Parfois je me demande quel est l'intérêt d'attendre si Joanne et moi savons déjà exactement ce que nous voulons. Qu'elle devienne ma femme, que nous aurons une famille. A mes yeux, tout est si clair et sans l'ombre d'un doute. Elle est la seule personne avec qui je souhaite vivre la vie que je mérite. Parfois je voudrais que tout soit déjà là, accompli. Qu'elle porte une bague à son doigt et attende notre enfant. La concrétisation de tout ceci pourrait me rassurer, car pour le moment, je suis toujours dans la crainte irrationnelle que Joanne puisse un jour me glisser entre les doigts, partir, m'abandonner. J'aimerais que nous scellions cette promesse du mariage, d'être ensemble, afin qu'elle soit réellement, officiellement, mienne. Mais je sais pertinemment que ma peur, poussée par mon impatience naturelle, sont le fruit de tous ces mécanismes dans ma tête qui sont parfois capables de me mener à ces crises de colère. Comme c'était le cas avant notre séparation. L'incompréhension, la panique face à ces nouveaux sentiments si intenses, puis la peur, devenue une vraie panique, à l'idée de perdre Joanne finissaient toujours par faire craquer mes nerfs. Aujourd'hui, je mets tout en œuvre pour calmer ces démons. Mais la crainte demeure. Et si elle partait, si elle me quittait à nouveau ? Lassée, déçue de moi, ou simplement parce que son regard s'est posé sur quelqu'un d'autre. Qu'est-ce que je deviendrais ? Je perdrai la tête, à n'en pas douter, détruisant tout sur mon passage, jusqu'à me détruire moi-même. Je sais qu'il n'y aura rien pour apaiser ma peine. Malgré tout ça, cette angoisse permanente qui me rend si jaloux et possessif envers Joanne, j'attends et me comporte aussi normalement et raisonnablement que possible, attendant patiemment que tout ce que je désire ardemment pour nous deux arrive au bon moment. Espérant que cela arrive un jour, en fait, puisque rien ne peut me l'assurer. Peut-être que ce Lady Joanne Keynes n'aura jamais lieu. Et c'est ainsi que même si je tente d'apaiser mes pensées et mes peurs, elles reviennent toujours au galop. Finalement, mon esprit n'est qu'un ensemble de montagnes russes passant d'un état d'optimisme à une profonde dépression. Cela a toujours été le cas. Le plus perturbant est d'en avoir conscience désormais, et de tout faire pour le maîtriser et vivre normalement. C'est une chose dont nous ne parlons jamais avec Joanne. Je suppose que cela fait remonter à la surface trop de souvenirs de mes anciennes crises, et la crainte qu'elles recommencent. Je l'ai vu dans son regard lorsque j'ai haussé le ton. Je suppose que je dois me faire à l'idée que ce sera toujours une ombre qui planera au dessus de nous. Encore et toujours, mon esprit fait des hauts et des bas. Quelqu'un d'extérieur écoutant le flux de pensées se demanderait certainement comment il est possible de supporter cette ambivalence constante. Je crois que je ne le sais pas moi-même. Je me contente de m'accrocher désespérément aux moments d'optimisme, qui sont d'autant plus présents lorsque Joanne est là. Ma future Lady. Elle acquiesce lorsque je propose d'aller se coucher. Ce week-end ressemble à de courtes vacances, mais je compte bien en profiter comme il se doit. D'autant plus que cette ville m'a l'air magnifique. Je me glisse dans le lit et jette un rapide coup d'oeil à mon téléphone, en profitant pour décaler l'heure du réveil. Je pose également mes lunettes sur la table de chevet. Cela fait, mon regard se pose sur la jeune femme qui ôte la chemise qui la couvre. Je penche légèrement ma tête sur le côté, l'admirant ainsi dénudée sans la moindre gêne, et me faisant la remarque qu'elle refusait toujours de dormir découverte il y a quelques mois. « Magnifique... » je murmure dans un souffle, très bas, avant qu'elle ne s'installe à côté de moi. Par automatisme, mes bras se disposent autour d'elle avant de la serrer contre moi. J'avoue que le contact de sa peau me procure un frémissement, mon coeur s’accélérant doucement. Un peu plus lorsqu'elle m'embrasse si langoureusement. Ce n'est pas dans mes habitudes d'avoir honte de cette espèce de permanent désir pour elle que je ressens lorsqu'elle se trouve si près de moi. Mais sur le moment, je suis gêné par mes propres pensées -qui se trahissent tout de même par la manière dont mes mains, posées sur son corps, parcourent sa cuisse, ses hanches et son dos avec une certaine fermeté. Je glisse me doigts entre ses cheveux, dégageant son joli visage, puis met fin à ce long baiser. « Je t'aime. » je souffle en la regardant droit dans les yeux. Je déposer un baiser sur son front, tendrement, puis l'installe sur le flanc, dans le lit, me tournant le dos. Ainsi, je me cale tout contre elle, mon corps épousant le sien, l'enlaçant toujours et le visage enfoui au creux de son cou pendant quelques minutes après avoir éteint les lumières, attendant le sommeil qui ne semble pas vouloir de moi, alors que on esprit ressasse notre conversation sur la terrasse, et toutes ces autres choses qui ne lui laissent jamais de répits. Finalement, au bout d'une bonne demi heure, je quitte le lit, prenant soin de faire le moins de gestes brusques possibles. En passant près de ma valise, je récupère un petit objet. Je me glisse à l'extérieur de la chambre, retournant sur la terrasse quelques minutes et m'assied sur le banc contre la façade de l'hôtel. Sydney est bien plus sombre, mais entre mes doigts, la petite pierre de la bague scintille tout de même. Je me contente de jouer avec, l'incliner dans un sens et l'autre pendant quelques minutes, la regardant briller. Elle me suit partout depuis des semaines. Je pensais que ce séjour à Sydney serait le bon moment. Et finalement, je me dégonfle, doutant de tout, et surtout de moi.
La musique de mon réveil me sort de mon sommeil. J'étais retourné dans le lit après avoir pris l'air un moment. Loin d'avoir les yeux alignés, je récupère mes lunettes et désactive l'alarme. Neuf heures et demie. Je grogne et retour me blottir contre Joanne. Le room service ne va pas tarder. « Bonjour, mon ange. » je murmure en déposant un baiser au creux de son cou. On frappe à porte quelques minutes plus tard. Très rapidement, nous enfilons de quoi être assez présentables, puis j'ouvre au garçon qui nous laisse un chariot rempli de viennoiseries, boissons chaudes, jus et confitures.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Collée contre lui, Joanne n'eut aucun mal à trouver le sommeil. Avant de s'endormir, elle se souvenait uniquement que son compagnon avait logé sa tête dans son cou, et le souffle chaud qui glissait sur sa peau eut raison d'elle, la berçant et la laissant aller dans les bras de Morphée. Elle n'avait pas senti Jamie se détacher d'elle et s'extirper du lit. Elle avait juste eu un petit peu froid à un certain moment, et elle ne fit que se blottir et s'emballer dans les draps, et le problème était réglé. Elle avait dormi à point fermé jusqu'au réveil, qui avait bien du mal à sortir la belle de son profond sommeil. Elle fronçait les sourcils s'étirait un peu pour mieux se repositionner ensuite. Une grasse matinée n'aurait pas été de refus. Jamie arrêta l'alarme, et se colla à nouveau contre elle, lui disant bonjour. Elle répondit simplement d'un son bouche fermée, avec la même intonation qu'un "bonjour", gardant ses yeux fermés. Elle sourit ensuite en sentant ses lèvres se déposer sur son cou, sa peau fut parcouru d'un léger frisson ensuite. Le temps passa incroyablement vite jusqu'à ce que l'on vienne leur apporter le petite déjeuner. Jamie sauta sur ses jambes pour enfile quelques vêtements supplémentaires, elle traîna jusqu'au bord du lit pour récupérer la chemise qu'elle avait jeté la veille, et l'enfila, gardant ses jambes encore couvertes par le drap. Joanne avait bien du mal à émerger. Les jambes légèrement repliées, elle les avait entouré de ses bras. ses cheveux étaient un peu en bataille. La nuit lui avait quelque peu porter conseil. Le titre de Lord lui semblait un peu moins lourd et effrayant que la veille. Jamie était déjà assis sur l'une des deux chaises qu'il y avait autour d'une table en bois massif. Il disposait sur la table ce qu'ils allaient manger - il connaissait très bien les goûts de Joanne. Celle-ci le regardait faire, se mordillant la lèvre inférieure. Elle se découvrit, sortit enfin du lit - il fallait dire qu'il était particulièrement confortable-, puis interrompit ce qu'il était en train de faire en s'asseyant sur ses genoux, croisant les jambes, et elle l'embrassa tendrement. "Bonjour... My Lord..." dit-elle avec un rire taquin. "Tu me l'as cachée jusqu'à hier soir, tu auras droit à ce joli nom aussi longtemps que je le voudrais." ajouta-t-elle d'un air malin, avant de l'embrasser à nouveau, et d'interrompre volontairement le baiser juste au moment où il pouvait commencer à devenir intéressant. Joanne s'installa ensuite sur sa chaise libre, et commença à se servir. "Je me suis dit que je t'épargnerais les musées de Sydney." Elle haussa les épaules. "On m'a beaucoup parlée du Royal Botanic Garden. Il fait beau, autant profiter d'être dehors." Elle se servit un bol de lait et un verre de jus d'orange, et commença à manger une viennoiserie. "Et ensuite se trouver un endroit manger sur une belle terrasse, et on ira voir ce que tu veux cet après-midi." Le couple prenait tranquillement leur petit déjeuner. Une fois qu'elle avait fini, elle se leva de table, et sur son chemin, elle passa une de ses mains sur l'épaule de Jamie avant de se rendre à la salle de bains et prendre une douche. Le corps et les cheveux lavés et essuyés, elle se vêtit d'une robe bleue - sa préférée-, sans oublier le bracelet que lui avait offert Jamie, et qu'elle portait pratiquement tous les jours. Quand elle était sortie de la salle de bains, Jamie était déjà habillé, prêt. Il ne manquait plus qu'elle enfile ses escarpins pour qu'elle soit enfin prête.
Le temps était radieux, il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel. Le couple avait tranquillement marché dans le parc, sans se presser. Les pluies des derniers jours avaient verdi toutes la végétations qui avaient séché suite à une période particulièrement chaude et sèche. Il y avait du monde, mais le parc était suffisamment pour ne pas se faire marcher sur les pieds. Il y avait comme un air de vacances, mais si ce n'était que pour un week-end. Ca lui rappelait un petit peu Londres, où il n'y avait qu'eux deux, loin du travail et de leur quotidien. Elle adorait les habitudes qui s'étaient instaurées entre eux, mais ces petits moments exclusifs rendaient leur relation encore plus belle à ses yeux. Ils étaient tous les deux dotés de cette capacité à savoir oublier les petits tracas du boulot, ne pas y penser pendant leur congé à moins que quelqu'un ou quelque chose ne les force à y songer.
Le réveil est difficile. Mon esprit travaillant sans cesse ne m'a octroyé qu'un sommeil très léger. Mais l'habitude de la fatigue ou des nuits courtes fait que je n'en sors assez bien malgré tout. Je me maudit quand même d'avoir commandé le petit-déjeuner si tôt. Une heure de sommeil supplémentaire aurait été bien méritée. Cela attendra demain. Au moins, nous commençons la journée assez tôt, ce qui nous donne le temps pour profiter de Sydney. La nuit portant conseil, j'ai trouvé une activité que j'aimerais faire avec Joanne. Et lorsque je me réveillais au milieu de la nuit, je profitais du fait qu'elle soit endormie pour me renseigner à ce sujet. Ce matin, je n'ai qu'un coup de fil à passer pour réserver. J'espère que la surprise lui plaira. Même si elle risque encore de penser que j'en fait trop. Je m'occupe de disposer les éléments du chariot sur la table de la suite, mettant du côté de la jeune femme quelques viennoiseries et confitures que je la sais susceptible d'aimer. Je ne la remarque même pas lorsqu'elle s'approche de moi et sursaute légèrement lorsqu'elle s'impose sur mes genoux avant de m'embrasser. Je lui souris ; elle semble d'humeur joyeuse, laissant penser qu'elle ne me tient pas rigueur de la conversation d'hier soir. Quoi que la manière dont elle m'appelle montre bien qu'elle n'a pas oublié d'assimiler l'information. Je rougis, riant et baissant la tête, gêné. Je crois qu'il me faudra des mois pour m'habituer à ce titre. Et je crois que Joanne, me connaissant bien, sait sans aucun doute le malaise que cela peut me procurer, surtout de sa part, et de cette manière. C'est ainsi qu'elle souhaite m'appeler pour se venger de mon secret à ce sujet. « D'accord, c'est mérité. » dis-je avec un large sourire amusé. C'est une bien maigre punition, je ne vais pas m'en plaindre. Elle m'embrasse de nouveau et file avant que je puisse lui répondre en posant une main sur sa joue. Je plisse les yeux, l'air de dire qu'elle ne s'en sortira pas comme ça. Mais elle adore me frustrer de la sorte, et s'en sort toujours. Pendant que je me sers un thé et beurre un peu de pain, j'écoute la jeune femme m'expliquer son plan pour la journée. Pas de musée, mais une promenade. Mon regard glisse au dehors, et je constate que le temps est parfait pour une balade. « Faisons comme ça alors. » j'acquiesce avant de mordre dans ma tartine. Puisque l'après-midi est à ma charge, je sais exactement quoi faire. « Tu sais que je n'ai rien contre les musées, au contraire. » dis-je en soufflant sur mon thé fumant. Il sent terriblement bon le gingembre et la rose. Je dois absolument penser à en acheter à l'hôtel pour la maison. « Néanmoins, j'ai mon idée pour cet après-midi. »
Nous passons donc la matinée dans le parc. Celui-ci se trouve juste à côté de l'Opéra, le monument surplombe toute la verdure. L'endroit est si grand qu'il possède son propre lac artificiel bordé de palmiers et ponctués de jets d'eau. Le long de la promenade est ponctuée de statues de toutes sortes, de la plus classique à la plus contemporaine. Nous nous attardons un instant sur une place ronde, ornée d'un petit bassine et d'une fontaine en son centre. Je ne peux pas m'empêcher de tout comparer à Londres. Les jardins sont si différents. Nous avons une certaine culture de la nature qui veut que nous laissons les plantes et les arbres pousser comme bon leur semble, les taillant avant tout pour leur santé bien plus que pour leur donner une forme. Bien sûr, il faut que le tout soit agréable à regarder. Mais ainsi, on remarque que les parcs anglais, en dehors de celui de Buckingham peut-être, ont un petit côté sauvage qui tend à faire oublier le passage de la main de l'Homme. Je parle toujours peu en marchant, et j'apprécie assez que Joanne ne me force pas à faire la conversation. Je trouve qu'admirer son environnement est une activité déjà bien assez prenante en soi. Mais je n'oublie pas de serrer sa main dans la mienne, la caresser avec mon pouce, parfois passer un bras autour de sa taille ou déposer un baiser sur son front.
Nous sortons du parc d'un côté débouchant sur une rue piétonne bordée de magasins dont nous prenons de le temps de nous attarder sur quelques vitrines. Le chemin nous mène jusqu'à un petit restaurant, vraiment sans prétention, mais proposant une carte ayant réussi à parler à nos deux estomacs, principalement composée de spécialités australiennes. Comme prévu, nous nous installons en terrasse. Le soleil est tel et le ciel sans nuage que je garde constamment mes lunettes de soleil sur mon nez. Ce n'est que lorsqu'un serveur a la présence d'esprit de déployer les parasols que je peux les ôter. Après un rapide coup d'oeil à la carte, je commande une salade de tomates rôties, avocats, pommes de terre et asperges avec une limonade. « A ton avis, qu'est-ce que je te réserve pour cet après-midi ? » je demande une fois le serveur parti, un sourire malicieux sur les lèvres. « Essaye de deviner. Je répondrai honnêtement, promis. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie n'avait jamais été très bavard pendant qu'ils se promenaient ensemble. Il préférait regarder le monde qui l'entourait, encore lorsqu'il s'agissait d'un lieu qu'il ne connaissait pas. Ca ne gênait pas Joanne. Après son divorce, elle marchait souvent seule, le silence devenant son ami proche. Elle était souvent rêveuse, certains détails pouvaient lui rappeler quelques souvenirs ou lui donner diverses idées. Ensemble, ils ne parlaient pas avec les mots. Ils parlaient avec des mains qui ne se lâchaient pas des baisers gavés d'affection, des doigts qui se perdaient au niveau de sa taille. C'était paisible, calme, on ne pouvait pas croire que l'on se trouvait dans l'une des villes les plus connues de l'Australie. Ca ne gênait absolument pas la jeune femme qu'il n'y ait pas plus de conversation que cela. Quelques heures plus tard, ils sortaient du parc en question, à la quête d'un restaurant qui leur conviendrait. Une belle terrasse, servant des plats végétariens, deux exigences qui n'étaient pas des plus simples, mais ils avaient facilement trouvé. Comme Jamie, la jeune femme gardait ses lunettes de soleil sur le nez, même après que les parasols aient été installés. Avoir des yeux avec un temps aussi radieux lui laissait peu de répit. Un rien l'éblouissait. Après avoir lu la carte dans son intégralité, elle opta pour une tourte à la viande. Cela pouvait sembler étrange, mais même s'ils avaient chacun un régime différent, ils parvenaient toujours à s'accorder d'une manière ou d'une autre. Souvent, Joanne préparait un plat pour Jamie, puis se permettait de se cuire à côté une viande. Mais il lui arrivait aussi de prendre exactement les mêmes plats que lui, surtout par curiosité. Il était clair qu'elle ne pourrait pas se passer de viande de si tôt, mais elle admettait que les plats végétariens étaient tout aussi savoureux. De son côté, elle n'allait pas non plus l'inciter à manger de la viande, loin d'elle cette idée. Jamais elle ne le forcerait pour quoi que ce soit. En guise de boisson, elle commanda un jus de pomme, n'ayant pas trop envie d'alcool, surtout avec un soleil aussi tapant. Amusé, Jamie finit par l'interroger sur ce qu'il comptait bien lui préparer pour l'après-midi. Joanne le regarda d'un air faussement suspicieux, alors que lui s'amusait à jouer avec sa curiosité. "Avec toi, ça pourrait être n'importe quoi." Jamie aimait autant faire dans le classique que dans la démesure, c'était très difficile de le cerner lorsqu'il avait une idée en tête, sauf qu'il se faisait intentionnellement comprendre. Joanne posa le coude sur la table, afin d'appuyer son menton contre la paume de sa main. "Je ne sais pas..." soupira-t-elle, en riant. "Un tour en bâteau ? Une promenade dans un lieu insolite ?" Elle réfléchissait, perplexe. Il pouvait s'agir de n'importe quoi, même de ça. "Combler le manque tu as eu tout au long de la semaine ?" l'interrogea-t-elle, avec des yeux pétillants, sachant bien qu'il réagirait face à cela. Joanne se surprit elle-même d'en parler mais elle s'était sentie obligée de le placer quelque part. "Est-ce que c'est quelque chose à laquelle je peux m'attendre ou pas ?" L'éventail des possibilités était tellement large. "Ca ne peut pas être quelque chose d'aussi évident qu'un musée, ou une exposition, ou la visite d'un monument. Sinon, tu ne m'embêterais pas autant pour me le faire deviner." remarqua-t-elle, buvant ensuite une gorgée de son jus de fruits que le jeune serveur venait tout juste d'apporter. "Ou peut-être que c'est tellement improbable que je ne devinerai jamais ce dont il s'agit. Et tu sais très bien jouer avec ma curiosité, ça t'amuserait beaucoup, et tu sais que je voudrais avoir la réponse. Et du coup, tu trouverais matière à me faire du chantage." s'exclama-t-elle, tout sourire. "Ne me faites pas cette tête là, Lord Keynes, vous savez tout autant que moi que vous en êtes capable." Elle baissa ses lunettes à l'aide de deux doigts au bout de son nez, et lui fit un clin d'oeil. Le serveur arriva avec les plats, et souhaitait un bon appêtit au couple. "Mais je vais vous laisser baigner dans votre frustration, et je découvrirait votre surprise quand nous y serons." dit Joanne, pleinement satisfaite de ne pas lui donner ce qu'il voulait - c'était ce qu'elle supposait, du moins.
J'avoue avoir terriblement envie de jouer avec la curiosité de Joanne. Avoir droit à un petit question-réponse assez frustrant pour elle, doutant peu qu'elle puisse trouver ce que je lui réserve pour cet après-midi. Pas que je trouve l'idée trop extravagante ou démesurée, mais ce n'est peut-être pas quelque chose qui pourrait lui traverser l'esprit. J'avais pensé à la balade en bateau à l'origine, et finalement, avais trouvé cela trop peu original. Concernant les lieux où je peux emmener Joanne, ma connaissance de Sydney et des environs est bien tôt limitée pour lui proposer d'aller dans un endroit insolite. « Non, aucun des deux. » je réponds avec un sourire satisfait. Pour le moment, ses pistes sont fausses. La jeune femme évoque néanmoins une autre activité que je comprends facilement, sous-entendue dans sa phrase. Je souris, amusé, passant furtivement mes dents sur mes lèvres. « Ca c'est le genre d'activité que je garde pour plus tard. » dis-je, l'air complice, et en effet assez déterminé à combler le manque en question. La belle est toujours pleine de surprises, me dis-je, évoquant d'elle-même ce sujet qui la fait toujours rougir. Je pose à mon tour mon coud sur la table et appuie mon menton dans la paume de ma main, attendant ses autres hypothèses ou questions. « Bien sûr que tu peux t'y attendre, dans la mesure où tu ne savais jamais à quoi t'attendre de ma part. » J'hausse les épaules, aimant assez la perspective que la longue listes des choses que je suis capable de lui proposer me donnera toujours matière à la surprendre et lui faire découvrir des choses. Pas de musée, pas d'exposition ; mon plan est tout de même plus grand que cela. « Exact, ça n'est rien de tout ça. » Finalement, Joanne se rend compte qu'elle risque de tout simplement tourner en rond sans jamais mettre le doigt sur cette surprise, et que la voir patauger est un plaisir dont je me délecte sans gêne. Même si c'est le cas, j'hausse les sourcils et fait une moue étonnée, choqué par ses accusations. « Absolument pas, ce n'est pas du tout mon genre. Je ne vois pas de quoi tu parles. » La manière dont elle me jette un regard par dessus ses lunettes est absolument adorable. Je lui souris, amusé et attendri. La jeune femme coupe court à mon jeu, refusant de me laisser profiter de sa curiosité plus longtemps. « C'est ta nouvelle activité favorite, trouver tous les moyens possibles de me frustrer ? » je demande en plissant les yeux. Je prends une mine boudeuse, ma fourchette au bout des doigts jouant avec ma salade avec contrariété. « Très bien, ça restera une surprise alors. Une surprise qui commence dans… trois heures. » je note en jetant un coup d'oeil à la montre offerte par Joanne. Ce qui nous laisse amplement le temps de manger, et même de continuer à flâner dans cette rue commerçante si le coeur nous en dit. Histoire de rattraper l'après-midi d’emplettes dont nous avions parlé et qui n'a jamais eu lieu jusqu'à présent. Discutant de choses et d'autres, nous prenons une petite demi-heure à finir nos assiettes, et autant de temps pour le dessert ; une glace à la vanille pour moi, dont l'immense dose de crème chantilly me pousse à faire le pitre. Puis nous quittons le restaurant pour reprendre notre marche. L'un des magasins m'interpelle, et j'y traîne Joanne pendant quelques dizaines de minutes où nous regardons les rayons de vêtements qui, pour une fois, ne sont pas hors de prix. Les accessoires étant pour hommes, je m'amuse à poser une casquette sur la tête de la jeune femme ; elle est si grande que la visière tombe sur son nez et cache ses yeux. Je sors de la boutique avec trois ou quatre hauts dans un sac ; pas une chemise. « Premier achat de t-shirt depuis l'université. Date historique ! » dis-je avec un rire. Cette halte a largement fait passer le temps. Lorsque nous arrivons au bout de la rue piétonne, j'appelle un taxi afin de nous conduire sur le lieu de la prochaine activité. Une fois installés sur la banquette arrière, je me tourne vers la belle. « Bon, puisque tu ne veux rien savoir, tu ne verras pas d’inconvénient à ce que je te demande de te cacher les yeux, hm ? » A vrai dire, je ne lui laisse pas le choix, et je veille à ce qu'elle garde ses mains sur ses yeux pendant la quinzaine de minutes que dure le trajets. Une fois arrivés, je prends le relais et l'empêche de voir où elle se trouve tout en la guidant. Ce n'est qu'une fois sur la piste de décollage que je retire mes mains de son visage. « Et voilà. » J'avais donc songé à la balade en bateau, et cela m'était apparu trop banal. L'hélicoptère, en revanche, paraissait plus amusant. J'avais donc prévu deux heures de vol au dessus de Sydney des des montagnes alentours. « Tu es déjà montée dans un hélicoptère ? »
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Bien évidemment, Joanne avait tout faux, mais elle s'y attendait. Il se plut même à donner la réplique par rapport à ce fameux manque qu'elle avait mentionné, et il prit une entière satisfaction à lui préciser que ce serait pour plus tard. Sur le coup, les joues de Joanne rougirent un petit peu. Elle avait besoin d'une certaine audace pour mentionner ce genre de choses aussi indirectement que possible, lui, n'avait aucune gêne, avec cette facilité incroyable d'en parler comme s'il s'agissait d'une conversation anodine, simple. Discrètement, elle se mordit la lèvre inférieure avant de prendre une bouchée de son plat. Ce n'était pas le genre d'activité qu'elle refusait, et loin de là. Jusqu'ici, elle ne le lui avait jamais refusé, et elle n'y voyait toujours pas de raison. Jamie jouait avec elle, la faisant mariner à son bon plaisir, étant donné qu'elle était incapable de deviner ce dont il pouvait parler. "Oui, c'est une activité qui me plaît assez, je l'avoue." dit-elle dans un rire. "Parce qu'après, d'une manière ou d'une autre, tu cherches toujours un moyen de répondre à cette frustration." Un sourire restait constamment pendant à ses lèvres. "Et j'aime beaucoup ça. Ta détermination sans faille lorsque tu cherches absolument à avoir tout ce dont tu peux désirer." Jamie pouvait se permettre énormément de choses, l'argent y apportant un sacré bénéfice. Dès qu'il voulait un bien, n'importe lequel, il claquait des doigts et ça lui était offert sur un plateau d'argent. La frustration, ça ne devait pas trop être son truc. Joanne reconnaissait y prendre un certain plaisir, de la mettre à rude épreuve, dès qu'elle le pouvait. Elle trouvait que ça le rendait absolument craquant, allant parfois même au forcing pour obtenir l'objet convoité. Un petit jeu qui fonctionnait bien jusqu'ici. Elle se doutait bien que ça ne serait pas éternel, mais Jamie était un dur à cuire, et elle n'allait pas se gêner pour créer encore et toujours plus de frustration. Ca ne le rendait que plus séduisant par la suite, et c'était aussi souvent une nouvelle preuve de l'amour qu'il avait pour elle. Un amour au delà de toutes les mesures, de toutes les limites. "Ca peut passer très vite, trois heures." dit-elle en haussant les sourcils, faisant énormément d'effort pour sembler être inatteignable. Alors qu'à l'intérieur, sa curiosité bouillait sans cesse, créant un tumulte difficilement contrôlable. Heureusement que l'assiette était encore pleine, cela lui permettait d'avoir l'esprit ailleurs. N'ayant plus vraiment d’appétit, elle ne prit pas de dessert en fin de repas. Après que Jamie ait terminé sa glace, ils se promenèrent dans la rue commerçante. Il l'attira dans un magasin de vêtements pour homme, où les prix n'allaient pas faire tomber sa belle à la renverser - à sa grande surprise. Ils parcouraient les rayons, et il voulait lui faire essayer une casquette qui était bien trop grande pour elle. En sortant, Jamie avait un sac avec lui, s'étant acheté des t-shirts. Tout en marchant, Joanne vint l'embrasser après lui avoir chuchoté. "Ca en fait tout autant pour moi." Lui qui manquait jusqu'ici cruellement de t-shirts, il venait de remplir un peu sa réserve. Même si elle avait aussi de quoi s'habiller, elle aimait bien dormir de temps en temps portant l'un de ses vêtements - vilaine habitude que voilà. Jamie appela ensuite un taxi, et, à l'intérieur, il lui demanda de se cacher les yeux. Sans dire mot, la jeune femme s’exécuta, gardant étonnamment son calme. Arrivés à destination, il la guidait avec précaution et en dissimulant lui-même les yeux de sa compagne, jusqu'à arriver à destination. Elle n'en croyait pas ses yeux, sa bouche ouverte et ses yeux ronds le montraient parfaitement. Bien sûr que non, elle n'était jamais montée dans un avion. "C'est pour de vrai ?" demanda-t-elle, bien qu'elle connaissait déjà la réponse. Le pilote arriva, saluant Jamie en premier lieu, puis la jeune femme. Il leur fournit un casque avec un micro, pour qu'ils puissent communiquer dans l'engin. Avant de grimper dans l'hélicoptère, elle confia à Jamie "Je suis un peu nerveuse." en jouant un peu avec ses doigts. Mais c'était une nervosité positive, elle se doutait qu'elle allait adorer ce tour. Jamie montait en premier, afin de pouvoir aider sa belle à grimper à son tour. Installés à l'arrière, ils bouclaient leur ceinture. Dès qu'ils étaient prêts, Joanne saisit l'une des mains de Jamie avec les deux siennes, tandis que ses yeux regardaient déjà à l'extérieur. Durant le vol, elle lui montrait ici et là les choses qui attiraient son attention. Elle était totalement émerveillée par tout ce qu'elle voyait, oubliant même à quel point le temps pouvait passer vite.
« Elle n'est pas toujours sans failles. » je réponds avec un sourire légèrement triste à son éloge à propos de ma détermination. C'est vrai, je suis une personne obstinée qui sait ce qu'elle veut, la manière dont elle le veut, et qui est toujours prêt à tout pour l'obtenir. J'use de tous les moyens pour parvenir à mes fins, c'est une chose pour laquelle je peux éventuellement remercier mon père. Ainsi que mon caractère borné naturellement. Je n'ai jamais aimé être contrarié ou frustré, et pas seulement parce que j'ai toujours eu l'argent ou les capacités d'avoir tout ce que je souhaite. Mais parce que je suis ainsi, capricieux et avide de toujours plus de possessions. Ce qui plus souvent un défaut qu'une qualité, j'en ai peur, même si Joanne s'en amuse. Quoi qu'il en soit, il y a bien une chose pour laquelle ma détermination me fait défaut. Je repense à la petite boîte au fond de ma valise et cette décision pourtant ferme que j'avais prise de demander la jeune femme en mariage pendant ce week-end. A ce sujet ma détermination s'étiole à chaque fois, et ce n'est pas la première fois. Je ne me l'explique pas. Le séjour n'est pas terminé, mais je doute de pouvoir réunir mon courage à nouveau avant notre retour à Brisbane. Néanmoins, je ne laisse pas cela être une tâche sur notre week-end. Je poursuis le programme comme si de rien n'était, et mène Joanne jusqu'à l'aéroport, sur la piste des hélicoptères. Là, un engin bleu nous attend. Mon coeur palpite quelques secondes en attendant la réaction de la jeune femme. Vu sa surprise, elle n'avait décidément aucune idée de ce qui l'attendait, et c'est tant mieux. J'attends tout de même de voir si cela lui plaît avant de crier victoire. Mais à son expression, je crois que l'intention est une réussite. « Pour de vrai. » je réponds avec un sourire. Nous enfilons les casques donnés par le pilote et grimpons dans l'hélicoptère. L'homme prend grand soin de vérifier que nos ceintures sont bien bouclées et tenaces, que nous sommes en parfaite sécurité. « J'avais peur que tu me dises que tu as le vertige. » j'avoue à la jeune femme avec un rire nerveux. Après tout, je n'en avais pas la moindre idée lorsque j'avais réservé le vol, jouant quitte ou double. Heureusement, le vol ne semble pas lui faire plus peur que cela, même si elle admet être nerveuse. Je serre fermement sa main dans la sienne pour la rassurer. « Tu n'as pas de raisons d'être nerveuse. Tu verras, on ne fait pas mieux comme balade. » lui dis-je avec un sourire. Ce n'est pas mon premier tour en hélicoptère, mais je trouve toujours cela merveilleux. Cela n'a rien à voir avec un avion, aussi petit et privé soit-il. Il n'y a pas meilleur moyen pour avoir l'impression de voler au dessus du monde, pas plus belle vue que le panorama qu'offre cet engin. Les deux grandes vitres sur les côtés laissent voir apercevoir du paysage ; légèrement incurvées sous nos pieds, nous pouvons même deviner le monde qui défile là-dessous. Malgré les casques, les hélices de l'hélicoptère font un bruit assourdissant, mais cela n'est pas vrament dérangeant lorsqu'on se laisse complètement observer par la beauté des images qui défilent sous nos yeux. Nous passons une première heure à survoler Sydney ; de là-haut, l'Opéra brille toujours autant. En suivant les formes du port, le regard est mené vers l'océan qui s'étend à perte de vue, ponctué par quelques minuscules îles. Puis l'engin effectue un large demi-tour et s'éloigne du port sur presque une centaine de kilomètres, nous menant vers les montagnes. Le paysage est verdoyant, particulièrement luxurieux, les masses d'arbres formants de grandes ondulations vertes. Nous passons non loin des pics escarpées des Blue Mountains qui surplombent la totalité de la vallée. Il est facile de comprendre le nom de cet endroit ; à cette hauteur, les montagnes sont couvertes d'une sorte de nappe de buée bleue qui les confondent avec le ciel. Nous devinons, à certains endroits, des cascades dont nous ne pouvons voir la fin de la chute. Tout ceci est tout bonnement à couper le souffle, et je me surprends à ne pas dire un mot pendant cette deuxième heure. Ce n'est que sur le chemin du retour que je me tourne vers Joanne. J'ai gardé sa main dans la mienne, fermement serrée. « Pas mal pour un baptême de l'air, non ? » je demande avec un sourire. Même à mes yeux, il s'agit de la balade en hélicoptère la plus impressionnante qu'il m'ait été donnée de faire. Face aux montagnes, à ces kilomètres d'immenses arbres touchant le ciel à l'horizon, j'ai l'étrange impression d'être à ma place, chez moi. Cela n'a fait que confirmer que je ne quitterai ce pays pour rien au monde. Et je dois encore tout en découvrir. Nous survolons de nouveau Sydney. Nous pouvons même voir l'hôtel d'où nous sommes, et il est assez facile de deviner qu'elle terrasse donne sur notre chambre. « On aurait presque envie de rester là éternellement, hein ? » dis-je dans le micro de mon casque, songeur. Même si le temps est passé vite, quitter des paysages inoubliables laisse un goût amer de retour à la réalité. En beaucoup trop peu de temps, nous touchons de nouveau terre et ôtons les casques. Je remercie chaleureusement le pilote pour ce moment. « Est-ce que ça t'as plu ? » je demande à Joanne en la prenant dans mes bras à la sortie de l'héliport. Je dépose un baiser sur son front, caresse ses cheveux, et attends quelques minutes avant d'appeler un nouveau taxi. Comme ayant besoin de ce temps de réadaptation au monde d'en bas. Lorsque nous rentrerons à l'hôtel, il sera l'heure de dîner.
Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 18 Aoû 2015 - 1:04, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"J'ai le vertige. Un petit peu." dit-elle en riant, nerveusement. Ce n'était pas non plus maladif, loin de là, mais être en hauteur ne l'avait jamais vraiment rassuré. Elle savait pourtant que ce vol allait énormément lui plaire. Depuis toute petite, Joanne n'avait jamais vraiment été très téméraire. Dès qu'on la confrontait à quelque chose de nouveau pouvant donner une quelconque sensation, elle n'osait pas. Son frère l'avait sacrément travaillé de ce côté là, sinon elle n'aurait jamais monté dans cet hélicoptère, c'était certain. Mais une fois qu'elle s'était rendue compte que ce genre de choses était susceptible de lui plaire, la jeune femme se lançait un peu plus, prête à se laisser surprendre. Cela ne voulait pas autant dire qu'elle était en pleine confiance, sinon elle ne serait pas en train de torturer la main de son compagnon. L'émerveillement était total, on en oubliait les bruits parasites. Le vol était coupé en deux phases : une première partie où ils surplombaient tout Sydney, et le bord de mer. La ligne d'horizon devait se trouver des milliers de kilomètres de là, se disait-elle, en la voyant. Puis l'hélicoptère s'éloigna de la ville et de l'océan pour aller explorer une Australie beaucoup plus verte et beaucoup plus sauvage. Un spectacle pour les yeux qui était de toute beauté. Joanne se redressait comme elle pouvait pour pouvoir mieux voir à travers les vitres de l'engin. Il était clair qu'il aurait pu y avoir pire comme premier vol en hélicoptère. Les yeux bleus de Joanne le regardait d'un air tendre en entendant poser sa question, puis acquiesça d'un simple signe de tête avant de profiter des derniers moments en hauteur. Sur le retour, Jamie semblait triste que cela soit déjà terminé. Elle lui caressa la cuisse, doucement. "Tant que c'est avec toi." lui répondit-elle avec un sourire tendre dessiné sur ses lèvres. L'hélicoptère se posa à terre, au même endroit d'où il avait décollé. Le couple descendit, Jamie remercia chaleureusement le pilote, puis ils se dirigèrent en direction de la sortie. "C'était merveilleux, magique." lui dit-elle à voix basse, en se blottissant contre lui. Il multipliait ses habituels gestes d'amour, à l'embrasser sur le front, à mêler ses doigts dans ses cheveux. La jeune femme avait posé sa tête contre son torse, fermant les yeux, et profitant du moment. "Merci infiniment." ajouta-t-elle en relevant sa tête, couvrant sa bouche de baisers à multiple reprises. Ils restèrent de longues minutes ainsi, puis Jamie appela un taxi, pour qu'ils rentrent à l'hôtel. Après une telle journée d'excursion, Joanne acceptait avec joie de passer le reste de la soirée dans leur suite, quoi qu'ils pouvaient faire. Comme à son habitude, durant le trajet, elle avait posé sa main sur sa cuisse, cherchant constamment un contact physique lorsqu'il était présent, auprès d'elle. Peut-être pour s'assurer qu'il était bien là, que tout ceci, cette nouvelle vie était bien réel. Joanne y repensait souvent, à cet immense tournant, il y a quelques mois de cela. Quand elle avait eu cette idée sortie de nulle part qui était de payer la caution d'un homme qu'elle connaissait à peine. Tout était parti de là, et tellement de choses s'étaient déjà passées. Des bonnes comme des mauvaises, il y avait de tout. Mais ce "tout" était quotidiennement intense, vécu comme on ne pouvait pas le vivre. Ils arrivèrent enfin à l'hôtel. Jamie paya le taxi, et ils se rendirent directement dans leur suite, rêvant tous deux de calme et de tranquillité, ensemble. A peine rentrée, Joanne se débarassa de ses chaussures. Elle tira ensuite Jamie par le bras, afin d'aller sur la terrasse. Elle aimait énormément cette suite, la vue qu'ils avaient, les pieds dans l'eau. Jamie semblait être un peu ailleurs depuis qu'ils avaient terminé leur promenade en hélicoptère. Elle ne doutait pas un seul instant qu'il se sentait beaucoup mieux là-haut. Une fois sur la terrasse, et toujours en lui prenant la main, elle se retourna pour être face à lui, puis elle l'attira encore pour qu'il se rapproche d'elle, qu'elle puisse entourer sa nuque de ses bras et l'embrasser tendrement, sur la pointe des pieds. "Tu vas bien ?" lui demanda-t-elle, tout de même un peu inquiète. "Tu es très songeur, depuis que nous sommes descendus de l'hélicoptère. Qu'est-ce qui te tracasse ?" La soirée de la veille lui vint automatiquement à l'esprit, elle culpabilisait déjà que ce soit de sa faute. "C'est à cause d'hier soir, c'est ça ?" Elle lui caressa tendrement les cheveux. "J'ai vécu toute une journée en le sachant, je vis ça plutôt bien, tu ne trouves pas ?" ajouta-t-elle d'une voix douce, avec un large sourire. Joanne restait fixée sur cette idée, mais si ça se trouve, ce n'était pas le réel sujet de ses causes. Il lui semblait tout de même essentiel qu'il sache que la pilule avait bien été avalée.
La jeune femme semble vraiment ravie de l'expérience qu'elle a vécu. A la manière dont elle se blottit contre moi, à l'éclat de son regard et le timbre de sa voix, je devine que ce premier vol sera un souvenir qu'elle gardera longtemps. Malgré ce brin de mélancolie qui m'a gagné en reposant le pied à terre, je ne peux pas m'empêcher de lui sourire tandis qu'elle me remercie. Simplement heureux, je ne trouve rien à dire, si ce n'est répondre à ses baisers, resserrer mon étreinte autour d'elle, et glisser quelques mots d'amour à son oreille. Le taxi arrive une poignée de minutes après que j'ai passé le coup de fil. La journée a été riche, et après une nuit d'un sommeil trop léger, je ressens un peu de fatigue lorsque je m'assied sur la banquette de la voiture. Je pose ma main sur celle que Joanne a abandonné sur ma cuisse, regardant les rues de Sydney passer derrière les vitres teintées. Il est encore tôt, le ciel commence à peine à prendre des teintes plus profondes et nocturnes, mais les lumières de la ville sont déjà allumées. Nous rejoignons le port en une vingtaine de minutes, puis arrivons à l'hôtel au pied du grand pont. La vue est toujours très impressionnante en contre-bas. L'immense structure métallique est particulièrement imposante, ainsi que l'étendue d'eau qui nous sépare de l'autre rive. L'hôtel, heureusement, donne tout de même l'impression de se trouver dans un monde à part ; même au coeur de Sydney, au plus près de tous ses monuments emblématiques, son avancement sur l'eau lui donne des airs d'île sur l'Océan. Joanne et moi regagnons très vite notre suite sans vraiment faire attention aux autres clients que nous croisons. Sans attendre, la jeune femme m'entraîne à l'extérieur, sur la terrasse. Je crois que j'ai vraiment bien fait de prendre cette suite plutôt qu'une autre. Notre ponton en bois personnel confère énormément de charme à la chambre, et la vue n'a pas de pareil. Les reflets sur l'eau, perturbés par quelques bateaux passant là, la ville au loin, absorbent mon attention rapidement. Mon regard s'arrache aux bâtiments pour se poser sur Joanne lorsque celle-ci passe ses bras autour de mon cou. Je l'enlace et la serre de manière à complètement la coller à moi pendant que nous nous embrassons. Je retrouve le confort de notre bulle. Notre monde à nous. A sa question, mon coeur subit un léger pincement, mais je prends un air étonné ; « Bien sûr, je vais bien. Pourquoi ça ? » je demande, ne comprenant visiblement pas de quoi elle parle -alors que, intérieurement, je suis inquiet à l'idée que mes tracas et mes pensées se soient trop lues sur mon visage, ce qui semble être le cas puisqu'elle me demande ce qui me travaille. « Rien du tout, je t'assure. » je réponds tout bas, relativement convainquant. Je lui souris, mine de rien, et pose une main sur sa joue pour la rassurer. Mais immédiatement, elle fait un lien entre mon état songeur et notre conversation d'hier soir. Je secoue négativement la tête pour lui faire comprendre que cela n'a rien à voir -quoi que, cela est tout de même lié, mais je tente surtout de l'apaiser et éviter plus de questions. La jeune femme fait remarquer que sa première journée au bras d'un Lord avait été plutôt bien vécue. « C'est vrai. J'en suis très heureux. » dis-je avec un sourire tendre. Elle parvient à en rire un peu et ne semble pas pleine d'animosité à ce sujet, ce qui est rassurant. Néanmoins, les circonstances jouent grandement je pense. Dans ce magnifique cadre, après une balade dans les airs, qui ne vivrait pas bien cette situation ? Peut-être que le retour à Brisbane et à notre quotidien changera son regard. Même si notre vie ne subira pas de changements à cause de ce titre, on ne sait jamais ce que le retour à la normale peut déclencher. « J'espère que ça sera toujours le cas. » j'ajoute en caressant sa joue. Pour le moment, même si je suis assez optimiste quant au fait qu'elle réalisera que ce titre passera inaperçu dans nos vies, je ne peux être sûr de rien. Je crois que c'est ce qui m'empêche de me lancer depuis tout ce temps. Notre vie ne cesse de subir des changements, nous devons accommoder notre trajectoire en fonction de chaque bouleversement, et cela ne s'arrête jamais. Je ne peux pas être sûr qu'elle acceptera toujours ce titre, comme je ne suis pas certain qu'elle puisse bien vivre ma popularité si elle vient à croître encore, ou encore comme je ne sais toujours pas comment la gestion de mes crises de colère va évoluer. Je ne pourrais jamais le savoir, me direz-vous ; c'est la vie, et ses aléas sont mystérieux, il est impossible de deviner dans quel état nous serons dans une semaine, un mois, un an. Est-ce qu'elle aura craqué sous la pression d'un monde qui n'est pas le sien ? Ou est-ce qu'elle sera toujours là ? Je n'en sais rien, et cette soupe d'incertitudes me rend vraiment malade. J'aimerais que ma détermination soit sans failles. Mais par rapport à cette demande qui attend depuis des semaines, absolument tout me fait paniquer. Néanmoins, je tiens parfaitement bien la façade depuis tout ce temps, il n'y a pas de raison pour qu'elle s'étiole maintenant. « Mais ça n'est pas ça. Je… Ma tête est toujours pleine de matière à penser, voilà tout. » dis-je en haussant les épaules. Je souris en coin. « Et je me dis que ce week-end sera vraiment trop court. » Je vole un baiser à ses lèvres avant de poser mon front contre le sien, fermant les yeux pour respirer son parfum mêlé aux odeurs du port. « Je suis désolé, je ne devrais pas me laisser distraire par des choses qui peuvent attendre lundi. » j'ajoute, sous-entendant que je pense majoritairement au travail, brouillant les pistes. J'ai toujours su être convainquant lorsque je le veux, alors je ne m'inquiète pas trop quant au fait que Joanne croira cette version de la réalité. « Je devrais investir dans une île où nous pourrions vivre que tous les deux, loin de tout, qu'est-ce que tu en dis ? » Il y a quelques îles en Grèce qui sont à vendre pour pas si cher que ça, à ce qu'il paraît. « Est-ce que tu veux dîner dans la grande salle en bas, ou tu préfères qu'on reste dans la chambre ? » je demande après quelques minutes, toujours souriant afin de la rassurer. Car mis à part mes questionnements, tout va pour le mieux, et je tiens vraiment à ce que ce week-end reste sur sa lancée.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il disait qu'il allait bien, qu'il n'y avait rien. Joanne sourit, un peu gênée d'avoir vu tout faux. "Je te trouvais plus songeur que tu ne l'es d'habitude." dit-elle simplement, en haussant les épaules. Jamie la rassura une nouvelle fois, limitant beaucoup ses phrases, constata-t-elle. Il était normal que la jeune femme pense en tout premier lieu à leur conversation relativement froide de la veille. Il la regardait avec beaucoup de tendresse, exprimant son souhait que ce soit toujours le cas, qu'elle vive bien ce titre qu'il venait fraîchement d'acquérir. Les yeux de Joanne continuaient de briller, ne pouvant se détacher de ce beau regard vert et de sa marque d'affection qu'il dessinait sur sa joue. "Je l'espère aussi." lui chuchota-t-elle, doucement. La jeune femme ne pensait pas encore à leur retour à Brisbane, à l'impact que pourrait éventuellement avoir ce titre sur leur vie de tous les jours. Exactement comme quand elle ne pensait pas un seul instant à la célébrité naissante de son compagne grâce à l'émission de radio qu'il animait depuis déjà quelques semaines. Elle restait très facilement innocente et naïve pour ce genre de choses, jusqu'au jour où ça lui tombe littéralement dessus. C'était ce qui la protégeait d'un panique constante, certainement. Difficile de définir ce qui serait le mieux à vivre à elle. Au fond, ça ne la dérangerait absolument de faire avec, à partir du moment qu'elle avait Jamie dans sa vie. Ces derniers mois, cela ne se résumait qu'à cela, qu'à lui. Il reprit la parole, disant qu'il pensait à beaucoup de choses en même temps - ce dont elle ne doutait pas. Bien évidemment, Joanne gobait absolument tout ce qu'il disait, se pensant un peu stupide de se faire autant de soucis pour rien. "Ce n'est pas grave." dit-elle, en toute gentillesse. "Tu l'as dit toi-même, tu as énormément de choses à penser en ce moment." ajouta-t-elle en glissant une main dans ses cheveux. "Ce n'est pas évident de s'écarter de tout cela en si peu de jours." Et selon elle, il avait toutes les raisons du monde d'avoir l'esprit occupé. Elle ne pensait pas un seul instant qu'il pouvait s'agir d'autre chose que de son travail. Ca ne pouvait pas être grand chose d'autre, pour elle. "Pardonne-moi, je m'inquiète certainement pour rien, il faudrait que je me calme." avoua-t-elle, souriante, mais pensant réellement ce qu'elle disait. Jamie suggéra alors d'acheter une île, rien que ça. "Ca ne ferait que ressortir ton côté un peu mégalomane, mais pourquoi pas." la taquina-t-elle. Elle l'embrassa rapidement avant d'ajouter. "Et puis, la liste des destinations de nos futures vacances est encore bien longue, après tout." C'était un de leur plus grand point commun, l'amour du voyage et de la découverte. Depuis qu'ils se connaissaient, le nombre de destinations prévues s'agrandissait toujours un peu plus, trouvant tel ou tel excuse pour s'y rendre. "Nous devrions attendre d'être de retour à la maison avant d'envisager les prochaines." Quelques minutes passaient où il la regardait tendrement, toujours ses doigts caressant sa joue de porcelaine. Jamie reprit la parole, demandant à sa compagne où elle préférait dîner le soir-là. Avec lenteur, elle vint effleurer ses lèvres avec les siennes. "Je préférerai dîner ici, juste avec toi." lui chuchota-t-elle. "Dans notre petit monde à nous." Ils étaient loin de tout, et avaient un cadre de rêve, elle voulait en profiter au maximum en sa présence. Elle ne demandait rien de plus, à vrai dire. Elle l'avait très peu pour lui la semaine passée, et elle reconnaissait avoir ressenti un certain manque en elle, qu'elle complétait avec ce qui lui tombait sous la main - sinon, elle n'aurait jamais survécu à l'année qui avait suivi son divorce. "Et ça m'évitera d'avoir peur à chaque fois qu'une de ces femmes ne te dévorent littéralement du regard." finit-elle par admettre. "Il y en avait beaucoup, hier soir." précisa-t-elle. La jeune femme n'allait pas préciser à quel point elles pouvaient être belles et parfaites, ayant beaucoup plus d'aise de prestance que Joanne, et tout le baratin qu'elle pouvait avoir, sachant pertinemment que ça énerverait Jamie, qui lui rappellerait, encore une fois, qu'il n'y avait qu'elle, et tout ce qui s'en suivait. La jeune femme entoura la taille de son compagnon et se blottit contre lui. "Tu crois qu'ils servent des petits plats ? Pas forcément des mignardises... Je ne suis pas sûre de pouvoir avaler un dîner entier ce soir." avoua-t-elle. Pendant que Jamie s'était chargée de passer commande, elle s'installa sur le bord du lit de jardin qui se trouvait sur leur ponton. Elle se trouvait trop exigente, demandant une telle requête.
Voir la jeune femme se sentir toute bête parce qu'elle s'est inquiétée pour rien me fait sentir mal à l'aise. Je n'aime pas jouer la comédie avec elle, lui faire gober ce que je veux parce que cela m'arrange, mais je n'ai pas vraiment le choix. En fait, c'est sûrement de la voir tout croire si naïvement qui me fait sentir vraiment mal. Je n'en montre rien, mais dès que je me vois en train de manipuler un temps soit peu quelqu'un, je me trouve bien trop proche de mon père. Quoi qu'il en soit, je continue de sourire, de rassurer la jeune femme, faire en sorte qu'elle ne se doute de rien. « C'est vraiment adorable de t'inquiéter. Je n'ai pas l'habitude qu'on s'inquiète pour moi. » dis-je en caressant sa joue, véritablement reconnaissant. Il faut dire que je ne laisse pas assez de faiblesse transparaître pour que qui que ce soit puisse penser à s'inquiéter. Mais Joanne partage ma vie, mon quotidien, et me connaît toujours de mieux en mieux. Elle décèle vite lorsque quelque chose me travaille. « Mégalomane ?! » je répète, surpris, lorsque prononce ce mot quand j'ai proposé, pour plaisanter, d'acquérir une île. Je sais qu'elle me taquine, mais le mot m'interpelle tout de même. « Tu me trouves mégalo ? » je questionne, un peu plus sérieux, me demandant si c'est vraiment ce qu'elle pense de moi. Si je le suis vraiment. Je n'ai pas l'impression que cela me définisse, mais j'ai peut-être tort. Je n'en sais rien. Après quelques minutes de silence, Joanne m'avoue qu'elle préfère dîner dans la chambre. Et j'avoue que j'espérais qu'elle réponde cela. Je ne me voyais vraiment pas aller manger dans le restaurant de l'hôtel, croiser des clients que nous avons vu la veille, et perdre de notre tranquillité. Ce n'est peut-être pas une bonne stratégie d'avoir cette envie de s'isoler, mais j'aime bien trop notre bulle, notre petit monde, pour m'en préoccuper. « Faisons ça alors. » dis-je en lui volant un baiser alors que ses lèvres frôlaient les miennes. Quant à sa remarque sur les éventuelles femmes qui m'auraient adressé un regard hier soir, j'arque un sourcil surpris. Comme Joanne, je n'ai jamais été capable de voir ou comprendre lorsque je plaît à quelqu'un. Depuis que des personnes lambda ont croisé mon visage sur des publicités dans la rue, et me reconnaissent sans grande discrétion en me toisant de haut en bas, j'ai eu l'occasion de comprendre que je remporte quelques suffrages auprès de la gente féminine. Mais sans plus. « Tu dis des bêtises, je suis sûr que je suis passé inaperçu. » dis-je en haussant les épaules. Je n'avais pas vraiment de raisons pour être remarqué, si ce n'est le fait d'être l'homme accompagnant une sublime créature. Il n'y a que cela qui a pu attirer des regards à mes yeux. Pour en revenir au dîner, la jeune femme m'avoue avoir une petite faim. Comme toute personne mettant pour la première fois un pied dans un hôtel de ce genre, et dans la suite la plus chère de celui-ci, elle n'est pas forcément à l'aise à l'idée de faire une commande spéciale. Je souris, attendri. « Ne t'en fais pas, quand tu investis une suite comme celle-là, tu peux exiger d'avoir tout ce que tu veux. » dis-je avant de déposer un baiser sur son font. Je la quitte alors pour trouver le téléphone fixe qui se trouve dans la chambre, sur un petit bureau, et compose les deux chiffres de la ligne directe du room service. Quitte à faire le difficile et capricieux -un peu pour m'amuser, je l'avoue- je me contente de dire à la personne au bout du fil que nous avons faim, mais pas trop, et qu'ils ont carte blanche pour se débrouiller afin de nous nourrir dans moins d'une heure. Le garçon ne semble pas s'offusquer le moins du monde -l'habitude, sans doute, ils vivent tous les jours des commandes bien plus désagréables, d'autant plus que mon ton est des plus courtois. Il se contente de me dire que tout sera dans notre chambre dans trente minutes. Ayant raccroché, je profite d'être seul un petit moment pour souffler, faire tomber le masque. Mon regard se pose sur ma valise, puis je ferme les yeux, on ne peut plus déçu par moi-même. Je n'aurais pas du emmener cette fichue bague ici. Je n'aurais pas du l'acheter, pour commencer. Pourquoi ais-je cru que ce week-end serait un bon moment ? Il n'y a pas pire moment, nous sommes encore en train de vivre tant de transitions. Je suis un parfait idiot, beaucoup trop impatient. C'est l'existence même de cette bague et sa proximité qui est en train de me rendre malade. Je dois arrêter d'y penser, même si mon dégoût de moi-même face à mon manque de courage me ronge l'estomac. Joanne n'est pas idiote, elle finira par sentir que je suis trop distrait. Les femmes sentent toujours cela. Je prends quelques grandes inspirations. Oublions tout ça. C'est nécessaire. Lorsque je me sens mieux, je retourne sur la terrasse et m'assied à côté de la jeune femme. « Ca sera là dans une demi-heure. » dis-je avec un léger sourire. « Et juste pour les embêter, et te montrer que tu peux demander n'importe quoi, je ne leur ai pas donné la moindre indication. Juste que nous voulons quelque chose de léger à manger. Ca sera donc une surprise. » Je ne devrais pas être aussi gai à l'idée de ne pas avoir voulu jouer au gentil client, mais je tire une certaine satisfaction à savoir les gens en train de se plier en quatre pour moi. En attendant que le room service n'arrive, nous restons à l'extérieur, profitant de l'air frais du port et la vue. Un bras autour des épaules de Joanne, je la serre doucement contre moi. « Tu ne m'a pas dit ce que tes parents ont pensé de moi. Est-ce que ça veut dire que je dois m'inquiéter ? » La question est complètement intéressée, bien sûr. Je préfère savoir à quoi m'attendre, ce que je dois corriger ou prévoir pour la prochaine fois. Il n'est pas question d'être mal vu des parents Prescott.
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Il prit le terme employé soudainement très au sérieux, ce qui surprit un petit peu la belle blonde. Celle-ci le regarda d'un air tendre, et elle effleura sa joue du bout de ses doigts. "Bien sûr que non." lui répondit-elle d'un ton calme et apaisant. Elle l'embrassa lentement. "Loin de là." précisa-t-elle tout de même, en étant très honnête. "Tu es juste bien plus dans une certaine démesure que moi. Et beaucoup plus audacieux, aussi." Des qualités pour Jamie. C'était certainement le fait d'avoir grandi dans un environnement où il pouvait tout avoir et tout se permettre qui faisait qu'il aille toujours chercher quelque chose de différent, unique, sans pour autant être extravagant. Son goût prononcé pour les vieilles choses, l'authenticité, rendait ses manières de pensées et ses envies tout à fait exclusives. "Une belle démesure." rectifia-t-elle. "Qui fait de toi une personne brillante, avec toujours de bonnes idées, cherchant l'insolite, mais sans excentricité. Crois-le ou non, mais je trouve que ça te rend très séduisant." dit-elle, d'un ton qui devenait un peu charmeur, sans qu'elle ne le veuille réellement. A moins qu'il n'usait de tout ceci pour séduire encore et toujours sa compagne, conquise il y a bien longtemps. Peut-être craignait-il qu'elle s'ennuie de lui, elle n'en savait rien. Mais Jamie avait toujours de belles intentions. Ce n'était pas forcément des cadeaux ou des choses matérielles, il avait des manières bien à lui de montrer à quel point il pouvait tenir à elle. Jusqu'ici, le seul bijou qu'elle avait de lui, était le bracelet qu'elle portait constamment. Tout comme cette robe qu'elle adorait et dont elle prenait le plus grand soin. "Ne change surtout pas. Jamais." dit-elle d'un ton plus attendri, à demi-mot. Jamie semblait joyeusement approuver le dîner en tête-à-tête, uniquement entre eux. Sa compagne ne put s'empêcher d'esquisser un large sourire. Il démentit le fait qu'il avait pu plaire aux femmes lors de la soirée du gala. Joanne haussa à son tour les sourcils, avant de rire légèrement. "Détrompe-toi, mon amour." Elle garda sa bouche proche de la sienne, le regard malicieux. "Tu fais beaucoup plus de ravages que tu ne veuilles le croire. Certaines ne se gênaient pas trop pour me fusiller du regard dès que tu glissais ta main sur ma taille." avoua-t-elle. Il n'y en avait pas beaucoup, des regards tueurs, mais elle s'en souvenait très bien. Bizarrement, ce n'était que des jeunes femmes en quête d'un beau célibataire, préférentiellement riche. Ca devait se lire sur son visage qu'elle ne faisait pas partie de son univers, mais il suffisait parfois d'un regard pour lui faire comprendre qu'elle n'était définitivement pas à sa place. C'était pesant, certes, mais la présence de Jamie à ses côtés lui rappelait qu'elle était sa compagne et qu'il l'aimait infiniment. Elle était impressionnée, mais ne se laissait pas abattre. Ca aurait été une toute autre histoire si le séduisant Lord n'était pas à son bras. Il était parti effectivement passer commande, Joanne s'était assise. Il ne tarda pas à la rejoindre en s'installant à ses côtés, passant un bras par dessus son épaule. Elle espérait voir arriver sur le chariot, des choses du genre des petits légumes à croquer, des rondelles de charcuterie, des aliments simples, pourquoi pas cuisinés avec raffinement, tant que ça ne risquait pas trop de peser sur l'estomac. Jamie était soucieux de l'avis qu'avaient les parents de Jamie vis-à-vis de lui, ce qui était légitime. La jeune femme sourit timidement. "Non, tu n'as pas à t'inquiéter." finit-elle par dire après quelques secondes de silence. "Depuis le dîner, je parle beaucoup de toi avec eux, ils sont assez curieux. Mais pas au point de venir invasif sur certains points de ta vie." Il savait très bien de quoi elle parlait. "Ma mère cherche surtout à savoir à quel point tu es romantique avec moi, elle est très curieuse de ce côté là. De tes attentions, de tes cadeaux. Je crois qu'elle a vit compris que tu avais un goût prononcé pour les choses raffinés, authentiques et simples, finalement. Elle ne s'attendait pas à ça, mais je sais que ça l'a très agréablement surpris. Elle t'apprécie beaucoup. Elle pense qu'il y a une certain fragilité derrière le mur d'assurance que tu as constamment devant toi. Elle n'a pas tout à fait tort, pas vrai ?" La mère de Joanne, tout comme son père, avait tout été douée pour cerner les personnes, mais elle redoublait d'effort lorsqu'il s'agissait d'un potentiel nouveau membre de la famille. Joanne baissa les yeux. "C'est un peu plus difficile à dire pour Papa. Je ne sais pas ce que tu lui as raconté quand vous étiez seuls, mais il avait l'air assez serein. Enfin, plus à ce quoi je pouvais m'attendre. Il n'est pas aussi protecteur que Mia et Reever, il veut juste s'assurer que ses enfants aient le meilleur de ce qu'il puisse avoir, que la suite de leur vie soit assurée. Il était assez nerveux de te rencontrer, à vrai dire, je pense qu'il avait peur qu'il ne lui convienne pas et de devoir me le dire. Alors que sa petite cadette voyait enfin la vie un peu plus en couleurs." Elle soupira, perdue dans ses pensées et dans ses mots. "Je ne peux pas dire qu'il est méfiant. Parce que quand il se méfie, il devient un peu désagréable. Il est juste ... curieux de te connaître. De te comprendre. Il est vraiment doué pour ça, il aurait pu être psychologue, ou psychanalyste, ou je ne sais quoi." dit-elle en terminant sa phrase d'un ton rieur. "Ils ne le disent pas clairement, mais s'ils ne t'appréciaient pas, ils ne chercheraient pas à tant de te connaître." Ses parents étaient loin d'être des manipulateurs, ils n'avaient pas grandi dans un monde aussi vicieux. Jamie avait toutes ses chances pour bien s'entendre avec eux, il avait déjà marqué quelques points au premier dîner, malgré l'ombre du scepticisme qui régnait un peu. Ils lui laisseraient le temps de se dévoiler le jour où il se sentira prêt d'en dire plus sur lui.
Ajoutés au podium de mes inquiétudes pour l'avenir, l'avis des parents de Joanne me concernant n'est vraiment pas en reste à côté du titre de Lord et de l'émission de radio -à vrai dire, je ne sais pas ce qui me fait paniquer le plus. Pendant le dîné que nous avons partagé chez eux, même si j'ai toujours fait preuve d'honnêteté et de franchise, comprenant qu'ils n'attendaient que cela de ma part, je n'ai pas eu l'impression de parvenir à les rassurer et les convaincre. A aucun moment ils n'ont été désagréables avec moi, mais ils m'avaient fait comprendre leurs inquiétudes et ce qui peut les rendre méfiants à mon sujet. Depuis, pas de nouvelles. Je crois que cela me rendait bien trop nerveux pour que j'ose demander quoi que ce soit à propos des échos qu'elle a pu avoir de la soirée. Quelques semaines étant passées, je suis un peu plus d'attaque afin de savoir quel est le premier verdict. Joanne m'assure que je n'ai pas à m'inquiéter. Je lui souris, mais il est évident que je ne suis tout de même pas tranquille. D'après elle, ses parents sont toujours aussi curieux à mon sujet. Ils n'insistent pas au sujet de ma famille auprès d'elle pour en savoir plus. Cela ne m'aurait pourtant pas étonné ; la plupart des gens n'aiment pas les mystères de ce genre. Ce qui concerne la mère de la jeune femme me fait légèrement rire -parfois rougir. Je n'ai pas l'impression de lui faire tant de cadeaux que ça. Mais dans sa manière d'en parler, elle n'a pas l'air de s'en plaindre. Du coup, je me demande à quoi s'attendait Jane, mais je n'ose pas interrompre Joanne pour le lui demander. « Fragilité ? Connais pas. » dis-je en relevant le menton avec une fierté virile exagérée. Néanmoins, elle a raison. Je m'efforce d'être la personne à l'air quasiment infaillible sur qui les gens peuvent se reposer s'ils en ont besoin, quelqu'un de solide qui inspire confiance. Ce qu'il y a sous cette surface, peu de gens la connaissent, et personne ne le voit aussi bien que Joanne. Concernant le père, je me fais bien plus sérieux. Je suis assez étonné que la jeune femme l'ai vu serein. Globalement, l'avis de ses parents à mon sujet n'est pas mauvais. Je un peu rassuré. Un peu. « J'apprécie vraiment qu'ils n'aient pas insisté à propos de ma famille. » dis-je en me sentant profondément reconnaissant pour cela. « Je veux dire, d'habitude, les personnes à qui je refuse de répondre sont piqués dans leur curiosité, et au contraire vont multiplier les questions. » Ce que je ne comprends vraiment pas. Ces personnes ne parviennent qu'à me braquer, me faire perdre patience, et finissent par ne plus rien obtenir de moi. Je ne supporte pas d'être forcé à parler. Gabriella en a largement fait les frais. Je devrais l'appeler, un de ces jours, ou passer la voir. Nous ne nous sommes pas revus depuis notre dispute. Je reprends ; « Je ne savais pas du tout quoi leur dire à ce sujet là, et je ne sais toujours pas ce qu'ils doivent savoir ou non. Je pense que si je suis trop honnête, ils pourraient vraiment se méfier de moi, se demander quel genre de monstre peut résulter de l'environnement que j'ai connu, et ce que cet environnement va faire de leur fille. » Difficile de me sortir de la tête que quelque chose cloche chez moi, au même titre que dans le reste de ma famille. Mais ces mentalités malsaines ne proviennent peut-être pas du sang. Seulement du monde d'où nous venons. Sa cruauté et ses exigences qui taillent des personnalités singulières et malades qui élèvent d'autres générations de futurs sociopathes. Les parents de Joanne auraient toutes les raison du monde pour craindre pour leur cadette dans ce bain de mondanités. Que cela la change ou ne la blesse. Que leurs petits-enfants issus de ce monde soient à leur tour des petits monstres. Je loge mon visage entre mes mains, mes coudes appuyés sur mes cuisses. « Ils finiront par me détester autant que Reever et Mia. » je murmure, persuadé que si leurs enfants ne m'aiment pas, il n'y a pas de raison pour que ce ne soit pas leur cas non plus. Une conviction bien ancrée.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne n'aurait jamais pensé qu'il tenait tellement à être apprécié et accepter par ses parents. C'était quelque chose qui lui tenait apparemment beaucoup à coeur. Cela ne l'empêchait pas de ne pas avaler sa fierté quand elle parlait de fragilité. Ce qui pourtant était on ne peut plus vrai, Joanne n'avait aucun doute là dessus. Il se montrait aussi reconnaissant que ses parents n'aient pas insisté au sujet de la famille et du passé, de Jamie. Sa compagne lui répondit tendrement. "Bien sûr qu'ils sont curieux. Mais ils doivent se douter que tu ne les caches pas pour rien. Et ils savent que je le sais moi, et que je suis toujours là, avec toi." La jeune femme passa une main tendre dans ses cheveux, l'embrassant sur la tempe. Il semblait perdu, ne sachant que trop raconter aux parents Prescott, quels mots utilisés, ce qu'il devait préciser ou non. "Quand tu leur feras pleinement confiance, les mots viendront tout seul. Tu te débrouilles bien mieux que tu ne veuilles le croire." Joanne pouvait dire n'importe quoi, il avait déjà vraisemblablement des idées bien fixées sur la manière dont tout allait se dérouler, et c'était bien loin de déborder d'optimisme. Ce qui ne l'étonnait pas vraiment, à vrai dire. "Ils ne vont pas te détester." lui chuchota-t-elle dans l'oreille, avant de poser sa tête contre son épaule afin de le réconforter un peu. De sa main, elle lui caressait doucement le dos, silencieuse, pendant quelques minutes. "J'ai une idée." Elle se leva et chercha son sac à main, où elle avait laissé son portable à l'intérieur. Joanne se remit assise à côté de lui, et tapota un numéro de téléphone sur le clavier tactile, puis activa le haut-parleur. "Allo ?" "Coucou Maman, c'est moi." "Ah, Joanne ! Comment vas-tu ? Comment c'est, Sydney ?" "Je vais bien, nous avons passé une très grosse journée et avons peu dormi cette nuit. Mais tu aimerais beaucoup, il faudrait que tu viennes visiter un jour avec Papa." "C'est bien dans nos plans ! Et Jamie, comment va-t-il ? Il est dans le coin ?" Joanne posa son index sur les lèvres pour qu'il comprenne qu'il ne devait pas intervenir. "Oui, il est parti se doucher. Il va bien aussi, son travail l'épuise beaucoup en ce moment." "Tu m'avais dit que vous ne vous étiez pas beaucoup vus cette semaine. Ca ne doit pas être toujours facile, pour toi." dit sa mère à travers le combiné, on entendait clairement une certaine inquiétude dans sa voix. "Ca n'est qu'un détail comparé à tout le reste, Maman." "C'est vrai ?" Au final, Joanne oubliait même que son compagnon entendait la conversation. Qu'il l'entende, elle n'avait ien à cacher. "Il se casse suffisamment en quatre pour moi, je ne vais pas me plaindre. Ca nous fait profiter davantage de week-ends comme celui ci, aussi." "Qu'est-ce que vous avez fait, d'ailleurs ?" "On s'est beaucoup promené ce matin, notamment dans le Royal Botanic Garden, et l'après-midi, il m'a fait une surprise, en me faisant faire un tour en hélicoptère au dessus de Sydney et ses alentours ?" "Un tour en hélicoptère ?! C'est une sacrée surprise, tu entends, ça Martin ?" Jane se décolla quelques secondes du combiné pour aller le répéter à son mari. "Ton père ne voulait pas que je t'en parle, histoire de ne pas ruiner votre moment à deux, mais ça me travaille depuis un moment." Joanne fronça légèrement les sourcils, perplexe. "Qu'y'a-t-il ?" "Crois-tu que Jamie nous en veut, par rapport au dîner ? Nous ne voulions pas nous montrer si méfiant et si indiscret." Elle fit les yeux ronds, surprises que sa mère vienne lui parler de ça. Elle comptait aborder elle-même le sujet initialement, pour que Jamie entende de lui-même ce qui est dit. "Tu sais, nous nous faisons beaucoup de soucis pour toi. Je pense que c'est normal qu'une mère ait peur pour sa fille en voyant ce qu'un premier divorce a fait de toi, non ?" Joanne baissa tristement les yeux, ne s'attendant clairement à ce que Jane remette tout ceci sur le tapis. La voix de sa mère était un peu tremblante, comme si elle savait qu'elle blesserait sa propre fille. "Et j'ai vraiment très envie de te croire toutes ces fois où tu me dis que c'est l'homme de ta vie, celui que tu rêves d'épouser et que tu veux comme père de tes enfants. Et je te crois, vraiment." On ressentait l'honnêteté dans sa voix. De toute manière, sa mère ne mentait jamais pour ce genre de choses. "Et..." On l'entendait soupirer, comme si elle hésitait de dire ce qui allait suivre. "Nous nous inquiétons beaucoup pour lui aussi." commença-t-elle. "Enfin, je veux dire... Il était vraiment mal à l'aise durant le dîner, tu ne trouves pas ? Surtout quand on parlait de sa famille..." "Il n'aime pas beaucoup en parler." "Oui, je sais bien, tu me l'as dit. Mais je trouve que ça se lit facilement sur son visage qu'il n'a pas eu une vie particulièrement... joyeuse. J'en ai beaucoup reparlé avec ton père je m'en veux beaucoup d'avoir été trop insistante... tu crois qu'il m'en veut ?" "Non, bien sûr que non." "Tu es vraiment sûre ? Parce que s'il le faut, je viendrais m'excuser auprès de lui directement..." "Non, Maman, je ne pense pas qu'il t'en veuille pour quoi que ce soit. C'était la première fois pour lui qu'il était véritablement confronter aux parents de sa compagne, il n'était pas dans ses baskets. Il a peur de ne pas vous avoir convaincu." "Mais il n'y a pas de raison qu'il pense ainsi. Il était tout à fait charmant, poli, aimable... Si c'est ces histoires de secrets de famille qui l’embarrasse tellement, il n'a pas à s'y faire. Ton père est un peu plus soucieux, il cherche beaucoup à comprendre et cet élément lui est fondamentalement manquant, mais ça ne nous empêche en rien de l'apprécier." "Il ne pourra pas tout vous raconter tout tout de suite...c'est... très dur pour lui." "Nous ne voulions pas l'offusquer, ma chérie, vraiment, je suis désolée." "Vous n'avez rien fait, Maman." Sa mère voyait souvent un problème ou quelque chose à regrette ou à culpabiliser pour alors qu'il n'y avait rien -trait de caractère dont sa fille cadette avait hérité. "Il sait que nous sommes là si il en ressent le besoin, pas vrai ? Je sais bien que nous serons très certainement les dernières personnes qu'il voudra voir en cas de soucis, mais... On sait jamais, pas vrai ?" "Je ne sais pas. Je ne pense qu'il se permettrait de venir vous voir." "Oh... mince..." On entendait soudainement Martin intervenir, suppliant sa chère et tendre de laisser leur fille tranquille avec tout ceci, de les laisser profiter de leur weekend à deux. Jane s'excusa encore au moins une dizaines de fois avant de raccrocher le téléphone. "Ma mère dans toute sa splendeur." dit Joanne avec un sourire amusé, après que quelques minutes de silence aient régné entre eux.
Les sourcils froncés, le regard interrogateur, j'observe Joanne se rendre à l'intérieur de la suite, trouver son sac et y prendre son téléphone. Je m'attendais à ce qu'elle me montre je ne sais quoi, mais elle compose un numéro. Sa mère répond au bout du fil. Mon regard s'arrondit. Je la dévisage toujours, ne voyant pas où elle veut en venir. Puis je me fais plus attentif à ce qu'il se dit. Je suis surpris dès le départ lorsque j'entends Jane demander de mes nouvelles si rapidement. Comme me l'indique la jeune femme, je ne réponds pas, ne fait pas un bruit, et la laisse faire croire à ses parents que je n'écoute pas. Pendant la conversation, toute une palette d'émotions me traverse. D'abord l'inquiétude, lorsque j'entends la mère de Joanne se préoccuper du peu de temps que j'ai pu accorder à sa fille cette semaine ; je ne veux pas qu'elle pense que je la délaisse. La surprise, quand la jeune femme n'hésite pas à répondre que je fais bien assez d'efforts pour contrebalancer cela. Elle raconte notre journée, la balade en hélicoptère -une chose qui semble beaucoup plaire à Jane, ce qui me fait largement sourire. Un sourire qui s'efface lorsque arrive sur la table le sujet du fameux dîner. Joanne semble aussi surprise que moi que sa mère l'évoque ainsi. Je suppose qu'elle comptait en parler elle-même, et que c'était la raison de cet appel. La nervosité me gagne soudainement ; je sens mon rythme cardiaque s'accélérer sensiblement, la crainte d'entendre une tirade négative à mon sujet me fait serrer les dents. J'ai un pincement au coeur, mélange de surprise et de joie, lorsque Jane évoque les aveux de sa fille ; l'homme de sa vie, futur époux, futur père de ses parents, sont autant de termes qui coupent ma respiration tant ils me prennent au dépourvu et me touchent profondément. Mon regard, à la fois tendre et débordant de reconnaissance, se pose sur Joanne, qui est absorbée par les dires de sa mère. Est-ce qu'elle pense vraiment toutes ces choses ? Est-ce qu'elle leur en parle si souvent que ça ? J'ai une montagne de questions dont le flot est avorté par une phrase de Jane. Elle s'inquiète pour moi. Ils s'inquiètent pour moi. Je fronce les sourcils et encaisse un nouveau pincement au coeur que je n'identifie pas. Et cette douleur aiguë revient à chaque phrase de la mère de Joanne autour du sujet de ma famille et du souci qu'elle se fait. Lorsqu'elle assure que lui et son mari sont là pour moi en cas de besoin, mon regard se borde immédiatement de larmes si lourdes qu'elles ne prennent pas longtemps avant se rouler sur mes joues. Je les essuie très rapidement, ne voulant pas que Joanne les remarque. Mais je suis tellement touché qu'elles ne cessent de revenir et il est particulièrement difficile de les contenir. Je suis loin d'être du genre à laisser les émotions qui me submergent, aussi fortes soient-elles, transparaître de cette manière. Sur le moment, je n'y peux rien. « On voit de qui tu tiens. » dis-je avec un sourire une fois l'appel terminé. Je passe une main sur mon visage, essayant de revenir à moi-même, mais j'en suis incapable. Mon esprit est bousculé dans tous les sens par un torrent de pensées ambivalentes, à la fois agréables et destructrices. « Je ne sais pas quoi dire. » j'avoue pour ne pas rester silencieux trop longtemps. Mon regard est complètement perdu dans le vague. Je suis vraiment déstabilisé. « Je ne m'attendais pas à entendre que tu leur a dit que… enfin, tout ça. » j'articule alors que ma gorge se serre de plus en plus, tremblante sous le poids d'une nouvelle vague d'émotions. Je loge mon visage dans mes mains pour masquer ces larmes qui montent à nouveau. « Excuse moi, ça me… » Ce me bouleverse. J'ai complètement perdu l'habitude qu'on s'inquiète pour moi, qu'on soit si généreux avec moi -si je l'ai eu un jour. Je relève difficilement la tête et retrouve le regard de Joanne. « C'est assez difficile d'être forcé de constater que des personnes qui me connaissent à peine et qui ont toutes les raisons de se méfier de moi ou de me rejeter s'inquiètent pour moi et sont plus aimants que ma propre famille. » dis-je pour expliquer mon émotion. L'injustice, la cruauté, l'absence d'amour de ma vie à Londres prend toute son ampleur et me saute à la gorge face aux paroles de Jane. Je pense au rejet continuel que j'ai subi par mes parents ; je pense à Oliver qui aurait mérité une famille telle que celle de Joanne où il aurait pu s'épanouir comme elle. J'ai l'impression d'encaisser une souffrance que je passe mon temps à refouler depuis toujours. Une ou deux larmes m'échappent encore, et je les essuie du revers de la main en respirant profondément. Assez honteux d'être dans cet état, je ris nerveusement ; « La fatigue me rend à fleur de peau dis donc. » Mal à l'aise, je me sens sauvé par le gong lorsqu'on frappe à la porte. Le service d'étage. Je me lève immédiatement, passe une main sur mon visage, par mes cheveux, et me reprends assez rapidement. « Je vais ouvrir. » dis-je avec un sourire. Le chariot que le garçon nous dépose est bordé d'une dizaine de coupelles, de pain encore tiède, de deux assiettes, de l'eau, et une petite bouteille de champagne que je n'ai pas commandée -mais on ne va pas s'en plaindre. Dans chaque coupelle en terre cuite se trouve un petit met différent tel que des tomates rôties aux herbes, de la charcuterie coupées en tranches terriblement maigres, des minuscules poivrons farcis au fromage de chèvre, des croquettes de légumes ou de viande… Tout semble si fin et délicieux que même le poisson mariné me fait envie. J'apporte tout ceci sur la terrasse ; puisqu'il fait bon, autant dîner dehors. Je dispose les différentes tapas sur la table en bois, silencieux, assez pensif. Lorsque tout est prêt, je m'assied, Joanne face à moi, et lui tends le prospectus de la ville qui était déposé sur le chariot. « Tiens, dis moi ce que tu veux faire demain. » dis-je avec un large sourire. Mes émotions sont toujours vives, mais je parviens cette fois à les contenir, retrouvant une allure normale.