« C’est le travail d’équipe. » Tu dirais pas que tu y es vraiment pour quelque chose. Tu n'as fait que couper les légumes. C'est pas comme si la coupe avait une quelconque importance. C'était juste moins long que s'il avait tout préparé tout seul. « Finalement, c’est pas une si mauvaise idée. » Dure de pas lui sourire en retour quand il sourit de pleine dents comme ça. C'est limite frustrant. « Ça dépend pour qui. » Qui est-ce qui briserait le plus les préjugés de l'autre ? C'est la hausse ou la basse société qui a le plus de préjugés envers l'autre ? Enfin, basse, il est sûrement plus classe moyenne Dinis. T'en sais rien. Tout ce qui n'est pas riche est pauvre à tes yeux. Y'a pas de milieu. « J’avais compris, t’as vu, j’ai pas rebondi. J’vais les garder pour moi. » Bon, peut-être que c'était le seul qui était vexant, mais c'est sûrement mieux qui les garde pour lui. À quoi ça sert de parler de ça de toute manière ? « J’suis désolé. » Tu fronces doucement les sourcils et secoues la tête de droite à gauche. T'aimerais bien lui reprocher de ne pas savoir s'exprimer en utilisant les bons mots, mais tu es exactement pareil. « Oublie ça. » que tu lui dis pour conclure une discussion qui n'a pas lieu d'être. Il n'a pas à s'excuser. « Tu pouvais pas savoir. » Au fond, c'est un peu ça le problème. Vous vous connaissez pas tant que ça. Il connaît pas tes sujets sensibles. Tu ne connais pas les siens. Mais lui, il est généralement plus ouvert que tu peux l'être. Ça viendra.

« T’as déjà fait de la moto ? J’voulais décrasser ma bécane. Ca fait un moment qu’elle est sous sa housse. Et comme on dirait qu’il va faire beau cet après midi…» Un coup d'oeil vers l'extérieur te confirme que le ciel semble vouloir s'éclaircir. Non, tu n'as jamais fait de moto. Ce serait une première. « Ca te dit ? » « Où est-ce qu'on irait ? » que tu demandes comme si ça avait vraiment son importance, comme si ça allait changer quelque chose à ta décision alors que pas du tout. « t’avais peut être quelques chose de prévu aussi ? » Non, rien au programme, ni aujourd'hui, ni ce soir encore moins cette nuit au cas où il se le demande. « Non, mais j'aimerais bien faire un saut chez moi avant. » Il devrait refuser. Ça sera bien trop long même si tu lui promets de faire ça vite. Les fringues de sa soeur, ça va, mais t'aimerais mieux retourner dans tes affaires à toi, surtout si c'est pour sortir en public - t'es le genre de princesse qui peut pas sortir de chez elle sama être maquillé, qu'il se considère chanceux d'y avoir eu droit deux fois, c'est deux fois de trop à ton goût. T'aimerais peut-être même ramasser deux-trois trucs au cas où l'idée de te garder une nuit de plus lui passerait par la tête. Sait-on jamais. Mieux vaut être préparé. « On peut faire un détour par là ? » T'as aucune idée de son trajet, donc aucune idée si c'est un détour ou non, mais ouais, c'est un peu non-négociable malheureusement pour lui. « Juste deux minutes. » que tu ajoutes comme si ça pouvait suffir à le convaincre.

La conversation est close. Elle a raison, c’est pas la peine de rester sur ça mais je retiens quand même que j’aurai réussi à lui décrocher quelques sourires. On avance, à petit pas, mais on avance. Peut être qu’un jour, j’aurai droit de voir une Elise qui rit aux éclats… du jamais vu. Prochain challenge ? Je sais pas quel genre d’humour peut la faire réellement rire. Mais avant de rire, on va voir si elle va rester sérieuse ou pas une fois sur une moto. Dans un sens, j’espère qu’elle est jamais monté dessus mais ça m’étonnerait beaucoup. Peut être un cliché de plus, mais j’ai l’impression qu’elle a déjà tout fait et tout vu et que c’est pour ça qu’elle a toujours un air blasé devant des choses qui pourraient faire rêver n’importe qui. « Où est-ce qu'on irait ? » je réfléchi, à voir comment elle supporte d’être derrière moi. « En une heure on peut être au parc de Lamington. En moins de temps on peut être à Gold Coast. Ça dépend de toi. » je sais toujours pas si elle a déjà posé ses fesses sur un siège de moto. Mais j’imagine que si l’idée la tentait pas, elle me l’aurait dit tout de suite. « Non, mais j'aimerais bien faire un saut chez moi avant. » On y serait rapidement, j’y vois pas trop d’inconvénient si ca se transforme pas en une pause de deux heures. « On peut faire un détour par là ? Juste deux minutes.» j’avale ma dernière bouchée de poisson avant de lui répondre tout en secouant déjà la tête. « Ouais, c’est bon. » deux minutes, en plus c’est parfait. « T’as besoin d’un truc ? » enfin, peut être qu’elle se sent pas de sortir en public avec les fringues de ma sœur sur le dos. « On remballe tout ça et on y va. » que je dis, me levant déjà en attrapant mon assiette tout juste terminée. « Finis tranquillement. » mes vieilles habitudes de célibataires ça, j’ai tendance à jamais m’éterniser à table, j’aime manger mais j’mange vite et ensuite, j’ai pas de temps à perdre. Je débarrasse, laissant juste l’assiette d’Elise pour qu’elle termine tranquillement. La vaisselle dans l’évier, ça attendra avant d’être lavé. Ça s’pourrait bien que ça reste là encore deux jours même. C’est pas la vaisselle qui manque. « J’vais m’habiller. » parce que le shirt et le t shirt ,c’était pas safe pour la moto. Je lui vole un baiser avant de disparaitre dans ma chambre et de ressortir quelques minutes plus tard avec un jean noir et ma veste en cuir. « faudra pas mettre de robe, pour la moto. » elle le sait sans doute déjà. J’ai toujours pas l’info sur son passif de motarde ou non. « Même si ça doit être motivant de te savoir en robe derrière moi. » J’reviens m’assoir en attendant que ce soit ok pour elle aussi. « J’vais préparer la moto, tu m’rejoins quand t’es prête ? J’suis dehors à gauche de l’immeuble. » la moto a la chance de pouvoir être abritée sous une pergola quand même. Je m’éclipse à nouveau, en ayant le sentiment de laisser Elise bien trop souvent seule dans mon appartement. Mais j’vais préparer la moto pour m’assurer aussi qu’elle soit encore en état de rouler. Les deux casques sortis, j’enfile le mien et tourne une première fois la clé pour lancer le moteur. Jusque-là, tout va bien.

« En une heure on peut être au parc de Lamington. En moins de temps on peut être à Gold Coast. Ça dépend de toi. » C'est quoi le but de partir si c'est pour aller à moins d'une heure d'ici ? Ton cul de princesse te remercie pas d'avoir une telle réflexion. « Le parc ça vient avec quatre heures de randonnées ? » Parce que si c'est son idée tu vas choisir Gold Coast. T'es pas l'amie de la nature au cas où il l'avait pas compris encore. Tu gagneras pas de deux minutes de massages là dessus. Tu es clairement plus une fille de ville qu'une de campagne. Ça ne surprend personne. Peu importe la destination finale, t'aimerais au moins pouvoir passer chez toi avant. Un petit détour de rien du tout. « Ouais, c’est bon. T’as besoin d’un truc ? » Plus qu'un si t'es pour pas rentrer chez toi encore ce soir. Il donne une destination, mais il n'a pas donné de date de retour. Il voulait des vacances, non ? Bon, on a vu mieux que Gold Coast comme destination voyage, mais c'est quand même assez près au cas où ça se passe aussi mal que la dernière fois. C'est pas une si mauvaise idée. « C'est un peu grand. » Pour dépanner ça va, mais t'as pas envie de passer la journée là dedans. Le tour de taille, ça va, c'est pas si mal. C'est en longueur de jambe que ça fait moins l'affaire. « On revient ce soir ou j'dois prendre plus d'affaires ? » que tu ajoutes. Voilà l'idée est lancée.

« On remballe tout ça et on y va. » Il avale le tout en deux bouchées et se lève déjà prêt à tout débarrasser. Ah ? « Finis tranquillement. J’vais m’habiller. » Il va poser son assiette dans l'évier et file dans sa chambre en t'embrassant au passage. Il vient vraiment de te laisser là toute seule ? C'est quoi l'urgence de partir si rapidement ? Finis tranquillement, tu comptes pas t'éterniser ici toute seule non plus. Dinis ressort au bout de quelques minutes alors que tu avales ta dernière bouchée et reviens prendre place en face de toi. « faudra pas mettre de robe, pour la moto. Même si ça doit être motivant de te savoir en robe derrière moi. » « C'était pas nécessaire de préciser, mais merci de l'info. » T'es capable de réfléchir au fait que tu pourras pas ouvrir les jambes assez avec une robe, sans compter le fait qu'elle prendrait dans le vent, tout ça. « J’vais préparer la moto, tu m’rejoins quand t’es prête ? J’suis dehors à gauche de l’immeuble. » Tu hoches doucement la tête. « J'te rejoins dans deux minutes. »

Et c'est là qu'il comprend que ton deux minutes et les siens ne sont définitivement pas les mêmes quand tu le rejoins un bon quinze minutes plus tard. Ce qui est quand même un délai plus qu'acceptable. T'allais quand même pas laisser la vaisselle sale dans l'évier. Déjà que si tu t'écouterais tu pourrais remettre en ordre son appartement au complet - non, ses affaires, les tiennes, son mode de vie et le tien, deux opposés. « J'suis prête! » Tu prends le deuxième casque que tu mets à ton tour. Tu te bats presque pas avec la ganse pour l'attacher. Tu y arrives juste à temps, évitant qu'il doive le faire comme à une enfant. Tu prend appuie contre son épaule pour venir t'asseoir derrière lui et venir enlacer tes bras autour de lui. Une heure à te coller contre lui ? Ouais, c'est une excellente idée.

En une dizaine de minutes, Dinis se gare chez toi. Tu redescends de la moto, retire le casque que tu poses sur le siège derrière lui. « J'me dépêche. » Tu l'inviterais bien à entrer, mais tu sais déjà qu'il n'en a pas envie. De toute façon, c'est juste pour deux minutes. Hm, hm. Le plus long, ça n'a pas été de te changer, ni même de prendre quelques fringues de rechange en quantité raisonnable, ça t'a pris deux secondes pour mettre une légère touche de maquillage histoire de te sentir un peu moins tout nue. Le plus compliqué a été de trouver une paire de chaussure convenable pour la balade. Mise à part des trucs à paillettes et des escarpins montés sur 10 centimètres, t'as pas grand chose. Bon, des ballerines, c'est tout c'que t'as. Tant pis, il va te juger. Elles sont blanches en plus. C'en est ridicule. « T'es pas déjà en train de perdre patience ? » que tu lui dis en revenant près de lui. Il a pas fini d'attendre après toi, qu'il l'accepte tout de suite, ça lui évitera bien des frustrations. Tu poses un baiser sur ses lèvres comme si ça pouvait suffir à pardonner l'attente juste avant de remettre ton casque sur ta tête. « J'ai rien d'autre. » Tu prends de l'avance avant qu'il ne critique ta tenue de sortie. T'as pas de robe. T'as suivit ses conseils. Sa soeur avait sûrement mieux comme choix.

« Le parc ça vient avec quatre heures de randonnées ? » j’ai dis qu’on partait faire une virée en moto, pas que c’était un trek de 3 jours. « j’suis partisan du moindre effort, ça arrivera pas. » et je connaissais des bons spots où y a pas forcément besoin de marcher 10 ans pour voir des coins sympas. J’ai des tendances faignants, ascendant flemmard. J’aime pas les grands marchés, j’aime pas avoir des courbatures pendant trois jours, j’aime pas en chier tout court. Je fais du footing de temps en temps, pour dire que, ça s’arrête la. J’ai du faire 4 randos dans ma vie, pas que c’est pas plaisant mais c’est toujours 5 heures de galère pour une vue dont tu profites vingt minutes. C’est pas rentable.
« On revient ce soir ou j'dois prendre plus d'affaires ? » j’ai une seconde d’inattention, sans trop savoir quoi répondre, j’ai rien prévu. Est-ce qu’on prendrait encore ce risque de se dire qu’on tente de passer plus de 48h ensemble ? On est à combien déjà depuis hier ? Moins de 12h la. Y a du mieux quand même. « prends, on sait jamais. » du coup, me faut un sac a dos en plus, avec la moto on peut pas non plus trop prévoir. Ça passera dans le coffre sous le siège. Je prends quelques affaire en me changeant, je laisse Elise quelques temps pour aller préparer la moto.
C’est pas deux minutes que j’attends et j’finis par griller une clope en attendant, tout en en profitant pour donner deux ou trois coups de chiffons pour bien faire briller. Comme si j’avais quelques chose a prouver. Quel con.
Partis en direction de chez elle, je la sens plutôt a l’aise derrière moi et c’est pas déplaisant de sentir ses bras autour de ma taille. J’ai hâte de voir si elle s’aggripera bien plus que ça avec plus de vitesses sur les grands axes. « J’me dépêche. » qu’elle dit avant de filer chez elle alors que j’essaie de guetter si j’vois son musicien a travers une fenêtre. Mais j’y vois absolument rien. J’ai le temps d’me demander où on pourrait réellement aller. J’ai plutôt tendance à me dire que le parc sera plus agréable. Je cherche si y a pas un hôtel où on pourrait dormir pour la nuit. J’crois avoir trouver un truc sympa… j’verrai avec elle quand elle reviendra si elle veut donner sa validation ou si j’peux me réserver le droit de lui faire la surprise. J’ai l’impression de pas me tromper en tout cas … on verra si j’ai juste.
« T’es pas déjà en train de perdre patience ? » je relève la tête quand je l’entends enfin, j’ai même pas entendu ses pas arriver vers moi et quand je vois les chaussures qu’elle porte, je comprends mieux. Je me pince les lèvres, pas habitué de la voit habillée comme ça. « j’me suis occupé. » je glisse le téléphone dans la poche de ma veste en la refermant bien. « J’ai rien d’autre. » je la laisse s’installer a nouveau derrière moi. « va falloir investir dans une tenue pour la moto alors. » Et aucun scrupule à fantasmer de la voir dans une tenue en cuir de la tête aux pieds. « j’ai trouvé un hôtel. A lamington Park. Tu veux savoir ou tu me fais confiance ? » Question piège ça non ? Je remets mon casque et prête attention à ce qu’Elise soit bien installée derrière moi avant de partir. « Pince moi la cuisse si t’as besoin d’un truc. »
On est rapidement en dehors de la ville et l’autoroute prend le relai des feux rouges et à toute la circulation infernale. La vitesse accélère et les sensations peuvent commencer. J’ai pas tendance à faire l’idiot en moto,je roule un peu au dessus des limitations, mais je fais très attentions aux autres véhicule. Pas de risque bêtes, encore plus quand je suis pas seul. Le trajet a l’air de bien se passer et comme prévu, en une heure on arrive au parc. Les routes y sont plus sinueuses, c’est l’heure de la première pause. « ça a été ? » Je demande en descendant du bolide et aidant Elise a en faire autant en lui tendant la main. « a 15 minutes y a une première cascade. Ça te dit ? Si non, on va directement à l’hôtel… » a elle de voir. Je l’attrape rapidement pour la tirer vers moi et glisser mes mains sur ses hanches. « y a tout ce qu’il faut pour que tu puisse te reposer et repartir en pleine forme. » mes lèvres retrouvent les siennes avec une impression de manque, déjà.

« j’me suis occupé. » qu'il dit en venant glisser son téléphone dans sa poche. S'occuper à quoi ? Il vient de mettre sur pause ses applications de rencontres ? Sûrement pas son genre. Il te regarde de haut en bas. C'est pas un genre de regard qui se rince l'oeil. C'est le genre de regard qui dit t'as bien compris où on s'en va ? Ouais, très bien compris. T'as fait au mieux avec ce que tu avais chez toi. « va falloir investir dans une tenue pour la moto alors. » Ouais, ouais, on verra pour une tenue de moto si ça en vaut vraiment la peine. Pas que tu sois vraiment pessimiste (oui), tu as juste pas envie de fonder des espoirs dans quelque chose qui débute à peine. C'est toujours beau les débuts, les papillons dans le ventre tout ça. Hm, à suivre si cette balade se reproduira dans le futur. Tu remets ton casque avant de te réinstaller derrière Dinis. « j’ai trouvé un hôtel. A lamington Park. Tu veux savoir ou tu me fais confiance ? » Comment poser une question en choisissant la réponse ? Voilà exactement comment. Tu ne peux pas dire que tu ne fais pas confiance en ses choix. Tu aurais sûrement mieux aimé régler ça toi-même, avec ton budget. Disons simplement que tu lui laisses le bénéfice du doute pour l'instant et que tu verras pour la prochaine fois si tu lui fais toujours confiance. « J'te fais confiance. » Comment répondre autre chose ? Pourtant, t'es convaincu que ses quatre petits mots lui font vraiment plaisir. Ils contrastent sûrement avec d'autres balancés impulsivement quelques semaines plus tôt. « Pince moi la cuisse si t’as besoin d’un truc. » Tu acquiesces d'un signe de main. Tes bras retrouvent rapidement, et facilement, leur place autour de la taille de Dinis alors qu'il remet la moto en marche.

Au bout d'une heure, les paysages du parc de Lamington se dessinent tranquillement. Dinis trouve une place pour se garer et coupe le moteur. Tu prends la main qu'il te tend pour descendre du siège à ton tour. Ce n'est qu'un coup les deux pieds par terre que tu réalises à quel point c'était pas si confortable que ça. « ça a été ? » Tu lui fais signe que oui en retirant le casque. Bon, quelle tête que t'as après une heure avec un casque sur la tête et les cheveux qui virevoltent au vent à toute allure ? Un coup d'œil rapide dans le rétroviseur te confirme que c'est un désastre. En une minute, l'élastique à ton poignet te permet de remonter tes cheveux en chignon. Désastre presque sauvé. « a 15 minutes y a une première cascade. Ça te dit ? Si non, on va directement à l’hôtel… » « 15 minutes, j'devrais survivre. » que tu lui réponds en souriant doucement. Tu dis pas non à aller te dégourdir un peu les jambes après être resté assise aussi longtemps. Ce qui fait élargir ton sourire, ce sont ses mains qui attrapent tes hanches pour t'approcher de lui. Automatiquement, tes bras s'enroulent autour de ses épaules. « y a tout ce qu’il faut pour que tu puisse te reposer et repartir en pleine forme. » Tes bras se resserrent autour de lui lorsqu'il vient t'embrasser. « J'ai hâte de voir ça. » Tout à l'heure, pas maintenant.

Tes doigts viennent se lier aux siens alors que tu le suis dans le chemin boisé qu'il semble connaître par coeur. Quinze minutes plus tard, comme promis, vous arrivez au pied d'une cascade. Tu enlèves tes chaussures, remontes le bas de tes pantalons alors que tu viens t'asseoir pour baigner tes pieds dans l'eau. L'eau est chaude, mais toujours moins que la température extérieure. Ça rafraîchit quand même. « Pas mal. » L'eau, le soleil qui brille et la tranquillité. Quoi demander de plus ? Bon dans un parc national, vous ne serez pas tranquille très longtemps. Quand même. Reste à savoir si l'hôtel en question va conclure la journée d'une bonne façon ou pas. « T'es venu ici souvent ? » que tu lui demandes en te demandant toi même si ce n'était pas la première fois que tu y mettais les pieds. Tu connais presque toutes les villes de l'Australie par coeur. Ses parcs, beaucoup moins. Fille de ville on disait.

Va savoir pourquoi le fait qu’elle me dise aujourd’hui qu’elle me fait confiance me fait presque autant plaisir que j’avais été touché qu’elle me dise le contraire il y a quelques semaines. Ca balance toujours d’un côté ou de l’autre. Cette fois, ça balance du bon côté. Et je garde cette phrase en tête pendant la quasi-totalité du trajet. En ayant la pression tout de même, mais j’étais sûre à quatre vingt dix neuf pour cent que je ne me tromperais pas et qu’elle aura eu raison de me faire confiance. C’est sans doute pas l’hôtel le plus cher du coin, c’est sans doute pas un palace comme elle doit avoir l’habitude de fréquenter, mais c’est pas non plus un camping, et les quatre étoiles sont surement pas seulement décoratives. Les quelques photos que j’en avais vu me mettaient la puce à l’oreille et les commentaires étaient eux aussi encourageant. Si avec ça, madame n’est pas satisfaite, j’allais laisser toute tentative d’organisations de côté.
Quinze minutes de marche à travers bois, ça descend un peu, ça glisse par endroit, mon attention est illimitée, à la fois pour pas tomber moi-même et surtout, pour qu’Elise reste en totale sécurité. Je sens qu’à la moindre glissade, ça peut être un ticket direct pour un retour à Brisbane. Quelques chose me dit qu’elle doit pas souvent être tombée sur le cul dans de la terre humide. Mais tout va bien, personne n’est tombé, personne ne s’est pris une branche en plein visage, personne n’a de raison pour faire demi-tour. On arrive au pied de cette cascade. Je la connais bien, je pense d’ailleurs que c’est celle que je connais le mieux, j’ai eu l’occasion d’en faire des photos, des dizaines, toutes différentes à chaque fois. Y a pas deux jours où cette cascade se ressemble, par son débit, par les reflets du ciel, pas les rayons du soleil qui percent entre les feuilles des arbres. Tout est toujours différents. Aujourd’hui, le débit est pas mal, mais on va sans doute pouvoir s’approcher sans risquer quoi que ce soit. « Pas mal. » pas mal. Elle a du mal à s’émerveiller de la nature, on dirait, mais c’est pas mal alors je prends. Alors qu’elle trempe juste ses pieds, de mon côté, je commence à retirer tous mes vêtements, gardant uniquement mon caleçon sur moi. « J’espère que tu comptes en faire autant. » j’espère, mais j’y crois pas tellement. Elle osera jamais.
Je suis pas un jeune fou qui va plonger la tête en première, même si, il y a une quinzaine d’années, je l’aurais fais, je l’ai déjà fait même, mais j’ai sans doute perdu un peu d’insouciance depuis. Si l’idée de me fracasser le crâne ne m’était jamais venu en tête, cette fois, j’ai un peu tous les scenarios qui me viennent, alors, la prudence, c’est très bien. « T'es venu ici souvent ? » me voilà tout entier dans l’eau, nageant doucement pour rester dans le coin. « Ca doit faire cinq ans que j’ai pas mis les pieds ici. Mais y a une dizaine d’année, on venait régulièrement ici. » on, c’est Nicholas et moi, avant qu’il ait ses gosses, avant qu’il ait sa petite famille, quand on pouvait partir sur un coup de tête entre pote sans qu’Amalia lui fasse la gueule parce qu’il a des enfants. Ca, aussit, on a connu et rapidement, on a vite stoppé. « tu m’rejoins ? » ca ressemble presque à un supplice. Pour l’instant, y a personne, c’est l’occasion d’en profiter. Tant pis, si elle a pas prévu de maillot de bain, y a aucun règlement qui l’oblige ici. « tu crains rien. » je tente de la rassurer par avance. Peut être qu’elle a peur de l’eau, peut être qu’elle sait pas nager, j’en ai aucune idée au fond. « y a pas de grotte cachée derrière la cascade, on va pas pouvoir faire comme dans les films. » ca m’fait rire, vraiment dommage ouais. Je reviens vers elle, pour venir poser mon menton sur ses genoux et lever les yeux vers elle. Mon visage vient tremper son pantalon et j’espère qu’elle m’en tiendra pas rigueur. « elle est vraiment bonne. » un argument de plus ? Elle doit sans doute s’en être rendu compte puisqu’elle y trempe déjà ses pieds. « s’il te plait. »

Tu t'installes sur le bord de l'étendue d'eau pour venir y tremper tes pieds. Dinis, lui, il fait les choses en grand en commençant à retirer tous ses vêtements. Tu peux pas dire que ça te surprend vraiment. « J’espère que tu comptes en faire autant. » Un regard en sa direction te confirme qui lui reste simplement son caleçon en place. « Dans tes rêves. » Hors de question que tu te mettes à moitié à poil dans un parc national. Y entrer avec tous tes fringues, c'est pas l'idée du siècle non plus, alors non, tu ne comptes pas en faire autant, ni même tremper plus loin qu'en ce moment. « Ca doit faire cinq ans que j’ai pas mis les pieds ici. Mais y a une dizaine d’année, on venait régulièrement ici. » qu'il dit en entrant dans l'eau. « C'est qui ça on ? » que tu lui demandes en espérant ne pas regretter d'avoir posé la question. T'es pas trop intéressé d'en savoir plus sur sa romance d'il y a dix ans aux chutes du Lamington Park. Des plans que ça te vexe qu'il t'es amené dans un endroit où il a déjà d'autres souvenirs avec une autre fille.

« tu m’rejoins ? » Ah, il insiste en plus ? Tu as déjà répondu à cette question là. Ton regard suffit sûrement à le lui rappeler. « tu crains rien. » Il joue sur l'égo en plus ? Bien essayé. Quand t'as quelque chose en tête, c'est presque impossible de te faire changer d'avis. « J'ai pas peur. » Peur de rien, il se souvient pas ? « y a pas de grotte cachée derrière la cascade, on va pas pouvoir faire comme dans les films. » Encore moins tentant. Tu vois déjà tout ce que tu as à voir de l'endroit où tu te trouves. Il nage vers toi, jusqu'à venir poser son menton contre ton genou en levant les yeux vers toi. Tu souris doucement en glissant une main dans ses cheveux détrempés. « elle est vraiment bonne. » Tu l'as déjà remarqué, oui. Il ne lâche vraiment pas l'affaire. « s’il te plait. » Une supplication de plus et te voilà qui hésite pendant quelques secondes. Ton regard balaie l'endroit d'un coup d'oeil. Y'a personne. Ni aucune voix au loin qui annoncerait l'arrivée de quelqu'un. Pour combien de temps ? La raison te rattrape rapidement. Non, toujours pas envie de te déshabiller dans un lieu public. « J'suis très bien au sec. » Comme si c'était vraiment le fait d'aller te mouiller qui te dérangeait. « J'pourrais y passer toute la journée. » que tu ajoutes en levant la tête vers le ciel. Tes yeux se referment pour ne pas être aveuglé, mais également pour profiter des rayons de soleil qui caressent ton visage. Il devrait installer des chaises longues ici. Tu t'y serais endormi en deux secondes et te serais probablement réveillé des heures plus tard rouge comme un homard. « C'est loin d'ici l'hôtel ? » que tu lui demandes en reposant ton regard sur lui. Vous devez rembarquer sur la moto où vous êtes tout juste à côté ? Ou pire vous devez vous enfoncer un peu plus dans la nature et c'est une espèce de hutte qui n'a pas l'eau courante ? Peut-être que tu devrais plonger si c'est pour être ton seul bain de la journée.  Non, non, il n'oserait jamais. Il veut gagner des points, pas en perdre.

 Dans mes rêves, cette spontanéité me fait rire de bon cœur, autant j’en suis déçu d’ailleurs. J’vais sûrement devoir attendre d’être à l’hôtel pour avoir droit à jouer un peu avec elle dans l’eau. Elle s’attend peut être pas a avoir une piscine dans laquelle elle pourra se baigner de jour comme de nuit. Tant pis, je reviendrai à la charge plus tard, de mon côté, je vais piquer une tête sans me faire prier. « C’est qui ça on ? » est-ce que j’entends une pointe de jalousie dans sa voix ? Est-ce que c’est le moment d’en jouer ? Non, clairement pas. Elise change les règles du jeu, pas de provocation gratuite avec elle, elle est bien trop premier degrés pour me le permettre, j’espère qu’un jour, elle en changera, qui sait. « Nicholas » c’est la que je sais jamais si je dois parler de lui au passé ou au présent. « Mon meilleur ami et meilleur avocat » j’en retrouverai pas deux comme lui. « il m’a tout appris sur comment ruiner quelqu’un tout en pouvant rester safe. Garder l’anonymat, c’est lui. J’ai clairement grillé la règle capitale avec toi. » que je lance avec un sourire débile sur les lèvres, puis redevient on n’peut plus sérieux. « il est décédé. » mais c’est comme ça, la vie. Pleine de surprises, bonnes et beaucoup moins bonnes. « on a passé des heures ici. A faire les cons. Et il a eu une famille. » Dommage, on a fait les cons autrement.

J’insiste a nouveau, pour qu’elle vienne, mais elle est coriace. Elle lâchera pas. . « J'suis très bien au sec. » elle le restera pas totalement, c’est sur. Je réponds pas mais je la regarde juste profiter de la chaleur du soleil, des rayons apaisants et du calme qui règne. Pas de bruit urbains, rien. Qu’elle est belle.« J’pourrais y passer toute la journée. » « on a tout notre temps. » mes mains prennent appui sur le rebord de chaque côté de ses jambes et je viens m’elancer pour retrouver ses lèvres et les lier avec les miennes d’un baiser, j’entraîne avec moi de l’eau et mon torse trempé se colle à son haut, j’avais dis qu’elle resterai pas totalement au sec. Elle va pas en mourir. « C’est loin d’ici l’hôtel ? » je retourne dans l’eau et tente de calculer la distance par rapport a ici. « me semble qu’on doit reprendre la moto une bonne dizaine de minutes. T’es pressée ? »

« Nicholas » Ah. Nicholas. Aucune idée qui sait, mais tu préfères ce nom à n'importe quel Natascha du monde. Déjà jalouse, ça commence très bien. « Mon meilleur ami et meilleur avocat » C'est plus fort que toi, tu lèves les yeux au ciel. Il vient vraiment de placer son avocat dans une conversation ? Le meilleur, pff c'est parce qu'il a pas encore rencontré le rien. Il ne ferait qu'une bouchée de son Nicholas si vous veniez par mettre les papiers de divorce sur la table un jour. Enfin, le divorce semble bien loin dans vos pensées en ce moment. « il m’a tout appris sur comment ruiner quelqu’un tout en pouvant rester safe. Garder l’anonymat, c’est lui. J’ai clairement grillé la règle capitale avec toi. » Sa dernière phrase te fait sourire même si le reste un peu moins. Ça déjà été toi celle qui ruinait en restant safe. Enfin, ruiner, disons juste qu'il sait fait un beau paquet de fric sur ton dos. « il est décédé. » Son air redevient soudainement plus sérieux et tes sourcils se baissent tristement. Toujours malaisant ce genre d'annonces. Ta main se glisse soudainement contre sa joue. Mh, ouais, tu vois qui c'est. Tu ne le connais pas personnellement, mais tu le connais de nom. « on a passé des heures ici. A faire les cons. Et il a eu une famille. » Ça sonne si fatal d'avoir une famille dans sa bouche à lui. Tout le monde autour de lui a grandit, a fait sa vie d'adulte sauf lui finalement. Est-ce qu'il regrette ? Il sera peut-être trop tard le jour où il va le regretter. « J'suis désolé. » Qu'il soit décédé, pas qu'il ait eu une famille.

L'ambiance change tout d'un coup alors que Dinis tente de te convaincre de le rejoindre dans l'eau; échec total. « on a tout notre temps. » Effectivement, c'est le but des "vacances". Dinis se tire en dehors de l'eau pour venir t'embrasser et ne manque pas de te mouiller au passage. Il l'a fait exprès, bien sûr. Il doit sûrement sentir ton sourire sur ses lèvres alors que tu poses une main sur son torse pour le repousser dans l'eau à peine vos lèvres effleurées. « me semble qu’on doit reprendre la moto une bonne dizaine de minutes. T’es pressée ? » « Non, curieuse. » Absolument pas pressé, mais bien curieuse de voir ce qu'il a bien pu dégoter comme hôtel pas loin d'ici. Tu n'as absolument aucune idée de ses plans, sans savoir si la surprise est excitante ou terrifiante. Ça attendra encore un peu avant de le savoir. « Retourne-toi. » Encore un ordre. Tu lui retournes même les épaules toi-même pour qu'il obéisse. Il n'a d'autre choix que de suivre le mouvement. Tes jambes dans l'eau se resserrent autour de lui comme si tu avais peur qu'il se sauve. Tes mains se glissent contre ses épaules, les masses doucement, s'égarent sur sa nuque, puis sur le haut de son dos qui n'est pas immergé sous l'eau. « J'prends de l'avance pour plus tard. » Pour les dizaines de deux minutes que tu as déjà accumulées et les dizaines d'autres à venir. Tu perds un baiser contre sa nuque avant de te redresser et de reprendre ton massage.

elle est désolée et y a rien à ajouter de toute façon. Elle a même pas à être désolée pour quelques chose dont elle est pas coupable. La seule personne qui doit être désolé mais qui n’a quand même pas le droit de l’être a l’heure qu’il est, c’est ce chauffard qui a pris la vie de Nicholas et qui a surtout pris la fuite ensuite. Et je comprends pas comment il peut toujours être en liberté sans qu’on ait pu remettre la main sur lui. Nicholas qui a toujours défendu la justice aura même pas sa propre justice. Ça, c’est a gerber. Mais c’est pas le moment pour les débats et pour refaire le monde. Y a rien qui le ramènera jamais. Et puis, je sais combien c’est insupportable d’être la personne à qui ont dit que quelqu’un est décédé, qu’on le connait pas en plus. On sait jamais comment réagir. Bien sûr que c’est gênant, bien sûre qu’on va pas se mettre à rire à gorge déployée mais après ? Bah rien. J’ai pas envie de l’emmerder avec ça. Même moi, ça m’emmerde. Elle aura l’occasion d’entendre parler de Nicholas pour les bonnes choses, pas pour sa mort.

Elle râle pas, elle me repousse dans l’eau mais elle râle pas. Et je vois cette petite lueur dans ses yeux qui dit qu’elle est toujours aussi bien qu’elle l’avait dit. Elle est pas en sucre Elise. C’est pas un peu d’eau qui va la faire s’énerver. Je devrais peut être être moins prudent avec elle mais j’avoue que j’ai aucune envie de ruiner ce moment par un faux pas qui pourrait tout faire basculer. « Retourne-toi. » j’ai deux seconde d’hésitation, pourquoi je devrais me retourner ? Son regard est suffisamment convaincant pour que je finisse par le faire. Et ses jambes viennent s’emparer de moi pour me bloquer près d’elle. Elle va me monter dessus ? Je souris intrigué et ce sont ses mains qui se posent sur mes epaules, commençant un massage et ses doigts m’emportent déjà totalement ailleurs. « J'prends de l'avance pour plus tard. » ah c’est donc ça. « t’as peur que je t’emmène dans un trou miteux ? » Je dis sans aucun reproche, parce que même si c’était le cas, ça m’fait déjà gagner des minutes de détente. « t’es doué » je viens me caler un peu plus contre elle, la laissant poursuivre tant dis que mes mains viennent se glisser sur ses jambes, mes pouces la caressent doucement. « a quoi tu t’attends ? » J’suis curieux de savoir ce qu’elle aurait déjà a se faire pardonner. « tu peux y aller, j’suis pas susceptible » normalement.

Il a l'air sceptique quand tu lui demandes de se retourner, mais il s'exécute quand même. Tu ne peux pas voir son visage, mais t'es persuadé qu'il sourit à tes paroles. « t’as peur que je t’emmène dans un trou miteux ? » Ses mots te le confirment. Bon de l'entendre te le dire, tu te sens presque mal de l'avoir pensée. Le truc c'est que vous n'avez pas la même définition de trou miteux. Ses trous miteux sont sûrement bien plus miteux que les tiens. Ça te prend pas grand chose. Son appartement est à la limite de l'être. « C'est pas ce que j'ai dis. » Déjà sur la défensive. Ou c'est peut-être parce que tu veux pas le vexer. Tu ne saurais dire. Il semble tout de même apprécier le moment puisque tu le sens se caler un peu plus contre toi alors que son corps se détend sous tes mains. « t’es doué » « Ça te surprend ? » Hm, c'est vrai que c'est quand même surprenant. C'est pas comme si c'était le genre de moment que tu avais l'habitude d'avoir avec Saül ou n'importe qui d'autre. Tes seuls expériences massages, ce sont dans des spas avec des professionnels.

« a quoi tu t’attends ? » T'attendre de quoi ? De l'hôtel miteux ? De lui ? De comment se terminera cette journée ? Tu oses espérer pas en catastrophe. Votre moyenne n'est pas très bonne pour l'instant. Honnêtement ? Tu n'as absolument aucune idée à quoi t'attendre. C'est sûrement ça le plus terrifiant. « tu peux y aller, j’suis pas susceptible » Dans la mesure où t'es pas trop blessante apparemment. Tu as presque envie de lever les yeux au ciel tellement tu trouves que ses paroles ne font pas de sens. Il t'aurait pas fait la gueule aussi longtemps - et autant de fois - s'il n'était pas un peu susceptible. « On s'est déjà beaucoup disputé pour quelqu'un de pas susceptible. » Et tu n'as franchement pas envie de retourner sur ce terrain glissant. Mieux vaut passer au prochain appel. « J'comprends pas pourquoi tu me laisses pas m'occuper de ça. » que tu ajoutes simplement en guise de réponse. Il ne t'a même pas laissé payer un taxi depuis les dernières semaines. Il paie tout. Absolument tout, alors qu'il n'avait jamais voulu dépenser un seul dollar pour toi - et avec raison, tu n'as pas besoin que qui que ce soit ne dépense de l'argent pour toi. Il devrait te laisser gérer ça. Ce sont des dépenses inutiles pour lui qui a peut-être besoin de cet argent pour le mettre ailleurs. Il veut prouver quelque chose ? Il n'a rien à prouver. Il ne peut rien prouver non plus.

Tes mains sur ses épaules glissent doucement vers son torse alors que ta tête vient se poser sur la sienne. Au loin, des voix commencent à s'élever. Hm, c'en est déjà fini de la tranquillité. « On y va dans ton trou miteux ? » C'est lui qui l'a dit le premier. Tes bras se resserrent quelques secondes autour de lui, juste le temps de poser un baiser contre sa tempe avant de le relâcher.

« C'est pas ce que j'ai dis. » elle se raccroche au branche, elle l’a sûrement pensé. Et j’suis sûre d’avoir un coup d’avance sur elle. Elle veut pas que nos deux mondes se rencontrent et c’est pourtant a chaque fois qu’on sortira ensemble ou qu’on sera ensemble que nos deux mondes se rencontreront. On aura pas le choix, mais si elle préfère croire que ça concerne juste les soirées mondaine ou moi je serai toujours du côté des petits employés et elle du côté des Grands, autant laisser faire. Elle se rendra vite compte que ce sera pas possible et quand elle s’en rendra compte, je sais pas quelle sera l’issue. Ça passe ou ca casse. Pas envie d’y penser. Pour le moment j’me contente de profiter de ses doigts qui chauffent mes cervicales, ça fait du bien. Moi aussi, j’pourrais rester là éternellement. « Ça te surprend ? »« c’est pas ce que j’ai dis » que je réponds en écho à ses paroles.« je savais pas a quoi m’attendre, ça fait du bien. » et c’est tout. Cette fois ci, c’était pas un préjugé. C’est donné a personne de savoir faire un bon massage.
« On s’est déjà beaucoup disputé pour quelqu’un de pas susceptible. » ça m’fait sourires, un point pour elle. « faut croire que parfois, je suis moi-même imprévisible. » ou peut être que les paroles me touchent un peu plus quand elles viennent d’elle. Mais la, je demande. Si sa réponse est pas uniquement dans le but de me faire mal, ça passe. Pas comme l’autre fois où elle est parti sans rien comprendre. « J'comprends pas pourquoi tu me laisses pas m'occuper de ça. » de ça quoi ? J’regarde la cascade plus loin, l’eau qui chute de plusieurs mètres de haut. Y a quinze ans, on sautait sans réfléchir. J’le referai plus. J’hausse les épaules.« j’ai envie de te surprendre. » peut être de lui prouver que je suis pas un raté. J’en sais rien. « c’est pas un vieil ego de Maccho non assumé qui veut absolument gérer à la place de la femme. » j’ai aucun problème à ce que ce soit elle qui soit plus influente que moi, la femme d’affaire et l’homme de main. C’est pas moi qui ça dérange.
Son menton vient se poser sur ma tête et ses mains s’emparent de mon torse, je confirme, je pourrais rester là toute la journée. Sauf qu’on entend des voix, qui ont l’air jeunes en plus. Des gamins sans doute qui vont venir troubler notre tranquilité. « On y va dans ton trou miteux ? » j’acquiesse. J’vais être trempé sous mon pantalons, pas malin ça.« laisse moi deux minutes. » j’crois que j’prefere encore retirer mon caleçon et être au sec sans mon jean. Ça m’prends deux secondes à faire en sorte de pas m’faire surprendre non plus. Le caleçon trempé ira dans le coffre de la moto. « on peut y aller » c’était moins une avant que cinq mecs débarquent pour venir faire les cons et aller faire quelques sauts , comme c’était le cas avec Nicholas avant. La place est libre. « j’reste derriere toi, au cas où tu tombe, j’suis la pour te rattraper. » quel bon sauveur je fais.je la liasse passer et je la suis de près. C’est franchement pas agréable de marcher avec un jean directement sur la peau du cul mais bon. J’aurai du anticiper.
On remonte sur la moto rapidement et quinze minutes, tout juste plus que ce que j’avais anticipé, on arrive devant l’hôtel. J’me gare et laisse Elise me rejoindre, attentif à sa réaction. J’avoue que j’ai un peu la pression, la.

« c’est pas ce que j’ai dis » Tu lèves les yeux au ciel alors qu'un sourire en coin se dessine sur tes lèvres. « je savais pas a quoi m’attendre, ça fait du bien. » « J'suis douée dans tout ce que j'entreprends. » Il finira bien par le découvrir de lui-même. Ce pour quoi tu n'es pas doué, tu ne le fais juste pas. Tu feins de ne pas aimer ça, de détester. Tu t'emportes même pour un rien. Tu t'en mets beaucoup trop sur les épaules pour rien. On pourrait appeler ça un lavage de cerveau depuis la naissance. On a toujours attendu de toi que tu sois parfaite dans tout et tu as toujours su livrer la marchandise. Non sans en payer le prix qui vient avec. « faut croire que parfois, je suis moi-même imprévisible. » Tu ne saurais dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Tout ce que ça te dit, c'est qu'avec deux caractères comme les vôtres, les montagnes russes ne font que commencer. À voir si vous arriverez à retrouver à chaque fois le chemin l'un vers l'autre ou si vos routes se sépareront abruptement.

« j’ai envie de te surprendre. c’est pas un vieil ego de Maccho non assumé qui veut absolument gérer à la place de la femme. » Ça te fait sourire. Te surprendre ? Comment ? Pourquoi ? « T'es pas obligé. » Tu vas te fatiguer pour rien, que t'as presque envie d'ajouter. Mais ce serait sûrement l'insulter davantage de le dire à voix haute. Qu'il ne se mette pas la pression d'essayer de t'offrir le rythme de vie que tu voudrais, c'est perdu d'avance. Il peut pas. Tu as juste le temps de fermer les yeux deux minutes en posant ta tête sur la sienne que des voix s'élèvent au loin. Et c'est déjà terminé pour le moment de tranquillité. C'était évident. T'as bien fait de pas te déshabiller pour aller le rejoindre. « laisse moi deux minutes. » Tu le relâches alors qu'il ressort de l'eau. Rapidement, il retire son caleçon détrempé pour remettre son jean et son tee-shirt juste à temps avant qu'une bande d'ado n'arrive. Et bien, lui il était pas là quand ils ont distribué la pudeur. T'as du prendre sa dose en plus de la sienne. « on peut y aller » Tu te relève du sol, remets tes chaussures en place alors que tu ré-emprunte le chemin par lequel vous veniez tout juste d'arriver. « j’reste derriere toi, au cas où tu tombe, j’suis la pour te rattraper. » Ça ressemble presque à un exercice de confiance. T'as presque envie de le tester, mais l'idée de te retrouver plein de boue n'est pas très alléchante. Ce sera pour une prochaine fois l'exercice de confiance.

Quinze minutes plus tard, vous voilà devant ce qui semble être votre hôtel pour cette nuit. Dinis arrête pas de te dévisager. T'as bien compris qu'il est impatient de voir si ça convient à madame. L'extérieur est pas si mal, mais c'est plutôt l'état de la chambre que tu veux voir avant d'émettre un commentaire. Tu retiens un sourire en le suivant jusqu'à l'intérieur. Tu laisses Dinis se charger de l'enregistrement, de récupérer la clé de la chambre. Vous aurez sûrement la vue de merde sur le stationnement, mais bon, ça fait rien. Ça semble déjà plus luxueux que son appartement. C'est parfait. Tu entres après lui dans la chambre, et tu avais tout faux. L'immense baie vitrée donne vue sur la forêt à perte de vue. C'est assez jolie. Tu avances doucement dans la chambre, jette un coup d'oeil à la salle de bain. « Y'a de l'eau chaude ? » que tu lui demandes en souriant doucement. De l'eau chaude illimitée ? Tu te demandes s'il serait venue ici juste pour lui. « T'es sûr que tu vas pas te perdre dans ce grand lit ? » que tu lui demandes en continuant de t'avancer dans la chambre. Le lit est au moins le double de chez lui. Pas certain qu'il soit utilisé sur toute sa surface cette nuit par contre.

Elle reste bien mystérieuse alors qu’on entre dans l’hôtel et en réalité, la pression ne descend pas. Je m’occupe quand même d’aller à la réception pour récupérer les clés de la chambre et quelques informations sur le repas du soir et le petit déjeuner. Quand tout est réglé, on peut aller retrouver notre chambre pour la nuit. Alors qu’on entre dedans, elle reste toujours aussi silencieuse et moi, j’ose rien dire non plus, j’ose pas poser de question. Elle fait le tour du proprio comme si elle visitait sa futur maison. Elle observe et moi, même si je reste impressionné par la vue ,c’est surtout sur elle que mes yeux ne cessent de suivre. « Y'a de l'eau chaude ? » son sourire ricoche sur mes lèvres. « T'es sûr que tu vas pas te perdre dans ce grand lit ? » je jete un œil derrière moi, c’est sur que c’est bien plus grand que chez moi, tout est bien plus grand que chez moi. « Suffit de pas se quitter pour pas se perdre. » je dis en me tournant à nouveau vers elle, faisant trois pas en avant pour me retrouver contre elle. « J’espère que ça te plait… » j’espère qu’elle est vraiment surprise. « Va falloir que j’me change. » je problème, c’est que moi, j’avais absolument rien prévu comme autre vêtement, parce que cette idée m’était venu seulement lorsqu’elle m’avait rejoins dehors et qu’ensuite, elle était partie se changer chez elle. Mais, il me semble bien qu’il y a une petite boutique au rez-de-chaussée. Des fringues qui me couteront une soirée de travail. La soirée d’hier, tiens. « J’vais aller prendre quelques affaires, dans la boutique de l’hotel. Et j’reviens. » je dis alors que mes bras restent bien accrochés à sa taille, comme s’ils étaient pas bien décidé à s’en séparer. « Ou j’y vais après… » après tout, il est encore bien assez tôt, ça risque pas de fermer tout de suite. Alors que mes doigts glissent sous sa blouse, mes lèvres viennent se nicher dans son cou. « On peut peut être déjà essayer de trouver notre chemin dans le lit. » et puis, peut être même que ça pourrait attendre demain, de sortir de cette chambre. On avait absolument tout à porter de main et même le repas du soir serait livré sous cloche. Y avait plus rien faire d’autre que profiter. Et là, c’est d’Elise que je voulais profiter. Je me permets d’avoir les mains baladeuses quand mes lèvres parcours sa mâchoire afin de venir retrouver les siennes. J’interromps un cours instant le baiser pour poser mon front contre le sien. « j’espère que j’ai réussi à te surprendre, rien qu’un peu… »

. « Suffit de pas se quitter pour pas se perdre. » Grand lit ou pas, tu ne doutes pas une seconde que la superficie du lit utilisé sera la même que chez Dinis. « J’espère que ça te plait… » Il s'avance vers toi et viens poser ses bras autour de ta taille. Tu fais de même autour de ses épaules en acquiesçant à sa question d'un signe de tête. Il aura ta confiance pour de vrai pour les prochaines fois, s'il y a lieu. « Va falloir que j’me change. » Tiens donc, c'était pas une si bonne idée finalement sa petite baignade à l'improviste. Ça va mettre du temps à sécher son sous-vêtement complètement détrempé. Il peut lui dire adieu jusqu'à demain matin. « J’vais aller prendre quelques affaires, dans la boutique de l’hotel. Et j’reviens. » C'est sûrement une meilleure option d'aller acheter que d'attendre, oui. Il dit ça, mais il ne bouge pas d'un poil. Ses doigts semblent bien ancrés contre ta taille, pas prêt de s'en détacher. Tu lèves les yeux vers lui. Même ses yeux disent qu'il ne compte pas bouger de là. « Ou j’y vais après… » qu'il propose alors que ses lèvres parcourent ta nuque et que les bouts de ses doigts entrent en contact avec ta peau. « Après, c'est une bonne option. » que tu confirmes même si sa décision semble déjà prise par lui même. « On peut peut être déjà essayer de trouver notre chemin dans le lit. » Ses lèvres continuent leur chemin le long de ta mâchoire jusqu'à retrouver les tiennes qui sont juste incapable d'arrêter de sourire. « j’espère que j’ai réussi à te surprendre, rien qu’un peu… » Il s'arrête pour venir ancrer son front au tien. Ta main remonte doucement le long de son torse jusqu'à son épaule. Il se met vraiment la pression avec ça ? « C'est parfait. » Dire le contraire casserait totalement l'ambiance. Et puis, l'important, c'est pas vraiment la chambre. C'est d'être ici, ensemble.

Hier soir, c'était bien, mais quelque chose te dit qu'aujourd'hui ce sera différent. Tu le sens dans ses caresses qui sont plus confiantes, plus douces, plus sensuelles. Pas que tu en avais pas envie hier, mais c'était quand même plus pour qu'il arrête de bouder qu'autre chose. Aujourd'hui, ton corps est bien plus à l'écoute du sien. Il assimile chacune de ses réactions, chaque soupirs, chaque frisson. Tes mains et tes lèvres découvrent et redécouvrent encore chaque parcelle de sa peau. Rien ne presse. Vous avez tout votre temps.

* * *

Un dîner à même la chambre et une douche eau chaude à volonté plus tard, tu enfiles le peignoir de la chambre d'hôtel pour sortir sur le balcon avec ta coupe de vin à la main. Tes avant-bras viennent prendre appuie contre la balustrade pour observer le paysage qui se dessine sous tes yeux. L'endroit est calme et paisible. Le vent de fin de soirée est chaud. Tu te retournes légèrement en entendant Dinis arriver derrière toi. « Tu arrives juste à temps pour le coucher du soleil. » Le ciel bleu tourne doucement vers l'orangé. D'ici quelques minutes, le soleil laissera sa place à la lune et au ciel étoilé.