« Ça dépendra de toi. » Qu’est ce que cela veut dire ? Est-ce une façon détournée de me rappeler que je suis sa prisonnière et qu’en cas de faux pas, il n’hésitera pas à me ramener dans force dans la voiture pour m’enfermer dans ma tour d’ivoire ? « De ta fatigue… » De ma fatigue donc, je m’en contente et je ne cherche pas plus loin, je hausse au contraire la tête en abdiquant. Je rends les armes et je me promets que nous resterons dehors tant que je tiens encore sur mes jambes, je n’ai aucune hâte d’être à nouveau enfermée dans cette atmosphère qui transpire le mal être, la détresse, la colère et le chagrin amoureux. Moi, c’est le manque qui m’agite le plus, mais parce qu’il crie plus fort que tout le reste.

« Je parle de ta vie en général. Et tu parlais du Club, que du Club. » Je ne quitte pas ses yeux. Il a raison, il est tant que je me rappelle que j’ai du caractère et que je ne suis le pantin de personne, pas même le sien même si c’est ce que la situation fait de moi. « Il n’y a rien que j’essaie de te faire dire. Je constate que c’est tout ce qui a toujours compté plus que tout le reste. Même ce qui était supposé en avoir… Voire plus que toi. » « Arrête de te répéter ça parce que c’est ce que tu veux croire. Parce que c’est ce que t’as besoin de croire. » Je suppose que si je suis fautive de ne jamais l’avoir aimé correctement ou comme lui m’aimait, cela enlève un peu de culpabilité de ses épaules. Sauf que c’est faux, et qu’au nom de mes meurtrissures je ne peux le laisser dire. « Ça comptais pas plus que tout. » Ca comptait certainement pas plus que nous sinon je me serais battue pour le garder dans ma vie, le Club. Sinon c’est lui que j’aurais pleuré et cherché d’extraire de ma mémoire en m’assommant de drogues. « Ça m’appartient aussi. Alors arrête. » Il m’a dit la même chose, pas en ces mots et je tente de le lui rappeler. S’il veut ternir les souvenirs de notre relation qu’il fasse, mais je ne l’y aiderai pas en le laissant dire ce genre de conneries. « J’aurais voulu que tu crois en tout… Et pas en eux… pas au point qu’ils aient les pleins pouvoirs sur toi. » Je soupire, je détourne un instant le regard avant de l’ancrer à nouveau dans le sien. « Ils ont plus aucun pouvoir maintenant. » Et du reste, j’ai cru en nous, j’ai cru en nous jusqu’à ce que je tombe de beaucoup trop haut pour ne pas me briser dans la chute.



@Amos Taylor

« Je ne me répète rien du tout, je constate. C’est toi qui es persuadée que ta vie s’est arrêtée avec le Club. Je n’ai pas le droit de trouver ça dommage ? » Que dire ? Que le Club représente presque la moitié de ma vie et que je suis en droit d’avoir l’impression que mon monde s’effondre ? Que cela n’entame en rien ma détresse à l’idée de l’avoir perdu lui ? Il semble s’être convaincu qu’il était en compétition pour l’organisation dans mon esprit, que je les avais mis en compétition quand il n’en est rien, et je ne pense pas être capable de le convaincre du contraire, quoi que je dise. « Si ça ne compte pas plus que tout, et donc, que toi et ta santé, qu’est-ce que je dois en comprendre puisque je me trompe ? » Qu’il n’y a rien de rationnel dans mon addictions et ma consommation de stupéfiant ? Que je n’ai pas prémédité de me foutre en l’air, accablée par le chagrin ? Que j’ai dérapé, un jour où il m’a rendue faible, et que je me suis enfoncée et suis demeurée spectatrice de tout ça ? Lorsque je suis lucide, j’ai honte de céder aux sirènes de la facilité alors que je ne suis pas ce genre de femme, que je me suis construit une carapace qui était censée résister à tout ça. Ma fierté m’interdit de la reconnaître, ma faiblesse, alors je garde le menton bien droit. « Je sais pas quoi te dire. » Il comprend tout à l’envers. « Est-ce que je t’ai donné l’impression de penser rien ne comptait, ta santé, nous, tout le reste, la nuit où je t’ai ramassé sur le pont du bateau ? » Non, je n’ai pas fait la moindre remarque. Je lui ai tendu la main, je me suis tue, occupée de le sauver de lui même et le lendemain, j’ai haussé les épaules en lui disant que cela ne changeait rien.

« Et c’est vrai... » Je ne suis pas certaine d’être prête à affronter la conversation que nous sommes en train d’avoir : je n’y suis pas préparée tant nous parlons peu à présent au loft. « Mais ce n’est pas moi qui dois arrêter d’en faire peu de cas. Tu en as fait quoi, toi, de nos souvenirs ? » J’ai tenté de les effacer de ma mémoire, de les oublier dans la drogue et l’alcool parce qu’ils m’écrasaient, comme je l’ai fait après Aaron. « T’en sais rien de ce que j’en fais. » Et après ce qu’il a fait et puisqu’il a précipité notre histoire vers sa chute, cela ne le regarde pas. Il me plante un couteau dans le dos et me reproche de ne pas le laisser profiter du spectacle de mon agonies ? A quoi s’attendait-il au juste ? « Quant aux frères Strange, tu as troqué la peste pour le choléra… et ça non plus, je sais pas quoi en penser. Alors, je t’écoute… Dis-moi ! » Il ne sait pas quoi en penser ? Depuis quand mes addictions tournent autour de lui ? Qui lui a demandé de les décortiquer et de les comprendre ? Certainement pas moi, j’en ai toujours eu bien trop honte. « Y’a rien à comprendre. Je n’ai plus rien à faire de mes journées, je m’occupe. » Je hausse les épaules, sauf que mon indifférence est feinte. Sauf que ma voix se brise et laisse entrevoir la fragilité derrière ma carapace.

 

@Amos Taylor

« Ce n’est pas la même chose… Je…. » C’est la même chose. Pourquoi n’est-il pas capable de me séparer de mon addiction, de comprendre que ce n’est pas moi qui lui mens, moi qui le hais lorsqu’il me dit non ou jette le contenu de mes pochons dans les toilettes, pas moi qui hurle, qui crie et qui se débats pour avoir ce que je veux ? Ce soir là sur son bateau nous n’en avons jamais reparlé. Mais il avait atteint un point où il avait décidé d’arrêter de se battre, je le sais, sans que nous n’ayons été assez pour le ramener. « Non ! Mais, j’ai… jamais lutté contre ça. J’ai choisi de faire de l’alcool une solution. Je n’ai pas arrêté pendant des années pour replonger. » « T’as rien choisi du tout. Pas plus que moi. » Nerveusement et parce que je ne suis pas prête à admettre que j’ai un problème, pas prête à parler de mes addiction et du pourquoi, je griffe mon bras. « Et je l’avais compris moi. Que ça avait aucun rapport avec nous. » Que tu boives parfois assez pour te foutre en l’air.

« Et c’est pour ça que je te pose la question. Tu n’as pas fait ce dont tu m’accuses ? » Si j’ai tenté de ternir tout ce que nous avons eu et de me convaincre que nous n’étions rien ? « Je l’ai cru. » Au début, lorsqu’il m’a tout avoué. « Mais non, j’ai pas tenté de m’en convaincre. J’ai essayé d’oublier. » Parce que ça faisait mal de me souvenir.

Je n’aime pas ça, m’ouvrir en ce qui concerne mes démons, je ne l’ai jamais fait, pas même lorsque nous étions ensemble. Je n’aime pas plus l’idée de le faire en nous tenant sur les ruines de notre histoire alors il a raison, je me referme. « Je ne suis pas à l’aise dans cette situation. Je… » Je me mords l’intérieur de la joue et je l’observe en silence tandis que la serveuse dépose notre commande sur la table. J’ai beaucoup moins faim, d’un coup, alors j’attrape mollement la fourchette entre mes doigts mais je n’en fais rien de plus. « Parce que quand tu m’as ramassé sur le bateau, je… » Il ne finit pas sa phrase et je interdite, incapable de savoir ce qu’il allait rajouter. L’angoisse me noue le ventre, celle qui ne supporte pas d’avoir été si proche de toucher quelque chose du doigts avant qu’il se refeme. « On devrait parler d’autres choses… On était là pour se changer les idées, non ? » « C’est toi qui te fermes maintenant. » Mais je n’ai pas la force nécessaire pour le brusquer. « On est là pour se changer les idées, oui. » J’attrape mon couteau et je plante ma fourchette dans mon assiette pour porter un peu de mes pancakes à mes lèvres. Parler d’autre chose, et de quoi ? De son divorce ? Du bateau ? Du Club ? De sa vengeance ? J’ai la sensation qu’il n’existe pas un seul terrain qui ne soit pas miné.



@Amos Taylor

« Non. Personne ne m’a mis un couteau sous la gorge quand j’ai commencé et personne ne l’a fait non plus pour que j’arrête. » Je ferme les yeux et, face à son entêtement je me contente de secouer la tête en la basculant légèrement en arrière. J’ai pas à coeur de lui ouvrir les yeux, je lui ai dit autrefois que je me fichais bien de ses addiction, qu’elles ne changeaient rien à la façon dont je le voyais lui, et je le pense toujour. « Je le comprends aussi. C’est ce que je te dis : d’après moi, tout est en rapport avec le Club, avec Aaron... » « Non. » Pourquoi cherche-t-il à tout prix à s’en convaincre pour tout ramener à eux à chaque fois qu’il n’en est pourtant pas question ? « C’est pas ce que j’ai dit. Et ça n’a rien à voir avec eux, rien à voir avec lui. » La coke, lui aussi a tenté de m’en sortir, et ce serait la pire insulte que de prétendre le faire en son nom. « Ça a à voir avec moi. C’est quelque chose qui fait partie de moi. » Et qui en a toujours fait partie, même après des années à prétendre le contraire.

« Tu m’as accusé de t’avoir manipulée… mais tu n’y crois plus ? Jamais ? » Dire que mon coeur a réussi à le laver de tout soupçons serait mentir, et je ne m’y abaisserais pas maintenant. J’ai menti. Je l’ai regardé droit dans les yeux en affirmant qu’il pouvait me faire confiance concernant la drogue, mais en ce qui nous concerne nous je ne le ferai pas. « Plus tout le temps. » est la réponse la plus honnête que je puisse lui apporter. J’ai réussi à me convaincre de la force de ses sentiments en tout cas, bien que je lutte encore avec la genèse de notre histoire.

« Je ne me ferme pas. C’est juste que tout n’est pas bon à dire. Surtout pas maintenant… alors que je fais absolument tout ce que je déteste. » De quoi parle-t-il ? L’envie de savoir me dévore mais vu comme il se ferme j’ai peur que de tenter de lui arracher les vers de nez puisse être pire que de rester dans le flou. J’ai peur que cela provoque une scène et qu’à nouveau nous nous déchirions, comme dans le taxi, et je ne pense plus être capable de l’encaisser. « Tout ce que tu déteste ? » De quoi parle-t-il ? De se forcer à passer ses journées en ma compagnie malgré notre rupture récente ? De s’imposer dans mon quotidien ? « Tout ce que tu dois savoir, c’est que je fais pas tout ça pour racheter ma conscience. C’est bien plus compliqué. » « Je te crois. » La part la plus belle de moi, celle qui nourrit encore de nobles sentiments pour lui le crois. L’autre, celle qui l’accuse de tous les mots lorsque je suis en pleine crise, je la fais taire pour l’instant. « Tu me trouves injuste, pas vrai  ? » Je mâche sans grande conviction ma bouchée, les pancakes sont bons pourtant, mais notre discussion m’a coupé le peu d’appétit que j’avais. Je pousse un soupir, avant d’avouer. « Oui. » Je pose ma fourchette pour attraper ma tasse de café entre mes doigts, et je plante mes yeux dans les siens. « Mais pas pour les raisons auxquelles tu penses. » Ou du moins, celles que je devine.


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« Qui fait partie de toi… Mais tu n’as pas replongé pendant quoi ? 15 ? 16 ans ? Il y a donc eu un élément déclencheur. » Je n’aime pas parler de ça, mais il dicte les règles et je m’exécute, piquée par le fait qu’il s’entête à prétendre connaître les raisons pour lesquelles j’ai replongé, qu’il met tout sur le dos d’un amour pour mon ancien compagnon qui s’est pourtant évanoui depuis des années parce que ça lui semble plus simple d’assumer ses actes si je n’ai pas été sincère. « Quatorze ans. » Dieu que ça remonte, je m’en souviens à peine de la petite junkie. « Et non. » Je n’ai pas replongé pendant tout ce temps, même si je ne suis jamais restée bien sobre, je n’ai pas approché mon nez de ma poudre blanche. « Mais ça a toujours été là. » Et à ce sujet, je n’en dirais pas plus, puisque je ne suis pas prête à parler librement de mes démons et de leurs sirènes. « Mon monde s’est effondré Amos. » Et mon monde, il en faisait partie. Quoi de mieux comme élément déclencheur.

Mon assiette, je m’y intéresse à peine. Le fumet qui s’en échappe donnerait pourtant l’eau à la bouche de n’importe quel gourmet, mais la peine qui me tord le ventre plus que le manque en cet instant me coupe aussi efficacement l’appétit que ce dernier. « Oui. Je… Ton indépendance, ton autonomie, ça fait partie de ce qui me plait chez toi. Alors je n’aime pas. » Ce qui lui plaisait chez moi. Je ne relève pas l’erreur quant au temps à employer mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il est absurde qu’il aime encore quoi que ce soit chez moi. « Je ne suis pas comme ça. » Je sais. « Pourquoi tu le fais alors ? » Il a dit ne pas le faire pour se donner bonne conscience, pourquoi alors ? Il m’a écartée de la partie, il n’a plus qu’à cueillir Mitchell pour la terminer, pourquoi s’attarde-t-il pour une pièce déjà conquise et défectueuse ? Il aura vengé Sofia et pourra rentrer chez lui la conscience plus tranquille. « Je m’y prends mal. Tu sais bien… » Un sourire triste étire ses lèvres et j’y réponds, même s’il manque de conviction, plus accablée par ce souvenir de nos moments ensemble que rassurée. « Pourquoi… ? » J’aurais dû m’y préparer à cette question, pourtant j’ignore comment y répondre et je dois réfléchir. Mes doigts se resserrent autour de ma tasse et au terme d’une introspection douloureuse je réponds. « Je te trouve injuste de tenter de faire de moi la coupable. » Parce que ça lui semble plus facile d’avoir précipité notre chute ainsi. « Je te trouve injuste pour tes mots dans le taxi, parce que je ne t’ai jamais donné la moindre raison de douter. » De moi, de ma sincérité et de mes sentiments, pas après que nous nous soyons engagés l’un envers l’autre.
 

@Amos Taylor

Il boit depuis la mort de Sofia et face à cette confession je me tais, et je hoche la tête. Ai-je raison de croire que lui aussi a compris ou en tout cas qu’il s’ouvre à mon explication ? Qu’il lui faudra peut-être du temps pour comprendre, mais qu’il ne réfute plus en bloc tout ce qui sort de ma bouche, parce que c’est plus simple que d’accepter le fait que ce soit peut-être la vérité ? Je ne pose pas la question, et je puise dans son ton qui s’adoucit et dans le fait qu’il s’ouvre une réponse positive. C’est tout ce dont j’ai besoin sur l’heure, comme un remerciement puisque j’ai cessé d’avoir même même envie de prendre soin de moi, je plante ma fourchette dans mon plat pour avaler deux bouchées supplémentaires.

« Pour pleins d’autres raisons. Je t’ai dit que je serais là. » Je relève les yeux vers lui et je me souviens. Il l’a dit dans la voiture, il l’a dit alors qu’il me conduisait à ma Nemesis pour lui offrir le loisir de me mettre à terre, et je ne peux nier que sans lui je ne serais peut-être plus là pour avoir cette conversation? « Et parce que… Parce que je veux pas qu’il t’arrive quelque chose. Pas si je peux l’empêcher ou au moins essayer. » L’émotion me serre la gorge, mon coeur pleure d'être opprimé et que je ne m’autorise à flancher, et je le dévisage. « Ce serait plus facile si tu m’y aidais. Même si je suis pas toujours certain d’en avoir envie. » « Pas certain d’avoir envie que je t’aide ? » Pourquoi ? Qu’ai-je mal compris ? « Pas certain d’avoir envie de m’aider ? » Pas certain d’avoir envie que je guérisse et que j’aille mieux ? Que je redevienne indépendante ? Pourquoi ? Mes pensées me submergent et se mélange sans que je ne sois capable d’analyser ce que je souhaiterais qu’il réponde. « T’as été là. » Il a été là quand il fallait, et si je ne suis pas capable de le remercier, pas encore, ma gratitude et palpable. « J’ai pas... » J’hésite et je rebrousse finalement chemin en plantant ma fourchette dans l’un de mes pancakes pour me donner une contenance.

« Je ne pense pas que tu sois coupable. Coupable de quoi ? » J’avale une gorgée de café, nerveuse, fatiguée et triste, avant de relever mes yeux vers lui. « Coupable pour nous. Pour… Pour tout ça. » Pour notre naufrage. Coupable de ne jamais avoir été sincère, coupable de l’avoir choisi parce que les Strange ne m’ont jamais regardée et parce qu’Aaron est mort il y a des années. Foutaises. « Quant à ce que je t’ai dit… Je me suis senti abandonné. » Je hoche la tête doucement et, que je le veuille ou non, ma voix s’étrangle. « Comment tu voulais que je réagisse ? T’as la moindre idée de comment je me suis sentie après ça ? » J’étais déjà à terre de l’avoir perdu lui, persuadée d’avoir été trahie par l’homme que j’aimais, et Aberline a rajouté mes alliés et amis à la liste.
 


@Amos Taylor

« Si, j’ai même besoin que tu m’aides… en trouvant l’envie de t’en sortir. » L’envie ou la force ? J’ignore lequel me manque le plus et pour l’instant, j’ai à peine l’énergie nécessaire pour lutter contre le manque qui gronde au fond de mon ventre, qui s’empare de mon esprit et qui me pousse parfois à fouiller les poches de mes vestes en espérant qu’un gramme, un tout petit, ait échappé à la purge de mon appartement. « Et si, j’ai envie de t’aider. Mais, je peux pas m’empêcher d’être égoïste et de me dire que… » Suspendue à ses lèvres je me tais, et j’essaye de puiser dans ses paroles pour savoir où il se situe dans tout ça, finalement. Souhaiterait-il que nous trouvions la force de nous donner une seconde chance ? Non, c’est idiot et je chasse cet espoir qui ne sert à rien. « Enfin, de me demander ce que je devrais faire après. Je suis pas ton ennemi, mais je suis pas ton ami non plus. » Un mince sourire étire la commissure des mes lèvres. Se souvient-il que je lui ait dit la même chose, avant même que nous ne nous abandonnions l’un à l’autre ? Après qu’il ait sauvé mon intégrité, et scandé qu’il n’était pas l’ennemi ? Je ne sais s’il y fait référence, dans ce cas là j’ai mal, ou s’il s’agit d’une coïncidence, dans ce cas aussi, mais je ne peux m’empêcher de me demander. « Non. On a jamais été des amis. » Et je n’ai pas envie que nous le soyions. Le désir entre nous est trop brûlant, l’attraction trop puissante. Je résiste à l’envie de lui demande où il a envie d’être lui, après, parce que je suis trop lâche pour affronter une réponse qui me ferait du mal.

« Tu n’as… » Je déglutis, je remonte le fil de mes pensées et je tente fuis son regard, avant de plonger à nouveau mes yeux dans les siens. « Je l’ai pas fait exprès tu sais. » Je ne me suis pas foutue en l’air volontairement en surdosant mon poison. « L’overdose. » La respiration lourde, je ne quitte plus ses yeux. « C’était pas quelque chose de volontaire. » J’ignore d’où m’est venu le désir de le préciser. Le sait-il déjà ou s’est-il déjà posé la question ?

« Je ne dis pas que tu as mal réagi. Je dis que c’est pas comme ça que j’aurais voulu que tu réagisses. Mais, ça aussi, c’est égoïste. » A nouveau, je me demande comment il aurait voulu que je réagisse. Que je lui tombe dans les bras en réalisant que nous avons un ennemi commun ? Je ne crois pas que deux moins fasse un plus, pas quand lui aussi m’a blessée et sur l’instant, j’ai simplement eu l’impression d’avoir été trahie de tous. « Parce que je sais ce que c’est de tout perdre. Qu’est-ce qu’il me reste à ton avis ? » Mon coeur se serre, et je détourne le regard. « Pas grand chose. » Je l’admets sans hypocrisie. « Mais moi, je n’ai rien choisi. » Au contraire, j'ai subi les choix d'autres à ma place. Sa vengeance lui tient-elle chaud la nuit ?



@Amos Taylor