Les épreuves qui avaient été concoctées par les organisateurs étaient particulièrement bien faites; c’était quelque-chose qui ne pouvait pas être retiré de tout l’événement concernant l’académie de Bear Grylls mise en place au courant de l’hiver à Brisbane. Elles avaient été pensées jusque dans les détails, étaient immersives et présentaient tout ce qui était attendu du lorsque la survie était mise au centre de l’attention. C’était peut être d’ailleurs le plus gros soucis de tout ça, en réalité: elles étaient si réalistes qu’elles faisaient presque peur.

Damon, lui, n’était en rien rassuré lorsqu’il s’approcha du petit groupe déjà formé avant qu’il ne se rende sur place. Il s’était retrouvé séparé de Megan pendant plusieurs heures - peut être même une nuit s’il avait suivi avec plus d’attention les descriptions, il n’était pas encore sûr de ce point là -, et déjà c’était la panique à bord. Déjà que peu doué dans le domaine de l’aventure, il se voyait éloigné de sa carte maîtresse, celle qui lui avait permis jusque maintenant de ne pas faiblir et de réussir à survivre surtout. Sans la jeune femme, il y avait fort à parier d’un ours l’attendait au détour d’un buisson pour le manger - même si ce n’était pas sûr que cette espèce soit présente en Australie, c’était ainsi qu’il imaginait sa fin au cours d’une épreuve de survie.

Tournant un peu en rond autour des personnes déjà présentes, il aperçut finalement un sac à dos qui portait son nom sur un dossard accroché vaguement correctement sur ce dernier; à côté se tenait une jeune femme, plus âgée que lui mais sûrement dans le début de sa trentaine, avec déjà son propre sac à dos à ses pieds. Parce-que sinon, ce n’était pas drôle: ils avaient été assortis en paires aléatoires et découvraient leur binôme le temps d’une épreuve une fois arrivés place. « Je crois que je vais être votre binôme. » Absolument rien n’allait correctement dans cette présentation, mais c’était ainsi qu’était Damon: un brin trop bien présentable en toutes circonstances, vouvoiement compris et gratuit dans le lot. « Je m’appelle Damon, enchanté. » Et bien sûr qu’il lui tendit la main, cet enfant trop poli.

Dernière épreuve et pas des moindres, c’est celle de la navigation qui attend Zoya aujourd’hui. Les autres ateliers ont été plus ou moins réussis et elle a bien l’intention qu’il en soit de même pour celui-ci. Ce n’est toutefois pas un domaine avec lequel elle est particulièrement à l’aise et elle regrette – pour une fois – de ne pas faire équipe avec son frère qui a été mis dans un autre groupe. Elle aurait tout fait pour être en binôme avec lui – et dieu sait de quoi elle aurait été capable, trouvant l’excuse du handicap de son frère pour justifier la nécessité d’être avec lui pour cette épreuve – alors que les duos sont une fois de plus formés au hasard. Elle ne reconnait personne dans le groupe qu’elle rejoint et doit, une nouvelle fois, faire avec ce qu’on lui donnera. Elle espère qu’elle ne croisera pas la route d’un ex ou d’un incapable, qui semble plus lui porter la poisse qu’autre chose. L’idéal serait évidemment de tomber avec quelqu’un qui s’y connaisse et comme ça, l’histoire sera vite pliée. En attendant, elle doit trouver son sac avec son nom estampillé dessus et lorsqu’elle le trouve, Zoya se place devant, cherchant alors celui qui a le dossard de la même couleur qu’elle.    « Je crois que je vais être votre binôme. » Elle sursaute parce que la personne qui se présente comme étant son binôme arrive derrière elle. La main devant ses yeux car aveuglée par le soleil, elle se retourne et toise celui-ci du regard « Je m’appelle Damon, enchanté. » Ok, elle ne sait pas d’où il sort lui mais cette univers n’a clairement pas l’air d’être le sien. Bon, Zoya tient quand même à se montrer un tant soit peu polie et donc elle tend sa main à son tour pour se présenter « Zoya » ouais dire enchanté en retour c’est pompeux donc elle s’en passe « Tu peux me tutoyer je suis pas si vieille que ça » parce qu’elle le prend plus comme une insulte qu’autre chose et puis ils vont faire équipe pendant quelques heures alors autant arrêter avec les manières tout de suite « Tu t’y connais en navigation ? » Vu qu’il a des allures de gosse de riche, peut-être que c’est le cas, qui sait. Le top départ est donné aux équipes et bien sûr, il n’y aucun bateau qui les attend. Non, ce serait bien trop facile, ils vont devoir le construire eux-même « J’imagine que tu n’as jamais construit de radeau non plus ? » qu’elle dit déjà d’un ton las.

« Zoya. » Il étira une semblent de sourire lorsqu’elle serra finalement la main qu’il avait tendu devant lui. Ce n’était pas grand chose, mais au moins ils démarraient sur de bonne bases et surtout avec les politesses déjà engagées; même si c’était surtout par rapport aux enseignements qu’il avait reçu au long de sa vie, Damon ne se voyait personnellement pas non plus oublier les formules de politesse lorsqu’il rencontrait quelqu’un, qu’importe le contexte dans lequel c’était. Et étant donné qu’il n’était en rien à l’aise avec le milieu dans lequel ils s’apprêtaient à évoluer, au moins se reposer sur des bases qu’il connaissait lui donnait une part de réassurance non négligeable. « Tu peux me vouvoyer je suis pas si vieille que ça. » En revanche, s’il avait visé juste sur les politesses, il semblait en avoir fait un brin de trop en ajoutant le vouvoiement pourtant assez régulièrement de mise face à quelqu'un d’inconnu. Il plissa le bout du nez. « Pardon, c’est l’habitude. » De côtoyer des personnes pour qui ce genre de détails était important.

« Tu t’y connais en navigation ? » Zoya était donc incisive dans sa façon de parler, alors. Pas que cela déplaisait à Damon, mais il n’aurait pas dit non à un peu de ménagement pour une épreuve qui semblait d’avance se montrer en rien clémente avec eux. « J’ai mon permis bateau. Je suis pas sûr que ce soit ça la question que tu… » Il n’avait de toutes façons pas eu le temps de terminer sa phrase que déjà le top départ de l’épreuve était donné et qu’ils se devaient de suivre les instructions à savoir: se mettre à flotter rapidement. Nouveau problème: aucun bateau ne semblait être à leur disposition, alors effectivement le joli permis que Damon possédait n’allait pas être d’une grande utilité. « J’imagine que tu n’as jamais construit de radeau non plus ? » Le ton condescendant qu’elle prit n’était pas aimable, mais il n’avait pas forcément le loisir de se rebiffer pour le moment - comme s’il le ferait jamais - cat ils se devaient de se dépêcher s’ils ne voulaient pas être laissé pour compte dans l’épreuve. « Non, j’ai jamais construit de radeau. J’ai aucune compétence en bricolage en vérité. » Il faisait partie des intellectuels et des riches: il n’avait jamais eu besoin de se salir les mains. « Tu as des connaissances toi ? » En revanche, il était de bonne volonté alors déjà il tentait de voir si autour d’eux ils pourraient trouver de quoi construire une embarcation.

« Pardon, c’est l’habitude. » L’habitude ? Elle ne demande pas plus de détails, se faisant déjà bien sa propre opinion sur le jeune homme qui se trouve devant elle, présupposant qu’il doit être issu d’un milieu où les manières sont de mise… tout ce qu’elle déteste.

Pourtant, c’est bien avec lui qu’elle doit faire équipe aujourd’hui et donc elle tente de se renseigner un peu sur ce qu’il est capable de lui apporter comme binôme « J’ai mon permis bateau. Je suis pas sûr que ce soit ça la question que tu… » Le top départ est lancé, interrompant Damon dans sa réponse qui, effectivement, n’intéresse en rien Zoya puisqu’il n’y a pas de bateau à l’horizon. « Ca aurait pu être utile s’ils avaient prévu des yachts. Enfin j’imagine que c’est ce que tu entends par bateau ». Elle le juge, sûrement agacé parce qu’elle voit qu’il va falloir construire un radeau et que l’épreuve risque d’être atrocement longue. « Non, j’ai jamais construit de radeau. J’ai aucune compétence en bricolage en vérité. » De mieux en mieux, Zoya ne peut pas retenir un soupir agacé, laissant son exaspération s’exprimer « Tu as au moins une compétence qui pourrait nous être utile, tu penses ? » qu’elle dit toujours sur le même ton las « Tu as des connaissances toi ? » – « Je me débrouille ! » Un peu facile comme réponse, haussant les épaules alors qu’elle préfère prendre les choses en main afin qu’ils commencent la construction de leur radeau. « Bon, je te laisse aller récupérer les rondins là-bas. A moins que tu aies besoin qu’on soit à deux pour ça ? » qu’elle dit ironiquement. Heureusement, ils sont un tantinet sympa au stage de survie, ils ont prévu un amas de rondins dont ils peuvent se servir pour la construction de leur radeau. Elle, en attendant compte aller récupérer de la corde et fouille dans son sac pour trouver les instructions à la construction d’un radeau. Elle étale tout ça sur le sable, attendant que Damon revienne avec son premier rondin. Peut-être qu’elle aurait pu aller l’aider car ceux-ci ne sont pas forcément des plus légers. Ca leur ferait gagner du temps, certainement.

« Ca aurait pu être utile s’ils avaient prévu des yachts. Enfin j’imagine que c’est ce que tu entends par bateau. » Le regard qu’il leva vers la jeune femme aurait pu réellement paraître noir si Damon n’avait pas eu le visage d’un enfant qu’on venait de reprendre après une bêtise; et puis ce genre de regards il les gardait quand il était réellement blessé et pas simplement parce-qu’un étranger lui parlait de la sorte. Il était sensible, mais pas à ce point là tout de même. Lorsqu’il s’agissait de ses proches, les choses étaient différentes. « C'est un bateau comme un autre. Je sais conduire le canot de sauvetage qui vient avec aussi. » Bien sûr qu’il argumentait dans le vide, mais ce n’était pas tout à fait des informations inutiles pour autant: il ne savait pas construire, mais il aurait l’utilité des connaissances dans la deuxième partie du processus.

Certes, mais le moment, c’était la main à la patte qu’il fallait mettre. « Tu as au moins une compétence qui pourrait nous être utile, tu penses ? » En construction ? Aucune malheureusement - mais devait-il pour autant répondre et confirmer les pensées de la jeune femme à son égard ? Il réfléchit un instant, soupira celui d’après: ça ne les aiderait pas à avancer s’ils jouaient à ce petit jeu là. « Je pense que c’est que des compétences qui vont pas nous aider la maintenant. » Au moins, le ton était donné et les surprises ne seraient pas de mise. « Je me débrouille ! » Apparemment en revanche, ce n’était pas un avis qu’ils partageaient car Zoya n'avait jamais prévu de donner la liste des choses que elle savait faire de son côté.

Et Damon n’eut pas l’occasion de répliquer quoi que ce soit qu’elle se mit à faire avancer les choses. « Bon, je te laisse aller récupérer les rondins là-bas. A moins que tu aies besoin qu’on soit à deux pour ça ? » Une partie de l’italien savait qu’elle agissait pour le bien commun d’une façon ou d’une autre, mais il aurait préféré que cela fait autrement. Il ne broncha cependant pas, laissa son sac au sol et se tourna pour partir à la recherche des dots-rondins. « Non ça va, mes muscles fonctionnent. » Il n’était pas un adepte de la salle de sport mais avait toujours pratiqué une activité physique régulièrement; alors, pour cette partie là de l’équation, il devrait s’en sortir. Il ramenait le premier rondin lorsque Zoya se mit à étaler les différentes affaires qui pourraient leur permettre de comprendre les étapes qui les attendaient. « Tiens, je vais en chercher un second. » Avec un peu de chances, elle serait surprise par la rapidité dont il avait fait preuve sur cette première étape. Jetant un coup d’œil à la carte, il retint un petit rictus - parce-qu’il n’était pas moqueur avec les inconnus. « Au cas où: la carte est à l’envers. » Elle était a cote du plan de construction mais n’était pas lisible dans le sens qu’elle avait utilisé. « Faut mettre le symbole delà boussole en bas sur celle là. » Il n’avait pas de compétences de bricoleur mais avait des compétences nautiques, il avait dit: ça allait sûrement leur servir alors.

« C’est un bateau comme un autre. Je sais conduire le canot de sauvetage qui vient avec aussi » qu’il précise et il ne fait là que s’enfoncer. Parce que d’une, il souligne son côté bourgeois et à presque un air hautain en estimant qu’un yacht est un bateau comme un autre – et elle pense là à Anwar qui se contente de sa pirogue ou de son frère avec son canoé kayak (toujours dans l’exagération Zoya) – et de deux, il apporte aucune solution concrète à leur problème car yacht, canot de sauvetage ou tout autre bateau à moteur sont bannis de leur épreuve. La jeune femme ne peut faire là que le triste constat qu’il ne sera d’aucune aide précieuse et qu’elle va ramer – sans mauvais jeu de mots.

« Je pense que c’est que des compétences qui vont pas nous aider la maintenant » Au moins, il le reconnait et pour ça, il mériterait un prix. La précision fait limite sourire Zoya, le premier qu’elle adopte depuis qu’elle a découvert l’identité de son binôme. « Super ! » qu’elle dit d’un ton ironique avant de fuir la question qu’il lui réciproque, quant à savoir si, à son tour, elle a des compétences qui pourraient les aider. Elle estime qu’elle se débrouille et, à ses yeux, cela est suffisant car elle n’a pas peur de relever les manches pour arriver à ses fins.

Et comme ça n’a pas l’air d’être forcément le cas de Damon, qui ne semble pas capable de prendre des initiatives, elle le somme d’aller récupérer des rondins pour leur radeau. Il devrait y parvenir seul, du moins, elle l’espère et préfère lui demander… au cas où « Non ça va mes muscles fonctionnent » « Uhm… » qu’elle se contente de réagir, dubitative et attendant de le voir à l’œuvre pour en juger. Et il est vrai que le premier rondin fut rapporté rapidement. « Tiens, je vais chercher un second » « Il en faut encore au moins sept ». Elle a toujours le don de savoir encourager les troupes. Et alors qu’elle s’apprêtait à reporter son regard sur la carte devant elle, elle vit un sourire moqueur naitre sur les traits de son acolyte du jour « Quoi ? » - « Au cas où : la carte est à l’envers » Son sourcil s’arque et ses yeux se reportent sur ladite carte « Faut mettre le symbole de la boussole en bas sur celle-là »  Zoya s’empresse d’inverser le plan, agacée – et non sans en froisser un peu le papier dans la précipitation - « Je le savais ! » et d’ajouter « Mon frère sait naviguer aussi. Il m’a appris ». Nullement « Je vois que tu ne mens pas sur tes compétences » Comme si elle l’avait fait exprès pour le tester. « Bon dépêches-toi s’il te plait de ramener le reste ». Elle a mis au moins les formes, lui qui semble y être particulièrement attachée.

Une fois les rondins rassemblaient, Zoya se lève et commence à observer le tout avec les instructions « Ils montrent comment attacher ça avec la corde » Elle lui tend la feuille alors qu’elle s’accroupit pour commencer à en faire un. « Vas-y je t’écoute ». Il dicte, elle fait. Et forcément, quand ça ne marche pas « Tu m’as dit de passer en-dessous alors que c’est au-dessus ! ».

« Super ! » L’ironie s’entendit sans mal dans ce simple mot que la brune prononça, et peut-être qu’il se retint une nouvelle fois de lever les yeux au ciel. Et il aurait eu de quoi le faire, puisque si Zoya s’énervait contre lui et son absence de compétences, elle ne semblait pas prête à lui en dévoiler la moindre - si ce n’était celle de, justement, se montrer énervée et prendre les choses en mains. Cela allait à Damon, cependant: il avait toujours été meilleur pour suivre les ordres que pour les donner, donc au moins il savait comment agir désormais dans cette situation. Et si sa tâche consistait à aller chercher des rondins là où ces derniers étaient empilés, merci à l’équipe organisatrice, alors il irait chercher les rondins sans problèmes. « Uhm… » Même pour ça, elle n’essayait pas de faire semblant de lui faire confiance; qu’importait, il réussirait sa partie de la tâche sans problème. « Il en faut encore au moins sept. » - « Au moins sept. Noté. » Il en rapporterait huit simplement pour la forme de montrer qu’il n’était pas non plus complètement inutile.

« Quoi ? » C’était son petit sourire, qu’il tentait de ne pas rendre moqueur, qui avait trahi Damon alors qu’il s’apprêtait à repartir chercher les rondins. Mais il ne pouvait s’empêcher réellement de réagir de la sorte: elle avait mis la carte de navigation à l’envers. Certes, ce n’était pas sur cette dernière qu’ils avaient besoin de se concentrer pour le moment, mais l’occasion de souligner qu’il n’était pas là pour rien était trop elle pour ne pas la saisir. « Je le savais ! » Pas du tout. « Mon frère sait naviguer aussi. Il m’a appris. » - « Je voudrais pas naviguer avec ton frère alors. » - « Je vois que tu ne mens pas sur tes compétences. » Il secoua quelque peu sa tête, bien sur un brin amusé désormais; peut-être qu’elle allait réussir autre chose que de le prendre pour un idiot et qu’une partie de l’aventure conjointement vécue pourrait être amusante. « J’ai pas pour habitude de mentir. » D’être trop poli, bien sur, mais pas de mentir en revanche. « Bon dépêches-toi s’il te plait de ramener le reste. » Son sourire était totalement franc en cet instant; il secoua la tête mais se mit en roue pour récupérer le reste des rondins.

Et même si les bras de Damon commencèrent à crier ossekour au bout du troisième rondin, il ne dit rien, serra les dents pour continuer; hors de question qu’il flanche. Ils purent enfin se mettre à la pratique de la construction du radeau rapidement à la suite, le blond se retrouvant avec les explications entre les mains et la brune au montage: c’était surement plus sage. « Ils montrent comment attacher ça avec la corde. Vas-y je t’écoute. » Et cela semblait véritablement plus sage pendant quelques minutes, avant qu’elle ne s’énerve de nouveau alors que Damon était en train de lui dicter les instructions. « Tu m’as dit de passer en-dessous alors que c’est au-dessus ! » Ses yeux naviguaient entre les instructions et Zoya en contre bas. « Non, je t’ai dit au-dessus de celle que t’as passé en-dessous. » Et il était sur de lui pour le coup; et en plus il lui parlait en anglais, alors il ne comprenait pas comment elle pouvait ne pas comprendre. « Il faut la passer au-dessus de celle en-dessous pour ensuite faire le noeud. Regarde. » Il descendit les instructions à sa hauteur, et attrapa le bout de la corde qu’il passa au-dessous… et tout ce qu’elle avait déjà passé sembla se défaire seul à la suite. Damon resta alors avec le bout de la corde dans la main, un rondin commençant déjà à se désolidariser du reste de la troupe - et alors que d’autres équipes commençaient déjà à se lancer à l’attaque de la partie navigation. « C’était peut-être en-dessous alors, oui. » Il aurait bien rajouté un oops, mais il était trop occupé à piquer un fard et à se trouver ridicule en cet instant.

« Au moins sept. Noté. » Un vrai petit soldat et à défaut d’avoir de réelles compétences qui pourraient lui servir, elle trouvait là une certaine satisfaction, elle qui aime tant diriger et encore plus quand on cède au moindre de ses demandes – pour ne pas dire caprices.

Elle s’agace de ce sourire qu’elle reconnait moqueur sur les lèvres de Damon et ça parce qu’il a remarqué que la carte était à l’envers, ce que Zoya ne veut admettre, voulant lui faire croire que ce n’était là qu’une façon pour elle de le tester. Car évidemment, elle a un frère qui s’y connait aussi en navigation, ce qu’elle ne manque pas de préciser pour appuyer son mensonge « Je voudrais pas naviguer avec ton frère alors. ». Contre toute attente, la remarque la fait sourire mais elle se pince les lèvres pour ne pas le montrer. Parce que son réflexe serait de répondre qu’elle non plus, ce qui n’est pas totalement faux quand on sait qu’elle n’a dû monter sur le bateau de son frère qu’à de très rares occasions. Mais pour la forme « Et moi avec toi mais on ne m’en laisse pas le choix » et cette fois, elle affiche un sourire amusé, ajoutant donc que Damon ne semble pas mentir sur ses compétences – reconnaissant quelque chose de positif chez lui « J’ai pas pour habitude de mentir. » « Bravo » Elle ne précise pas si c’est son cas à elle aussi mais il doit avoir déjà sa petite idée à ce sujet.

Une fois les neufs rondins de bois réunis, Zoya confie les instructions à Damon pour qu’il puisse la guider dans la réalisation des nœuds qui serviront à assembler les différents bout de bois et ainsi leur radeau. « Non, je t’ai dit au-dessus de celle que t’as passé en-dessous. » Non, il n’a pas dit ça et Zoya en est certaine sauf que se lancer dans un débat maintenant ne les avancera pas plus, surtout qu’ils semblaient être bien à la traîne par rapport aux autres « Il faut la passer au-dessus de celle en-dessous pour ensuite faire le noeud. Regarde. » Elle regarde, s’emparant des instructions et laissant donc le blond faire à sa place, car de toute façon, ce qui lui disait était du charabia pour ses oreilles. Concentrée sur les instructions, c’est le bruit des rondins qui se détachent qui lui font relever le nez de celles-ci. « C’était peut-être en-dessous alors, oui. » « Incroyable ! Mais qu’est-ce que tu es venu foutre à ce stage sérieux ? Tu cherches à prouver un truc à tes parents ou quoi ?  » Parce que, pour le moment, il n’excellait pas et si tel était son but, c’était clairement voué à l’échec. Elle soupire fortement et reprend la main sur la construction du radeau, suivant les instructions pour faire son premier nœud « Bon, vu le nombre de nœuds qu’il y a à faire, je te montre et tu fais pareil, capiche. Et ne merde pas, s’il te plait » Le stress la gagne surtout quand d’autres duos sont déjà en train de mettre leur radeau à l’eau « On aurait peut-être dû prévoir un attirail  de pêche et des esches à foison pour survivre sur ce radeau. » Et autant cela n’aurait aucun intérêt si leur radeau se mettait à couler dès l’instant où ils le mettaient à l’eau.

L’humour, ou au moins une tentative pour ce dernier, pourrait ne pas passer en cet instant - mais puisque Damon ne se fait pas insulter dans les secondes qui suivirent, il se dit qu’il avait peut-être pas tout loupé aujourd’hui. « Et moi avec toi mais on ne m’en laisse pas le choix. » Et avec le sourire que Zoya ajoutait là, il ne sut faire autrement que de secouer lentement sa tête de gauche à droite, amusé à son tour. Peut-être qu’il ne se serait pas choisi comme partenaire de navigation en première intention, il était vrai, mais au moins il avait quelques notions qui pourraient être importantes une fois qu’ils auraient réussi à faire en sorte de partir de ce rivage.

Sauf que les compétences de Damon n’étaient pas très évoluées en bricolage et apparemment en lecture d’indications pour entreprendre des constructions. Celles qu’il donnait à la brune s’avérèrent ne pas fonctionner, et une partie des rondins qu’ils - qu’elle - avaient réussi à assembler jusque maintenant finit par se désolidariser de la base. « Incroyable ! Mais qu’est-ce que tu es venu foutre à ce stage sérieux ? Tu cherches à prouver un truc à tes parents ou quoi ? » Bien sur que la remarque fit serrer les mâchoires à Damon mais qu’il ne fit pas le moindre commentaire; une partie de lui faisait toujours tout pour prouver quelque-chose à ses parents sans qu’il n’en ait la moindre idée, réflexe inconscient tellement enfoui qu’il en oubliait l’existence. Aujourd’hui, il ne savait que trop pourquoi il était là mais il était là, c’était déjà ça.

Zoya lui reprit les instructions des mains dans la foulée, il ne fit toujours pas le moindre commentaire. « Bon, vu le nombre de nœuds qu’il y a à faire, je te montre et tu fais pareil, capiche. Et ne merde pas, s’il te plait. » S’il ne réagissait pas sur tout le reste alors que la jeune femme réussissait à le brusquer sans avoir besoin de faire le moindre effort, il y avait en revanche un domaine dans lequel il ne savait laisser les choses passer: « Capisce. » Son accent italien était perfection, bien sur: il s’agissait là de sa langue maternelle. « Si tu veux me prendre pour un idiot, fais le dans une langue que je parle pas. » Il aurait préféré réussir à répliquer quelque-chose comme une langue que tu maitrises qui était bien plus condescendant, mais il s’agissait de Damon alors déjà répliquer était un bon début. « Et c’est pas la peine de m’apprendre à faire des noeuds marins, je t’ai déjà dit: la navigation fait partie de mes compétences, c’est la survie en mer qui n’en fait pas partie. » Mais elle pouvait prendre le plan si elle le désirait, s’énerver encore un coup si ça lui faisait du bien, et se rendre compte plus tard qu’il était celui des deux avec des choses à enseigner.

« On aurait peut-être dû prévoir un attirail  de pêche et des esches à foison pour survivre sur ce radeau. » Il soupira. « Je sais même pas si notre problème arrivera jusque là. » Il plissa les yeux, le bout du nez, en regardant autour d’eux: il n’y avait aucune aide à disposition. « Et on peut même pas en acheter avant de quitter la plage. » Parce-que bien sur que c’était là le réflexe de Damon. « Tant pis, on a plus qu’à s’y remettre. » Et pour qu’elle comprenne qu’il savait effectivement faire des noeuds, il attrapa la première corde à disposition et fit un petit noeud marin rapide dessus, le mettant bien en évidence.

« Capisce. » Zoya, prise au dépourvu par l’accent italien et la correction que Damon fit quant à ce mot dont elle a négligé la prononciation, se stoppe dans ses gestes « Si tu veux me prendre pour un idiot, fais-le dans une langue que je parle pas. » Voilà qu’il se rebiffer le gosse de riche et vous vous doutez bien que cela déplait fortement à Zoya, surtout avec le ton condescendant qu’il emprunte pour se faire « Et c’est pas la peine de m’apprendre à faire des nœuds marins, je t’ai déjà dit: la navigation fait partie de mes compétences, c’est la survie en mer qui n’en fait pas partie. » Il semble vouloir remettre les pendules à l’heure, le coco, et « Oh, excusez-moi de vous avoir offensé, mio Signore ». Et cette fois, elle s’applique à la tâche, prononçant comme il se doit ces deux mots de ce qui semble être une langue maitrisée par Damon   « L’avantage de beaucoup voyager et d’avoir plus d’une corde à mon arc. » et il faut entendre par là qu’elle a quelques notions dans de nombreuses langues, bien qu’elle ne peut prétendre être polyglotte. « Sans mauvais jeu de mots » Qui ne l’amuse pas pour ainsi dire alors qu’ils sont incapable de nouer convenable ces cordes et que leur radeau prend du retard dans sa confection.

« Je sais même pas si notre problème arrivera jusque là. » Il est vrai que, pour le moment, il faudrait qu’ils parviennent à construire ce radeau et que, s’ils y arrivent, il tienne la route – ou l’eau au vu des conditions. « Et on peut même pas en acheter avant de quitter la plage. (…) Tant pis, on a plus qu’à s’y remettre. » Zoya ne peut retenir un rire franc face à la remarque du jeune homme « En acheter ? Tu es sérieux ? On est sur une île déserte en train de faire un stage de survie ? Tu penses que tu vas pouvoir aller au restaurant après cette dure journée ? ». Elle tourne la tête doucement de droite à gauche et ne peut s’empêcher de lui demander « Honnêtement, pourquoi tu es venu ici ? » Et étonnamment, son ton de voix est plutôt léger, bien qu’un air moqueur subsiste. Et parce qu’elle voit qu’il réussit son nœud, elle arrête le désastre de son côté – car les instructions ne sont définitivement pas claires – et se lève pour le regarder faire « Bon, puisque tu t’y connais et qu’on doit faire équipe… Tu me montres une bonne fois pour toute ? ». Miracle, elle reconnait enfin ne pas maitriser et laisse sa fierté de côté « Je compte bien leur montrer de quoi on est capable » qu’elle fait en désignant ce qui semble les juger parce qu’ils n’ont pas encore assemblé deux rondins de bois ensemble.

Si cela n’aura jamais le don de lui couper complètement le clapet, au moins cela eut l’effet de la surprendre. Il ne saurait dire si c’était sur le fait que ce simple mot ait été prononcé par lui avec un accent parfait, ou si c’était sur le fait qu’il dise simplement quelque-chose; mais pendant l’espace d’un instant, elle ne fit pas le moindre commentaire - ça ne dura qu’un instant, mais c’était toujours ça. « Oh, excusez-moi de vous avoir offensé, mio Signore. » Il pinça les lèvres sans, lui, ajouter quoi que ce soit. Il n’aimait pas quand il était interpellé de la sorte - trop de souvenirs qu’il préfèrerait laisser de côté. « L’avantage de beaucoup voyager et d’avoir plus d’une corde à mon arc. Sans mauvais jeu de mots. » - « On aura au moins un point en commun. » C’était toujours ça de pris, ça de gagné - il ne savait plus trop à force, déjà; mais cela leur ferait un terrain d’entente pour le moment où ils arrêteraient de se mettre des bâtons dans les roues et qui commenceraient à assembler ces derniers ensemble pour former un radeau.

« En acheter ? Tu es sérieux ? On est sur une île déserte en train de faire un stage de survie ? Tu penses que tu vas pouvoir aller au restaurant après cette dure journée ? » Le rire qu’elle laissa se faire entendre de paire avec ses mots fit hausser un sourcil sur le visage de Damon. « Non, c’est justement ce que je dis: c’est pas possible ici. Sinon ça aurait été ma solution. » Il s’était aperçu que c’était pas une retraite de luxe ici. « Et je compte bien me faire un restaurant en repartant d’ici, oui, compte sur moi pour ça par contre. Pas sur cette île, mais de retour en ville. » Pas que c’était là une précision dont elle avait besoin et qui l’intéressait, mais c’était quand même ce que Damon comptait faire. « Honnêtement, pourquoi tu es venu ici ? » - « Pour passer du temps avec ma femme, à la base, si tu veux vraiment savoir. » Et c’était la seule raison qui l’avait véritablement poussé à se dire que c’était une bonne idée d’aller prendre l’air de cette façon là: passer du temps de qualité avec Megan, loin de la ville et des tracas du quotidien. « C’était pas prévu qu’on soit dans deux groupes différents à un moment donné, alors. » Alors c’était pour ça qu’il était désormais avec Zoya, même si ce n’était pas prévu au programme - à son programme du moins.

« Bon, puisque tu t’y connais et qu’on doit faire équipe… Tu me montres une bonne fois pour toute ? » Il ne cacha pas la réaction de surprise sur son visage, puisqu’ils se connaissaient depuis moins d’une heure et qu’elle s’était contentée de le descendre sur place sur le moindre point et sujet. « Je compte bien leur montrer de quoi on est capable. » Le regarde l’italien alla de la jeune femme à l’endroit qu’elle désignait, pour revenir sur elle ensuite. « J’avoue j’aime pas la façon dont ils nous regardent. » Il soupira, peut-être un brin trop longuement - mais c’était signe qu’il capitulait aussi de son côté. « Je te montre le plus simple des noeuds mais ce sera suffisant pour assembler le reste, ok ? Comme ça on avancera plus vite et surtout on pourra nouer les deux parties d’un rondin en même temps, ça évitera qu’ils se séparent tous ensuite. » Et puis: ils n’étaient pas deux par équipe pour rien, cela voulait dire qu’ils avaient besoin de se prêter main forte pour parvenir au bout de l’épreuve. Alors pour se faire, il lui montra comment former un noeud mais surtout: comment faire en sorte qu’il tienne. Et à force de réussir à en faire plusieurs chacun de leur côté par la suite, ils se retrouvaient avec au moins le fond d’une barque improvisée. « Je sais que ça va nous faire perdre un peu de temps, mais juste un radeau en forme de planche plate ça va pas nous mener bien loin. » Jetant un coup d’oeil au grand drapeau accroché en haut d’un des poteaux balisant le lieu de départ, Damon fronça le bout du nez. « Si on montait de quoi avoir une voile, on irai plus vite et plus loin. » Il n’y connaissait rien en construction de survie mais il n’y avait pas besoin d’être sorti de Saint Cyr pour comprendre ce type de concept.

« On aura au moins un point en commun. » Elle serait curieuse de faire une comparaison de ses voyages et les siens mais en tant que gosse de riche, ce genre de commentaires ne la surprend pas trop. Cependant, il n’a pas tort quand il dit que cela leur fait en commun, sans préciser toutefois si là où cela est une passion pour Zoya, ça l’est également pour lui. Peut-être qu’ils en rediscuteront quand les choses seront un peu plus apaisées. Si elles le deviennent à un moment donné…

« Non, c’est justement ce que je dis: c’est pas possible ici. Sinon ça aurait été ma solution. » Bien sûr, pourquoi se donner du mal quand, en un claquement de doigt, on peut tout avoir ? Il ne fait là que renforcer cette image qu’elle a de lui, celle dont elle se moque ouvertement, bien qu’elle porte ses doigts devant sa bouche, comme si elle essayait de se contenir. « Et je compte bien me faire un restaurant en repartant d’ici, oui, compte sur moi pour ça par contre. Pas sur cette île, mais de retour en ville. » – « J’imagine un truc gastro ? En vrai, je peux te recommander une super adresse en ville ». Et pas n’importe laquelle car il s’agit là de l’adresse du restaurant de son père « Pour passer du temps avec ma femme, à la base, si tu veux vraiment savoir. » – « Attends t’es mariée ?! » Oui ça la surprend voyez-vous car elle ne s’imagine pas être déjà la corde au cou et Damon a clairement des années de moins qu’elle au compteur. « Laisse-moi deviner… Amour de jeunesse ? Vous avez rendu chèvre (haha) vos parents en allant vous marier à Vegas parce qu’ils étaient contre cette union ? » Des scénarios, elle en a plein en tête, Zoya, et elle pourrait en trouver encore bien d’autres si les deux qu’elle vient de citer ne correspondent pas à son histoire avec sa femme. « C’était pas prévu qu’on soit dans deux groupes différents à un moment donné, alors. » – « … te voilà avec moi alors que tu préfèrerai être avec elle. Et en plus on te simplifie pas la tâche avec un binôme comme moi, c’est ça ? » Elle prend ça à la rigolade, finalement et ne s’offusquerait pas s’il confirmait.

« J’avoue j’aime pas la façon dont ils nous regardent. » Et peut-être que c’est ça la solution à leur problème. Peut-être devraient-ils faire équipe plutôt que de se tirer dans les pattes inutilement – ok, correction, Zoya devrait se montrer plus sympa surtout ? Quoi qu’il en soit, la compétition et le mépris que les autres candidats semblent leur adresse pourrait être leur terrain d’entente « Je te montre le plus simple des noeuds mais ce sera suffisant pour assembler le reste, ok ? Comme ça on avancera plus vite et surtout on pourra nouer les deux parties d’un rondin en même temps, ça évitera qu’ils se séparent tous ensuite. » Il montre de la minutie et de la détermination. Ils semblent sur la même longueur d’onde et Zoya écoute avec attention les conseils prodigués par Damon. Une fois qu’elle a compris le mécanisme, et qu’elle se permette de glisser un « Capisce » respectant la langue italienne cette fois avec un petit sourire amusé, Zoya se met de son côté pour en nouer plusieurs jusqu’à ce que leur radeau prenne forme et ressemble à quelque chose. « Je sais que ça va nous faire perdre un peu de temps, mais juste un radeau en forme de planche plate ça va pas nous mener bien loin. » Zoya a son regard porté sur le radeau, l’air songeur « Ouais, je suis d’accord. C’est quoi ton idée ? » qu’elle demande à se tournant vers Damon « Si on montait de quoi avoir une voile, on irai plus vite et plus loin. » La Lewis fronce les sourcils non pas parce qu’elle n’est pas convaincue par l’idé emais, encore une fois, trouver une voile risque d’être particulièrement difficile… « Certes mais… on la trouve où notre voile ? » Et puis, ses yeux balayent l’espace et « Oh… je vois » Elle voit mais réfléchit à la manière de l’attraper « Comment on s’y prend ? Tu me fais la courte échelle ? » Elle est prête à prendre le risque, en espérant juste que l’échelle en question soit solide – aka Damon – et qu’il ne la fasse pas tomber. Il ne manquerait plus qu’elle se fasse mal ou se casse quelque chose.  

« J’imagine un truc gastro ? En vrai, je peux te recommander une super adresse en ville. » Il eut un petit rire; peut-être effectivement que ce serait un truc gastronomique si la nourriture ici était aussi fade et aussi peu ragoutante qu’elle le promettait. Simplement un bon restaurant pouvait aussi faire l’affaire, il n’était pas non plus à ce point là regardant sur ce sujet. « Je dis pas non, en vrai. Y’en a encore plein que je connais pas. » Et il entrait dans son jeu, bien sur qu’il le faisait malgré tout. Il n’irait simplement pas jusqu’à l’inviter à ce festin car ce n’était pas avec elle qu’il le partagerait bien sur. « Attends t’es mariée ?! » Il se permit de lever les yeux au ciel à ce moment là - cette réaction là n’était malheureusement plus une surprise, maintenant, avec le temps. Pour approuver ses mots, il leva sa main comportant son alliance devant le regard de la jeune femme. « Laisse-moi deviner… Amour de jeunesse ? Vous avez rendu chèvre (haha) (pétasse mdr) vos parents en allant vous marier à Vegas parce qu’ils étaient contre cette union ? » Il posa ses mains sur ses hanches. « Non. On est mariés parce-qu’on s’aime et les parents approuvent l’union. » Les parents, terme général pour ceux qui avaient officiellement le titre, ceux qui auraient du l’avoir et ceux qui étaient partis trop tôt. « Je sais, c’est surprenant. » Il le voyait tous les jours, les regards que cela pouvait apporter, alors que la mode n’était plus à se marier jeune mais plutôt à profiter le plus longtemps de la vie de célibataire possible.

« … te voilà avec moi alors que tu préfèrerai être avec elle. Et en plus on te simplifie pas la tâche avec un binôme comme moi, c’est ça ? » Il pinça les lèvres, retint un petit rictus amusé finalement. « La vérité ? C’est ça. » Elle semblait partie pour prendre ça à la rigolade, alors il se permit d’appuyer sur ce point là.

Surtout que désormais, ils avaient d’autres point sur lesquels se concentrer s’ils voulaient avancer et ne pas être les derniers de l’épreuve qui avait été lancée déjà un bon tour de cadran plus tôt.  Alors, peut-être que main dans la main ils avanceraient mieux et réussiraient surtout à quelque-chose là où ils stagnaient depuis le début. Un noeud après l’autre, le radeau prenait doucement forme. « Capisce. » Le sourire qu’il étira était plus amusé et détendu déjà, à la réflexion de la jeune femme. Mais ce n’était pas tout: leur radeau avait beau être de fortune, il fallait envisager l’idée qu’il se devait de réellement tenir sur l’eau et ce sur une certaine distance d’après la feuille d’instructions qu’ils avaient toujours dans leurs affaires. « Ouais, je suis d’accord. C’est quoi ton idée ? » Il pontait du menton le drapeau au bout de l’un des poteaux. « Certes mais… on la trouve où notre voile ? » - « Ils ont pas dit qu’on avait pas le droit de prendre le reste des objets à disposition. » Après tout. « Oh… je vois. » Presque: le sourire de Damon était amusé - il commençait à trouver un semblant de divertissement à la tache, quand ils étaient sur la même longueur d’onde. « Comment on s’y prend ? Tu me fais la courte échelle ? » Il soupira, se relevant en hochant la tête. « Je suis le plus grand de nous deux, c’est plus facile si c’est moi qui fais la courte échelle oui. » Et si Damon y mettait toute sa force, ils devraient s’en sortir. « On a qu’à regarder si on arrive à attraper le drapeau déjà, et après on verra comment l’accrocher au radeau. » Et déjà, il avançait pour se mettre au pied du poteau, prêt à pousser Zoya vers le haut, les deux mains accrochées l’une dans l’autre.

« Je dis pas non, en vrai. Y’en a encore plein que je connais pas. » Elle acquiesce alors, lui donnant le nom du restaurant en question, « Oh, et c’est mon père qui est à la tête de ce restaurant » Ca a toute son importance d’où la précision, parce qu’elle montre là le petit intérêt qu’elle a à le faire. « Si on arrive à bout de cet atelier et qu’on est parmi les meilleurs, je pourrais lui dire de te faire une petite réduction ». Même si elle sait que payer l’addition n’est pas un problème pour Damon, réduction ou pas.

« Non. On est mariés parce-qu’on s’aime et les parents approuvent l’union. » Elle est peut-être bien impressionnée finalement et applaudit même pour le montrer. « Je sais, c’est surprenant. » – « Plutôt, oui » . De là à dire qu’elle aimerait connaitre la même chose et qu’elle l’envie… il ne fallait pas exagérer même si un récent mariage auquel elle a assisté a pu la faire rêver un petit peu et lui donner envie, secrètement, de connaitre une aussi belle union que celle de Rory et Swann. « La vérité ? C’est ça. » Ils se trouvent avec Zoya plutôt qu’avec sa femme et sûrement à regret, au vu du caractère loin d’être facile de la brune. Le fait qu’il ose approuver ne manque pas de faire sourire Zoya qui tourne doucement la tête de droite à gauche.

Ils arrivent à bout de leur radeau. Bon, il n’est pas parfait, elle doute honnêtement même de sa capacité à flotter et Damon soulève un autre problème : celui de sa maniabilité et sa capacité à avancer – si jamais il ne fait pas glou glou avant « Ils ont pas dit qu’on avait pas le droit de prendre le reste des objets à disposition. » Mais il a un plan, celui de subtiliser le drapeau qui se trouve au-dessus de leur tête et que Zoya remarque alors qu’il lui désigne du menton. « Je suis le plus grand de nous deux, c’est plus facile si c’est moi qui fais la courte échelle oui. » Elle est d’accord même si « Ok, mais tu me lâches pas ? Tu as ma vie entre tes mains là » et c’est au sens littéral du terme pour le coup. « On a qu’à regarder si on arrive à attraper le drapeau déjà, et après on verra comment l’accrocher au radeau. ». Une bonne idée car sans drapeau, il va falloir réfléchir à une autre alternative. Zoya s’approche de Damon et donc du poteau et pose un premier pied sur ses deux mains jointes « Prêt ? » et sans attendre, elle s’élance, prenant l’impulsion avec l’autre pied et alors que Damon la pousse vers le haut, elle frôle le drapeau mais ce n’est pas suffisant pour qu’elle s’en saissise. Elle manque d’ailleurs de tomber, se rattrapant au poteau avant de descendre « Bon, va falloir que tu pousses plus fort, mate ». Et sans attendre, elle remonte sur ses mains « Aller ! » qu’elle somme et Zoya parvient, cette fois, à attraper le bout de tissu. « Je l’ai !! » qu’elle s’écrit. Et évidemment, tous les regards sont désormais braqués sur eux parce qu’ils n’ont pas pensé à faire ça avec un peu plus de discrétion. « Quoi ? Vous avez un problème ? » Elle s’abstient très difficilement à brandir ces deux majeurs en leur direction alors que tous finissent par retourner à leur occupation.

« Oh, et c’est mon père qui est à la tête de ce restaurant. » Il haussa un sourcil, surpris par ce détail. « Si on arrive à bout de cet atelier et qu’on est parmi les meilleurs, je pourrais lui dire de te faire une petite réduction. » Le petit sourire de Damon était un brin amusé; il n’avait pas besoin de la réduction, mais il appréciait le geste. « Ca marche. Ca me va en tous cas. » Cela voulait aussi souligner qu’il voyait les efforts de Zoya et qu’il acceptait de continuer sur leur lancée pour rattraper le retard.

Pour se faire, il ne retint pour lui plus aucune idée qui pourrait les aider et qui lui traversait l’esprit; d’où le fait qu’il retrouva assez rapidement à se mettre en place pour faire la courte échelle à la jeune femme. Pas de cette façon qu’il avait prévu de passer son après-midi, mais il y avait toujours de la place pour un peu de surprises après tout. « Ok, mais tu me lâches pas ? Tu as ma vie entre tes mains là. » Il secoua quelque peu la tête « Si je te lâche, tu vas me tomber dessus. Pas un super plan de survie. » Même si ce n’était pas un domaine qu’il maitrisait particulièrement bien initialement, il pouvait quand même reconnaître les comportements qui pouvaient s’avérer être dangereux pour lui et pour autrui. Alors, après ce qui sembla être un instant de réflexion durant six ans, Zoya finit par le rejoindre, par prendre appui sur le poteau alors que son pied se mettait dans les mains de l’italien. « Prêt ? » - « Pas le choix. » Ils se devaient de faire quelque-chose, alors.

Le premier essai fut cependant un échec. « Bon, va falloir que tu pousses plus fort, mate. » Il soupira. « Aller ! » Et avec un effort combiné de leur part à tous les deux, elle finit par réussir à attraper le drapeau et à le décocher du poteau duquel il flottait au vent jusque maintenant. « Je l’ai !! » - « Yes ! » Bien sur qu’il était heureux et satisfait de ce résultat; cela prouvait que son idée n’était initialement pas mauvaise en plus. « Quoi ? Vous avez un problème ? » Se remettant sur ses deux jambes de façon correcte, Damon put voir que tous les regards étaient portés sur eux et sur le drapeau qu’ils avaient maintenant en main. Et si Zoya semblait déjà s’énerver, lui c’était plutôt une certaine forme d’inquiétude qui se voyait dans son regard. « Ouais, alors tu te rappelles quand on a dit qu’on voulait rattraper les autres ? Et bien va falloir se dépêcher car on vient de donner une idée à d’autres participants je pense. » Et ce n’était en rien le but de leurs actions; eux voulaient avancer le plus rapidement possible dans l’aventure.

Et sur l’eau, alors il fallait construire un mat pour mettre le drapeau leur servant de voile de fortune. « Y’a intérêt à avoir du vent je te le dis. » Surtout avec la façon dont il se salissait les mains pour tout ça, ils avaient intérêt à avancer. « Va falloir tenter de mettre à l’eau notre embarcation dans pas longtemps. T’y crois ou t’y crois pas du tout ? » Qu’il demanda à Zoya alors qu’il relevait quelque peu son visage dans sa direction, ses doigts continuant de nouer la corde.