On avance bien, l’ambiance est toujours quelque peu particulière, quoiqu’un brin meilleur après notre passage dans le monde enchanté de l’enfance avec nos amis, enfin ça se discute – les scouts. On conserve notre dynamique de binôme. Kelly ne se trompe jamais sur la carte, je nous dégote des chauffeurs plutôt sympas, même si les gamins ont failli nous achever avant même le milieu de la semaine. Perth n’est plus très loin, mais lorsque l’on, c’est réveiller ce matin Parker nous a appris que l’on aurait pas le choix sur la destination pour aujourd’hui. On ne peut pas y manquer, une activité nous attends visiblement pour nous faire gagner des points. On va cracher dessus, c’est certains et c’est donc quelque peu à l’aveugle que l’on suit notre caméraman et toute la petite équipe. Il fait un peu moins la gueule Parker après qu’on lui a promis mille fois de ne plus jamais l’abandonner dans un lieu lugubre. Il est d’humeur particulièrement joyeuse. C’est louche. « Tu nous caches quoi ? » que je lui demande, un brin suspicieux. Il secoue la tête, plante sa caméra sur son épaule et viens probablement de réaliser le zoom le plus dégueulasse qui soit sur ma tête mal réveillé. On adore ! Je lui tire la langue et retourne auprès de Kelly me demandant bien ce que nous attends aujourd’hui.

C’est le gargouillis assourdissant de l’eau qui nous accueille alors que nous avons traversé la bonne moitié d’un parc tout ce qu’il y a de plus magnifique. Avant que l’on ait le temps de comprendre où l’on se trouve, nous voilà nez à nez avec une petite équipe armé de gilet de sauvetage, pagaies et casques. Il me faudra quelques secondes avant de réaliser que… « MARTIN ! » Et je me jette presque sur mon meilleur ami avant de réaliser qu’Ivy est à ses côtés, mais également Jack. Jack sans Colleen. « Tu voulais plus de Colleen ? » que je plaisante alors que je recule quelque peu pour tous les voir. Certains on l’air plus ravi que d’autres. « Mais qu’est-ce que vous faites là ? »

Le parc national était magnifique, mais Kelly était perplexe. Elle ne savait plus à quoi s’attendre de la part de production. Un combat de boxe contre un kangourou ? Une battle de danse aborigène ? Ils ne manquaient pas d’imagination concernant les épreuves qui ponctuaient l’aventure, et pour la final, la brune ne doutait pas qu’ils avaient mis le paquet. Parker se régalait de leurs moues dubitatives. Lui et sa caméra savaient se faire discret, jusqu’à se faire oublier même -et il en avait fait la douloureuse expérience. Alors garder un secret n’était rien pour lui. Non, il ne leur dévoilerait pas le moindre indice sur la suite des événements. “S’il est encore question de manger des trucs dégoûtants ou de se rouler dans la boue, je te préviens, je fais un massacre.” intima la sommelière à Loan -qui faisait mieux de ne pas prendre ces paroles à la légère.

Plusieurs mètres avant d’atteindre le bord de la rivière, Kelly nota que de nombreuses silhouettes se dessinaient autour de celle de May. Quelques pas plus tard, ces silhouettes se précisèrent, et l’australienne reconnut d’anciens candidats -dont Jack qui n’avait pas eu le temps de sauter dans l’avion pour Brisbane. Aucune trace de Colleen. Loan se rua sur Martin, et Lee se contenta d’un salut pudique mais chaleureux envers tout le monde. Elle était surtout ravie que Jack puisse quand même vivre cette finale. “Vous venez jouer les pompom girls ?” elle demanda, curieuse d’en savoir plus sur le but de leur présence sous couvert de plaisanterie.

May prit la parole pour les explications, et immédiatement, Kelly se tourna vers Loan pour lui glisser à l’oreille ; “C’est quoi du rafting ?” Jamais entendu parler. Elle espérait que cela n’était pas trop dangereux, ni trop salissant. Que nenni. “Vous allez faire une descente de 30 kilomètres dans des courants rapides. Attention à ne pas tomber du bateau !” Les yeux de la sommelière s’arrondirent comme des billes. Son regard passait du canot aux rames, à l’équipe, à May, à l’eau, au canot à nouveau. “Dans CE courant rapide ?” elle s’exclama en pointant la rivière du doigt, jonchée de rochers, hurlant d’un bruissement d’eau torrentielle incessante. “Dans ce… CETTE BOUÉE ?” Une grosse bouée, certes, mais une bouée quand même. Avec des rames. Plastique gonflable versus rapides infernales, le calcul était vite fait ; les gagnants de ROA étaient, en réalité, les derniers à être en vie.

Nous revoilà en course. J'avoue qu'a l'annonce de May j'ai cru à une mauvaise blague mais au final, non. Ivy et moi sommes bien de retour là, maintenant, pour une nouvelle épreuve. Et non des moindres ! Car aujourd'hui il n'y a pas seulement nous, il y aussi Jack, Colleen et Ezra. Nous avons tous les 5 été réparti au hasards pour différentes épreuves, notre but étant de prêter main forte au binôme qui nous a choisi. Et ce binôme là, on en parle ? Depuis le début de l'aventure lorsque j'ai vu Loan qui débarquait en même temps que moi à Kangooroo point je rêvais de ce moment où nous ferons équipe lui et moi. Et même si je sais que ça va pêcher à un moment, qu'on va forcément se prendre la tête d'une manière ou d'une autre, j'ai tellement envie de repartir à l'aventure avec mon meilleur ami !

Savoir, donc, que nous ferons équipe avec lui et Kelly nous ont choisi pour qu'on leur prête main forte, me met d'une humeur joviale. Savoir aussi que Ivy est entrain de fulminer dans son coin, persuadé que je l'emmenais dans un port de plaisance et que j'avais organisé une superbe soirée détente sur un yacht à siroter des Margherita et autre cocktail hors de prix, alors qu'en fait, entre le yacht et l'épreuve qui nous attend, il n'y a que l'élément de l'eau qui est le même. Et le fait qu'on soit sur un engin flottant. Le reste...ma foi, c'est tout sauf pareil ! Je me suis délecté comme jamais en voyant sa mine se décomposer au fur et à mesure qu'on s'est approché des rapides et j'ai vu son regard noir lorsqu'on l'a équipé d'un casque et d'un gilet de sauvetage. J'avoue que, si j'ai laissé Jack se mettre entre nous c'était surtout parce que je craignais qu'un coup de pagaie ne parte un peu trop brusquement.

Dans tous les cas, je m'amuse sincèrement déjà beaucoup, encore plus lorsque je remarque mon meilleur ami et que celui me saute dans les bras avant qu'il ne nous demande ce qu'on fait là  «On est là pour vous servir mon capitaine » que je déclare avec une courbette pompeuse avant de rigoler de bon cœur  «C'est un raft 5 places, vous n'auriez jamais...» que je commence avant que May ne me lance un regard noir pour me faire taire car c'est a ELLE qu'incombe le devoir de l'explication. Pinçant les lèvres et déglutissant, je fais un pas en arrière et baisse la tête, avant d'échanger un coup d'oeil avec Jack et pouffer de rire.

Après les explications de May, Kelly s'insurge mais j'avoue que je l'ignore un peu et, afin de, peut-être, lui changer les idées, je m'avance à nouveau.  « Alors mes capitaines» je lance un coup d'oeil vers la jeune femme et leur souris  « On attend vos ordres » c'est limite si je faisais pas un salut militaire en vrai.

Le plan, c’était qu’ils partent en week-end dans le spa le plus luxueux de Perth. Un truc avec des bains au nom qu’il pourrait jamais répéter, des massages qui soulageraient des muscles qu’il ne savait même pas avoir. Et pourtant à la seconde où Isaac et Grace les avaient éliminés, May avait pris leur binôme de côté pour leur chuchoter à l’oreille la suite de l’aventure pour eux.

Et il a le sourire du grand con de retour bien haut bien fort sur ses lèvres, Jack. Le raft qu’il remarque dans l’angle, Loan et Martin qui s’affairent à célébrer comme la veille de Noël de se retrouver, quand Epstein lui, il célèbre la nouvelle activité.  « Tu voulais plus de Colleen ? »  « Elle est occupée à tester toutes les petites bouteilles de shampooing et de crèmes dans la chambre d’hôtel, et après je pense qu’elle vise le mini-bar puis le room service.  » Colleen l’amazone qui avait besoin de repos, bien sûr qu’il s’était porté volontaire pour le rafting pendant qu’elle, elle se la coulait douce. Il ne doutait pas une seule seconde qu’elle prendrait le relais cette semaine pour joindre les rangs de Kelly et Loan et en attendant, il se sentait bien plus rassuré que jamais de la savoir se reposer du repos du guerrier.  « D’ailleurs, j’ai pensé que ça vous serait p’t’être utile. » qu’il annonce haut et fort, le malfrat de bac à sable, donnant quelques petites bouteilles tirées de la vanité de leur hôtel en échantillon à Loan et Kelly le temps qu’ils refassent leur stock au cas où ils en aient besoin.

“Vous venez jouer les pompom girls ?” et il se trémousse le con, danse d'un sens, de l'autre. « Mais qu’est-ce que vous faites là ? » «On est là pour vous servir mon capitaine » « Apparemment, ils en avaient pas fini avec nous. » et il s’en plaint pas Jack, pas une seule seconde, son sourire de vainqueur bien collé sur son air qui n’est plus aussi fatigué depuis qu’il a cumulé une bonne et longue nuit de sommeil. Il est content d'être là, encore plus de voir les regards ravis de Kelly et Loan qui ont renfloué leurs rangs pour terminer la semaine en beauté. Il y croit plus que jamais, le canadien en regain.

« C'est un raft 5 places, vous n'auriez jamais pu le guider à deux seulement sur trente kilomètres » oh qu'il jubile Jack, la tête qui se tourne vers le dit bateau. Il a une pensée pour Amos, l’embarcation change de la sienne mais le concept reste le même. « Alors mes capitaines  On attend vos ordres »

“C’est quoi du rafting ?”
“Vous allez faire une descente de 30 kilomètres dans des courants rapides. Attention à ne pas tomber du bateau !”
“Dans CE courant rapide ?”
“Dans ce… CETTE BOUÉE ?”

Les enfants rigolent et piaillent de joie et d'enthousiasme dans son dos - du moins, c'est ce qu'il croit - quand il fait un pas de plus vers Kelly. On dit de lui qu'il est un long fleuve tranquille de calme et de blablabla rien à foutre, sa mission du jour et il l'accepte, c'est de la rassurer.

« On a des vestes, elles sont hyper résistantes, des cordes aussi pour nous garder attachés au bateau. » il parle le plus doucement du monde, tentant quand même d'avoir une voix qui porte relativement vu le courant derrière eux, courant qu'il espère lui faire oublier le temps d'une seconde ou de deux. « Faut la mettre comme ça - » et il explique, patient, attendant qu'elle l'enfile sous son regard braqué sur les sangles pour s'assurer que tout va. « Les places devant et derrière sont moins prisées, mais ce sont les plus sécuritaires aussi. » comme si c'était un secret d'état, qu'il articule pour les autres à ses frais.

Kelly ne semble pas très rassurée. Vraiment pas rassurée, en vrai. Mais Jack s'en occupe et il n'en faut donc pas plus pour que je pousse Ivy vers l'embarcation. Je ne lui laisse clairement pas le choix et même si je ne suis pas à l’abri d'un coup de griffes ou d'une morsure de la lionne qu'elle est, l'envie de commencer l'épreuve est bien plus grande que la peur. Et pis c'est Ivy de toute manière, qu'est-ce qu'elle peut bien me faire ? J'hausse les épaules lorsqu'elle grogne et prend place à l'arrière, derrière Kelly. Pagaie dans les mains, j'observe le violent cours du torrent et me sens frémir d'excitation. J'adresse un très large sourire à Loan qui se place à mes côtés puis Jack qui prend place à l'avant devant Kelly et à côté de Jack Sparrow (de son nouveau nom) le super cameraman qui s'est dévouer de nous accompagner.

Me penchant légèrement sur le côté, je plonge ma pagaie dans l'eau et l'aggripe fermement, lance ensuite un coup d'oeil à Jack et, sans crier gare, je lui envoie une giclé d'eau.Une bonne rasade qui le fait trésaillir avant que nous n'éclations de rire comme les grands gamins que nous sommes. Jack il est fun, au moins. Car au vu des regards noir que me lancent Ivy -qui s'est prit quelques goûtes dans ces yeux bien trop parfaitement maquillés-, le cameraman qui a tout juste eu le temps de fermer le sac de protection de sa caméra et Kelly qui a vu la pagaie s'arrêter à quelques centimètre de son nez, je crois que seul Jack semble amusé par la situation.  « C'est bon ? Vous êtes près ?» que nous demande May. Je crois que la réponse générale est 'non' mais elle ne nous laisse guère le choix s'approche de la corde qui garde le raft en place.

Un road trip, je râle beaucoup, souvent, mais pour l’instant je survis. Il m’a promis que ce soir on allait faire une soirée que j’allais aimer. Je me suis habillée en circonstance, je me suis maquillée, et je vous jure que j’étais souriante jusqu’à ce qu’on commence à marcher un peu trop à mon goût. C’est vraiment pas le genre d’endroit où on met un yacht. Ca commence à sentir le piège et s’il continue d’avoir ce sourire satisfait sur le visage je vais prendre sa tête et l'assommer sur un cailloux. Parce qu’il y a May qui rapplique, et je me dis directement qu’on va faire quelque chose en rapport avec ROA. Je grogne, je le déteste, j’espère qu’il va mourir noyé dans les rapides. Je ne connais pas ce genre d’activité, ni ce genre d’endroit en général. “T’as plutôt intérêt à ce qu’on reste avec du monde pendant toute la semaine sinon je te tue.” Un faux sourire se dessine sur mes lèvres, il a l’air fier de sa connerie en plus.

Je ne fais même pas vraiment attention à ceux qui nous accompagnent, je regarde derrière moi. Beaucoup d’eau, et une bouée ? On est censé tous mourir en moins de deux minutes c’est ça ? J’entrevois Jack, et le type brun qui m’a fait chier pendant le premier jour de l’aventure. La seule voix que j’entends c’est celle de la deuxième fille du groupe. Je ne peux pas être plus d’accord avec elle. “Je crois qu’ils veulent qu’on meurt.” Je ne suis pas là pour rassurer qui que ce soit tant que personne ne m’aura rassuré moi. Jack qui parle encore et encore comme toujours, comme s’il devait sauver et rassurer le monde entier. Et on m’équipe, c’est affreux. Je déteste de plus en plus Martin, oui c’était possible.

Il me pousse légèrement vers la bouée, qui peut bien prendre plaisir à faire ce genre d’activté ? Je refuse de pagayer, ou de faire un quelconque effort. Il aura qu’à les faire pour deux, il a voulu faire une blague j’espère qu’il va pouvoir assumer quand on perdra parce qu’il sait pas ramer pour deux. Je m’assois, et quelques minutes plus tard des gouttes d’eau tombent dans mes yeux. Mais il veut s’en prendre une ce con ? Je vais lui mettre mon poing dans la figure et il aura moins envie de jeter de l’eau sur mon maquillage parfait. Si je tombe, je fais une esclandre. Si j’ai une seule petite égratignure, je fais le scandale du siècle.

Mes bras s’accrochent autour de la silhouette de Martin, si heureux de le retrouver qu’importe la raison, le pourquoi du comment. Il est là et voir sa bouille me redonne un brin d’élan, le dernier souffle dont on a besoin, celui qui relance la machine un brin fatiguée. « On est là pour vous servir mon capitaine » Il me fait rire aux éclats avec sa courbette. Jack m’observe tout sourire et je viens doucement frapper son bras d’un coup de coude. Je suis heureux de le voir, surpris qu’il ne soit pas accompagné. « Elle est occupée à tester toutes les petites bouteilles de shampooing et de crèmes dans la chambre d’hôtel, et après, je pense qu’elle vise le mini-bar puis le room service. » « La veinarde. » que je plaisante alors que le musicien me tend déjà quelques petits trucs qu’il a probablement chipés à l’hôtel. « T’es génial. » Pas le temps d’en dire plus, à peine le temps de m’adresser à Ivy que May s’interpose.

Du rafting ! On va faire du rafting et Kelly ne connaît rien de cette activité que j’aime tant. « C’est quoi du rafting ? » « C’est une descente de rapide sur un bateau. » Oh! L’information met un certain temps à remonter jusqu’à son esprit. Il faut que May continue son explication avant que ma coéquipière vire blanc comme un linge en quelques secondes alors qu’elle prend conscience de ce que l’on va devoir faire pour continuer l’aventure. « Dans CE courant rapide ? Dans ce… CETTE BOUÉE ? » Et déjà me voilà de retour auprès de ma coéquipière. Je m’interroge sur sa vie à Kelly, elle qui ne comprend pas mes petites références à des films pourtant culte, elle qui ne semble pas connaître grand-chose. Ils me viennent aussi les pourquoi, on y répondra sûrement bien plus tard. Bien plus tard, il faut gérer l’urgence pour commencer. « Je crois qu’ils veulent qu’on meure. » Elle veux pas se taire, Ivy ? Je soupire et plonge mon regard dans celui de Kelly. « Eh t’en fais pas, on en a souvent fait avec Martin. On va gérer. » Enfin, on va essayer. Déjà, mon regard croise celui de mon meilleur ami alors que c’est Jack qui s’occupe de ma coéquipière. Ivy semble furieuse et je préfère ne pas trop l’approcher pour le moment. « On fait comme avant ? On se met derrière ! » Elle sera là, la dynamique pour les 30 prochains kilomètres. On a beau se prendre la tête avec Martin, on se comprend souvent avec un regard. C’est tout ce qu’il y a de plus utile dans des courants rapides.

Mais pour le moment ce qui m’inquiète un peu, c’est Kelly. Je me rapproche du duo, sourire aux lèvres, alors que j’enfile moi aussi mon gilet de sauvetage. « Ça va aller ? » Elle ne maîtrise plus rien, je crois qu’elle en a marre des activités de May. « Tu sais nager hein ?! » Et je m’empresse de reprendre. « T’en fais pas, on sera là. » Parce que je vais pas l’abandonner dans la rivière, pas après tout ça. On abandonnera de nouveau Parker au pire, du pire.

Et déjà, on nous pousse vers l’embarcation. Je grimpe juste après Ivy, ne remarque pas ce que je fais et lui met un coup de pagaie dans le casque. « Oh merde. Pardon. » Je souris un peu, mais l’esquive bien vite pour rejoindre ma place, derrière, juste à côté de Martin. On se sourit comme deux idiots avant de se lever dans l’embarcation pour un check de pagaie et un coup de casque qui fait bien l’affaire. « On va tout défoncer ! » Je suis excité comme un gamin, je sais que l’on va s’amuser. « Jack, tu es notre captain ! »

“Je crois qu’ils veulent qu’on meurt.” Ivy traduisait plutôt bien la pensée de Kelly -et cela eut pour effet immédiat de ne pas la rassurer du tout.
Jack, lui, opta pour l’approche pédagogique, armé d’un gilet de sauvetage qu’il lui mit sur les épaules délicatement. Il n’était pas laid, Jack. Lee n’aurait pas trouvé la manoeuvre déplaisante si elle n’était pas focalisée sur le décès certain qui les attendait tous. « On a des vestes, elles sont hyper résistantes, des cordes aussi pour nous garder attachés au bateau. » expliquait-il d’une voix tranquille, pas soucieux pour un sou. “Mais j’ai pas envie d’être attachée à ce vaisseau de la mort !” qu’elle persistait dans son indignation comme s'ils comptaient dévaler le Styx en personne. Elle avait survécu à une sorcière vaudou, à un oeuf pourri, au saut à l’élastique et au bus de scouts pour ça ? A croire que les cent mille euros des gagnants n’étaient qu’un coupon pour une vie entière de thérapie afin de se remettre de tous les traumatismes liés à l’émission. « Les places devant et derrière sont moins prisées, mais ce sont les plus sécuritaires aussi. » poursuivait Jack. L’information ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde. “Je vais devant !” elle s’exclama, prête à couder des coudes, écraser des pieds et balancer toute personne sur son chemin droit dans les rapides. Ils avaient des vestes, après tout.
« Alors mes capitaines, on attend vos ordres. » lançait Martin, visiblement ravi par l’épreuve. Enthousiaste comme tout, il prit une pagaie afin d’éclabousser Jack -et donc Kelly, en dommage collatéral. Fulminante, elle lui jeta un regard noir. “Arrête de faire l’enfant avec les rames pour commencer.” Puis elle jeta un coup d’oeil à Loan. C’était ça, son meilleur ami ? Était-il homosexuel, lui aussi ? Avaient-ils fomenté un complot contre elle ? Allaient-ils la jeter par dessus bord ? « Ça va aller ? Tu sais nager hein ?! » C'était louche qu'il s'en assure de cette manière. "Je suis pas sûre que savoir nager soit vraiment utile là-dedans." qu'elle grommela. Après tout, une fois le crâne écrasé contre un rocher, la qualité de leur dos crawlé n'allait rien changer à leur sort. Elle monta dans l'embarcation à contrecœur, la moue boudeuse, puis fouilla dans les mignonnettes fournies par Jack le contrebandier dans l'espoir de trouver du vin dans le lot. Ce fut donc d'une traite qu'elle engloutit la mini-bouteille de blanc tiède -80% de Chardonnay, 20% du courage dont elle avait besoin.

La situation semble être maîtrisée quand au final on les fait s’installer dans le raft, chacun sa place ou son semblant de. Personne n’est étonné qu’il n’écoute pas les consignes d’assises Jack, se laissant porter au gré du vent en s’assurant juste d’un coup d’oeil d’un seul que tout le monde est bien posé, bien en sécurité. Il a contre toutes attentes développé son instinct protecteur presque paternel depuis le début de l’aventure, bien plus confortable dans la place d’un allié que d’un leader. Là, c’est l’équipe qui compte, personne n’est laissé à lui-même et il en a rien à faire que ce soit la première ou la dernière semaine. Tout ce qu’il souhaite, c’est que tout le monde suive, bien, et aime la suite, surtout.

Martin s’improvise terreur turbulente de 10 ans à envoyer de l’eau sur une Ivy qui malgré le fait qu’elle soit déjà trempée risque plus de bouillir que de geler. Si la pagaie passe à quelques centimètres du nez de Kelly, Jack l’attrape au vol la détournant de son pronostic qui aurait facilement pu casser le nez d’un autre membre de ROA - le sien de nez reprenant sa forme au fil des jours et des soins de Colleen ; bénie soit-elle. Il a les cheveux noyés par les attaques de Martin, et le visage noyé du sourire qu’il lui renvoie lorsqu’on tente finalement de ramener l’objectif de la journée clair et précis, qu’on tente d’attirer leur attention.

Son casque bien calé sur sa tête, il lâche des chuuuuut dont personne ne semble se soucier, lui-même qui pouffe de rire de s’être auto-affublé d’une quelconque touche d’autorité. Ses Converse sont déjà imbibées d’eau, ses cheveux partent dans tous les sens, et il rêve d'une clope de la rébellion  quand il s’installe en tailleur sur sa place. Jack (l’autre le capitaine) (ouais nan pas le caméraman le gars qui a l’air de Jack Sparrow) (mais il s’appelle Jack lui aussi, c’est quoi les chances en vrai?) siffle fort et bien. Un sifflement ignoré de tous, apparement.

« Oh merde. Pardon. » sans même entendre Ivy répliquer, Jack anticipe déjà que les jours de Loan sont comptés, et certainement pas à cause de la marée violente. « On va tout défoncer ! » au moins, l’esprit d’équipe renaît malgré les attaques, c’est déjà ça.

« Jack, tu es notre captain ! »
« Moi? »
« Non moi! »
« Il parlait de lui? »
« Je sais même plus qui a proposé qui.  »

Et les gars parlent, et le regard de Jack dérive aux bouteilles d’alcool offerte en genre de cadeaux d'hôte que Kelly exhibe secrètement, un fin sourire qui file sur ses lèvres de la voir gober le blanc du courage. « Garde ce qui a l’air d’être du champagne mais vraiment juste l’air pour célébrer à l’arrivée. » une autre façon bien à lui de la rassurer en chuchotant à son oreille.

« Tous! Pour les consignes de sécurité : ... » la prochaine minute semble garder focus et attention de toute la petite troupe.

On leur montre la position de sécurité.
On leur dit quoi faire pour éviter d’être éjectés.
On explique comment ramer dans le bon sens.
On liste ce qui doit être fait si on tombe à l’eau.
On parle de la flottabilité des gilets.
On s’assure que les casques sont bien mis.

« Reste plus qu’un cri de ralliement et on est partis. » oh qu’il regrette déjà la blague après l’avoir dit, l’air goguenard de Loan et de Martin lui suggérant que cette partie-là du deal est depuis longtemps remplie.

Je me choppe beaucoup de regards mauvais, mais aussi des regards amusés et des sourires et j'ai bien l'impression que ça va être le raft du tout ou rien. Ceux qui s'amusent comme pas possible d'un côté et les grognons sans humour et en plein de panique de l'autre. Fort heureusement, je peux au moins compter sur jack qui est de mon côté au niveau humour de gamin de 10 ans ainsi que Loan qui, installé à côté de moi, cogne volontairement son casque contre le mien et j'en fait de même avec sa pagaie. Je rigole à nouveau, alors que Loan est plus que maladroit pour essayer de rassurer sa coéquipière. Mais j'ai décidé, dès le moment où j'ai su qu'on sera une équipe, de ne pas m'immiscer dans leur binôme. Tant que Kelly se tient à carreau et qu'elle n'ose pas émettre  un quelconque jugement de valeur à l'attention de mon meilleur ami, je me tiendrais en retrait. Si toutefois elle ose dire quoique ce soit, je ne me retiendrais sans doute pas.

Mais pour l'instant le temps n'est pas aux disputes ni aux jugements hâtifs. Un rapide coup d’œil à l'attention de Loan, une interrogation silencieuse qui me suffit pour me faire comprendre qu'il n'y a plus eu de débordement depuis la dernière fois. J'hoche une fois la tête puis reporte mon attention sur Jack #2 (parce que l'autre Jack c'est le meilleur dans il porte le #1!)  qui commence à nous donner des explications sur la sécurité à  bord. Je l'écoute avec attention, observe du coin de l’œil que Kelly se donne un peu de courage avec du chardonnay puis me redresse brusquement quand le meilleur des deux Jack déclare qu'il nous faut un cris de guerre.

J'échange un coup d’œil avec Loan, large sourire sur les lèvres  « On le fait ?» demandais-je avant de froncer les sourcils, pris d'un doute  « Non, vaut mieux pas je ...» je regarde vers Jack, hésite puis hausse les épaules  «Bon. HA-...»  et je ne peux en dire d'avantage qu'une vague met l'équilibre de tout le monde et la stabilité de l'embarcation a rude épreuve.

Spoiler:

Je crois qu’elle ne m’apprécie pas Ivy et voilà que je lui mets un coup sur la tête. Bon… On aura mieux comme départ pour des gens qui sont censé faire équipe. On est une sacré team tous ensemble. Entre ceux qui ont peur, ceux qui râlent et les trois gamins qui se croient à Disneyland. Non vraiment, team de choc, moi je vous le dis. Je lance malgré tout un sourire à miss Australia, pour ne pas trop la contrarier. Je crois que Martin en fait déjà assez pour la malmener la pauvre. Elle va bien s’entendre avec Kelly, je crois. En espérant qu’elle ne réveille pas les idées religieuses de ma chère camarade qui nous dévisage à l’instant même avec Martin. « Arrête de faire l’enfant avec les rames pour commencer. » Non. Non, elle me gâchera pas le plaisir de faire équipe avec mon meilleur ami. Je refuse. Si je ne considérais pas l’activiste comme mon frère, je lui aurais roulé une pelle d’enfer. Juste comme ça. Pour le plaisir. En réalité, je me retiens, garde mon sourire et exécute le check de l’enfer. Bientôt, Kelly va réclamer de l’eau bénite. « Je suis pas sûre que savoir nager soit vraiment utile là-dedans. » Un soupire et un nouveau sourire dans sa direction, je voudrais lui dire que je ferais attention, mais préfère ne pas renchérir.

« Jack, tu es notre captain ! »
« Moi? »
« Non moi! »
« Il parlait de lui? »
« Je sais même plus qui a proposé qui.  »

Je lève les yeux au ciel, c'était le dialogue du none sens, mais ça les fait marrer au moins. On est bien paré avec la team des Jack, les princesses et… Well les deux meilleurs amis qui risquent, très probablement, de se foutre sur la gueule avant la fin des 30 kilomètres. Avouons-le, on sait pas faire autrement et quand la joie de se retrouver sera passer. Well… Advienne que pourra. « Je vous préviens, on doit arriver premier. » Non, mais qu’on remette les choses aux clairs, juste deux minutes, tout de même.

On s’installe du mieux que l’on peut dans notre bouée comme le dit si bien Kelly et voilà que Jack, pas le participant hein, l’autre, nous donne les consignes de sécurité. J’écoute attentivement, ce qui n’est clairement pas le cas d’Ivy. « Princesse, si tu veux pas valser, va falloir écouter. » C’est dit avec le sourire, je cherche pas la guerre, mais je voudrais éviter qu’elle aille s’ouvrir le crâne sur un rocher par la même occasion. Oh, après tout, Martin doit bien avoir l’habitude de la gérer. Puis on a autre chose à faire nous.

LE CRI DE GUERRE.

« On le fait ? » « Clairement ! » Et personne ne va rien comprendre, parce que c’est un truc qu’on hurle complètement bourrer lors du carnaval de Munich, mais on s’en fiche bien. On voudrait le faire, ce petit truc de notre adolescence, mais pas le temps. Le courant en décide autrement et vient asperger, que dis-je, submerger la jolie Ivy. « Oh merde. » Je me penche en avant pour m’assurer qu’elle va bien alors qu’elle a tout lâcher subitement. « Ça va Ivy ? » J’ai beau me moquer d’elle, j’ai pas envie qui lui arrive un truc non plus. Surtout pas dès le début… Puis c'est pas mon genre d'en vouloir à qui que ce soit, c'est pas son élément et je le comprends.

Y’a trop d’eau, trop de courant, trop de personnes. La seule que j’arrive à supporter jusque là c’est Karlie ? Kenny ? J’ai pas bien compris comment elle s’appelle. Mais elle l’air d’être du même avis que moi. Ce truc est trop dangereux, et les 3 mecs ont l’air d’avoir 10 ans d’âge mental. Comment on est censé survivre aussi longtemps assis là à 5 au milieu de l’eau ? Je grogne, je souffle, je fais tous les bruits possibles et imaginables pour que le monde entier sache que je suis énervée, et qu’ils risquent de passer une mauvaise épreuve. Surtout si Martin continue à jouer au con de cette manière. Je le hais, et j’ai beaucoup de scénarios de meurtres qui me viennent en tête. Jusqu’à ce que Loan me mette un coup de rame dans la tête. D’accord, donc la liste des personnes que j’ai envie d’éliminer ne fait que s’allonger. “Si je me retourne et que je prends assez d’élan tu penses que je peux vous assommer en même temps pour que vous mourriez noyé ?” Mon sourire faux qui s’agrandit quand je tourne et que mes yeux se plantent dans ceux de Loan avant de regarder de nouveau devant moi.

Et y’a trop de Jack, ils parlent ils ne s’arrêtent plus. Ils sont tous comme ça les Jack ? Je grogne une nouvelle fois, j’ai hâte qu’ils me disent que je suis trop insupportable pour m’obliger à descendre de cette embarcation. “Et toi si tu veux pas perdre ta langue il va falloir la fermer.” Ok il a eu mon attention une seconde. La mauvaise seconde puisque j’ai vaguement eu l’impression qu’il tentait de me donner un ordre le con. Finalement, je ne sais pas qui est le pire des deux entre Martin et Loan.

Une vague, une putain de vague énorme qui ne tombe que sur moi. Bien évidemment. Je suis trempée, j’ai tout lâché. Si une seule personne dit un mot je me barre. Jackpot, y’en a un qui a ouvert sa bouche. J’ai même pas écouté ce que Loan a dit que la corde était déjà détachée, mon gilet à moitié enlevé, et j’étais sorti du bateau. Ils ont qu’à faire leur vie à 4.

« On le fait ? »
« Clairement ! »
«Bon. HA-...»  
« Oh merde. »

Et elle est immense la vague qui s'abat sur eux, immense au sens où elle a de quoi décoiffer et secouer qui que ce soit se trouve droit devant et - et oh merde, c'était Ivy, qui était droite devant. « Ça va Ivy ? » Jack serre la mâchoire et les dents avec, il appréhende, sachant très bien que de lui demander comment elle va fait office de plateau d'argent pour qu'elle lui largue la liste complète et exhaustive de tout ce qui va pas - par sa faute en plus - à la gueule.

Comme de fait, la seconde d'après, elle déferle, le regard aussi noir que le sont les cheveux trempés d'un Epstein qui a évité le tsunami à la dernière seconde. “Si je me retourne et que je prends assez d’élan tu penses que je peux vous assommer en même temps pour que vous mourriez noyé ?” « Personne va assommer qui que ce soit et personne va mourir noyé. » il essaie de calmer les troupes mais fait probablement l'effet inverse, se contentant d'insister au moins sur la dernière partie de son intervention inutile pour rassurer Kelly installée à ses côtés. Kelly et ses doigts qu'il jurerait avoir vu se refermer un peu plus fort sur sa mini bouteille de vin dramatiquement vide.

“Et toi si tu veux pas perdre ta langue il va falloir la fermer.” elle part Ivy, juste comme ça. Elle saute du bateau sous le regard horrifié du musicien, lui qui se lève d'emblée pour attraper sa veste de sûreté à elle au passage, rejoindre la terre ferme la seconde d'après. « Je reviens. Cinq minutes, c'est tout ce dont on a besoin. » qu'il s'excuse, pour elle, pour lui, pour leur retard. Mais surtout pour croire comme un con qu'il puisse avoir le moindre pouvoir de la ramener avec eux pour la suite de l'aventure.

« Ça te donne un coup de rame d'avance à lui filer pour te venger, t'as de quoi être contente en vrai. »