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Amelyn - dimension zombie- Chapter #1
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Les petites pompes à essence avaient sans doute été dévastées. Nous aurons de la chance si les réservoirs sont assez pleins que pour remplir celui de la voiture. Mais, je suis d’accord avec elle. Je pars du principe que plus nous traînerons dans les endroits les moins fréquentés, plus nous assurerons notre survie. Et, quand bien même, il nous est toujours possible de siphonner. Nous aurons le matériel adéquat. Nous avons déjà des jerricanes, deux ou trois, pleines à craquer. C’est une pomme pour la soif non négligeable et, mon côté prudent, estime qu’il faudra toujours veiller à ce qu’ils soit pourvu en carburant. « Quelle superficie, les villages ? Plus ou moins ? » ai-je demandé pour me faire une idée du nombres de survivants potentiels (quoiqu’ils ont certainement désertés) et la possibilité de croiser une nouvelle horde. Je n’y survivrais pas, psychologiquement, si j’en croisais une seconde, même si nous semblons détenir la parade. Je ne plaisantais pas plus tôt. Je suis épuisé. Maîtriser ses émotions réclame une énergie considérable. Alors, je me projette vers un bon lit. Je rêve éveillé sans doute, mais je partage mon besoin de sécurité, sans trop réfléchir, passant du coq à l’âne. Evidemment, j’ai ri aux éclats, parce que c’était permis et qu’il y avait quelque chose de cocasse à la scène. Elle, scrutant sa carte en quête des noms des villages les plus proches. Moi, qui me projette sur l’endroit où nous pourrons passer la nuit. Ça donne une remarque à laquelle je n’entends pas grand-chose au départ, jusqu’à ce que tout s’éclaire. « Oui, non mais je me doute. Je sais lire une carte. » Je me suis surtout projeté pour me préparer à l’idée que je vais investir la maison et peut-être même une chambre à coucher qui n’est pas mienne. C’est une étape psychologique importante que d’avoir l’impression d’être des intrus, des usurpateurs de biens. « De toute façon, faut qu’on se prépare à faire le ménage. » Elle s’en doute, c’est l’évidence, mais prononcer à voix haute, c’est une façon de rester au taquet. « Une ferme à l’écart, c’est une bonne idée. En plus, on pourrait y trouver des trucs sympas. » De quoi compléter notre matos. « Tant que j’ai l’impression d’être en sécurité. L’impression seulement. » Je me méfie moins des autres que de ceux, pensant, qui nous attaqueraient pour récupérer nos bien. « Même si je t’avoue que dans le fond, je ne suis pas certain d’avoir envie de laisser la bagnole et nos butins à la vue de tous ceux qui pourraient désirer ce qu’on a. » Tôt ou tard, nous croiserons des ennemis potentiels plus que des alliés. L’homme est un loup pour l’homme, c’est bien connu.

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Nous n’étions pas préparé à faire face à ce genre de choses, devoir prendre la fuite en voiture sans savoir où aller, sans savoir où nous dormirons la nuit, et sans savoir combien de survivant reste-t-il. De mon côté, peu fan de science-fiction et tout genre de folklore, mes connaissances en matière de morts-vivant sont même particulièrement limitées. Je n’ai dû qu’à un peu de lucidité d’avoir raison précédemment, mais je n’aurai pas cette chance tout au long de notre cavale. Alors, plongée sur ma carte, je tente de me préparer du mieux possible et, je crois, surtout de me changer les idées. « Quelle superficie, les villages ? Plus ou moins ? » Je dois bien admettre qu’en terme de lecture de carte, mes compétences s’arrêtent là. « J’en sais rien, mais plus on va aller à l’ouest, plus ce sera compliqué de trouver une ville digne de ce nom. » Cette fois-ci je parle d’expérience, ce trajet là je l’ai déjà fait dans l’autre sens il y a eu quinze ans. « De toute façon, faut qu’on se prépare à faire le ménage. » Je n’ai pas besoin de traduction pour comprendre ce que “faire le ménage” veut dire : il pense que où que nous allions nous tomberons sur ces créatures. Et je n’arrive pas à jouer le rôle de l’optimiste qui le rassurera et contredira ses propos. « Une ferme à l’écart, c’est une bonne idée. En plus, on pourrait y trouver des trucs sympas. Tant que j’ai l’impression d’être en sécurité. L’impression seulement. » « Et si tout le monde a la même idée que nous ? » D’instinct, nous cherchons des endroits reculés, pourquoi on serait-il différents pour le reste de la population ? Durant les premiers jours, voir les premières semaines, n’avons-nous pas tout intérêt à éviter éviter ces endroits trop évidents, à dormir dans la voiture ou dans des endroits désaffectée, ou des usines vides ? « Même si je t’avoue que dans le fond, je ne suis pas certain d’avoir envie de laisser la bagnole et nos butins à la vue de tous ceux qui pourraient désirer ce qu’on a. » Je suis d’accord avec lui, à partir d’aujourd’hui il faut considérer que tout ce qui se trouve dans cette voiture est ce que nous avons de plus précieux au monde. « Et si on dormait dedans, au moins au début ? » Je lâche ma carte des yeux un instant pour les relever vers lui. « Comme ça on pourra la garer où on veut, dans des endroits où il y a peu de chances qu’il y ait du passage. » … Et attendre que les survivants soit de plus en plus rares pour réinvestir les maisons. C’est la suite logique de ma phrase, mais je n’ose pas la prononcer.

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« Oui ! ça ne m’étonne pas. » Et, dans les faits, ça ne me dérange ni ne m’inquiète. Il y a toujours des stations essences le long des nationales et des routes de campagne et, dans l’absolu, il traînera toujours quelques réservoirs de voiture à siphonner. Mais, jusqu’à quand ? Jusqu’où comptons-nous aller comme ça ? Quand viendra le moment où nous serons quasiment seuls au monde et avec peu de ressources ? « S’éloigner, c’est bien, mais il ne faut pas oublier qu’un jour ou l’autre, il faudra recharger nos stocks. » Peut-être que d’ici là, nous aurons trouvé un coin tranquille qui nous servira d’abri, un endroit qui ressemblera à un havre de paix et que l’on barricadera. Je rêve ? Sans doute. Est-ce grave ? Et pourquoi ? Que l’ont me targue d’être naïf, j’aimerais croire qu’il est possible de reconstruire quelque chose de solide sur ces terres en ruine. Au contraire, à quoi bon vivre finalement ? « C’est ce que je crains oui. » Que tous se dirigent vers les endroits isolés. Dans ces conditions, nous deviendrons des cibles de choix, des cibles dans le viseur des envieux et je le confie. Je choisis mes mots pour ne pas l’alarmer, mais la précaution est inutile. Elle entend et propose de dormir dans la voiture. Son idée rencontre la mienne même si je suis déçu de renoncer au confort d’un lit. Faudra que j’apprenne. « Je suis plutôt d’accord. Et à mon avis, il faudra organiser des tours de garde pour ne pas être surpris par Dieu sait quoi ? » Quelques monstres, nous saurons y faire. Tenu en joue par l’un de nos congénères ne serait pas la même surprise et, à choisir, j’aimerais autant voir venir. « D’ici quelques temps, la vague sera passée je présume. » Toutes les vagues, y compris les hordes. « A ton avis, où allait-elle ? Vers la nationale ? » Elles ont bifurqué pour nous frôler. Elles n’ont pas bifurqué pour aller tout droit et, d’instinct, j’en ai déduis qu’il y avait pour elle de quoi se nourrir dans leur direction, mais comment se sont-elles orientées ? « Il y a quand même un truc qui ne colle pas. » En revanche, ce qui me colle bien à la peau, c’est l’envie d’une clope. Je me retiens et me rabats sur la bouteille de vin que nous n’avons pas encore terminée. J’en ai bu une rasade et je la lui ai tendue. « J’ai bien fait de remplir le coffre, à mon avis, on aura souvent besoin d’un remontant. » Moins plus qu’elle… quoique !

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« S’éloigner, c’est bien, mais il ne faut pas oublier qu’un jour ou l’autre, il faudra recharger nos stocks. » Peut-être, mais mon espoir maintenant que la population a et va continuer à chuter drastiquement, c’est que les ressources que nous pourrons trouver dans les coins les plus reculés seront suffisantes. Les réserves d’un petit village de 300 habitants peuvent bien en nourrir deux non ? « On a de quoi tenir combien de temps à ton avis dans le coffre ? » Plusieurs semaines c’est sure, nous avons pris tous les sachets de pâtes et de riz disponibles et autres conserves, mais combien ? Plusieurs mois ? « C’est ce que je crains oui. » comment arriverons-nous à fermer l’œil si nous ne pouvons être sûrs que nous sommes en sécurité ? Et dans quel état d’esprit sont les autres survivants ? Sont-ils encore civilisé est paniqué ou ont-ils déjà versé dans la violence ? « Je suis plutôt d’accord. Et à mon avis, il faudra organiser des tours de garde pour ne pas être surpris par Dieu sait quoi ? » Je fronce les sourcils. L’idée ne me plaît pas plus que ça mais je sais qu’elle est bonne et je sais que c’est son passé de militaires qu’il a lui souffle. Mais nous ne sommes que deux et organiser des tours de garde, cela veut aussi dire dormir deux fois moins de temps, et rapidement nous serons épuisé. Cela fonctionnera dans les débuts, mais il faudra rapidement trouver des endroits sûrs où dormir. « D’ici quelques temps, la vague sera passée je présume. » Et qu’est-ce que cela veut dire ? « Et ils seront encore plus nombreux… » Plus le nombre de vivants diminue, plus le leur augmente, et j’ai l’impression qu’il est compliqué d’en venir à bout surtout s’ils se déplacent en nombre. « A ton avis, où allait-elle ? Vers la nationale ? » « ils avaient plutôt l’air d’errer sans but. » Je n’ai pas eu l’impression qu’ils cherchaient à s’orienter vers un endroit en particulier. Mais peut-être que je me trompe ? Peut-être qu’il a compris quelque chose qui m’a échappé ? « Il y a quand même un truc qui ne colle pas. » Je fronce les sourcils. « Comment ça ? » en réalité il y en a plein des trucs qui ne collent pas, à commencer par le pourquoi du comment les morts se relèvent pour dévorer les vivants. « J’ai bien fait de remplir le coffre, à mon avis, on aura souvent besoin d’un remontant. » J’attrape la bouteille qu’il me tend, avant de me faire silencieusement la réflexion qu’il nous faudra tout de même garder la tête froide et éviter de boire comme lui et moi nous en avions l’habitude.

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« Difficile à dire. Un moment si on se rationne et qu’on évite le gaspillage. » Ce qui va sans dire. Cela nous permettrait de voir venir, de nous dégoter un endroit à l’écart, mais néanmoins sécurité où nous installer de manière plus durable. La vie de nomade est intéressante, mais l’homme est depuis longtemps un sédentaire aguerri et j’ai beau avoir beaucoup voyagé, j’ai besoin de savoir que j’ai un pied à terre, quelque part, qui m’accueillera toujours après quelque expédition. Autant dire que nous ne tiendrons pas longtemps en dormant quelques heures par nuit, dans les seules positions inconfortables que nous offrira la voiture. C’est étroit et, qui plus est, elle est remplie des seules richesses qui vaillent pour l’Homme désormais. Elle ne s’y oppose pas, Raelyn. Elle est raisonnable. Elle sait qu’il nous faudra veiller à ce que rien ne se perde ou ne soit dérobé. Quand rencontrerons-nous d’autres êtres humains ? Et comment nous accueilleront-ils ? Nous proposeront-ils une alliance ? Devrons-nous leur faire confiance ? Personnellement, j’en doute. J’ai vu, à l’armée, des soldats se muer en animaux face au danger. Il n’est, dans ces conditions, plus de bienveillance, d’empathie ou de générosité qui tiennent malheureusement. Quant aux autres, ils seront, en effet, beaucoup de plus nombreux. « De plus en plus. » ai-je ponctué l’air aussi discret que grave. « Mais ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. » Est-il seulement bon d’aborder maintenant ce qui me chiffonne alors que nous nous remettons à peine de cette rencontre avec la horde. Où allait-elle ? Ma curiosité me pousse à partager ma question, comme si ma passagère la détenait. « Dans ce cas, pourquoi ont-ils bifurqué ? Pourquoi n’ont-ils pas continué tout droit ? » lui ai-je rétorqué véritablement interrogatif et soucieux. « Quel animal erre sans but quand il a faim ? » Se réunissent-ils, par instinct, là où la chair est fraîche ? Anormalement inquiet, j’avale une rasade de vin, tends la bouteille à Raelyn et je m’enfonce à nouveau dans mes pensées. « Tu sais quoi. Une chose à la fois. » ai-je statué au terme d’une longue minute de silence. « Il faut que je me concentre sur des petits objectifs. » L’avenir est trop incertain. « Prochain village. » Autrement dit, pompe à essence. « Dans combien de kilomètres encore ? » Suis-je bel et bien sur la bonne route ? « Et, accessoirement, il faudra peut-être qu’on pense à manger avant de tomber là. » L’adrénaline et la peur, ça creuse et ça fait des heures que nous roulons à présent… Du moins, je crois.

(#)Mar 1 Sep 2020 - 0:15

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« Difficile à dire. Un moment si on se rationne et qu’on évite le gaspillage. » Je hoche la tête. A observer mon mode de vie on pourrait penser que je ne suis pas le genre de personne qui soit capable de le faire, se rationner, éviter de surconsommer, mais je n’ai pas toujours vécu en haut de ma tour de cristal et je réalise que la peur sera bien plus difficile à affronter qu’un quelconque manque de confort et d’opulence. J’ai beau dormir dans des draps de satin depuis plus de dix ans, j’ai la peau dure, et Amos le comprendra rapidement. « De plus en plus. Mais ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. » J’ai du mal à voir ce qu’il y a de plus inquiétant qu’une bande de morts vivants sans cervelle qui cherche à nous tuer, qu’ils prennent les traits d’inconnus ou d’individus dont nous étions autrefois proches. « Dans ce cas, pourquoi ont-ils bifurqué ? Pourquoi n’ont-ils pas continué tout droit ? Quel animal erre sans but quand il a faim ? » Je fronce les sourcils. « J’ai du mal à croire qu’ils soient dotés de réflexion. Ils auraient su que la voiture ne pouvait pas être arrivée toute seule sur le bas côté au beau milieu de nulle part. » Ils auraient cherché à la fouiller, à voir si quelqu’un ne se cachait pas dedans. « Tu crois qu’ils seraient dôtés d’une sorte d’instinct ? Ou qu’ils nous sentent d’aussi loin et se dirigent vers les villes ? » Vers les zones où la concentration d’habitants est la plus importante ? « Tu sais quoi. Une chose à la fois. Il faut que je me concentre sur des petits objectifs. Prochain village. » Cette façon de faire me convient, si bien que je hoche la tête avant de reposer mon attention sur la carte. Je lui indique les villages environnants, consciente que trouver de l’essence va vite devenir une question de survie. « Et, accessoirement, il faudra peut-être qu’on pense à manger avant de tomber là. » Je jette un coup d’oeil en arrière en direction de nos provisions avant de me concentrer à nouveau sur mon… Sur mon quoi ? Partenaire d’infortune ? Mon ami ? Mon amant ? ll devient difficile de savoir comment le nommer. « Tu sais quoi ? On va essayer de trouver une station service et de voir s’ils ont des sandwichs, quelque chose de frais. On ne tapera dans les provisions qu’en cas de nécessité. » Et de toute façon il faut qu’on fasse le plein. Heureusement, la chance semble être de notre côté et rapidement les panneau indiquant une station essence se détachent, et alors que nous nous garons à côté d’une pompe sur la station déserte, je jette un coup d’oeil au brun. « On fait comment ? Tu veux que j’aille voir ? » Mon instinct me souffle qu’à partir de maintenant, nous ferions mieux de ne plus jamais nous séparer.

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Le comportement de ces créatures me pose question et je réalise que, si j’ai des réflexes prompts à la survie, si ces derniers nous seront utiles, l’ennemi reste aussi imprévisible que ceux que j’affrontais d’antan. Qu’il s’agisse de mes semblables ou des mines, il était difficile de prévenir la réaction des premiers et la sensibilité des secondes. « Moi non plus. » Comme elle, je ne qualifierais pas ce qui les anime d’intelligence, mais plutôt d’instinct et je le précise sans l’exprimer clairement. C’est elle qui s’emploie au travail de traduction et je hoche de la tête, sourcils froncés, signe de tracas. « Ce n’est pas impossible en tout cas et ça ne fait que me confirmer qu’on a raison de s’isoler. » Là où nous pourrons peut-être, à condition que mon raisonnement soit le bon, évitez d’être à nouveau confronter à cette vision d’horreur. En attendant, je considère que nous gagnerons du temps à ne pas nous éparpiller. La nuit approchant bien assez vite et, avec elle, l’heure sera venue de réfléchir. Un cible à la fois et, à l’heure qu’il est, il s’agit de nous trouver un abri, de faire le plein d’essence et de manger. « Va pour l’idée. » Particulièrement bonne. Je doute que le frais ait déjà été dévasté… « Guide-moi. » Et elle l’a fait sans broncher. Elle s’est montrée efficace, ma partenaire de galère. Elle a même respecté mon long silence, signe que j’ai faim et que les circonstances me tendent assez pour que je retombe dans mes travers. Plus d’humour. Pas de provocations. Pas de conversations autour de ce que nous avons été il y a moins d’une semaine et de ce que nous sommes aujourd’hui d’indéfinissable, d’indicible peut-être. Je ne m’en soucie pas pour l’instant. Je suis concentré, au même titre qu’elle, car la jauge diminue et que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Arrivés sur place, j’ai jeté un coup d’œil circulaire autour de moi. C’est désert. Il n’y a ni âme ni voiture suggérant qu’un autre se pavane en ces lieux. « On ne se sépare pas. » lui ai-je répliqué tandis qu’elle se propose pour s’aventurer seul dans la boutique. « De toute façon, je suppose qu’il y a une manipulation à faire derrière la caisse pour actionner les pompes. » Il nous faut également récupérer un tuyau pour siphonner tout le carburant que nous croiserons en chemin. « Prudente ? » ai-je finalement ajouté sur le ton de la question parce que la précaution est inutile, mais que la prononcer à voix haute me fait du bien sans raison apparente. « Couteau ! Matraque. Tu préfères quoi ? » Elle est libre de choix. Elle se doit d’être à l’aise pour être efficace et, l’un dans l’autre, je le suis avec les deux. Plus encore avec l’arme que je range dans ma ceinture, à l’arrière de mon jeans. En cas de pépin, quoiqu’elle soit proscrite, elle pourra être utile. « On ne se quitte pas d’un pouce. Mais, pour le moment, reste là. Deux secondes. C’est parti. » Je suis descendu de voiture et je l’ai volontaire claquée, très fort, pour attirer un éventuel intrus. Rien à l’horizon et j’ai fais signe à Rae de me suivre.

(#)Mar 1 Sep 2020 - 14:47

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« Ce n’est pas impossible en tout cas et ça ne fait que me confirmer qu’on a raison de s’isoler. » Je hoche la tête en silence. Si c’est vrai, les morts vivants ne cesseront de se diriger vers les grands agglomérations et s’y concentreront. Et après ? Lorsqu’elles n’abriteront plus âme qui vive ? Se lanceront-ils à la poursuite de ceux qui, comme nous, ont fuit ? Continueront-ils à errer en ville à la rechercher des rares survivants ? Il faut être prêt à tout. « Tu penses qu’on pourra se poser quelque part ? Ou qu’il faudra qu’on ne cesse jamais de rouler et de bouger d’endroit ? » Jamais. Comme si j’acceptais que la situation soit là pour durer. « Va pour l’idée. Guide-moi. » J’attrape la carte, je tente de repousser mes craintes concernant l’avenir et mes réflexion au second rang : pour l’instant chaque chose en son temps.

La chance semble enfin de notre côté puisque, alors que la jauge d’essence diminue dangereusement, nous trouverons enfin une station dans laquelle nous nous garons. « On ne se sépare pas. » Son ordre - ou son affirmation - me rassure, même si je ne l’avoue pas. « De toute façon, je suppose qu’il y a une manipulation à faire derrière la caisse pour actionner les pompes » Je n’ose sortir de la voiture, le brun ressent-il la même appréhension que moi. « Y’a pas âme qui vive en tout cas. » J’espère qu’il y aura à manger et que l’endroit n’aura pas encore été pillé. « Prudente ? » Je hoche la tête doucement. Bien sûr, je n’ai pas l’intention d’être un poids, il n’a pas besoin de me surveiller et de se transformer en ange gardien. « Couteau ! Matraque. Tu préfères quoi ? » J’observe les deux armes en silence, avant de refermer mes doigts autour de la poignée du poignard militaire qu’il me tend. Je n’ai pas assez de force pour être efficace avec une matraque entre les doigts. « Il faudra surtout que tu m’apprennes à tirer. » En plus de l’envie de ne pas dépendre de lui, d’être le point faible de cette équipe, je pressens que cela me rassurerait, d’avoir une arme à feu accrochée à ma hanche. « On ne se quitte pas d’un pouce. Mais, pour le moment, reste là. Deux secondes. C’est parti. » J’attend qu’il juge de la présence de mort vivants dans les environs avant de descendre à mon tour de la voiture, refermant doucement la portière. « Il vaut mieux que je pousse la porte et que tu me couvres, on sera plus efficace comme ça. » Je ne suis pas sûre d’être capable de le défendre si une créature lui sautait à la gorge.

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Je crois que je la redoutais, cette question. Elle comptait parmi celles auxquelles je n’avais pas envie de penser et mes yeux se voilent du tissu de la réflexion et de la nostalgie de notre époque à jamais révolue. « Je crois que… qu’il est trop tôt pour en être certain, mais que… il faudra toujours fuir. Si pas ces monstres, il faudra en fuir d’autres. » Les hommes qui deviennent des bêtes, des loups pour ses semblables et n’en a-t-elle pas conscience ? N’est-ce pas elle qui, plus tôt, a allégué qu’on ne devait se retourner pour personne ? Sauf peut-être elle et moi parce qu’en duo nous optimisons nos chances ? Dans le fond, je suis convaincu que je ne lui apprends rien et si je lui adresse un sourire, il n’est pas compatissant. Il n’a pour but que d’adoucir l’horreur de l’ère qui nous attend et, sans nul doute, de nous encourager à ne pas lâcher prise, pas maintenant, pas à cause d’hypothèse trop proche d’une fatidique conclusion, mais qui n’a à ce stade absolument rien d’une certitude. « Au moins, on n’est deux. C’est déjà pas mal. » Même si je ne suis pas le bon type, pas celui qu’elle aurait souhaité à ses côtés, j’espère qu’elle saura se contenter de mes compétences et de ma présence. Je suis méthodique quand il le faut et, tandis que je stationne la voiture sur l’ère de cette pompe à essence, je scrute les environs, je sonde, je veille à ce qu’elle ait de quoi se défendre efficacement et je statue pour une marche à suivre. Certes, elle est maigre. Ce n’est pas grand-chose que d’affirmer qu’on ne doit pas se séparer, mais c’est rassurant, autant pour elle que pour moi, car ces bestioles sont imprévisibles pour l’instant. Je les étudierai au fur et à mesure de nos rencontres. En attendant, j’avance dans l’insécurité la plus totale. « Oui ! Je le ferai. Là où on sera certain qu’on nous ne nous entendra pas. » Nouvelle grimace engageante, autant qu’une promesse et sortant de la bagnole, je claque la portière, bien fort, aussi fort que possible. Je suis sur le qui-vive, mais rien ne vient. Rien de menaçant. On peut se lancer dans l’arène et, bien que je n’aime pas la jeter la première au-devant du danger, je reconnais qu’en effet, c’est plus malin. « Ça marche, mais tu ne prends aucun risque. » La porte, à demi béante, s’est ouverte en grinçant et j’ai froncé les sourcils. D’instinct, je me suis rapproché d’elle au point de l’envelopper de la chaleur de mon corps. En cas de pépin, elle disparaîtra dans mes bras. Sauf qu’il n’y a rien. Pas u grognement. Pas de bruit de mastication si ce n’est le bruit lancinant d’une main cognant une porte de façon régulière, méthodique, comme si elle battait chaque seconde. « C’est super angoissant… d’où ça vient putain ? » ai-je chuchoté en nourrissant tout de même deux idées : les toilettes ou la réserve.

(#)Mar 1 Sep 2020 - 18:03

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« Je crois que… qu’il est trop tôt pour en être certain, mais que… il faudra toujours fuir. Si pas ces monstres, il faudra en fuir d’autres. » Je déglutis. C’est désagréable qu’il confirme mes craintes, mais je n’ai pas besoin que l’on me berce d’illusion, je préfère largement le respect que témoigne le fait qu’il ne tente pas d’adoucir la vérité, comme si j’étais faible, comme si j’en avais besoin. Et sais qui sont les autres monstres dont il parle. Nous avons pu faire le plein de nourriture, de vêtements et de produits d’hygiène, nous avons également un stock d’arme impressionnant, autant de choses qui sont, j’en suis certaine, en passe de devenir aussi rare que vitales. Nos semblables, s’ils posent les yeux sur ce trésor, n’auront en tête qu’une chose : nous en dépouiller. Je ne suis pas une idéaliste : je sais que face à l’adversité nous ne nous assiérons pas tous en cercle en chantant kumbaya. Je sais que l’être humain, face à ce genre de situation, sera réduit à ce qu’il est réellement : un prédateur. Et je suis contente d’avoir Amos à mes côtés. « Au moins, on n’est deux. C’est déjà pas mal. » J’esquisse un sourire, tentant de chasser ces idées inquiétantes de mon esprit. « Tant que tu me promets que la faim te poussera pas à me trouver appétissante. » Je rajouterai bien qu’il n’y a pas grand chose à manger sur mon corps, mais je sais qu’il ne s’agit plus uniquement d’une blague, que l’idée viendra aux esprits les plus désaxés ou désespéré, et cela me coupe l’envie.

Il va donc falloir que j’apprenne à me défendre efficacement, des morts vivants comme de nos semblables, et pour ça il faudra que j’apprenne à manier une arme. « Oui ! Je le ferai. Là où on sera certain qu’on nous ne nous entendra pas. » Je hoche la tête. Il nous faut effectivement trouver un champ, dans le coin le plus paumé possible puisque l’idée que le bruit attire ces créatures en aussi grand nombre que celles que nous avons croisées plus tôt me glace le sang. « Ça marche, mais tu ne prends aucun risque. » Mes doigts se posent sur la poignée et tandis que je la pousse, je sens la présence rassurante du brun dans mon dos, et une certitude nouvelle me donne des ailes : il ne laissera rien m’arriver. Il n’y a pas âme qui vive à l’intérieur, pas visible en tout cas, mais un son angoissant de coup contre un mur ou une porte semble provenir du fond. « C’est super angoissant… d’où ça vient putain ? » Je pointe du bout du menton le fond de la pièce. « De derrière cette porte. Je sais pas ce que c’est, mais je propose qu’on l’ouvre pas. » Prudemment, je m’aventure à l’intérieur de la station service. « Tu vas voir derrière le comptoir ? Je jette un oeil aux frigos pour trouver de quoi manger. » Et plus généralement, un oeil aux rayonnages pour y chercher n’importe quoi pouvant être utile.

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Je connais peu Raelyn. Je n’ai à son sujet que peu de certitudes, mais s’il en est une pour laquelle je mettrais ma main au feu sans risque, c’est qu’elle maîtrise le second degré. Je peine donc à croire, dans un premier temps, qu’elle n’ait pas réalisé le sens équivoque de a réplique, celui qui étire mes lèvres dans un sourire et qui lui vaut un : « Tu l’es déjà. » que je souhaite le moins réducteur possible. Elle n’est pas un morceau de barbaque en vitrine du rayon boucherie d’un supermarché. Toutefois, je me mentirais si je refusais d’accepter – au minimum pour moi – que le matin même, j’ai enfoncé mes doigts dans un piège antique et qu’à ce stade, je n’ai toujours pas trouvé le code pour les en libérer. « Mais pas pour mon estomac. » ai-je donc renchéri, quittant la route des yeux un instant pour jauger de sa réaction. « Tu peux respirer. » Qu’elle s’en donne à cœur joie tant que c’est encore possible. A mesure que notre voiture, bientôt à sec, approche de la pompe à essence, le risque de croiser l’un de ces autres s’amplifient. En stationnant le véhicule, je n’ai pu réprimer un soupir dont le seul objectif est de garder le contrôle sur une quelconque émotion. C’est facile : j’ai appris et, dans les faits, ça se transmet aussi bien que de tirer avec une arme à feu. Je lui promets que je m’y collerai juste avant de sortir de la voiture, de provoquer un maximum de bruit tant qu’elle est en sécurité et, finalement, cheminer ensemble vers la boutique. Je dois lui sembler oppressant à moins de quelques centimètres de son corps tendu par la concentration. Qu’à cela ne tienne, je me porte garant de sa sécurité autant pour elle que pour ma santé mentale. Nul ne pourrait survivre sain d’esprit à une aventure où le danger est partout, où la peur est persistante, où s’adapter est une nécessité. Un bruit, aussi répétitif que celui qui nous accueille dans cette boutique n’est qu’un exemple de ce qui peut rendre fou. Elle a raison : il ne faut pas aller voir. Sauf qu’il me hante et que je suis incapable de regarder ailleurs que vers cette porte. Que cache-t-elle, si ce n’est un monstre ? Que cherchait-il à protéger, celui qui a fini par périr, en s’enfermant dans cette pièce ? Je peine à me diriger vers le comptoir pour actionner la pompe qui nous intéresse. Je suis statique devant la porte presque hypnotisé. « Rae. » lui ai-je lancé sans jeter vers elle le moindre regard. « Et si on vérifiait ? Si ça tombe il y a une arme, des munitions. » En avons-nous seulement besoin ? Le coffre en est bondé. Mais, quand s’épuiseront-elles nos réserves ? Ma curiosité est un fléau aussi prégnant que l’impression apocalyptique de ce monde nouveau dans lequel nous apprendrons à vivoter. « On en aura jamais trop. » Tout comme la bouffe et, tandis que je l’observe enfin, je suis moins obsédé par ce lancinant et régulier roulement de tambour. « Dis-moi que c’est frais, pas périmé et qu’il y a assez pour nous deux, au moins pour ce soir ? »

(#)Mer 2 Sep 2020 - 8:02

We are the end of the world
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- premiers jours de l'épidémie

« Tu l’es déjà. Mais pas pour mon estomac. Tu peux respirer. » Un sourire discret vient étirer mes lèvres. Je ne suis pas certaine de savoir ce que signifie ce qu’il s’est passé au petit matin et ce qu’il s’est à nouveau passé dans la douche, je ne suis pas certaine d’être capable de faire le tri entre mes émotions en ce moment tant la peur de mourir prend irrémédiablement le dessus pour écraser tout autre sentiment, mais je sais une chose : sa remarque me satisfait et je ne regrette en rien cette nuit. J’avais envie de lui avant tout ça, intensément, il faut croire que la fin du monde a simplement amplifié tout ça.

Sans compter que ma survie dépend de lui. Son passé de militaire en fait un précieux atout autant qu’un potentiel professeur pour moi, qui vais devoir apprendre sur le tas et au pied du mur pas mal de chose. Je n’imagine même pas comment nous ferons lorsque nos vivres viendront à s’amenuir. Faudra-t-il chasser ? Nous débrouiller par nous même ? C’est ce à quoi je pense tandis que je pose les yeux sur les sandwich entreposés dans les frigos, tentant de faire fi du bruit sinistre à quelques mètres seulement. « Rae. Et si on vérifiait ? Si ça tombe il y a une arme, des munitions. » Je réfléchis un instant en faisant la moue. Nous avons pris un bon début, si tant est qu’il est possible de prendre un bon début dans une apocalypse, pourquoi risquer tout ça ? « On en aura jamais trop. » « Je ne sais pas je... » Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, si je dois être tout à fait honnête. « On sait même pas combien de ces choses sont enfermés là dedans. On est dans une vieille station essence, qu’est ce qu’on pourrait trouver, un vieux revolver ? Tu crois que ça vaut le coup ? » Mon ton ne laisse aucun doute sur ma propre opinion : je pense que nous ne devons pas prendre ce risque, j’en suis persuadée du plus profond des tripes. « Dis-moi que c’est frais, pas périmé et qu’il y a assez pour nous deux, au moins pour ce soir ? » Je pivote la tête vers les frigos. « Des sandwich, et non ils sont encore bon pour la plupart... » De tout façon pouvons nous faire la fine bouche ? « Ils périment dans deux jours. On a qu’à en emporter assez pour en tenir quatre ? Et y’a pas mal de chips et de biscuits derrière, ça on peut tout prendre. » Il ne sert à rien de nous surcharger de frais, mais je suis prête à faire plusieurs trajets pour emporter les biscuits, gâteaux et autres provisions sèches.

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La remarque satisfait son ego. Son sourire en témoigne et, tandis que je réalise qu’elle résonnait en effet comme un compliment, je lui ai rendu la grimace au regard de cette matinée qui n’a rien d’étonnant finalement. Avant de croiser la route d’un autre , nous étions en chemin pour une nuit de débauche. Elle fut avortée prématurément. Rien de surprenant à ce que je l’assume sans regret et sans honte. Mes buts initiaux n’ont désormais plus lieu d’être. Alec, Mitch, le Club, je les soupçonne morts dévorés par ses créatures ou membres de cette armée de monstre justement. Qu’importe. L’une ou l’autre de cette fin me convient…. Surtout qu’au vu des circonstances je n’ai pas à rougir de ne pas les avoir exécutés moi-même. Qu’à cela ne tienne néanmoins. Pas de place pour le passé en temps de catastrophe. Il est temps d’avancer, de se tourner vers le futur. Autrement dit : manger et trouver un abri pour nous et pour la voiture. Une maison avec garage pourrait faire l’affaire, quoique je ne prévois pas de sortir du véhicule. A voir. Je réfléchirai mieux le vente plein et l’esprit dégagé de ma curiosité. Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière cette porte ? Pour que le vendeur s’y terre avant transformation, qu’a-t-il été chercher ou, au contraire, voulu protéger ? Je fais part de mes hypothèses sans fondement à Raelyn. Elles sont des prétextes pour assouvir une soif qu’elle juge suicidaire et que j’estime nécessaire. « Non ! Bien sûr que non ça ne vaut pas le coup, mais… » Je ne peux que l’admettre évidemment. Mais, est-ce que ça sera réellement suffisant pour réfréner mon envie de pousser cette porte ? Une chose certaine, l’appel de l’estomac est plus fort que le reste. « On va remplir la glacière avec un maximum de sandwich. Mais, avant ça… » Je lui en ai pris un des mains que j’ai ouvert aussitôt. J’ai croqué à pleine bouche et je me suis senti mieux. C’est tout ce qu’il me fallait pour me remettre de mes émotions après avoir croisé cette horde. « Il y a aussi des tas de cigarettes derrière le comptoir et ça, il faut en prendre. Beaucoup. Un jour ou l’autre, ça pourra nous servir de monnaie d’échange. Dommage que mes parents n’avaient pas une camionnette. » me suis-je désolé en haussant les épaules et en m’asseyant sur le comptoir. « Tu n’es pas de nature curieuse, toi ? » Je sais qu’elle est. Elle a simplement la bonne idée de choisir ses combats. « Tu sais que, même si on trouve rien derrière cette porte. » Rien d’intéressant, on s’entend. « ça pourrait te faire un bon entraînement. Ils doivent pas être plus de deux à mon avis. »

(#)Mer 2 Sep 2020 - 18:34

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- premiers jours de l'épidémie

Je rassemble tout ce que je trouve au rayon frais, avant de commencer à laisser mes yeux vagabonder sur les autres étagères. De temps en temps je ne peux m’empêcher de jeter quelques regards inquiets vers la porte du fond, dont s’échappent quelques bruits sinistres et inquiétants, mais je tente de me concentrer sur ce que nous avons à faire. L’objectif reste de partir au plus vite.« Non ! Bien sûr que non ça ne vaut pas le coup, mais… » Il hésite, et je sens que sa curiosité le titille. Moi, c’est mon instinct de survie qui prend le dessus et balaye le reste. « On va remplir la glacière avec un maximum de sandwich. Mais, avant ça… » Il en prends un dans mes mains et je l’imite en souriant. Il a raison et je réalise que je suis affamée aussi. Je dépose ce que j’ai récupéré en tas, avant de me hisser sur le comptoir pour m’y installer et manger rapidement ma trouvaille. Je ne pensais jamais m'enthousiasmer pour un sandwich de station service, comme quoi, le destin a décidé de me prouver le contraire. « Y’a pas mal de trucs secs aussi. C’est un vrai bordel mais rien n’a été emporté. Ces choses ont dû retourner l’endroit, mais je pense qu’on est les premiers vivants à passer. » Les premiers vivants. Dieu que c’est étrange comme pensée. « Il y a aussi des tas de cigarettes derrière le comptoir et ça, il faut en prendre. Beaucoup. Un jour ou l’autre, ça pourra nous servir de monnaie d’échange. Dommage que mes parents n’avaient pas une camionnette. » On aura fini de tout fumer avant que ça ne devienne une monnaie d’échange à mon avis, mais je n’ai aucune envie de nous refuser ce plaisir. « On les prend toutes. Au pire on glissera ça sous les sièges, ça prend pas de place. » Si un jour la voiture est volée ou tombe en panne, là on sera vraiment mal…

Alors que je termine mon sandwich le plus vite possible et que j’envisage sérieusement d’en ouvrir un second - nous ne pourrons pas tout emporter de toute façon autant se remplir le ventre - je sens le regard du brun à nouveau attiré par les bruits que l’on entend à travers la porte du fond. « Tu n’es pas de nature curieuse, toi ? Tu sais que, même si on trouve rien derrière cette porte. ça pourrait te faire un bon entraînement. Ils doivent pas être plus de deux à mon avis. » « Tu devrais essayer de les ignorer, les bruits. » Je réfléchis un instant, avant d’attraper un second sandwich, même si je n’ai plus assez d’appétit pour en avoir envie. « Je suis curieuse… Mais je sais pas… J’ai peur, et on a laissé la voiture sans surveillance en plus. Je me dis qu’on a plus à perdre qu’à gagner. » Je cherche son regard pour y ficher le mien. « On peut tout ranger, finir de fouiller et s’en aller ? » S’il te plait… Mon regard le supplie presque, mais je réalise que je suis tétanisée à cause de ce bruit de fond angoissant.

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J’observe ce qu’elle a déniché dans les rayonnages et je me fais la réflexion que nous sommes chanceux. Quand certains ont succombés sous les assauts de ces créatures, alors que d’autres doivent se terrer chez eux comme des rats, la voiture est pleine de vivres, de vêtements propres et de nécessaire de toilettes. La veine nous a ensuite conduit jusqu’ici, dans cette boutique de station-essence qui n’aura pas été visitée au préalable. Certes, j’ai perdu mes parents. Si j’y pense, mes entrailles se serrent et ma gorge se noue. Mais, je ne suis pas ingrat. Je sais apprécier les cadeaux, d’autant que j’ai eu une frousse peu un rien plus tôt, faute à l’essaim. Est-ce par culpabilité que je nourris la curiosité d’ouvrir cette porte ? Est-ce une façon de punir d’être arriver trop tard pour sauver mes parents que de jouer avec le feu ? Sans Raeyn, j’aurais sans doute cédé à la tentation. Sauf qu’elle me ramène et, là encore, je me fais la réflexion que ce n’est pas la première fois. Ne l’a-t-elle pas fait en matinée ? Alors que j’ai dormi d’un sommeil agité par mes regrets – il est tant de choses que j’aurais aimé leur dire – elle m’a entrainé avec elle sur les chemins du plaisir et je constate, maintenant que nous sommes seuls et plus ou moins en sécurité, que nous avons à peine effleurer le sujet du doigt. Ce n’est pas plus mal dans le fond. Mes parents n’ont par survécu et mon premier réflexe, c’est de me vautrer dans la luxure avec elle. Je n’en suis pas fier, mais j’admettrais volontiers que si c’était à refaire, je n’hésiterais pas et j’en souris. Je lui souris un peu béatement, mu par le soulagement de manger enfin, de me remplir l’estomac. « On les prendra toutes dans ce cas. » ai-je lancé au sujet des cigarettes, mais l’esprit ailleurs. L’adrénaline est retombée et, étonnamment – et je ne sais d’où ça me vient – je la déshabille des yeux. « ça te semble bon ? » Je tente une diversion pour mon propre bien et c’est elle – à nouveau – qui s’en charge. « Ouais ! Je sais. C’est pour ça qu’il faut qu’on se trouve une baraque avec une étage » Il ne monte pas les escaliers. « Et avec un garage, mécanique, il faut qu’on la planque. Si on ne trouve pas, on… » Je rencontre d’étranges difficultés à réfléchir avec cohérence, mais j’essaie. « On dormira collé serré dans la voiture, si on se trouve une petite place. » ai-je conclu d’un clin d’œil avant de croquer de mon sandwich et de m’animer : partir n’est pas une mauvaise idée.

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