Too far gone • (Zombie Halsyn)

Too Far Gone
Raelyn Blackwell & @Halsey Blackwell Too far gone • (Zombie Halsyn) - Page 19 873483867

- 1 an après l’épidémie

Si seulement elle pouvait être un peu plus fun et éviter de faire la gueule. Peut-être qu’on pourrait envisager de passer une bonne soirée sans se prendre le bec et sans parler du passé. Peut-être qu’on pourrait se retourner la tête et boire jusqu’à rire comme des idiotes, avec le coeur, comme on l’a pas fait depuis longtemps, depuis que s’assurer d’être en sécurité est devenu plus important, depuis qu’on ne peut pas avancer tranquillement sans passer son temps à regarder par dessus son épaule pour être certaines qu’on est pas en train de se faire attaquer par une créature, ou par un vivant qui en veut à nos provisions et toutes nos possessions de façon plus générale. « Je voulais savourer mon verre moi, pas m’assommer en dix gorgées. » Moi je voulais m’assommer.

Ou plutôt je voudrais encore être capable d’envisager de m’assommer.

Parce que je sais aussi bien qu’elle au fond que ça n’a rien de raisonnable de le faire, que c’est se mettre en danger, que si nous sommes trop alcoolisées pour réagir en cas d’attaque cela peut nous coûter le vie. Mais j’aurais vraiment aimé que tout ça soit possible, l’espace d’un instant. « Rabat joie. » C’est tout ce que j’ai à dire, parce que oui, au fond, je rage parce que je sait qu’elle à raison, parce que je pense la même chose mais que je n’ai pas envie de l’affronter. « Exagère pas, c’est pas parce que je suis encore civilisée que je sais pas boire. » Je hausse les épaules. « J’en sais rien moi si tu sais boire ou pas. T’es arrivée dans ma vie pour me plumer et le lendemain les morts se relevaient. » Six moi après mais c’est un peu la même chose non ? C’est pas comme si on avait eu le temps de faire amie amie avant tout ça et de se faire des soirées ensemble. Avant tout ça, la méfiance était encore de mise. « C’est horriblement bon. » Je prends une gorgé de plus - à la bouteille, j’y tiens - avant de hocher la tête. « C’est dégueulasse, ça a toujours eu ce goût là ? » Pourquoi on a pas trouvé du Whisky ? « La sensation est pas désagréable par contre. Bon sang si tu savais à quel point j’aurais aimé avoir un joint à rouler ou un rail de coke, là tout de suite. » Parce que pour s’échapper, y’avait pas mieux que ça.

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Elle jouait à la rabat-joie, faisant balancer son verre sous les yeux de la brune qui l’observait comme si elle était une alien, tout simplement parce qu’elle ne désirait pas boire à même la bouteille comme elle le faisait aussi spontanément. La jeune femme savait que cette bouteille serait la seule avant un long moment, et elle avait envie de savourer plutôt que de se mettre directement la tête à l’envers, en prenant le risque de se faire attaquer et démolir juste parce qu’elles étaient trop bourrées pour viser juste. « Rabat joie. » Halsey plissa les lèvres, regrettant de devoir se montrer la plus responsable des deux, alors qu’elle aussi avait envie de boire jusqu’à s’assommer. Elle le ferait sans doute, mais pas à ce point. En tout cas, elle désirait boire suffisamment pour oublier un instant qu’elle évoluait dans une vie de merde, que tous ses proches étaient morts et qu’elle survivait sans autre but que celui de survivre. « J’en sais rien moi si tu sais boire ou pas. T’es arrivée dans ma vie pour me plumer et le lendemain les morts se relevaient. » La brune esquissa un petit sourire. « Moi ? J’aurais jamais osé faire ça. » Elle prit un air innocent avant d’éclater de rire en secouant la tête. « C’est dégueulasse, ça a toujours eu ce goût là ? La sensation est pas désagréable par contre. Bon sang si tu savais à quel point j’aurais aimé avoir un joint à rouler ou un rail de coke, là tout de suite. » La brune se laissa tomber dans le fauteuil, reprenant une gorgée en grimaçant une nouvelle fois. « Je crois oui. J’ai jamais été une grande amatrice de vodka, mon truc à moi ça a toujours été le gin. Je suis déçue qu’on n’en ait pas encore trouvé. » Fit-elle avec une petite moue dépitée. « On a rien de tout ça, mais je crois que je vais encore en fumer une par contre. » Lança-t-elle en tâtonnant dans sa poche pour remettre la main sur le paquet de cigarettes qu’elle trimballait toujours avec elle. « Buter des zombies en ayant sniffé de la coke, ça doit être quelque chose quand même. » Lança-t-elle en riant.

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- 1 an après l’épidémie

Les vraies intentions d’Halsey je les avais lues entre les lignes avant qu’elle ne finisse par me les avouer. Elle avait trop menti pour ne pas être louche : pas sur le fait de partager une partie de mon sang, mais sur ses intentions. J’avais découvert qu’elle n’étaient pas née là où elle le prétendait, et qu’elle m’avait retrouvée de façon plus louche que ce qu’elle ne voulait bien admettre. Elle avait pris Amos en filature, moi aussi probablement, mais c’est lui qui l’avait démasquée. « Moi ? J’aurais jamais osé faire ça. » Je m’étrangle en entendant ça. « Tu l’aurais fait sans une seule hésitation. » Quelle importance ça avait maintenant ? Nous n’avions plus rien ou plutôt, nous partagions le peu de nos possessions.

Les quelques gorgées que je prend me brûlent la gorge, et l’amertume de l’alcool me fait grimacer, même si déjà les premières sensations me font du bien. Elle arrivent tôt, plus tôt qu’avant puisque je n’ai pas pu depuis plus d’un an. « Je crois oui. J’ai jamais été une grande amatrice de vodka, mon truc à moi ça a toujours été le gin. Je suis déçue qu’on n’en ait pas encore trouvé. » Je nargue d’un sourire insolent ? « Le Gin ? Seigneur. » Un alcool de pucelle. « Tu mettais une petite rondelle de citron dedans ? C’est trop mignon. » C’est ridicule. « On a rien de tout ça, mais je crois que je vais encore en fumer une par contre. » Elle sort une cigarette du paquet, et moi je tends la main vers elle. « T’es prends une tu m’en donnes une. J’ai pas confiance en toi. » Je n’en ai pas envie tout de suite mais je compte bien partager équitablement le paquet avant qu’elle se le siffle en douce, je sais qu’elle en est capable, parce que moi aussi je le suis. « Buter des zombies en ayant sniffé de la coke, ça doit être quelque chose quand même. » Un rire léger me soulève la poitrine et je secoue la tête, avant de reprendre une gorgée. « C’est peut-être sous coke que ça semblerait le moins bizarre pourtant. » Je suis presque sûre que sous LSD cela ne semblerait même pas plus surprenant que ça. « T’as jamais essayé ? »

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Le sujet de leur rencontre arriva sur le tapis, et si le doute n’était plus permis depuis quelques mois déjà, Halsey prétendit toutefois n’avoir jamais eu aucune intention néfaste à l’égard de sa sœur, même si c’était l’inverse, bien entendu. Evidemment, il y avait une part de curiosité qui l’avait poussé à aller à sa rencontre, à tenter de savoir qui elle était, mais le mystère qui avait entouré la brune – qui était blonde à l’époque – avait suffit à faire comprendre à la brunette qu’il y avait quelque chose à creuser, et peut-être à gagner. « Tu l’aurais fait sans une seule hésitation. » La jeune femme haussa les épaules dans un petit sourire, même si une part d’elle savait que si elle l’avait connue et avait partagé les choses qu’elles avaient partagées jusqu’à aujourd’hui, elle n’aurait sans douté jamais agi comme elle l’avait planifié. Mais à ce moment là, Raelyn était une inconnue, et donc une opportunité comme les autres. « Le Gin ? Seigneur. Tu mettais une petite rondelle de citron dedans ? C’est trop mignon. » Halsey éclata de rire en hochant la tête, n’ayant jamais apprécié les alcools forts comme pouvait le faire la brunette. « Merci, je trouve aussi. » Elle papillonna des yeux avant de boire une nouvelle gorgée, annonçant au passage qu’elle prévoyait de sortir une cigarette pour pallier au fait qu’elles n’avaient rien de plus fort à fumer. « T’es prends une tu m’en donnes une. J’ai pas confiance en toi. » Raelyn la connaissait bien à présent, et il était évident qu’elle ne pouvait pas avoir confiance pour quelque chose comme ça. Si elle pouvait les fumer toutes en cachette et prétendre qu’elle les avait perdues, elle l’aurait fait. Elle lui tendit la cigarette en mettant une main sur son cœur, accompagnée d’une grimace. « Ca me fend le cœur ce manque de confiance. » Elle se fendit d’un sourire avant de l’allumer et de lancer le briquet à la brune avant de rebondir sur l’idée de zinguer des zombies sous influence. « C’est peut-être sous coke que ça semblerait le moins bizarre pourtant. T’as jamais essayé ? » Halsey secoua la tête. « Jamais. Ca ne m’a jamais tentée. » Et pourtant, elle en avait eu des occasions…

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- 1 an après l’épidémie

Elle est mignonne Halsey, avec son gin, je suis sûre qu’elle adorait les cocktails ultra sucrés et dans lesquels on ne sent quasiment plus l’alcool. Seigneur, comment est-il possible que nous soyons sœurs ? Que s’est il passé à la naissance ? Est-ce une question de génétique ou d’éducation ? Je m’accroche à l’idée que c’est l’éducation, qui lui a manqué une chose que j’ai eue moi. « Merci, je trouve aussi. » Je fronce les sourcils et prétends réfléchir profondément l’espace de quelques secondes. « Et du coup ça se passe comment, t’as comme un genre de couvre feu mais avec les degrés d’alcool dans ton verre ? Pas le droit à plus de vingt degrés ? » Moqueuse, je me permets même de rajouter. « Heureusement qu’on a pas grandi ensemble, qu’est-ce que je me serais fait chier. » Bon, Liam n’était pas non plus le frère le plus fun du monde, mais c’est pour ça que c’est d’autant plus drôle d’y comparer la brune.

Elle attrape une cigarette dans le paquet, et moi je lui réclame la mienne pour lui faire comprendre que je n’ai aucune confiance en elle : si elle pouvait se siffler le paquet sans m’en donner une elle le ferai sans hésiter. « Ca me fend le cœur ce manque de confiance » Je lève un sourcil, en feignant l’air le plus méfiant que j’arrive à accrocher sur mon visage. « Je serai folle ou complètement retardée de te faire confiance. » Je la taquine, mais pour les choses qui comptent elle sait que c’est le cas. Elle serait capable de ne me laisser aucune cigarette, mais pas de me laisser à mon sort si ma vie était en jeu. « Jamais. Ca ne m’a jamais tentée. » Je l’observe, réellement intriguée cette fois ci. En un an nous avons eu le temps d’échanger sur nos vies respectives, puisque nous nous sommes rencontrées sur le tard, mais nous n’avons jamais abordé ce sujet. De toute évidence il nous clive, puisqu’il n’y a que peu de drogues que je n’ai pas testées. « Non vraiment ? Jamais ? Aucune drogue ? »

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La brune se moquait ouvertement d’elle, mais elle s’en fichait bien. Elle avait toujours aimé la sensation de l’alcool, avait énormément fait la fête, mais sa mère alcoolique avait ancré suffisamment de traumatismes en elle pour qu’elle soit relativement distante vis à vis de tout ça. Alors oui, elle était fun, mais il fallait également avoué que l’apocalypse l’avait rendue encore plus grincheuse qu’elle ne l’était déjà avant, et rabat-joie en plus de ça, elle l’assumait. « Et du coup ça se passe comment, t’as comme un genre de couvre feu mais avec les degrés d’alcool dans ton verre ? Pas le droit à plus de vingt degrés ? Heureusement qu’on a pas grandi ensemble, qu’est-ce que je me serais fait chier. » Halsey haussa les épaules dans un petit sourire, loin de se sentir vexée par les attaques gratuites – pardon, les marques d’affection – de sa chère sœur qui jugeait ennuyeux quiconque n’ayant pas les mêmes goûts qu’elle, ce que la brune jugeait un brin réducteur, mais peu importait. « Pas du tout, mais ça ne me disait rien de boire quelque chose avec un goût abominable juste pour dire de. Mais bon, là avec la fin du monde, je revois mes priorités à la baisse. » Elle leva son verre dans sa direction avant de reboire un petit coup, pour le principe. « Tu te serais éclatée, j’aurais été la meilleure petite sœur du monde. » Sans doute la pire, en fait. Comme le prouvaient déjà ses facultés de partage avec leur seul paquet de cigarettes. « Je serai folle ou complètement retardée de te faire confiance. » A nouveau, elle esquissa un sourire, parce qu’elle savait qu’elle lui faisait confiance, du moins pour les choses importantes. « Mais je pensais que c’était ce que tu étais, justement. Je me serais donc trompée à ton sujet ? » Elle fronça le nez dans un petit rire, alors que le sujet glissait sur la drogue et son manque d’expérience là-dessus. « Non vraiment ? Jamais ? Aucune drogue ? » Négatif. Elle secoua la tête, avant de hausser un sourcil. « Enfin j’ai déjà fumé de l’herbe hein, mais pas sure que ça compte vraiment. Et toi, j’ai l’impression que c’est tout l’inverse… » En même temps, vu le métier…

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- 1 an après l’épidémie

« Pas du tout, mais ça ne me disait rien de boire quelque chose avec un goût abominable juste pour dire de. Mais bon, là avec la fin du monde, je revois mes priorités à la baisse. » Avec un goût abominable. Elle a dit avec un goût abominable. Je lève les yeux au ciel, visiblement dépassée par ce que j’entends, encore plus par le faite que ces mots soient prononcés par la chair de ma chair, le sang de mon sang. (Et je n’exagère qu’à peine.) « Tu te serais éclatée, j’aurais été la meilleure petite sœur du monde. » Je crois que je préfère encore avoir été la petite dernière. J’ai pas grandi dans le genre de famille où ça a fait de moi une privilégiée, mais au moins j’ai eu une paix royale lorsque adolescente, j’ai voulu tester les limites. Liam a rapidement compris que ce n’était pas la peine d’essayer de se mêler de mes affaires, que je n’avais pas besoin de la « protection » d’un grand frère, et ma mère n’avait simplement pas le temps de me fliquer. « À choisir, je crois que j’aurais préféré un chien. » Grand dieux non jamais.

« Mais je pensais que c’était ce que tu étais, justement. Je me serais donc trompée à ton sujet ? » Je ne réagis pas à cette provocation, je me contente de lui adresser le plus beau de mes sourires hypocrites, toutes dents sorties. « Enfin j’ai déjà fumé de l’herbe hein, mais pas sure que ça compte vraiment. Et toi, j’ai l’impression que c’est tout l’inverse… » non, l’herbe ça ne compte pas. Ma propre sœur ne peut pas dire le contraire, pitié. « C’est pas tout l’inverse, c’est… » N’ayons pas peur des mots. « Ok, c’est tout l’inverse. » Je n’ai pas honte, de celle que j’ai été. « J’ai eu une sale passe en arrivant à Brisbane. J’en suis sortie, mais j’ai repris quelques années après avec une consommation plus raisonnable. » pour l’instant, je ne me répands pas en détail, mais je n’ai aucun souci à lui en dire plus si elle me le demande.

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La brune s’amusait beaucoup de cette discussion où les deux brunes auraient pu avoir été élevées ensemble dans une autre vie. Autant dire que cette hypothèse était plutôt drôle, et que Halsey se demandait réellement ce que ça aurait pu donner. Rien de bon, c’était certain. Elles se ressemblaient bien trop pour ça, et leurs caractères étaient tout simplement trop horribles pour avoir pu cohabiter sans qu’une des deux ne tue l’autre à un moment donné. « À choisir, je crois que j’aurais préféré un chien. » Merveilleux. « Tu vois, c’est ça que j’aime chez toi Raelyn. Ta gentillesse, on sent vraiment que ça vient du fond du cœur tout cet amour pour moi. » Elle secoua la tête en riant, avant de rebondir sur la dernière phrase. « Tu sais, j’ai toujours voulu avoir un chien. Tu crois qu’il en reste dans cette ville ? On pourrait adopter. » Après la poule, tout ça… Raelyn lui demanda ensuite – avec un sérieux qui faisait d’ailleurs un peu peur, avouons-le – si elle avait déjà consommé de la drogue, n’importe laquelle, par le passé. Le sujet avait presque l’air de lui tenir à cœur, et elle sembla un peu déçue lorsqu’Halsey lui expliqua qu’elle n’y avait jamais touché, pas par manque d’opportunité mais bien par manque d’envie. Elle, par contre, ne devait pas être toute blanche… « C’est pas tout l’inverse, c’est… Ok, c’est tout l’inverse. » La brune haussa un sourcil en souriant, intriguée malgré elle. « J’ai eu une sale passe en arrivant à Brisbane. J’en suis sortie, mais j’ai repris quelques années après avec une consommation plus raisonnable. » Plus raisonnable ? « Je savais pas qu’on pouvait parler de raison lorsqu’il s’agissait des drogues dures… » Elle se questionnait à voix haute, n’y connaissant pas grand chose finalement. Par contre, la jeune femme avait l’air d’être une experte. Une mauvaise passe, hein ? « Il t’est arrivé quoi ? » Elle avala encore une gorgée sans lâcher sa sœur des yeux. « Ta mauvaise passe. » Ajouta-t-elle, comme si la précision était nécessaire.

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« Tu vois, c’est ça que j’aime chez toi Raelyn. Ta gentillesse, on sent vraiment que ça vient du fond du cœur tout cet amour pour moi. » Au moins on est d’accord sur une chose : ces petites choses qui me rendent unique, comme le fait que j’ai le coeur sur la main. Vraiment, si je n’avais pas fait dans le deal et les trafic en tout genre, j’aurais pu être dans l’humanitaire ou le caritatif, j'aurais dû écouter ma conseillère d’orientation au lycée, je le savais. « Désolée, j’y travaille encore, j’ai été fille unique pendant pas mal d’années. » Pendant quatorze exactement, Liam avait cessé d’avoir la moindre importance à mes yeux juste après mon départ de Charleville, et je m’étais considérée comme telle jusqu’à ce que la brune s’impose dans ma vie sans trop me laisser le choix. « Tu sais, j’ai toujours voulu avoir un chien. Tu crois qu’il en reste dans cette ville ? On pourrait adopter. » « Non. » Au moins ça a le mérite d’être clair. « Contrairement à la poule tu vas t’y attacher et quand il attirera l’attention des rôdeurs et qu’il faudra l’abattre tu pleurnichera comme une enfant. » L’alcool m’aide, mais je n’en ai pas besoin pour me foutre de sa gueule. Cela dit, cela ne m’empêche pas de me resservir un petit verre.

« Je savais pas qu’on pouvait parler de raison lorsqu’il s’agissait des drogues dures… » Je plisse le nez et réfléchis une seconde. Je suis détachée du sujet comme si tout ça était arrivé à quelqu’un d’autre et, au final, c’est un peu le cas. « De retenue dans ce cas. » La raison n’a effectivement pas grand chose à voir avec ça. La volonté aurait même été plus approprié. « Il t’est arrivé quoi ? Ta mauvaise passe. » « Rien de bien tragique. » Et c’était de toute façon il y a des années. « En arrivant à Brisbane je m’attendais à ce que tout me tombe tout cuit dans le bec sauf que j’étais fauchée et à peine majeure. J’ai fais les mauvaises rencontre et j’ai commencé à prendre de la poudre. Je suis devenue une parfaite petite junkie en quelques mois. » La cocaïne, je n’y ai plus jamais retouché.

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La brune plaisantait sur les capacités de gentillesse et d’attachement de Raelyn, mais pour ça aussi elles étaient pareilles. Bercer dans le nunuche et les câlins, c’était pour frôler la syncope ou l’AVC. Elles ne s’étaient jamais dit qu’elles s’appréciaient, n’avaient jamais fait de soirée confidence où elles se racontaient ce qu’elles aimait chez l’autre, tout ça n’arriverait d’ailleurs jamais. Ces filles qui avaient besoin de s’envoyer de l’amour en paillette, ça leur donnait envie de gerber, et même si elles étaient désormais seules à être encore en vie dans leur entourage, ça ne changerait strictement rien. « Désolée, j’y travaille encore, j’ai été fille unique pendant pas mal d’années. » Mon œil, oui. « T’y travailles encore, hein ? » Elle secoua la tête dans un petit sourire. « Et Liam alors ? C’est pas très sympa pour lui. » Lança-t-elle dans un véritable esprit de curiosité. Halsey rebondit sur le sujet en expliquant que d’avoir un chien n’était pas une si mauvaise idée, d’autant qu’elle avait toujours voulu en avoir un et que sa mère avait toujours refusé. De toute façon, elle aurait été incapable de s’en occuper, un peu comme avec sa fille. « Non. » Elle n’allait pas s’y mettre elle aussi ? « Contrairement à la poule tu vas t’y attacher et quand il attirera l’attention des rôdeurs et qu’il faudra l’abattre tu pleurnichera comme une enfant. » La brune secoua la tête, fronçant les sourcils afin de prendre un air endurci. « Il ne lui arrivera rien, et ce sont les rôdeurs qui attireront son attention. Genre, un peu comme une alarme. » L’idée lui semblait de plus en plus merveilleuse. « De retenue dans ce cas. » Répliqua-t-elle lorsqu’elle l’interrogea sur le concept de raison dans le domaine des addictions. Intriguée, elle lui demanda de quelle mauvaise passe elle parlait. « Rien de bien tragique. En arrivant à Brisbane je m’attendais à ce que tout me tombe tout cuit dans le bec sauf que j’étais fauchée et à peine majeure. J’ai fais les mauvaises rencontre et j’ai commencé à prendre de la poudre. Je suis devenue une parfaite petite junkie en quelques mois. » Rien que ça. « Comment t’en es sortie ? » Les questions étaient brèves, parce qu’Halsey n’allait pas s’apitoyer sur son sort, comme Raelyn s’en doutait parfaitement.

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Bon j’avoue que dans ma phrase y’a un mensonge. Certe je me considérais comme fille unique jusqu’à il y a moins de deux ans, mais par contre, je ne travaille plus à rien du tout. J’ai pas l’intention de changer pour la brune, avec moi c’est un peu à prendre ou à laisser et jusqu’ici ça a toujours semblé lui convenir. J’espère que ça lui convient, parce que je n’ai pas l’intention de changer. « T’y travailles encore, hein ? » Mon visage se peint d’un air angélique et d’un sourire qui signifie évidement, même si on sait toutes les deux que ce sont des conneries. « Et Liam alors ? C’est pas très sympa pour lui. » « Je suis sûre qu’il s’en remettra. » Dans les faits, je suis à peu près persuadée que mon frère ne se remettra de plus grand chose : il était bien trop tendre pour avoir survécu plus de quelques semaines. « Où qu’il soit. » Je lève les yeux au ciel pour exprimer clairement le fond de ma pensée à ce sujet. Liam, désolée de n’avoir aucune foi en toi. « Il ne lui arrivera rien, et ce sont les rôdeurs qui attireront son attention. Genre, un peu comme une alarme. » Ah. Donc on était sur une idée sérieuse ? « On va quand même pas rejouer l’épisode de la poule ? Le chien produira rien qu’on puisse manger en plus. » C’est vraiment l’idée la plus débile que j’ai entendue. « Si tu veux une alarme, trouve toi un radio réveil. » On sait jamais, au cas où elle soit encore attendue quelque part.

« Comment t’en es sortie ? » La question fatidique. Celle que tout le monde me pose, comme s’il était surprenant d’imaginer qu’en ayant pris ce genre de faux départ j’ai pu devenir celle que je suis aujourd’hui. Au moins l’approche d’Halsey est laconique, et surtout dénuée de pitié ou d’apitoiement sur mon sort, et ça j’apprécie bien plus que je ne le dirai jamais. « Un type, mon ex, m’a ramassée dans la rue et sevrée. Il dealait pour le Club, c’est lui qui m’y a introduite. » Je dis ça d’un ton détaché et neutre : autrefois c’était douloureux de parler d’Aaron, aujourd’hui il n’est plus qu’un deuil parmi tous ceux que je porte.

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Halsey avait bien du mal à imaginer Raelyn travailler sur quoique ce soit travaillant sur sa personne, parce que l’introspection, tout ça, ça ne devait pas vraiment être son truc. Elle se considérait comme fille unique jusqu’à il y a peu, cela voulait donc dire qu’elle n’avait pas la moindre considération pour son frère, et un peu plus pour elle, ce qui lui faisait étrangement plaisir malgré tout. « Je suis sûre qu’il s’en remettra. » S’en remettre, elle n’était pas vraiment certaine, mais une chose était certaine, Liam n’avait pas dû s’attendre à quoique ce soit de plus venant sa sœur. Elle ignorait comme était la Rachel-Lynn des verts pâturages, mais elle ne devait pas être une sœur exemplaire, loin de là même. « Où qu’il soit. » « Amen. » Ironisa-t-elle en faisant le signe de croix, un peu comme Raelyn l’avait fait quelques heures auparavant en se recueillant sur la tombe factice qu’elle avait creusée. « Je pense qu’il ne devait plus avoir trop d’espoirs à ton sujet, un peu comme moi. » Argua-t-elle dans un petit sourire avant de replonger ses lèvres dans son verre, avant de rebondir sur l’idée merveilleuse du chien. « On va quand même pas rejouer l’épisode de la poule ? Le chien produira rien qu’on puisse manger en plus. Si tu veux une alarme, trouve toi un radio réveil. » Elle fit la moue, regardant Raelyn avec de grands yeux un peu comme elle l’aurait fait pour apitoyer un parent qui refusait un cadeau à son enfant. « T’es nulle. Je reste convaincue que c'est un bon plan, moi. » Niveau argumentaire, on avait connu mieux, mais l’alcool commençait déjà à faire son petit effet. Elle décida d’ailleurs de se resservir, son verre commençant à devenir dangereusement vide, alors qu’elle interrogeait davantage Raelyn sur son passé de junkie. « Un type, mon ex, m’a ramassée dans la rue et sevrée. Il dealait pour le Club, c’est lui qui m’y a introduite. » Oh. Rien que ça? « Il a eu de l’importance alors ? » Elle esquissa un petit sourire, même si elle se doutait que personne n’était arrivé à la cheville d’Amos. Impossible.

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- 1 an après l’épidémie

« Amen. » Elle fait un signe de croix au-dessus de sa tête et là je la reconnais. Elle se fout bien de Liam elle aussi, je ne suis même pas sûre qu’elle soit restée plus d’une journée à Charleville pour décider qu’il ne revêtait aucun intérêt à ses yeux. Je la comprends, j’ai vécu dix-huit ans avec lui et pourtant il n’en a jamais eu guère aux miens. C’était le genre de jeune homme bien sous tout rapport, qu’on aurait pu qualifier de chic type. Ennuyeux à mourir quoi « Je pense qu’il ne devait plus avoir trop d’espoirs à ton sujet, un peu comme moi. » je crois surtout qu’il s’en foutait en fait, qu’il a rapidement compris que nous étions fondamentalement trop différents pour réussir à tisser un lien fort. Sûrement qu’il aurait voulu, sûrement qu’il aurait préféré que la situation soit différente, mais c’est moi qui le destin lui a mis dans les pâtes comme petite sœur et il a fait avec. « T’es nulle. Je reste convaincue que c'est un bon plan, moi. » Seigneur, qu’elle est mauvaise dans le rôle de la gamine pleurnicheuse. Son regard attendrissant ne convaincrait même pas la personne la plus naïve du monde. « Invente toi plutôt en ami imaginaire, ça nous rendra service. » Lui ne fera pas de bruit, et je pourrais l’envoyer elle discuter avec lui lorsqu’elle me tape sur les nerfs. De toute façon je passe au moins la moitié de mon temps à me demander si elle n’est pas bonne à interner, alors plus rien ne pourrait me surprendre.

Parler d’Aaron était autrefois la chose la plus dure à faire pour moi, mais il faut croire que la fin du monde a changé la donne. Certainement parce que aujourd’hui tout ce que nous connaissions sont morts de toute façon, il fait simplement partie du lot. « Il a eu de l’importance alors ? » Mon regard se perd dans le vide à l’instant, mais je ne ressens pas la mélancolie et la tristesse que je m’attendais à ressentir. « Il en a eu. Beaucoup » J’ai l’impression de parler d’un autre temps, d’une autre histoire, d’une autre personne. « On est resté deux ans ensemble. Mais j’étais à peine une femme elle époque. » J’étais une gamine, et je l’avais placé sur un piédestal, ma relation avec Amos, si elle avait eu le temps de se développer, aurait été fondamentalement différente. « Pourquoi, t'écris une biographie ou quoi ? »

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Raelyn se mit à sourire lorsque Halsey fit le signe de croix de manière ironique, preuve qu’elle n’en avait jamais eu grand-chose à faire de son frère et que même des années plus tard, c’était encore le cas. Du côté de la brune, elle n’était restée qu’un après-midi à Charleville, le temps pour elle d’en apprendre un peu plus sur son paternel et surtout, sur Rachel-Lynn. Elle était repartie de là avec une photo et aucune considération pour ce type qui était pourtant son demi-frère, au même titre que la brune. Vint ensuite le sujet de ce chien qui semblait être une idée de génie pour la jeune femme, autant pour la compagnie que pour une éventuelle alarme au cas où les rôdeurs s’approchaient. Ces bestioles, ça avait un sixième sens, non ? Mais son enthousiasme fut vite réfréné par la brunette qui l’observait comme si elle était complètement folle. « Invente toi plutôt en ami imaginaire, ça nous rendra service. » Halsey fronça le nez et leva son majeur dans sa direction avant de vider son verre d’un trait. « On aura jamais d’animaux en fait, c’est vraiment tragique. » Entre le chien et la poule, ses espoirs s’étiolaient à petit feu. Raelyn lui expliqua ensuite brièvement son passé, détaillant le fait qu’elle avait consommé de la drogue – de la cocaïne, pour être exacte – après avoir rencontré les mauvaises personnes et commencé à mal tourné. Mais elle s’en était sortie, grâce à un homme qui semblait avoir compté pour elle. « Il en a eu. Beaucoup. On est resté deux ans ensemble. Mais j’étais à peine une femme elle époque. » La brune hocha la tête, contente d’en apprendre un peu plus même s’il s’agissait désormais de choses sans importance. « Pourquoi, t'écris une biographie ou quoi ? » La jeune femme secoua la tête en souriant. « C’est pas comme si ta vie était assez intéressante pour ça. Et puis, y a plus beaucoup de lecteurs dans le coin. » Ironisa-t-elle en laissant aller sa tête contre le dossier du fauteuil. « C’est juste que je sais pas grand-chose sur toi. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules.

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Too Far Gone
Raelyn Blackwell & @Halsey Blackwell Too far gone • (Zombie Halsyn) - Page 19 873483867

- 1 an après l’épidémie

Je n’ai aucune envie de m’entourer d’une basse cour, d’un poulailler géant ou d’un zoo tout entier : il va falloir que Halsey se mette ça dans la tête et surtout s’en ôte l’idée d’adopter un compagnon à poil, à plume, écaille ou tout autre surface de peau. Il est bien plus sûr de ne compter que sur nous que sur une bestiole qu’il sera impossible de raisonner. « On aura jamais d’animaux en fait, c’est vraiment tragique. » Oui, tragique, c’est bien le mot. « Ce qui est tragique c’est ce besoin flagrant d’affection qui ça trahit chez toi. Tu voulais absolument des enfants et t’en as pas eu c’est ça ? Je suis sure que c’est ça. » Halsey maman, dieu que c’est risible d’imaginer la chose. Elle l’aurait mis au congelo plus vite qu’elle ne lui aurait trouvé un prénom et je suis persuadée que ça aurait été un mal pour un bien : elle est si frappée que j’ai du mal à penser que ce puisse être une bonne idée qu’elle se reproduise.

C’est étrange cette façon qu’elle a de me poser des questions ce soir. Est-ce à cause de l’alcool ? Est-ce mon parcours de vie peu commun qui a chatouillé sa curiosité ? Pourquoi ne les a-t-elle pas posée avant ces questions, parce qu’elle ne m’imaginait pas dans ce rôle là ? Lequel, celui de la junkie ou de la jeune femme aveuglément amoureuse ? « C’est pas comme si ta vie était assez intéressante pour ça. Et puis, y a plus beaucoup de lecteurs dans le coin. » « Ça deviendrait un best seller, je vois ça d’ici. » Je fait un grand geste de la main, mimant un titre écrit en police 56. « De la campagne à la mafia, le destin tragique d’une survivante. » Oui parce que l’apocalypse aurait sa place dans le bouquin aussi évidemment. Et oui, la fin sera tragique, cela va sans dire. « C’est juste que je sais pas grand-chose sur toi. » Je fronce les sourcils. « Je sais pas grand chose sur toi non plus. Rien qui m’ait pas été appris par un détective. » Parce que évidemment qu’après son arrivée dans ma vie j’en avais payé un pour trouver des infos sur elle.

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