Tu avances dans l'allée qui mène à la porte de ta maison. Tu fouilles dans ton sac pour récupérer ta clé. Tu te demandes si y'a quelqu'un ou si y'a personne de l'autre côté de cette porte aujourd'hui. Avec de la chance, Jet s'est tiré avec son bordel depuis hier. « Attends ! » Tu lèves les yeux au ciel, toujours dos à lui. Quoi encore ? Tu laisses tes clés retombées dans le fond de ton sac avant de te retourner vers Dinis qui avance d'un pas rapide vers toi. « tu voulais pas que nos deux mondes se rencontrent. » Non, mais visiblement, ils se rencontrent que tu le veuilles ou non. Peut-être aussi que tu n'as pas été assez claire sur ce que ça voulait bien dire. Il ne le comprend possiblement pas de la même manière que toi. « T’es en concurrence avec personne, Elise. Y a pas de classement… » C'est vrai ? C'est pas vrai ? De toute manière, tu es presque certaine qu'à la seconde où ça deviendrait un peu plus sérieux, il va flipper et se tirer. Ça sert à rien d'avoir cette conversation là. Pourquoi tu trouves toujours de l'intérêt dans les types qui ne veulent rien savoir d'une relation sérieuse ? Il faut tout de même avouer qu'il se fait chier pas mal Dinis pour un mec qui ne veut pas se caser.

« Dis moi juste c’que tu veux. » Il a combien de temps devant lui ? Vous devriez pas rentrer à l'intérieur pour avoir cette conversation là au lieu de rester planter devant la maison à se donner en spectacle devant tout le monde ? Sans doute oui. « J'veux pas d'article de merde dans un journal à potin qui m'fait passer pour une conne. » Comme si la Walker n'avait pas les moyens de faire taire les conneries qu'on raconte à son sujet. Elle a encore beaucoup à apprendre si, vraiment, elle a été incapable de ranger le type qui a pris cette photo dans sa poche - ou c'est peut-être Oz qui est trop facile a acheté. « J'te demanderais jamais de venir à ses soirées où on fait semblant d'aimer tout le monde pour mieux se poignarder dans le dos ou de rencontrer mes parents qui vont te faire sentir comme un bon à rien et passer la soirée à se remémorer à quel point Saül est extraordinaire. Mais si t'es suicidaire, te gêne surtout pas pour venir. » On a connu mieux comme invitation. Mais ouais, ça, ça fait partie de ton monde qu'il n'est pas obligé de rencontrer. De toute façon, il est déjà spectateur de tout ça. Il ne peut pas être des deux côtés en même temps. Heureusement pour lui. « Si t'as envie de vivre dans ton appartement trop petit, de voyager en classe économique parce que tu détestes avoir de la place pour tes jambes, ou d'aller dans ses trucs où faut se laver dans une rivière, vas-y, mais demande moi pas de te suivre là dedans. » Son monde à lui dans lequel tu n'as pas envie de vivre. À petite dose, ça va, mais pas indéfiniment. Tu tiens bien trop à ta luxure et ton confort pour l'abandonner. « Mon monde. Le tien. » Ça ne veut pas dire qu'il faut vivre cacher des autres et s'ignorer quand vous vous croiser dans la rue.

 « J'veux pas d'article de merde dans un journal à potin qui m'fait passer pour une conne. » c’est pas ça, la réponse que j’attendais, mais elle a l’air d’insister sur ce point-là. C’est que ça doit lui tenir à cœur. Après tout, elle avait passé du temps à me consacrer pour faire en sorte qu’aucune de mes photos ne soient jamais publiées. « J'te demanderais jamais de venir à ses soirées où on fait semblant d'aimer tout le monde pour mieux se poignarder dans le dos ou de rencontrer mes parents qui vont te faire sentir comme un bon à rien et passer la soirée à se remémorer à quel point Saül est extraordinaire. Mais si t'es suicidaire, te gêne surtout pas pour venir. » elle doit bien savoir que l’hypocrisie, je laisse ça pour les autres. Je marche en affaire et souvent, j’ai qu’une parole. Soit ça suit, soit ça suit pas, mais si j’ai un coup de poignard à mettre à quelqu’un, c’est pas dans son dos que j’le ferais. Je fais toujours en sorte que mes coups soient visibles, une sorte de mise en garde, jamais par derrière, tout par devant. Je sais pas faire semblant d’apprécier quelqu’un si c’est pas le cas. Concernant Saul, j’en sais suffisamment à son sujet pour savoir que même moi, j’lui arrive pas à la cheville dans ses magouilles. Il me ferait passer pour un débutant à ses côtés, alors l’avis que peuvent en avoir les autres, j’ai plus quinze ans pour que ça puisse me faire le moindre effet. Elise devrait aussi cesser de toutes se comparer aux autres et de vouloir être mieux ou moins pire qu’une autre. C’est peut être plus facile à dire quand on a jamais cherché à avoir l’estime de celui qui nous a fait naître.  « Si t'as envie de vivre dans ton appartement trop petit, de voyager en classe économique parce que tu détestes avoir de la place pour tes jambes, ou d'aller dans ses trucs où faut se laver dans une rivière, vas-y, mais demande moi pas de te suivre là dedans. Mon monde. Le tien. » ok. Je sais pas si c’est bienvenu mais la rivière c’est la phrase de trop qui m’fait lâcher un rire là. « Je me suis jamais lavé dans une rivière. » j’dois être une sorte de hippy à ses yeux. « ca vaut 20 minutes de massage ça. » et le reste. J’tente de reprendre deux secondes mon sérieux, c’est un peu les montagnes russes qui s’passent encore dans ma tête. La seule chose dont j’ai envie maintenant c’est de la prendre dans mes bras et c’est exactement ce que je m’apprête à faire. Mes bras qui l’enlacent pour venir la serrer contre moi et poser mon menton sur ses cheveux encore un peu chaud à cause du casque. « Et ça me plait pas plus de pas avoir de place pour mes jambes quand j’prends l’avion. » putain arrête de faire le con. Je respire un bon coup, gardant toujours cette nana contre moi. Je fixe sa porte d’entrée et me pince les lèvres quelques instants, ayant l’impression que mon rythme cardiaque est irrégulier et plus instable que d’habitude. J’essaie de caler ma respiration à la sienne. « J’suis désolé, si cet article t’a blessé. » que je souffle, plus calmement. Ma joue vient se caler près de son oreille pour déposer un baiser sur son crâne. Je recule mon visage un instant et glisse une main sous son menton pour redresser le sien. « j’te promets… » qu’est-ce que j’peux bien lui promettre que j’suis capable de tenir ? j’lui ai déjà promis de jamais lui mentir… « qu’aucun article te fera jamais passer pour une conne… » bon, ça, ça tien pas de moi, en réalité. « et j’m’engage à botter l’cul à tous ceux qui tenteront de le faire. » c’est plus dans mes cordes. « et… » quoi encore ? « de compter sur toi pour voyager systématiquement en première classe. » ca, c’est correcte à tenir comme promesse. Ca fait apparaître un sourire sur mes lèvres qui va sans doute disparaître si ca lui convient pas et si elle décide de s’écarter pour me dire de lui renvoyer un simple texto pour donner des nouvelles.

Bon, le voilà qui rit. Tant mieux pour lui si ton discours lui a redonné la bonne humeur t'es pas prête à dire la même chose de ton côté. « Je me suis jamais lavé dans une rivière. » C'est vraiment ce qui le fait rire ? C'est qu'une manière de parler. Il comprend très bien là où tu veux en venir. Eau chaude courante, c'est le minimum. Tu le répéteras jamais assez souvent. « ca vaut 20 minutes de massage ça. » Pour une rivière ? Franchement, tu aurais pu dire bien pire que ça, bien plus dégradant aussi. Ça ne mérite pas un bonus de minutes aussi élevé. « T'avais dit deux minutes. Tu peux pas changer les règles en cours de jeu. » Surtout pas si c'est pour les tourner à son avantage à lui. « Et ça me plait pas plus de pas avoir de place pour mes jambes quand j’prends l’avion. » À deux doigts de lever les yeux au ciel à tout prendre mot pour mot, il te coupe dans ton envie de le faire en venant te prendre dans ses bras. Tu te laisses faire sans vraiment participer pour autant. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours frôler la crise ? Bon, t'es sûrement la seule à blâmer là dedans. « J’suis désolé, si cet article t’a blessé. » Ça y'est. Tu te cales un peu plus contre lui et vient placer à ton tour tes bras autour de sa taille. Tu souffles un coup comme si tu pouvais enfin arriver à respirer à nouveau. Les lèvres de Dinis se posent sur ta tempe avant qu'il ne mette fin à l'étreinte. Ses doigts sur ton menton te force à lever les yeux vers lui. « j’te promets… » Il devrait faire attention à ce qu'il promet. C'est trop facile de ne pas tenir une promesse et de perdre la confiance de l'autre en un claquement de doigt. « qu’aucun article te fera jamais passer pour une conne… » Tu as presque envie de dire que pour ça, c'est un peu trop tard. Il en a un. Il est là. Et tout le monde l'a déjà vu. C'est trop tard pour effacer les preuves. « et j’m’engage à botter l’cul à tous ceux qui tenteront de le faire. » Hm, c'est un peu frustrant qu'il arrive à te faire légèrement - très légèrement - sourire aussi facilement. « et… de compter sur toi pour voyager systématiquement en première classe. » Ces promesses sont faciles à tenir finalement. Il se mouille sans vraiment le faire.

« La prochaine fois, tu pourrais me prévenir au moins. » Parce qu'il n'avait vraiment pas eu l'air si surpris que ça de voir la photo. Peut-être qu'il avait juste une intuition. Il a dû remarquer qu'on les avait pris en photos. Le reste du calcul était facile à faire. Les photos se retrouveraient en première page bien assez rapidement. Ça t'aurait quand même éviter le choc et la surprise s'il t'aurait prévenu avant. « Tu veux entrer ? » Non, sûrement qu'il en a pas envie, mais tu proposes quand même au cas où. « J'te dois un café. » Et un petit-déjeuner. Vous n'aviez rien avalé encore depuis que vous vous êtes levé. La proposition est là. Tu comprends s'il la refuse. Vous vous reverrez à son retour c'est tout.

Elle est pas forcément réceptive à mon etreinte mais au moins, elle me repousse pas. J’ai l’impression de gagner la bataille doucement et que peut être on va finir par discuter sans à avoir à hausser la voix et se faire la gueule comme des gosses. « T'avais dit deux minutes. Tu peux pas changer les règles en cours de jeu. » bon, deux minutes, je prends déjà, ca veut dire qu’elle a l’intention de garder cette règle en place et ca m’convient bien. Je sens que de toutes façons, les vingts minutes finiront par arriver bien assez vite. Et si elle recommence à prendre de l’avance, c’est bien aussi. D’ailleurs, ça veut dire que celui auquel j’ai eu droit hier, ca compte pour aujourd’hui ? Merde, si ça s’trouve elle a oublié.
C’est un micro sourire que j’vois sur son visage et je sens que mon corps entier se détend à l’instant même. Mes muscles sont moins crispés, ma respiration se veut plus douce. J’avais jamais eu l’impression de ressentir ce genre de chose jusqu’à présent. Me faites pas dire ce que j’ai pas dis. « La prochaine fois, tu pourrais me prévenir au moins. » « tu dormais. » je remets une mèche en place qui venait lui couvrir le visage. « j’ai vu ça en m’réveillant plus tôt, j’me suis rendormi, parce que ça n’avait pas d’importance… pour moi, en tout cas. » j’ai bien compris que c’était pas le cas pour elle. « Et j’pensais pas que ça finirait par intéresser qui que ce soit, j’avais même oublié. » pas oublié que j’avais fais venir Lexie chez moi, pour la sortir de ce merdier, mais oublié qu’il y avait eu des flash de notre entrée dans le taxi. « t’es belle quand tu dors. » et j’ai pas envie de gâcher ce moment non plus. « t’es belle tout court. » qu’elle me fasse pas dire ce que je pense pas non plus. « Tu veux entrer ? »  je relève les yeux vers la porte, me demandant si le musicien serait présent, c’est ce qui me fait hésiter un moment. « J'te dois un café. » je pose à nouveau mes yeux sur elle et fini par hocher la tête. « j’t’avoue que j’ai aussi faim. » parce qu’on était finalement repartis le ventre vide aussi. « Y a personne chez toi ? » y a pas l’air d’avoir de mouvement derrière les fenêtres non plus, mais il est tôt encore, si ca s’trouve, il dort encore. « Il est toujours là ? » que je questionne, curieux, presque jaloux ? Nan, enfin…

« tu dormais. » Trop facile, mais c'est sûrement vrai. C'est pas comme s'il avait eu une avertissement avant que la nouvelle sorte. C'est chiant aussi de pas pouvoir lui en vouloir là dessus. « j’ai vu ça en m’réveillant plus tôt, j’me suis rendormi, parce que ça n’avait pas d’importance… pour moi, en tout cas. Et j’pensais pas que ça finirait par intéresser qui que ce soit, j’avais même oublié. » « Oublié. » que tu répètes après lui en te demandant comment c'est possible d'oublier un truc pareil. L'idée de lui redemander si Lexie était bel et bien la propriétaire de ses vêtements te revient à l'esprit. De quoi faire retourner cette conversation du mauvais sens. Tu sais déjà qu'il va dire que oui. Il se serait rapidement défendu si ça n'avait pas été le cas. Tu sais pas trop pourquoi tu veux l'entendre à voix haute. Heureusement pour lui - et pour toi - la réponse à cette question restera encore un mystère pour l'instant puisqu'il ouvre la bouche avant que tu le fasses. « t’es belle quand tu dors. » Quand tu dors. Sûrement parce qu'il n'est pas mort de peur de se dire qu'il pourrait dire quelque chose que tu vas mal prendre quand tu dors. « t’es belle tout court. » qu'il reprend ensuite. Comme si un simple compliment pouvait suffire à oublier le reste. Ça suffit pas, mais c'est un début sans doute.

« j’t’avoue que j’ai aussi faim. » Bon, reste plus qu'à espérer que Jet ne se soit pas tiré juste après avoir vidé ton frigo. Tu te retournes pour poursuivre ton chemin jusqu'à la porte de ta maison. « Y a personne chez toi ? » Tu tournes la poignée, c'est vérouillé. Encore heureux qu'il pense à fermer à clé avant de partir. L'idée que ce soit toujours verrouillé parce qu'il dort encore ne te passe pas par l'esprit une seule seconde. Il a un enfant. Il ne dort pas à une pareille heure. Il aurait été incapable de pas se mêler de ses affaires s'il vous avait vu dehors depuis tout ce temps. Ça lui aurais fait trop plaisir d'ajouter son grain de sel et de foutre la merde encore plus entre vous deux. « Je pense pas. » Pense, tu peux pas le lui promettre à cent pourcent. Tu retrouves tes clés et ouvre la porte. « Il est toujours là ? » L'état des lieux doit répondre à sa question. Putain ce que c'est déprimant rentrer ici. Bon si tu lui donnais le confort d'une chambre ce serait sûrement moins pire. Le mettre trop confortable c'est prendre la chance qu'il colle encore plus longtemps. « Il est supposé partir quand il trouvera autre chose. J'suis pas certaine qu'il cherche vraiment. » Entre le dire et le faire, c'est totalement différent.

Tu laisses ton sac et tes affaires dans l'entrée avant de filer directement vers la cuisine. C'est pas humain de commencer une journée sans café. C'est sûrement pour ça que t'es aussi apic. La faute de qui, hm ? Tu mets la cafetière en marche, ouvre une autre armoire pour prendre deux tasses que tu déposes juste à côté. Tu te retournes face au plan de travail, y dépose l'un de tes avant-bras alors que la paume de ton autre main sert à soutenir ta tête. « J'te jure que ce sera pas dégueulasse. » que tu lui dis en lui souriant. Au cas où, il soit encore traumatisé d'hier matin.

« Oublié. » j’vais pas rebondir, Elise a aussi tendance à oublier que ces derniers jours, j’avais pas tellement à lui rendre de compte et inversement. Et j’ai bien cru qu’on serait reparti sur le même schéma cette fois. J’pense que si elle m’avait fait le même coup,y aurait pas eu de retour en arrière possible. Ça va deux minutes d’être pris pour une girouette et j’crois que c’est bien parce que je commence a tenir a elle que j’essaie de me raccrocher aux branches et me dire que j’aurai fais en sorte que ça se passe au mieux avant de devoir lâcher l’affaire. Aucun regret comme on dit. Ou alors trop de regret pour avoir tant essayé. Elle qui voulait absolument que ma recherche de liberté soit lié à une mésaventure, c’est peut être justement pour éviter ce genre de mésaventure que j’y tenais tant, a cette liberté. J’ai l’impression de foncer dans un mur et pourtant j’suis incapable d’arrêter d’appuyer sur l’accélérateur.
J’ai une petite appréhension a rentrer chez elle, elle sait même pas si y a quelqu’un ou pas. Ça veut dire qu’il est toujours là, qu’il est pas parti. J’ai toujours pas capté qui était ce mec. Manquerait plus que finalement tout son discours sur la deuxième place me colle parfaitement à la peau. « Il est supposé partir quand il trouvera autre chose. J'suis pas certaine qu'il cherche vraiment. » Et ça veut dire qu’elle compte le laisser rester là autant de temps qu’il aura décidé ? je soupire. « et s’il compte pas partir ? » Elle compte faire quoi ? Parce que ça va pas me motiver à venir la voir si c’est pour être dérangé par les cru d’un bébé ou pire par un mec qui débarque à tout moment sans prévenir. J’fais pas dans le ménage à trois, encore moins avec un bébé qui traine par la.
Avant de rentrer chez elle, je jeté un œil à la moto, vaudrait sans doute mieux que j’la range au moins dans l’allée que de la laisser sur le trottoir comme ça. « J’arrive. » Je m’occupe de garer l’engin avant de revenir chez elle et constater qu’on sera bien seul, pour le moment en tout cas. C’est calme mais c’est toujours aussi bordélique avec des affaires qui lui appartiennent pas ici et là.
Le café, comme promis arrive vite et au moins, sa machine devrait mieux doser qu’elle. « J’te jure que ce sera pas dégueulasse. » je prends la tasse avec confiance. « ça devrait pas être dur. » je taquine encore, ça ira sûrement mieux après une tasse d’un non café. La première gorgée est prometteuse. « changes pas de machine. » ce serait peut être pas trop mal que j’investisse une bonne fois pour toute aussi. J’suis comme un con a rien dire de plus, en buvant mon café alors que j’fais une fixette sur Elise, et je me rends même pas compte du sourire qui accompagne mon regard. « C’est quoi le cadeau de Noël qui te ferait plaisir ? » Admettons que Noël soit en sa compagnie. C’était déjà un exploit de tenter de s’y projeter. Ça semble si loin. Ça semble surtout surréaliste que je sois capable de prononcer cette phrase. « c’est quoi la tradition, chez les Rinehart ? »

« et s’il compte pas partir ? » Hm, ouais, c'est aussi une possibilité, mais honnêtement, tu ne crois pas qu'il va s'éterniser ici éternellement. Ça lui pose problème que Jet vive chez toi, mais c'est pas un problème de ramener Lexie chez lui, c'est ça ? Tu te demandes ce qu'il aurait dit si c'était Jet et toi qui partageait la première page. Est-ce qu'il aurait toujours trouvé que ça n'avait pas d'importance ? Sûrement pas. « J'peux pas le mettre à la rue avec un bébé. » Bien sûr que la gamine joue beaucoup sur le fait que tu n'as pas juste fait une crise et mis toutes ses affaires dans des sacs poubelles. Elle n'a pas à payer pour les conneries de son père. Tu penses encore qu'il n'aurait jamais dû la garder. Elle aurait eu une plus belle vie sans lui. « J’arrive. » qu'il annonce en allant ranger sa moto correctement dans l'entrée alors que tu fais ton entrée dans la maison. Personne ne s'y trouve, mais elle est encore habitée. Il s'est sûrement tiré par fierté et reviendra chercher le reste de ses affaires quand il aura vraiment trouver un nouveau toit a mettre sur sa tête pour lui et Lola.

Tu t'occupes de mettre la cafetière en marche et les deux cafés sont prêt lorsque Dinis pointe enfin le bout de son nez dans la cuisine. « ça devrait pas être dur. » Bon, ça va quand même. C'était sûrement pas le café le plus dégueulasse qu'il avait bu dans sa vie. Y'a tous ses restos étranges où leur café goûte l'eau. C'était pire, non ? « changes pas de machine. » La première gorgée semble prometteuse. Tu portes à ton tour la tasse à tes lèvres. Par-fait. Tu devrais en prendre une deuxième pour chez lui. Si t'es pour passer plusieurs matins chez lui, ouais, c'est un besoin nécessaire. Parce que, évidemment, c'est plus simple d'acheter une autre machine que d'apprendre le bon dosage sur la sienne. « C’est quoi le cadeau de Noël qui te ferait plaisir ? » Qu'est-ce qu'il raconte là ? Il y a un sourire timide qui se place sur tes lèvres caché par ta tasse. C'est la question ou le regard qu'il pose sur toi qui t'intimide autant ? Sûrement un peu des deux. Merde, faut s'acheter des cadeaux de Noël ? Il se passe quoi dans le temps des fêtes ? Chacun de son côté, mais vous prenez une journée pour être ensemble ? C'est sûrement ce qui serait le plus raisonnable. « Je sais pas… » Parce que quand tu veux quelque chose, tu l'achètes et c'est tout. « Quelque chose qui n'est pas acheté par une secrétaire ça ferait changement. » La secrétaire de Saül était excellente pour te dénicher les plus beaux bijoux en primeur, mais ouais, ça veut rien dire quand ça vient de quelqu'un d'autre. « c’est quoi la tradition, chez les Rinehart ? » Il veut vraiment aller sur ce terrain là ? Il risque d'être déçu. « C'est de se trouver une défaite pour ne pas être présent. » Depuis que tu ne vivais plus en Italie, vous passiez tout votre temps des fêtes là-bas avec Saül. C'était plus facile d'éviter les réveillons de ton côté. Le dernier Noël a été particulièrement catastrophique, assez pour t'éviter ta famille à nouveau - moins tu les vois, mieux tu te portes. « J'vais en avoir besoin d'une nouvelle cette année. Ce serait un beau cadeau. » Qui coûte rien en plus. Pas d'Italie, ni de divorce en vue pour justifier ton absence. Damon sera sur les pages d'Hawaii avec sa femme. Ça s'annonce particulièrement déprimant comme Noël. « Il se passe quoi chez les Irish ? » Sûrement pas grand chose puisqu'il va voir sa mère avant le temps des fêtes et qu'il semble détester son père et ses soeurs. C'est plutôt pathétique finalement. Autant de son côté que du tien. À moins qu'il fasse partie de ceux qui passent ça entre amis.

« J'peux pas le mettre à la rue avec un bébé. » et je pouvais pas faire comme si y avait pas ce bébé dans l’équation, bien sûre qu’elle a raison, bien sûre que ça m’emmerde, bien sûre que j’vais pas l’encourager à foutre un nouveau-né dehors. Faudrait peut être l’encourager et l’aider à trouver autre chose alors. Puisqu’il a pas l’air de savoir se débrouiller tout seul, s’il faut jouer l’assistante sociale pour être débarrassé, j’suis prêt à l’faire. « c’est sans doute pas les appartements qui manquent à Brisbane. » et si sa musique lui suffit pas à avoir un salaire convenable, il fera comme tout l’monde, il ira travailler au fast food du coin, il parait que les restaurateurs sont en galères pour recruter. Il trouvera de quoi payer ses biberons et une nourrice pour sa gamine, j’me fait pas de soucis. Et le reste, j’m’en contre fou.
Au moins, dans l’immédiat, il est pas là. J’ai l’impression qu’on a tous les deux des choses à régler de nos côtés pour éviter des sujets qui fâchent et qui s’installent. J’prendrai mes responsabilités, mais j’espère qu’elle en fera autant de son côté. J’ai pas envie de me prendre davantage la tête maintenant, j’avais ma dose de compromis pour la journée. Changer de sujet, c’est ce qu’il y a de mieux à faire après le café. « Je sais pas… » ca va être une mission, ça aussi. Je crois que j’ai autant à demander conseil à Camille, pour le coup, j’suis sûre qu’elle saura exactement quel cadeau je pourrais bien prévoir. « Quelque chose qui n'est pas acheté par une secrétaire ça ferait changement. » Est-ce que je pouvais considérer Camille comme ma secrétaire ? C’est surement pas de ça qu’elle parle. Les amies, ça sert à ça, non ? « j’ai pas de secrétaire, donc ça tombe bien. » Bon, j’suis pas avancé en tout cas. Je reste sur ma position : demander conseil à Camille. « C'est de se trouver une défaite pour ne pas être présent. » pourquoi ça m’étonne pas ? « J'vais en avoir besoin d'une nouvelle cette année. Ce serait un beau cadeau. » ca m’fait sourire, si j’peux être une défaite pour elle et lui éviter de passer un mauvais moment. C’est pas comme si j’étais pris. « Il se passe quoi chez les Irish ? » qu’ils restent ensemble, j’me suis jamais mêlé à eux pour fêter les fêtes de fins d’année. « Il se passe qu’ils font comme s’ils avaient la meilleure famille. » sans doute vrai, de leur point de vue si on retire Dinis de l’équation. « J’ai toujours passé Noel avec Nicholas, depuis que je suis en ville. » mais ça, c’est fini. Ca fait quand même deux fois que j’évoque mon meilleur ami en deux jours. Putain, qu’est-ce qu’il manque à l’appel. Premier Noel sans lui d’ailleurs. J’ai pas envie de m’imposer à Amalia qui voudra surement rester avec sa famille, cette fois ci. « Je suis ta défaite. » que je lance en laissant échapper un soupire nerveux entre mes lèvres. « Enfin, si tu veux… » ça veut dire qu’il faut tenir encore un mois comme ça. Ça parait si loin et si proche à la fois.
La tasse terminée, je me lève pour la mettre dans l’évier. Sans me poser la question à savoir s’il y avait un lave-vaisselle qui ferait le taf. Revenant vers Elise, je me glisse derrière elle, me penchant sur son dos mes bras glisse sur sa taille. « J’espère que malgré tout, t’as passé un bon moment… » malgré les maladresses et les pas de côté. « je serai de retour en fin de semaine. » et il allait bientôt falloir que j’y aille pour boucler ce que j’avais à faire avant de partir. « Je crois que tu vas me manquer. » mon souffle s’écrase contre sa nuque et mes lèvres viennent s’y déposer un court instant.

« c’est sans doute pas les appartements qui manquent à Brisbane. » « Sans doute pas. » On dirait que ça l'agace qu'il soit là. C'est plutôt compréhensif. À sa place, tu aurais sûrement déjà demandé à ce qu'il parte. Il va partir. Tu sais juste pas quand. Et ce n'est pas le temps d'étaler les raisons pourquoi il est sans domicile. C'est pas de ses affaires. C'est même pas des tiennes. Jet apprécierait sûrement pas que tu parles de ça à quelqu'un d'autre, mais si tu aurais envie de lui faire confiance à Dinis sur le fait qu'il garderait cette information pour lui si tu le lui demandais.

Tu entres la première chez toi et Dinis arrive juste au moment où le café termine de couler. Sa question te prend un peu de court. Tu ne t'y attendais absolument pas. À croire que les chamailleries de toute à l'heure sont déjà oublié, et c'est temps mieux. « j’ai pas de secrétaire, donc ça tombe bien. » Ça tombe drôlement bien. Tu as envie de lui dire qu'il est pas obligé de se donner tant de mal, mais t'es quand même un peu curieuse tu dois l'avouer. Ça veut aussi dire que tu devras trouver quelque chose pour lui. Bon, essayer de trouver quelque chose qui lui ferait plaisir sans en faire trop. Des plans qu'il soit mal à l'aise que tu aies dépensé dix fois plus que lui. « Il se passe qu’ils font comme s’ils avaient la meilleure famille. » Ils ne font sûrement pas ça, mais tu te gardes une note mentale de ne plus parler des Irish. C'était pas vraiment eux le questionnement, mais lui plutôt. Il fait quoi habituellement ? « J’ai toujours passé Noel avec Nicholas, depuis que je suis en ville. » Ah, finalement c'est pas vraiment mieux comme réponse. Les premiers Noël, les premières fêtes d'anniversaire, c'est toujours les pires moments. Tu étires ton bras pour venir attraper sa main dans la tienne. « Je suis ta défaite. Enfin, si tu veux… » Voilà la réponse que tu attendais depuis toute a l'heure. C'est peut-être le temps d'avoir de nouvelles traditions. Autant pour lui que pour toi. « Bien sûr que j'veux. J'ai pas besoin de rien d'autre. » Si ça peut lui permettre de s'enlever la pression pour le reste.

Il va déposer sa tasse terminé dans l'évier. Déjà ? À croire qu'il est incapable de prendre son temps ou qu'il a vraiment hâte de s'en aller d'ici - ou c'est toi qui est trop lente avec ta tasse à moitié pleine ? Ton sourire arrive au même moment où il glisse ses bras autour de ta taille par derrière. « J’espère que malgré tout, t’as passé un bon moment… » Malgré tout. De vraies montagnes russes. Autant très haut que très bras. L'important, c'est que ça se termine bien, non ? Ouais vaut mieux qu'il parte maintenant avant que ça reparte dans l'autre sens. « Oui, ça m'a fait du bien. » Il y a longtemps que tu n'avais pas réussi à t'enlever cette charge mentale inutile que tu t'imposes, que tu n'avais juste pas profiter d'un bon moment au lieu de rester cloîtré dans ce cercle de malheur. « je serai de retour en fin de semaine. » Quelques jours, c'est rien. Ça va passer vite. De toute façon, ici ou là-bas, ce ne sera sûrement pas le seul moment où vous passerez quelque jours sans vous voir. « Je crois que tu vas me manquer. » « Hm, c'est vrai ? » Il pose un baiser sur ta nuque juste avant que tu te retournes face à lui. « Tu m'appelles quand tu veux. » Nuit et jour. Tu répondras. S'il en a le temps et l'envie, bien évidemment. Sinon, ça attendra son retour. Tes bras s'enroulent autour de ses épaules et tu grimpes sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Tu as une semaine de baisers à accumuler pour patienter jusque là.