We are the end of the world

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- premiers jours de l'épidémie

Le passé de militaires d’Amos reprend à nouveau le dessus, il reste d’un calme qui me paraît olympien, et commence à réfléchir à toute vitesse pour élaborer des stratégies quand j’aurais simplement foncé en arrière. La solution qui m’aurait paru la plus prudente c’est de retourner à la maison, et de s’y barricader le temps passage de la horde et de reprendre la route demain ou après-demain. Sauf que ce ne serait que reporter un problème que nous recroiserons peut-être un autre jour, certainement à de nombreuses reprises. Ces créatures nous repèrent-elles à la vue ? Nous sentent-elles à des kilomètres ? Même à l’intérieur de la voiture ? « Se planquer sur une aire de repos, une bande d’arrêt d’urgence, la voiture en direction de la route au cas où ils se dirigeraient vers nous au lieu d’aller tout droit. » J’observe la carte en tentant de l’imiter, de ne pas sombrer dans la panique. « Ça sera la bande d’arrêts d’urgence, y’a pas d’air de repos indiquée tout de suite. » Je sens que je ne vais pas aimer l’idée qu’il va formuler, je sens que je vais devoir lui faire confiance et me faire violence. « Réfléchissons : s’il ne voit plus qu’il ne nous sente, tu te baisseras. Moi, je me rapetisserai de manière a les voir à travers le rétroviseur. S’ils viennent vers nous, je démarre, on fonce et advienne que pourra. S’il continue tout droit, alors, on aura gagné. S’ils ne nous encerclent pas, on sera en sécurité, bien plus que la nationale. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Je tente de calmer mes halètements saccadés, et de réfléchir de façon plus posée. « Ils ne nous sentent pas. Au supermarché, au Club, ils ne nous ont attaqués qu’après nous avoir vus. » Je regagne du terrain sur ma panique, et comme si je cherchais à me faire confirmer une théorie folle, je cherche son regard. « Tu te souviens ? » S’ils nous avaient repérés à l’odeur, dans les deux cas de figure ils nous seraient tombés dessus beaucoup plus tôt. « Et si on on garait la voiture sur le bas-côté, et qu’on se mettait tous les deux à l’arrière sous les couvertures qu’on a emportées ce matin ? » Ce sera terrifiant si la horde se dirige dans notre direction, s’ils passent à côté de nous et que nous devons rester immobile sans rien faire, mais n’est-ce pas la meilleure des solutions ?

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Amelyn - dimension zombie- Chapter #1
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Ce n’est pas l’idée du siècle évidemment, mais je suis persuadé qu’un retour à la case départ, qu’importe les circonstances, n’a rien d’une bonne solution. Certes, il faut savoir reculer pour prendre de l’élan, mais jamais trop loin. Autant préciser que je ne suis pas mécontent qu’elle ne se braque pas, qu’elle écoute et qu’elle prenne même le temps d’observer la carte pour vérifier laquelle des options proposées pourraient être efficaces. A priori, ce sera la bande d’arrêt d’urgence et je hoche de la tête. « On va s’avancer à mi-chemin sur la route. Inutile de rester trop près de l’embranchement. » ai-je renchéri en pressant légèrement la pédale de l’accélérateur. Jusqu’ici, j’avais ralenti, dans l’espoir que nous n’arrivions pas trop vite au carrefour, de le dépasser et d’être obligé de rebrousser chemin. « Je n’ai pas l’impression qu’il nous repère à l’odorat non plus. Sinon, ils nous auraient plus vite encerclés au supermarché. C’est le bruit du caddie qui les a attirés. » Je confirme, mais nos certitudes sont maigres. « Après, je ne prendrais aucun risque, dans le doute. » Ce qui signifie qu’à aucun moment nous ne devons sortir du véhicule. « De toute façon, l’habitacle est hermétique. » Je n’ai jamais pu percevoir le parfum d’un conducteur à moins qu’il soit à l’arrêt – comme nous le serons – et vitres ouvertes côté trottoir. « Va pour le bas côté, mais je veux rester derrière le volant. » l’ai-je averti en feignant de prêter peu de cas à ses angoisses. En réalité, je la comprends. Je la partage. Quoique je ne le montre pas, je lutte pour chasser de mon esprit l’envie de retrouver le confort et la sécurité de la maison de mon enfance. Sauf que nous n’y serons pas en sécurité et la menace ne viendra pas seulement des autres, elle viendra également des survivants citadins qui attaqueront, en premier lieu, les fermes des villages voisins dans l’espoir d’y trouver de la nourriture et un abri à l’écart de cette folie. «A moins que…. » A moins qu’elle ait raison : que nous puissions passer inaperçus dans l’éventualité où la horde frôlerait la voiture. « On peut tenter le coup, mais les clés restent sur le contact » Moteur coupé, cela va de soi, mais si nous devons partir en trombe, il faudra gagner du temps. « Je sais que c’est flippant, Rae. Mais, on n’a pas le choix. » J’insiste autant pour elle que pour moi qui ait du mal à me résigner à quitter le volant. « Derrière ou devant, c’est la mort assurée de toute façon. Autant tenter le tout pour le tout. Prends le couteau de chasse, on ne sait jamais. »

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Je parviens à retrouver, non pas un calme, mais des capacités de réflexion relatives. Évidemment, dans un contexte où mon cœur ne s’emballe pas, je pourrais prendre plus de temps pour penser à un plan plus réfléchi. Seulement, pour l’instant, il s’agit de trouver une solution dans l’urgence ou d’y rester, alors je me confronte mes idées aux siennes sans prendre le temps d’y mettre des pincettes ou d’avancer des arguments développés. Elles reposent sur un élément principal : le faite que ces créatures soient incapables de nous repérer sans nous voir où nous entendre. Si je me trompe, alors je cause notre perte. « On va s’avancer à mi-chemin sur la route. Inutile de rester trop près de l’embranchement. Je n’ai pas l’impression qu’il nous repère à l’odorat non plus. Sinon, ils nous auraient plus vite encerclés au supermarché. C’est le bruit du caddie qui les a attirés. » Je ne vais pas mentir, qu’il confirme penser la même chose me rassure, pourtant je n’ai rien du genre de femme qui a besoin d’être rassurée. « Après, je ne prendrais aucun risque, dans le doute. De toute façon, l’habitacle est hermétique. » C’est vrai, tant que ces choses ne nous voient pas et que nous ne bougeons pas dans ciel, elle devrait nous passer à côté sans nous voir. « Va pour le bas côté, mais je veux rester derrière le volant. A moins que…. » je comprends que, même s’il appuie mes théories, il ne semble pas prêt à se débarrasser de ses certitudes et ceux de son propre plan : il veut démarrer quoi qu’il arrive si elles viennent dans notre direction. Mais ce serait se retrouver sur la route principale et il a dit, nous devons éviter à tout prix. « Je pense qu’il faut choisir soit un plan soit l’autre, pas un mélange des deux par peur de nous tromper… » Autrement dit, essayer de faire un peu des deux pourrait causer notre perte. « Si on choisit de faire confiance à notre instinct, et si on part du principe qu’ils ne peuvent pas nous sentir et qu’ils n’ont pas les capacités de réflexion pour aller nous chercher dans la voiture, il faut mettre toutes les chances de notre côté. Si tu restes à l’avant, ils te verront. » Mettre toutes les chances de notre côté, c’est se cacher à l’arrière, là où il y a le plus de place, sous les couvertures et les valises que nous y avons placées. « Tu l’as dit toi-même, la nationale c’est peut-être même encore plus risqué. » « On peut tenter le coup, mais les clés restent sur le contact. » Tenter le coup, est-ce suivre mon plan, ou le siens ? Se mettre à l’arrière ou à l’avant ? « Je sais que c’est flippant, Rae. Mais, on n’a pas le choix. Derrière ou devant, c’est la mort assurée de toute façon. Autant tenter le tout pour le tout. Prends le couteau de chasse, on ne sait jamais. » J’ai la sensation qu’il est en train de me dire qu’il va me suivre à l’arrière, et mais alors que je fouille mon sac à dos pour trouver mon couteau je souhaite m’en assurer. « Tu me suis alors ? » La horde est encore assez loin pour ne pas avoir aperçu la voiture, pour ne pas nous voir nous glisser à l’arrière. C’est le moment ou jamais, et j’enjambe le siège passager mon couteau à la main. Il ne me sera d’aucune utilité, mais je chasse à cette idée négative.

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Qu’il ne faille pas s’éparpiller ? Très bien ! Qui plus est, je ne suis pas de ceux qui imposent leur idée comme si elle était coulée de force jugée, comme si elle était la seule qui vaille et qui mérite qu’on y accorde de l’attention. En ces temps troublés, il n’existe qu’une seule vérité : nous sommes face à l’étranger, à l’inconnu. Il faut observer et se fier à son instinct. Le mien, il pense à la fuite en cas de pépin. Je suis de nature pessimiste. J’ai dû mal à ne pas envisager tous les cas de figure. Mais, les données sont maigres et je me range à l’avis de Raelyn pour deux raisons. La première, c’est que s’ils nous repèrent à la vue, jamais je ne pourrais cacher ma masse avec le volant pour entrave. Certes, j’aurais pu m’allonger de tout mon long sur les deux sièges et me dissimuler derrière une couverture, mais le problème serait resté identique. Je voulais voir. Je voulais voir la horde se déplacer dans le but d’agir sans être surpris. Je dois néanmoins cracher sur la question à cause de la deuxième raison : Rae me fait confiance. Elle entend mon jugement et je lui rends la pareille dès lors que je n’ai rien de mieux à proposer. Tandis qu’elle récupère le couteau de chasse, je la regarde se glisser à l’arrière avant de me dire que j’aurais du y aller en premier. Elle est plus légère que moi, mais qu’à cela ne tienne. « Tu te mets où ? Sur le tapis de sol ? » Plus je détaille la banquette, plus je me demande comment on va pouvoir s’y prendre pour se cacher sans donner l’impression que deux corps gisent sous les couvertures. Quel est leur degré d’intelligence, à ces autres ? « C’est étroit, je sais pas où me mettre. » Elle m’a soumis une solution et, si j’ai jeté un regard vers la horde avançant, je n’ai rien perdu de ses explications. J’ai simplement analysé que, vu la vitesse de leur progression, il nous restait dix minutes, grand maximum. « Je me mets comme ça ? » Dans cette position somme toute peu confortable ? J’ai un objet qui rentre dans la cuisse et un autre dans le bas du dos. C’est douloureux, mais je serre les dents car, d’instinct, je lui tends la main. Je n’ai pas envie qu’elle se pose à des mètres de moi. Si nous devons mourir, j’aimerais autant ne pas avoir l’impression d’être seul. Ce n’est pas par romantisme, loin de là.

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Si je soutiens mon point de vue, alors que jusqu’ici j’ai sans trop de mal muselé mon égo et ma fierté pour suivre ses directives parce que je savais qu’il pourrait mieux gérer la situation que moi, c’est que cette fois ci je suis sûre de moi. Cela ne m’empêche pas d’être terrifiée, cela ne change pas cette impression que j’ai que je ne vais pas tarder à me liquéfier, mais je suis persuadée que s’ils ne nous voient pas et si rien n’attire leur attention, ils passeront leur chemin. Combien de temps celà prendra ? Combien de temps devrons nous rester là, sans bouger et sans faire un bruit ? Plusieurs minutes ? Une heure ? Nous ne savons pas combien ils sont, ni s’ils sont réellement capable de se mouvoir réellement rapidement.

J’enjambe le fauteuil pour passer à l’arrière, et je l’encourage à me suivre d’un signe de la tête. « Tu te mets où ? Sur le tapis de sol ? » Je hoche la tête doucement. C’est là que cela me semble le mieux, là que nous pourrons nous cacher et même recouvrir le drap de valises. « C’est étroit, je sais pas où me mettre. » « Installe toi en premier, dos contre la portière, pas terre. » Il s’exécute, et moi je braque mes pupilles sur le nuage de poussière alors qu’il le fait. Finalement, quand il est installé, je hoche la tête. « Baisse toi encore un peu, au niveau de de la banquette. » D’ailleurs, j’attrape la tirette qui permet de la reculer au maximum pour nous laisser le plus de place possible. Le confort n’est pas la priorité, mais nous devons l’être assez pour résister à l’envie de bouger. « Je me mets comme ça ? » « Oui, c’est parfait. » Je tire la grosse couverture sur lui, avant de décaler la valise de sorte à ce qu’elle cache en partie le trou dans lequel il s’est niché. A mon tour je me glisse sous la couverture, j'hésite un instant, et quand il me tend la main je me décide. Je l’attrape et vient me mettre dans la même position que lui, mon dos collé contre son torse. Je plie mes jambes contre moi et ramène le drap contre nous. Là, alors qu’il referme ses bras contre moi, je chuchote. « Tu crois qu’ils seront sur nous dans combien de temps ? » Je prends de grands inspirations, en proie à la panique, pour stopper les tremblements de mon corps qui pourraient le trahir. Dans ses bras, son souffle contre mon cou, il m’apaise et j’y parviens. Ce n’est pas trop tôt.

Puisqu’il sont sur nous.

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J’obéis aux ordres comme un parfait petit soldat puisque c’est son idée et que je visualise mal comment nous pourrons caser nos deux corps – quoiqu’elle est petite – dans l’espace exigu entre la baquette arrière et le siège conducteur. Je suis également tendu à l’idée de ne pas pouvoir observer la progression de l’ennemi ainsi caché sous une couverture. Pourtant, je m’installe. Je m’appuie contre l’habitacle, gêné par je ne sais quel objet pointu, et je l’accueille au creux de mes bras. Mes jambes légèrement écartées pour lui offrir de la place, j’ai ramené mes genoux vers moi. Elle, elle est recroquevillée contre mon torse et d’instinct, veillant à ne pas la blesser avec le couteau, j’entoure sa taille et je pose ma tête sur son épaule. Elle respire fort, mal, par saccades. Je contrôle bien mieux la mienne : c’est une question d’entraînement. « Cinq minutes. Peut-être un peu moins maintenant. » ai-je soufflé dans son oreille. C’est un murmure à peine audible et renchéris : « Calme-toi. Concentre-toi sur ma respiration et sur la tienne. » Autrement dit, calque-les. Ces tremblements s’apaiseront d’eux-mêmes et la couverture sera stable ce qui arrangera nos petites affaires. Pour réussir une planque, il faut se fondre dans le décor et si d’aventures, l’une de ses créatures se pressaient contre la vitre, le soubresaut ne passera pas inaperçu. « Ça va mieux ? » me suis-je autorisé sans attendre d’autres réponses qu’un hochement de tête ou un soupir de soulagement. Le dernier somme toute. Les grognements approchent et ils me font froid dans le dos. J’en ai la chair de poule et, une fois encore, je me surprends à adresser des prières à Dieu sait qui pour que ces instants maudits passent aussi vite que possible. Tout s’efface à présent : la douleur et l’inconfort. J’ai des fourmis dans les jambes, mais je m’en contrebalance. Mon instinct de survie supplante ma peur également. Pourtant, lorsqu’un énorme boum secoua la voiture, j’ai écarquillé les yeux. Eviter un hurlement m’a réclamé un effort surhumain que j’ai contrôlé en bâillonnant d’une main la bouche de ma partenaire. S’il manqua de m’échapper de quoi nous faire repérer, je n’ose imaginer combien il lui fut compliqué de le réprimer alors que nous présagions sans doute le pire, tous les deux, nos pensées accordés sur le même diapason. Pourtant, si la carrosserie de ma voiture fut secouée à de nombreuses reprises, d’aucuns de ses monstres n’a tenté d’ouvrir la portière. Ils ne se sont pas non plus acharnés à la remuer, preuve qu’ils nous auraient débusqués. Or, rien n’attestant que le danger est écarté – si ce n’est quelques feulements brisant le silence relatif – je n’ai ni bougé ni prononcé le moindre mot durant les dix longues minutes suivantes. « Attends encore un peu. » ai-je chuchoté aussi bas que possible en la libérant de ma paume. « Et désolé pour ça. »

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Je m’installe là, dans ses bras et le dos collé contre le corps d’Amos, et j’ai l’impression que tout mon corps à moi tremble. Si nous ne voulons pas être repérés, il faut que j’arrive à calmer mes nerfs, il faut que nous soyons parfaitement immobiles et surtout qu’aucun son ne passe la barrière de mes lèvres. Je sais tout ça, mais j’ai l’impression de me battre contre un ennemi invisible, je le sentiment que ma propre angoisse lutte pour prendre le dessus sur tout mon être. « Cinq minutes. Peut-être un peu moins maintenant. » Lui, il a l’air calme, il pose sa tête sur mon épaule et referme ses bras autour de moi. « Calme-toi. Concentre-toi sur ma respiration et sur la tienne. » Je tente d’appliquer ses consignes, je tente de calquer ma respiration sur la sienne et n’écouter plus que ce son là, ses poumons qui inspirent et expirent de l’air à un rythme régulier, puis les miens qui, progressivement, arrivent enfin à en faire de même. « Ça va mieux ? » au terme de longues minutes, je hoche sur la tête.

Et il était moins une, puisque déjà j’entends les grognements qui se rapprochent, j’entends et ressens le tremblement du bitume foulé par une nuée de créatures. Un frisson me parcourt l’échine, et tout mon corps se tend immédiatement. J’ai l’impression de retenir ma respiration pendant de longues minutes, et je ne qu’à l’étreinte d’Amos de ne pas sursauter à chaque fois que l’un d’eux s’approche un peu trop près du véhicule. Lorsqu’un bruit assourdissant nous entoure et que le véhicule se met à trembler, je n’ai pas le temps de hurler que la main de mon compagnon d’infortune se plaque sur mes lèvres. Elle y reste jusqu’à la fin du passage de la horde, notre bulle n’étant rythmée que par les mouvements saccadés de ma poitrine qui se soulève au rythme de ma respiration. Je me demande si mon heure est arrivée, mais au bout d’un temps qui me semble durer une éternité, les sons s’éloignent jusqu’à que nous ne les entendions plus. « Attends encore un peu. » Il chuchote à mon oreille et je me contente de hocher la tête. La main qui lui servait le bâillon, je l’attrape dans la mienne et je la serre dès qu’elle quitte mes lèvres. « Et désolé pour ça. » J’attends encore un peu, pour être certaine que nous sommes tirés d’affaire, avant de lui répondre sans bouger. « T’as pas à t’excuser. » Son réflexion m’a empêché de pousser un hurlement. « Je nous aurais certainement fait remarquer. » Mon corps tremble encore comme une feuille morte, je ne suis pas prête à quitter ses bras.

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Le terrain a l’air dégagé et je suis mal installé. Le moment semblerait tout indiqué pour vérifier, retrouver nos places et éventuellement tuer un éventuel traînard qui rôderait dans le coin. Pourtant, je ne bouge pas, et pas uniquement parce que Raelyn est encore en état de stress. Je le montre différemment qu’elle, mais je n’en mène pas large moi non plus. Elle sert ma main aussi fort et je fais de même, quoique je caresse sa paume de mon pouce. Quant à mon cœur, il bat à une allure folle. Tous les jours, à ce rythme, et il claquera avant mes cinquante ans, si j’arrive jusque là. « Disons que ce n’est pas agréable et que j’ai peut-être appuyé un peu fort. Je crois que j’aurais aimé que quelqu’un ait pu le faire pour moi. » Empêcher un cri de stupeur et de frayeur a considérablement entamé ma bouteille d’énergie. Je sens une fatigue sans nom s’emparer de moi et, malgré l’inconfort, je pourrais m’endormir là. L’adrénaline redescend, le danger est derrière nous… pour le moment…. Mais jamais pour très longtemps. Nous en prenons conscience peu à peu. Alors, je ne l’invite pas d’une pression sur le coude à se relever. Je lui ne propose pas de retrouver sa place côté passager. Mes traits retrouvent leur place au creux de son cou et je respire à pleins poumons l’odeur de sa peau. Il a le parfum de la réalité, c’est comme un avant-goût de paradis. « Je suis content que tu sois coincé avec moi dans cette galère. » ai-je exprimé sans être certain que l’idée de base soit respectée. Ce que j’essaie de lui dire, c’est que j’aurais aimé que tout se passe autrement, mais elle est une partenaire rassurante à sa manière. « Tu as de la suite dans les idées en plus. » En plus d’être belle et attirante en toutes circonstances, ce qui ne gâche rien, mais qui rend certaines situations compliquée puisque je suis incapable de ne pas déposer dans son cou et dans sa nuque, juste là, à portée de lèvres, des baisers délicats. Certes, je ne la drague pas. Comme sa main dans la mienne lui est rassurante, ces délicatesses le sont pour moi. Elles sont comme des friandises, comme le chocolats et sa rondeur dans la bouche et sa saveur chaleureuse. « Va falloir qu’on bouge un peu parce que j’ai un truc qui me rentre dans le dos depuis tout à l’heure, c’est un peu l’enfer. » ai-je admis sans hausser le ton, mais sans bouger pour autant. A l’inverse, je parsème toujours. « Mais si tu te déplaces un tout petit peu sur la droite. On peut attendre encore un peu ». Histoire d’être sûrs, et qu’elle se détende un peu également. « Tu es crispée encore.» Et elle tremble toujours. « C'est bon. Le pis est passé, tu peux souffler.»

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Sa main qui vient me museler - elle m’aura follement excitée dans un contexte différent mais là n’est pas la question - je ne la lui reproche pas, pas une seule seconde. Elle m’a permis de garder mon calme, elle m’a permis de me concentrer sur le rythme des battements de mon coeur. « Disons que ce n’est pas agréable et que j’ai peut-être appuyé un peu fort. Je crois que j’aurais aimé que quelqu’un ait pu le faire pour moi. » « J’aurais hurlé si tu l’avais pas fait. Tu nous sauvé. Je sais pas comment t’as fait pour rester aussi calme. » Pourtant, si j’en crois le rythme des battements de son coeur que je sens à travers son t-shirt et sa respiration dans mon cou, il n’en menait pas large non plus. Je ferme les yeux quelques secondes pour tenter de retrouver mon calme, pour tenter de détendre mon corps. « Je suis content que tu sois coincé avec moi dans cette galère. Tu as de la suite dans les idées en plus. » Ses lèvres qui se déposent dans mon cou et dans ma nuque pour y déposer quelques baiser, je ne les reçois pas comme une tentative de séduction. Nous avons dépassé ce stade là, nous avons cédé face à l’appel du charnel, là il n’ont pour effet que celui certainement escompté, de me calmer, de le calmer aussi peut-être, de nous aider l’un et l’autre à renouer avec la réalité et à chasser la peur. Je me laisse faire, je penche la tête sur le côté et je garde les yeux fermés. Oui, j’ai eu une bonne intuition, mais j’en aurais des mauvaises c’est certain, et lui aussi, nous ne sommes pas préparés pour tout ça.

« Va falloir qu’on bouge un peu parce que j’ai un truc qui me rentre dans le dos depuis tout à l’heure, c’est un peu l’enfer. » Ses lèvres parsèment encore ma peau de baisers, et à regret je rouvre les yeux. « Je suis désolée. » Je l’écrase de mon poids depuis plusieurs minutes, et ma position était assurément plus confortable que la sienne. « Mais si tu te déplaces un tout petit peu sur la droite. On peut attendre encore un peu. » Je hoche la tête et, sans lâcher ses doigts, je m'exécute. Cette nouvelle position me permet de retrouver son regard, et j’accroche mes yeux aux siens. « Tu es crispée encore. C'est bon. Le pis est passé, tu peux souffler. » Je réalise que je lui broie les doigts, alors je les lâche brusquement. « Désolée... » Je ferme les yeux un instant fugace, le temps de prendre une inspiration. « Je sais, j’ai juste du mal à me calmer, c’est dingue ce qu’il vient de se passer… Si je m’étais trompée... » On serait tous les deux morts. On a joué notre vie sur un pari, et le fait que nous soyons à présent obligés de fonctionner comme ça me fait peur. « Ça va mieux. » Sa main vient s’accrocher dans mon cou et je baisse la tête en m’appliquant à maîtriser ma respiration. « Et je suis contente aussi d’être coincée là dedans avec toi. » Il a de la ressource et son entraînement de militaires qui l’aident à garder la tête froide, bien plus que moi qui était pourtant connue pour cette qualité.

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Je me pose la question moi aussi. Alors, j’ai ri discrètement. J’ai toujours sur que j’avais cette faculté innée de me détacher de mes propres émotions. J’en fais abstraction dès lors qu’elle m’oppresse tant je redoute l’angoisse et ses compétences. En revanche, j’ignorais que j’étais capable d’un tel sang-froid. Il relève presque de l’exploit. « Je me le demande aussi. C’est dire comme j’ai envie de vivre. » Et, ça non plus, après la mort de Sofia, ça ne m’a pas sauté aux yeux. Comme quoi, en cherchant bien, on trouve du bon dans ce genre de catastrophe que nul n’aurait pu imaginer si ce n’est les complotistes et les survivalistes. Je n’étais ni l’un ni l’autre et Raelyn non plus. Nous avons tous deux, dès à présent, besoin d’apaiser nos cœurs battant tambour et je me fie à la seule méthode qu’elle m’inspire à travers quelques baisers. Ils me détendent peu à peu, assez pour que je tire de notre expérience du jour un enseignement : il y aura toujours plus d’idées dans nos deux têtes que dans la mienne. La communication, même si c’est compliqué pour moi, contribuera à notre survie. Alors, oui, je suis contente qu’elle soit avec moi et je l’avoue sans fard. Je n’attends pas de réponse ou de réciproque. Je partage une émotion parce que certaines ne méritent pas d’être tues. Je partage également mon inconfort à deux reprises et, si de la première, j’ai enfin le droit à un accès à ses yeux dans lesquels je plonge les miens, je récupère sa main qu’elle a ôtée de peur de me briser les doigts. « C’est bon. Il n’y a pas de mal. Tu peux la laisser là. » Sauf si elle n’en a pas envie, auquel cas, je la libérerai sans m’offusquer. « Vaut mieux pas sortir de là tant qu’on sera pas tout à fait calme, parce que s’il y a un ou deux retardataires, je suis pas sûr qu’on saura faire ce qu’il faut. » C'est-à-dire agir vite, bien, sans paniquer et sans prendre de risque. « Fais pas ça. Mets pas des si partout. Si je m’étais trompé plus tôt, on sera déjà morts. Il semblerait qu’à nous deux, nous avons ce qu’il faut pour résister et on va le faire ensemble. » Puisqu’elle ne regrette pas non plus le partenaire que lui a choisi le sort. « Tu sais que ce genre position, en d’autres circonstances, ça aurait pu m’échauffer. » ai-je ajouté, à nouveau sans mauvaise intention, mais dans l’espoir de la voir sourire. Car, par position, il faut entendre celles de nos corps et cette peur indicible qui à fait grimpé notre taux d’adrénaline à son comble. « Blague à part, je présume qu’on peut reprendre le plan là où on l’a laissé maintenant. On s’est évité la nationale. » Grâce à ce que j’appellerais un véritable travail d’équipe et son éclair de génie. « On sait aussi que la voiture les empêche de nous sentir, qu'ils sont pas bien malins, même si on s'en doutait déjà et qu'il faut toujours garder un espace dans la voiture pour nous planquer. C’est plutôt rassurant pour la suite. On avance.» Des hordes, nous en croiserons d’autres et plus souvent qu’à notre tour.

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Je sais qu’il vient de nous sauver la vie en ayant la présence d’esprit de me museler quelques minutes plus tôt. D’où lui est venu ce réflexe salvateur ? Qu’il ait su qu’il y avait un risque que je hurle n’est pas surprenant, mais il a réagit avec une vivacité étonnante, il a eu le temps de me bâillonner avant que le hurlement ne passe la barrière de mes lèvres. « Je me le demande aussi. C’est dire comme j’ai envie de vivre. » Moi aussi, mais je n’ai pas son self control dans des situations qui sont à ce point anxiogènes.

Moi, je n’ai pas cette qualité, pas alors que nous vivons quelque chose qui dépasse l’entendement, et les baisers qu’il dépose dans mon cou, ses lèvres qui se posent sur ma peau, tout ça aide à me ramener peu à peu avec lui. Mon corps reste tendu, mais progressivement mes tremblements passent et me mâchoire elle se décontracte. Je me décale pour qu’il soit mieux installé, et pour pouvoir plonger les yeux dans les siens. « C’est bon. Il n’y a pas de mal. Tu peux la laisser là. » Je n’ai pas l’intention de le lâcher de toute façon, pas tout de suite, pas tant que je ne suis pas revenue à un état plus calme. « Me lache pas. » Pas tout de suite. « Vaut mieux pas sortir de là tant qu’on sera pas tout à fait calme, parce que s’il y a un ou deux retardataires, je suis pas sûr qu’on saura faire ce qu’il faut. » Je laisse échapper un rire nerveux. « J’ai l’impression d’être invincible. » Je sais qu’il s’agit des effets de l’adrénaline, je ne suis pas idiote. « Mais non, on bouge pas. »

« Fais pas ça. Mets pas des si partout. Si je m’étais trompé plus tôt, on serait déjà morts. Il semblerait qu’à nous deux, nous avons ce qu’il faut pour résister et on va le faire ensemble. » Je hoche la tête gravement. Je suis qu’il a raison, que nous ne pouvons pas remettre en question tous nos choix, mais je ne peux m’empêcher de penser au nombre de fois où nous avons risqué notre vie en quarante huit heures. « Tu sais que ce genre position, en d’autres circonstances, ça aurait pu m’échauffer. » Moi aussi, et si nous ne venions pas de vivre une expérience de mort imminente, ou presque, j’aurais fondu sur ses lèvres. « Je vois vraiment pas pourquoi. » Un sourire mutin étire mes lèvres : notre proximité, ses baisers chauds, nos chuchotements, évidemment sur cette proximité donne des idées. « Blague à part, je présume qu’on peut reprendre le plan là où on l’a laissé maintenant. On s’est évité la nationale. » Je hoche la tête doucement. « On sait aussi que la voiture les empêche de nous sentir, qu'ils sont pas bien malins, même si on s'en doutait déjà et qu'il faut toujours garder un espace dans la voiture pour nous planquer. C’est plutôt rassurant pour la suite. On avance. » Que la voiture les en empêche ou qu’ils n’ont pas un odorat si développé que ça. « Oui, mais je ne sait pas à quel point ils ont de la mémoire, que se serait-il passé s’ils avaient vu la voiture plus tôt ? Tu crois qu’ils nous auraient pris en chasse ? Je suis bien, cachée avec nous, je redoute les prochaines minutes où nous devrons sortir à la surface.

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Je ne le ferai pas. Je ne lâcherai pas sa main, ni maintenant de manière effective, ni plus tard de façon plus symbolique. Je ne prétends pas lorsque j’avoue être vernis d’avoir une telle partenaire. Je le pense sincèrement et, dans les faits, j’ai davantage espoir pour la suite. Je ne nous imagine plus pris en tenaille par l’une de ses créatures sans que ni elle ni moi ne parviennent à trouver la solution, la seule, cette clé qui fera la part belle à leur guet-apens involontaire et inconscient. Moi, ça me réconforte et je me calme un rien plus vite qu’elle, aidé par la chaleur de son corps contre mon torse, la pression de ses doigts sur les miens et ces quelques traits d’humour. « Invincible, carrément ? » Nous chuchotons toujours puisqu’il n’est aucun risque à prendre, mais réprimer un éclat de rire n’est pas évident. « Moi, je me sens surtout lessivé. » Et habité par une cruelle envie d’un bon verre d’alcool et d’une sieste, une sieste crapuleuse, près d’elle peut¬-être, sans doute, nous sommes la planche de salut de l’autre, celle qui nous évitera de sombrer dans la folie lors des instants les plus difficile, un de ceux là, car ils seront bientôt monnaie courante. En attendant, je fais mine de badiner et elle répond de ce sourire qui a le don de me séduire. C’est celui qu’elle me sert quand elle joue au innocente, celui qui allumerait facilement la mèche à mes hypothèses si je n’étais pas encore secoué. « Me cherche pas, Blackwell. » l’ai-je alors taquiné, le sourcil en accent circonflexe et une grimace sur mes lèvres en parfait miroir de la sienne. Je reviens rapidement à l’enjeu cependant. Il y avait des déductions à tirer de notre aventure et je les ai dénombrées avec sagesse. « Je pense qu’ils n’en ont pas. » Je jetterais ma carcasse au feu qu’elle ne brûlerait pas. « Ils n’ont pas l’air de se reconnaître entre eux déjà. Ma mère ne m’a pas reconnu et n’a pas reconnu mon père. Et lui non plus, il n’a pas fait de lien entre lui et moi. » A cette évocation, la première aussi franche depuis les faits, j’ai soupiré de dépit. « Je pense qu’ils ne savent même plus ce qu’est une voiture. La mémoire, c’est pas leur priorité. Manger, il n’y a que ça qui compte. » Et Dieu que je regrette qu’il s’agisse là de la dernière image que je garderai de mes parents si je ne m’emploie pas à la chasser : des babines retroussées sur des crocs presque inhumains. « Non, je pense qu’ils sont vraiment bêtes. Le seul danger, c’est leur nombre… mais on peut faire la différence. » Parce que nos cerveaux sont en état de marche. Une dernière fois, j’ai respiré l’odeur de sa peau avant de renchérir : « Tu me dis quand tu es prête, qu’on passe la tête super discrètement. On a l’avantage d’être encore à l’abri et on a le couteau. » Seule raison de sa présence, juste là, coincé entre ma cuisse et le siège à l’avant.

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« Invincible, carrément ? Moi, je me sens surtout lessivé. » Je ne plaisante qu’à moitié. Mes membres ne trembleraient pas encore que j’attraperait son visage entre mes mains pour plaquer un baiser sur ses lèvres, que je sortirais affronter ces créatures et je ne sais quoi d’autre. Est-ce ça, l’effet que l’adrénaline produit ? Quand s’estompera-t-il ? Est-ce ça qui le pousse à me chercher, qui me pousse à lui répondre ? Ou bien ce minauderies ne sont-elles que la suite logique de ce que nous avons concrétisé ce matin ? Qu’adviendra-t-il de notre attirance lorsque nous serons couverts de sang de zombies, sur la route depuis des jours sans pouvoir nous tremper dans la moindre étendue d’eau ? « Me cherche pas, Blackwell. » En tout cas il reste quelque chose, ça se lit dans ses yeux, et je réponds la même chose avec les miens.

Mais il est encore trop tôt, la situation est trop tordue pour que nous vienne à l’un ou à l’autre l’envie de passer à l’acte et de poursuivre nos provocations. Au contraire, nous revenons rapidement à des préoccupations plus concrètes. « Je pense qu’ils n’en ont pas. Ils n’ont pas l’air de se reconnaître entre eux déjà. Ma mère ne m’a pas reconnu et n’a pas reconnu mon père. Et lui non plus, il n’a pas fait de lien entre lui et moi. » Je hoche la tête. La il s’agit de l’histoire de la personne, de leur mémoire du vivant. Mais s’ils nous avaient vu prendre la fuite dans la voiture quelques minutes avant, nous auraient-ils reconnus ? Je n’insisite pas, par peur d’effleurer un sujet sensible. « Je pense qu’ils ne savent même plus ce qu’est une voiture. La mémoire, c’est pas leur priorité. Manger, il n’y a que ça qui compte. » Je hoche la tête, notant simplement dans un coin de mon esprit d’être prudente à l’avenir. « Non, je pense qu’ils sont vraiment bêtes. Le seul danger, c’est leur nombre… mais on peut faire la différence. » J’aimerais être aussi optimiste que lui mais, à chaque rencontre, nous n’avons dû qu’à une chance insolente de nous en sortir. « Tu me dis quand tu es prête, qu’on passe la tête super discrètement. On a l’avantage d’être encore à l’abri et on a le couteau. » Je serre encore un peu sa main dans la mienne, je puise même un peu de courage dans un baiser que je dépose au coin de ses lèvres, avant de planter mes yeux dans les siens. « Allez. On y va. Ca fait au moins dix minutes qu’on entend plus aucun bruit. » Je prends une inspiration avant de soulever le drap et de relever la tête. « Y’a personne. » Je pousse doucement la valise pour dégager Amos de là, avant de me glisser sur le siège passager pour lui laisser un peu de place. « Tu penses rouler combien d’heures aujourd’hui ? Tu veux que je repère des endroits où nous arrêter pour la nuit ? » Dans la voiture ? Des maisons ou des commerces abandonnés ? A l’écart des villes ou le contraire?

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Je ne suis pas certain d’avoir réussi à la convaincre, mais ce n’est pas bien grave. Après un événement comme celui-ci, un au cours duquel nous avons bien failli y passer, je suis obligé de contrarier ma nature pessimiste au profit du contraire. Je crois en nos chances parce qu’elle n’a justement rien à voir la dedans. Personne ne peut accumuler autant de veine en si peu de temps. Dans une autre position, à l’abri derrière le volant de la voiture et elle, à sa place, à côté de moi, peut-être aurions-nous échangé nos points de vue. Sur l’heure, nous commençons seulement à redescendre de ce shoot d’adrénaline. Je me contente donc de noter dans un coin de ma tête d’en reparler, peut-être même de tester nos différentes hypothèses si, d’aventures, nous ne croisions qu’une seule de ses choses. Celle du jour concernait leur mémoire et j’ai ajouté, alors qu’elle n’a elle-même rétorqué : « Je propose qu’on parte du principe qu’ils peuvent. » Nous reconnaître et nous chasser comme des lapins. « Comme ça, on pourra éviter les mauvaises surprises. » En prévoyant le pire quand c’est nécessaire. En attendant ce jour – que je n’espérais pas – je l’ai invitée à se manifester quand elle se prête à ce que nous nous remettions en route. Elle se décida au terme d’un baiser léger au coin de mes lèvres qui, celui-ci, m’a surpris. Que voulait-il dire ? Qu’elle m’était reconnaissante ? De quoi ? Elle a tout fait cette fois. Etait-ce donc son moyen de souligner qu’elle n’en avait pas fini avec moi ? Que fin du monde ou non, l’épisode de ce matin n’était qu’un pilote ? Qu’il y avait toute une saison à écrire ? L’idée m’a autant amusé qu’intrigué, mais je n’ai pas pipé mot. Je lui ai souri, simplement, appréciant que nous soyons seuls. J’ai quitté le véhicule et j’ai plié mes genoux à plusieurs reprises pour me dégourdir les jambes. Ça m’a semblé une éternité que ces quelques minutes terrés comme des rats à l’arrière de la voiture. « Je ne sais pas. Jusqu’à ce que la nuit tombe. Autant j’ai insisté hier pour rouler de nuits autant tout de suite, je suis plus certain que ça soit une bonne idée. On ne les aurait jamais vu sinon. » Et inutile de préciser comment cette histoire ce serait terminée. « Donc oui, tu peux regarder. » ai-je conclu en retrouvant ma place derrière le volant. «D’après ce qu’il reste d’essence, il faudra faire le plein d’ici une heure… » Et ça ne m’enchante guère que de m’arrêter. Je ne suis pas certain d’avoir envie de prendre le risque de croiser encore l’un de ses autres. « Dans l’idéal, un endroit avec des escaliers, ça serait le top » Que nous puissions nous bercer de l’illusion d’être en sécurité.

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- premiers jours de l'épidémie

Je sais que nous devons nous accrocher au semblant d’espoir et de positivité qu’il nous reste, mais j’ai peur qu’à trop essayer de voir le rayon de soleil dans cette situation nous devenions imprudents. « Je propose qu’on parte du principe qu’ils peuvent. » J’aime cette assertion, alors je hoche la tête simplement. « Comme ça, on pourra éviter les mauvaises surprises. » J’esquisse un sourire, plus triste que réellement joyeux mais compte tenu des circonstance cela n’a rien de surprenant, avant de conclure. « Je pense que c’est la meilleur façon d’éviter les ennuis. » Trop se méfier me semble plus à propos à présent. Et ce n’est pas que mon naturel méfiant qui s’exprime.

Je vole un baiser, pas réellement sur ses lèvres mais en leur coin, à Amos, avant de me redresser. Contrairement à lui je ne fait pas le tour par l’extérieur. J’ai envie d’air et je réalise à quel point j’ai suffoqué sous cette couverture, mais je n’ai pas envie de m’aventurer dehors, pas ici, pas tout de suite. Et s’il y en avait un sous la voiture qui se saisissait de l’une de nos jambes ? J’ai l’impression d’être une enfant qui craindrait un monstre sous son lit. Quand il repasse derrière le volant et qu’il démarre, je propose de commencer à placer nos différents points d’étapes. « Je ne sais pas. Jusqu’à ce que la nuit tombe. Autant j’ai insisté hier pour rouler de nuits autant tout de suite, je suis plus certain que ça soit une bonne idée. On ne les aurait jamais vu sinon. Donc oui, tu peux regarder. » J’attrape mon sac à dos laissé au pied du siège passager pour en tirer la carte du pays, avant de la déplier sur mes genoux et de me concentrer dessus. Je ne suis pas encore rompue au déchiffrage de ces étranges légendes, mais cela n’a rien de bien sorcier. « D’après ce qu’il reste d’essence, il faudra faire le plein d’ici une heure… » « Y’a trois villages pas loin. Je pensais les éviter mais c’est peut-être plus prudent que de chercher de l’essence dans des endroits plus grands non ? » Des pompes à essence, il y a aura partout, et même si elles sont vides nous avons tout d’abord besoin d’un tuyau en caoutchouc pour envisager de siphonner d’autres réservoirs. « Dans l’idéal, un endroit avec des escaliers, ça serait le top. » « Je suis pas sûre que ce soit écrit sur la carte ça. » A moins qu’il envisage de dormir dans des sites touristiques ou des mairie ou offices de tourisme. Et encore, plus nous nous enfonçons dans les terres, plus nous allons trouver de modestes infrastructures en lieu et place de ce type d’établissement. « Une maison ? Un bar ? Un magasin abandonné ? Une ferme ou quelque chose de plus à l’écart ? » J’ignore ce que nous trouverons en pénétrant dans les villes. Il est trop tôt pour qu’elles soient totalement abandonnées non ? A partir de là, ne conviendrait-il pas de les éviter ?

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