Too far gone • (Zombie Halsyn)

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Même si l’envie était réellement présente, Halsey s’amusait davantage de jouer avec les pieds de sa sœur que de réellement avoir gain de cause concernant ses petits caprices qui débarquaient de façon ponctuelle. Le chien, ça sortait vraiment de nulle part. Par contre, elle devait bien avouer que cette poule avait des avantages non-négligeables, comme le fait de pondre des œufs et donc de leur fournir une source de protéines. Et puis, ça ne mangeait pas grand-chose. Mais dans tous les cas, elles n’en étaient pas encore au stade de l’adoption, et elles en reparleraient probablement lorsque la brune aurait tenu la poule entre ses mains. « Ce qui est tragique c’est ce besoin flagrant d’affection qui ça trahit chez toi. Tu voulais absolument des enfants et t’en as pas eu c’est ça ? Je suis sure que c’est ça. » Seigneur. Elle grimaça rien qu’à cette idée et secoua la tête en prenant un air dépité. « Ne projette pas tes propres problèmes sur moi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. » Elle fut secouée d’un petit rire, avalant encore une gorgée supplémentaire. « Il fallait déjà être pas mal perché pour faire un gosse dans un monde pareil. Et j’ai toujours eu trop à faire à m’occuper de moi-même. » Ajouta-t-elle en hochant la tête, comme pour auto-confirmer ses propres dires. La conversation prenait une tournure étrange, mais Halsey avait toujours été une personne curieuse et avait toujours aimé en apprendre le plus possible sur ses interlocuteurs – non pas par réel intérêt pour la personne, mais plutôt pour apprendre des informations qui pourraient lui être utiles plus tard. La brune avait toujours été fermée et méfiante, raison pour laquelle elles avaient rarement discuté d’elles-mêmes. « Ça deviendrait un best seller, je vois ça d’ici. De la campagne à la mafia, le destin tragique d’une survivante. » Oui, bien sûr. Elle hocha une nouvelle fois la tête en esquissant un petit sourire. « A croire que t’avais ça en tête depuis un moment déjà. » Elle éclata de rire, comme si cette apocalypse allait prendre fin un jour. Peut-être lorsque le monde serait uniquement peuplé de ces bestioles qui furent des humains autrefois. « Je sais pas grand chose sur toi non plus. Rien qui m’ait pas été appris par un détective. » Ah. Les détectives, c’était une habitude entre elles. « Tu veux savoir quoi ? » Elle dévoila ses dents blanches en exagérant son sourire.

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- 1 an après l’épidémie

Les enfants c’est un sujet dont nous n’avons jamais parlé, mais je pense que je peux dire sans trop m’avancer que nous avons le même avis à ce sujet : elle comme moi nous sommes trop égoïstes pour avoir envie de nous occuper d’une autre personne que nous même (je dois déjà m’occuper d’elle une grande partie du temps, alors imaginez elle et son enfant). C’est drôle de l’imaginer avec un gamin dans les bras, j’imagine qu’elle l'étoufferait avec une chaussette à l’instant même où il se mettrait à pleurer. « Ne projette pas tes propres problèmes sur moi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. » Oh seigneur, moi je serais bien pire qu’elle, c’est certain. J’ai toujours évolué en ne pensant qu’à moi, j’ai toujours vu la chose comme une malédiction. « Il fallait déjà être pas mal perché pour faire un gosse dans un monde pareil. Et j’ai toujours eu trop à faire à m’occuper de moi-même. » « A qui le dit tu? S’occuper de toi c’est effectivement déjà bien assez épuisant. » Je lui adresse un grand sourire teinté d’une hypocrisie évidente.

Je réalise lorsqu’elle me pose des questions que cela ne me dérange pas de parler de mon passé : j’en suis détachée, comme si je parlais de choses qui ne m’étaient pas arrivées à moi mais à quelqu’un d’autre. Peut-être est-ce parce qu’aujourd’hui je n’ai plus l’impression d’être cette fille qui a perdu tous les siens, j’ai l’impression de ne plus être moi, de n’être ici que pour survivre. Survivre et faire de la vie de Halsey un doux enfer. « A croire que t’avais ça en tête depuis un moment déjà. » En même temps, ça ferait un tabac. « Tu devrais saisir ta chance, si t’hésite trop longtemps les éditeurs se jetteront dessus et tu perdra ta chance de te faire de l’argent facile. » Et l’argent facile, on sait toutes les deux que Halsey aime ça. « Tu veux savoir quoi ? » Oh c’est le moment où on joue à ça. Passablement déjà alcoolisée je fronce les sourcils et reprend une gorgée de vodka. « A quel moment tu t’es dis que t’allais plumer des mecs pour t’en sortir dans la vie ? » Moi j’étais partie dans une voie différente, je voulais être la seule responsable de mon succès.

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L’idée d’avoir des enfants ne lui avait jamais traversé l’esprit, tout simplement parce qu’elle était bien trop égoïste et centrée sur elle-même pour ça. Si elle était jamais tombée enceinte par accident, elle aurait avorté sans se retourner ni se demander si cela était bien ou mal. A l’époque, elle aurait considéré ça comme étant la pire chose qui pouvait lui arriver. Mais bien évidemment, entre temps, il y eu la fin du monde alors… Les priorités avaient quelque peu été modifiées. « A qui le dit tu? S’occuper de toi c’est effectivement déjà bien assez épuisant. » Halsey répondit à son sourire, dans un petit haussement d’épaules. « On croirait entendre ma mère. » C’était si vrai, même si elle ne le lui avait jamais dit dans ces termes. Mais c’était assez facile de s’en rendre compte, puisqu’elle n’avait jamais fait en sorte de s’occuper de sa fille comme il le fallait, s’arrêtant au minimum syndical – et encore. Ça l’amusait beaucoup Halsey d’en apprendre davantage sur sa sœur, car si elle-même aimait s’entourer de mystère pour des raisons évidentes – qui n’avaient plus lieu d’être dans ce nouveau monde, mais les habitues avaient la vie dure – Raelyn n’avait pas été en reste. Elle le cultivait, le mystère. « Tu devrais saisir ta chance, si t’hésite trop longtemps les éditeurs se jetteront dessus et tu perdra ta chance de te faire de l’argent facile. » Et elle se serait probablement improvisée écrivaine si le monde tournait encore rond, car l’argent facile, c’était le meilleur moyen d’attirer son attention. « Se jeter dessus, j’en suis pas si sûre. Si je ne te connaissais pas si bien, je dirais que tu t’accordes un peu trop de crédit et que tu deviens même légèrement prétentieuse. » L’ironie perçait dans sa voix tandis qu’elle souriait à nouveau, lui demandant ce qu’elle voulait savoir sur elle – puisqu’elles en étaient finalement à cette soirée « confidences ». « A quel moment tu t’es dis que t’allais plumer des mecs pour t’en sortir dans la vie ? » Ouh, bonne question. Depuis toujours, en fait, mais elle n’en avait pris conscience que plus tard, lorsqu’elle avait été en capacité de mettre ses plans en œuvre. « Au lycée. Les parents de mon copain m’ont payé mes études. » Elle dévoila ses dents blanches ; ça avait été son premier coup de maître.

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- 1 an après l’épidémie

« On croirait entendre ma mère. » Sa mère lui disait déjà qu’il était impossible à supporter il ne s’est pas posé des questions plutôt ? J’ai presque envie de dire qu’il faudrait peut-être qu’elle se remettre en question… « Ta mère avait raison depuis le début alors. » Je ne sais rien de la jeunesse de ma sœur, de sa mère et de la relation qu’elle partageait avec elle. Je ne sais pas à quel point je m’aventure sur un terrain miné, à quel point cette dernière était absente et a laissé Halsey livrée à elle-même. Je ne sais même pas ce qu’elle est devenue, et si cela pèse aujourd’hui à la brune. Mais comme je suis du genre à mettre les pieds dans le plat, j’en rajoute encore une couche. « À savoir pourquoi elle a pas serré la vis du coup… T’aurais peut-être pu devenir quelqu’un de respectable. » Non, ça je n’y crois pas vraiment, c’est pour moi quelque chose de génétique.

Surtout quand on sait qu’elle est si vive à me renvoyer l’ascenseur et à se payer ma tête elle aussi. « Se jeter dessus, j’en suis pas si sûre. Si je ne te connaissais pas si bien, je dirais que tu t’accordes un peu trop de crédit et que tu deviens même légèrement prétentieuse. » « Que je deviens ? » Elle est au courant que je le suis déjà j’espère. J’ai toujours eu confiance en moi, bien trop confiance en moi. « Au lycée. Les parents de mon copain m’ont payé mes études. » Je fronce les sourcils. « Et pourquoi ils ont fait ça ? » Elle devait déjà être très bonne menteuse. « Et pourquoi tu t’es pas contentée de rester avec le premier gosse de riche que tu as trouvé ? » Il lui aurait offert tout ce qu’elle voulait jusqu’à la fin de ses jours. Quitte à s’abaisser à vivre au crochet d’un l’autre, autant le faire complètement non ?

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« Ta mère avait raison depuis le début alors. » Halsey haussa un sourcil, se retenant tout juste de pousser un petit soupîr. Le sujet était plutôt sensible, et elle avait renié sa mère dès qu’elle avait quitté le domicile familial, se contentant de lui envoyer une enveloppe de cash tous les mois afin d’être sûre qu’elle ne crevait pas dans un coin, même si une part d’elle était persuadée que cet argent devait servir en majorité à lui acheter à boire plutôt qu’à payer son loyer. Mais ça n’était plus son problème, et encore moins aujourd’hui puisqu’elle était plus que probablement morte. « À savoir pourquoi elle a pas serré la vis du coup… T’aurais peut-être pu devenir quelqu’un de respectable. » « Pour serrer la vis, il aurait déjà fallu qu’elle en ait quelque chose à foutre. » Elle haussa les épaules dans un petit sourire, car même si le sujet restait là sous forme de cicatrice, les choses avaient trop évoluées dans ce monde pour qu’elle y accorde le même crédit qu’elle ne l’aurait fait quelques années plus tôt. « Et je suis quelqu’un de respectable, tu vas me vexer là. » Elle prit un air choqué, avant de laisser s’échapper un petit rire et de rebondir sur son histoire d’autobiographie complètement absurde. « Que je deviens ? » « C’était ironique. » Comme si elle avait besoin de l’expliquer. Raelyn l’interrogea ensuite à son tour, cherchant à comprendre à quel moment Halsey était devenue le petit monstre de manipulation qu’elle était aujourd’hui. « Et pourquoi ils ont fait ça ? » Son sourire s’élargit encore un peu plus. « Pour mes beaux yeux et mon talent inexploité, évidemment. Tu sais, avoir un QI pareil et ne pas avoir accès à une éducation faute de moyens, c’est vraiment triste. Un vrai gâchis. » Elle haussa les épaules avant de rire aux éclats ; c’était la bonne époque. « Puis j’ai couché avec le père aussi, ça a probablement aidé. » « Et pourquoi tu t’es pas contentée de rester avec le premier gosse de riche que tu as trouvé ? » Seigneur, cette idée lui donnait la nausée. « Parce que je me lasse et que j’aime bien les défis. » Les plus gros poissons étaient arrivés plus tard, lorsqu’elle était entrée dans le monde fermé des affaires par le biais du cabinet où elle travaillait.

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- 1 an après l’épidémie

Je me suis aventurée sur les sentiers de son enfance, sans même savoir s’il s’agissait d’une bonne idée, sans même y penser une seule seconde, trop aveuglée par mon besoin de la chatouiller, de la titiller. « Pour serrer la vis, il aurait déjà fallu qu’elle en ait quelque chose à foutre. » ah. Donc après papa qui n’en avait rien à foutre, sa mère aussi était absente visiblement. Pas étonnant qu’elle ait mal tourné, même si je reste persuadée que dans la famille Blackwell, c’est plus une question d’inné que d’acquis. « Tu vas me faire pleurer… » Je la connais, la pitié n’est pas le bon moyen pour la prendre, elle préférera la taquinerie et que je fasse comme si de rien été. « Et je suis quelqu’un de respectable, tu vas me vexer là. » Jelève les yeux au ciel. As if « C’était ironique. » Comme si je n’avais pas compris. Prétentieuse, je le suis sans que personne n’ose dire le contraire. J’ai toujours confiance en moi, beaucoup trop, j’ai trop d’orgueil pour ma propre sécurité.

Je ne sais pas pourquoi je m’intéresse à son passé, peut-être pour les mêmes raisons qu’elle m’a posé des questions sur le miens : la curiosité. Nous partageons le même sang mais ne savons finalement que peu de choses l’une sur l’autre. « Pour mes beaux yeux et mon talent inexploité, évidemment. Tu sais, avoir un QI pareil et ne pas avoir accès à une éducation faute de moyens, c’est vraiment triste. Un vrai gâchis. » Mon dieu… « T’as plus passé ta vie à a escroquer des gens qu’à utiliser tes compétences légales, comme quoi c’était un vrai gâchis. » et en plus de ça, elle a plumé leur fils dans le divorce. « Puis j’ai couché avec le père aussi, ça a probablement aidé. » J’ai tout un tas de jolis qualificatifs qui me viennent en tête là tout de suite, mais la plupart seraient hypocrites. « Traînée. » Celui-là elle l’a pas volé. Je n’ai jamais vu mes charmes comme une monnaie d’échange ou un moyen de pas parvenir à mes fins, mais dans les faits je suis difficile à choquer. « Parce que je me lasse et que j’aime bien les défis. » « Et les escroqueries te suffisaient pas ? » Elle devait y gagner bien moins qu’en divorces, mais c’était certainement un peu moins dégradant.

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Raelyn s’amusait à tirer des conclusions sur son passé, ses rapports avec sa mère, mais elle était bien loin d’imaginer ce qu’Halsey avait vécu. Elle ne s’en plaignait pas, tout ça l’avait forgée telle qu’elle était aujourd’hui et elle était loin de vouloir faire pleurer dans les chaumières ; elle même ne le faisait pas, et ne l’avait jamais fait. Elle avait transformé cette vie en une force qui l’avait poussée à se dépasser pour obtenir des choses qu’elle n’aurait jamais acquises si elle avait suivi une voie « normale », et elle ne reviendrait en arrière pour rien au monde. « Tu vas me faire pleurer… » Elle esquissa un sourire, se doutant que c’était loin d’être le cas. « Mon œil. Je me demande d’ailleurs si il t’en reste, des larmes. Ou si t’en as déjà eu d’ailleurs. » Elle éclata de rire, tournant son verre entre ses doigts alors qu’elle se plaisait à avoir une conversation comme celle-là – ce qui était relativement étonnant quand on connaissait les deux apôtres. Les soirées confession, c’était très peu pour elles, mais les deux brunes se connaissaient peu et l’alcool déliait leurs langues avec un naturel déconcertant. La brune s’interrogeait sur Halsey et ce qu’elle avait fait pour avoir cet argent, pour convaincre certaines personnes de lui avoir donné autant, et la jeune femme se pliait volontiers à l’exercice, amusée de se replonger dans ce qu’elle considérait comme de bons souvenirs. « T’as plus passé ta vie à a escroquer des gens qu’à utiliser tes compétences légales, comme quoi c’était un vrai gâchis. » Pas faux. « Mais ça m’a bien aidée de maîtriser la loi parfois, ça m’a sortie de quelques mauvais pas. Et puis c’était surtout pour ma couverture, personne ne se méfie d’une petite assistante juridique. » Lança-t-elle en laissant un sourire dévoiler ses dents. « Traînée. » « Merci. » Lança-t-elle en passant une main dans ses cheveux, prenant la pose juste pour le principe. « Et les escroqueries te suffisaient pas ? » Halsey haussa les épaules. « J’ai gagné l’argent de mes divorces avant de commencer à faire chanter les gens. Disons que les mariages, ça prenait beaucoup de temps et que ça m’obligeait de m’investir beaucoup plus pour avoir une grosse somme au final. Tandis que les escroqueries et le chantage, ça me permettait d’en avoir moins, mais plus souvent. Je me contentais de ça en arrivant à Brisbane d’ailleurs… » Tant d’explications. Elle replongea le nez dans son verre en souriant sans quitter Raelyn du regard.

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- 1 an après l’épidémie

Halsey a donc grandi livrée a elle même ? J’ai du mal à savoir ce qu’elle pense de tout ça, à t’elle gardé des séquelles émotionnelles de tout ça ? Je ne suis pas sa psy, je le lui ai déjà dit et surtout, je ne suis pas du genre à pousser les autres à s’ouvrir, à s’épancher en détail sur leurs sentiments. Alors je préfère me moquer gentiment et la laisser venir à moi si elle le souhaite plus tard. Ce n’est pas son genre mais sait on jamais. « Mon œil. Je me demande d’ailleurs si il t’en reste, des larmes. Ou si t’en as déjà eu d’ailleurs. » Je ne suis pas une grande sensible et, lorsque je suis au plus bas, comme je l’ai été au début de tout ça, je me referme sur moi même. Je me contente de lui tirer la langue comme une enfant en guise de réponse. « Mais ça m’a bien aidée de maîtriser la loi parfois, ça m’a sortie de quelques mauvais pas. Et puis c’était surtout pour ma couverture, personne ne se méfie d’une petite assistante juridique. » « Personne ne se méfie de toi parce que tu as l’air d’une godiche, ça n’a rien à voir avec le fait que tu aies été assistante juridique. » Je suis vraiment trop aimable c’est fou. « Merci. » C’était pas un compliment mais elle a raison : dans ma bouche ce n’est pas non plus un jugement. « Avec plaisir. » Halsey a eu une trajectoire de vie aussi intéressante que la mienne, même si un peu moins illégale ou en tout cas, pas dans un parfum de gang. « J’ai gagné l’argent de mes divorces avant de commencer à faire chanter les gens. Disons que les mariages, ça prenait beaucoup de temps et que ça m’obligeait de m’investir beaucoup plus pour avoir une grosse somme au final. Tandis que les escroqueries et le chantage, ça me permettait d’en avoir moins, mais plus souvent. Je me contentais de ça en arrivant à Brisbane d’ailleurs… » Je hoche la tête. Au fond je suis impressionnée, je me suis élevée certes, mais au sein d’une organisation criminelle. Elle s’est démerdée seule. « Comme si ce genre de connerie, c’est dans les gènes. »

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Raelyn l’écoutait et s’abstenait de juger, même si elle ne pouvait retenir un petit sourire moqueur dont Halsey se foutait royalement. Tout ça, c’était du passé, et même quand elle en parlait elle avait l’impression de faire allusion à une autre personne qu’elle-même. Autant dire que niveau distance, on savait difficilement faire mieux. La brune l’interrogea ensuite sur son parcours « professionnel » - si tel était le terme que l’on pouvait utiliser pour faire allusion à ses activités d’arnaqueuse professionnelle, dont elle était bien plus fière que celles qu’elle avait eues en tant qu’assistante juridique. « Personne ne se méfie de toi parce que tu as l’air d’une godiche, ça n’a rien à voir avec le fait que tu aies été assistante juridique. » La brune leva une nouvelle fois les yeux au ciel, blasée des réactions de sa sœur qui visaient toujours à la rabaisser quand elle le pouvait – elle n’était pas en reste, mais tout de même, c’était usant. « Il va me falloir encore un peu plus de vodka si je veux continuer à avoir cette discussion avec toi. » Lança-t-elle en se penchant pour attraper la bouteille et se resservir une nouvelle fois en secouant la tête. « Avec plaisir. » Répliqua-t-elle alors qu’elle venait de l’insulter de traînée et qu’Halsey la remerciait en prenant ça pour un compliment – une discussion qui faisait étrangement écho à celle qu’elles avaient eue quelques heures auparavant au sujet de la compassion de Raelyn. La brunette lui expliqua ensuite son parcours – très brièvement – afin que sa sœur comprenne exactement le cheminement de sa pensée à l’époque. « Comme si ce genre de connerie, c’est dans les gènes. » Elle haussa les épaules dans un petit sourire, persuadée qu’il y avait forcément une part d’inné pour qu’elles se ressemblent autant. « Il faut croire. A se demander ce que faisait réellement Jeremiah de sa vie finalement. » Elle éclata de rire, se demandant si elles n’étaient pas les filles d’un mafieux ou d’un grand criminel qui avait refait sa vie sous une autre identité.

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- 1 an après l’épidémie

« Il va me falloir encore un peu plus de vodka si je veux continuer à avoir cette discussion avec toi. » J’esquisse un sourire : oui je suis consciente d’être capable d’être usante. Je le prends d’ailleurs comme une victoire, sans penser aux potentielles failles que j’ai révélées chez ma soeur, sans me soucier de potentiellement la blesser, sans réfléchir aux conséquences de mes paroles, tout simplement. Ce n’est pas mon genre de faire ça, ça l’était déjà peu avant la fin du monde, ça l’est d’autant plus maintenant que je n’ai plus envie ou le temps de prendre des pincettes. Peut-être qu’un jour Halsey me rentrera dans le lard, peut-être qu’elle me sautera à la gorge, mais j’ai la sensation qu’elle est faite dans le même bois et sais gérer ce genre de choses. « Toujours au verre, t’es sûre de toi ? » Je bois une gorgée de plus à la bouteille, une qui me brûlent plus encore la gorge que les précédentes, avant de remplir le bouchon et de le lui tendre pour qu’elle puisse le boire à la façon d’un shot. « On en est plus là. » Moi je commence déjà à avoir la tête qui tourne, après une année sans alcool rien de bien surprenant. Comme quoi, on a beau avoir des années d'entraînement...

Finalement ma soeur ne faisait pas partie d’une organisation criminelle de large envergure, mais elle n’a jamais gagné sa vie honnêtement non plus : un point commun dont nous avons déjà parlé mais que je remets à nouveau sur le tapis ce soir alors que nous nous laissons aller à quelques confessions. « Il faut croire. A se demander ce que faisait réellement Jeremiah de sa vie finalement. » Je pousse un soupir. « Tu parles, il était bien trop chiant pour être autre chose que comptable, agriculteur ou agent du service public. » Je ne le connais que peu, mais j’ai bien du mal à l'imaginer vivre une vie trépidante comme la notre. Je vide un dernier shot, avant de finalement reposer la bouteille. « Bon, faudrait peut-être être un peu raisonnables et aller se coucher non ? » Je ne tombe plus réellement de sommeil, mais je sais que cela ne me fera pas de bien de boire autant.

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Halsey était loin de se formaliser des réactions de Raelyn, parce que depuis le temps, elle s’y était habituée et elle ne réagissait même plus. La brune n’était pas le genre de personne qui se montrerait présente si on avait besoin de s’épancher, mais bien le genre à donner un coup de pied au cul pour ne pas autoriser le moindre relâchement, ce qui aux yeux de la jeune femme avait plus de valeur par les temps qui courraient. Elle avait suffisamment de caractère pour ne pas s’écrouler, mais les moments de déprime arrivaient parfois sans prévenir et elle restait humaine, même s’il lui était difficile de l’admettre. Au moins, avec Raelyn, sa fierté l’empêchait de se victimiser et de vivre cette apocalypse avec passivité, mais bien comme une guerrière. C’était ça leur force, à toutes les deux. Même si c’était loin d’être facile tous les jours, il fallait tout de même bien l’avouer. « Toujours au verre, t’es sûre de toi ? » Misère, elle ne s’en remettait pas de ce verre. Elle avala une énième gorgée et décida de remplir le bouchon avant de le lui tendre, lançant un « On en est plus là. » qui en disait long sur comment elle voyait la soirée se terminer. Levant les yeux au ciel, Halsey s’empara du bouchon qui faisait office de shot et de le boire, le replaçant au bord de la table en observant Raelyn. « Tu es le diable. » Et elle devait avoir des allures d’antéchrist à ses heures perdues, elles faisaient une sacrée paire. Le sujet dériva sur Jeremiah Blackwell, autant dire qu’il y avait de quoi dire – ou pas. « Tu parles, il était bien trop chiant pour être autre chose que comptable, agriculteur ou agent du service public. » « Je vais devoir te croire sur parole sur ce coup-là. » Lança-t-elle en grimaçant, ressentant cette douleur qui se réveillait chaque fois qu’elle réalisait qu’il était parti sans se retourner, sans vouloir la rencontrer. Putain. « Bon, faudrait peut-être être un peu raisonnables et aller se coucher non ? » Halsey hocha la tête en s’étirant et en étouffant un baillement ; l’alcool lui avait un peu embrumé l’esprit. « Raisonnables. » Répéta-t-elle en secouant la tête, se traînant vers la couche qu’elle avait préparé un peu plus tôt.

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- 1 an après l’épidémie

Enfin elle s’empare du bouchon pour boire directement dedans, ce n’est pas le goulot mais on fait des progrès, et enfin elle boit comme ça. Je suis persuadée qu’elle prend sur elle, et je serais fière d’elle si vraiment j’en avais quelque chose à foutre de refaire son éducation. « Tu es le diable. » Alors là. « C’est littéralement le plus beau compliment que tu m’aies jamais fait. » Je rougirais de plaisir, si je rougissais pas déjà à cause de l’alcool.

J’ai jamais été la plus appréciée au sein du Club. J’ai toujours eu le droit à ce genre de surnom, le diable n’est jamais sorti mais je dirai qu’un Reine des glaces est celui qui m’a toujours le plus plus, parmi la longue liste des choses qui se disaient lorsque j’avais le dos tourné. Ils sont tous morts aujourd’hui, ma foi. « Je vais devoir te croire sur parole sur ce coup-là » « Ca tombe bien, tu sais que je suis une personne de confiance. » Je m’étrangle moi même en prononçant ces mots. Qu’est ce que je suis drôle parfois. Notre père, je sais qu’il s’agit d’un sujet sensible chez elle. Moi il s’est tiré avant que j’atteigne mon deuxième anniversaire, au fond je ne sais pas ce qui est pire. « Raisonnables. » Je hoche la tête. Nous n'avons pas particulièrement à faire ceci dit demain, mais je n’ai pas particulièrement envie de me réveiller avec un mal de tête carabiné.

Je me dirige alors vers le salon et me laisse tomber sur le matelas que j’ai choisi. Je me tortille sur place pour enlever mon jean et je me glisse sous mes draps. « Halsey ? » J’attends qu’elle me réponde, je sais au rythme de sa respiration qu’elle ne dort pas encore. « C’est bon je te pardonne, vipère. » Je me retourne et sombre dans un sommeil profond. L’alcool a parlé, mais je ne suis pas capable de lui en vouloir longtemps de toute façon : notre survie en dépend.

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Halsey décida de se plier à sa volonté, au moins pour ne pas entendre pendant des jours et des jours qu’elle était incapable de boire comme une « vraie » - quoique cela puisse vouloir dire – et avala le contenu du bouchon d’un trait, à la manière d’un des shots qu’elle avait l’habitude de s’envoyer dans son ancienne vie, arguant qu’elle était le diable en personne. « C’est littéralement le plus beau compliment que tu m’aies jamais fait. » Décidément, elles n’étaient plus en reste concernant les compliments entre elles ces derniers temps. « Si tu le dis. » Lança-t-elle dans un petit sourire, tout en se disant qu’enfin, l’atmosphère était redevenue joviale entre elles – dans la mesure du possible au vu du contexte dans lequel elles évoluaient. « Ça tombe bien, tu sais que je suis une personne de confiance. » Le sujet de Jeremiah Blackwell avait longtemps été tabou, et même si Raelyn l’avait « connu », elle aussi avait été bien trop jeune pour avoir quoique ce soit à dire sur lui. Seul Liam, finalement, avait peut-être des réponses à fournir à des questions qu’elle n’avait jamais formulées à voix haute. Malheureusement, il était trop inintéressant pour qu’elle ait eu envie de lui faire la conversation, et encore moins sur un sujet aussi délicat. Elle aurait fini par s’énerver, par être irritée de voir qu’un clampin pareil avait eu la chance d’avoir un père pendant les premières années de sa vie alors qu’elle, elle avait tout simplement été abandonnée, sans un dernier regard teinté de remord. « Confiance, c‘est pas le premier mot qui me viendrait à l’esprit te concernant, mais bon. » Elle leva les yeux au ciel et se leva sur les dernières paroles de sa sœur qui suggéra qu’il était peut-être temps d’être raisonnables et d’aller dormir. Sans un mot, elle se laissa glisser sous les draps et ferma les yeux, sentant la sensation agréable de l’alcool qui se propageait toujours dans une douce chaleur, comme pour la bercer. « Halsey ? » La voix de Raelyn s’éleva et la brune grogna légèrement tandis qu’elle sentait le sommeil venir la chercher. « Quoi ? » Elle s’emmitoufla un peu plus sous sa couverture en attendant qu’elle lui réponde. « C’est bon je te pardonne, vipère. » Halsey laissa un petit sourire étirer le coin de ses lèvres, mais elle ne jugea pas utile de répondre, se contentant de fermer les yeux pour enfin se laisser emporter dans un sommeil profond elle aussi.

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- 1 an après l’épidémie

« Confiance, c‘est pas le premier mot qui me viendrait à l’esprit te concernant, mais bon. » « Une balle en plein coeur. » Je porte la main à ma poitrine et fait mine de m’étaler sur ma chaise, comme si elle venait de m’abattre. Je joue mieux la morte que Marion Cotillard en tout cas, et rien que pour ça je pense mériter un oscar pour cette performance. Halsey elle se contente de lever les yeux au ciel - prévisible - avant de me suivre dans le salon où nous avons installé nos couchages et que nous avons barricadé. Je me débats avec mon jean avant de me glisser sous mes draps, et finalement juste avant de m’endormir, l’alcool, ou peut-être est-ce bien nos confessions, me pousse à lui dire que je la pardonne. Je sombre dans le sommeil avant de savoir si elle m’a entendue ou non, trop tôt pour savoir si elle m’avait répondu.

Les jours suivants nous servent à reprendre des forces et nous en avons besoin. Nous avons recommencé à nous rationner mais malgré tout le plaisir de manger autre chose que nos sempiternelles conserves est toujours là, j’ai même appris à apprécier le goût étrange de l'artichaut, simplement parce que ça change. J’ai redécouvert aussi le plaisir de pouvoir me baigner tous les jours, puisqu’à part l’après midi où nous sommes sorties pour faire un plein d’essence il s’agit là de notre principale activité. Aucun incident n’est à déplorer, et moi je me répugne à partir d’ici. Le huitième jour, alors que nous sommes attablées autour d’une conserve de thon, je pousse un grand soupir. « Je pourrais m’habituer à une vie de sédentaire. » Mais nous avons besoin de recommencer à faire le plein de provisions, nous allons recommencer à aller au contact d’autres survivant, et à partir de là bouger régulièrement reste le seul moyen de ne pas nous faire traquer et repérer. « Pourquoi on changerait pas complètement de zone ? Quitte à rouler huit, dix heures avant de s’arrêter ? » J’en ai ma claque de la région.

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Too far gone

« Une balle en plein coeur. » Raelyn porta la main à sa poitrine en jouant à la morte, et Halsey secoua la tête en roulant des yeux, comme souvent face aux tentatives d’humour de sa sœur qui était constamment dans l’ironie – et si elle aussi adorait ça, elle n’aimait pas lui laisser croire qu’elle était réellement sensible à ses plaisanteries, tout simplement parce qu’elle n’aimait pas lui donner satisfaction aussi facilement – par pur principe. Les deux brunes se dirigèrent vers les matelas qu’elles avaient préalablement préparés en début de soirée, prêtes à sombrer dans une longue nuit de sommeil réparatrice qui ne leur ferait pas de mal. Et effectivement, l’alcool empêcha Halsey de trop penser et elle dormit longtemps et paisiblement, rassurée par le pardon que lui avait accordé la brune juste avant de s’endormir. Les jours qui suivirent furent probablement les meilleures pour le duo depuis un long moment. Elles avaient évolué dans le calme, sans percevoir la moindre menace ou le moindre bruit suspect, commençant presque à se sentir en vacances tant leurs journées étaient vécues sous le signe du chill ultime, à se prélasser et se baigner au lac, à faire bronzette ainsi qu’à profiter d’une nourriture qui leur changeait à toutes les deux. Cette longue semaine leur permis de reprendre des forces, de renflouer quelque peu leurs silhouettes et de se mettre dans un meilleur état d’esprit pour la suite. « Je pourrais m’habituer à une vie de sédentaire. » Attablées face à une conserve de thon insipide, les deux brunes discutaient à bâtons rompus, signe qu’elles étaient vraiment requinquées. Halsey hocha la tête, comprenant parfaitement où elle voulait en venir. « Moi aussi. Mais je pense qu’à rester comme ça, on risque de perdre notre combattivité, à s’habituer à un semblant de confort… le retour à la réalité va faire d’autant plus mal. » Elle en était conscience, surtout que l’heure du départ approchait dangereusement. « Pourquoi on changerait pas complètement de zone ? Quitte à rouler huit, dix heures avant de s’arrêter ? » La jeune femme releva le nez vers sa sœur, un sourire se dessinant sur ses lèvres. « Je pensais à la même chose. Je crois qu’on a fait le tour, et puis je serai pas mécontente de mettre encore plus de distance entre eux et nous. » Eux, les cannibales excités du Sanctuaire. « Y a qu’un seul problème ; l’essence. Il faut vraiment qu’on essaie de faire le plein, et toi-même tu sais que ça risque de prendre du temps de trouver cette quantité d’essence. »

Spoiler:

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