Cette soirée prenait d’impossibles proportions. Gabriel n’avait rien anticipé, il s’était seulement laisser saisir, faucher en plein vol par l’arrivée en fanfare de ce nouveau colocataire. Il s’était laissé submerger par ses émotions, celles qui avaient une fâcheuse tendance à rythmer sa vie contre toute raison, tant il les vivait intensément. Une fois encore ça n’avait pas loupé. Et il s’était retrouvé là, à déposer un baiser furtif sur les lèvres de ce garçon qui lui plaisait bien trop et le perturbait davantage encore pour qu’il parvienne à rester de marbre. Ca faisait si longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi vivant, aussi bouleversé, alors si tout ça ne devait durer qu’un instant, qu’une seconde, tant pis, il était prêt à s’y brûler. Pourtant il ne put s’empêcher d’offrir là d’ultimes résistances, alors même qu’il avait franchi cette limite sans retour de son propre chef. Séquelles de blessures encore trop récentes, ayant laissé dans leur sillage des pièges de doutes et de méfiance. Impossible dilemme qui le tiraillait, lui déchirait les entrailles, coincé entre son cœur enflammé et ses peurs paralysantes. La voix écorchée, le souffle court, il avait suggéré qu’ils s’en tiennent à ça pour ce soir. Sans pour autant insuffler la moindre conviction dans ses mots. Et ce fut Wren lui-même qui coupa court à ce déchirement intérieur. Net. Gaby sentit sa main se refermait sur son bras, lui intimant un mouvement aussi ferme que doux, auquel il n’opposa nulle résistance, pour que la seconde suivante ce soit toute une foutue explosion de couleurs dans son ventre, dans tout son être. Ses joues brûlantes sous les mains du grand brun, et les lèvres de celui-ci qui attrapaient les siennes avec une ardeur qui manqua de faire cesser les battements de son pauvre cœur. Il l’avait attendu cet instant là, espéré ce dénouement. C’était des perles d’éternité qui se gravaient à cette seconde. Et il tremblait comme une feuille Gabriel, fondant comme neige au soleil entre les mains du suédois, plus fébrile que jamais. Un peu dépassé par l’assaut qu’il avait lui-même engagé, emprisonné entre la haute stature de Wren et son bureau, il parvint tout de même à rattraper le train en marche. Sa bouche répondant avec envie aux sollicitations de celle du grand brun et ses mains se raccrochant à lui tendrement, comme si il représentait la dernière chose tangible, un dernier ancrage, dans ce monde qui semblait décidé à se dérober sous ses pieds. Elle glissait enfin sous ses doigts, cette peau qu’il avait tant admirée, cette musculature ciselée sur les contours de laquelle ils se perdaient. Gabriel essayait de se concentrer juste assez pour ne pas effleurer la peinture qui ornait ce dos offert, cette dernière ne pouvant supporter les assauts d’enfiévrées caresses. Mais sa tête avait totalement démissionné, plus rien ne répondait, et le jeune artiste se laissait seulement porter par tout ce qui tourbillonnait en lui. Alors il la sentit, sous ses mains égarées, la matière colorée encore fraîche, et aussitôt, comme par réflexe, il relâcha sa prise, libérant à contre cœur les lèvres du suédois, se donnant par là même l’occasion de réapprendre à respirer alors qu’il aurait sans doute préféré ne jamais avoir à le faire, comme il aurait préféré que jamais ce moment ne prenne fin. « Pardon, je suis en train de tout gâcher », qu’il glissa doucement, le souffle trop court, en avisant ses doigts maculés de jaunes et d’orangés, comme s’il craignait d’avoir briser quelque chose. Cette manie qu’il avait de toujours s’excuser de tout, d’exister presque. Pourquoi fallait-il qu’il s’attache à des bêtises pareilles en un tel instant, qu’il soit toujours envahi par ses insécurités et ses craintes ? Il était si fragile dans ces moments là, comme un délicat verre ébréché menaçant de se briser à la moindre secousse. Pourtant, ici et maintenant, sa silhouette contre celle de Wren, son souffle mêlé au sien, sa peau proche de la sienne, il lui semblait trouver un apaisement diffus, une sécurité encore incertaine. Et si c’était vrai ?
Wren était un des hommes les plus à même de faire naître le chaos et l'incertitude. C'était arrivé à maintes reprises par le passé car il ne savait pas vraiment contrôler ses émotions ni ses actes et bien souvent, d'autres individus avaient dû payer le prix de sa fougue de jeunesse. Ces derniers temps, pourtant, le sacré Doherty avait fait en sorte de se calmer, de se concentrer sur ses études au maximum et ne pas faire de vagues. Parfois, le tout le démangeait parce qu'il ne se sentait jamais aussi à l'aise que lorsqu'il se retrouvait face au vice, de n'importe quelle forme. Il savait que c'était mauvais et qu'il ne pourrait pas toujours se complaire dans le délit mais il restait un Doherty et aucun membre de sa famille n'avait réussi à rester sur le droit chemin jusque là. Pourquoi ferait-il exception? Certes, il était le seul à avoir entamé des études supérieures mais allait-il tenir sa résolution sur la durée? Avec le nordique, on ne pouvait jamais être certain, lui même n'avait aucune idée du moment où il se sentirait lâcher prise et sombrer dans la folie. C'était peut être ce soir-là, déjà. Gabriel avait réveillé le démon au fond de lui, d'un simple baiser fugace, un toucher qui n'aurait pas dû avoir autant d'impact sur sa piètre existence mais Wren n'était pas quelqu'un qui savait se contenir. Il fallait qu'il joue le jeu à fond, qu'il se laisse tomber vers tout ce que le monde avait à offrir et là, le bouclé s'était clairement offert à lui. Pourquoi se retenir dans ces cas là? Hors de question et le suédois avait sauté sur ses lèvres à nouveau, avec autant de ferveur qu'un prédateur sur sa proie, ses lippes se glissant ardemment contre les siennes, son buste finissant contre le sien parce que Carnahan était forcément coincé contre le bureau. Wren sentit d'ailleurs ses mains commencer à naviguer et s'il avait l'air timide de prime abord, il s'avérait bien vite que la tornade l'emporta à son tour, la peinture ne restant pas en place dans le dos du grand dadais. Wren n'avait pas l'air de s'en offusquer le moins du monde mais l'artiste, lui, se détacha instinctivement de cette étreinte pour se répandre en excuses d'avoir lui même touché au fruit de son travail. Doherty, lui, exposa un large sourire en voyant sa main remplie de multiples couleurs, formant de nouvelles teintes, de nouveaux dessins, rien qui n'avait l'air d'avoir un sens en premier lieu mais c'était aussi ce qui prouvait la beauté de l'art. "Non, je crois que ça s'appelle art contemporain... C'est un truc qu'il faut tester, absolument." Son regard vert d'eau voyagea vers sa main et il posa la sienne là, contre elle, cherchant à verser de la couleur sur sa paume à nouveau avant qu'il ne la dirige contre le visage de Gabriel, laissant ça et là des teintes orangées s'éparpiller sur sa peau douce. Si c'était le jeu, Wren s'y laisserait emporter avec plaisir, sa main glissant sous le haut de l'artiste, sentant la peinture naître ici également, ses lippes s'approchant de nouveau dangereusement de celles du bouclé. "Pourquoi un phénix devrait avoir une seule forme fixe?" Il devait s'étendre, cette résurrection devait être explosive et Doherty ne cherchait même plus à se contenir, caressant la peau de sa joue en même temps que celle de son flanc, ses lippes refaisant le passage de ses doigts peinturlurés. Tout ce que Gabriel avait à faire, c'était se relâcher, s'emporter et ne jamais en revenir.
Il n’y avait plus d’échappatoire à présent, aucune retraite envisageable. De toute façon Gabriel ne songeait plus du tout à se dérober, ni au regard, ni au contact du grand brun. Au contraire même, quand ce dernier avait rallumé en lui un feu qu’il croyait éteint pour longtemps encore. Alors il ne voulait surtout pas que tout cela prenne fin maintenant. Parce qu’il ne s’était pas senti aussi vibrant de vie depuis de trop longs mois. Une petite mort intérieure ayant laissé dans son sillage néant et froid glacial partout dans son âme. Et voilà que soudain tout semblait se réveiller dans son cœur et tout son être, comme un printemps inespéré après un interminable et rude hiver. Gaby ne voulait pas d’une autre issue, tant pis si il devait se brûler à ce jeu-là, tant pis si il n’en ressortait pas indemne. A cet instant il était prêt à y laisser des plumes, et même ses ailes toutes entières, comme il voulait s’abreuver jusqu’à la lie des baisers et caresses de Wren. Il avait ce naturel passionné, Gabriel, dans tous les domaines de sa jeune vie. Cette manière de tout donner, de se lancer à corps perdu sans penser aux dégâts que cela engendrerait sur lui-même. Sa sensibilité exacerbée, à fleur de peau, et son tempérament doux, en avaient souvent fait les frais, écorchés, abîmés. Mais il ne savait vivre que comme ça, proche de ses émotions, intensément. Alors, en contrepartie, chaque coup reçu lui laissait son lot d’insécurités, chevillées au corps, effrayantes. Pourtant il avait aussi au fond de lui une force qu’il ne soupçonnait pas, celle qui le poussait à passer outre ses craintes paralysantes, à se dépasser et avancer. Mais elle semblait s’être perdue au cœur de son être depuis le départ de Thomas, et Gaby n’avait fait que s’enliser davantage. Cependant la vie n’avait pas dit son dernier mot, et avait cette fois-ci mit son grain de sel, en la personne de Wren, dans cette histoire, pour que cette force là, discrète, trouve à s’exprimer de nouveau sans être bridée par des peurs tenaces. Ces dernières parvenaient pourtant encore à refaire surface par instants, en témoignèrent les excuses du jeune artiste lorsqu’il se rendit compte des dégâts qu’il avait occasionné sur sa propre création picturale, comme il craignait d’avoir gâché là quelque chose. Mais le grand brun, lui, n’en sembla pas perturbé le moins du monde. Bien au contraire, il souriait. Gabriel observa son manège avec autant d’étonnement que d’intérêt lorsque Wren vint abreuver sa main des couleurs qui ornaient la sienne, se demandant ce qu’il avait derrière la tête. La réponse vint bien vite quand les doigts du suédois vinrent effleurer son visage pour y déposer leur empreinte flamboyante. Mais déjà l’attention de l’étudiant était vivement attirée ailleurs. La main qui glissa sous son t-shirt délivra sur son passage une puissante décharge électrique qui traversa tout son corps, balayant en une seconde les craintes qui l’habitaient. Partout où ils passaient les doigts de Wren laissaient leur marque colorée. Ca avait quelque chose de follement sensuel. Le jeune artiste ferma les yeux un instant alors que les caresses du suédois lui arrachaient de délicieux frissons, se mordit la lèvre en sentant les siennes se poser sur sa peau. Il n’avait jamais ressenti les choses avec autant d’intensité auparavant et il crut en défaillir une ou deux fois. « Tu as raison », glissa t-il à l'oreille du grand brun dans un soupir doux, « Pour renaître il faut d’abord qu’il s’enflamme, et à quoi peut bien ressembler un phénix se consumant sinon à une explosion de couleurs ? » Et tandis qu’une de ses mains vint se lover dans le creux du cou de Wren, la seconde courut se nourrir à nouveau de couleurs, traçant des arabesques çà et là, laissant de petites flammèches un peu partout sur le cou, le torse et le ventre du suédois au gré des explorations tactiles de Gabriel alors que ses lèvres, elles, se perdaient à tracer l’angle de la mâchoire du grand brun, glissaient sur son cou, parcouraient ses épaules, chérissant cette peau pâle et satinée de baisers emplis de tendresse et d’avidité entremêlées. Et une évidence se faisait jour dans la tête de Gaby, ce qui se jouait là, il ne saurait plus s’en défaire. Il scella son destin en même temps que ses lèvres sur celles de Wren dans un baiser plus langoureux, plus affamé aussi, cette fois-ci définitivement assumé. Il était prêt à s’abandonner, et advienne que pourra.
Toute notion de contrôle disparaissait dans ce genre d'instants mais de toute évidence, Wren n'avait jamais été un spécialiste en la matière. Il n'en faisait qu'à sa tête, perpétuellement, quitte à se brûler les ailes, ce qui était sacrément convenant quand il se retrouvait avec un phénix dessiné dans la cambrure de son dos. Néanmoins, Doherty savait plus que jamais ce qu'il entreprenait en jouant ainsi avec le coeur et le sens de Carnahan. Il avait toujours eu un pouvoir d'attraction plus élevé que la mienne, allez savoir si c'était ses yeux verts d'eau, sa grande stature ou les expressions mystérieuses de son visage, peut être un melting pot de tout cela qui pouvait le rendre irrésistible dans de précieuses circonstances. Là, c'était le beau brun qui en payait les frais avec cette attraction peu commune, cette attraction qui faisait se mêler des centaines de teintes sur des peaux frissonnantes. Wren avait l'air de très bien le vivre en laissant les mains de Gabriel voguer là où il lui semblait être le meilleur chemin, voyant les couleurs chaudes le parsemer peu à peu, lui rendant la pareille d'une main peut être moins emplie de peinture mais tout autant d'affection et de fougue. Le suédois aussi voulait peinturer son comparse, jouer à l'artiste du dimanche sur sa stature si frêle à côté de la sienne mais pas aussi fragile qu'on pourrait le penser. Non, il émanait une sensation de puissance du bouclé parce qu'il avait vécu des moments ô combien difficiles et qu'il s'en relevait peu à peu. Il avait clairement beaucoup plus de courage que Doherty, lui qui souriait en entendant les mots de Gabriel en retour. Il l'avait conquis, c'était indéniable puisqu'il acceptait que le beau dessin qu'il avait passé tant de temps à réaliser prenne une forme plus artistique encore, plus flou et beaucoup moins ressemblante au thème abordé de prime abord. "Tout à fait... Et je crois même que le phénix a cette capacité à se cloner sur deux corps. Tu penses pas?" Il n'en dit pas plus sur le moment puisque les mains de Gabriel reprenaient leur exploration séductrice, marquant son buste tout entier alors que ses lèvres venaient papillonner sur sa peau si brûlante. Cette ferveur, elle n'était pas étrangère à Wren et lui, sa main toujours sous le tee shirt de Gabriel, n'allait pas en rester là, ce n'était pas le genre de la maison. Quelques secondes plus tard, il forçait l'artiste à retirer le tissu et ses deux mains vinrent se poser dans la palette de couleurs. Lui aussi voulait le dessiner, le colorier, l'animer d'une beauté nouvelle et il s'en donna à coeur joie en collant son buste contre le sien, ses mains voguant de toutes parts dans son dos, glissant dans le creux de son cou et attrapant son visage avec fougue pour un baiser des plus enflammés à nouveau. Il n'y avait plus de bouton stop à actionner, c'était bien trop tard pour cela de toute manière, et Wren fit naviguer ses lèvres dans le cou de l'artiste, mêlant ses lippes à la peinture fraîche en descendant peu à peu vers son buste jauni par de jolies teintes estivales. D'instinct, il entraîna Gabriel vers le lit, tant pis certainement pour les draps et autres meubles sur le chemin qui finiraient colorés contre leur gré. Ils n'avaient pas assez protégé le plan de travail, c'était un fait et Wren fit choir Carnahan dans le lit, observant toutes ses teintes se mêler sur ses muscles, sa main continuant à mêler les couleurs jusqu'à son visage, le toisant de sa hauteur avant de venir quérir ses lippes encore et toujours. Moment de sensualité coupé du temps, moment intense qu'aucun d'eux ne pourrait oublier, assurément.
Des mois que personne n’était parvenu à l’atteindre, à le tirer de sa torpeur, pas même Lola, sa plus grande amie, celle qui le connaissait si bien. Et à Wren il n’avait fallu qu’un moment, quand sa seule présence troublait Gabriel comme jamais personne auparavant. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Autant de questions qui n’intéressaient plus du tout le jeune artiste. Il s’en moquait désormais car tout ce qui importait à présent c’était que ce grand brun soit là, ses mains sur sa peau, ses lèvres sur les siennes et peu importait ce qu’il adviendrait d’eux ensuite. Ne comptait plus que l’instant. Les peurs viscérales de Gaby, le suédois les avait balayées à coup de caresses suaves. Ses insécurités, il les avait noyées sous de fougueux baisers. C’était tout ce qu’il y avait à dire. Rien de plus. Et Gabriel était prêt à poser son cœur là, entre ses mains, même s’il demeurait fragile, abîmé, même s’il devait en ressortir plus fracassé encore. Parce que Wren était le seul qui avait réussi à le faire battre ainsi de nouveau. Et probablement le seul à l’avoir fait de la sorte. Ca n’avait riens de rationnel et au fond c’était tant mieux. Les mots du grand brun parvinrent à l’étudiant sans qu’il ne trouve à y répondre, déjà tout absorbé par la pluie de baisers doux dont il parsemait la peau claire. Mais il dut bien vite s’en détacher, à contre cœur, l’espace d’un instant qui lui parut tout de même trop long, lorsque le suédois le débarrassa de son haut. Il ne réalisa pas immédiatement Gaby, ce que son comparse préparait, comme il ne le vit pas tremper ses mains dans la palette de couleurs qu’il avait laissé trainer sur son bureau. Ce ne fut qu’en sentant le contact frais de la peinture sur son dos qu’il saisit, lui arrachant un soupir en même temps que de terribles frissons. A moins que ce ne fut le contact de sa peau nue contre celle de Wren alors que son ventre, son torse, rencontrait le sien, l’épousait à merveille, sans plus aucune barrière textile. Son cœur manqua quelques battements alors que sous les caresses emportées du suédois il devinait sa peau se teinter de flamboyantes couleurs. Gaby se sentait fébrile, fiévreux même, alors que les lèvres du grand brun s’égaraient dans son cou. Un appétit féroce grognait au fond de lui, ne faisant qu’attiser le feu qui grignotait déjà furieusement ses entrailles. Tout s’accéléra soudain. Dans un élan vif et assuré Wren l’attira vers le lit et le jeune artiste sentit son souffle se raccourcir davantage quand, sous les instigations silencieuses du suédois, il s’échoua entre ses draps, ces derniers venant se coller à son dos nu couvert de peinture. Gabriel se moquait qu’ils en soient entièrement couverts, ça n’avait strictement aucune importance. S’en suivirent quelques secondes suspendues, presque calmes, durant lesquelles il dévora des yeux le grand brun autant que celui-ci l’observait. Et il était beau, magnétique, irrésistible, couvert de couleurs, sublimé par les dernières lumières du jour qui embrasaient la pièce d’ocres, dorés et orangés, complétant l’harmonie flamboyante de l’ensemble et l’étudiant ne put s’empêcher d’effleurer encore la peau douce. Puis le feu revint, plus ardent que jamais, ravivé par des baisers sensuels et Gaby soupira d’aise en sentant la peau de Wren embrasser de nouveau la sienne tandis que ses doigts s’agrippaient à ce dos musclé. A ce moment il pouvait se passer n’importe quoi, il n’y avait qu’eux, plus qu’eux et rien d’autre. Son nez vint se nicher dans le cou du grand brun, s’enivrant de son odeur. « Wren, fais moi revivre s’il te plait », quelques mots soufflés tout contre sa peau, murmurés. Des mots qu’il avait gardés pour lui et qui lui avaient finalement échappé, c’était presque ridicule et Gabriel s’en mordit la lèvre. Mais au fond, c’était ce dont il avait envie, besoin presque. Tout reconstruire, avancer, déployer ses ailes. Se consumer pour mieux renaître, c'était cela l'idée du phénix. Et pour ce faire il avait besoin d’un peu d’aide, il se sentait encore si fragile, si perdu, si déboussolé, tout prêt à disparaître. Pourtant pour la première fois depuis longtemps maintenant il se sentait à sa place, couvert de peinture, brûlant de l’intérieur et surtout lové contre celui qui n'aurait dû être que son nouveau colocataire.
Il ne fallait pas lui lancer le moindre défi ou les âmes pures s'y osant risquaient de le payer le prix fort. Aujourd'hui, c'était Carnahan la victime, celui qui avait refusé de le regarder dans les yeux au moment où il avait pénétré dans l'appartement mais qui n'avait pas pu s'en détacher lorsqu'il s'y était risqué. Depuis, rien ne fonctionnait correctement dans son cortex, c'était une évidence et Wren n'était pas peu fier des réactions qu'il créait chez le jeune brun. Rien de tout cela n'avait de sens, ce n'était que de la magie artistique, un instant suspendu dans le temps où plus rien ne comptait, si ce n'était l'appel des corps, ceux là qui se retrouvaient à intervalles régulières, entre deux baisers fiévreux, deux caresses intenses, la peinture se mélangeant encore et encore, ne gardant jamais une seule et unique teinte, s'invitant plutôt à la diversité, une moindre surprise en vue des caractères distincts des deux hommes. Cela dit, la fougue avait gagné et Wren s'y laissait emporter comme à son habitude, entraînant dans son sillage le bouclé qui n'avait plus l'air de répondre de rien. Il n'y avait plus de phénix qui comptait, plus de retenue ou de maîtrise des éléments et c'était ce qui convenait le plus au grand suédois. Gabriel n'avait plus qu'à fondre dans ses bras, ce qu'il semblait faire à merveille à l'heure actuelle, le laissant prendre les rênes pour le faire choir dans le lit, les couleurs marquant les draps mais peut être pas autant que l'ardeur avec laquelle Doherty revint à la charge des lippes tentatrices de Carnahan. Il entendit sa requête et cela le fit sourire, entre deux caresses qui ne laissaient plus entrevoir sa peau diaphane, complètement perdu sous les multiples couches de peinture qui mettraient peut être des jours à les quitter entièrement. Ce n'était pas Wren qui s'en inquiétait, porté par la force de la demande du brun, emporté dans ce torrent délicieux dont il était hors de question de se délivrer. A la place, il y sombra plus encore, ses mains glissant sur cette peinture bien heureuse, pour venir retirer la ceinture de l'étudiant et ouvrir son pantalon, l'évidence suprême quand on était aussi entreprenant que le géant nordique. Ses lippes se berçaient à nouveau des siennes, avec plus de fougue encore alors que sa main glissait sous le tissu, cherchant à le faire sombrer plus encore. Après tout, il lui avait demandé une résurrection digne d'un phénix et en bon soldat de ce cher ciel, Wren ne pouvait que répondre favorablement à ce désir nouveau et ô combien palpitant, des caresses appuyées l'embarquant vers une exaltation profonde, son visage contre celui de l'artiste, souffles mêlés, corps en quête de l'autre. Perdus dans cette petite éternité.