Se découvrir, se redécouvrir, comme un éternellement recommencement, Gabriel ne s’en lassait pas. Bien au contraire même. Un jeu de séduction qui se renouait encore et toujours entre eux, tout alimenté de passion et d’amour, d’espièglerie et de tendresse. Leur corps qui jouait leurs gammes, semblables et pourtant toujours différentes, à grands coups de je t’aime silencieux. Peut-être un peu, surtout beaucoup, certainement passionnément, forcément à la folie. Et tout était facile, juste et naturel. Comme s’ils étaient évidemment faits l’un pour l’autre, l’accord parfait. Inattendu, inespéré, sûrement improbable, mais parfait. Une relation naissante qui trouvait ses bases entre instinct et cœur plus qu’au niveau de la tête quand la vie semblait les avoir poussé l’un vers l’autre sans qu’ils n’en anticipent grand-chose eux-mêmes. Ils s’étaient plutôt retrouvés devant le fait accompli devant ces heureux hasards qui les avaient chacun mené sur cette voie. Alors à quoi bon les renier ? Cela ne paraissait en tous cas pas faire partie de leurs projets respectifs alors que leurs lèvres, leurs mains, leur peau, se rencontraient encore et encore avec le même plaisir, le même appétit. Gaby s’en détacha pourtant une seconde de son beau suédois, pour mieux l’observer, mieux jauger ses mots, mieux appuyer les siens aussi. « Je t’imaginais plus persévérant que ça tiens, tu n’as pourtant pas l’air du genre à te décourager si facilement face aux défis. » Et celui-ci n’en était qu’un tout petit finalement. Il jouait Gabriel, renvoyait la balle, s’amusait de ce ton malin, de cette fausse innocence qui flottait dans l’air, qui naviguait entre eux. A ce jeu-là il perdrait probablement, un peu, mais il gagnerait beaucoup plus encore, pour sûr. Pour l’heure il savourait avec délice le souffle chaud et régulier qui se perdait contre la peau de son cou, comme son bel amant y avait niché son visage. Cette sensation là il l’adorait l’irlandais, parce que c’était tendre tout en lui arrachant de doux frissons, et pendant quelques instants plus rien ne sembla bouger dans l’appartement, et peut-être même dans tout le petit immeuble, comme si le temps s’était arrêté autour d’eux pour mieux respecter la tranquillité de leur bulle. Seule la main libre de Gaby s’était risquée à se mouvoir, venant se perdre dans les mèches brunes du suédois, et leur contact soyeux dont il ne se lassait jamais. Des secondes suspendues à grappiller encore un peu de cette délicate sérénité, paupières closes, à se concentrer sur la chaleur de son beau nordique contre lui, à l’écouter respirer si paisiblement, à se vider la tête pour mieux s’emplir le cœur. Des secondes savourées pour mieux faire le plein de volonté. Car il allait lui en falloir pour lutter contre son envie de ne plus bouger, de se lover encore davantage contre le grand brun, de fondre entre ses bras sur le champ. « Mais tu as certainement raison, ça ne vaut peut-être pas le coup tout compte fait. Et puis tu as déjà l’air bien assez fatigué comme ça, pas la peine de t’achever avec des histoires de boutons de chemise. » Ce fut à ce moment que le plein de volonté s’avéra véritablement utile, lorsque Gabriel se laissa glisser des genoux de Wren, se détachant de lui, de sa chaleur, de tout ce dont il ne voulait pourtant pas se défaire, pour se retrouver assis à coté de lui, se laissant couler dans le moelleux des coussins du canapé. « Non vraiment, être délicat, quelle idée. » Il poussait encore un peu, le jeu, le vice peut-être aussi, tout cela en même temps à l’évidence, tandis qu’il fermait les yeux à nouveau, comme bien décidé à somnoler là, alors que ses sens, eux, étaient, à l’inverse, tout à fait bien éveillés, trop curieux qu’il était quant à la suite des événements. Il demeurait pourtant silencieux, immobile presque, se concentrant sur sa propre respiration, chacun de ses souffles se faisant plus long, plus lent, plus profond, son corps s’engourdissant de cette sensation de paix, ce calme environnant. Un seul lien tangible demeurait entre eux, matérialisé dans leurs doigts toujours entremêlés, quand le jeune artiste n’avait pu se résoudre à se dérober entièrement à Wren. Ca lui était définitivement bien trop difficile.
S'il n'avait pas rencontré Gabriel, son destin aurait certainement pris une route plus tortueuse, Wren ne se qualifiant pas réellement comme un homme bon. Il devait avoir presque tous les vices de l'univers collés à la peau mais l'amour, par contre, n'était pas nécessairement écrit dans son patrimoine génétique et c'était pourtant ce qui pouvait tout changer avec lui. C'était même déjà le cas parce qu'il faisait preuve d'une patience sans faille, d'une tendresse aussi, en faisant en sorte que l'artiste se retrouve lové contre lui, jouant à ce jeu ridicule du chat et de la souris qu'ils avaient initié la veille. Cette fois, le suédois laissait Carnahan prendre les rênes de ce moment de distraction parce qu'il voulait conserver sa chemise en un seul morceau, Wren n'ayant pas tout à fait le même plan en tête, forcément. Quand on connaissait un peu le Doherty, on savait que le côté plus sauvage n'était jamais très loin, même s'il n'en restait pas moins doux lors des moments importants. Quand il aimait, il y avait un peu de tout ce mélange explosif et il ne contrôlait pas forcément tout. En fait, à l'heure actuelle, le grand dadais ne contrôlait rien du tout. C'était son sourire qui le montrait parce qu'il voyait bien que Gabriel avait une idée derrière la tête, qu'il se refusait à se plier totalement à sa volonté parce que c'était sûrement une question de principe aux yeux du petit brun et Wren le trouvait tellement sexy à ce moment là, à le toiser, l'observant une dernière fois de long en large avant de se défaire de ses genoux et se poser à côté de lui sur le canapé. Le manque hurlait déjà au coeur des entrailles du nordique mais il ne le montra pas, se contentant de conserver sa main dans la sienne en tournant son regard vert mystique vers son bouclé. Quel dommage effectivement qu'il était fatigué et que cette chemise en valait bien trop la peine pour qu'il tente quoique ce fut. Le regard qu'il lui offrait pourtant, le regard que Gabriel devait gérer parce que Wren était capable d'un aura séducteur incontournable quand on le défiait de la sorte. Jamais une victoire n'était autre chose qu'âprement gagnée contre un Doherty, absolument jamais. "T'as qu'à la retirer doucement. T'as trop de vêtements de toute façon et puis, je peux te regarder comme ça. J'ai pas tout bien vu hier soir." Il en jouait à fond lui aussi, relâchant sa main pour la passer dans sa propre chevelure, toisant encore et toujours le petit brun à ses côtés. Wren pouvait être le pire des fripons et Gabriel devait déjà le savoir sans forcément anticiper qu'il allait le subir plus que d'autres parce que c'était le prix à payer quand on tombait amoureux de Wren Doherty.
Gabriel s’en était détaché tant bien que mal de son bel homme, un défi, un jeu qu’il poussait, un refus de céder trop facilement, peut-être un peu de tout cela à la fois. Sans doute. Et le suédois n’était pas dupe, il le savait, il l’entendait parfaitement dans ses mots. « Je vois le genre. » La partie était bien lancée, tour à tour ils posaient leurs cartes, marquaient les points, mais à ce jeu-là personne ne gagnait réellement. Surtout pas Gaby. Il le savait déjà trop bien, qu’il courait à sa perte, qu’il y fonçait tout droit. « T’as pas tout bien vu, vraiment ? Ou t’as juste pas bien regardé ? » Il lui avait tout laissé voir à son beau brun, son corps, son cœur, jusqu’à son âme, incapable de lui cacher la moindre parcelle de lui. Gabriel avait volontairement gardé ses paupières bien closes, autant que possible, parce qu’il le sentait le regard de Wren posé sur lui, il le devinait, et il savait déjà que lutter ne lui serait que plus difficile à la seconde où il le croiserait. Ce regard là le tuait, son vert d’eau détruisait la moindre de ses résistances, son éclat suffisait à le faire fondre. Il ne le savait que trop bien le jeune artiste, l’avait appris à ses dépens. Oui, il le savait, mais il était tout à fait incapable de s’y opposer. Si Wren était devenu son plus grand point faible, ses yeux étaient définitivement sa perte. Et cette dernière il la signa, y courut, à l’instant où ses propres prunelles revinrent au jour, où il tourna la tête vers le suédois. Comme prévu il s’y noya dans ces iris vertes qui le détouraient, s’y perdit, et bien sûr qu’il mit sa lèvre inférieur au supplice alors que la main du nordique lui échappait pour aller se perdre entre les mèches brunes de son propriétaire, comment aurait-il pu en être autrement. « C’est pas juste ça tu sais », qu’il souffla, verbalisant en sous-entendus cette incapacité qu’il avait de rester impassible face à lui, face à ce regard, face à tout ce qu’il était et tout ce qu’il faisait naître chez lui. Dire que seulement quelques minutes auparavant le grand brun craignait que Gabriel le fasse sortir de sa vie en en apprenant davantage sur lui. Rien n’aurait su être plus éloigné de la vérité à cet instant, absolument rien. Pas alors que l’irlandais souffrait déjà de ne plus sentir la moindre parcelle de sa peau contre la sienne. Comment ferait-il quand il leur faudrait regagner le monde qui les attendait en bas de leur petit immeuble ? Il n’en avait réellement aucune idée. Il y songerait en temps voulu. Pour l’heure son attention était polarisée tout entière par les beaux yeux verts de Wren et rien ne saurait plus l’en détourner désormais. Il se redressa alors Gaby, réduisit à néant l’espace qu’il avait créé entre eux, effleurant d’un baiser l’angle de la mâchoire de son beau suédois. Les jeux étaient faits, les dés lancés, tant pis s’ils étaient pipés. A cette seconde plus la peine de compter les points. Mais quand on aime on ne compte pas. « C’est vraiment ce que tu veux ? », qu’il lui glissa sans réellement attendre de réponse comme il la connaissait d’avance. Et déjà ses mains amenaient le nordique ailleurs, le poussant à se couler bien davantage dans le canapé, à s’y installer de toute sa longueur, tandis que le jeune artiste imprimait sa silhouette sur la sienne, venant quérir vivement, impétueusement, sa bouche avec passion, ses mains s’agrippant irrésistiblement à la peau pâle de son homme. Etonnant comme ses airs de petit ange viraient au fauve en sa présence. Et l’envie qui reprenait toute sa place, qui retrouvait tout son feu. Il se redressa pourtant soudain le jeune artiste, surplombant son bel amant qu’il observa une minute comme le temps de recouvrir son souffle après un tel baiser enflammé. Ses mains qui remontèrent le long de sa jolie chemise, marquèrent une pause alors qu’il accrochait bien davantage les prunelles de Wren. Une seconde, une autre encore, une troisième peut-être, et les boutons qui cédèrent un à un sous ses doigts fins, avec une lenteur irréelle. Le suédois voulait voir ? Profiter du spectacle ? Il le lui offrait sur un plateau d’argent. Mais Gabriel ne comptait pas être en reste pour autant. Aussi lorsque le dernier bouton sauta il s’arrêta net, n’allant pas plus loin. « Voilà pour la chemise. » Son regard qui le toisa encore un instant, juste avant que ses lèvres ne se réapproprient les siennes avec fougue. Il se risquait à explorer des territoires d’audace qu’il ne se connaissait pas l’irlandais, et sur lesquels il avait envie de s’aventurer à présent, sans jamais l’avoir osé avant, il se faisait entreprenant. Ses lèvres glissaient déjà sur le cou du nordique, y croquant doucement la marque qu’il y avait déjà laissé, ses mains chérissant de caresses ce torse offert. Evidemment qu’il ne voulait pas en rester là, qu’il se laissait porter par la fièvre des braises qui se ravivaient si violemment dans son être. Evidemment qu’il savait ce qu’il voulait.
Il fallait qu'il pousse le vice jusque là, il n'aurait pas été un vrai Doherty autrement. Forcément, Wren le toisait, il osait. Il le regardait avec ces yeux là, fiévreux, enivrants, sachant fort bien que Gabriel tâcherait d'y résister parce qu'il avait déjà vu de quoi il était capable et à l'heure actuelle, il n'avait pas spécialement envie de lui donner raison et de plier sous le poids de ce jeu de séduction que le suédois ne maîtrisait que trop bien. "Je dirais que tu m'as pas assez montré, oui." Une mauvaise foi, bien sûr, mais il fallait au moins cela pour que le beau brun l'observe à nouveau, leur regard se coinçant de bonnes secondes avant que Wren ne passe une main dans ses cheveux, pas subtil pour un sou dans sa démarche. Il n'avait jamais cherché à l'être et de toute évidence, Carnahan en avait autant conscience que lui en vue de sa lèvre qu'il mâchouilla sans vergogne, tentant Wren dans chaque acte qu'il put oser. C'était si glaçant de le voir si joueur et il adorait, cela, vraiment. Le nordique ne le cachait même pas, riant un peu de la remarque de Gabriel parce qu'il savait qu'il était injuste en allant jusque là, en le poussant au vice à ce point là. Il le regarda se relever, reçut son baiser dans le creux de sa mâchoire et il respirait, l'historien, il vivait plus que jamais parce que Gabriel était sien, qu'il le touchait, le caressait, se jouait de lui autant que la réciproque pouvait être vraie. Wren hochait la tête face à sa question parce que, bien sûr, qu'il ne voulait que cela, l'observer toucher à chaque bouton, les défaire un à un, leur regard se télescopant sans cesse, Doherty ne bougeant plus d'un cil au fond du divan, captivé par le spectacle de cet homme qui terminait d'ouvrir sa chemise avec un sex appeal indéniable. Il s'approchait ensuite et Wren ne pouvait pas plus lui résister non plus, s'offrant à lui sans plus attendre, leurs lèvres se mêlant sans qu'ils ne puisse plus respirer, ni l'un ni l'autre et le suédois ne cherchait pas à le faire, de toute façon. Il appréciait la beauté de l'instant, la manière dont les doigts et les lèvres de Carnahan se réappropriaient son corps au fut et à mesure, Wren soufflant des râles contenus mais pas si subtils en retour. Le suédois passa sa main dans son dos et retira hâtivement la chemise du principal concerné parce qu'il ne l'aimait plus tant que cela à l'heure actuelle, préférant amplement porter ses yeux vers la peau pâle de son amant et sourire. Vraiment sourire. "Je dois dire que c'est beaucoup mieux. Bien plus beau à voir, à toucher, à embrasser..." et il le faisait, ses mains glissant sur ses pectoraux, ses lèvres martyrisant le haut de son buste, il chauffait, Wren, il n'en pouvait plus et il n'allait sûrement pas s'arrêter là parce que son corps tout entier n'était que flammes quand Gabriel Carnahan jouait avec lui de la sorte.