Je ne termine pas ma phrase parce que j’estime que le sujet nous l’avons balayé et usé jusqu’à la corde ce matin et que rien de concluant n’en est ressorti : il estime que nos situation sont différentes, qu’il choisit de trop boire et qu’il n’a jamais tenté d’arrêter. Il pense que je suis malade quand il ne voit pas de problème particulier à sa façon d’agir à lui, et il ne comprends pas que, ce que je trouve injuste, c’est qu’il ne me traite pas comme quelqu’un de malade, justement. « Que je… » Je plonge mes yeux dans les siens. Je n’ai pas envie de me discuter. Je n’ai pas envie de dire quelque chose qu’il interprètera mal ou bien l’inverse, je suis lucide quant à ma susceptibilité. « Rien je… Tu dis que je suis malade. » Ce que j’accepte, la moitié du temps. « Mais tu me traites comme si j’avais choisi de l’être. Comme si je le choisissais encore. » Alors au bout d’un moment, j’estime qu’il faut qu’il choisisse entre les deux. Mon addiction, elle est irrationnelle. Elle ne veut pas dire que je le méprise, même si j’ai pu le lui hurler durant mes crises de manque, elle ne veut pas dire que je me méprise moi et elle ne veut pas dire que je suis cette junkie qui a tenté de le duper et tente encore tous les jours. « Je trouve ça injuste que tu fasses pas la distinction entre... » Entre moi et entre mes démons. Cette précision là, elle n’est pas importante.


« Elle sera toujours là parce qu’elle a contribué à ce que tu deviennes toi. » Je lève les yeux vers lui ? « Et moi aussi. » Mon regard, il est bourré de reconnaissance, plus que ce que je le voudrais et je secoue la tête pour me débarrasser de l’impression que cela veut dire plus, qu’il sera toujours là. « A ce que je deviennes moi ? Et je suis quoi au juste ? » La drogue, j’ai surtout l’impression qu’elle m’enferme et qu’elle me chante des fausses promesses, des conneries. « Il y a quoi d’autres ? » Je réfléchis, avant d’admettre que je n’en sais pas plus que lui à ce sujet. « Je sais pas. Je suis pas vraiment une spécialiste non plus. » Je lui réponds dans un mince sourire, alors que le serveur s’approche de la table pour y déposer nos deux verres de vin.


@Amos Taylor

« C’est vrai. » Je me débats avec les mots - c’est rare pour moi, mais il est question de sentiments et de sujets personnels et je n’ai jamais réellement brillé dans ces thématiques ci - et je suis soulagée qu’il ne me contredise pas. Qu’il ne dise pas non plus c’est vrai mais ce mais qui montrerait que non, il n’a rien compris. Je pousse un soupir de soulagement, je ne le quitte pas des yeux et, accrochée à ses lèvres, je n’ose rien rajouter de plus. « Entre toi et elle… » Je hoche la tête doucement, avant de répéter. « Entre moi et elle. » Moi il me connaît, moi je n’ai jamais menti et je n’ai pas changé. Moi il m’a aimée, et je le sais, si bien que j’ai du mal à encaisser les plus dure de ses phrases, comme il doit avoir du mal à encaisser certain de ses comportements. « Je fais avec ce que j’ai. » Je me mords la lèvre mais je ne rétorque rien : au contraire, je comprends. Pourrait-il être autre chose que démuni face à la violence de mon addiction ? Des mes démons ? « Tu te souviens, tu m’as dit que tu étais cassé, et que je pouvais partir. » Le matin après que je l’ai ramassé plus mort que ivre sur le pont de son bateau. « Si j’avais été tout à fait honnête, je t’aurais dit que moi aussi. » Je l’avais juste oublié. Pas tout le temps, pas sur tout, mais sur certains aspects, je ne peux nier que je dysfonctionne.

« Tu es… différente, dans le bon sens du terme. Tu es plus forte que tout ça en fait et je suis sûr que tu le sais dans le fond. » Mon regard, s’il hurlait déjà un peu de ma reconnaissance, il se noie dans le sien à présent. « J’ai juste arrêté d’avoir envie d’être plus forte. » A la fin du mois de juillet. « Ça recommence à me tenter un peu. » J’ajoute cette phrase dans un sourire, sur un ton humoristique et pour masquer mon trouble. Le serveur dépose les verres et Amos les attrape, avant de me dévisager. « Je peux te le donner ou c’est risqué ? » « Je vais pas prendre feu ou exploser en tout cas. » L’atmosphère est plus détendue, si bien que je risque une blague innocente. « C’est un verre de vin, ça devrait aller. »



@Amos Taylor

Je sais que le moment que nous vivons n’est qu’une parenthèse. Qu’il ne peut pas faire de promesse puisque nous sommes tous les deux pris dans une situation qui nous dépasse, et largement. Je sais que l’addiction se tait ou en tout cas qu’elle crie moins fort mais qu’il ne s’agit que d’une accalmie, je sais qu’il sera toujours démuni face à mes crises les plus violentes après cette journée, je sais que je continuerai à hurler des choses que je ne pense pas à cause de la douleur, de la tristesse et de la rancune. Mais cette accalmie je m’y vautre, parce qu’elle me fait du bien. « Je me rappelle. » Le souvenir n’a rien de joyeux cette fois ci : la soirée était horrible plus pour lui que pour moi, mais j’ai réellement eu peur. « Je me rappelle. Et c’était vrai. » C’est surement pour ça finalement que je n’ai pas fui et que, au contraire, nous nous sommes compris l’un et l’autre. On dysfonctionne, peut-être pas exactement aux même niveaux, mais assez pour ne pas avoir à coeur de juger. « Peut-être. Mais, tu m’as réparé.  Donc…» Donc quoi, cela veut dire à ses yeux qu’il reste un espoir pour moi encore ? Que s’il ne se sent pas coupable, il se sent au moins redevable puisque, à ses yeux, je suis la raison de son salut ? « Et tu sais que pour ça, tu me dois rien ? » Il a mis sa vengeance - je n’ai pas l’intention de le pousser à la poursuivre - et sa vie entre parenthèses pour s’occuper de moi, si c’est parce qu’il sent qu’il m’est enchaîné ou qu’il me doit quelque chose, il faut qu’il sache que non. Qu’il est libre de partir et que, si je venais à succomber à mes démons, je ne reviendrais pas le hanter. C’est notre histoire que je pleure, pas moi.

Je le dis sans véhémence pourtant, avec une douceur qui nous était propre avant notre débâcle mais qui me surprend et, plus surprenamment encore, nous nous décidons. Cette journée est semblable à des montages russes, et si je ressens un plaisir coupable lorsque nous sommes en haut, je ne suis pas pressée ni prête à redescendre à nouveau.« Rien n’est moins sûr. Mais, d’accord. Je choisi d’avoir confiance en ton jugement. » Il me tends mon verre, et je trempe les lèvres dedans. « Je suis presque sûre que je buvais du vin avant de savoir marcher. » J’esquisse un sourire, et je masque mon trouble par l’humour, comme je le fais souvent, de façon plus ou moins acerbe. « Mais merci. » Ma reconnaissance, elle n’a rien de feinte.



@Amos Taylor

Notre table est isolée des autres clients et pourtant, malgré ça, nous chuchotons. Pudique lorsqu’il s’agit de mots du coeur - les grandes envolées lyrico-romantique n’ont jamais été notre mode de fonctionnement - nous nous surprenons à baisser d’un ton parce qu’elle a quelque chose d’intime, cette conversation. Il ne se sent pas coupable, il a affirmé que ce n’était pas ce qui motivait sa volonté de me sauver de mes propres travers, se sent-il redevable dans ce cas ? Je l’ai réparé, ce n’est pas la première fois qu’il l’affirme, alors se pourrait-il qu’il ait le sentiment qu’il me doit quelque chose et que, à son tour, il est tenu de le faire, me réparer ? Non pas parce qu’il m’a cassée, mais parce que j’ai fait la même chose pour lui ? « Je sais. » Il plonge son regard dans le sien et je suis renversée par la sincérité et la douceur que je lis dans son regard. Cette dernière, elle me ramène des semaines en arrière et j’ai du mal à masquer mon trouble, celui qui nait de mes sentiments. « Et tu ne me devras jamais rien non plus pour ça. Tu le sais ? » Je n’ose pas briser le silence, au contraire je me contente de hocher la tête. Les geste est léger, presque imperceptible, grave, mais oui, je le sais.

Pour la première fois j’ai l’impression que nous parlons de l’après, de ce qu’il passera lorsque je serais guérie ou assez forte pour continuer sans lui, et je réalise à quel point je ne veux pas qu’il parte. S’il doit me quitter dès que j’irai mieux alors j’ai décidé : je n’ai pas envie de guérir. « Je ne sais pas si c’était du vin ou du scotch, mais… je veux bien te croire. » J’esquisse un sourire amusé lorsqu’il me rappelle quelle boisson compte plus parmi mes démons que le vin. « J’ai attendu l’école maternelle pour ça. Mais t’as grandi à la campagne, je t’apprends rien. » Si je n’ai pas été aussi précoce que ce que je m’amuse à prétendre, je l’ai été. Je trempe mes lèvres dans mon verre, et lorsqu’il lève le sien je plonge à nouveau mes yeux dans les siens, et je penche légèrement la tête. « A quoi voudrais-tu boire ? » Je suis prise d’un vertige quand je réalise qu’il n’y a plus grand chose qui me donne envie de lever mon verre. Alors, troublée, je me contente d’un « À cette journée. » qui me semble être le seul rayon de soleil d’un ciel orageux.



@Amos Taylor

À trop nous déchirer, j’en ai presque oublié à quel point les choses ont toujours été naturelles entre nous. Nos discussions, nos silences aussi, et notre attraction m’a même toujours semblée irrépressible, insurmontable même puisque je n’ai jamais été rassasiée de sa peau contre la mienne : que ce soit pour la plus douce ou, au contraire la plus brûlante des étreinte. Si je m’écoutais, l’ambiance de ce déjeuner me pousserait presque à tendre mon bras, poser ma main sur la table pour qu’il vienne la recouvrir de la sienne. Sauf que je nous ferais du mal et je m’en empêche, bien que le geste me démange. Une parenthèse, ne suis-je pas en droit de rêver à une parenthèse, un dernier corps à corps à défaut de penser qu’il puisse vouloir plus ?

Notre bulle ne se brise pas, mais nous en émergeons pour apporter un peu plus de légèreté à l’échange. Il était temps : ma tête me tourne sous le poids de l’évidence, la façon dont nous étions si bien assortis. « Dans ma campagne à moi, la majorité tourne à la bière. » Je hausse les épaules, une grimace amusée sur le visage avant de la laisser naturellement se transformer en un sourire plus sincère. « Je fais figure d’exception.... et j’ai attendu le primaire. » Je l’observe sourire, je l’observe fonctionner et j’oublierais presque le reste, de sa trahison à mes dérives. Le temps d’un instant en tout cas. « Quel gentil garçon. » La relation qu’il entretient avec ses parents nous en avons à peine parler : la seule chose que j’en sais reste qu’ils n’approuvaient pas la nôtre de relation. Ils doivent être bien soulagé à présent. « Tu frère est venu frapper à ma porte d’ailleurs. Il y a quelques semaines. » J’oublie de préciser lequel et, surtout, je ne sais ce qui me pousse à le lui confier : il le sait certainement déjà. « Je sais pas si tu le savais. » Mais je l’ai cru son cadet en tout cas, lorsqu’il a affirmé que mon amant n’était pas à l’origine de sa visite.

Qu’il me propose de trinquer me trouble puisqu’à nouveau je réalise qu’il n’y a plus grand chose que je souhaite célébrer. Plus grand chose qui me tienne à coeur, si ce n’est sa présence à mes côtés, mais ça je ne peux décemment pas le formuler. « Moi, je crois que j’aurais levé mon verre à quoi ? Cinq jours maintenant ? » « Sept. » Je souffle, presque honteuse de tenir le compte alors que je m’emploie à avoir l’air détachée. « Sept et tu ne m’as toujours pas noyée dans ma baignoire ou étranglée dans mon sommeil. On peut trinquer à ça. »


@Amos Taylor

Je ne sais ce qui me pousse à partager la visite de son cadet avec lui. Je ne cherche pas à m’assurer qu’il n’y soit pour rien : je ne le croit pas assez lâche pour envoyer un émissaire plaider sa cause à sa place et je doute qu’après le taxi il lui soit resté la moindre envie de le faire, plaider sa cause. Je le lui dit parce que la chose me semble relever du domaine de ce qui doit être partagé : si ma soeur - demie-soeur et nous ne partageons d’ailleurs pas la même relation, mais tant pis - était allé lui rendre visite, j’aurais voulu le savoir. « Liam ? » Je secoue la tête. Je n’ai pas retenu l’identité de mon visiteur, mais je connais Liam, et ce n’était pas lui. « Non, pas Liam, un autre. » Je n’ose pas avouer à voix haute que je ne me souviens pas de son prénom, mais ce n’est pas compliqué à deviner. Cela réponds d’ailleurs en partie à la question suivante d’Amos. « Tu étais sobre ? » A nouveau, je secoue la tête de droite à gauche. Je sais qu’il n’est pas question d’alcool. Il cherche à savoir si son frère m’a trouvée défoncée, et mon coeur se brise d’imaginer qu’il puisse avoir honte de moi. Mon sourire s’évapore d’ailleurs, parce que je devine que mon addiction fait partie des vilains secrets qu’il aurait certainement cachés, et je crois deviner que je suis en passe d’en devenir un, moi aussi.

A partir de là, à quoi lever mon verre ? Le serveur dépose les plats sur la table et j’en profite pour retrouver une contenance, avant de me faire la réflexion que j’ai eu les yeux plus gros que le ventre et que je ne finirai pas la moitié de mon plat. « On pourrait s’il y avait des risques que ça arrive. » J’esquisse un sourire franc, un qui dévoile mes dents blanches : si j’avais le moindre doute à ce sujet nous ne serions pas là. Si j’avais le moindre doute à ce sujet j’aurais profité de cette journée pour lui fausser compagnie et me signaler auprès d’un antiquaire ou d’un agent de sécurité. Non, je n’ai jamais crains pour ma vie ou mon intégrité : je me fais plus de souci pour mon coeur. « Tu peux dormir tranquille. » « T’avances pas trop. » J’ai envie de rajouter qu’il n’a pas encore tout vu mais je préfère rester sur une note plus positive. Je sais, je sais qu’aujourd’hui est une parenthèse dorée et que la bataille contre mes addictions est loin d’être gagnée. « Et aux sept prochains jours. » Ma gorge se noue et, d’un coup, la tâche me paraît insurmontable. Pourtant, je cogne doucement mon verre contre le sien en répétant ses mots : « Aux septs prochains jours. » Ne me laisse pas Amos s’il te plait. Quoi qu’il arrive.




@Amos Taylor

Je suis paralysée à l’idée que ma révélation provoque de la honte chez lui : je ne le lui ai pas confié pour ça. Si j’avais imaginé ressentir ça j’aurais peut être fait l’impasse sur l’information, et l’aurais gardée pour moi, en tout cas pour maintenant, pour tout de suite, mais c’est trop tard à présent. Je sens qu’il réfléchit déjà, qu’il cherche à savoir lequel de ses frères m’a vue sous le pire de mes jours, se demande-t-il à quel point j’étais allumée ? Ce qui a été répété à sa mère pour ajouter du grain à son moulin ? « Ce n’est pas grave. » Il me rassure, peut-être interprète-t-il mon trouble comme de la nervosité - c’en est, même si ce n’est pas que ça - et je me noie dans son regard pour y puiser un peu d’apaisement. Je ne me ferais pas l’affront de lui demander pardon, c’est pour nous que je pleure, pour ce coup de plus que je porte à notre relation. On ne souhaite pas de rupture lorsque l’on aime, mais si j’en avais souhaité une je l’aurais voulue plus propre, cela va sans dire. « Et qu’est-ce qu’il te voulait ? » Je prends ma honte à bras le corps pour lui répondre je me fais violence pour ne pas détourner le regard et ma voix est à peine horrible quand je me confesse. « Je… Je sais plus exactement. » Ce que je sais c’est que je n’ai pas pensé aux conséquences de ma révélation, sinon j’aurais tenté de l’anticiper. « Comprendre. Me dire que c’était du gâchis. » Comme si je l’ignorais. « Me dire que tu le vivais mal » C’est un euphémisme et je crois qu’en posant les yeux sur mon il a deviné que je n’en menais pas large non plus. « Je sais pas. » Je me souviens à peine des contours de cette discussion et Amos devinera que, de toute façon, je n’ai pas accueilli l’intrus à bras ouvert pour une franche et profonde discussion. « Qui l’a envoyé ? Il t’a donné des détails ? » Je fouille dans ma mémoire. « J’ai demandé si c’était toi. » Mais je savais que non. « Je crois qu’il était là de lui même. Ou il a parlé de votre père, je ne sais plus. » Le mieux reste encore qu’il pose la question à son frère, même si j’ai peur de ce que son cadet lui dira, du jugement dur qu’il émettra certainement me concernant.

« Tu as peur ? » La question me semble sortie de nulle part, pourtant elle n’a jamais été si légitime. Je suis trop fière pour y répondre sincèrement pourtant, son regard fiché dans le mien me donne l’impression d’être prise au piège ou, en tout cas, de ne pas avoir d’autre choix que de dire la vérité. « Oui. » J’ai peur de la suite, j’ai surtout peur d’une suite dont il ne ferait pas partie.



@Amos Taylor

Je sens qu’il est agacé par le culot de son frère, mon ancien amant. Je le sens et si je m'interroge sur les diverses raisons qui le poussent à mal accepter l’intrusion de son frère dans sa vie privée, je ne peux m’empêcher de les mettre sur le dos de la honte : je n’étais pas son vilain petit secret mais dans cet état je le suis certainement devenue, et nul doute qu’il ne voulait pas que sa famille sache qu’en plus d’avoir fréquenté une blonde maîtresse provocante, une trainée peroxydée et tatouée, il s’était entiché d’une junkie. Une drogue qui a certainement plus sa place sur un trottoir que dans un luxueux penthouse, est-ce ça qu’il aura apporté son frère aîné ? Je ne lui ai pas senti la bienveillance d’Amos, ou même celle de Liam et malgré mon état, j’ai lu dans son regard qu’il voyait et qu’il jugeait. S’il avait été un inconnu je n’en aurais eu cure, mais il s’agit du frère d’Amos et sur le moment, j’ai eu honte. « Comprendre ? Comprendre quoi ? Pourquoi je suis rentré sur Kilcoy ? » Je n’en sais rien, je ne me souviens plus de la conversation et il doit l’avoir compris à présent puisque j’hésite, je détourne le regard et je le cache mal. « Il aurait tout aussi bien fait de me poser la question. » « Peut-être. » Je n’étais pas là et si je devine que l’égo du brun s’insurge, je n’ai pas envie de m’imaginer l’état dans lequel il a été après notre séparation. Mon coeur ratterait un battement et la scène me donnerait une raison de plus de m’en vouloir au point de ressentir le besoin de me faire un peu plus de mal. « Il n’avait pas à venir pour te dire… tout ça. Même si c’est mon père qui lui aurait demandé. » « C’est pas grave. » J’étais à peine consciente et si j’en ai retiré de la honte, je me souviens de la scène comme d’un mauvais rêve. « Je pensais qu’il t’en aurait parlé. Peut-être. » Sinon je n’aurais pas lancé le sujet alors que le moment avait tout d’une trêve.

« D’échouer ? » Je relève les yeux vers lui. « D’après. » De me retrouver seule. De ne pas être assez forte puisque, dans mes pire moments, la drogue me convainc que je ne vaux rien ou pas grande chose. « De demain. » De tout. « Je sais pas si c’est la bonne, mais j’ai confiance en toi. » Plus que moi même alors. Où est-ce que je trouve la force de ne pas saisir ses doigts pour les serrer entre les miens je l’ignore, mais j’esquisse un sourire reconnaissant avec d’entamer mon plat. « Merci. » Merci de le faire pour moi, d’avoir confiance.



@Amos Taylor