Plus que jamais le temps semblait s’être suspendu dans cette chambre immobile, son calme seulement troublée des souffles légers et de l’étreinte tendre de deux jeunes hommes qui prenaient le temps de se ré-apprivoiser, lentement, avec douceur et délicatesse. C’était presque irréel, comme si le monde avait décidé d’infléchir la course des heures, de la stopper net, afin de leur offrir une parenthèse, rien que pour eux. Une bulle protectrice, pour se retrouver, soigner leurs blessures, apaiser leurs cœurs, après ces quelques turbulences. Les premières. Ils en auraient certainement d’autres, car ainsi allait la vie, mais avec le temps leur équilibre serait plus stable, plus sûr, et les vagues ou les secousses de l’existence parviendraient alors moins aisément à les déstabiliser. C’était du moins ce qu’ils semblaient se promettre, dans un accord tout aussi verbal que silencieux, de parvenir à avancer, ensemble, aussi loin qu’ils le pourraient. Ils s’écorcheraient sûrement encore, mais s’aimeraient surtout. Et c’était sans nul doute ce qui comptait le plus. Cet amour-là, encore jeune mais intense déjà, qui les berçait, imprégnait chacun de leurs gestes, le moindre de leur regard et tous leurs baisers, des plus légers aux plus francs. Tout paraissait si naturel entre eux, inné presque, comme si leurs âmes se répondaient, ne se trouvaient complètes que dans ces instants de partage où aucun d’entre eux ne jouait un rôle, ne se dissimulait derrière des masques et des attitudes. Seuls leurs sentiments les guidaient alors, pour le meilleur, à n’en pas douter. L’émotion qui vibrait chez le suédois résonnait chez le jeune artiste, et vice-versa. De leur prime timide délicatesse, leurs baisers gagnèrent en assurance, en ferveur, au fil des minutes, juste avant que, sans un mot, Gaby n’attire son tendre amour avec lui, l’invitant à le suivre, à rester surtout. Et sa réponse ne put que combler son âme, son palpitant se contractant étrangement, mais pas désagréablement, dans sa poitrine, tandis qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres. « Toutes ? » Il voulait juste l’entendre encore une fois, car ces mots-là sonnaient à ces tympans comme la plus douce des promesses. Une promesse qui lui faisait follement danser le cœur dans la poitrine alors qu’il plongeait le bleu de ses yeux dans le vert d’eau de ceux de Wren. Il y avait une telle intensité qui brillait dans les prunelles du petit brun à cet instant. Peut-être n’en avait-il lui-même pas entièrement conscience, de la manière dont il regardait l’homme qu’il aimait, quand celui-ci défaisait un à un chacun des boutons de sa chemise, avec lenteur, qu’il la faisait glisser loin de sa peau qu’il couvrit ensuite d’une foule de caresses suaves. Evidemment que Gabriel ne pouvait rester indifférent à un tel spectacle empli de sensualité, à ce contact sans contraintes qui lui avait tant manqué. Il le réalisait pleinement maintenant et ce constat ne manqua pas d’animer son épiderme de quelques doux frissons. « Je vois oui », qu’il avait soufflé, laissant toutes libertés à Wren dans son entreprise, accompagnant ses gestes pour l’aider à se débarrasser de son pantalon. Le nordique arborait un véritable sourire, et il était si beau dans ces instants-là que le jeune artiste ne résista pas à l’envie de l’embrasser de nouveau tandis qu’à son tour, il l’allégeait de son t-shirt pour finalement venir imprimer son torse contre le sien, savourant la délicieuse sensation de ce peau-à-peau retrouvé. Quel bonheur alors, et ses mains naviguaient sur cet épiderme satiné autant que ses lèvres le faisaient de sa bouche à sa mâchoire, puis à son cou, doucement, en de longs et lents baisers. Ceux-là même qui se firent ensuite bien plus pressants lorsqu’il revint les nouer aux lippes de son bel amour pendant que ses doigts, eux, glissaient jusqu’à son pantalon, entreprenant de l’en libérer sans guère plus attendre, avide de retrouver la chaleur et la douceur de son corps contre le sien, sans entraves. C’était comme si chaque terminaison nerveuse se ranimait dans son être, sans empressement, comme si la moindre parcelle de sa peau s’éveillait lentement, se couvrant doucement d’une chair de poule qui avait bien moins à voir avec la température ambiante qu’avec le frémissement que le contact de Wren lui procurait.
La tornade était passée, le coeur de Wren apaisé, du moins pour les quelques heures à venir. Forcément, il se rappellerait d'ici peu que sa vie était un champ de bataille hors du commun, qu'il allait devoir jongler entre ses sales habitudes ancestrales et cette envie perpétuelle de faire marcher cette toute nouvelle relation avec le petit brun. Le dilemme serait constant, les gestes parfois irréfléchis mais les mots, eux, pourraient toujours tout panser. Du moins, Doherty l'espérait car il n'avait que cela pour lui ce soir-là, lui qui avait réussi à s'exprimer sur ce qu'il ressentait après ce dérapage incontrôlé sur la terrasse de l'immeuble. Des excuses aussi plates que possible, des larmes qui avaient coulé sans qu'il ne puisse franchement les maîtriser et une étreinte divine pour reprendre pied, pour revenir la plus belle des réalités. Sentir le corps de Carnahan contre le sien, l'enlacer en prenant le soin de ne pas perdre un millimètre de cet épiderme sous ses doigts de fée. Wren avait pris le soin de retirer la première couche de ses vêtements et bien vite, les baisers et les caresses reprirent le dessus sur le moindre discours. Avaient-ils réellement besoin de parler lorsqu'ils se regardaient dans les yeux avec une telle intensité? La réponse était forcément négative, Doherty le savait mieux que quiconque puisqu'il frémit à son tour sous les gestes assurés de Gabriel pour le dévêtir. Bien vite, leurs deux peaux entrèrent en contact alors que Wren laissait choir son tee shirt n'importe où dans la pièce, ce n'était plus ce qui importait désormais. Là, il n'y avait que leurs deux corps enlacés, le visage de Wren qui prenait le temps d'humeur son odeur si singulière, ses doigts s'accrochant à son dos pour ne pas qu'il lui échappe alors que le bouclé s'attelait à lui offrir mille baisers, de sa bouche jusqu'à son cou en passant par sa mâchoire. Il ne lui fallut pas longtemps pour remonter jusqu'à ses lippes alors qu'il passait à la second étape de ce déshabillage doux et délicat: le pantalon. Wren se souleva un court instant pour le faire glisser le long de ses jambes pour s'en débarrasser aussi hâtivement que son tee shirt de tantôt. A son tour, il enserra étroitement son bouclé pour qu'ils s'allongent en duo dans le lit de Gabriel, le nordique soulevant la couverture pour qu'ils puissent s'y glisser tous deux. Il était contre le dos de son artiste, déposant des baisers le long de son échine, prêt à lui murmurer mille histoires et mille berceuses, tout ce dont il aurait besoin, tout ce dont il aurait envie. "Toutes les nuits que tu voudras jusqu'à ce que tu le désires plus." Si c'était jusqu'à la fin de ses vieux jours, le suédois n'y voyait pas le moindre inconvénient cela dit alors que ses mains caressaient son torse, ses lèvres et ses mèches chatouillant toujours son dos avec une infinie délicatesse pour une centaine de promesses. "Ce sera la plus belle nuit de toute ma vie." Et de loin. Il avait Gabriel contre lui, il caressait sa peau, la baisait autant qu'il le pouvait et s'il frémissait sous ses actes, ce serait sûrement une réussite pour Doherty qui ne voulait qu'une seule chose désormais: que Gabriel devienne le plus heureux des hommes, cette nuit et toutes les autres à venir, jusqu'à ce qu'il ne le veuille plus.
Gabriel s’émerveillait de ces instants, des attentions de Wren, de leur corps qui se rencontrait enfin à nouveau dans une étreinte aussi tendre que parfaite. Il se délectait du moindre baiser, de la plus infime caresse, de chaque souffle qui se perdait sur son épiderme et des frissons qui courraient autant sur sa peau que sur celle de son nordique. Le petit brun n’en perdait rien, pas une miette, à présent qu’ils étaient débarrassés du superflu vestimentaire, leurs êtres enfin libres de se touchaient sans barrières. Tout était doux et lent, dans ce temps qu’ils prenaient pour se réparer mutuellement, se consoler et se retrouver. Un temps nécessaire, indispensable. Et puis Gaby laissa son beau suédois l’entraîner précautionneusement sous les draps, s’y glissant paisiblement, ravi de sentir son homme se lover bien vite contre lui pour le chérir de mille délicates manières, et répéter le vœu qu’il avait déjà formulé un peu plus tôt, celui de lui offrir toutes ses nuits. A cette promesse renouvelée, Gabriel ne put retenir le sourire qui illumina si joliment ses traits, car c’était bien là tout ce qu’il avait pu souhaiter entendre, et cela gonflait son petit cœur d’un véritable bonheur. Alors oui, il souriait, Wren tout contre lui, le couvrant de tant d’attentions, d’une infinie tendresse. Et le petit brun finit par clore ses paupières, bien loin toutefois de s’endormir quand la moindre parcelle de son corps semblait plutôt s’éveiller au contact de son bel amour. Ce n’était donc que pour mieux se concentrer sur le moindre geste, le plus infime souffle du nordique. Sentir ses mains caressantes, ses baisers dans son dos, ses cheveux qui effleuraient délicatement son épiderme. Apprécier le moindre frisson que chacune de ces sensations lui procurait. Sa peau s’électrisait doucement et il n’y avait sûrement rien de plus délicieux qu’il put éprouver à cet instant. Il se laissa entièrement porter par cette douceur, s’y perdant avec plaisir, durant de longues minutes. C’était certainement la première fois qu’il éprouvait un tel apaisement, son corps se nourrissant de cette délicate volupté, de toutes ces marques d’une tendresse profonde qui s’était déjà tissée entre eux, au-delà de la passion brûlante, du désir incandescent, et qui infusait leur être tout entier. Plus encore à cet instant, où tout était empreint d’une intense sensibilité, dans leur étreinte, dans les attentions qu’ils échangeaient, dans le temps qu’ils s’offraient pour le moindre geste, sans empressement. Un éloge de la lenteur qui accordait à ce moment suspendu une beauté infinie, hors du temps. Inoubliable. Car cette nuit le serait sans le moindre doute, à jamais gravée dans leur mémoire comme des perles d’éternité. Wren le confirmait dans ses propos. Ces derniers qui poussèrent Gabriel à rouvrir les yeux, contemplant une seconde l’obscurité, foncièrement touché par ces mots que jamais personne ne lui avait ainsi offert. Son beau suédois le faisait, ici, maintenant, lui confiait les choses comme il les ressentait, avec une honnêteté déconcertante. Ca n’avait peut-être l’air de rien, et d’aucun dirait que les mots sont aisés à manier, à vidés de leur essence pour mieux les prononcer à la légère. Mais pour le jeune artiste cela signifiait beaucoup, ils résonnaient, teintés de sincérité, à ses oreilles. Gaby en avait l’intime conviction, là, au creux de son cœur, abîmé par le passé par d’autres mains peu précautionneuses. Ce n’était pas des paroles en l’air que prononçait Wren depuis l’instant où il s’était planté devant la porte de cette chambre jusqu’à maintenant. De ses aveux à ses promesses, de ses doutes à ses espoirs, il y avait exposé sa vérité. Et cette dernière ne pouvait que toucher le petit brun, au plus profond de son âme. A n’en pas douter, ce fut cette émotion qui le poussa finalement à se tourner, dans un froissement léger de draps, pour faire face à nouveau à son homme, pouvoir le regarder dans les yeux et lui souffler cet aveu. « De la mienne aussi. » Une promesse ou une certitude, les deux assurément, alors que Gabriel revenait chercher son oxygène à la bouche de son compagnon, avec langueur, qu’il tuait le moindre millimètre qui pouvait encore les séparer, accrochant ses mains à son dos, nouant ses jambes aux siennes. Se fondre contre lui, entre ses bras, voilà quel était sûrement le souhait du jeune artiste à l’heure actuelle. De toutes parts les corps se touchaient, s’effleuraient, se pressaient l’un contre l’autre dans cette étreinte nouvellement resserrée. Les lèvres de Gaby se nouaient avec ferveur à celles de Wren en de longs échanges sensuels, avant de se perdre dans son cou, tandis que ses mains exploraient sa peau comme pour la première fois. La lenteur et l’attention avec lesquelles ses doigts parcouraient le dos de son beau suédois lui laissèrent deviner, ici ou là, quelques tensions qui glissaient sous ses caresses. Le nez enfoui dans le cou du nordique, où il déposa encore quelques baisers, jamais lassé de chérir chaque parcelle de cette peau satinée, Gabriel se souvint alors de la fameuse liste que son homme avait commencée quelques heures plus tôt à présent. « Dis, ton envie de massage tient toujours ? », qu’il chuchota, moins par peur d’être trop bruyant que par volonté de ne pas troubler outre mesure la douce quiétude nocturne qui les berçait. Il ne voulait pas dormir le petit brun, n’avait pas réellement sommeil, il souhaitait juste rester là, conscient de tout, et pouvoir savourer chaque seconde passée en compagnie de son amour, n’en rater aucune en s’assoupissant, et lui offrir à son tour tout l’apaisement et la tendresse qu’il lui procurait.
Il engrangeait tellement de merveilleux souvenirs dans son cerveau fracassé par la vie. Wren n'avait jamais eu réellement la chance de vivre des instants aussi intenses en émotions, aussi doux alors qu'il était toujours de plus en plus fébrile face à la vivacité de ses tout nouveaux sentiments. Le suédois vivait peut être là une jolie quantité de première fois puisque Gabriel, incontestablement, était en train de devenir son premier amour. Des histoires, certes, il en avait eu quelques unes, même si elle n'avait pas duré forcément très longtemps, Doherty jamais réellement enclin à s'ouvrir à quelqu'un d'autre. Il n'en avait pas vu l'intérêt, s'en était effrayé plus qu'il n'aurait dû face au poids des responsabilités qu'offrir son coeur entraînait. Très peu pour lui, autant rester de côté, se laisser happer pour des nuis charnelles et ne pas regretter de quitter cette alcôve dès le matin venu. Il n'avait jamais eu spécialement de regrets de quitter des bras chaleureux mais il en aurait eu des milliers par contre s'il n'était pas venu toquer à la porte de Carnahan. Il aurait clairement pu continuer sa route, marcher cinq mètres supplémentaires pour aller s'enfermer dans sa chambre sans le moindre bruit si ce n'était celui imparable de ses pensées. Pour sûr, Wren n'aurait pas dormi une minute cette nuit-là s'il n'avait pas fait demi tour pour rester poster contre la porte de bois afin d'atteindre son petit bras. Désormais, il était entre ses bras, bien au chaud au fond des draps à la bercer d'un amour unique, un amour qu'il n'avait jamais osé offrir à qui que ce fut. Gabriel était le premier, la fameuse exception dont on parlait dans tous les livres et tous les films romantiques. Maintenant, le nordique comprenait, il savait ce que cela incombait d'aimer une personne au delà de toute raison. Il ne voulait plus que son bien, que le bercer de ses baisers, sentant qu'il était parfaitement à l'aise sous toutes ses caresses. Du moins, jusqu'à ce que Wren parle à nouveau et qu'il finisse par se retourner vers lui pour lui donner à nouveau des baisers suaves. Le suédois se laissa entraîner par la fougue de son bouclé, leurs deux corps se mêlant avec un naturel évident, leur épiderme montant en température parce que l'artiste jouait de ses baisers sous la sienne et il n'était qu'un homme, le Doherty. Il acceptait tout cela avec tout ce qu'il était, l'amour le portant vers les nuages alors que les doigts de Gabriel visitaient la moindre parcelle de son dos. Il sembla avoir l'idée de siècle en se détachant des lippes du nordique, un souvenir assez récent lui revenant en mémoire. Wren ne put que sourire en entendant la proposition du frisé après cette histoire de liste qui ne semblait n'être rien d'autre qu'une folie quelques heures auparavant. "C'est le moment où je vais découvrir tous les talents de tes mains? Je suis plus que partant, mon bouclé." Il l'embrassa délicatement une fois encore avant de s'étaler de tout son long sur son ventre, sans savoir à quoi s'attendre, ni quelles sensations le petit brun serait capable de faire naître dans tout son corps. Wren pouvait anticiper qu'il y en aurait beaucoup et qu'à la fin de cette session particulière, il l'aimerait plus encore, si c'était physiquement possible.
Gabriel en avait soupiré d’aise, des attentions si tendres que Wren lui accordait présentement. Comme il aimait cette douceur qui émanait de lui à cet instant, cette sensibilité qu’il laissait transparaître dans le moindre de ses gestes et qui faisait battre son cœur avec tant de force. Et si la capacité du suédois à le bousculer, son espièglerie et sa fougue, avaient su capter son attention, le charmer au-delà de ce qu’il aurait pensé possible, c’était de cette tendresse, de cet amour nouveau, qui avaient su naître à travers le feu de la passion, que leur relation tirait sans doute une grande partie de sa force. Les empêchant ainsi de se brûler définitivement les ailes aux flammes de la vie. Ce qui avait failli arriver ce soir même, alors que tout entre eux ne faisait encore que voir le jour, ils avaient par trop joué avec le feu, avaient manqué de discernement, n’avaient pas su respecter leurs limites et celles des autres. Et c’était bien les sentiments qu’ils éprouvaient qui les avaient finalement empêchés de chuter. Ceux-là même qui les poussèrent à revenir presque aussitôt l’un vers l’autre, malgré les égratignures qu’ils s’étaient causés, plutôt que de se laisser submerger par des pensées mortifères chacun de leur coté, que de laisser les remords et regrets se faire irrémédiablement une place trop importante dans leur être. Les mots et les gestes de chacun avaient suffi à réparer le mal causé, parce qu’ils étaient sincères, que Wren comme Gabriel avaient posé cartes sur tables et laisser de coté leurs stratagèmes de défense et les rôles qu’ils jouaient. Grâce à cela cette tempête semblait désormais un bien lointain souvenir. A présent ils retrouvaient l’intimité de leurs étreintes, plus douces encore qu’auparavant, la sensualité de leurs baisers et caresses, l’intensité des émotions qui les saisissaient. L’indispensable présence de l’autre, en somme. L’artiste en était heureux, heureux de sentir Wren répondre positivement à ses langoureuses sollicitations, heureux de sentir les battements de son cœur s’accélérer et se répercuter contre sa poitrine, la chaleur de son corps se répandre contre le sien alors qu’il resserrait d’autant leur étreinte, le frémissement commun de leur peau épousée, embrassée. Le petit brun l’aimait tant. Il aurait pu le lui prouver de mille manières. Il voulait le faire. « Va savoir. » Un murmure, un sourire, et un baiser, juste avant que Wren ne se laisse couler sur le ventre à ses cotés. Gabriel prit alors le temps de l’observer un moment dans la pénombre de la pièce. Prendre le temps. Voilà qui semblait être devenu leur credo pour cette nuit si particulière. Sans bouger davantage il laissa une de ses mains se poser sur ce dos offert, caresser cette peau pâle qui semblait capter la moindre lueur, la plus infime clarté, qui perçait à travers l’obscurité. Un spectacle dont le jeune artiste ne se lassait pas, lui qui, du bout des doigts, se perdait à retracer les fantômes des ailes d’un phénix disparu. En apparence seulement toutefois, car son souvenir demeurait intact, indélébile. « T’es beau tu sais. » Ce n’était qu’un souffle mais son ton trahissait toute l’évidente sincérité de ses mots. Il le pensait, du fond du cœur, perdu encore quelques instants dans cette merveilleuse contemplation. Finalement Gaby esquissa un mouvement. Dans un frémissement de draps, il vint se poster au-dessus de son bel amour, embrassant d’abord sa nuque, puis ses épaules, avant que ses mains ne prennent le relais, explorant avec attention chaque centimètre carré de cette peau nue. De longues minutes, seulement perturbées par le bruissement presque imperceptible de la caresse de ses doigts sur le satin de l’épiderme du géant nordique. Un silence quasi-total qui s’étira encore, jusqu’à ce que le chuchotement du petit brun ne vienne gentiment le perturber. « Tu as une tension juste ici… » Et il posa ses lèvres entre la base du cou de Wren et ses omoplates. « Là… » Il descendit un peu plus le long de son échine, ses boucles brunes effleurant sa peau avec légèreté, avant qu’à nouveau ses lippes ne se s’attardent sur son corps. « Et là… » Cette fois ce furent ses doigts qui tracèrent, le plus délicatement du monde, le chemin jusqu’au bas du dos de son homme, au creux duquel il déposa un dernier baiser. Des baisers offerts comme autant de pansements. Ce fut alors sans un mot de plus que ses mains remontèrent lentement jusqu’à la nuque de son beau suédois, se mettant à l’œuvre avec une douceur imparable, afin d’entreprendre de faire disparaître une à une ces contractures. Et il était appliqué dans son ouvrage le jeune artiste, caressant, massant, pétrissant avec une infinie délicatesse et toutes les précautions du monde chaque parcelle de peau qui passait sous ses doigts fins. Que chacun de ses gestes fut tendre pour dénouer chaque nœud qu’il pouvait sentir, pour soulager et apaiser son beau nordique, et panser ses blessures qu’elles fussent récentes ou lointaines, les lui faire oublier, le temps de quelques heures. Qu’il n’y ait plus que leur bonheur et leur amour qui comptent pour cette nuit, rien d’autre.
Il se laissa emporter par le train des envies de son petit brun, se couchant le plus naturellement du monde sur le ventre en fermant les yeux. Wren se sentait à son aise alors que c'était un environnement qu'il ne connaissait pas réellement, lui, l'homme qui attirait les ennuis et les offrait à la moindre personne qui osait le frôler. Gabriel aurait pu être un dommage collatéral supplémentaire au milieu d'une liste déjà fort longue en vue de tout ce que le nordique avait déjà dû traverser jusqu'ici. Pour autant, il mettait déjà en marche les meilleurs côtés de sa personne pour préserver le plus longtemps possible les bouclettes de son artiste. Celui-ci ne vint pas à lui tout de suite, Doherty s'imaginant mille manières dont il pouvait être en train de le regarder mais il était sûrement très loin de la réalité. Carnahan avait cette tendresse non feinte dans ses pupilles et des mots si précieux à prononcer à son égard. Il était beau. Voilà comment il le considérait et cette simple phrase fit battre son coeur à un rythme beaucoup plus élevé. Wren connaissait les atouts de son physique: tout le monde n'appréciait pas ses traits fins et la démesure de quelques uns de ses artifices mais en général, soit on le transformait en idole soit on le haïssait. Gabriel se trouvait très clairement dans la première catégorie et ce constat fit sourire le nordique jusqu'aux oreilles. "Pas autant que ton phénix." Il avait effectivement senti par la suite les arabesques que dessinaient les doigts du bouclé dans son dos, ce qui eut le don de faire flancher encore plus ce cher historien. Il était si bien, pouvait respirer le plus pleinement possible maintenant que le corps de Gabriel s'était porté au dessus du sien, qu'il sentait ses lèvres en haut de sa nuque, rapidement rejoints par ses doigts qui firent des merveilles à une vitesse si plaisante contre son corps. Il frémissait, laissant échapper quelques doux sons de gémissements entre deux pressions de son beau frisé. Effectivement, l'artiste repérait les noeuds de pression avec un facilité déconcertante, leur offrant un traitement spécial entre ses mains et ses lèvres si délicates. Wren était aux paradis, tout simplement et il n'avait plus la moindre envie d'en être délogé alors que Gabriel continuait son manège en toute délicatesse, fin prêt à aimer le moindre grain de sa peau jusqu'à l'épuisement. "Si tu continues... Je sais pas si je vais dormir ou si je vais sauter dessus... A toi de choisir, j'imagine." Il avait la tête sur ses mains, murmurant ces quelques mots avec une bonne dose d'amour dans le timbre de sa voix, fait suffisamment rare pour être signalé alors qu'il prenait la mesure de la présence de son cher et tendre contre lui et qu'il respirait le bonheur. Pas seulement pour cette nuit, mais pour une éternité en sa compagnie.
Sous ses doigts, Gabriel pouvait sentir tout l’effet que produisait à son bel amour le moindre de ses gestes, la plus infime des attentions qu’il lui prodiguait. Son corps se détendait, les tensions s’envolaient une à une, son souffle se faisait plus profond et serein. Et bien plus encore, quand il percevait les frissons qui parcouraient sa peau si douce au passage de ses mains, que ses gémissements légers parvenaient à ses tympans. Il ne pouvait qu’en être ravi le petit brun, de pouvoir apporter ce bien-être à son beau suédois, lui que la vie n’avait guère épargné, pour ce qu’il en savait. Jamais Gaby n’avait songé être capable de cela, de faire tant de bien à quelqu’un, tant sur le plan physique que moral. Lui qui avait si peu foi en lui la plupart du temps, surtout auprès des autres. Lorsqu’il était seul, au milieu de ses croquis et de ses peintures, sa confiance en ses capacités semblait bien plus solide, à l’inverse dès qu’il se retrouvait entouré de ces semblables elle s’envolait souvent presque aussitôt, et il se repliait alors sur lui-même, dans l’espoir de se faire oublier, voire de disparaître, lui qui détestait que l’attention soit fixée sur lui. Avec Wren tout paraissait si différent, auprès de lui il s’était fait parfois bien plus audacieux qu’il ne s’en croyait capable, laissant parler ses envies sans retenue, le suivant dans ses défis. Mais il lui avait aussi montré sa vulnérabilité, sa fragilité, avait laissé parler ses insécurités face à lui au lieu de les cacher, avait évoqué son passé, ses doutes, et de tout ce qu’il était, là où il préférait généralement se taire, garder tout cela pour lui, et se contenter d’écouter les autres. Rien ne se passait d’une manière banale ou attendue avec le nordique. Et quelque part, bien qu’il ne se l’avoua pas encore, cela plaisait aussi à Gabriel. Cette sensation que tout pouvait être différent, qu’il pouvait prendre des libertés et être celui qu’il était au plus profond de son être. Oui il aimait cette idée, il l’aimait comme il aimait tout ce que lui apportait Wren, et tout ce qu’il était surtout. Rien chez lui ne parvenait à le laisser indifférent, en bien ou en mal, comme l’avait prouvé cette soirée mouvementée. Il en était heureux, car pour la première fois depuis longtemps, il se sentait totalement, définitivement, vivant. Et amoureux. Amoureux comme jamais. Gabriel avait souri en entendant les propos murmurés par Wren. « Si tu es assez convaincu de mes talents, je peux toujours m’arrêter là, c’est comme tu préfères. » Comme si cette option-là avait été, une seule seconde, envisagée par l’un ou par l’autre. Gaby se pencha alors doucement en avant, jusqu’à ce que ses lèvres soient proches de l’oreille du grand suédois, bien assez proche pour qu’il puisse lui susurrer quelques mots dans un souffle chaud. « Mais si ça peut t’aiguiller, je n’ai pas vraiment sommeil. » Pas du tout même, quand il s’était plus éveillé qu’assoupi entre les bras du nordique. Et si il avait, un peu plus tôt, sur le toit de l’immeuble, évoqué son besoin de repos, ce n’était en réalité qu’une excuse qu’il avait trouvé afin de pouvoir filer aussi vite que possible, sans demander son reste et esquiver ainsi les potentielles confrontations ou interrogations de ses colocataires. Puis le petit brun ramena ses lèvres dans le cou de son bel historien, ses baisers s’y attardant un instant avant de poursuivre leurs pérégrinations, s’éparpillant sur ses épaules, ses omoplates et tout au long de son échine. A la fois lents et sensuels, ils se firent plus pressants à mesure qu’ils atteignaient la chute de reins de Wren. Les doigts de l’artiste se prirent alors à flâner en caresses sur les hanches du nordique, s’égarant de plus en plus près de la dernière couche de vêtement qui habillait encore sa grande silhouette, jusqu’à enfin s’en emparer avec une lenteur irréelle, la faisant glisser centimètre par centimètre loin de cette si jolie peau pâle et soyeuse. Dès que cela fut fait, les lippes du jeune artiste reprirent le flambeau, apposant leur délicate empreinte tout contre cet épiderme nouvellement découvert. Ses mains, quant à elles, s’installèrent de chaque coté du bassin de Wren, au moment précis où, en lieu et place de ses lèvres, Gabriel laissa s’accrocher légèrement ses dents à sa peau, juste avant de se redresser pour observer tranquillement son compagnon. Et au creux de ses prunelles bleutées brillaient un éclat qui faisait si justement et merveilleusement écho à ce qui teintait la voix de son homme. Oui, c’était bien de l’amour qui les animait de la sorte, les aimantait l’un à l’autre, à n’en pas douter.