Kieran est le plus maladroit et adorable de l’embarcation. J’ai bien compris qu’il faut garder un oeil sur lui ou il va juste finir par filer au large - non on est pas à l’océan, mais vous voyez l’image - à un moment ou un autre. Ils étaient tellement en tête de la course les premières semaines, je les ai idéalisé - et j’ai pas encore regardé tous les épisodes, j’ai fait avance rapide pour voir les passages où j’étais à l’écran, j’avoue. Mais ça me fait trop plaisir de voir qu’il galère énormément mais que malgré tout il était dans le lead. Je suis sûr il devait tout déchirer aux énigmes. C’est vrai qu’ils ont chopé plein d’épreuves comme ça. C’est un peu comme Grace qui a quelques soucis physique de ce que j’ai compris sans qu’on me dise rien, mais qui est quand même en finale. J’aime trop, ça donne de l’espoir aux gens dans la même position. Ils ont une bonne étoile. Je suis vraiment content d’être dans la même équipe qu’eux pour les porter à la victoire. Je vais absolument faire tout mon possible. « LA RAME ! » Bien sûr fallait qu’un truc ne se passe pas dans notre sens après cette petite falaise. Je me tourne mais je ne suis pas du tout du bon côté pour l’aider et le radeau avance bien trop vite pour qu’on puisse faire quoi que ce soit.

« C’est pas grave. On a une rame de plus de toute façon. » Celle de Grace. « Ca nous fera du poids en moins pour continuer d’avancer. C’est une bonne chose. » Toujours là en train de chercher le positif partout et ça marche. Parce que c’est vrai ce que je viens de dire là. On est bien loti. On a de la chance. On avait une rame en plus. On peut continuer à bon train. On n’avance pas vite mais on avance quand même là, le courant est fort et on garde nos forces quand on peut. « Tout le monde est ok ? »

Population sur le radeau : 5 personnes, 4 rames.

Il se précipite près du bord de l’embarcation, manque de tomber à l'eau dans sa (vaine) tentative de rattraper cette rame qui s'est éloignée sans même demander son reste ; elle-aussi comprend qu'il faut quitter le navire tant qu'il est encore temps. Et c'est ce qu'elle fait, alors que dans une scène digne d'un film, les doigts de Kieran effleure le bout de l'objet sans parvenir à s'accrocher à celui-ci et tandis qu'ils basculent dans le vide, c'est comme si la rame lui faisait un dernier au revoir, le remerciant d'avoir été là jusqu'au bout, mais l'autorisant à partir sans se retourner alors qu'elle se sacrifie pour le bien commun. Le bien commun ; c'est-à-dire de faire en sorte qu'il y ait moins de poids sur ce bateau, comme le souligne Kane. Kieran n'est pas certain que ce soit la différence qui les portera à la victoire, mais il acquiesce aux propos du blond, silencieux, trop concentré sur la descente qui s'amorce et sa difficulté à retenir quelques cris (c'est un échec, d'ailleurs). Il faut dire qu'il n'a jamais aimé les sensations fortes, Kieran et que tout ceci s'accapare à une montagne russe - encore une fois, s'il avait su, il s'rait pas v'nu. « Ça va être comme ça jusqu'en bas ? » Qu'il ose interroger, ne sachant pas réellement s'il souhaite vraiment obtenir la réponse à cette question. Dans tous les cas, si les descentes sont aussi houleuses, son estomac n'y résistera pas, c'est une certitude. Mais jusqu'ici, il fait encore de son mieux et parvient à donner le change : tout le monde doit bien voir qu'il n'est pas rassuré, mais il masque plutôt bien le fait qu'il est carrément au bord de l'évanouissement si ça continue. Et si d'ordinaire il avait la pression de ne pas faire échouer Elias, cette fois-ci ce sont bien deux personnes qu'il peut pénaliser, raison de plus pour faire de son mieux et garder toute la contenance dont il est capable (même si ce n'est pas grand-chose). « Oui... je crois. » Qu'il rétorque à Kane en passant en revue ses camarades. « Personne a l'eau, aucune blessure, c'était pas gagné, mais on s'en sort plutôt bien, non ? » Il s'exclame avec un large sourire face à ce constat.  « Enfin, ça aurait presque valu le coup, j'veux dire, regardez autour de nous. » Il s'émerveille avec le sourire ; oui, c'est véritablement magnifique et c'est dommage, qu'au quotidien, beaucoup ne prennent pas le temps d'apprécier ce qui les entoure. Mais ils n'en auront pas vraiment le temps, le bateau s'emballe à nouveau dans les courants, le calme du début semble désormais bien loin.

« Ça va être comme ça jusqu'en bas ? » Ca va être pire. Mais je ne le dis pas. Je réponds pas. Je fais genre j’ai pas entendu. Je suis en train de pagayer un peu au pif juste pour faire comme si j’étais occupé à quelque chose pour ne pas avoir à mentir à Kieran pour le rassurer. Cette falaise, c’était vraiment pas grand chose. D’ailleurs on ne devrait même pas la qualifié de falaise - Baby falaise - Mais je comprends tout à fait la raison de l’appellation. C’était pas rien non plus. Mais il va y avoir pire. C’est sûr.

Une fois notre deuil de la rame fait. Très rapidement. Je fais un tour de table auprès de tout le monde. « Oui... je crois. » Si Kieran va bien, tout le monde va bien. Il est pas sûr. Il a dit oui. « Personne a l'eau, aucune blessure, c'était pas gagné, mais on s'en sort plutôt bien, non ? » J’aime trop cette petite liste qu’il vient d’énumérer. « Ouais on est bien là ! » On est tellement loin d’être des pro. Heureusement que Elias gère la direction à l’arrière. La partie la plus délicate à mon avis. Nous on a juste à pagayer de notre côté. Lui il dirige au fur et à mesure, même si oui, on peut aider en s’arrêtant d’un côté ou en pagayant à contre sens. On est quand même bien loin d’être impeccablement coordonné. C’est celui au bout du bateau, derrière, qui dirige plus que tout.

« Enfin, ça aurait presque valu le coup, j'veux dire, regardez autour de nous. » Et je relève la tête pour voir de quoi il parle. Je suis tellement focalisé sur ce qui est devant nous, ou qui risque d’être devant nous - les falaises - que je prends pas trop le temps de profiter du paysage. Un sourire se forme sur mes lèvres aussi. Parce que celui de Kieran est communicatif. Parce que c’est franchement super beau toute cette nature. J’aime le bruit de l’eau qui coule. L’eau ne s’arrête jamais. « C’est magnifique. » Si j’avais mon téléphone j’aurai pris une photo, mais les caméraman vont nous faire tous les souvenirs dont on a besoin. Un silence s’installe sur le bateau. J’ai arrêté de ramer aussi. C’est bien de gagner, mais c’est aussi bien de prendre l’énergie de la nature qui nous entoure. Toujours là pour penser à l’univers et le Karma qu’il vaut mieux soit en notre faveur. Je reprends de ramer - avant que Grace ne me crie dessus, je suis sûr qu’elle en est capable - et je brise le silence également. « Ca vous inspire ? Ca vous donne de la force ? » Pourquoi j’ai l’impression d’être un gourou en train de motiver ses troupes? J’ai juste envie de souligner les biens faits de cette petite pause nature.

Win : Le calme, on entend même quelques oiseaux, c'est beau
So close : Y'a un sac plastique qui se fait voir dans l'eau, ça brise le moment de la beauté du paysage
Fail : UNE FALAISE !

Cette semaine, dans Five Guys, Four Paddles and Way Too Many Waterfalls : ils avaient perdu une pagaie dans le ruisseau en essayant de faire remonter Isaac à bord avant le petit ravin qui se présentait à eux, et la rame de Grace avait fait office de remplacement. Même si elle n'en avait eu aucune utilité jusque-là, elle se sentait quand même vide, maintenant débarrassée de l'infime (et inutile) possibilité de pouvoir la brandir en cas de besoin : maintenant, son inutilité n'était plus que théorique, elle était carrément matérielle. Et chanter des petites chansons country ou folk pour distraire les guerriers, ça allait bien cinq minutes mais ça ne les occuperait pas tous sur vingt kilomètres. « Personne a l'eau, aucune blessure, c'était pas gagné, mais on s'en sort plutôt bien, non ? Maintenant, en plus, les encouragements viennent des troupes elles-mêmes : on aurait pu jeter Grace dans une poubelle que la différence aurait été des moindres. C'est rare, cependant, de voir Kieran aussi optimiste, aussi solaire, alors elle s'en contente sans trop tirer la gueule.

« C’est magnifique », enchaîne Kane.

Et elle doit bien l'avouer : le paysage est unique. C'est encore une de ces (trop nombreuses) fois où elle regrette de ne pas avoir dissimulé son appareil photo dans ses affaires malgré le règlement : le nombre de clichés qu'elle a perdu depuis le départ est incroyablement élevé et elle a du mal à faire le deuil. Certes, les images seront rediffusées, certainement avec le petit filtre qui va bien, mais Grace sait que ce ne sera simplement pas aussi beau.
Pas le temps ee s'en émouvoir, cependant, parce que le courant s'emballe à nouveau et une falaise s'approche, encore, cette fois ostensiblement plus raide. “FALAISE !” crie-t-elle en se calant dans son siège, serrant le bras de Kieran pour ne pas le perdre à l'eau.

win : Elias tombe
so close : Kane tombe
fail : Kieran tombe
(désolée mais bon vous êtes les extras)

“FALAISE !” Je n’ai pas le temps de m’enticher de l’habituel tu déconnes? parce que je la vois la falaise. Elle a l’air bien plus raide que les autres. Bien plus longue. That’s what she said. Et je ne fais vraiment pas le malin. Ca arrive beaucoup trop vite alors qu’on pagaie pas tant que ça. Bien sûr le courant s’est mis à accélérer aux abords de la dite falaise. Baby falaise me manque beaucoup. Je me tiens fort parce que je sens que y’a des chances qu’un de nous débarque et ça ne manque pas. Je le vois du coin de l’oeil qui décolle de l’arrière du bateau, Elias. C’est comme si ça se passait au ralentit sous mes yeux. Je tends la main pour essayer de l’attraper et le maintenant sur l’embarcation mais il est bien trop loin de moi. C’était même pas envisageable surtout que je me tiens bien fort avec l’autre main. Je ne peux scientifiquement pas l’atteindre sauf si d’un coup il s’avère que je m’appelle Dhalsim.

« NOOOOON !! » Elias est tombé à l'eau. Une fois qu’on a passé l’obstacle de la falaise, il faut à tout prix récupérer notre camarade. Impossible de continuer sans lui. Même pas en rêve. Mes histoires de ça sera moins lourd pour la suite, ne sont pas applicable. On abandonne pas un coéquipier sur la route. Avec l’aide des autres on lui tend une rame pour qu’il s’y accroche parce qu’il n’y a que ça pour l’atteindre plus loin comme ça. Je ne propose pas de sauter du bateau pour le ramener, ça risquerait juste de nous faire perdre deux personnes au lieu d’une. Plus de personnes à sauver ensuite.  « On a pas une corde ?? » La petite corde pour soulever le bateau c’est bien beau, mais une en plus à l’intérieur pour les cas d’urgences, ce serait plus que bien. J’aurai dû mieux regarder ce qu’on avait à notre disposition. J’ai naïvement cru qu’on aurait besoin que des rames. Faut d’ailleurs pas que la mienne finisse libre dans l’eau comme l’autre d’un peu plus tôt…

Win : Elias s'accroche à la rame
So close : Y'a l'autre rame de tout à l'heure qui nous a rattrapé avec le courant et y'a une corde dans le bateau pour nous aider !
Fail : Y'a pas de corde, on galère pour atteindre Elias

Sur fond de Take my Hand de Simple Plan, les membres de l'équipe reprenne place au sein de l'embarcation de tous les dangers. Kane, Grace et Kieran s'installent aussi prudemment que possible contre les boudins matelassés et j'échange un regard avec Elias avant d'opter pour une altruiste chimère. Le policier se hisse à l'intérieur du bateau de rafting et dès qu'il m'apparaît certain que je ne jouissais de plus aucun contrôle sur la direction du moyen de locomotion et qu'il en devenait ainsi irrémédiable d'agir avant de courir à une perte inévitable, je saute avec toute l'agilité dont je suis fait et muni de tout l'espoir et la naïveté de mon esprit altéré par les émotions made in ROA.

“Merde ! Isy ! Monte vite ! Falaise, falaise !” Grace me presse et stupidement, je me sens comme un cloporte condamné à périr sur le dos sauf intervention salutaire extérieure, incapable de basculer d'un côté comme de l'autre, inapte à déterminer l'orientation du sud comme du nord. Puis, sans pouvoir l'expliquer, il y a une partie de moi qui demeure dans le déni et prie que Grace prétexte la survenue d'une falaise pour me booster. Kane réduit à néant cette éventualité, toutefois, en s'exclamant avec horreur : « Falaise ???? »

Chamboulement dans le bateau, la voix de la brune me parvient entre les fracas des vagues : “Vas-y, monte !” “J'ess -” J'avale la tasse bruyamment, ferme les yeux qui me piquent déjà par le salin. On me tire, j'ai le sentiment de perdre contrôle sur mes muscles et être réduit au stade de sac à patates qui s'affale mollement sur Kieran, mais je finis en relative sécurité à l'intérieur de l'embarcation - et le Halstead sourit. J'acquiesce, impossible d'articuler présentement quelconque terme évoquant de la reconnaissance, de l'inquiétude, de l'effarement, du soulagement ou de la réjouissance, le cocktail de sensations inhibant dans sa globalité mes neurones.

« Accrochez vous !!! » Ma main attrape la première cordelette à disposition, j'essaie de me déplacer au mieux dans le bateau pour y rester et que mes coéquipiers ne passent pas non plus par-dessus bord - coups d’œil inquiets voués à Grace et Kieran -. Puis c'est le nouveau mauvais ralenti en guise de terrible suspens, la poupe du bateau qui bascule dans le vide, le couperet qui menace de nous happer sans vergogne, avant que nous sombrons drastiquement, laissant à mon estomac comme mon cœur l'impression de se coincer au niveau de ma gorge irritée par le sel des courants. « LA RAME ! » alerte le dessinateur et je cherche la dite pagaie dans la cohue, avant de me concentrer sur ce premier et attraper la corde pendouillant à son gilet de sauvetage - ou est-ce un morceau de son t-shirt ? -, redoutant qu'il finisse dans l'eau en conséquence de son élancement pour sauver la rame. « Attention, Kieran ! » Le garçon reste parmi nous mais la pagaie, elle, retrouve sa liberté. « C’est pas grave. On a une rame de plus de toute façon. Ca nous fera du poids en moins pour continuer d’avancer. C’est une bonne chose. » relativise Kane. « Tout le monde est ok ? » J'acquiesce machinalement, toutefois toujours sonné par mon expérience de déséquilibre potentiellement fatal. « Oui... je crois. Personne a l'eau, aucune blessure, c'était pas gagné, mais on s'en sort plutôt bien, non ? » Nouveau hochement de tête affirmatif de ma part. « Ouais on est bien là ! » « Enfin, ça aurait presque valu le coup, j'veux dire, regardez autour de nous. » Tout en continuant de pagayer, je lève les yeux du cours d'eau que je tente de décrypter le mieux possible pour nous épargner des déboires pour profiter du paronama. Il est vrai que mis à part l'expérience de mort subite et la sensation d'avoir l'espérance de vie réduite à chaque seconde passée sur ce bateau, l'emplacement y est magnifique et l'expérience des plus exceptionnelle. « C’est magnifique.  Ca vous inspire ? Ca vous donne de la force ? » Je n'ai pas le temps de considérer le fait que Kane ait pu subir une commotion que notre meilleure alerte beugle : “FALAISE !” Le « NOOOOON !! » se mêle au mien, j'ai encore un bout de t-shirt entre mes doigts et Kieran a disparu. « KIERAN !!! KIERAN ??? » Je vocifère et respire enfin en apercevant quelques mèches rousses. Je cherche activement un moyen pour le ramener parmi nous. « On a pas une corde ?? » « La rame, » Kane lui tend sa pagaie, nous y appliquons tous de la force pour ne perdre ni la pagaie, ni l'homme que nous espérons rescaper. « YES ! Allez Kiki ! Tu peux l'faire ! Reviens ! Suis la rame ! » Je l'encourage et suggère à l'un des garçons : « Tiens moi deux secondes. » je m'allonge dans le bateau, une jambe, un bras, qu'importe pour me plaquer au sol, tout pour tendre ma main vers Kieran et l'aider à remonter. « Allez Kieran attrape ma main, dernier effort à faire ! » Si seulement...

dé win : Elias attrape la main d'Isaac et avec l'aide des autres, est hissé à bord du bateau.
dé so close : Elias attrape la main d'Isaac mais la pagaie premièrement disparue revient comme une ex furieuse de tromperie et percute le duo sauvagement.
dé fail : FALAISE (on s'en lasse pas(puis j'voulais aussi tenter ce diable, j'avoue))

Si j’étais pas préoccupé par la falaise qui arrive droit devant, j’aurai pu me laisser le temps de penser que Isaac et moi on était en belle harmonie avec nos cris. Mais là non, on est en situation d’urgence. Et y’a Elias dans l’eau. « KIERAN !!! KIERAN ??? » Kieran ? Il a fait quoi encore ?? Je suis plutôt occupé à garder Elias des yeux. Il ne faut pas qu’il s’en aille trop loin, il faut qu’il chope…  « La rame, » Exactement. Il faut vraiment qu’il y arrive. Je me rends pas compte que c’est Isaac qui a dit ça parce que je l’ai entendu en même temps dans ma tête. Je suis en monde ‘Il faut sauver le soldat Elias’. Je n’entends plus rien à part le bruit de l’eau qui nous sépare de notre coéquipier. On est une team, on est en train de faire des efforts tous ensemble pour faire remonter Elias à bord. Il tient la rame, c’est déjà bien, il n’est pas un elfe libre. Il va rester avec nous. Oui je suis en train de me dire des mots pour me rassurer car la nature est un peu contre nous là. C’est pas gentil. J’ai été sympa depuis le début mais apparemment rien à foutre. J’ai l’habitude. « Ne lâche pas ! » Et je tire la rame vers moi, vers l’intérieur du bateau, pour qu’il puisse ensuite remonter avec nous saint et sauf. « On y est presque ! » On est bon. On est bien unis tous ensemble. Et puis j’entends Isaac qui parle encore de Kieran. J’ai loupé un truc ? J’arrive pas trop à me focus là dessus parce que je ne suis pas encore tranquille quant à la situation de Elias qui est toujours dans l’eau. Mais y’a un truc étrange qui se trame. Qu’est ce qui se passe à côté ? J’espère qu’il n’y a pas de soucis.

C'est la panique à bord, maintenant qu'Elias est passé par-dessus. Ça s'est déroulé en une fraction de seconde : ils ont tous volé à quelques centimètres de leurs sièges, propulsés en arrière par la chute magistrale qu'ils font jusqu'en bas de la falaise, et Grace sent son estomac se décrocher. Elle qui avait sauté à l'élastique une semaine avant aurait pensé avoir plus de coffre, mais sa main gauche se crispe autour du bras de Kieran, lequel décolle autant qu'elle et, quand enfin leur bolide sur eau se repose dans le lit de la rivière, leurs corps accompagnant bruyamment la chute, il leur manque un membre de l'équipage. “Ben... Elias...?” interroge une Grace soudain perdue, elle qui avait pour seul job de surveiller ses compagnons du jour et qui n'a même pas réussi à mener cette unique mission à bien.

Ça aurait pu être tout, et ça aurait déjà été beaucoup, mais non (car vous aimez trop les dés par ici) : Kieran a disparu, lui aussi, la main qu'elle crispait autour de son t-shirt est maintenant fermée sur rien du tout. Le navire est presque déserté et la panique a pris le pas sur tout le reste, au point que le courant fort ne les perturbe même plus. Tout point de navigation est oublié : Isy aide Elias à se rehausser sur le bateau, Kane crie pour retrouver Kieran et quand celui-ci se montre, les deux hommes sont trop occupés à aider leurs comparses pour se soucier de la route. De fait, Tim et Grace sont les seuls deux soldats opérationnels à bord, l'un handicapé par sa caméra, l'autre par la vie.

“Une rame s'il vous plaît ?” demande-t-elle au hasard, sans retour particulier. “UNE-RAME-S'IL-VOUS-PLAÎT ?”

Elle insiste, mais il faut bien insister. Sinon, la prochaine falaise à quelques mètres de là pourrait bien être fatale.

Deux hommes à la mer, le binôme Kieran/Elias sont unis jusqu'à l'excursion maritime dans les courants rapides du Avon Valley National Park. Si Kane se préoccupe d'Elias, je m'effare de ne pas être en mesure de déterminer sous quelle vague prospère Kieran. La pagaie est utilisée comme moyen de ramener au bateau les naufragés et si j'interpelle Kieran, c'est son binôme qui saisit la rame et avance laborieusement vers nous et l'intérieur du bateau. « Ne lâche pas ! On y est presque ! » encourage le pompier et si je suis rassuré de voir le policier bien à la surface, mon effarement suit une courbe exponentielle de ne pas être en mesure de localiser le dessinateur de la bande.

Je me plaque contre la surface du bateau dans l'objectif d'en obtenir davantage de stabilité et invite à ce qu'on me retienne tandis que je tends ma main à Elias qui parvient à la saisir. Ça glisse, ça griffe, ça gèle, mais ça finit par tenir quitte à écrabouiller et tordre des doigts au passage. Dans un effort intense, le vingtenaire revient parmi nous. « Ouf, rebienvenue parmi nous, » Je soupire de soulagement, tandis que ça s'inquiète à la proue. “Une rame s'il vous plaît ? UNE-RAME-S'IL-VOUS-PLAÎT ?” Je me tourne et adresse un portrait muni de yeux ronds comme des soucoupes à Grace et Tim. La rame qui nous a aidé avec Kane à remonter Elias en main, je tente laborieusement de réorienter le bateau pour nous épargner de subir une autre falaise - et peut-être perdre à tout jamais Kieran ?.

« KANE VIENS M'AIDER STEUPLAIT. A DROITE. ELIAS IL MANQUE KIERAN, » je distribue les rôles, crachotant un peu de sang au passage à cause de la pagaie qui est remontée avec Elias - alors qu'elle nous avait claqué en pleine tronche -. Mais ça nous fait une arme de plus contre ce périple marin. « Tiens Grace, » je donne un coup de pied dans la rame disponible - vestige de Kieran ? - pour l'orienter vers la jeune femme.

“Une rame s'il vous plaît ?” Je l’utilise ma rame pour remonter Elias qui est accroché dessus comme une arapède. Doucement mais sûrement. Là n’est plus l’heure de la précipitation. Il faut qu’il reste accroché tant qu’il est pas au sec sur le bateau. Enfin, au sec, ça sera dans un moment. On va apprécier le soleil qui tape fort pour le coup. « Ouf, rebienvenue parmi nous, » Isaac m’a prêté main forte et Elias est à présent hors de l’eau.

“UNE-RAME-S'IL-VOUS-PLAÎT ?” Qu’est ce qui se passe je comprends pas ? On a fini de sortir Elias de l’eau, on a plus besoin de rame pour un sauvetage. Mais si. Et puis je comprends. Il y a personne qui dirige le bateau et on a beau avoir arrêté de pagayer, on avance toujours, les obstacles sont toujours là. Rochers, falaises. Falaises. Ce serait le pompom là. On a vraiment pas besoin de ça en plus.

« KANE VIENS M'AIDER STEUPLAIT. A DROITE. ELIAS IL MANQUE KIERAN, »
« MAIS !???? »

Il manque vraiment Kieran ?? C’est quoi cette blague ?? Comment il est tombé ? Est-ce qu’il a été payé par la production pour nous ralentir ? Ou pire, par l’équipe adverse. Non. Je cherche véritablement des réponses à mes interrogations car ce n’est pas possible qu’il soit si malchanceux. « Tiens Grace, » Et puis je vois le sang sur le visage de Isaac. On va mourir ici ou quoi ? J’essaie de mettre la main sur quelque chose en plus d’une rame pour pouvoir atteindre Kieran qui est effectivement dans l’eau un peu plus loin. C’est incroyable. Je préfère ne rien dire, je suis concentré dans ma tâche et j’ai pas le temps d’exprimer à voix haute combien je suis halluciné par la situation actuelle. L’important étant de retrouver tout le monde sur le bateau. J’aurai bien envie qu’on bloque notre véhicule marin quelque part mais ça ne servirait à rien du tout si Kieran ne peut pas s’arrêter aussi, le courant étant trop fort. « Mon dieu… » Faudrait peut être que le caméraman mette la main à la patte ou qu’ils envoient un hélicoptère pour nous aider. Oui. Un hélicoptère. Rien que ça.


Win : Y'a une corde dans le bateau qu'on va pouvoir utiliser pour aider Kieran
So close : On a un visu sur Kieran il a pas l'air en détresse même s'il est hors d'atteinte et y'a quand même quelques petits obstacles sur le chemin
Fail : Kieran s'éloigne de nous dans l'eau