Je me retiens de dire à Joanne que, non, mes tableaux n'ont rien de magnifique. Ce sont justes des toiles dont je ne veux plus voir le blanc, et sur lesquelles j'applique de la peinture comme cela me vient, formant parfois quelque chose, et d'autre fois, cherchant simplement à savoir s'il est possible de trouver une composition qui se rapproche au mieux de mes pensées ou de mon ressenti sur le moment. Il n'y a pas l'ombre d'une technique, d'un savoir en la matière ; ce ne sont que des tentatives bizarres d'expression, purement instinctives. Je ne comprends même pas pourquoi mes toiles plaisent, sur quels critères elles sont appréciables, pourquoi est-ce qu'on me pousse à exposer, ce qu'il y a d'intéressant dans ces formes et ces couleurs. Je peins depuis vraiment longtemps. Sur les dernières années, mon frère et moi passions beaucoup moins de temps ensemble, et lorsque nous n'allions pas quelque part pour faire des croquis, nous nous enfermions dans sa chambre pour troquer les crayons contre les pinceaux. Je crois bien que c'est grâce à cela qu'il réussissait à me canaliser, faire en sorte que je ne saute pas partout comme la pile électrique que j'étais alors et que les parents me fichent la paix. Peindre a toujours été le meilleur moyen de m'apaiser. C'est peu dire que j'en ai besoin. Perdu dans ces pensées, je n'écoute plus vraiment Joanne, qui parvient à récupérer mon attention en parlant de la bouteille de Champagne. Comme tout le monde, elle me taquine au sujet de ma consommation d'alcool, d'autant plus depuis qu'elle a remarqué que je me permets de boire un verre de temps en temps désormais. Je lève les yeux au ciel, secouant négativement la tête lorsqu'elle insiste pour dire que je renonce à mon principe prohibitif, mais ne répond pas pour autant. De toute manière, c'est un débat sans fin que j'entretiens depuis bien trop longtemps. De plus, je vois les yeux de la jeune femme se faire plus petit, le sommeil la guetter ; si je poursuis la conversation, elle continuera de me répondre plutôt que de dormir, alors qu'elle semble fatiguée par une journée riche en émotions. Alors je reste silencieux, me contentant de sourire et d'acquiescer à ses paroles jusqu'à ce qu'elle s'endorme, ayant prit soin de me glisser sous le drap à mon tour pour sentir son corps chaud contre le mien. « Bonne nuit. » je souffle alors qu'elle ne m'entends sûrement plus, déposant un léger baiser sur son front. Faisant le moins de mouvements possible, j'éteins la lumière de la suite en appuyant sur l'interrupteur non loin de la tête de lit. Malgré une fatigue bien présente, le sommeil me tourne autour sans m'attraper pendant encore des dizaines de minutes. Je réalise que j'ai oublié mes cachets à Brisbane. Outre mon cerveau enseveli par de nombreuses pensées, c'est sûrement l'une des raisons de ces insomnies ; d'habitude, mon traitement m'aide à dormir paisiblement. Vu la manière dont Joanne est blottie contre moi, pas moyen de m'échapper du lit. Alors j'attends, une heure, peut-être deux, d'enfin fermer les yeux et sombrer.
Pas de réveil le lendemain. Quand j'ouvre les yeux, Joanne est déjà éveillée. Je passe une main sur mon visage, frotte mes paupières et m'étire un peu pour retrouver le monde des vivants, l'utilisation de mes sens et de mes muscles. « Salut toi…. » je murmure, la voix encore engourdie, un sourire au coin des lèvres. Je me tourne sur le flanc pour faire face à la jeune femme, et m'approche un peu plus d'elle pour être, cette fois, celui qui se blottit contre l'autre. Elle est toujours nue, et ainsi collé à elle, la douceur de sa peau est un contact des plus agréables pour me tirer en douceur du sommeil. « Tu es réveillée depuis longtemps ? » je demande, espérant qu'elle n'ait pas attendu mon réveil un long moment. Tout contre elle, si bien installé, mes yeux se ferment tout seuls, et je parle pour m'empêcher de me rendormir dans la seconde -je ne veux pas perdre notre dernière journée à Sydney en dormant tout du long. « Il est quelle heure ? » En me maintenant ainsi relativement éveillé, je sens, petit à petit, que mon corps a faim. Cela me fera une excellente excuse pour m'arracher du lit. « Tu crois qu'on peut demander à la plage de venir jusqu'à nous ? Comme ça, on ne bouge pas du lit... » dis-je tout bas, la voix toujours éraillée et légèrement étouffée par mon visage enfoui contre Joanne. Finalement, je me redresse de manière à surplomber la jeune femme allongée sur le dos. Ces cheveux forment toujours de belles arabesques sur l'oreiller, le matin. Le dépose un léger baiser sur ses lèvres. « Ca te tente de prendre un brunch en ville ? » je demande finalement, légèrement plus réveillé que les minutes précédentes.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle qui espérait pouvoir dormir longtemps. C'est bien évidemment le seul jour de la semaine où elle pouvait éviter le réveil que son corps ne voulait la faire traîner dans le lit davantage. Un premier réveil autour de six heures du matin, Joanne avait eu l'occasion de voir le soleil pointer le bout de son nez. Elle se rendort difficilement, pour finalement se réveiller vers huit heures et demi, les yeux grand ouvert. Impossible de les refermer et ne serait-ce que somnoler paisiblement. Joanne soupirait sans arrêt, désappointée de ne pas pouvoir profiter d'un lit un dimanche matin. Le comble. Alors que Jamie dormait à point fermé, encore bien loin de ce monde. Alors elle le regardait, silencieusement sans dire mot. Jusqu'à ce qu'il émerge très difficilement, forçant à s'étirer afin d'éveiller ses muscles engourdis par une nuit des plus reposantes. Joanne était allongée sur le dos, son compagnon ne tarda pas à venir se blottir contre elle, comme elle le faisait d'habitude avec lui. Elle logea l'une de ses mains dans ses cheveux, lui caressant doucement le cuir de chevelu. "Bonjour..." dit-elle tout bas, souriante. Parfois, ses doigts glissaient le long de sa colonne vertébrale, alors que ses yeux se perdaient dans le vide, l'esprit ailleurs. "J'ai eu droit à un premier réveil vers... six heure je crois. Je me suis un peu rendormie, mais pas pour très longtemps." lui répondit-elle, mine de rien. Joanne devinait qu'il était prêt à se rendormir contre elle, laissant un peu plus son poids sur son corps. Ca ne l'aurait absolument pas dérangé. Elle n'aurait pas bougé d'un pouce, continuant de caresser son dos ou ses cheveux, et laisser le temps traîner. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu un dimanche aussi flemmard, surtout quand c'était Jamie qui avait bien du mal à émerger. "Dix heures et demi, onze heures, peut-être." Ce qui était très honnête pour une grasse matinée. Elle rit, en l'entendant se plaindre que la plage n'était pas déjà à leurs pieds, ce qui lui aurait apparemment facilité la tâche. "Grand Dieu, mais que se passe-t-il ? Depuis quand mon cher Lord est devenu si difficle à extirper de son lit ?" dit-elle t'un ton taquin, toujours de sa voix douce. "Quoi que, ça ne me dérangerait pas, de passer notre journée au lit." Mais ça ne ferait pas honneur au dernier jour de leur weekend à deux, sans réellement profiter de Sydney et de ses plages. Elle espérait un jour avoir un autre dimanche comme celui-ci. Le bel homme se redressa, se trouvant légèrement au dessus de sa compagne. Elle lui offrit un large sourire en entendant sa proposition. "Ce serait merveilleux." lui dit-elle. La dernière fois qu'ils avaient fait un brunch en ville, c'était à Londres. A croire qu'une tradition s'installait déjà alors qu'ils n'étaient partis en vacances que deux fois. Ses doigts venaient caresser tendrement sa joue, puis elle souleva sa tête pour retrouver ses lèvres. Elle le regardait le surplomber ainsi, se mordillant la lèvre inférieure. "Laisse moi prendre une douche d'abord." lui dit-elle avant de lui faire un baiser vif, et de filer furtivement en dehors du lit. Sur son passage, elle prit la chemise de Jamie avec laquelle elle recouvrit l'avant de son corps. Simple réflexe, certainement, ou peut-être jouait-il un peu avec lui. Elle prit une douche bien chaude, prenant le soin de se laver les cheveux et de se vivifier un peu. Elle enfila une robe d'été blanche à bretelles, assez légère. On devinait facilement qu'il allait faire chaud à l'extérieur, ce jour là. Elle n'avait pas séché ses cheveux, et ne s'était que très discrètement maquillée. La jeune femme laissa la place à Jamie afin qu'il se lave un peu - c'était très certainement nécessaire pour eux deux. A peine sorti de la salle de bains, elle l'embrassa tendrement, enthousiaste de cette dernière journée à Sydney. Les sandales enfilées, son sac à main sur l'épaule, elle était prête à partir, tirant par le bras son compagnon pour sortir de la chambre, puis de l'hôtel, pour le traîner dans la rue, à la recherche d'un restaurant servant un brunch appétissant. Ils s'étaient promenés peut-être une demi-heure avant de trouver un endroit tout à fait charmant dans une des rues de Sydney, avec une petite cour intérieure, avec un immense platane en son centre. Ils décidèrent de s'installer dehors, à l'ombre du feuillage, et furent rapidement pris en charge par une serveuse, leur partageant les suggestions du jour.
Je suis vraiment désolé d'apprendre que Joanne est réveillée depuis si longtemps, et qu'elle a été bien incapable de se rendormir. Tout contre elle, ma compassion se traduit par une étreinte plus ferme, mes bras la serrant un peu plus fort. « Tu rattraperas tes heures de sommeil dans l'avion je pense... » dis-je, murmurant toujours, à deux doigts de sombrer à n'importe quel instant. J'ai toujours été matinal. Premier réveillé, premier sautant du lit avec vigueur, prêt toujours tôt à attaquer la journée, et en forme jusqu'au début de soirée -sûrement ce qu'il reste de l'énergie que je possède naturellement depuis que je suis enfant. Traîner trop longtemps, prendre de longues minutes pour émerger, ce n'est pas vraiment mon genre. Pourtant, après avoir attendu le sommeil durant des heures, ce matin, il est on ne peut plus difficile de m'empêcher de me rendormir. Sûrement est-ce parce que je commence tout juste à réellement me détendre, oublier le travail, le stress; alors la fatigue me gagne, l'envie de me ressourcer et véritablement me reposer -trop tard, j'en ai peur, mais toujours le cas un week-end ; on ne décroche que pendant le dernier jour. « C'est pas m'extirper du lit qui est dur, c'est m'extirper de toi. » dis-je avec un léger sourire, qu'elle ne peut certainement pas voir, la serrant encore un peu plus. Bien que le lit soit confortable, les oreillers également, il n'y a pas mieux que d'avoir le corps de Joanne contre moi, sa chaleur sur ma peau, et ses doigts glissant dans mes cheveux d'une manière si apaisante qu'elle elle donne terriblement envie de me rendormir. Non, la pauvre attends mon réveil depuis déjà trop longtemps. Moi aussi, je gratterai quelques heures de sommeil dans l'avion, mais il est hors de question de la coincer au lit pour cette dernière journée. Je ne peux pas rester aussi somnolant plus longtemps. Je réunis ma nature énergique pour me réveiller définitivement. L'idée du brunch semble séduire la jeune femme. Après une douche, bien sûr. J'acquiesce d'un signe de tête et la laisse passer dans la salle de bain -à contrecœur, je l'avoue, j'étais fort bien dans ses bras. Je passe sous le jet d'eau juste après elle. Et, puisqu’il semble faire chaud, j'attrape une chemise à manches courtes blanche -couleur que j'affectionne dans ma garde-robe visiblement- et un jean gris. Très rapidement, Joanne étant prête à peine mon haut enfilé, nous quittons la chambre, puis l'hôtel. Tant mieux ; mon ventre crie famine. A hasard, comme souvent lorsque nous nous promenons, nous empruntons une rue, puis l'autre, jusqu'à tomber sur un établissement qui semble nous convenir. Ou plutôt, qui semble tellement plaire à la jeune femme que je la laisse m'y engouffrer sans rechigner. C'est une fois installés dans la cour intérieure que je comprend le charme qu'elle a trouvé à ce lieu. Je suis moins difficile avec la serveuse qu'avec le service de chambre d'hier soir, et commande un peu de tout. Je suis toujours très indécis concernant ce que je souhaite manger le matin, et aime avoir un large choix devant moi afin de picorer ce qui m'inspire et me fait envie. Caprices, quand tu nous tiens… « On a intérêt à profiter de cette journée, je ne sais pas quand seront nos prochaines vacances... » dis-je une fois la serveuse partie. Pas que je ne sois en train d'essayer d'alourdir l'ambiance, mais il me semble important de le préciser. « Vu que l'émission vient de démarrer, et si jamais ABC la passe en national... Je suppose que notre prochain voyage ne sera pas avant Noël. » Ce qui n'est pas si loin que cela. Mais quand on sait à quel point le travail me prend, cela peut sembler fort long avant d'avoir le droit de profiter d'un nouveau d'un moment rien qu'à nous de cette manière. « Entre ça et les travaux du musée, j'ai peur que les prochains mois soient difficiles… » je murmure, relativement défaitiste. Quoi qu'objectif ; les prochaines vacances, vu les circonstances, seront forcément on ne peut plus méritées. Quelques minutes plus tard, la serveuse revient, les bras débordants d'assiettes sur des plateaux qu'elle dispose sur la table. Je lui souris pour la remercier, et reporte mon attention sur Joanne. « Pardon, je suis un éternel rabat-joie. » dis-je en riant doucement, gêné.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Pour ce brunch, Joanne se laissa tenter dans un premier temps par un plat d'assortiments salés. Du bacon grillé, un mini sandwich aux tomates rôties et au lard, un wraps de saumon fumé, et une salade de crette et pamplemousse. Le choix des plats était faramineux, Joanne ne voulait pas se lancer davantage dans la recherche de choses qu'elle aimerait, sinon elle n'en finirait jamais. Un petit peu de sucré après, et tout sera parfait. La serveuse prit commande de tout ceci, avant de faire passer le en cuisine. A peine seuls, le bel homme engagea la parole, insistant du fait de profiter de cette journée. Joanne se sentit subitement mal à l'aise, qu'il revienne aussi vite dans la réalité de leur train-train quotidien actuel. Il en expliqua les détails, entre ses nouvelles occupations à la station et les travaux prévus au musée dans lequel Joanne travaille. La jeune femme ne se voyait clairement pas vivre quatre mois comme la semaine qui venait juste de passer. Elle pensait que ce n'était que transitoire, qu'une fois qu'il aurait trouvé son rythme, il retrouverait ses horaires habituels de travail. Elle s'en voulait d'avoir été aussi naïve, tout se compliquait un peu d'un coup dans sa tête, n'y voyant pas de fin. La serveuse revenait assez rapidement apporté tout ce qui avait été commandé. Leur table débordait désormais d'une multitude de délices, Joanne ne savait même pas par où commencer. Il s'excusa, de faire tout revenir d'un coup durant leur weekend qui frôlait la perfection. La jeune femme voulait faire un sourire rassurant, mais il y avait tout de même une très légère note de tristesse, qui était certainement très visibles aux yeux de Jamie. "Non, tu n'as pas à t'excuser." Elle haussa les épaules. "Tu as raison, après tout." Elle par prendre une bouchée de son petit sandwich. "Ce n'est pas très réjouissant à entendre et à accepter." reconnut-elle, sans lui faire le moindre reproche. C'était une vérité pas très facile à écouter pour elle. Elle aurait espéré qu'on laisse un peu de temps pour leur couple. "Tu vas devoir de nouveau travailler les weekends ?" Il avait réussi à être à la maison deux jours de suite, alors qu'il travaillait le samedi jusqu'ici. Elle craignait qu'il ne soit contraint à reprendre sa vieille habitude. La belle blonde retrouva subitement le sourire. "Décidément, je pense aussi déjà trop à demain, mais nous n'y sommes pas encore." dit-elle, d'une manière bien plus enthousiaste. Joanne posa sa main sur celle de son compagnon, qui s'était posée sur la table. "En parlant de Noël, je sais que ça paraît un peu loin, mais connaissant ma mère, elle ira focément parler de toi à ma grand-mère. Et elle est pire que ma mère, donc elle t'invitera de force pour la veillée de Noël, la connaissant." Mais cette grand-mère, était beaucoup plus audacieuse, et n'hésitait pas à se rincer l'oeil malgré son âge avancé. Elle ne se sentira plus lorsqu'elle apprendra que sa petite-fille a pour compagnon un homme des plus séduisants. "Elle a beau avoir passé le cap des quatre-vingt dix ans, elle est d'une forme olympique, tu verras." C'était une femme très active, une infirmière pendant la guerre. Encore là, elle tenait un potager dans son jardin. "Je t'emmènerai à la plage où je passais le plus clair du temps de mes vacances quand j'étais petite." Joanne pensait que ça pouvait peut-être l'intéressé, de voir des endroits qui avaient marqué sa vie. Cette plage, et la maison de sa grand-mère, étaient les rois de ses vacances lorsqu'elle était enfant. Elle y passait des semaines là-bas, s'impatientait déjà d'être l'année suivante pour y retourner. "Mais d'abord, les plages de Syndey." Parfaite transition pour revenir à leur weekend actuel, en amoureux. Les plats se vidaient peu à peu. Par gourmandise, la jeune femme demanda quelques mets sucrés, y compris des pancakes avec du sirop d'érable, laissant ensuite à Jamie le choix s'il voulait commander quelque chose de supplémentaire ou non. La petite cour s'était peu à peu remplie, beaucoup de personnes réclamaient une place à l'extérieur, mais toutes les tables furent rapidement prises. Ils étaient chanceux pour être arrivé plus tôt que les autres et avoir eu une place de choix.
Décidément, je n’en manque pas une. Je trouve toujours le mot pour alourdir l’ambiance, c’est une véritable malédiction. J’aimerais vraiment pouvoir y faire quelque chose et apprendre à fermer ma bouche quand il le faut, mais je ne parviens jamais à savoir quand il est pertinent de me taire. Et me voilà à déjà évoquer notre retour à la réalité, alors que l’avion ne décolle que ce soir. A voir la moue de Joanne, j’ai vraiment réussi à mettre les pieds dans le plat. Je mords ma lèvre, vraiment navré. Elle me voit déjà reprendre le travail les samedis et me demande si les week-ends ne se résumeront qu’au dimanche de nouveau. « Non, je ne pense pas. » je réponds en toute honnêteté. « Pas tout de suite en tout cas. » Pas avant l’année prochaine, en tout cas. Comme je le lui ai dit, l’émission vient de commencer, et les modifications, les évolutions, s’il doit y en avoir, attendant les chiffres de tout un semestre. Ce n’est pas pour tout de suite, mais cela ne signifie pas que je me donnerai moins de mal. Je rentrerai toujours aussi tard le soir. Parfois, je me demande ce qui est préférable ; être à la maison à pas d’heure et profiter d’un week-end entier, ou rentrer plus tôt et travailler le samedi. Mais je crois que Joanne préfère la première option. Elle en profite pour parler de Noël. C’est assez lointain, mais vu tous les changements qui s’opèrent, on ne planifie sûrement pas trop tôt ce genre de choses. La jeune femme m’assure que sa grand-mère voudra certainement que nous passions le réveillon chez elle. « Eh bien, tant mieux ! » dis-je avec un sourire. Joanne m’en avait parlé à de nombreuses reprises, et j’avais déjà dit à Jane que nous voulions nous y rendre, proposant déjà d’y aller pour les fêtes. « Tu sais, je le pensais quand j’ai proposé à ta mère de passer Noël là-bas. » j’ajoute, continuant de picorer par-ci par-là dans les nombreux plats qui jonchent la table. Je sens que les fêtes de cette année seront fort chargées. Avec Aisling et les Rhodes qui se sont ajoutés à ma vie, sans oublier les Beauregard, nous avons la promesse d’au moins trois réunions de famille fin décembre – à moins de réunir Keynes et Beauregard pour une seule grande fête, mais je pense que cela serait terriblement anarchique. J’avoue avoir assez hâte d’y être. Je n’ai plus aucun grand-parent depuis des années, et avant d’avoir toute cette immense famille à Brisbane, les Noëls en famille que j’affectionne tant avaient disparu. Joanne semble vraiment tenir à me montrer les endroits où elle a passé son enfance, dont cette plage dont elle parle si souvent. « J’ai hâte de voir ça. » dis-je, toujours souriant, voyant que ces pensées concernant notre retour à la réalité s’effacent peu à peu –en y mettant du nôtre. Les petits plats salés que avaient composé la première partie du brunch se sont vidés, et je surprends Joanne en train de commander une suite sucrée à la serveuse, tandis que moi, je ne peux plus rien avaler. « Je crois que je ne t’ai jamais vu manger autant au réveil. » je fais remarquer un riant. « Tu as un appétit d’oiseau, d’habitude. » Je me souviens lorsqu’elle mangeait encore moins, au retour de l’hôpital. Je m’inquiétais tant pour elle, ses petites forces qu’elle n’aidait vraiment pas à remettre d’aplomb en touchant à peine à la nourriture pendant des semaines. Cette période ne cesse de faire écho dans ma tête en ce moment. Il n’y a pas de raison pour que cela se reproduise, et j’essaye de calmer mon angoisse à ce sujet. Mais cela est particulièrement difficile. Je laisse Joanne manger ses pancakes tranquillement –et puisque finalement ils me font envie, je lui en pique un minuscule morceau, juste par gourmandise. Lorsque la jeune femme a terminé, vient le moment de payer. Et de constater que j’ai absolument tout oublié dans la suite, la tête complètement ailleurs au moment de partir. Les yeux écarquillés, je fouille mes poches, toutes vides. « J’ai laissé mon portefeuille et mon téléphone dans la chambre. » dis-je à Joanne, ne sachant pas où me mettre. Le téléphone, je m’en passe volontiers, mais mes cartes de crédit, beaucoup moins. « Je ne sais pas où j’ai eu la tête, mais j’ai tout oublié ! »
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Elle était soulagée de l'entendre qu'il n'était pas prévu qu'il se mette à nouveau à travailler le samedi. Elle désenchantait lorsqu'il précisa que ce n'était pas pour le moment. Ce qui n'excluait pas que cela arrive dans quelques mois. Joanne savait que cela dépendait du succès de sa nouvelle émission - ce qu'elle espérait de tout coeur pour lui. Elle ignorait jusqu'où tout ceci pourrait le mener. Elle ne se l'imaginait même pas. La jeune femme n'allait pas non plus se plaindre -déjà parce que ça ne lui viendrait même pas à l'esprit, et qu'elle savait que c'était un projet auquel il tenait énormément. Elle le soutiendrait quoiqu'il advienne, ne se permettant jamais de s'interposer entre lui et son travail. Elle aurait bien eu encore d'autres questions à lui poser, comme si les semaines à venir allaient être une copie de celle qui venait de s'écouler, si il va s'absenter davantage. C'était plus en terme d'organisation qu'autre chose, se disait-elle. Étrangement, il lui manquait déjà. Mais Joanne ne voulait plus penser à tout ceci, préférant décaler ses soucis pour les jours où ils mériteraient d'être partagés. Là, elle était encore à Sydney, pour un weekend, avec lui. Jamie semblait tout aussi enthousiaste de passer Noël avec la famille Prescott, ce qui fit plus que plaisir à sa compagne, qui lui offrit un sourire totalement ravi. Puis beaucoup plus touchée lorsqu'il tenait à préciser qu'il était parfaitement sérieux lorsqu'il en avait parlé à Jane, le soir où les parents de Joanne les avaient invité à dîner. [color=#006699]"C'est vrai ?"[color=#006699] demanda-t-elle, émue, comme si elle avait besoin de l'entendre dire cette phrase une nouvelle fois. "Je suis certaine qu'elle va t'adorer, vraiment." Elle rit. "Elle n'a pas vraiment la langue dans sa poche, mais elle est adorable, je l'aime beaucoup." Puis avec toute cette énergie de vivre. Joanne espérait être aussi en forme qu'elle lorsqu'elle aura son âge. La jeune femme mangea avec énormément de gourmandise ses quelques pancakes, laissant Jamie se servir comme bon lui semblait. Ce dernier nota avec surprise et amusement l'appétit de la jeune femme. Elle sourit, gênée. "J'avais juste... faim". A vrai dire, il n'y avait pas de réelles raisons qui justifiait un tel engouement pour la nourriture. "Puis c'est délicieux, et je ne sais pas quand est-ce que je pourrai manger paisiblement avec mon compagnon, sans que j'ai à regarder l'heure tourner, alors autant retarder le moment autant que possible." dit-elle, les yeux pétillants. Elle aimait beaucoup lorsqu'ils déjeunaient ensemble à midi, bien que c'était quelques fois la course. Mais cela lui permettait d'avoir une véritable coupure dans la journée, en étant hors de l'établissement. Ca lui faisait toujours le plus grand bien. D'un coup, Jamie fut pris d'une sortie de panique, avec les yeux ronds, tapotant inlassablement ses poches, comme s'il venait de perdre quelque chose. Joanne le regarda d'un air interrogateur, se demandant ce qu'il pouvait clocher. Il se sentait tout du moins un peu stupide en se rendant compte qu'il était sorti sans ses papiers, son porte-feuille, ni son porte-feuille. La belle blonde ne put se retenir d'esquisser un large sourire, lui laissant la merveilleuse opportunité de régler leur déjeuner - et là, il ne pouvait de toute façon rien dire. "Je pense que j'ai extirpé ta tête un peu trop tôt de l'oreiller ce matin." lui dit-elle tendrement, tout sourire aux lèvres. Ce fut avec une énorme satisfaction que Joanne tendit sa carte bleue à la serveuse, une fois que cette dernière lui avait apporté l'addition. Elle ne laissait même pas le loisir à Jamie de regarder le montant de leur brunch plus que copieux. La jeune femme remercia l'employée avant qu'elle ne s’éclipse après avoir débarrassé une porte partie de la vaisselle restante qui se trouvait sur leur table. Ils revenaient dans la rue qu'ils avaient emprunté, se déambulant, à la recherche de la plage la plus proche. Pendant leur marche, Joanne entendait deux autres femmes pouffer derrière elle, dévorant du regard Jamie. Elle jeta de temps à autre quelques coups d'oeil derrière elle. Paniquée par leur beauté, Joanne tourna rapidement la tête, regardant le sol. Il était vrai que, jusqu'ici, rien n'indiquait qu'ils pouvaient être en couple. Ils marchaient tout simplement l'un à côté de l'autre. Le premier réflexe qu'elle avait eu était alors de se coller à lui, glissant sa main dans la poche arrière du jean de Jamie. Elle se surprit à vouloir assurer ce qui était à elle, car elle en avait assez de tous ces regards. Ce qui fut assez efficace parce qu'elle avait entendu les inconnues soupirer, ralentissant leur marche. Après quelques temps de marche, ils arrivaient enfin à une plage. Sans surprise, ils étaient loin d'être les seuls à vouloir profiter du beau temps au bord de la mer. Nombreux étaient les baigneurs et les promeneurs. Joanne engagea la marche dans le sable, enlevant très rapidement ses chaussures qu'elle tenait dans l'une de ses mains.
Quelque peu surpris, mais attendri par l'expression de Joanne lorsque je lui assure que ma proposition de passer les fêtes chez les Prescott était très sérieuse, je prends la main sur la table quelques secondes. « Bien sûr que c'est vrai, je me disais que ça te ferait plaisir d'y aller pour les fêtes. » je lui réponds avec un sourire. Et cela me permettra de m'intégrer un peu plus à sa famille tout en voyant ces endroits que la jeune femme veut me montrer depuis des mois. Cela sera bénéfique à tout le monde. Joanne semble vraiment certaine que sa grand-mère m'aimera, et ne sachant pas vraiment ce qui peut lui faire dire cela, je me contente d'hausser les épaules, l'air de dire que nous verrons bien sur le moment. Je ne préfère pas partir trop optimiste. Même si j'ai tendance à l'être naturellement, dernièrement je fais surtout preuve de beaucoup de prudence et j'avance à tâtons. Celui qui déteste si bien le raisonnable l'est aujourd'hui beaucoup trop. Ce qui est particulièrement agaçant, angoissant. Plus je m'inquiète de tout, plus mon ventre se noue, mon corps se raidit et mon esprit reste tétanisé. Un rien m'oppresse. Il faut vraiment que je respire. Je lève les yeux au ciel quand Joanne fait remarquer qu'elle ne sait pas quand nous aurons de nouveau un repas en tête-à-tête de cette manière. « Tu exagères, on peut dîner tranquillement à la maison. » je réponds dans un premier temps, avant de me souvenir de la semaine passée, et d'ajouter, avec un rire gêné ; « … quand je dîne. » J'ai bon espoir que cette semaine là n'est qu'une exception, et que les prochaines seront bien plus clémentes. Mais je ne peux pas en être sûr. Et si je me retrouvais de nouveau complètement absorbé par le travail, complètement absent ? Avec les travaux du musée, je ferais mieux d'essayer d'être plus présent pour m'occuper de Joanne, mais si je ne le peux pas ? Mon ventre se noue un peu plus. Ca va recommencer, c'est certain. Ca va forcément recommencer. C'est la serveuse nous apportant l'addition qui me sort de ce flot de pensées qui me torture. Je me rends compte que je suis sorti les mains vides. Et que je n'ai pas d'autre choix que de laisser ma compagne payer le brunch -et financer toutes les autres dépenses de la journée s'il y en a. L'addition payée, je loge mon visage dans mes mains. « J'ai honte, vraiment. » je murmure, avant de passer mes doigts par mes cheveux, comme pour remettre mes idées en place. « Tu sais à quel point je n'aime pas que tu aies à débourser un centime. » Oh ça, oui, elle le sait. Je peux être terriblement strict à ce sujet, mais à mes yeux, il a toujours été hors de question que Joanne ait à financer quoi que ce soit que je puisse lui offrir sans effort. Vu le sourire qu'elle arbore, elle est vraiment ravie que, cette fois, je n'ai pas mon mot à dire. Elle ne me laisse même pas regarder le montant de la note -et je lui tire la langue pour montrer mon mécontentement. « C'est à cause de ce genre d'erreurs que les femmes ont pris le pouvoir. » dis-je en faisant bien plus misogyne que je ne le suis. Un jour, un homme a oublié son portefeuille, sa femme a payé l'addition, et soudainement, elle s'est dit que, tiens, elle devrait gagner son propre argent, elle aussi, pour payer ce qu'elle veut plus souvent -ainsi naquit le féminisme. Nous quittons ensuite le restaurant, retournant dans les rues à la recherche de la plage la plus proche. Regardant le paysage depuis l'esplanade que nous longeons, tout en essayant de vider ma tête, la main que Joanne glisse dans l'une des poches arrière de mon pantalon me tire de ma rêverie. Naturellement, je pose ma main sur sa hanche. Lorsque mon regard se pose sur elle, je la devine jetant un coup d'oeil furtif derrière nous. « Un problème ? » je demande, regardant à mon tour derrière. Deux amies discutent en se baladant à quelques mètres de nous. Elles finissent par tourner à la prochaine rue. Quant à nous, une dizaine de minutes plus tard, nous trouvons une grande étendue de sable et d'eau où poursuivre notre promenade. Nous retirons tous deux nos chaussures avant de poser un pied dessus -je retrousse également le bas de mon jean-, marchant là où nos orteils sont atteints par les vagues à chaque fois que celles-ci viennent s'échouer. L'endroit est bourré de monde, et nous ne nous arrêtons pas avant de trouver un coin un peu plus calme. Je soulage Joanne du gros sac de plage que nous avons pris avec nous et m'occupe d'installer les grandes serviettes sur le sable, non loin du bord de l'eau. Vu la chaleur, je ne tarde pas à me défaire de ma chemise et de mon jean pour rester en short de bain, et profiter du soleil sur ma peau. Ce n'est qu'une fois allongé, lunettes teintées sur le nez et écoutant le bruit des vagues que je parviens enfin à me détendre. « Tu sais ce qui me manque ? » je demande avec un sourire en coin, tournant ma tête vers la jeune femme. « Ben. Je me demande sur quel meuble il est en train de marquer sa frustration de ne pas être parti avec nous. » dis-je après quelques secondes, riant à cette idée. Je reste là, parfaitement installé, me prélassant encore de longues minutes, jusqu'à ce qu'à force de me détendre, la boule d'angoisse surgisse à nouveau. Aussi naturellement que possible, je me relève et quitte la serviette. « Je vais me baigner, tu viens ? » Je ne pense pas que qui que ce soit viendra fouiller notre sac ou voler nos affaires, nous pouvons nous en éloigner un peu sans nous faire du souci.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Non, ce n'est rien." dit-elle lorsque les deux inconnues s'étaient éloignés d'eux. Joanne savait que si elle lui disait qu'elles avaient des vues sur lui, il ne la croirait certainement pas. De la modestie ou de la mauvaise foi, elle ne savait pas trop. Alors autant faire penser un petit mensonge, et continuer leur marche sans dire mot. Au fond, le belle blonde se refusait d'admettre qu'elle n'aimait pas trop qu'on le dévore du regard ainsi, que l'on n'hésite pas à le draguer alors qu'elles savent très bien qu'il n'était pas un homme libre. Ce n'était pas vraiment arrivé -du moins, pas à sa connaissance-, mais l'idée la stressait au plus haut point. Bien sûr qu'elle le croyait lorsqu'il disait qu'il n'y avait qu'elle -elle le croyait bien plus avant que Kelya ne débarque à Brisbane. Mais à ses yeux, rien, strictement rien n'empêchait qu'il soit un jour séduit par une autre femme, qu'il en aime une autre comme il avait pu l'aimer elle. Arriver à la plage et entrer en contact direct avec le sable fit évader loin d'elle ces sombres idées. Ils devaient marcher une certaine distance avant de se trouver un endroit où se poser. Jamie prit de lui-même les affaires qui avaient été emmené afin d'établir leur petit campement sur le sable. La jeune femme ne tarda pas à s'allonger sur son drap de bain, laissant sa robe sur elle pour le moment. Son compagnon, quant à lui, préféra se débarasser de ses vêtements, n'ayant plus que son maillot de bain. Jambes croisées, Joanne profitait du soleil les yeux fermés, quelque peu somnolente. La nuit avait été particulièrement courte pour elle. Jamie la sortait de sa torpeur en parlant de Ben. Le pauvre était resté seul à Brisbane. Elle afficha un large sourire lorsqu'il se demandait sur quel meuble il allait s'acharner. "Au pire, il saccagera ton dressing afin de se faire un nid douillet avec ta collection de chemises." dit-elle, dans le but de le taquiner. Mais à vrai dire, c'était tout à fait possible de la part du chien. C'était selon le degré de manque et de frustration, très certainement. Ils restaient ainsi allongés pendant quelques minutes. Joanne avait l'étrange sensation qu'il était particulièrement nerveux, un peu angoissé, mais elle n'en trouvait pas la raison. D'un coup, Jamie se leva, invitant sa belle à aller se baigner. Dans un premier temps, Joanne s'assied, regardant autour d'elle. La pudeur entrait doucement en jeu. Autant elle n'avait plus trop de soucis à aller dans l'eau avec un deux pièces dans la piscine de Jamie. Autant à l'extérieur, avec la foule, le problème était bien différent à ses yeux. A travers ses lunettes de soleil, sa pseudo-paranoïa cherchait des regards qui se figeraient sur elle, prêts à la voir se dévêtir. Elle déglutit difficilement sa salive, prit son courage à deux mains, et ôta sa robe. Joanne avait mis un maillot une pièce claire. Elle se releva, prenant fermement la main de Jamie alors qu'ils s'approchaient de l'eau. Rien que d'être en contact avec lui lui faisait oublier ce léger tracas. L'eau était fraîche, mais très agréable compte tenu de la chaleur du jour. Ils avançaient lentement, et une fois que l'eau arrivait au haut de la taille de Jamie, sa compagne allait dans ses bras, l'entourant de ses jambes, afin d'être à sa hauteur - certainement aussi un autre prétexte pour le garder près d'elle. "Qu'est-ce qui te travaille ?" demanda-t-elle à voix basse. "Depuis tout à l'heure, tu es un peu ailleurs, tu penses à quelque chose qui ne te met pas en confiance. Qu'est-ce que c'est ?" Elle le regardait dans la plus grande des tendresses. Joanne s'attendait à ce qu'il ne lui dise rien, ou à ce qu'il insinue qu'il s'agissait uniquement du travail. Joanne se doutait que quelque chose d'autre clochait, mais elle n'arrivait pas à mettre la main dessus. La belle blonde l'embrassa d'abord tendrement, puis fit un nouveau un peu plus fougueux et joueur. Elle se débrouilla pour le déséquilibrer, et ils finirent tous deux la tête sous l'eau, momentanément. Quand ils retrouvèrent la surface, Joanne ne put s'empêcher de rire. D'une main, elle passa dans les cheveux de son compagnon afin de les mettre en bataille. Elle gardait ensuite son visage proche du sien, touchant parfois le bout de son nez avec celui de Jamie, d'humeur un petit peu taquine. Ses lèvres un peu salés embrassaient une nouvelle fois celles de son compagnon, étant dans un élan à la fois joueur, mais aussi bourré d'affection.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Dim 23 Aoû - 19:22, édité 1 fois
J'ai une image très nette de Ben, étendu de tout son long, ronflant et glapissant de bonheur sur un immense lit de chemises hors de prix précautionneusement réduites en lambeaux à coups de griffes et de morsures, au milieu du dressing, un éclat rempli de fierté dans son regard. Même si Joanne évoque cela uniquement pour me taquiner, je ne peux pas m'empêcher de me refaire le film de notre départ pour l'aéroport. « Oh mon dieu, je crois que j'ai oublié de fermer la porte de la chambre en partant. » dis-je en riant, n'étant sûr de rien à vrai dire. D'habitude, je ne manque jamais de fermer toutes les portes de l'étage lorsque je laisse Ben seul pendant un moment, sachant qu'il adore se venger de mon absence sur mes affaires. Mais si j'ai bel et bien oublié, je pense que cette pièce sera le lieu d'attaque idéal de notre cher compagnon, et que nous pouvons nous attendre au pire de sa part. « Je le vois bien saccager les draps aussi, et nous faire dormir dans la chambre d'amis à notre retour. » j'ajoute, le voyant bien nous faire comprendre que s'il a été le maître des lieux pendant quelques jours, il n'y a pas de raison pour qu'il nous rende ce titre si facilement. Ben a beau être beaucoup plus sage depuis quelques mois, il reste un chien qui vit difficilement la solitude depuis son abandon. Il doit être on ne peut plus heureux que j'ai Joanne dans ma vie ; elle s'occupe bien de lui lorsque je ne suis pas là et ne manque jamais de le promener lorsque je n'ai pas la tête à cela. Mais il reste bien seul trop souvent. Même rire à ce sujet ne suffit pas à éviter le retour des pensées qui nouent mon estomac, et je finis par ne plus tenir en place. La jeune femme prend un certain temps avant de répondre à ma proposition d'aller nous baigner. Vu son comportement ce week-end, l'idée que sa pudeur soit revenue au galop ne me traverse même pas l'esprit. J'attends donc patiemment une réponse ; finalement, elle retire sa robe et me suit vers l'eau. La température est idéale, loin d'être trop froide. Il ne faut pas longtemps pour s'y sentir bien et s'y enfoncer pas après pas. J'attrape avec un sourire Joanne qui me grimpe dessus, les jambes autour de ma taille. La serrant fermement contre moi, je dépose un baiser furtif sur sa joue. Sa question atténue un peu mon sourire. Mentir au sujet de ce qui me tracasse une première fois m'a déjà laissé l'esprit peu tranquille. Alors, sur le moment, je cherche rapidement comment traduire mes pensées tout en restant évasif. Après tout, je ne peux pas mentir de nouveau, vu que je suis visiblement incapable de ne pas me montrer complètement ailleurs ; si je lui disais une seconde fois que tout va bien et que je travail me tracasse, la jeune femme aura l'impression que je la prends pour une idiote. « C'est que… Tout va si bien et je me sens tellement chanceux de t'avoir toi, d'avoir vraiment tout ce dont je peux rêver. » je réponds finalement, le regard dans ses iris clairs. Je soupire, l'embrasse dans le cou et cache là mon visage quelques secondes. « J'ai l'impression de devoir m'attendre à ce que tout dérape encore une fois, parce que c'est forcément trop beau pour être vrai. » je murmure. Il y a tellement de facteurs qui peuvent tout chambouler de nouveau. Peut-être qu'être Lord changera plus de choses que prévu. Je ne sais pas jusqu'où je peux encore aller professionnellement. Si je la délaisse à cause du travail, rien ne l'empêchera de se tourner vers quelqu'un d'autre qui prendra bien plus soin d'elle. Qu'est-ce qui peut lui faire répéter si souvent à ses parents que je suis le bon ? Est-ce qu'elle ne leur a pas dit la même chose au sujet de son ex-mari ? Alors pourquoi cela aurait changé ? Et pourquoi cela ne changerait pas encore ? Voilà que mon crâne continue d'être retourné dans tous les sens. Je relève la tête pour chercher un point d'ancrage dans les yeux de Joanne. Ma tête va exploser. La jeune femme parvient à subitement mettre un terme à ce flot de pensées en nous faisant tomber dans l'eau. Une manière efficace de m'arracher à tout ceci, la surprise effaçant soudainement tout. Heureusement, j'ai retenu ma respiration à temps. Je retrouve la surface rapidement, riant de cette surprise. Je tire la langue à la jeune femme qui s'amuse à mettre mes cheveux en bataille, et quitte à me décoiffer, je secoue la tête vivement de gauche à droite pour l'éclabousser. Elle ne tarde pas à revenir dans mes bras, le regard taquin à souhait. Je mords ma lèvre avant qu'elle ne m'embrasse, charmé par l'éclat malicieux de son regard, son rictus joueur. Un baiser qui me fait le plus grand bien, gonflant mon coeur de l'optimisme qui lui manquait cruellement depuis un moment. « Je t'aime… » je murmure, la serrant un peu plus contre moi. « Mais tu vas le payer quand même. » Je chatouille les côtes de Joanne afin qu'elle lâche perde assez ses moyens, de manière à l'arracher à mes hanches, la porter dans mes bras, et la jeter dans l'eau un mètre plus loin. Lorsqu'elle remonte, je file sous l'eau et glisse ma tête entre ses jambes, de manière à ce que, en me relevant, la jeune femme soit assise sur mes épaules. Je la laisse respirer quelques secondes, avant de repousser ses jambes et la faire tomber en arrière. Fier de mon coup, je la récupère dans mes bras plus calmement, lui laissant du répits et de l'air, un large sourire amusé sur mes lèvres. Lorsque le calme revient un instant, je récupère ses lèvres et l'embrasse tendrement. A ce moment, toute lourdeur en moi a disparu. Il a suffit d'un rire pour que Joanne me ramène à mon naturel jovial, pour que je ne m'inquiète plus de perdre mon bonheur, mais que je me contente de le vivre pleinement.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie n'avait pas l'habitude d'être heureux, comblé. Il vivait ce sentiment depuis quelques mois, mais jamais avant. Sa compagne repensait constamment à leur vie si différente, qui les opposait en tout point. Elle avait des parents plus qu'aimants, ouverts, laissant leurs enfants grandir comme ils l'entendent, à partir du moment qu'ils ne sombrent pas dans un vice où il était difficile d'en sortir. Toujours des petites attentions, des actes de tendresse et des mots d'amour, avec une éducation juste. Ses parents à lui, ne semblaient pas avoir les mêmes notions. Ils n'avaient aimé que leur aîné, et haï le second, juste parce qu'il ne rentrait pas dans leurs normes. Un manque d'amour qui lui coûtera énormément par la suite, d'autant plus lorsque son frère mit fin à ses jours, laissant le cadet découvrir son corps froid et inanimé. Quelle image horrible. Elle était issue d'une famille modeste, lui de l'aristocratie. Elle était douce et n'éprouvait pas de difficulté à s'ouvrir, lui avait bien du mal à décrire ses pensées et ses sentiments. Joanne était attristée de le voir paniquer que tout dégénère une nouvelle fois, cherchant déjà un problème alors qu'il n'y en avait aucun. Il vint nicher sa tête dans son cou, la jeune femme lui caressa tendrement les cheveux, l'air désolé d'apprendre qu'il se tracasse autant pour leur couple. Une sorte d'anxiété non justifiée, mais qu'elle comprenait au plus haut point. Elle vivait la même chose, juste sur des axes différents, elle ne le pensait pas de la même façon. La seule chose qu'elle savait, c'était de vivre le reste de sa vie avec lui. Passer ensemble les beaux moments comme les moins beaux. Construire leur avenir ensemble. C'était la loi du tout ou rien à ses yeux. Après être remonté à la surface, Jamie lui lança quelques mots d'amour avant de se venger, et jetant sa belle dans l'eau. La tête dehors, elle chercha Jamie, jusqu'à se rendre compte qu'il était sous ses jambes et elle finit assise sur ses épaules. Encore une fois, il la balança en arrière. Avant qu'elle ne finisse dans l'eau, Joanne criait et riait en même temps. Il la prit à nouveau dans ses bras, et une fois les rires calmés, Jamie saisit ses lèvres pour l'embrasser délicatement. Elle avait entouré son cou avec ses bras, prolongeant ce baiser autant que possible. "Je suis complètement dingue de toi. Tu le sais, ça ?" lui chuchota-t-elle, en se mordillant la lèvre inférieur. Du bout des doigts, elle lui caressa tendrement sa joue, collant son front contre les siens. Le couple restait ainsi dans l'eau quelques minutes, puis fit un peu de nage avant. Ils sortaient nonchalamment de l'eau, allant se réinstaller sur leur serviette, laissant le Soleil sécher leur peau encore humide. Joanne réenfila ses lunettes de soleil, étant donné qu'elle était facilement éblouie. Un marchand de friandises et boisson fraîche passait par là, Joanne se prit un jus de fruits, et força un peu Jamie à prendre quelque chose - de toute façon, c'était elle qui allait payer. Elle restait assise, à écouter tous les bruits qui les entouraient. "L'avion décolle à quelle heure, ce soir ?" demanda-t-elle, espérant qu'ils aient encore le temps de faire quelque chose avant de considérer de plier bagages. "Je n'ai pas très envie de rentrer..." dit-elle, en faisant de manière volontaire une moue exagérée. "...ni de travailler..." ajouta-t-elle en riant. A vrai dire, elle ne se réjouissait pas vraiment d'entendre le bruit des machines. C'était à chaque fois un peu dur de revenir à Brisbane. Tout était bien différent comparé à Londres, période où il ne vivait pas ensemble, mais Joanne savait à quoi s'attendre. Bien qu'elle ait été restée collée à lui pendant tout le week-end, elle avait une sensation amère de ne pas en avoir fait assez avec lui, qu'il manquait quelque chose. "Il faudrait que je trouve des prétextes pour te venir te voir à la station." dit-elle en haussant les épaules, amusée. "Mais après, je ne voudrais pas te dissiper dans ton travail." Bien sûr qu'elle le taquinait, bien sûr qu'il adorerait la voir venir passer au travail. Etrangement, Joanne n'avait jamais osé. Jamie était déjà venu au musée un nombre incalculable de fois pour venir la chercher, ou juste la voir, alors qu'elle, jamais. Elle n'osait toujours pas. Allez savoir pourquoi. "C'est à mon tour de penser au travail, je suis désolée." s'excusa-t-elle, victime des mêmes pensées. "Dis moi plutôt ce que tu voudrais faire."
« J'ai envie de rester là, et ne strictement rien faire. » dis-je tout bas, frôlant les lèvres de Joanne avant de lui donner un baiser tendre. Nous avons sûrement peu vu et fait à Sydney, mais ne rien faire manque cruellement à mon programme quotidien. Et dans ce cadre, à cet instant, alors que je me sens enfin reposé après avoir vécu bon nombre de vagues d'angoisse ce week-end, j'ai tout simplement envie de profiter de la présence de la jeune femme, au calme, sur le sable, non loin de l'eau, écoutant les vagues et le brouhaha indéfini de la vie autour de nous. J'ai envie d'installer notre bulle ici, sur la plage, une heure ou deux, et faire de cette sérénité un souvenir auquel me raccrocher quand les journées de travail deviennent longues. L'avion décolle à vingt heures, nous avons du temps devant nous. Assez pour tout simplement nous relaxer, somnoler au soleil côte à côte. Alors nous restons là, sur les serviettes de plage, lunettes de soleil sur le nez, à ne rien faire, bronzer, bouquiner, parfois s'embrasser. Le temps file, et lorsque je me réveille d'une courte sieste, il est l'heure de remballer nos affaires et songer à rentrer à l'hôtel. Nous devons encore fermer nos valises, payer la chambre, sans oublier qu'une bonne poignée de minutes nous séparent de l'aéroport. Alors nous plions les serviettes pleines de sable, les rangeons dans le grand sac qui nous accompagne. Puis nous nous rhabillons, prêts à partir. Le chemin du retour est toujours plus court. Nous avons beau flâner et marcher lentement sur les esplanades, profitant au maximum de chaque minute qu'il nous reste de Sydney, de chaque paysage, chaque panorama, j'ai l'impression que nous arrivons trop rapidement à l'hôtel. Nous rejoignons notre suite, parfaitement rangée et nettoyée après le passage d'une femme de ménage. C'en est presque triste, de la voir si propre, déjà prête à accueillir de nouveaux clients. Je passe rapidement une nouvelle fois sous la douche, histoire de défaire ma peau de chaque grain de sable qui se serait incrusté dans ses pores ou dans mes cheveux. Puis je laisse la place à Joanne, si jamais elle souhaite se rafraîchir avant les heures d'avion qui nous attendent. J'enfile un pantalon noir et une chemise en jean que je porte trop peu souvent. Pendant que la jeune femme se prépare, je réunis nos affaires dans les valises, soigneusement pliées, et effectue un dernier tour de la suite afin de vérifier que nous n'oublions rien. Je tombe sur la bouteille de champagne dans le mini-bar. Finalement, nous avons vu un peu trop large question temps. Je laisse Joanne se préparer tranquillement, et l'attends sur la terrasse de la chambre, profitant de la vue autant que possible. Lorsque la belle me rejoint, je m'approche de la petite table d'extérieur et lui tend une coupe de Champagne. « J'ai trouvé ce que nous devons fêter. » dis-je avec un sourire. Nous nous asseyons là, avec la chance d'admirer le panorama sur un ciel clair, prenant doucement les teintes du soir alors qu'à la fois le soleil et la lune sont visibles ; tout au bout du port, l'Opéra se détache des nuages dorés et roses qui se reflètent dans l'eau. « A un week-end parfait, et à un bonheur que nous avons tous les deux amplement mérité. » dis-je avant de faire tinter nos flûtes. Si la fine gorgée de Champagne fait glisser un peu de courage dans mes veines, cela n'empêche pas mon coeur de s'emballer soudainement et ma gorge se serrer, m'empêchant presque de respirer. Je prends une grande inspiration, mais cela me calme bien peu. Je passe mes dents sur ma lèvre, puis prends une seconde gorgée, gardant mon regard fixé sur la vue, les couleurs m'apaisant quelque peu. « Je suis désolé d'avoir été si distrait pendant le séjour. » dis-je finalement pour rompre le silence. Je déglutis difficilement, et lorsque je sens la main tenant ma coupe faiblir, tremblant presque, je pose le champagne sur la table pour dissimuler mes doigts nerveux sur mes cuisses. « En fait, j'ai quelque chose de très important en tête, et je ne sais absolument pas comment le dire, par où commencer. » Même si les premiers mots sont difficiles à articuler, plus je parle, plus ils me viennent aisément, et cette étrange fluidité dans mon esprit me rassure. Je soupire néanmoins, histoire d'évacuer la pression dans mes poumons, accumulée par mon coeur qui explose. Faire simple, je suppose, est la meilleure des solutions. Alors je quitte ma chaise et m'installe un genou à terre à côté d'elle. « Je sais que tu ne veux pas brûler les étapes, et que ça va sembler trop précipité, comme toujours, mais… Le fait est que je t'aime, que je sais que tu es l'amour de ma vie depuis le début, et que je n'ai jamais eu le moindre doute à ce sujet. Tu as fait beaucoup plus que me sortir d'une cellule le soir de notre rencontre. Je ne sais pas où je serais aujourd'hui sans toi, ce que je serais devenu, mais je sais que depuis que depuis ce soir-là, je ne peux tout simplement plus me passer de toi. Et je ne veux pas avoir à me passer de toi un jour. Je t'aime. Tu es la seule personne avec qui je veux faire ma vie. Tu es tout pour moi. Et je ne veux pas attendre plus longtemps pour que tu deviennes ma Lady Joanne Keynes. » Cette fois, je sors la petite boîte de ma poche, la présente à la jeune femme et l'ouvre pour laisser apparaître la bague qui me hante depuis des mois. « Veux-tu m'épouser ? »
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Passer quelques heures sans se soucier de quoi que ce soit, juste laisser passer le temps à s'ennuyer, était une chose que Joanne n'avait pas fait depuis longtemps. Du moins, pas avec son compagnon. C'était agréable de se prélasser au bord de la mer. Elle lui avait demandé de lui mettre de la crème solaire dans le dos, sa peau étant assez fragile. Elle pouvait ainsi faire une sieste sans s'inquiéter. Elle avait dormi un certain temps, la fatigue venant du peu de sommeil qu'elle avait la nuit dernière la rattrapant peu à peu. Quand elle était réveillée, elle bouquina un magazine d'histoire, allongée sur le ventre. Jamie s'était également assoupi. Après quoi, ils devaient malheureusement quitter la plage. Elle y serait bien restée quelques heures de plus, à ne rien faire de très constructif, c'était on ne peut plus reposant. C'était avec une certaine mélancolie que la jeune femme remballait ses affaires, peu enthousiaste de retourner à l'hôtel fermer sa valise, pour se rendre à l'aéroport. Le retour à leur train-train quotidien allait être bien difficile pour elle. Après que Jamie ait quitté la salle de bain, la belle blonde prit à son tour une bonne douche pour se débarrasser sur du sel qui s'était logé dans ses cheveux. Tout était très silencieux, mort. Une fois qu'elle avait enfilé une de ses robes et séché rapidement ses cheveux, Joanne rejoignit son compagnon, qui contemplait pendant quelques instants encore la vue imprenable qu'ils avaient du balcon. Une aubaine. Il se retourna, lui donnant une coupe de ce fameux champagne. Elle lui offrit un large sourire, satisfaite de clore leur séjour de cette façon. Le couple s'installa près de la table extérieure. Jamie avait subitement retrouvé un très grand optimisme, Joanne l'avait deviné rien qu'en entendant à quoi ils devaient trinquer. "A notre bonheur." répéta-t-elle avant sur leurs coupes ne viennent se rencontrer. Elle but une petite gorgée de son champagne avant de le reposer sur la table. Elle avait noté la main légèrement tremblante de Jamie, qui avait fait de même. Il s'excusa, une nouvelle. Joanne lui sourit tendrement, ne trouvant pas qu'il ait une raison de se faire pardonner. "Ce n'est pas grave, Jamie, tu ne dois pas t'en faire pour ça. Vraiment." dit-elle doucement. Il sembla subitement bien plus nerveux, avouant qu'il avait quelque chose d'important en tête. Joanne l'interrogea du regard, visiblement perplexe - et un peu paniquée- du comportement qu'il adoptait pour cette annonce qu'il était sur le point de faire. Elle aurait pu s'attendre à absolument tout, sauf à ça. Il se leva de sa chaise afin de mettre un genou à terre, aux pieds de sa compagne. Cette dernière sentit son coeur fait un énorme bond dans sa poitrine, venant cogner ses côtes sans prévenir. Les yeux ébahis, la bouche à peine ouverte, elle le regardant, dévorant le moindre de ses mots. Plus il avançait dans ses phrases, plus des larmes venaient border ces si beaux iris bleus. Tout ceci lui paraissait si irréel, en dehors du temps et de l'espace. Il était facile de deviner la suite, mais elle était dans une phase où elle ne voyait pas l'évidence même. Pourtant, son rythme cardiaque s'était follement accéléré. Il lui dit des choses qui était tellement difficile à partager avec sa compagne d'habitude. Et là, tout sortait très spontanément, disant qu'il ne voulait que faire sa vie avec elle, qu'elle était tout à ses yeux, qu'il ne voulait pas et ne pouvait pas se passer d'elle. Jamie sortait ensuite une petite boîte de la poche de son pantalon, et elle prit une énorme inspiration en la voyant prise une très grosse vague d'émotions. Lentement, il ouvrit le contenant, laissant découvrir une bague tout simplement magnifique, avec le parfait assortiment de deux métaux précieux. Joanne marqua sa surprise en plaçant une main devant sa bouche, les larmes d'émotions venant couler d'elle-même sur ses joues, ne pouvant rien y faire. Le silence qu'elle imposa involontairement semblait être une éternité, très certainement. Bien sûr que Joanne connaissait la réponse, mais elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il lui fasse une demande de mariage à cet instant précis. A vrai dire, elle ne se serait jamais attendu à tout ceci. Toujours la main sur sa bouche, elle hocha légèrement la tête de haut en bas, encore toute fébrile. Joanne révéla enfin un large sourire, émue, qui s'était déssiné sur ses lèvres. Elle fit un premier "oui" à peine audible, avant de se répéter un peu plus fort, encore et encore jusqu'à ce qu'il ait bien compris. Il se redressa, elle se leva de sa chaise en venant littéralement lui sauter dessus afin de l'embrasser. Une fois un peu plus calmée -quoi que-, elle trouva suffisamment de force pour constituer une phrase. "Oui, je veux devenir ta femme." Ses yeux brillaient joyeusement, humides, chaleureux, heureux. Elle lui montra sa main, toute tremblante, où il vint lui mettre la bague de fiançailles à son annulaire gauche. Joanne la regard longuement, avec énormément d'attention et d'affection. Puis elle entoura une nouvelle fois le cou de Jamie, afin de l'embrasser on ne peut plus amoureusement.
Jamais silence n'a été plus oppressant et interminable. Ce silence là, celui que me fait subir Joanne suite ma demande, est tout bonnement le plus long et insupportable qui soit. Face à sa réaction, je ne sais pas quoi penser, quoi dire. Je laisse ce silence durer pendant que je scrute les traits du visage de la jeune femme, ses larmes roulant jusqu'à la main qu'elle a plaqué sur sa bouche lorsque j'ai ouvert l'écrin devant ses yeux. D'habitude, je lis dans ses iris bleus comme dans un livre ouvert, mais cette fois la peur me bloque. Et si cette émotion qui l'envahit n'est que la peine à l'idée de devoir me faire essuyer un refus ? Et si elle disait non ? Plus les secondes passent, plus cette idée serre ma gorge et m'empêche de respirer, me rendant complètement tremblant et fébrile de l'intérieur. Mes jambes se sont ancrées dans le sol, elles ne sont plus que deux grandes barres de plomb qui me font tenir droit, lourdes et presque douloureuses à force de sentir mes muscles se raidir au fil du temps. Je m'efforce de respirer, remarquant que depuis le début de ce silence, ma respiration s'est coupée et mon esprit commence à s'embuer à force de manquer d'air. Rien qu'un signe pourrait mettre fin à mon calvaire, une étincelle distinctive dans ses yeux, un mouvement de tête, n'importe quoi. Alors je crois déceler son visage qui signe de haut en bas, mais je crains tant d'être en train de me faire des illusions, d'imaginer ce que je veux voir, que je n'en suis pas certain. Son premier murmure est inaudible, et là encore, j'ai peur de manipuler les sons pour entendre le mot que j'attends. Mon coeur ne cesse de faire de grands bonds, frappant avec force dans ma poitrine quitte à me faire perdre l'équilibre. Puis elle dégage la main de sa bouche, et le sourire qu'elle m'adresse suffit amplement à me servir de réponse. Elle répète plusieurs fois ce fameux « oui ». Je respire enfin, prenant une grand inspiration trahissant mon soulagement. Immédiatement, un large sourire vient étirer mes lèvres et illuminer mon visage. Je crois que je ne réalise pas vraiment. Elle a dit oui. Pourtant ce mot si simple prenant autant de secondes qu'à duré le silence pour faire son chemin jusqu'à mon esprit. Comme sonné, je prends appui sur la table pour me relever. Ce sont mes jambes toujours terriblement lourdes qui m'empêchent de tomber lorsque j'attrape Joanne qui me saute au cou. Mes bras l'encerclent et la serrent de toutes leurs forces tandis que je capture ses lèvres. Un baiser qui m'ancre enfin dans la réalité du moment, me faisant prendre conscience de ce qu'il vient de se passer, et qu'elle répète si bien ; elle a accepté de devenir ma femme. Mon coeur explose à ces mots. Sans plus tarder, je prends sa main dans la mienne, la sentant encore plus tremblante que moi, et viens glisser la bague a son doigt. Elle lui va parfaitement. Depuis des mois qu'elle attend d'être portée ainsi. Des mois que j'attends de voir le diamant briller à mon annulaire. Un petit rire m'échappe, traduisant un trop plein d'émotions que je ne sais même plus comment exprimer. Quand je capte le regard de Joanne, je cerne sa propre joie qui vient parfaire mon bonheur. Je prends son visage entre mes mains pour sceller un long baiser amoureux et passionné sur ses lèvres. Ma gorge est si serrée que je ne parviens même pas à articuler un « je t'aime ». Alors je l'embrasse encore et encore, jusqu'à ce qu'il faille partir, afin qu'elle sache à quel point je suis comblé à cet instant, à quel point je l'aime.
Sur le chemin vers l'aéroport, dans le taxi, je me répète inlassable une réalité qui a encore du mal à faire sa place dans mon esprit : je vais me marier. Silencieux, focalisé sur cette pensée, je glisse ma main vers celle de Joanne. En entremêlant nos doigts, je sens le métal de la bague contre ma peau. Mon regard se pose dessus, puis sur la jeune femme, un sourire au coin des lèvres. Elle est bien là, ma fiancée.