| | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 2:45 | |
| L'eau est glacée, elle lui donne l'impression d'être transpercé par des dizaines de coups de poignard à la fois. Et elle, elle dérive, elle cherche appui. Il ne voit qu'une tête blonde parcourir un mètre puis disparaître sur deux, il panique et il flippe, bien sûr qu'il flippe. Il est en colère pour l'instrument qu'elle a tiré dans un élan de rage, ça personne ne s'en étonne. Mais n'en reste qu'il gèrera la hargne et le ressentiment bien plus tard.
C'est elle, qu'il vient d'entendre au loin? Il l'ignore et il nage Jack, désormais à même les flots. Il aurait pu marcher encore un peu, ses pieds touchant le fond encore le moindrement facilement. Pourtant désormais il préfère y aller vite et bien. Ses bras ne sont pas fatigués ou proches de l'être. Et comparativement à la course à relais, c'est maintenant ou jamais qu'il laisse l'adrénaline le pousser à aller plus vite, encore plus vite, toujours plus vite.
Ivy n'est nulle part. Il tourne sur lui-même, l'appelle une fois, deux, dix autres. Les trois restés sur le bateau et même le capitaine lui donnent l'impression que dès qu'ils voient la Waterhouse remonter à la surface ils la lui pointeront. Mais il peut pas se permettre d'attendre après eux Jack, quand il persévère, encore, toujours, bien plus qu'à son habitude. Sa tête file sous l'eau maintenant, les flots lui piquent la vue, il avale la tasse par deux fois. Et elle, elle n'est toujours pas là.
Alors il a l'idée de grimper sur le premier rocher du bord. Il improvise et la surface est glissante, dramatiquement dangereuse. Il s'y accroche pourtant, à s'en râper les mains. Se disant que dès qu'il aura un point de vue plus circulaire sur la rivière, il en saura plus sur la situation de celle qu'il se refuse absolument d'abandonner au courant. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 2:55 | |
| Je suis tombée à l’eau, je suis restée sous le bateau pendant de trop longues secondes et personne ne m’a vu dériver. Je reprends ma respiration comme je le peux, je tousse comme si j’avais avalé 20 litres d’eau. Entre les vagues et les longues secondes passées la tête sous le bateau c’est possible non ? Ca ne m’étonnerait pas en tout cas. J’ai la tête qui tourne, et mes yeux qui voient des points brillants qui n’existent sûrement pas pour le reste du monde. Je ne lutte pas contre les flots alors que je devrais. Je devrais essayer de rattraper le bateau mais déjà je ne le vois plus. Ils sont trop loin, et sans pouvoir l’expliquer je suis toujours aussi enragée. J’arrive même à me dire que je peux être mieux ici que sur cette foutue bouée. Je ne sais pas si quelqu’un m’a suivi, je vois même pas pourquoi je pose la question. Je sais que Jack l’a fait, qu’il m’a suivi sans même savoir où j’étais, parce qu’il fait toujours ça.
Je tente enfin de relever la tête, je cherche du regard quelqu’un, n’importe quoi qui pourrait être une personne ou un bateau qui aurait fait demi tour. Personne ne peut faire aller le raft à contre courant. Comment je vais pouvoir les rattraper ? C’est impossible, je suis sûre que je n’y arriverai jamais. J’essaie de me retenir à des rochers, le courant m’emmène vers un autre chemin, un autre bras de la rivière. Oh non non non je ne peux pas partir par là-bas. Si c’est ce qu’il se passe je ne vais jamais pouvoir me sortir vivante de l’eau. C’est toujours aussi glacé, mes lèvres sont certainement déjà bleues, je déteste ça. Je me sens seule et abandonnée. Je tousse trop pour pouvoir hurler à plein poumon, et de nombreuses vagues me viennent en plein visage. Alors je tente de lever une main, et je fais de grands signes. En espérant que quelqu’un me voit.
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 3:03 | |
| Il voit sa main. Il voit sa main et il en hurlerait Jack, il saurait faire que ça, mais il a pas de temps à perdre le con qui note même pas l'emplacement exact d'où elle se trouve quand il plonge à nouveau.
Et il nage de plus en plus, il parcourt les mètres qu'il reste. Sortant sa tête de l'eau à plusieurs reprises, il garde tout de même intelligemment un point de repère, quelque chose qui lui suggère qu'elle est stable, qu'elle est retenue - qu'elle va bien. Elle va bien, elle va bien, elle va miraculeusement bien ; qu'il se répète, à bout de souffle. Ses muscles ont depuis longtemps cédé au froid de la rivière, mais il n'en a absolument rien à battre quand il réalise qu'ils ne sont qu'à quelques vagues l'un de l'autre et que d'ici, elle n'a pas l'air blessée.
Son Ivy est noyé par une nouvelle ondée qui le repousse en arrière, il lutte le canadien, il se redécouvre une ténacité qu'il n'avait pas eue depuis bien longtemps. C'est dans une tentative un peu plus dangereuse qu'il ne se l'avouera jamais qu'il tente de grimper à nouveau sur un rocher puis sur un autre. Improvisant un parcours entre les différentes pierres aussi glissantes qu'éparses pour se rendre à elle. Par trois fois il manque de s'éclater la gueule - un peu plus qu'elle ne l'est déjà - et par cinq de se fendre le cou - et il connaît un duo de frères qui s'en réjouirait.
Et il y arrive, il y arrive presque, il est là, il y est et il la voit, il espère qu'elle le voit elle aussi. C'était moins une et c'était beau, c'était héroïque et surtout c'était ce qu'il espérait dès qu'il a commencé à sortir ses meilleures prières pour recevoir l'aide de quiconque puisse l'entendre là-haut.
Mais ça, c'est avant qu'il perde pied, avant que la marée ne lui ajoute un degré supplémentaire de difficulté et qu'il tombe à nouveau. Tête première, entre les vagues violentes d'un contre-courant qui tantôt les éloigne, tantôt les rapproche. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 3:20 | |
| Je fatigue vraiment, c’est compliqué à gérer. Je n’arrive pas à nager tellement mes muscles sont tétanisés par le froid. Je suis gelée, j’ai vraiment peur là, de ne pas m’en sortir. Personne devait se noyer, Jack l’a dit. Alors pourquoi j’ai l’impression que c’est exactement ce qu’il m’arrive. Non, je vais lutter. C’est à ce moment là que l’instinct de survie, ou l’adrénaline, ou quoi que ce soit doit prendre le dessus sur moi, sur toutes mes questions et mes agissements. Allez, je dois bien avoir ça quelque part. Ce ne serait pas la première fois que je repousserais mes limites pendant cette aventure. Je lève les main, je veux que quelqu’un me voit. Peut-être qu’ils sont moins loin que ce que j’imagine. Je ne vois rien du tout, c’est terrifiant. Les rochers et les vagues me barrent la vue.
Et je vois Jack qui est en train d’escalader tous les rochers de la rivière et je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en me disant qu’il va finir par se casser la gueule. C’est ce qui va arriver, ce n’est qu’une question de temps. Mais j’essaie tant bien que mal de m’accrocher au rocher, je ne peux pas partir dans l’autre bras de la rivière. Je force, je donne tout. Je vais tenter de nager vers lui, mais je n’ai jamais été une experte pour ça. Je me relève légèrement pour essayer de grimper sur le rocher et je me tord le poignet. Fais chier, j’ai vraiment l’impression que je ne m’en sortirai jamais. Mais Jack tombe, fort. Je l’entends jusque là où je suis et c’est peut-être ça le déclic. C’est ça qui me permet de réveiller la folle compétitrice. J’oublie le poignet, je force sur mes bras et je passe de l’autre côté du rocher. “Nage !” C’est ce qu’on fait déjà depuis de longues minutes.
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 3:29 | |
| La chute fait mal, vraiment. Elle réveille toutes ses ecchymoses et tous ses muscles endoloris, elle entraîne avec elle tous les bons soins que Colleen lui a avec bienveillance apportés les jours durant, suivant la grande bagarre. Elle était pas là Ivy et elle n'a jamais su ce qui s'est passé, il se surprend comme un con à bout de souffle à travers la mer qui se déchaîne à se jurer de lui en parler. Il sait même pas pourquoi il veut le lui dire, il sait juste qu'il veut lui dire la vérité, que ça fait apparemment partie de leur plan à eux deux, plan qui semble de plus en plus impossible à mettre en place si 50% du duo se retrouve noyé à la télé.
“Nage !” c'est ce qu'il fait, putain c'est ce qu'il tente du moins.
Mais rien n'y va et rien n'aide en vrai, les rôles sont inversés quand c'est elle maintenant qui est sur les rochers et lui qui lutte pour remonter à la surface. « Ivy! » qu'il tente, pauvre imbécile inutile, alors que sa voix est sûrement enterrée par l'eau qu'il reçoit de parts et d'autres du visage, de la gorge, du corps en entier. « La piscine à l'hôtel était bien mieux! » rien à foutre que son humour de merde soit mal placé, rien à foutre qu'il soit potentiellement en train de lutter pour survivre.
Il fait pas dans le drame Jack, il fera peut-être lorsqu'il redressera la tête plutôt. Quand il verra, horrifié, l'immense rocher dépassant des flots vers lequel il se dirige à toute vitesse. Le courant l'y pousse et il cherche une branche, il cherche une parois, il cherche n'importe quoi pour s'y accrocher mais rien ne fait et rien n'est à portée. Oui, la piscine à l'hôtel était bien mieux. Oui aussi, il doute de pouvoir la tester à nouveau. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 3:39 | |
| J’ai réussi à sortir mon visage et mon corps de l’eau. C’est tout ce dont j’avais besoin pour rapidement reprendre mes esprits et trouver comment aider Jack cette fois. Je suis toujours énervée, ma rae ne redescend pas aussi facilement, et il n’y a que lui pour m’énerver à ce point aussi vite. C’est encore plus enrageant. Je soupire quand je l’entends m’appeler. Je ne peux pas retourner dans l’eau, je dois trouver une solution. On va la jouer à la danseuse, je suis bien plus gracieuse, et j’ai plus d’équilibre que lui. Alors je me lève, oui je pense pas aux risques. La pagaie, je vois une de nos pagaie entre des rochers. Je soupire, et me prépare rapidement. Je saute de rocher en rocher. Ca glisse, je risque sûrement de mourir à chaque pas mais je garde un oeil sur Jack qui tantôt s’éloigne et se rapproche. Je vais y arriver, il ne mourra pas comme ça, c’est moi qui l’éliminerais à main nue. J’attrape la pagaie, elle est longue. “JACK” Il est sur le point d’être projeté contre un énorme rocher. Je soupire de nouveau. Cette fois le rocher est plat mais plus éloigné que ceux d’avant.
Je saute, rapidement. J’ai failli glisser, je me rattrape sur le poignet déjà blessé et je grimace. “Attrape” Je tends la pagaie vers lui, il va falloir qu’il fasse un effort, sinon je vais être obligée de plonger de nouveau. Et il tente l’humour le vieux. Je secoue la tête, c’est vraiment pas le moment. “Ouais bah survis je te rappelle que t’as promis à Kelly un date dans ton hôtel. Je pense que tu devrais l'emmener dans cette super piscine” Oh oui il est piquant mon ton, parce qu’il y en a toujours une pour être entre nous quand ça allait à peu près bien. Et même dans cet état, au bord de la noyade, je reste la même.
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 3:50 | |
| Il cherche toujours l’idiot, il cherche et il trouve rien. Le seul élément auquel il se rattache reste la silhouette de Ivy qu’il voit se précipiter sur les rochers, elle qui perd parfois l’équilibre pour finir par le reprendre dans un air d’aller. C’est avec toute la panique dont il ne se connaissait pas garant qu’il la suite des yeux, inquiet qu’elle fasse une fausse manoeuvre, qu’elle s’abîme bien plus qu’il n’est en train de s’abîmer lui-même. “JACK” il sursaute, quel con, quand la vague le ramasse à la volée mais que l’espoir fait encore mieux. Il y était à deux cheveux là, de céder et de se nouer, de perdre pied. Elle a une rame Ivy, probablement une de leur dizaine de milliers qui sont tombées à l’eau plus tôt et il est hilare Jack, quand il s’en fait la remarque mentalement. Il devra la lui faire dès qu’ils rejoignent la terre ferme. Si.
Il dénote son rictus de douleur à la blonde, le poignet qui semble lui élancer et il déteste ça Jack, il déteste la savoir blessée. “Attrape” la piqûre de rappel est exactement ce dont il avait besoin, quand bien même il allait céder la seconde qui suivait à une nouvelle marée encore plus violente que la précédente. Elles le sont toutes en ce moment, de plus en plus fortes, de plus en plus dangereuses. “Ouais bah survis je te rappelle que t’as promis à Kelly un date dans ton hôtel. Je pense que tu devrais l'emmener dans cette super piscine” oh vraiment on va là Ivy? « Tu pourras en profiter pour tester la glissade avec Martin et son fils aussi, du coup. apparemment, l’adrénaline et les quelques coups reçus sur la tête au fil des rochers sur son chemin lui ont remis les idées en place. Il se souvient des détails qui n’en avaient pas que le nom, finalement.
La minute d’après, ses mains empoignent fermement la pagaie. Si elle veut le noyer, c’est le moment où jamais. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 4:00 | |
| Les rochers sont nombreux, pas si éloignés que ça. Je n’aurais jamais fait un truc pareil si on avait pas été dans cette situation. Quand je me souviendrai de ces bons que je viens de faire, je prendrais certainement peur. Mais là, la seule chose qui me fait peur c’est Jack qui fonce sur un rocher. S’il s’assomme, je ne le retrouverai jamais, donc c’est maintenant ou jamais. J’ai mis mon cerveau en mode pause, je ne réfléchis plus, j’avance et je le surveille. Il n’a plutôt pas intérêt à mourir ici Epstein ou il aura à faire à moi. J’ai l’impression qu’il rit, c’est une blague ? C’est pas le moment de rire.
Je ne peux pas retenir une remarque, celle qui me brûle la langue depuis de longues minutes. Depuis qu’il a commencé à organiser un cours improvisé de ukulélé pour la première venue. Je le déteste autant que j’ai envie de le sauver à cet instant. Je soupire et me pose sur le rocher pour qu’il attrape la pagaie. Là je pourrais le noyer quand il répond. Depuis quand il répond Jack ? D’habitude il se tait, il encaisse, ou alors il tourne ça en dérision. Il joue pas au jaloux, c’est pas Jack ça. Je lève les yeux au ciel. “Sérieusement ?” J’étais donc pas la seule à écouter les conversations des autres à ce que je vois. Je viens d’apprendre que j’avais couché avec un type qui a un enfant, j’avais le droit d’être un peu énervée non ? De toute manière je passe à peu près 90% de mon temps à être énervée. Il s’accroche à la pagaie. “Je devrais te laisser te noyer.” Mais mes bras le ramène vers le rocher. Mon poignet me fait mal mais je l’oublie quand je lui tend la main. Je ne compte pas la lâcher avant d’avoir retrouvé le bateau. Si on le retrouve un jour.
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 4:16 | |
| Elle devrait le laisser se noyer qu’elle statut haut et fort, mais pourtant elle l’aide, ou du moins c’est l’impression qu’il en a quand les manœuvres restent tout de même celles qui lui permettront aujourd’hui du moins il l’espère d’ultimement sortir de là en vie. Elle est belle Ivy maintenant qu’elle rage, et elle rage définitivement (trop) fort depuis le début de la journée (de l’aventure). Son sourire à Jack, il remonte, il est espiègle malgré la situation de merde qu’ils se coltinent tous les deux. Bientôt, il est narquois et il s’en permet quand l’instant d’après il tente de se hisser au mieux de ses capacités à l’aide de la pagaie qu’elle lui a si gentiment dédiée. Elle n’en finit plus de grogner.
Il prend trop la confiance Jack, quand sa poigne supplante en vigueur bien trop fort et bien trop vite, qu’il tire trop fort l’imbécile, au point où la minute d’après ce n’est pas que lui mais maintenant aussi Ivy qui sont de retour au point de départ, de retour à l’eau. Il rage à son tour, il grogne et il n’en finit plus, De détester les éléments. Puis, la seule priorité restante est d’attraper la taille d’Ivy pour la garder le plus près possible de lui question de survie. Son bras libre a tôt fait de passer autour du rocher le plus proche, les retenir eux envers et contre tout au-delà des marées qui n’ont pas finit pour un bon moment de ne pas les lâcher.
Et maintenant, on fait quoi? Et maintenant on attend l’équipe de survie ou la cavalerie sûrement, quand au loin il ne voit rien d’autre que la pagaie salvatrice s’éclater contre les côtes. Et ironiquement les restes de son ukulele qui flottent de parts et d’autres des vagues qui les entourent.
« Qu’est-ce qui est arrivé à ton poignet? » qu’il demande, éternellement à côté de la plaque, éternellement inquiet aussi. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 4:24 | |
| J’ai été sur le point de me noyer, puis ça a été le tour de Jack. Il a voulu venir me récupérer et c’est lui qui est tombé, qui s’est blessé. Je ne sais pas quoi faire à part lui tendre cette pagaie de loin en rageant parce que lui n’a pas le droit d’être énervé alors que moi j’ai le droit. Je peux poser tout le blâme sur ses épaules, et sur son besoin presque pathologique de séduire tout ce qui bouge. Il ne le fait peut-être pas exprès, pourtant il le fait. Et c’est en ça qu’il est terrifiant Jack. Il est pareil avec tout le monde, je ne suis pas une exception et il faudrait que ça rentre enfin dans ma tête ça. Je la secoue ma tête d’ailleurs. Je suis trempée, et mes cheveux dégouline d’eau. Il fait froid, mais je ne tremble pas. Pas encore. Ma force est bien trop concentrée dans mes bras pour remonter Jack à côté de moi, lui aussi a sûrement besoin de respirer.
J’en avais des tas des remarques à faire, des trucs à lui dire sur à quel point il a aucun droit de rager quand c’est impossible de comprendre ce qu’il veut Epstein. Mais il tente de monter, j’essaie de l’aider mais on retombe à l’eau à deux. Je le vois le moment où je vais pas avoir le temps de me retourner pour l’attraper, je n’ai pas la force de le retrouver une nouvelle fois. Et c’est lui qui m’attrape, son bras qui s’enroule autour de ma taille pour qu’on reste au même endroit. “J’ai essayé de monter et j’ai glissé. Il s’est tordu, je préfère pas regarder son état.” Je soupire, le rocher nous cache quelques secondes des vagues et j’arrive quand même à respirer un peu. “Il s’est passé quoi avec ton nez ?” C’est vraiment ce genre de conversation qu’on a alors qu’on est à deux doigts de se noyer. “On va mourir, je crois qu’on va vraiment mourir là.” Et ça y est je panique. “Si tu veux rager c’est le moment on doit avoir une espérance de vie de genre 15 minutes.”
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 4:40 | |
| “J’ai essayé de monter et j’ai glissé. Il s’est tordu, je préfère pas regarder son état.” « On le regarde pas alors. » il tempère au mieux, le quarantenaire qui a eu mille fois la preuve de ses piètres capacités motrices durant les derniers jours de l’aventure. Lui dira qu’ils ne regardent pas, pourtant il profite de tous les coups d’œil qu’elle perd ailleurs pour vivement constater l’étendue des dégâts.
De ses ecchymoses à elle ils passent aux siennes à lui.“Il s’est passé quoi avec ton nez ?” ça il en est pas fier et pas du tout, alors qu’il se rappelle sa promesse de lui en parler, promesse qui ne s’est pas noyée au même titre que la pagaie et les morceaux de ukulele. « Saül sait, il est passé me l’annoncer avec Auden. » résumons ainsi l’une des pires et plus crève-coeur altercations de toute sa longue et tumultueuse vie. Que son meilleur ami (ancien?) soit désormais au courant de l’idylle qu’il entretient avec sa femme sort d’une comédie de Vaudeville et pour ça, s’il sort de là en vie, Jack s’assurera de reprendre les choses en mains et de ne pas laisser l’italien sortir officiellement et si durement de sa vie.
“On va mourir, je crois qu’on va vraiment mourir là. Si tu veux rager c’est le moment on doit avoir une espérance de vie de genre 15 minutes.” elle panique, elle flippe, elle tente de remonter un peu plus contre le rocher et lui la garde bien calée contre sa silhouette comme une énièmes promesse de ne jamais la lâcher. Il n’a pas envie de rager, pas maintenant et plus jamais et quelque chose lui dit qu’elle également n’en est pas à une envolée violente près. Ils sont dans la merde et ils le savent plus que jamais. « Cinq trucs que tu veux absolument faire avant de mourir?. » alors il change de sujet Jack, il improvise, il tente de se moquer aussi, anticipe d’échouer lamentablement. « Quinze minutes, déconne pas Waterhouse. » |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 4:51 | |
| Je ne m’accroche pas au rocher, je ne suis d’aucune aide pour Jack. C’est lui qui nous sauve, il s’accroche pour deux, il nous sauve. Je reprends des forces, du moins j’essaye. Il utilise toute les siennes et je dois avoir l’air d’une belle égoïste là. Je panique, je parle sûrement trop. Mais je peux le faire uniquement parce que le rocher nous protège des vagues. Il n’y a pas quelqu’un qui est censé venir nous récupérer ? Nous retrouver par là ? Je n’en sais rien, mais je suis terrifiée parce que je sais que c’est impossible de faire demi-tour avec l’embarcation. La tenir dans le bon sens c’est déjà compliqué, alors tenter de la faire avancer à contre courant me semble totalement impossible. J’ai retrouvé Jack et ça ça compte, on est deux dans la galère, deux à nous sortir mutuellement la tête de l’eau. On va tenir, je sais qu’on peut le faire.
On regarde pas mon poignet, en tout cas moi je ne tourne pas mes yeux vers le blessé. Lui il l’a déjà regardé des dizaines de fois, j’en mettrais ma main à couper. Pourquoi il y a toujours ce sujet au milieu ? Celui qui me rappelle inlassablement qu’il la choisit elle et pas moi. Il y aura toujours quelqu’un à choisir avant moi. Je serre les dents. “Si j’avais été là…” Il n’aurait rien eu Epstein. Parce que Saül a bien trop peur des foudres du père Waterhouse pour me toucher. Il n’aurait pas eu de problème de nez Jack, ça m’enrage encore plus.
Je panique, j’ai vraiment peur de ne pas m’en sortir aujourd’hui. Je glisse un peu et me raccroche à lui, allez savoir comment je me suis retournée et je me retrouve face à lui. Mon pouce passe sur son nez qui a encore l’air blessé. “T’aurais pas dû me suivre.” Mais je serais peut-être déjà noyée s’il n’avait pas été là. “Est ce qu’on a 5 plans à mettre en place à Brisbane ou tout compte pour un seul truc ? Parce que là c’est la seule chose que je veux faire.” Il sait de quoi je parle, je n’ai pas besoin de détailler. Et mes yeux se posent partout sauf dans les siens. Je panique de trop, ce n’est pas bon. “J’ai pas pied Jack, et il fait vraiment trop froid.” Et je suis pas du tout une personne rassurante là.
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 5:00 | |
| “T’aurais pas dû me suivre.” « Dis pas ça. » “Est ce qu’on a 5 plans à mettre en place à Brisbane ou tout compte pour un seul truc ? Parce que là c’est la seule chose que je veux faire.” « Juste cinq? Je pensais que c’était toi le cerveau de l’opération ; il nous en faut au moins dix de plus. » “J’ai pas pied Jack, et il fait vraiment trop froid.” « Me lâche pas, jamais. »
Qui est-il pour prendre autant ses aises et pour croire à ce point pouvoir la calmer? Il sort de nulle part Jack, avec son sac à dos de fortune et ses maigres dollars en banque. Pourtant pas une fois il a flanché auprès d’elle malgré les millions de milliards de moments où elle a tout fait pour. Même encore là, alors qu’ils sont pris entre les flots incapables de s’en sauver ni même de croire en finir rescapés il continue d’essayer de lui changer les idées. Il s’est investi d’une mission et il compte bien y arriver à terme, même si pour cela ils risquent de n’avoir que quinze faibles minutes au compteur.
Ses lèvres sont bleues à Ivy, les siennes à Jack ne doivent pas être mieux. Ils tremblent autant à cause du froid que qu’à cause des nerfs, rien qui pourrait laisser présager quelque bribe de chance, quand en effet il est totalement improbable et franchement impossible de savoir si ils sont à même de s’en sortir aujourd’hui ou de s’en sortir tout court, c’est selon.
Et voilà qu’il l’embrasse le musicien, un baiser chaste, une faible pression de ses lèvres à lui sur les siennes à elle. Il est furtif et il y passe à peine, les vagues noient un baiser qui s’est de lui-même noyé, l’étreinte que l’histoire mettra officiellement sous le compte du stress et du besoin de la calmer, quand l’officieux est bien plus compliqué. |
| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 5:12 | |
| Bien sûr que je le dis. C’est la vérité, il aurait dû rester sur le bateau. C’était bien plus en sécurité, il aurait été bien plus en sécurité. Il n’aurait pas son nez tordu une nouvelle fois et je serais la seule blessée dans cette histoire. “Je note que je vais devoir trouver une vingtaine de plans différents dans lesquels tu vas devoir me suivre sans broncher si on s’en sort.” Le si est terriblement important là. Parce que c’est un vrai si, je ne sais pas si on va s’en sortir. Mais je ne compte pas le lâcher tant que lui ne me lâche pas non plus. On s’accroche, il se tient à moi et moi à lui, on essaie aussi de s’accrocher au rocher au passage. “Toi non plus, jamais.” Ca va plus loin qu’une simple noyade dans une rivière, ces mots veulent dire beaucoup plus. Tout veut toujours dire beaucoup plus, tout est compliqué. J’aime pas le compliqué, et pourtant je m’accroche à Jack. Et Dieu seul sait pourquoi je continue à le faire malgré tout ce qu’il passe. Je suis affreuse avec lui et il reste toujours, et je fais pareil.
Ma main s’est posée sur sa joue après avoir fait le tour de son visage, en essayant de voir s’il est vraiment blessé ou si tout va encore bien. Il a l’air fatigué, on doit sûrement être dans le même état. Mais maintenant je nous accroche aussi au rocher de ma main libre. J’ai lâché ses yeux quelques secondes en laissant la panique prendre possession de ma tête. Ce n’est pas bon, je ne devrais pas faire ça. Et mes pensées s’arrêtent au moment où il m’embrasse et où je retrouve ses yeux. “Ca a plutôt pas intérêt à être un baiser d’adieu.” Parce que je ne veux pas rester là. Un baiser, encore un. C’est que ça en deviendrait presque une habitude quand on se retrouve un peu trop longtemps tous les deux. Et mes lèvres font la même chose sur les siennes, furtivement, il ne le verra même pas. Et je crois voir quelque chose au loin, un bateau. Je crois qu’on va survivre. “J’espère que t’es prêt à suivre mes 1000 plans parce que je crois que quelqu’un vient nous chercher.”
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| | | | (#)Mer 22 Juil 2020 - 5:20 | |
| “Ca a plutôt pas intérêt à être un baiser d’adieu.” son rire est bien plus soulagé que nerveux là : tout va un peu mieux.
Le baiser qu’elle lui donne en échange est tout aussi de courte durée, à peine ils s’en souviendront quand la seconde d’après les vagues les repoussent avec violence contre les parois rocheuses, glaciales, coupantes et éternellement glissantes. Il s’y raccroche fort et il tente Jack, vraiment au mieux de ses capacités, mais ce serait mentir de dire qu’il ne commence pas à être franchement alarmé.
Si personne ne vient à leur secours ils devront fort probablement commencer à jeter un coup d’œil tout autour pour trouver une tentative de rive. C’est là où il aurait dû commencer quand une poignée de minutes plus tôt il perdait son temps à composer une bucket list bien à eux qui ne servira à rien si ni l’un ni l’autre ne s’en sort pas indemne.
Alors il inspire Jack, tente d'initier le mouvement, de la garder contre lui mais surtout de nager avec le courant. La terre ferme est dramatiquement bien trop éloignée encore mais cela reste jouable. Il mise sur l’espoir du combattant et sur les quelques restes de miettes de volonté et d’adrénaline qui le consument avant de savoir très bien qu’il s’échouera au sol à la seconde où ils y mettront le pied ; si tel est le cas.
“J’espère que t’es prêt à suivre mes 1000 plans parce que je crois que quelqu’un vient nous chercher.”
Ce n’est que lorsqu’il a pris une bonne minute supplémentaire pour faire état des lieux que son coeur se met à battre contre ses tempes et que son sang fait trois tours d’un sens comme de l’autre. Les mots de Ivy sont confirmés au centuple. Au loin, un point indiscible d’ici, un grain de sable presque, à l’horizon pointe le plus beau des saluts, leur bénédiction.
« Ils sont là-bas! On peut nager jusque-là, inspire et on y va. »
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