ne le fait pas. Tu délaisse complètement la blonde qui est sur le sol, le visage en sang et complètement apeuré. Ruby s’enfuit, abandonnant sa canne au passage. Ton regard rempli de haine s’approche de la blonde. Tu te baisse à sa hauteur et parle en prenant une voix intelligible. « Ne t’approche plus jamais de moi, et encore moins d’elle. Fous nous la paix. Il n’y aura jamais rien entre nous. Je t’ai eu à Brisbane, ça s’arrête là. Et ne t’avise pas de parler de ça à qui que ce soit. Autrement on devra faire un test d’ADN pour te reconnaître. » Tu tire les cheveux de la demoiselle en arrière. Ton regard est noir, proche de celui des ténèbres. Ce sont clairement des menaces. Tu te relève, attrapant la canne de Ruby et court la rejoindre. Tu pénètre dans la remise, la rouquine se trouve contre le mur, en boules et les larmes abîmant son joli visage. « Ruby .. » Commences-tu par dire en venant t’accroupir devant elle. Tu ne l’as jamais vu comme cela. Tu ne l’as jamais vu dans un tel état de rage, de colère. T'aimerais la prendre dans tes bras, l'embrasser, sécher ses larmes. Tu passes ton pouce sur sa joue. "Ruby .. Je .. J'te demande pardon .. J'aurais jamais dû te parler comme je l'ai fait .." Ta voix est remplis de sanglots, depuis des années tu n'as jamais parlé aussi sincèrement à une fille. Le bout de tes doigts caressent les siens. "J'ne veux que ton bonheur Ruby, te voir heureuse. J'tiens à toi tu sais .." Tu préfère souffrir en étant son ami plutôt que de la perdre définitivement. Tu te lève et viens la prendre par la main afin de la relever à son tour. "Viens, je te ramène dans ta chambre !" Tu portes sa bouteille d'oxygène, un bras autour de sa taille. T'ouvre la porte de la remise, la fille est partie. Le couloir est vide, personne à l'horizon. Vous vous dirigez vers l'aile des filles. Un silence gênant s'est installé entre vous mais le fait d'être près d'elle te rend heureux. Direction la salle de bain, tu fais couler l'eau chaude avant de faire volte face à la jeune femme. "Tu te déshabille toute seule ou je le fais ?" Dis-tu les bras croisés sur ta poitrine, le ton de ta voix rauque rempli d'assurance. Tu ne détache pas ton regard de la demoiselle, tu t'approche d'elle et commence à faire glisser, tout doucement, la fermeture éclair de sa robe qui attérit aux pieds de la jeune femme. Tes doigts effleurent la peau de la demoiselle. Tu te mords la lèvre inférieure en admirant chaque parcelle de son corps.
« Stop !! » Je sursaute alors que John commence à s’en prendre à la jeune femme qui le fixe de ses grands yeux bleus. Elle reste suspendue à ses lèvres bien pleines qui à mon avis on dût en faire des choses peu catholiques durant sa vie. Je soupire avant de baisser le regard tandis qu’il reprend la parole. Sa voix rauque se répercute en moi, joue avec mes nerfs et mes entrailles. Je sais que je devrais résister, que je ne devrais pas agir de la sorte. Comme s’il était à moi. Car dans le fond, il avait été assez clair. Qu’étions-nous ? Je n’en avais aucune idée. « Tu lui parle pas comme ça. Tu la connais pas, t’as pas à m’insulter. J’ai eu ce que je voulais avec toi, je t’ai eu une fois déjà. C’est bon maintenant ! » Donc il avait bel et bien couché avec cette fille. J’avais limite de la peine pour elle. Était-elle amoureuse ? Je n’en avais aucune idée. je ne voulais pas le savoir. Je ne pouvais pas rivaliser avec elle. Je regardai son corps qui était beaucoup mieux formé que le mien. Sa poitrine était moins proéminente mais je pouvais voir à son teint hâlé qu’elle avait l’habitude de s’exposer au soleil. Seul son visage creusé laissait présager la même addiction que la mienne. Je pensais aux pilules que j’avais cachées dans ma chambre. Les enfilant les unes derrière les autres. Je ne voulais pas toucher la terre ferme, je voulais rester en suspens, hors d’atteinte, hors zone. Je voulais toucher les étoiles et en rapporter un peu avec moi. Je reste près de John. Ma main effleure la sienne sans le vouloir alors que l’australienne commence à cracher son venin. Je ne sais pas ce qu’il me prend mais je sens cette rage prendre possession de moi, monter petit à petit comme une cascade inébranlable. Je ferme les yeux à mesure que sa voix se transforme en millions. Je voyais de nouveau à l’âge de cinq ans dans la cour de l’école alors qu’on me tirait les couettes. A l’âge de onze ans alors que je rentrai à la maison avec du chewing-gum dans mes longs cheveux roux. A l’âge de treize ans alors que John embrassait une jeune fille de son âge et qu’on me bousculait. Je sentais de nouveau la morsure du gravier sur mes paumes, sur mes genoux alors que ma tête heurtait le bitume. Je sentais l’alcool qui coulait le long de mon corps en ce mois de juin particulièrement chaud de ma dix-huitième année. Et je me remémorai le souvenir de ses mains sur mon corps alors qu’il me maintenait au sol pour écarter mes jambes de force. Mon poing fendit l’air. S’écrasa avec fracas sur sa mâchoire. Le bruit fit écho dans mon corps et alors ce dernier s’élança. Mon esprit s’envolait loin alors que je me retrouvai penchée à lui éclater la tête sur le sol. Je me rappelai de cette sensation. D’une main qui tirait mes cheveux en arrière, du souffle chaud dans ma nuque alors que mon visage se retrouvait contre le carrelage sous mes hurlements et mes pleurs. Je me rappelai de la sensation du sang poisseux sur mes doigts. Ce même sang qui maculait mes mains alors que mes pieds prirent le relais. Un coup, deux coups. Tout en étant silencieuse si ce n’était cette respiration hachée dût à la présence de ma bouteille d’oxygène. « Tu… » Elle me défiait et je la fixai alors que mes cheveux cachaient les contours de mon visage. « … N’es qu’un jouet pour… pour… pour lui. » Mon pied fendit l’air pour finir sa trajectoire sur son nez qui se brisa sous l’impact. Le craquement me fit tressaillir alors que John vint saisir ma main. Le contact de sa paume sur la mienne m’arracha un hurlement. Un hurlement de désarroi d’animal apeuré et d’animal blessé. Mon âme regagna alors mon corps si violemment que je crus que j’allais rejoindre cette fille sur le sol. Mes yeux clignent, ajustent ma vue alors que je constate que mes mains sont maculées du liquide couleurs rubis. Que des gouttes s’échappent le long de ma robe extrêmement rouge. « Ruby ! Regarde-moi ! » Je n’en avais pas la force. Je me débattis, le poussant sans le vouloir contre le mur avant de me mettre à courir. La bouteille se répercuta sur le sol avant de me tirer la tête en arrière. La morsure des tuyaux qui s’arrachait, me fit monter les larmes aux yeux alors que je vins la porter. Mon chapeau s’envola pour atterrir je ne sais où tandis que je vins me retrouver coincée dans un cul de sac. Que faire ? Où aller ? Qu’étais-je devenue ? J’étais comme lui. Une porte. je vins tourner la poignée. Mais ma main glissa sur cette dernière alors je mis un coup d’œil pour la refermer avec mon pied. Le noir complet vint m’envahir tandis que je m’effondrai dans un coin. Les images se superposaient. La réalité s’effaça pour ne laisser place qu’à mes souvenirs. Je me revoyais alors au sol, les mains dans un piteuse état. Je sentais de nouveau cette douleur sourde qui montait le long de ma jambe gauche. Je me remémorai le martèlement de mon cœur trop rapide pour la situation. Et enfin, je pouvais distinguer son regard à ce moment-là. Je n’étais plus qu’un être morcelé, loin d’être entier dans ce vaste océan. « … jamais dû te parler comme je l’ai fait… » Le contact de son doigt sur ma joue me fait reculer contre le mur alors qu’un petit gémissement monta le long de ma gorge. Je ne le distinguai pas. je n’entendais que le son de sa voix. Cette ancre. John pour la seconde fois dans cette journée vint me ramener à la réalité. Je fermai les yeux avant de mettre les mains sur mes oreilles alors qu’un nouvel hurlement sortit de mes lèvres. Ma voix. Elle n’a jamais été mon arme. Mais le son aigu vint ricocher contre les murs alors que je hurlais à plein poumons pour évacuer le surplus de douleur que j’avais au fond de mon cœur. Je n’entendais, sentais, ne ressentais plus rien. Si bien que je me trouvais debout, à déambuler dans les couloirs. Ma robe similaire à la couleur de mon âme trainait derrière moi, laissant un sillon ensanglanté. Je me contentai d’errer sans but telle Perséphone perdue lors de sa première nuit aux enfers. Les néons de la salle de bain vinrent agresser ma rétine tandis que je me tenais toujours debout. Perdue, désabusée. Je sens les mains de mon compagnon essayer de venir me saisir et je reculai pour venir contre le mur tandis qu’il vint effleurer mon dos de ses doigts habiles. L’avait-il fait avec cette fille dont j’avais probablement détruit la vie ? Je me contentai de relever la tête en silence tandis que la dentelle glissa le long de mon corps ne me laissant qu’en soutien-gorge noir avec un tanga similaire. Les bas étant attachés de manière adhésive. Mon porte-jarretelles ayant été perdu dans la mêlée de mon agression. Je restai muette alors que timidement ma main vint effleurer la sienne. Je déglutis tandis que je laissai mes doigts vagabonder le long de son avant-bras musclé. Il n’avait pas tellement changé en si peu de temps. Je me contentai de plonger dans son regard. Celui de couleur marronnée, presque noire. Désir ou colère ? Hésitante, je fis un pas en avant. J’aurai pu prendre la parole mais le peu de voix que j’avais eu était désormais disséminée dans le vent à cause de mon précédent hurlement. Doucement, je vins baisser la tête, mes cheveux caressant le visage de John sans réellement le vouloir. Je pouvais sentir son souffle se mêler au mien tandis que je ne quittais pas ses yeux. Il avait les yeux bleus. L’australien avait les yeux marrons. Mes mains poisseuses vinrent s’emparer de son tee-shirt pour venir le soulever et le passer par-dessus sa tête. Ma paume remonta pour venir caresser son torse alors que mes doigts vacants vagabondaient tout contre son biceps. Je la sentis, cette chaleur monter en moi. Je la réprimai. « En attendant je te signale que cet imbécile tu l'aime depuis que t'as treize ans. J'me souviens que j'ai as eu trop de mal à te convaincre de te donner cette fameuse nuit de tes dix-huit ans. » Le souvenir me stoppa dans mon élan alors que ma main retomba mollement. « Ni même cette nuit d'ailleurs, tu veux que je te rafraichisse la mémoire. » Je fis un pas en arrière pour venir regarder le sol. Une larme vint couler silencieusement le long de ma joue, cachée par mes cheveux. Je vins couvrir mes seins inutilement. Vêtue de ses sous-vêtements trop aguicheurs, de ses bas hors de prix et mes bottes qui me montaient mi-cuisses. Il avait raison dans le fond. Je n’étais qu’une fille facile. Comme celle qu’il avait rejeté sans vergogne. Consciente qu’un tel sort m’attendait. Mais cette fille qui avait désespérément besoin de son contact. Car dans le fond, je le savais depuis seize ans, marquée depuis dix ans que j’aurai beau faire semblant : je n’étais plus que sienne aux tréfonds de mon âme, même si mon cœur le rejetait ardemment. Quitte à préférer ma noirceur au peu de chaleur que cette étreinte éphémère pourrait m’offrir.
Personne ne touche à Ruby, jamais. Tu la connais depuis qu'elle a cinq ans. Tu l'as vu grandir, évoluer. Le son de sa voix tu ne l'a que très peu attendu à cause de son bégaiement. Ruby ne sait pas que derrière son dos, tu prenais sa défense. Tu n'as jamais laissé personne se moquer d'elle, l'humilier. Ni un homme, ni une femme. Personne. Callum n'est pas le seul à la défendre. La jeune McPhelps a toujours eu une place particulière dans ton cœur. T'as jamais su quelle place elle a occupé mais une chose est certaine, elle est importante à tes yeux. Cette blonde n'avait pas à lui parler comme elle a pu le faire. Tu ne le tolérais pas à l'époque, tu ne le tolère encore moins aujourd'hui. Ruby a changé. Physiquement mais également à l'intérieur. La façon dont elle a frappée cette fille ne lui ressemble pas. Ce n'est pas la Ruby que tu as connue. Son ex compagnon l'a détruit plus que tu ne peux l'imaginer. Des images de ton passé te reviennent en mémoire. Ta mère en larmes, enroulés sur elle-même et suppliant ton paternel de la laisser tranquille. Une fois, tu as essayé de t'interposer entre eux, de la sauver. Tu n'as pas réussis. Ta mère a fini en hôpital psychiatrique, incapable de vivre seule. Elle ne te reconnaissait plus, tu n'étais qu'un inconnu pour elle. Toi, ton fils, son propre sang. Trois mois. Cela ne fait que trois mois que ta mère a mis fin à ses jours. Elle s'est suicidée, elle a été égoiste. Elle n'a pensé qu'à elle et le fait de savoir que Ruby a tentée de mettre fins à ses jours te fend le cœur. Tu le sens cet organe qui se serre dans ta poitrine. Tu n'as pas pu sauver ta mère, tu n'as même pas essayé de le faire. Tu ne referras pas la même erreur avec Ruby. Tu lui tendras la main jusqu'à ce qu'elle vienne l'attraper. À ce moment, tu la serreras si fort que tu ne la lâcheras plus jamais. Tu sauveras Ruby, de gré ou de force. Callum t'as chargé de la protéger et c'est ce que tu vas faire. Cette blonde ne représente rien à tes yeux. T'ignore ce qu'elle cherche à faire mais jamais elle ne parviendra à se mettre entre la rouquine et toi. Personne ne le peux. « Tu … N’es qu’un jouet pour… pour… pour lui. » Cette fois s'en est de trop. Tu serres les poings, ton regard est aussi sombre que les ténèbres. À l'intérieur de toi, tu bouillonnes. Pas le temps de dire un mot, Ruby se charge de la fille en lui mettant son pieds dans la figure. Tu viens attraper sa main aussi maladroitement que t'en as l'habitude. Tu la forces à te regarder mais Ruby fuit ton regard avant de te fuir entièrement. La colère s'empare de toi avant de te laisser aller dans la tristesse. Tu passes tes nerfs sur la blonde déjà bien amoché par Ruby. Tu la menace si jamais elle parle de ce qu'il vient de se passer à qui que ce soit. Puis, tu la laisse et file rejoindre Ruby dans la remise. Enroulé sur elle-même tout au fond de la remise, t'as comme un flash. Tu revois ta mère coincé entre le canapé et le fauteuil, en larmes, subissant les coups de ton père empestant l'alcool. Toi, tu te tenais dans l'embrasure de la porte. Aucun d'eux ne faisait attention à toi pendant que tu les observais. Tu t'avance vers Ruby et viens sécher les larmes à l'aide de ton pouce. Le contact de ta peau avec la sienne te fait frissonner. Tu viens t'excuser. Jamais tu n'aurais dû lui parler comme tu l'as fait avant qu'elle ne fasse son malaise. Une semaine sans la voir a été difficile à supporter, tu ne pensais pas la revoir et pourtant, elle est là. Affaibli, détruite et ces tuyaux l'aidant à respirer. Jamais tu ne pourras lui faire du mal. Ruby ne parle pas. Rien, pas un mot. Grand silence. De toute façon, Ruby et toi n'avaient pas besoin de mots pour vous comprendre. Les regards que vous vous échangez en disent suffisamment longs. Sa bouteille d'oxygène dans la main, l'autre bras autour de sa taille, tu viens conduire Ruby dans l'aile des filles. Petit passage dans la salle de bain. Un sourire en coin, tu te souviens de cette fois il y a quelques jours où vous vous êtes retrouvés ici, dans cette même douche. Ruby ne parle toujours pas. Tu laisses l'eau couler pendant que tu fais face à la jeune femme. T'as envie de la prendre dans tes bras, l'embrasser. Envie de la rassurer en lui disant que tout ira bien, que jamais tu ne l'abandonneras. T'as fait une promesse à son frère, tu ne le trahira pas. Callum c'est ton ami d'enfance et Ruby … Tu ne sais pas ce qu'elle représente encore pour toi, tu sais simplement qu'elle compte pour toi. Elle compte énormément. Lentement, tu viens lui retirer sa robe, la laissant atterrir sur le sol de la salle de bain. Tu te mors la lèvre du bas en voyant ses sous-vêtements. Elle est vraiment sexy. Aucun homme ne serait capable de lui résister, même pas toi. Tu frissonnes lorsque sa main effleure la sienne. C'est à son tour à présent qu'elle vient te retirer ton tee-shirt, tu la laisse faire. Petit sourire en coin. Ton regard croise celui de la rouquine, aucun de vous ne parle. Tu la laisses te toucher, sans rien dire. Tu ne sais pas comment agir avec elle. Aucune femme ne t'as fait un tel effet que Ruby en ce moment. Soudainement, Ruby cesse de te toucher. Elle se recule d'un pas, le regard toujours aussi vide. « Ruby .. Parle moi .. S'il te plait .. » Tu refais un pas vers elle, tes bras encerclant sa taille. Une larme coule sur sa joue, tu l'essuie à l'aide de ton pouce une nouvelle fois. Ruby vient se couvrir. Elle a honte de son corps ? Une main sous son menton, tu viens la forcer à te regarder. Il te faut trouver les mots pour la rassurer. « Ruby .. Je ne te ferais jamais le moindre mal .. Je t'ai toujours protégé de ces gens qui s'en prenait à toi. Je n'suis pas un ange gardien, mais j'peux toujours essayer.. » Tu veux vraiment être là pour elle, la sauver ; tu te sens responsable du suicide de ta mère. Tu l'as perdu désormais, elle ne saura jamais ce qu'elle comptait malgré son absence dans ta vie. Il n'est pas question que tu perde Ruby. Tu ne le supporteras jamais. Tes lèvres viennent se perdent dans le cou de la rouquine, tandis que tes mains caressent son corps. T'es à elle, ça t'effraie. Tu te laisses aller avec elle. Tu viens la pousser contre le mur, ses mains placées au-dessus de sa tête. Tu l'embrasses dans le cou, accentuant les baisers.
Je me tenais dans mon appartement de Londres, désespérément seule. Callum est sorti pour discuter avec sa femme. Je ne cesse d’entendre sa voix, de sentir son souffle contre ma nuque, de sentir ses lèvres dans mon cou. Ses mains se baladant sur mon corps. J’avale un cachet, puis un second. Mes yeux se perdent dans le vide à mesure que le soleil se lève. Il est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Ai-je réellement dormi ? Je n’en avais aucune idée. Quoiqu’il en soit, je demeure debout, stoïque, appuyée sur ma canne. La douleur dans ma jambe est insoutenable à mesure que j’avance. Je me saisis du flacon de cachets. D’antidouleurs. J’en avale un. Ma main me lance. Ma main gauche, celle dont je me sers. « Tu n’es qu’un jouet. » J’en avale un second. « Tu n’es rien. » J’en avale un troisième. « Je n’ai eu aucun mal à te mettre dans mon lit. » Un quatrième. Puis ainsi de suite. Je ne pleure pas. Je reste debout, à me balancer d’avant en arrière à mesure que ma vue commence à se troubler. Et si je mourrais ? Je peux la sentir. Le frisson glacé de la faucheuse qui tourne autour de moi. Elle me tend la main telle une vieille amie. Et sans réfléchir, Je la saisis.
Enfermée dans ce placard, les yeux fermés, je maintiens mes mains sur mes oreilles avant d’ouvrir la bouche. Un hurlement strident sort de mes lèvres. Amplifiant mon cri au fur et à mesure que les grains de sable s’écoulent dans le sablier. Tic, tac, me fait la vie. Le tango avec la grande faucheuse a repris. « Tu n’es qu’un jouet. » Elle avait raison. je n’étais qu’un jouet. Je n’étais qu’un pantin dans les mains de John. Le hurlement me vient du cœur, il me vient des tripes à mesure que je me dérobe à son contact. Je ne veux plus qu’on me touche. Je ne veux plus sentir les mains d’un homme sur moi. Et puis d’un coup, ma voix se casse. Et mes cordes vocales cessent de fonctionner. Je ne sais pas comment je parviens à me mettre debout. Je vois John se saisir de ma bouteille d’oxygène. Je vois John qui la porte et qui me conduit dans les couloirs blancs du centre. J’ignore quelle heure il est. Je ne sais plus trop quel jour nous sommes. La seule chose que je sais, c’est que je suis comme lui. Comme Nicolas. Je sens encore ses mains sur mon coup à mesure qu’il frotte son érection contre moi. Un gémissement sort de ma gorge tandis que nous sommes à l’embranchement d’un couloir. Les cheveux me cachent la vue, cachent mes larmes qui font que mes mèches se collent à ma peau. Je le sens. Ce vase. Je l’ai senti il y a une semaine. A mesure que John parlait, à mesure que sa voix grave faisait en sorte que je me tasse sur moi-même. Que je ne suis plus rien désormais. Je sais bien que ses paroles ne sont que des mots, qu’il ne les pensait sans doute pas mais il les a dites. Et le mal est fait. J’ai tenu le choc face à Nicolas. Je n’ai pas pleuré, je n’ai pas bronché alors que les médecins me rafistolaient comme une poupée de porcelaine brisée. Je n’étais qu’une marionnette. Une marionnette qu’on allongeait, qu’on baisait et qu’on laissait dans un coin après avoir fini de jouer avec. Les lumières de la salle de bain m’aveuglent. Les douches. Ces fameuses douches où j’en suis venue à lui donner ce que je n’avais jamais donné à un homme. Parce que j’avais confiance en John. Tout comme j’ai eu confiance en Nicolas. Est-il venu dans ses douches avec elle ? Avec cette jeune femme blonde qui ne demandait que son attention et sur laquelle j’avais passé ma rage et ma frustration. je dodelinai de la tête avant de reculer contre le mur pour le regarder. Muette comme toujours. Je l’ai senti après le hurlement qui a jailli de mes lèvres dans le cagibi. Quelque chose s’est définitivement brisé en moi. Quelque chose qu’on ne pourra pas réparer si ce n’est le temps. Sauf que le temps, je n’en ai plus. je me sais condamnée. Dansant telle une funambule sur la corde raide de ma vie alors que la mort m’attendait en bas en me tendant les bras. L’étoffe soyeuse qui retenait mon corps tombe sur le sol lourdement et je me trouve nue devant John. Ou fortement dévêtue. Le noir contrastant avec ma peau d’albâtre. J’aimais le noir. J’en avais fait mon ami comme si je portais mon propre deuil sur le dos. J’ose cependant tendre une main vers John alors que je commence à caresser son bras. Je sens cette décharge électrique me clouer sur le sol alors que je ferme un instant les yeux. Tout en déglutissant, je viens saisir les pans de son tee-shirt pour lui enlever. Ses cheveux un peu trop longs encadraient son visage alors que sa barbe était trop longue. Mes doigts pianotaient sur son biceps alors que je vins me remémorer ses mots. Ceux dont il m’avait qualifié il y a une semaine. Fille facile. Ma conscience me chuchota le mot que je me refusai à dire : salope. Je fais un pas en arrière, le regard perdu dans le vide, contemplant le carrelage de la salle d’eau. « Ruby… parle-moi… s’il te plait… » Je haussai les épaules. Pour dire quoi ? Que dans le fond, je ne serai jamais aussi jolie que cette fille. Que dans le fond, j’étais comme toutes les autres. Une salope de plus dans son lit. Dans mon lit. Sur ma commode. Dans la cabine de douche. Une larme solitaire roula le long de ma joue suivie d’une autre. Je le laisse encercler ma taille de ses bras puissants sans pour autant réagir. Je viens poser ma tête un instant sur son épaule, pleurant en silence sans dire quoique ce soit. Mes mains couvrent mes seins, les cachent. Je ne veux pas qu’il me regarde. A vrai dire, je ne veux même pas qu’il me touche. Je ne veux plus qu’on me regarde. J’ai envie de… j’ai envie de cesser de respirer, de cesser de penser, de cesser d’aimer. « Ruby… je ne te ferai jamais le moindre mal… » Et pourtant du mal, tu m’en as fait John, pensais-je silencieuse. A chaque fois que tu touchais une femme, quand tu disais l’aimer. Quand tu ne me regardais pas. Quand tu as souillé ce moment si spécial. Un sanglot monte dans ma gorge alors qu’il continue de parler. « Je t'ai toujours protégé de ces gens qui s'en prenait à toi. Je n'suis pas un ange gardien, mais j'peux toujours essayer... » Non, tu ne peux pas. Ma main se lève comme pour vouloir caresser sa joue. Le geste reste en suspens dans le vide alors que je la laisse retomber le long de ma hanche. Je suis toujours captive de ses bras, sans lui rendre une once d’affection. Il me pousse contre le mur et je me laisse faire. Je me laisse faire parce que je ne comprends pas. Je ne sais pas ce qu’il attend de moi. Il avait eu ce qu’il voulait alors à quoi il jouait. Je sens ses lèvres dans mon cou, je sens la griffe du désir venir me déchirer de l’intérieur alors qu’un gémissement de douleur s’échappe de mes lèvres. « En attendant je te signale que cet imbécile tu l'aime depuis que t'as treize ans. J'me souviens que j'ai as eu trop de mal à te convaincre de te donner cette fameuse nuit de tes dix-huit ans, citai-je de mémoire. » Le ton n’y est pas. Ma voix est comme éteinte. Sans conviction, sans douleur aucune. Sans sentiments. « Ni même cette nuit d'ailleurs, tu veux que je te rafraichisse la mémoire, continuai-je en fixant un point fixe en face de moi. » Puis, je déglutis avant de prendre une profonde inspiration tandis que mes mains s’agrippaient au mur à en faire saigner mes ongles. « Tu n’es qu’un jouet, Ruby. Tu n’es qu’un jouet pour lui. » Ma voix s’éteignit finalement. Mes lèvres se scellèrent à mesure que je me rejouais la scène. Que je revoyais le regard hargneux, douloureux de la jeune fille qui avait jonché le sol. Mes genoux se dérobent sous mon poids et je m’échappe alors des bras de John pour finir au sol. Les jambes allongées, le dos posé contre la pierre froide, le regard perdu à jamais. Je n’étais plus qu’une poupée de porcelaine. Je n’étais plus qu’un jouet. Un jouet qu’on avait eu entre des mains trop brutales. Un jouet qu’on avait caché. Une poupée qu’on a tout simplement tué.
Elle est la. Assise dans cette remise, recroquevillée sur elle même. La Ruby que tu connais depuis qu’elle a cinq ans ne ressemble pas à la jeune femme se trouvant devant toi. Cette femme, assise au fond de la pièce, ressemble étrangement à ta mère lorsque tu étais enfant. Une femme battue et terrorisé par un homme accro à l’alcool et aux prostituées. Tu n’as jamais pu aider ta mère, tu n’étais qu’un gamin à l’époque. Ton père te faisait peur, ça ne l’aurait jamais gêné de s’en prendre à toi. Si ta mère ne s’était pas interposé entre lui et toi, il t’aurait certainement battu à mort. Ce soir la, c’est ta mère qui a tout prix et toi, t’as fuit. Tu l’as abandonné, prenant tes jambes à ton cou et fuyant chez les McPhelps. Les parents te considéraient comme leur propre fils. Callum était ton meilleur ami de cette époque. Et Ruby .. T’as jamais su ce qu’elle était pour toi. Une amie ? Un crush ? En tout cas, tu l’as toujours défendu. Ces gens qui se moquaient d’elle, de son physique, de sa façon de parler. Tu ne t’es jamais gêné pour leur dire ta façon de penser en les remettant en place. Personne ne fait de mal à Ruby sans en subir les conséquences, que ça soit avec toi ou avec son frère. Le fait de savoir que son ex petit ami lui a fait du mal, tu t’en veux. Tu n’étais pas là pour la protéger. Tu t'en veux tellement, ça ne se reproduira pas. Tu lui tendras cette main réconfortante dont elle a besoin. Tes mots ont été maladroits la dernière fois, tu t’en rends compte. Accroupi devant elle, tu sèche ses larmes à l’aide de ton pouce avant de l’emmener vers la salle de bain. Cette pièce ou vous vous êtes donnés l’un à l’autre lors de vos retrouvailles. Cette pièce qui te rappelle un très bon souvenir de ce moment passer avec elle. Ruby ne parle toujours pas. A force, t’as l’habitude avec elle. T’as appris à interpréter ses regards. Elle est morte de peur. Ruby ne parle pas mais elle crie. Elle ne cesse de hurler, ça te brise le coeur. Tu ne trouve pas les mots mais tu aimerais lui dire qu’elle n’a plus rien à craindre. Que t’es là et que tu la protégeras. Qu'elle peut se reposer sur toi, sa tête sur ton épaule. Ruby ne dit rien, pas un mot. Elle est dans un état catatonique, néanmoins, la demoiselle te laisse la toucher. L'eau s'écoule sur le sol, pendant que tu lui retire sa robe qui attérit à ses pieds. Ses cheveux devant son visage, ils lui cachent ses jolis yeux. C'est tellement dommage qu'elle n'est plus aucune confiance en elle. Ruby est une jeune femme tellement belle, merveilleuse, magnifique. Ton cœur malade s'emballe dès l'instant où ton regard se pose sur elle. Tu l'aime Ruby, c'est pour elle que ton cœur bat aussi normalement qu'il le peut. La jeune femme femme est brisée, cassée. La conquérir ne sera pas chose aisée et ce n'est pas ta réputation qui jouera en ta faveur, pas du tout. Son ex l'a détruite, brisée et toi, t'en as rajouté une couche lorsque tu as prononcé ces mots que tu ne pensais pas. Ruby n'est pas une fille facile. Contrairement à toutes celles qui sont passées entre tes draps, la jeune McPhelps semble bien plus prude que toi. Il n'y a clairement pas photo. Aucune autre femme ne t'as rendu aussi fébrile et doux. Peut-être que cela aurait pu fonctionner entre Maddie et toi. Tu n'as pas pu le vérifier puisque la brune est partie avant que tu n'ai eu le temps de lui dire les deux mots que toutes femmes rêvent d'entendre. Ton cœur saigne encore mais comparé à ce qu'est en train de vivre la rouquine, tu n'es pas à plaindre. Tu la laisses te toucher le torse après avoir retiré ton tee-shirt. Tu la laisses faire, un frisson te parcoure l'échine. Lentement, tu viens la plaquer contre la paroi derrière elle. Ses mains au-dessus de sa tête, tu tente d'être doux avec elle. Tu veux prendre soin d'elle, la rafistoler et lui faire comprendre que toi, tu ne lui feras jamais aucun mal. Ruby ne parle toujours pas, elle a toujours fait ça depuis que tu fréquente sa famille. À force, tu as appris à la comprendre à travers ces regards qu'elle te lance. Son frère ainé t'as demandé de veiller sur elle. Callum tient une grande place dans sa vie, tout comme sa sœur dans ton cœur. Que tu le veuille ou non, ton destin est lié à celui de Ruby. T'es loin d'être un mec pour elle, du moins c'est ce que tu crois. Pour la première fois de ta vie, tu lui parle avec ton cœur. Tu te livre, tu te confie à elle. Tu viens lui ouvrir ton cœur, le bout de tes doigts caressent sa joue. Ton regard se plonge dans le sien avant de fixer ses lèvres que tu meurs d'envie d'embrasser. À nouveau, elle gémit de douleur. Et soudain, les mots sortent d'entre les lèvres de la rouquine. Ce ne sont pas les siens. Ce sont ceux que tu lui as dit avant qu'elle ne fasse son malaise. Premier poignard qui s'enfonce dans ton cœur. Une boule se forme dans ta gorge alors que tu tente de déglutir. Tu te rends compte à quel point tu l'as blessé, Ruby s'est offerte à toi. Tu ne l'as pas forcé, elle s'est offerte à toi de son plein gré et toi, t'as tout gâché. Pour une fille, sa première fois est très importante. « Faux. C'est faux Ruby. Tu n'es pas un jouet, je ne joue pas avec toi. » Dis-tu d'une voix grave remplie d'assurance. Tu ne la considère pas comme un jouet. Ruby a besoin de douceur, d'affection. Tu te baisse à sa hauteur, lui retirant ses bottes. Son corps tu le connais par cœur bien que tu ne l'ai pas vu dénudé si souvent que cela. Deux fois ont suffit amplement. Regagner la confiance de la jeune femme ne sera pas facile mais t'es John Williams, les défis ne te font pas peur. Lentement, tu lui retire ses sous vêtements, la soutenant de tes bras. Tu viens la laver, retire tout se sang qui salit son corps si parfait. Lorsque tu la touche, des frissons se déclenchent en toi. Ils te parcourent le corps. Tu laisses tes mains savonner le corps de Ruby. Tes doigts passent sur la cicatrice de son pacemaker. Tu déglutis lorsque tu la revoir allongé sur ce brancard après qu'elle ait perdue connaissance. « Je te demande pardon, Ruby .. Je te demande pardon de t'avoir autant de mal .. » C'est facile de demander pardon, ça l'est moins de te l'accorder le pardon. Tu termine de la laver, laissant l'eau ruisseler sur son corps afin de la rincer. Ta main caresse sa joue, tu crève d'envie de l'embrasser mais tu ne tentes rien. T'éteins l'eau avant de venir couvrir le corps de la rouquine avec une serviette. Tu ne dis plus rien, tu te contente de t'occuper en silence. Tu veux prendre soin d'elle afin de regagner sa confiance. Sa bouteille d'oxygène dans la main, un bras autour de sa taille, tu l'embrasse sur le sommet de son crâne tout en la conduisant dans sa chambre. Ses vêtements couvert de sang dans le panier de linge, tu l'assois sur son lit et lui enfile son pyjama. Hors de question de la laisser seule cette nuit, tu l'allonge sur son lit doucement et viens placer le fauteuil près du lit. Ta main dans la sienne, tu enlace tes doigts aux siens. Tu ne la lâche pas du regard. Tu ne supporte pas de la voir dans cet état mais c'est ta faute, en partie. C'est à cause de toi et de ces mots que tu lui a sortis avant son séjour à l'hôpital qu'elle est ainsi. C'est à toi de la réparer, Callum compte sur toi. Il n'est pas question de décevoir ton ami d'enfance. « Je reste avec toi cette nuit. Je ne te laisse pas Ruby et si tu veux que je parte, dis-le. » Au moins, elle te parlera mais tu la connais. Tu sais qu'elle n'ouvrira pas la bouche et que donc, tu vas rester là. Assis sur ce fauteuil à veiller sur elle. Certains pourraient te qualifier de pervers ou d'emmerdeurs, tu n'en as que faire. Jamais tu n'abandonneras Ruby. Pas tant qu'elle n'aura pas retrouver la parole et cette confiance en elle. Que ça demande six mois ou un an, qu'importe. Tu ne lâchera pas la jeune femme. Tu ne l'abandonneras pas.
« Mais parle putain. » On me demandait sans cesse la même chose. Seulement, jamais personne n’a compris que je ne trouvais aucune nécessité à ouvrir la bouche. Déjà toute petite, je me contentai de fixer les gens en silence. Et pourtant, j’aimais chanter lorsque j’étais seule. je ne supportais pas la présence d’êtres humains. Je ne les aimais pas. et mon chien. J’ai toujours tenu à avoir des animaux. Mes parents ont commencé par m’offrir une tortue. J’en prenais soin. J’allais lui donner de la salade et un jour, elle a disparu. Alors que mon frère m’a amené un cochon d’inde. Cela ne vit pas longtemps les cochons d’inde. Je me rappelai des fois où je me glissai furtivement dans la cuisine alors qu’il était avec John pour couper des pommes. Donner des morceaux aux garçons en silence avant de venir nourrir mon petit cochon d’inde. Puis à mes dix-huit ans, on m’a offert mon chat. Monsieur Moustache qui va entrer dans sa onzième année. Et qui est bien gros aussi. Je ne me voyais pas vivre sans animaux. Je les adorai et j’aimais leur parler. mais les mots ne sortaient plus de ma bouche. J’avais frappé cette pauvre fille alors qu’elle était à terre, désemparée et sans doute amoureuse de John Williams. Tomber amoureuse de lui. cela fait très mal de l’aimer. Cela fait très mal de se faire rejeter par lui. je n’ai jamais été du genre naïve avec lui. je savais au plus profond de moi qu’il avait couché avec moi pour oublier cette fille. Celle qu’il avait dit aimer à mon frère alors que j’étais perchée sur ma branche à lire. l’entendre affirmer qu’il était tombé amoureux d’une autre m’avait brisée le cœur et j’avais pleuré en silence sur cette fichue branche. S’il n’y avait pas eu Callum pour venir me rejoindre. Il a alors pris ma main pour me poser l’ultime question. « T’es amoureuse de lui ? » Je suis demeurée silencieuse avant de redescendre. Et me voilà de nouveau face à mes démons, coincée dans ma propre tête. je ne parvenais plus à démêler le vrai du faux. Je n’arrivai pas à interpréter ses gestes. A regagner mon corps correctement. De nouveau, je pleurai en silence sous ses halogènes. Avec mes tuyaux dans le nez, mes longs cheveux roux qui cachaient la misère. La misère présente dans mes yeux. je ne sais pas pourquoi je pleurai autant. Sans doute avait-il raison en disant que j’étais faible ? Il m’avait brisé et John n’avait eu qu’à finir le travail. Les moments me percutèrent, manquèrent de me faire tomber au sol alors que je me rappelai la dernière douche que nous avions pris ensembles. De ses mains sur mon corps, de son regard fébrile. De ses gestes qui s’étaient voulus tendres mais pressants. Je savais bien qu’il n’en pensait pas un mot mais ça m’avait fait tellement mal. j’avais tenté de répliquer tant bien que mal. mais que pouvais-je offrir à John si ce n’était un peu de chaleur humaine ? Je ne pourrais sans doute jamais lui faire d’enfants. Je ne pourrais jamais le faire tomber sous mon charme. Pour raison que j’allais mourir. la date de ma mort était désormais inscrite dans le grand livre de la vie et ne se corrigerait sans doute jamais. Je savais que je devais lui dire. Ne perds pas ton temps avec moi, John, je suis foutue. Ne perds pas ton énergie, ne te perds pas en paroles, en gestes. Je vais mourir. j’ai tenté de raccourcir cette peine, cette douleur que j’avais depuis la naissance au fond de moi. mais la faucheuse me l’a fait comprendre. Ce n’était pas mon heure. Le temps s’était raccourci. Le sablier se remplissait. Mais ce n’était pas encore le moment. Je savais que je devais en profiter pour être auprès de lui. mais je ne pouvais pas. pas après ce qu’il avait subi avec sa famille, avec les femmes, avec les autres. Je ne pouvais pas lui donner de faux espoirs. Et je ne pourrais jamais le forcer à tomber amoureux de moi. alors qu’il tente une approche vers moi, je me recule. Me retrouvant coincée entre cette paroi froide et son corps brûlant. Je mourrais d’envie de me laisser aller mais les mots sortent de mes lèvres malgré moi. « Faux. C'est faux Ruby. Tu n'es pas un jouet, je ne joue pas avec toi. » Je n’osai lever le regard vers lui. Bien sûr que si. La vie n’était qu’un immense jeu. On lançait les dés. Parfois on gagnait. On rencontrait notre âme sœur, on se faisait aimer d’elle. On traversait les épreuves, les cases les unes derrière les autres sans jamais tomber dans ce fichu gouffre. Mais j’avais lancé les dés. Et le lancer s’était perdu. Tout était désormais brisé. Tout ne serait plus jamais pareil. La vie n’était qu’un jeu, John. Sauf que j’étais plus proche du game over que de la victoire. Je n’aurai jamais les étoiles, je n’aurai jamais la chaleur que tous les humains recherchaient et que certains trouvaient. J’étais jalouse à en crever de cette femme qu’il avait aimé. Car dans le fond, je n’aurai jamais cette chance. Je ne suis donc qu’un lot de consolation pour toi, John. Et je ne serai jamais que ça. Je le laisse se baisser pour se mettre à ma hauteur alors que mon regard rencontre le sien. Pendant une seule seconde. Ne perds pas ton temps avec moi, je suis encombrée dans les débris de mon cerveau. Je suis foutue, John. Mes cicatrices ne guériraient jamais. Le sable continuait de s’écouler. Et bientôt le sablier serait plein. Et il exploserait. Le brun vint me porter et je me laissais faire alors que ses mains me débarrassaient de mes vêtements. Seule ma respiration sifflante troublait ce silence. Même si je ne laissais rien paraître, j’appréciai chaque caresse. J’appréciai chaque attention qu’il me prodiguait même si c’était plus par nécessité que par envie. Dans le fond, tu ne fais ça uniquement que parce que mon frère te l’a demandé, n’est-ce pas John ? « Je te demande pardon, Ruby .. Je te demande pardon de t'avoir autant de mal .. » Mes doigts vinrent se poser sur ses lèvres. Il n’y a rien à pardonner John. Tu n’avais pas tort. Nous n’avions rien. j’ai cru t’avoir pendant les quelques dix heures que nous avons partagé. Mais nous n’avons jamais rien eu. Je ne suis qu’une fille de passage dans ta vie. Je laisse retomber ma main avant de voir qu’il était toujours vêtu de son jeans. Je fronce les sourcils avant de prendre une inspiration. Puis, le brun m’enroule dans une serviette. Je me laisse faire. Fermant les yeux en sentant ses mains brûlantes sur mon corps d’albâtre. La situation était tellement risible. Tellement cocasse. Que cet homme si séduisant soit enchainé à une femme aussi laide, brisée et inutile que moi. Je le laisse me guider jusqu’à ma chambre. Mon regard fixe les photos alors que je tends la main pour venir caresser la tête de Crockdur. Mon chien. Disparu. Bientôt, je le rejoindrai. Tic, tac, fait cette grande horloge qui bientôt bloquerait ses aiguilles. Je le laisse m’enfiler mon pyjama avant de remettre ma bouteille. Puis, je me couche face à lui, ma main dans la sienne. Je ne sais plus. Je suis perdue. Mon esprit est si encombré. Je suis dans le noir, perdue. Toute seule dans le labyrinthe que représentait mes pensées. « Je reste avec toi cette nuit. Je ne te laisse pas Ruby et si tu veux que je parte, dis-le. » Tu dois partir. Tant que tu le peux encore. John, va-t’en, pensai-je en le regardant. Nous voilà plongés dans la pénombre. Nos doigts entrelacés. Mon cœur se calme petit à petit alors que mes yeux se ferment. Mes songes prennent le pas sur ma réalité. Et encore une fois, je me retrouve dans ce dédale sans parvenir à sortir. Je suis toute seule dans le noir alors des esprits sous forme fantomatiques me bousculent, me griffent, me font mal. je sursaute pour venir me réveiller. Ma main est vide. Il n’y a plus celle de John. Avais-je rêvé sa présence ? Je me redresse avant de venir passer une main dans mes cheveux. Ils sont emmêlés, toujours humides. Le noir m’oppresse. Me fait peur. Alors, je constate qu’il y a une autre respiration que la mienne dans la pièce. Doucement, j’avale un cachet sans faire de bruits avant de mettre les pieds nus sur la moquette. Je ne sais pas quel geste, quelle pensée me guide à cet instant précis. A celui où j’en viens à venir me mettre à califourchon sur lui. Mes doigts hésitants rencontrent la chaleur de son torse alors que je le sens s’éveiller. Doucement, je viens poser un index sur sa bouche pleine. Je ne sais toujours pas ce que je fais. Mais j’en ai besoin. Mon cœur bat trop vite. Mes pensées défilent et me font si mal que je voulais un peu de cette chaleur qu’il pouvait m’offrir pendant un court instant. Alors, je me penche pour venir capturer ses lèvres. Par survie. Car j’avais beau avoir besoin de cette fichue bouteille pour respirer, John était mon oxygène. Mes doigts se perdent dans ses cheveux alors que je viens presser mon corps contre le sien. Je sens mon cœur qui s’emballe mais je m’en fiche. J’avais envie qu’il me touche. J’avais envie de le sentir en moi. De profiter de ce qu’il avait à m’offrir. Je ne pouvais plus parler. je n’avais plus de voix mais je pouvais toujours essayer de lui faire comprendre autrement. Je viens reprendre ma respiration avant de coller mon front contre le sien. Tremblante, je prends timidement sa main pour venir la plonger dans le décolleté de mon pyjama de satin. Dans cette minuscule ouverte où reposait mon sein mais également mon cœur. Car tant qu’il sera encore en train de battre, il sera sien. Et perdus dans cet instant, nous étions les deux seuls à le savoir alors que les ténèbres nous enveloppaient. Nous étions tous les deux dans la confidence tandis que nos souffles s’entremêlaient, que je ne savais pas s’il consentirait. S’il comprendrait que j’avais envie de lui. Que j’avais besoin de lui. Même si ce n’était que dans la pénombre. Même si ce n’était que pour cet instant fugace. Je suis à lui. Je t’ai toujours aimé, je t’aime encore et je t’aimerai jusqu’à ce que mon cœur ne s’éteigne. Jusqu’à ce que mes yeux se voilent. Et jusqu’à ce qu’on brûle mon corps. Je t’aimerai même jusqu’à ce que mes cendres se dispersent aux quatre vents. Et que mon esprit s’étiolera pour rejoindre les étoiles. Je t’aimerai éternellement. Et ce même si toi, tu ne m’aimeras jamais.