C'est terminé. Tu n'auras plus d'autre chance possible. Tu l'as compris le jour où il a fait passer son message par son avocat. Il lui a dit, son avocat, que tu n'avais toujours pas envoyé les papiers qu'il t'avait remis quelques jours plutôt ? Que tu avais délaissé cette tâche à plus tard parce que tu faisais semblant de ne pas avoir le temps ? Tu allais le faire, mais pas sans lui avoir parlé une dernière fois. Il ne t'ouvrira jamais la porte si tu vas chez lui ? Tu es supposé attendre combien de temps pour que sa colère s'estompe ? Tu as attendu assez longtemps pour que son avocat te relance une deuxième fois sur l'appareil. Oui, oui, tu vas lui remettre. Ce soir tiens. Il y a un gala ce soir. Pas que tu aies particulièrement envie d'y aller, mais Dinis, il sera sûrement là lui aussi. Ce n'est pas son seul appareil. Il peut bosser quand même non ? Tu prends une chance. Tu iras à toutes ces foutus soirées jusqu'à ce que tu le voies.

La troisième. Tu as dû en supporter trois horribles avant de le voir. Ce qui est quand même chiant d'avoir mis autant de temps à te préparer à chaque fois pour être sûr d'être impeccable si ton chemin croisait le sien. Oh bien sûr que tu mises sur le charme pour qu'il accepte de t'adresser la parole. Tu mets tout sur une jolie robe qui épouse bien tes courbes, qui dévoile un peu de peau, sans trop en montrer non plus, juste assez. Tu sais pas si il ne t'a vraiment pas aperçu où s'il est juste vraiment doué pour faire semblant de t'ignorer. La deuxième option est plus probable. Peu importe où tu te retrouves dans la salle, il semble être à l'extrême opposé. Il t'évite. Voilà ce qu'il fait.

Il est dos à toi au bar. C'est sûrement le moment idéal pour arriver dans son dos sans qu'il n'est le temps de se sauver avant que t'arrive. La musique dans la salle ralentit dans la salle, amène les couples à se coller sur la piste de danse. Vraiment, c'est le moment parfait. « J'en ai un meilleur. » que tu lui dis en pointant son appareil du doigt. Aucune idée s'il est meilleur ou pas, mais il sait très bien duquel tu parles. C'est son préféré si tu as bien compris. « Danse avec moi. » que tu lui dis en tendant ta main vers la sienne. Le charme on a dit, donc de la proximité, des doigts qui s'égarent doucement, le parfum qui lui montera au narine, voilà ce que tu vises. Tu sais déjà qu'il ne prendra pas la main que tu lui tends. C'est sûrement pour ça que tu ajoutes; « C'est mon prix pour ton appareil. Je l'ai avec moi. » Délaissé dans les vestiaires de trois soirées déjà. Peut-être qu'il retrouvera son propriétaire ce soir. Allez Dinis. Dis oui.

@dinis irish

 il avait décliné trois invitations, pas envie, ras le bol d’aller toujours dans les mêmes soirées, toujours les mêmes personnes et pour lui plus personne n’était intéressant a Brisbane. Il avait plus rien à prouver a personne non plus. Il pouvait se permettre de faire la fine bouche et de sélectionner ses galas. La réalité était surtout qu’il n’avait aucune motivation à s’apprêter et faire semblant. Comme si, finalement, tout ce monde de paillettes, de faux semblant, d’hypocrisie lui donnait la nausée. Il avait bien imprimé, le message était bien passé, il n’était pas eux. Et c’est pas son pass VIP pour se fondre dans la masse, invité spécial (travailleur spécial ouais), ça ne lui donnait pas la permission de réellement les côtoyer. Et plus il restait dans son monde sous terrain, mieux il se portait. Sa vie simple lui suffisait amplement. Si les strass lui avaient longtemps donner des envie de franchir la barrière, donné des goûts de luxe en demi teinte, il préférait continuer a rouler ses clopes du bout des doigts plutôt que de fumer des cigarillos de connard.
Puis, celui-ci, il l’avait accepté. Sur son 31, toujours. Costume trois pièces, toujours. Il avait dû tailler sa moustache, se raser la barbe, mettre une crème hydratante et un gel tonifiant et le tour était joué. Il était prêt à revenir dans ce monde,  parce que  c’était ce monde qui lui donnait à manger. Il pouvait se permettre de sélectionner mais pas de tout mettre de côté.

Toujours la même rengaine. Tapis rouge, flash, publicité, clichés, flash, hypocrisie, flash, Elise. Elise ? Sa promesse : ne pas croiser son regard. Elle n’était pas là pour lui, de toutes façons.
Ca fait déjà trop longtemps que je suis la, j’en ai pas encore pour mon argent, il se passe pas grand-chose et j’vais finir par absolument rien choper. J’aurai du y aller hier, il paraît que le Vanity Fair show était bien animé et que Sanders avait fini a poil dans les cuisines. Pourquoi j’ai pas chopé ces clichés ? Ici j’aurai rien. Un verre, une heure et je m’en vais. Le verre de scotch entre mes mains, celui qu’il faut être du genre à apprécier, faut dire qu’au moins ici, on se fou pas de nos gueule avec les boissons, ni avec la bouffe. « J’en ai un meilleur. » c’est pas possible. C’est quoi son foutu problème. « Danse avec moi. » finalement, plus le temps d’apprécier le scotch, c’est cul sec que je le termine.« C’est mon prix pour ton appareil. Je l’ai avec moi. » elle de fou de moi m. J’ai aucune envie de négocier pour quelques chose qui m’appartient  « j’allais partir. »

Son verre vient à peine d'arriver et il l'avale cul sec dès qu'il entend ta voix. Outch. Ce n'est pas gagné. Il n'a toujours pas envie de te voir. Il est toujours en colère contre toi.  « j’allais partir. » Il ment. La soirée ne fait que commencer et il est toujours dans les derniers à partir habituellement. Il reste jusqu'à temps que tout le monde soit trop ivre pour se souvenir qu'ils doivent faire semblant de mener des vies impeccables. Tu baisses le regard, prise de remords. Tu dois insister ou le laisser partir ? Tu ne sais plus sur quel pied danser. Tu ne veux pas enfoncer les choses plus qu'elles ne le sont déjà. T'es pas doué là dedans. « J'pense à toi tout le temps. » Tu voudrais toucher sa main de tes doigts, mais t'as bien trop peur qu'il s'en dégage. Ce n'est pas encore le moment. Il veut s'en aller. Considère toi chanceuse que c'est pas déjà fait. « J'sais pas quoi faire pour réparer ça. » Mais tu veux vraiment. Comment ? Tu l'ignores. Tu aimerais qu'il te dise comment faire. Tu ferais tout ce qu'il veut, mais ce n'est pas ainsi que ça fonctionne la vie. Tu ne peux pas passer directement à la réponse sans résoudre l'énigme. Est-ce seulement encore possible de réparer tout ça ? Tu aimerais lui dire que ça n'arrivera plus jamais. Tu le penses même à cette seconde précise. Mais en vrai, t'en a aucune idée. Ce serait sûrement moins pire avec le temps, quand Dinis arrivera à te connaître assez pour savoir quand il tombe sur un terrain miné, quand c'est le temps de se la fermer avant que t'éclate. Tu as envie de dire que tu feras des efforts, mais tu ne sais même pas si tu en es capable.

Tu cherches son regard depuis le tout début sans arriver à le trouver. Il l'évite, carrément. « Regarde-moi s'il te plaît. » que tu lui dis en venant attraper doucement son menton pour le forcer à te regarder droit dans les yeux. Tu es parfaitement honnête et c'est important qu'il le voit. Peut-être qu'il est encore trop en colère pour le voir par contre. Peut-être que c'est encore trop tôt pour accepter des excuses, mais c'est sûrement quand même la première étape vers le pardon, qu'il l'écoute ou pas, au moins les mots seront dit. « J'm'en veux tu sais. Vraiment beaucoup. » Tu t'en ai voulu à la seconde où il a demandé à faire demi-tour, comme si tu réalisais vraiment le poids de tes paroles un peu trop tard. Tu t'es juste enfoncé un peu plus creux cette journée-là. « Tu me laisses au moins te rendre ton appareil ou je dois vraiment te le faire livrer ? » Tant qu'à être là tous les deux, face à face. Il a fait cette demande parce qu'il ne voulait pas te voir, ni te parler, c'est évident. Tant qu'à être là à t'écouter dire des choses qu'il n'a même pas envie d'entendre, aussi bien prendre cinq minutes de plus pour reprendre ce qui lui appartient. Après, il aura la paix de toi, de cette histoire, si c'est ce qu'il veut vraiment. Qu'est-ce que tu peux faire de plus ?

« J'pense à toi tout le temps. » elle va pas lâcher l’affaire alors ? J’écoute plus ou plutôt, j’ai plus envie d’écouter mais même si la musique est forte, c’est quand même sa voix qui résonne en moi. Je la regarde pas, j’me tourne vers la piste de danse. « J'sais pas quoi faire pour réparer ça. » y a rien à faire, je sais pas comment elle peut encore imaginer qu’elle puisse réparer quoi que ce soit. Réparer quoi déjà ? Je regarde la salle, balaie rapidement toute la piste et ceux qui sont tout autour, y a pas grand-chose d’interessant par ici, y a même absolument rien d’interessant. J’ai plus rien à faire ici. Je passe mes mains dans mes poches, pour chercher ce ticket de vestiaire, celui qui me permettra de récupérer mes affaires et de me tirer. Bingo, il est juste là, je le sors, y jette un œil, 124, très bien. « Regarde-moi s'il te plaît. » elle me laisse pas l’choix parce qu’elle se permet de toucher mon visage pour l’obliger à la regarder. C’est toujours comme elle décide, toujours comme elle veut. Les rôles ont changé depuis quelques temps, je sais pas comment j’ai fais pour laisser passer ça, pour en arriver là. Mon regard se pose deux secondes sur elle et s’en détourne. J’ai pas envie de lui accorder la moindre importance parce qu’elle m’a bien fait comprendre qu’elle m’en accorderait jamais non plus. Jour un, c’est oui, jour deux, c’est non, jour trois, je m’excuse, jour quatre, encore oui. Une boucle sans fin. Je suis pas à sa mercie. Qu’elle comprenne pas. J’suis pas de son monde et pour autant, je suis pas l’esclave qu’elle souhaite avoir. Qu’elle aille retrouver son musicien, s’il aime bien être traité comme un chien, tant mieux pour lui. « J'm'en veux tu sais. Vraiment beaucoup. » j’ai la machoir serrée, j’ai rien à lui répondre. Elle s’imagine même pas combien moi, je lui en veux, combien moi aussi je m’en veux d’avoir laisser faire ça, de l’avoir accepté autrement que pour les affaires. J’me suis brûler à trop vouloir l’approcher. « Tu me laisses au moins te rendre ton appareil ou je dois vraiment te le faire livrer ? » le ticket du vestiaire retourne dans ma poche, mon dos se décolle du comptoir derrière moi. « tu connais mon adresse. » j’ai même pas envie de continuer une seule seconde de plus.
La lumière éteinte, je m’éloigne pour redescendre à l’étage du bas, vers les vestiaires, le plan, c’est que je récupère mes affaires, mon sac, et j’me barre. Et de toutes façons, c'est pas ici que j'veux régler mes comptes avec elle. Y a personne qui a le droit d'entendre quoi que ce soit, les oreilles traînent bien trop et les langues se délient bien trop vite également.
« J'pense à toi tout le temps. » pourquoi elle fait ça? J'ai besoin d'une clope. Mes affaires en main, j'vais prendre l'air dehors, dans deux minutes, j'suis dans un taxi.

Il regarde partout. Partout où tu n'es pas. Tu n'es même pas certaine qu'il écoute vraiment ce que tu dis. Même quand tu le forces à te regarder, le contact n'est là que deux secondes avant qu'il ne détourne le regard de nouveau. C'est foutu. « tu connais mon adresse. » Il veut même pas supporter ta présence une minute de plus, même pas le temps d'aller chercher cet appareil qu'il chéri, même pour ça, ça ne vaut pas la peine de te supporter une seconde de plus. Tu le regardes s'éloigner comme un coup de vent. Il s'éloigne sans même se retourner une seule fois vers toi. C'est fini. C'est fini, alors que ça n'a même pas réellement eu le temps de commencer. C'est quoi ton problème ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu agisses comme une connasse auprès de la seule personne qui se foutait pas totalement de toi, hm ? T'es pas possible, une cause perdue sans aucun doute. Tout ça pour rien.

Tu souffles un coup, l'envie de t'asseoir à ce bar et de juste picoler toute la soirée est bien présente. Mais non, tu vas rentrer chez toi comme une grande et faire exactement la même chose, mais à l'abri des regards. Ce n'est à peine quelques minutes après le départ de Dinis que tu pars à ton tour. Tu retournes chercher ton manteau ainsi que l'appareil au vestiaire avant de sortir à l'extérieur. Dinis est là, en bas des escaliers. Il fume sa cigarette, attend probablement son taxi qui le mènera bien loin de toi. Ce n'est sûrement pas le meilleur moment pour lui faire la morale sur la nocivité de la nicotine. Tu comprends pas comment ils font les fumeurs. Juste l'odeur de la fumée te donne la nausée. C'est à croire que tout le monde est accro à ses trucs nocifs. À chacun sa dépendance sûrement. « Sois pas idiot, prend-le. » que tu lui dis en tendant l'appareil vers lui. Tu vas quand même pas faire livrer quelque chose que tu peux lui donner ici et maintenant en main propre. De toute façon, il n'a pas le choix de le prendre puisque tu glisses toi-même la bandoulière sur son épaule. Voilà une chose de réglée. « Reste. Je vais partir. » Qu'il ne gâche pas sa soirée à cause de toi.

Tu remontes quelques marches pour t'asseoir en plein milieu du palier d'escalier. C'est quand même pas ta faute s'il n'y a pas encore de taxi d'arrivé. Il prendra le premier et tu attendras encore le tien par après. Il ne compte sûrement pas t'inviter à partager le taxi. Ce serait peut-être pas une si mauvaise chose de le faire même si vous n'allez clairement pas dans le même quartier - pas faute de le vouloir. Tu ne comptes pas rien lui dire de plus. Tu as déjà dit tout ce que tu avais à dire et il n'a rien écouté - ou fait semblant de. Peut-être qu'il réfléchira à tes paroles plus tard quand il se sera calmé et qu'il reviendra quand il se sentira prêt à le faire. Ou peut-être que c'est déjà tout bien réfléchi et que c'est juste mort pour toujours. Pour l'instant, tu ne peux pas t'empêcher de juste fixer sa silhouette qui te fait dos et de juste… attendre. Attendre quoi ? Tu sais pas. Qu'il t'engueule peut-être. N'importe quoi tant qu'il t'adresse la parole.

Une deuxième clope sera pas de trop quand celle-ci sera fini. J’en suis pas à la moitié que je sens déjà que ce sera pas suffisant. Tous les taxis qui passent sur cette rues sont pris ce soir et j’ai l’impression que j’vais devoir descendre un peu sur l’avenue si je veux avoir une chance d’en trouver un libre. Ils sont déjà sans doute tous déjà réservés pour ces Messieurs Dames qui eux, auront pas besoin de payer pour rentrer chez eux. Parce que c’est comme ça, chez les riches, tout leur est déjà offert, comme s’ils avaient jamais trop d’argent. Toujours plus. Le beurre, l’argent du beurre et l’reste. Ca m’enerve encore plus, j’me demande encore plus, vraiment ,c’que j’fou à trainer toujours dans ces soirées. J’vais finir par tout envoyer balader, ca m’interesse plus, tout ça.
« Sois pas idiot, prend-le. » c’est pas possible. J’aurai beau tout faire pour la fuir, elle est toujours là, comme l’ombre dont on aimerait se séparer. C’est pas elle que j’regarde, c’est l’appareil qu’elle tend au bout de son bras. Et alors qu’elle l’a avec elle, j’suis en train de réaliser un truc. Elle me laisse pas le choix qu’elle me le glisse sur l’épaule. Je fume ma clope, c’est le but d’être sortie. « Reste. Je vais partir. » c’est trop tard, MA décision est prise. Je me barre, même ça, elle veut le décider pour moi ? elle s’éloigne, recule et je ne la vois plus dans mon champ de vision.
J’ai cet appareil sur l’épaule, comment ça se fait qu’elle est venue à cette soirée avec mon appareil ? Elle savait que je serais là ? Ma jambe tremble comme si j’avais une maladie incontrôlable et j’peux pas mettre ça sous l’couvert du froid, il fait bien trop bon ce soir à Brisbane. Je balance ma clope dans le caniveau, tendant mon pied pour venir l’écraser avec rage quand un taxi à la lumière verte arrive droit sur moi. C’est mon jour de chance. Je tends le bras pour qu’il s’arrête et voilà mon ticket pour un retour à la maison. J’ouvre la portière arrière et me tourne un instant vers Elise. « tu vas attraper froid. » il fait pas froid. Quel con. Je me contente d’un seul signe de la tête pour lui faire comprendre qu’on allait partager le même taxi. Pas la même destination, juste une banquette. Rien d’autre. Je tente de convaincre qui, là ? J'entre dans le taxi et m'installer quand le chauffeur me demande où on va. « C'est madame qui choisira... »

Il a son appareil. Tu ne comptes plus le déranger davantage. Tu restes à l'écart. Tu en as assez fait. Un taxi passe enfin, il lui fait signe et il s'arrête. Le prochain, ce sera le tien. Tu le regardes de loin s'en aller, mais il se retourne à la dernière seconde vers toi. « tu vas attraper froid. » Ce serait bien étonnant. Il ne fait pas froid ce soir. Les nuits d'été sont particulièrement chaudes ces temps-ci. Mais si c'est ce qu'il veut se faire croire comme raison de te proposer d'embarquer dans le taxi avec lui; parce qu'il veut pas avoir sur la conscience la maladie que t'auras pas et non parce qu'il veut que tu viennes avec lui. Il ne te le proposera pas deux fois. C'est sûrement par peur qu'il change d'avis en fait que tu te lèves aussi rapidement pour aller le rejoindre. Tu entres la première, te pousse vers le fond de la banquette pour laisser Dinis prendre place à tes côtés. La porte se referme et le chauffeur demande une adresse. « C'est madame qui choisira... » Il ne veut pas prendre de décision. Il ne veut pas dire à voix haute qu'il t'invite - ou c'est toi qui se fait des films. C'est plus logique d'aller chez toi d'abord. Vous êtes déjà dans Spring Hills. C'est ta maison qui est le plus près. Ce serait tellement idiot et peu économe d'aller d'abord chez lui, pour revenir ensuite sur vos pas jusque chez toi. Vraiment idiot, hm. « Chez toi. » Tu choisis l'option peu économe, la moins logique des deux. Tu choisis de prendre la chance de débarquer avec lui à la première destination. Tu n'as même pas besoin d'y réfléchir une seule seconde à l'endroit où tu veux aller. C'était déjà la destination que tu espérais en le voyant ici ce soir. Tu ne veux pas rentrer chez toi ce soir. Tu veux passer la nuit chez lui, comme la première fois.

Le trajet se fait silencieusement. Il doit se sentir fixer Dinis, tellement t'arrive pas à regarder ailleurs. Dans un taxi en plus, ça manque clairement de subtilité. Tu as envie de glisser ta main dans la sienne. Tu as envie de te caler contre son épaule jusqu'à la fin du trajet. Mais non, rien. Tu ne bouges pas d'un poil. Tu es raide comme une barre. T'as l'air presque mal à l'aise même si c'est loin d'être le cas. Tu sais juste plus c'est quoi les limites à ne plus franchir. Pour une fois, c'est lui qui en a et pas l'inverse. Le taxi ralentit jusqu'à ce qu'il s'arrête complètement devant l'appartement de Dinis. Tu regardes dehors, puis repose de nouveau ton regard sur Dinis. À croire que tu attends l'invitation pour aller chez lui. Il va le faire ? Il va te laisser rentrer chez toi toute seule comme une conne ? Ce serait bien mérité. « J'ai oublié mes clés. » que tu lui mens sans aucune gêne. Sans tes clés, tu ne peux pas rentrer chez toi. Si tu ne peux pas rentrer chez toi, tu attraperas froid. Donc, il t'invitera à aller chez lui par pitié, et non parce qu'il en a envie. Bien sûr qu'il sait que c'est un mensonge. Il est pas si stupide. Alors ? Tu débarques ici ou pas ?

Elise se fait pas prier longtemps pour monter dans le taxi, comme si elle attendait la moindre occasion, le moindre signe de ma part. Elle me passe même sous l’nez, se faufile à l’intérieur et prend la place derrière le chauffeur. Moi, j’aurai personne devant moi, c’est mieux, pour se concentrer sur la route et pouvoir regarder où on va. D’ailleurs, on va où ? Je la laisse choisir qui descendra en premier, la logique veut que ce soit elle, puis moi. « Chez toi. » la logique je disais donc. Je donne mon adresse au chauffeur, j’ai plus rien à cacher maintenant. Si j’avais su, jamais j’aurai pris la décision de la faire entrer chez moi, jamais. Mais maintenant, elle sait déjà où c’est, elle est déjà venu, elle a déjà partagé mes draps. Quelles conneries.
Trajet en silence, faut quelques dizaines de minutes pour traverser Spring Hill jusqu’à Logan City. La chance, c’est qu’il y a personne sur la route, pas d’accident, pas de déviation, tout roule comme il faut, pas de temps à perdre en plus. Le paysage m’est de plus en plus familier, j’anticipe toutes les étapes, les prochains virages, j’suis prêt à lui dire que son GPS est pas le meilleur conseil à suivre, mais j’vais rien dire, parce que j’ai pas envie d’ouvrir la bouche. D’habitude, j’ai tendance à être bavard avec les chauffeurs de taxi, souvent, je croise les mêmes. Lui, je le connais pas, j’ai pas envie d’en savoir plus à son sujet et ça interesserait pas Elise de savoir combien de gamins l’attendent quand il fini sa nuit. Quand ses gamins vont dormir, lui, il met son costume pour aller travailler, quand il rentre, il va surement pas s’endormir tout de suite pour assurer le petit dej. Ils sont nombreux à faire ça. Mais elle comprendrait pas, elle, elle est pas de ce monde. Elle a jamais travaillé, elle sait pas c’que c’est que de devoir se motiver pour gagner sa vie. Bien sûre que non.
Le voilà, le grand portail et les haies mal taillées. Le taxi s’arrête, le compteur tourne encore et je donne un billet, puis un autre, ca devrait être suffisant pour qu’Elise puisse rentrer chez elle. Je disais quoi déjà ? Qu’on offre toujours tout aux plus fortunés, j’suis con, moi aussi. « J'ai oublié mes clés. » je me tourne vers elle, elle est pas crédible. Pourquoi j’lui ai dis de venir. Je détache ma ceinture, ouvre la portière et sort en claquant celle-ci. Et c’est après avoir fait le tour de la voiture que j’viens ouvrir la sienne. Ca se passera de commentaire. « Gardez la monnaie. » que je lance au chauffeur, parce qu’il avait un beau pourboire pour lui maintenant.
Je laisse Elise prendre le soin de refermer la voiture derrière elle, elle peut au moins faire ça. C’est en silence que je rejoins l’appartement et que j’me demande si c’est assez bien pour elle. Pourquoi j’arrive pas à passer au-delà de ce qu’elle m’a dit sur ce bateau ? Pourquoi je lui en veux autant pour ça ? Mon appareil retrouve sa place sur son étagère. Je soulève le coffre du canapé pour en sortir une vieille couverture qui était pas sortie de là depuis des années. Personne dort jamais chez moi, y a même pas une table pour inviter du monde et manger convenablement. Tout est fait ici pour qu’on soit pas nombreux, j’veux pas qu’on vienne m’emmerder chez moi. Un canapé, une table basse, un bureau, c’est tout. J’ai l’impression de pas avoir évoluer depuis que j’ai vingt ans. J’ai peut être pas envie d’évoluer. « j’te laisse la chambre. »

La route se fait silencieusement. L'ambiance est froide, glaciale. Même le chauffeur de taxi semble avoir hâte que vous dégagiez pour pouvoir embarquer des personnes avec l'alcool heureux. T'es assez idiote pour te demander s'il va t'inviter à monter avec lui, pour l'espérer même. Tu lui sors même un mensonge pas crédible comme pour lui forcer le bras. Ça ne semble pas fonctionner par le regard qu'il te lance, mais surtout par la portière qu'il claque en sortant. Tu sursautes sous ce bruit strident et ton regard s'abaisse vers le bout de tes pieds. Putain, tu vas qua d même pas te mettre à chialer juste pour ça ? Toujours aussi mal à l'aise le chauffeur. Tu allais ouvrir la bouche. Tu allais lui donner ton adresse, quand ta portière s'ouvre. C'est carrément humiliant de descendre ici, d'aller volontairement chez quelqu'un qui ne veut pas de ta présence. Tu as honte, pourtant tu débarques quand même. Pourquoi tu veux autant t'imposer ? Qu'est-ce que ça va changer ? Rien du tout. Tu as juste été assez naïve pour croire que s'il t'invitait a partager son taxi, c'était parce qu'il était un peu moins en colère contre toi. Non. Vraiment pas. Son visage est complètement fermé. « Gardez la monnaie. » qu'il annonce pour le chauffeur juste avant que tu refermes doucement la portière. T'aurais sûrement dû rester dans ce taxi et rentrer chez toi.

Le silence est toujours aussi glacial alors que tu le suis jusque chez lui. Pourquoi est-ce que tu t'infliges ça sérieux ? C'est ridicule. Tu es ridicule, pathétique. Tu t'accroches à quelqu'un qui ne veut plus de toi. C'est pourtant claire, non ? Tu entres derrière lui, enlève tes escarpins dans l'entrée - les règles n'ont sûrement pas changé depuis la dernière fois. Tu le suis du regard alors qu'il sort une couverture, qu'il semble préparer le canapé pour la nuit. C'est sûrement pour toi. Tu mérites quand même pas d'avoir du confort pendant que lui se casse le dos sur son sofa pas confortable. « j’te laisse la chambre. » Ah. Toujours aussi gentleman même s'il te déteste. Tu ne le mérite pas. Tu regardes la porte de sa chambre entrouverte, puis Dinis de nouveau. Dinis qui se prépare à passer la nuit sur son propre canapé. C'est sûrement une erreur que tes pas te conduisent vers lui. T'es déjà prête mentalement à te prendre un rejet. Enfin, t'es pas prête, mais tu t'y attends plutôt. T'es plus à une humiliation près ce soir. Tu prends ton temps quand tu glisses tout en délicatesse ta main sur son épaule, sur sa chemise, mais sous son veston. Il est beau Dinis dans son habit de soirée. Bien sûr que t'aime les hommes en veston-cravate. Ceux qui n'en porte jamais sont encore plus beaux quand il les enfile. Tu lèves les yeux vers lui, sans rien dire, avant de les rabaisser vers tes mains qui l'aident à retirer son veston de sur ses épaules. Sa cravate te glisse doucement entre les doigts et ton visage s'approche dangereusement du sien. Tes lèvres trouvent facilement les siennes dans un doux baiser. Et si les mots n'étaient pas nécessaires ce soir ? Et si vous pouviez vous parler, vous comprendre, sans dire un seul mot ? Lorsque ton visage s'éloigne très légèrement du sien, c'est juste pour attendre sa permission de continuer ou son invitation à aller dormir chacun de son côté comme prévu quelques secondes plus tôt. Alors ? C'est quoi la suite ?

Je fais de mon mieux pour ne pas poser mes yeux sur elle. Elle connaît la maison maintenant, elle sait qu’elle sera sans doute trop a l’étroit dans la salle de bain, qu’elle aura sans doute les même draps que la dernière fois et elle s’imaginera même pas que j’ai pu en changer entre temps. Bien sûr que non. Elle s’endormira sans doute en s’en plaignant mais désolé si moi j’ai personne pour s’assurer que mon logement soit impeccable 7 jours sur 7, 24 sur 24. Quoi que, c’est pas l’effet que ça m’a donné la dernière fois, une tempête était passée par là, mais ça ressemblait enfin a une maison de madame tout le monde. Pour un musicien et un bébé.
Elle est toujours pas dans la salle de bain, toujours pas dans la chambre, non, elle est toujours là alors que mon lit – mon canapé- attend déjà que je m’installe. J’vais aller dans la douche en passant devant elle, elle attendra. J’me retourne , redoutant de croiser son regard et elle est bien plus proche de moi que je l’aurai pensé. Elle s’approche et a cet instant précis, je la vois comme une mante religieuse. Elle fera qu’une bouchée de moi, me coupera la tête quand elle aura fait ce qu’elle voudra de moi et passera au suivant.
Y a pas un mot qui sort de ma bouche quand elle s’autorise a me toucher. Sa main qui glisse sur mon épaule, je laisse faire. Pourquoi je laisse faire ? Mon pouls s’accélèrent alors qu’un souffle frais me passe dessus quand le veston tombe. Je sais ce qu’elle fait, si ma tête me cri d’être bien trop bête, mon corps ne m’écoute absolument pas et compte répondre a des impulsions bien moins raisonnées. Les émotions ressenties dès lors qu’elle dépose ses lèvres sur les miennes me semblent être totalement inconnues, inédites. Et le pire, ça fait du bien. Je dégluti lorsqu’elle s’éloigne, toujours en silence. Ma main vient enfin chercher son contact. Pour la première fois, c’est moi qui fait un geste vers elle. Je suis toujours hésitant, c’est quand même avec prudence, avec l’intention de faire demi tour que je m'aventure a nouveau sur ce chemin sinueux et rempli d’embuche. J’aime avoir mal, on dirait bien. Parce que j’ai aucun espoir que ça finisse mieux qu’une autre fois.
« Je pense tout le temps a toi » ces quelques mots qui me reviennent, comme s’ils suffisaient a oublier ceux qui m’avaient mis en colère, ceux qui m’avaient heurtés. Je fais un pas de plus vers elle, mes yeux se baladent sur son visage, dessinent ses courbes et terminent leur course sur ses pupilles. « Qu’est ce que tu faisais a cette soirée ? » j’ai l’impression d’avoir la réponse mais j’veux juste l’entendre de ses lèvres.

Tu prends ton temps, lui laisse l'occasion d'arrêter le contact à tout moment. Quand il jugera que tu pousses ta chance trop loin, il y mettra fin, te souhaitera la bonne nuit et souhaitera sûrement que tu sois partie avant même qu'il ne se réveille demain matin. Il fera même sûrement semblant de dormir quand tu partira aux petites heures. Sûrement. Pour l'instant, il te laisse faire tomber son veston sur le sol. Il ne te repousse toujours pas quand tes lèvres trouvent les siennes. Il ne te repousse pas, mais ne t'encourage pas non plus. C'est sûrement en train de se bousculer dans sa tête. Il ne sait pas quoi faire, comment réagir et tu espères seulement que la raison ne le rattrapera pas d'un coup. Lorsque tu mets fin au baiser, que tu t'éloignes, pose ton regard dans le sien dans l'attente d'une quelconque réponse qui te dira si tu poursuis ou si tout s'arrête là maintenant - tu prendras aucune réaction pour un oui, il vient finalement poser ses mains sur toi. C'est un oui. Tu te sens soudainement bien plus à l'aise, comme si tu arrivais déjà à mieux respirer en sa présence, comme si tes mains pouvaient enfin s'aventurer sans avoir peur d'être repoussé à tout moment. Il fait de lui même un pas vers toi réduisant la distance entre vos deux corps. C'est peut-être pas un vrai de vrai pardon, mais il semble quand même vouloir signer une trêve pour ce soir. C'est déjà mieux que tu pouvais espérer.

« Qu’est ce que tu faisais a cette soirée ? » Ta main se glisse sur son torse, remonte jusqu'à son épaule, sa nuque, se perd à la naissance de ses cheveux en même temps que ton front vient s'ancrer au sien. « J'étais là pour toi. » Tu n'as pas besoin d'ajouter que tu les a toutes faites jusqu'à le retrouver à celle-ci, que tu aurais probablement continuer même s'il n'avait pas été là ce soir. Ton plan n'avait pas vraiment fonctionné comme prévu. Tu t'étais dit qu'ici il ne t'ouvrirait jamais la porte, mais que là-bas, il n'aurait pas le choix de te parler, de t'écouter. Il avait le choix. Il s'était presque tiré sans toi à la seconde où tu avais tenté (et réussi) à t'imposer. Qu'il se passe ou non comme prévu, c'était probablement la bonne chose à faire quand même au vu du résultat là maintenant. C'est beaucoup plus confiante que tu reprends le baiser, que tu avances vers lui pour qu'il recule jusqu'à sa chambre. Il a sorti tout ça pour rien. Hors de question que tu le laisses dormir sur le canapé. Il dormira avec toi dans ce lit bien trop étroit pour deux personnes, le chauffage en moins, tout ça. Tu continues d'avancer jusqu'à ce que Dinis se retrouve assis au pied du lit. Tu retires la pince de tes cheveux qui viennent retomber sur tes épaules. Tu fais descendre la fermeture éclair de ta robe qui tombe à tes chevilles en quelques secondes. « J'respecte le code vestimentaire maintenant ? » Tu souris doucement, nostalgique d'une époque où il te détestais pas complètement - trop tôt pour retrouver cette complicité ? Tu t'avances de nouveau vers lui. Tes lèvres descendent le long de sa mâchoire jusqu'à retrouver les siennes.

  « J'étais là pour toi. » C’est la réponse que j’avais envie d’entendre, et en même temps la réponse qui me fait redouter tout ce dont elle est capable aussi. C’est moi, celui qui traque, celui qui est capable d’anticiper les mouvement, de savoir qui sera où et quand. C’est moi qui sait où la trouver quand je veux la trouver. Je suis le chasseur. Les rôles sont inversés. Combien de cartouches avait elle dans son fusil ? Combien de balles a blanc pour des balles réelles ? Un accident est si vite arrivé. Aussi vite que ses lèvres se retrouvent à nouveaux contre les miennes. Aussi vite que je me retrouve propulsé dans la chambre avec comme l’idée que le canapé restera intact jusqu’à demain matin. Je baisse la garde, peut être trop rapidement. Elle est flippante Elise. Elle est imprévisible aussi. Vivre au jour le jour, tu parles.
Assis sur le lit, j’observe son corps qui me surplombe et Elise qui laisse tomber sa robe a ses pieds après avoir lâché ses cheveux. « J'respecte le code vestimentaire maintenant ? » balle au centre ouais. Combien de fois elle avait joué de ses atouts pour avoir ce qu’elle désirait ? Combien de fois elle avait respecté le code vestimentaire pour venir à ses fins ? Trop facile, hein ? Assez facile pour me laisser enfin convaincre de répondre à ses gestes avec plus de motivation. Parce qu’elle me fait du bien. Je me redresse et finis par la faire tomber a la renverse, on inverse les rôles. Je prends le dessus. Instinct primaire chassant toutes mes pensées négatives. Chez moi, dans ma chambre, dans mon lit. La nuit sera courte.

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Cette fois, je me réveille seul dans le lit. J’ignore combien de temps j’ai dormi, j’ai pas regardé l’heure et mon téléphone est complètement déchargé ce matin. Matin ? Après midi ? Aucune idée. Mais Elise est pas la. Putain. La colère s’empare a nouveau de moi. Si mon téléphone avait été opérationnel, j’aurai fini par supprimer toute trace de son existence dedans.
J’entends un bruit. L’eau qui coule. Je me lève. Ses pompes sont encore là. D’ailleurs sa robe est toujours au pied du lit aussi. Je prends ma tête entre mes mains, ressentant un profond soulagement. Elle est pas partie. J’vais la laisser terminer sa douche.

Lorsque tu te réveilles le lendemain matin, c'est contre un Dinis encore tout endormi que tu te trouves. Tu souris doucement en l'observant dormir à tes côtés. Si vous pouviez juste rester comme ça toute la journée ça t'irais parfaitement, parce qu'un coup réveillé, peut-être que la trêve sera terminée. Peut-être qu'il te chassera de chez lui à nouveau. Parce que ça ne peut pas être aussi facile, mais c'est sûrement au moins signe que ce n'est pas impossible. Tu sais pas trop combien de temps t'es resté comme ça. Tu ne voulais pas bouger convaincu que tu allais le sortir de son sommeil si jamais tu sortais du lit. Mais vient des besoins vitaux du genre tu as envie de pisser et tu peux plus te retenir. Ta peau collée contre la sienne, c'est le plus délicatement possible que tu te détaches de lui. Il se retourne sur le côté et se remet à ronfler. Parfait, pas de réveil. Tu refermes doucement la porte de la chambre derrière toi et file directement aux toilettes. Tu retournes ensuite dans la cuisine, fouille discrètement dans chaque armoire. Ah, voilà. Tu montes sur la pointe des pieds, étire ton bras pour atteindre le pot de café, prépare la cafetière, la met en marche avant de retourner à la salle de bain pour sauter sous la douche. Le temps de la prendre et le café sera prêt ensuite. T'es même assez sympa pour penser aux voisins qui veulent sûrement eux aussi prendre une douche chaude ce matin. Maintenant que t'es prévenue, tu sais que tu peux pas juste t'éterniser ici pour profiter de la chaleur. De toute manière, si tu veux de la chaleur, il y a une bonne source qui ronfle encore dans la chambre d'à côté. T'auras qu'à retourner te coller après.

Tu fouilles un peu en ressortant pour trouver une serviette. Tu sèches tes cheveux rapidement, puis enroule la serviette autour de ta poitrine. T'aurais dû prévoir des fringues de rechange. Tu ne peux pas croire que tu vas devoir enfiler ta robe pas super confortable de la veille pour repartir d'ici. Tu sors de la salle de bain au bout de quelques minutes et sursautes en voyant que Dinis est déjà debout. Tu t'attendais à être encore toute seule. « Bon matin. Je t'ai réveillée ? » Tu avais pourtant essayé d'être le plus discrète possible. Peut-être que le bruit de la douche a été de trop, ou c'est le bruit de la machine à café ? En même temps, c'est pas comme s'il était six heures du matin non plus. C'est acceptable de faire du bruit quand le matin est déjà presque terminé. « J'ai fait du café. » Il l'a sûrement remarqué par l'odeur. Alors ? On s'aime ou on s'aime pas aujourd'hui ? Tu ne bouges pas. Tu attends une quelconque réaction de sa part. Tu ne vas pas imposer ta présence aujourd'hui s'il te demande de partir. Tu ne vas pas insister comme tu l'as fait la veille. Après cette nuit, qu'il te repousse ou non ce matin, t'es convaincu qu'il finira par revenir un jour. C'est suffisant pour être patiente et attendre qu'il soit prêt de te revenir.

j’ai rien besoin de faire puisque la première chose que je fais en me levant c’est d’appuyer sur la cafetière pour que le café soit chaud a ma sortie de douche. La, j’ai plus qu’à attendre mais avant qu’Elise ne sorte de la douche, ce serait pas plus mal que j’aille au moins enfiler un short. Elle pourrait trop prendre pour acquis cette nuit là si j’avais tendance à me promener à poil devant elle. Même si j’suis chez moi.
Un short et même un t shirt tien. Et quand la machine a fini de couler, Elise sort de la salle de bain, serviette autour de la poitrine. Sa robe est toujours par terre et j’me demande comment elle va faire pour repartir incognito dans cette tenue. C’est peut être maintenant le moment de lui sortir des fringues de ma collection objets perdus chez Dinis. Elle le prendrait sans doute mal, elle claquerait sans doute encore la porte. « Bon matin. Je t'ai réveillée ? » je secoue la tête par la négative. « j’ai cru que t’étais parti en voleuse. » je lance comme ci ça m’aurait pas étonné. « j’ai failli mal commencé la journée. » faillit, j’dis pas que ce sera la meilleure journée de ma vie mais en tout cas, ça aurait pu être pire. « J'ai fait du café. » je m’approche d’ailleurs de ladite machine pour servir deux tasses fumantes, il a l’air corsé son café, elle l’a bien dosé. « Merci » je lui tends sa tasse, enfin, une tasse. Faudrait pas commencer à avoir des habitudes de s’approprier des objets qui sont les miens. « j’ai des fringues, si jamais. » ah ouais j’ose. Je goûte le café et grimace, c’est fort. Elle doit pas avoir l’habitude de le faire elle-même ou alors elle aime quand c’est pas bon. « ça devrait t’aller. Au moins un pantalon et un t-shirt. Des trucs que j’ai récupéré, qu’on m’a jamais réclamé. » j’étais peut être pas obligé d’etre si précis. « tu compte repartir quand ? » C’est pas que j’la fou a la porte, c’est juste pour savoir si elle pense pouvoir se poser, parce que j’ai des choses à régler.

« j’ai cru que t’étais parti en voleuse. » C'est ce qu'il aurait voulu que tu partes en silence comme si tu n'avais jamais été là quelques heures auparavant ? Il préférerait faire comme si hier n'avait jamais existé ? « j’ai failli mal commencé la journée. » Ça veut dire non, ça ? Ça te fait quand même un peu sourire de te dire qu'il est soulagé que tu sois encore là. Tout n'est pas perdu. « Merci » Il s'occupe de prendre deux tasses qu'il remplit l'une après l'autre avant de tendre l'une des deux que tu viens prendre entre tes mains. Il grimace à la première gorgée qu'il prend. Sérieux ? Il fait ça que pour t'emmerder. T'as quand même pas raté du café ? Tu prends une gorgée à ton tour que tu recraches dans la tasse presque au même moment. Ok, t'es assez nul pour manquer du café. Note à toi-même, ne pas manipuler de cafetière que tu comprends pas. « j’ai des fringues, si jamais. » Des fringues ? Les fringues à qui ? Il a intérêt a soit proposer les siennes ou celle de sa soeur qui est supposément une connasse. . « ça devrait t’aller. Au moins un pantalon et un t-shirt. Des trucs que j’ai récupéré, qu’on m’a jamais réclamé. » Qu'est-ce que ça veut dire ça ? Tu fronces les sourcils. Y'a vraiment des filles qui se sont poussées d'ici sans pantalon et/ou sans tee-shirt ? « Non, ça ira. » S'il croit que tu vas enfiler les vêtements d'une autre fille qu'il s'est tapée, il se met un doigt dans l'œil. Tu préfères encore passer toute la journée dans une tenue peu adéquate.  Tu te demandes même s'il est vraiment aussi stupide ou s'il fait exprès de te donner les détails pour te punir. Manquerait plus qu'il ajoute que sa maîtresse à oublier le tout hier au matin. Il te doit en rien fidélité, mais ça te dérangerait quand même de savoir qu'il voit encore d'autres filles, que t'es juste devenue une parmi tant d'autres à passer sous sa couette, que ça voulait rien dire de plus qu'une autre.

« tu compte repartir quand ? » Ah. Ton regard fuit soudainement le sien. Putain c'que c'est humiliant. T'aurais dû partir comme une voleuse et prendre la chance de presque gâcher sa journée finalement. « Maintenant j'suppose. » Tes pas te dirigent jusqu'à sa chambre où tu entres en refermant la porte derrière toi. Tu remets tes vêtements de la veille. Plus difficile à remettre qu'à enlever cette robe. C'qu'elle est serrée. Comment t'as pu respirer là-dedans hier ? Après un long combat avec la fermeture éclair, tu réussi enfin à la remonter. Un peu moins impeccable que la veille, mais c'est pas comme si tu avais vraiment d'autres options. Tu rassembles le reste de tes affaires que tu mets dans ton sac à main, appelle un taxi avant de ressortir de la chambre. Dehors, il pleut. Tu te demandes si c'est moins humiliant d'aller attendre ton taxi sous la pluie pendant tu ne sais combien de temps ou de l'attendre ici alors qu'il vient clairement de te faire comprendre qu'il n'avait pas envie que tu sois là. « T'inquiète, j'vais plus te déranger. » que tu lui dis alors que tu vas dans l'entrée remettre tes chaussures. Tu lui fais dos alors que tu surveilles par la fenêtre le moment où une voiture de taxi se montrera le bout du nez. Ça devrait pas tarder.