#ET, téléphone, maison:

« Tu peux me tutoyer, s'il te plaît... » Ezra eut un petit sourire - malgré la situation stressante dans laquelle ils étaient. « Pas de soucis, je te vouvoyais plus par réflexe en fait. » C’était vrai qu’en y réfléchissant, se vouvoyer dans une situation pareille relevait du ridicule limite. « D'accord d'accord, on va … trouver une solution. » Ces quelques paroles auraient pu rassurer Ezra, s’il n’avait pas effectivement entendu ce cri affreux de la part de Jon… En réalité, il espérait que c’était celui de Jon, car il n’avait pas pensé sur le moment qu’il aurait pu provenir de quelqu’un d’autre. Mais en même temps, si ce n’était pas Jon, la situation était encore plus délicate car Ezra n’aurait eu aucun signe de vie très récemment de lui. Il souffla pour tenter de ne pas imploser. Malgré tout, il tentait toujours de garder une façade convenable car il savait que Lily-Rose pouvait quand même le voir, à défaut de l’entendre, de là où elle était assise. « Il faut qu’on trouve quelque-chose oui… » La jeune femme vint poser une main rassurante sur son épaule et il lui répond par une petite moue reconnaissante. Au moins, ils étaient tous là pour les autres dans cette situation plus que merdique. « Hum... je pense que ce n'est pas une bonne idée de repartir là-bas. Ça peut paraître poltronne, sauf que si on y va et que plus de monde est perdu ou blessé, ça va aggraver la situation. Ça m'inquiète aussi... » « Et de toutes façons, avec un petit en route, je te laisse pas aller dans la forêt. Il vaut mieux que tu restes dans un environnement plus sûr. » Ezra savait à quel point parfois, les situations stressantes pouvaient avoir un effet néfaste sur les grossesses. Surtout que Hope ne semblait pas en être à seulement quelques semaines. Et Ezra ne mettrait jamais la vie d’un enfant en danger, plus qu’il n’était nécessaire disons. Soudain, Hope releva le regard vers lui, comme si elle venait d’avoir une idée de génie. Il leva donc un sourcil dans sa direction. « Hé ! Il y a deux autres groupes qui sont partis, ils auront entendu le cri et auront récupéré Jonathan... sinon quand ils reviendront nous leur apprendrons que ton ami, Jonathan, est encore dans la jungle. Si ils ne reviennent pas avant le début de soirée il faudra trouver une autre solution, on ne pourra pas aller le chercher si il fait nuit. » Une lueur d’espoir apparut alors dans le regard d’Ezra. Il avait effectivement oublié, mais il était vrai qu’ils n’étaient pas les seuls à s’être aventurés dans la forêt plus tôt. « Tu as raison. Surtout qu’on n’avait pas pris des chemins si différents que ça en partant. Un autre groupe l’a surement ramassé. Et il criait surement parce-qu’il a du déchirer sa chemise ou autre… » Ce n’était qu’une maigre consolation pour le moment, mais au moins Ezra était quelque peu apaisé. Et puis, oui, il était fort probable que Jon soit juste tombé nez à nez avec une plante ou un petit insecte qu’il n’avait pas l’habitude de croiser d’habitude en ville. Après tout, la jungle n’était pas du tout l’élément dans lequel il devait être à l’aise. « Je m'appelle Hope, au fait. Toi c'est Ezra il me semble ? » Il lui sourit. « C’est ça, Ezra. Enchanté Hope. Alors… Comment tu as eu le droit à cette superbe aventure toi ? » Ezra finit par se diriger de nouveau vers l’endroit où Lily-Rose était toujours assise, les regardant de son oeil d’enfant qui veut connaître les conversations de grands. Il vint d’ailleurs s’assoir à ses côtés, continuant de s’adresser à Hope. « Et j’ai vu que tu avais rencontré la petite princesse Lily. J’espère qu’elle a été mignonne ! »

Kyeran regard Samuel et Jonathan s’éloigner, étudiant la gestuelle de les accompagnateurs pour être certains que rien ne clochait et qu’ils ne prenaient pas un aller simple pour l’abattoir, ou autre situation désagréable. Rien n’était familier dans le coin aussi était-il convaincu qu’il valait mieux rester sur ses gardes et agir avec la plus grande des prudences, comme par exemple se plier à toutes les demandes aussi incongrues cela pouvait-il l’être dans leur monde à eux. Néanmoins, il se détendit un peu en écoutant l’échange entre Ethan et Jameson, lâchant même un petit rire. Il aimait la capacité d’Ethan de garder son humour dans cette situation alors que lui se laissait de plus en plus gagner par le désespoir ou la panique ou un savant mélange des deux. Suivant d’ailleurs ce dernier, il commença aussi à se débarrasser ses vêtements, sentant des regards posés sur eux ou était-ce son imagination qui lui jouait des tours. Se retrouver à poil devant des inconnus n’avait rien d’anodin et il avait la désagréable sensation d’auditionner pour un film porno –gay-, une impression qu’il partagea d’ailleurs à voix haute, non pas qu’il sache comment ça se passe dans le milieu mais en tout cas pour lui, ça ressemblerait foutrement à ça. Il se permit quelques regards en direction de son compagnon d’infortune, des regards en hauteur assurément, s’arrêtant volontiers au niveau de l’abdomen, politesse masculine qui exigeait par exemple de prendre l’urinoir le plus éloigné de l’autre dans les toilettes. L’embarras le faisait décidément divaguer. « Tout se passe bien ? » avait-il quand même demandé à Jameson, dont les convenances lui imposaient de lui offrir son dos et puis, après réflexion si quelque chose clochait, elle aurait forcément lancé l’alerte. « Bon c’est à notre tour j’crois bien » dit-il comme pour se donner un peu de motivation avant d’emboîter le pas de leurs hôtes. Il se demandait ce qui pouvait bien les attendre, apparemment ce ne serait rien de tranquille, autant que pouvait l’être le petit bain de Jameson en tout cas. « Prépare-toi, va falloir montrer sa force » glissa-t-il à Ethan, dont il ne doutait pas franchement du pédigrée à ce niveau, il espérait juste que ça n’implique pas des animaux, il ne manquerait plus qu’il se fasse mordre la queue (sa plus grande crainte dans son existence si jamais quelqu’un venait à lui poser la question)

Les mots s'échangent, il faut trouver une solution ! Sur ce point nous sommes d'accord mais ne trouvons pas cette solution miracle qui résoudrait tout. Un miracle pourrait justement nous sortir de là : un bateau qui passe à proximité nous retrouverait, enverrait un message à l'armée qui s'empresserait d'arriver pour sauver ceux partis en foret. Cela créerais un beau remue-ménage sur cette île sauvage peu foulée par l'homme. Pour le moment nous prenons les décisions qui s'imposent, nous improvisant chef de meute pour quelques instants : ne laisser repartir personne pour limiter la casse. C'est la règle numéro 1 quand on arrive sur les lieux d'un accident : évacuer la cause du danger pour ne pas blesser plus de personnes. Je pose la main sur le coté de mon abdomen où j'ai l'impression qu'une vague parcourt la peau tendue, le bébé donne un bon coup, ce qui me rassure un peu. « C'est clair que je ne mettrais pas les pieds là-dedans ! » Le masochisme ça n'a jamais été mon truc et je ne compte pas commencer aujourd'hui ! L'envie de retrouver Liam me pousse à faire tout ce qu'il faut pour que tout le monde aille bien.

D'ailleurs il y en a qui sont déjà partis... des gens assez dégourdis d'après ce que j'ai pu entendre. Ils ne sont pas tout seuls dans la foret, pourquoi Jonathan ne retrouverait-il pas l'autre groupe ? « Sa chemise ? Il est si attaché que ça à ses vêtements ? » je demande avec des yeux ronds comme des soucoupes. « On a quelques heures de répit avant de vraiment s'inquiéter. C'est vrai... si il y avait des gens sur cette île ou des bêtes féroces elles auraient rappliqué ici depuis un bout, il y a plein de chair fraîche ici. » Je m'aperçois de la trivialité de mes propos, tente de me rattraper en sortant rapidement : « Oups, désolée... je ne voulais pas que ça sorte comme ça. » On essaie de se rassurer comme on peut ! D'après ce que les habitués de l’île ont dit, elle ne recèle pas de grands dangers donc nous devons plus nous préoccuper de survivre jusqu'à demain plutôt que de palier aux dangers.

La conversation se fait moins dramatique, je m'accorde donc quelques minutes pour me recentrer sur moi-même. « En fait je devais venir avec Liam, mon petit-ami. Sauf que ce matin il a été appelé en urgence pour une intervention donc il m'a dit de bien profiter de la croisière. Il est vachement protecteur, le pauvre... il va péter un câble ou faire une crise cardiaque. Et toi ? Tu voulais faire découvrir les joies de la nature à ta fille ? » je lui raconte en suivant ces pas. Nous nous installons de part et d'autre de Lily-Rose, l’encadrant pour la rassurer. Elle ne me connaît pas encore, pourtant elle a fait preuve de courage, elle n'a pas paniqué quand la seule personne qu'elle connaissait sur le bateau est partie en foret. « Oui elle a été adorable ! J'aimerais avoir une fille aussi courageuse qu'elle. »

Finalement, blondie découvre que la jolie Lily-Rose possède dans son sac de quoi tenir jusqu’à ce soir et se permet de souffler quelques secondes. Un problème en moins, jusque quand ? Elle sait pas trop, on verra. Plusieurs personnes sont parties à la recherche de nourriture, Scarlett y compris, il y aura forcément de quoi faire non ? Elle va croire que oui, jouer les défaitistes n’a jamais fait partie de son caractère et puis, tout le monde est en train de s’organiser, de s’aider, des gens qui se connaissaient même pas avant aujourd’hui sont en train de se tenir les coudes, oui, ca va aller. Alors que son raisonnement commence peu à peu à taire ses peurs, Ezra fait son entrée, une expression sur le visage qui lui dit rien qui vaille. Hope et elle le suivent, blondie gardant son sourire pour ne pas alerter Lily à qui ils ont promis que tout se passerait bien. Mais visiblement ça va être plus compliqué que prévu, quelqu’un a disparu. Il n’en faut pas beaucoup à blondie pour sentir la peur s’infiltrer, juste quand elle parvient à rétablir un peu de positif dans ses pensées, une autre mauvaise nouvelle fait son entrée. Mais les paroles de Hope parviennent à la calmer, cette femme a une manière très apaisante de parler, elle ferait une bonne mère se dit Jordan quelques secondes. Elle hoche simplement la tête, signe qu’elle écoute et qu’elle comprend, oui, s’ils devaient être manger par une bête celle-ci serait déjà venue leur rendre visite…n’est-ce pas ? « Je vais continuer à aider Charlotte, on sera plus efficaces à plusieurs pour construire l’abri » dit-elle alors que le duo retourne s’asseoir et qu’elle s’avance vers son amie non loin de là. Elle continue de se dire qu’il y a dans le bateau des trucs pouvant être utiles.

« C'est clair que je ne mettrais pas les pieds là-dedans ! » Ezra n’était déjà pas très confiant à l’idée d’y aller une fois - l’aventure c’est pas réellement son truc -, mais maintenant qu’il sait qu’un ami à lui y est coincé, il se retenait d’y aller juste parce-que c’était la chose la mieux à faire. Sinon, il aurait été fort probable qu’il y serait retourné. Et puis, il n’était pas venu seul, il fallait qu’il soit là et vivant de préférence pour Lily-Rose. « Sa chemise ? Il est si attaché que ça à ses vêtements ? » Les yeux qu’avait Hope à ce moment là firent rire Ezra. Il était vrai qu’il n’avait pas eu l’air d’être reconnu lorsqu’ils étaient arrivés sur la plage, et qu’il n’y avait que quand on le connaissait d’avant qu’on pouvait comprendre la blague que venait de faire le jeune homme par rapport à la chemise de Jon. « Plus ou moins oui, on va dire. » Ce n’était pas le moment de créer un émeute si des personnes dans le coin étai fan du Dragon Deauclaire, ça l’énerverait lui et en plus ça mettrait des personnes en danger, si elles voulaient partir à sa recherche. « On a quelques heures de répit avant de vraiment s'inquiéter. C'est vrai... si il y avait des gens sur cette île ou des bêtes féroces elles auraient rappliqué ici depuis un bout, il y a plein de chair fraîche ici. » Cette fois ci, ce fut à Ezra d’avoir des yeux comme des soucoupes. Il ne savait pas s’il voulait être sûr d’avoir entendu ce qu’il venait d’entendre, et Hope dut se rendre compte de ce qu’elle venait dire car elle reprend la parole rapidement. « Oups, désolée... je ne voulais pas que ça sorte comme ça. » « Sorti comme ça, je dois t’avouer que ça rassure pas du tout… Mais l’idée était pas mauvaise de base, s’il y avait vraiment des personnes habitant dans le coin, elles nous auraient vu et entendu et auraient rappliqué. » Il se permettait de dire ça car il ne faisait pas partie des gens qui étaient justement avec les aborigènes en ce moment même. Ezra avait juste eu de la chance de ne pas les croiser jusque là. La conversation partit sur un sujet plus léger, Ezra se dit qu’il fallait mieux qu’ils parlent d’autre chose sinon ils allaient finir par avoir tous les deux envie de partir à la recherche des autres dans la forêt. « En fait je devais venir avec Liam, mon petit-ami. Sauf que ce matin il a été appelé en urgence pour une intervention donc il m'a dit de bien profiter de la croisière. Il est vachement protecteur, le pauvre... il va péter un câble ou faire une crise cardiaque. Et toi ? Tu voulais faire découvrir les joies de la nature à ta fille ? » Ezra eut un petit sourire lorsque Hope lui posa sa dernière question. Il était vrai qu’à première vue, la façon dont Ezra se comportait avec Lily-Rose et inversement pourrait faire penser qu’il était son père. Si seulement c’était aussi simple. « Il est médecin comme toi ? Et je pense que ça ne va passait le seul à réagir comme ça… La nuit va tomber dans quelques heures, toute les personnes qui nous attendent en ville vont commencer à s’inquiéter. Mais il se calmera quand il verra que tu vas bien. » Il tenta un petit sourire semi-réconfortant en direction de la jeune femme. Il en connaissait une qui allait lui passer un savon lui en tous cas. « Et… Les joies de la nature, oui, mais contrairement à ce qu’on peut penser en nous voyant, Lily-Rose n’est pas ma fille. » Son sourire se faisait pus franc. « C’est la fille de ma meilleure amie. Ma filleule aussi. Ma petite princesse. » Et c’était ce sourire fier maintenant qui avait pris place sur son visage. Comme si la petite avait été sa fille. En même temps, il l’avait quasiment élevé avec Amelia, il avait toujours été là pour les deux femmes, c’était normal qu’il ait ce genre de comportement quand on parlait de Lily. « Oui elle a été adorable ! J'aimerais avoir une fille aussi courageuse qu'elle. » Ezra regarda la petite, l’embrassant sur le front par la suite. « Ca m’étonne pas d’elle ça. Je suis fier de toi, Lily. » « Je vais continuer à aider Charlotte, on sera plus efficaces à plusieurs pour construire l’abri » Ezra releva la tête ver Jordan. Depuis qu’il était revenu sur la plage, elle n’avait pas dit un seul mot, restant calme. Il n’aimait pas réellement ça. « Jordan, tu es sûr que ça va ? » Il posait la question pas seulement parce-qu’elle était employée chez lui et qu’il avait un espèce de devoir envers ses employés, mais réellement parce-qu’il avait l’impression que la jeune femme affichait une expression qui semblait inquiète. « Tu n’es pas obligée de répondre. Et si tu as besoin d’aide, si vous avais besoin d’aide… Hésites pas. »

J’ai assuré à Kyeran que j’allais bien et je l’ai regardé s’éloigner en compagnie d’Ethan. J’étais pas forcément rassurée, mais j’avais pas envie de leur ajouter un poids. Mes deux compagnons auraient déjà fort à faire avec leur propre épreuve. Et pour être honnête, je ne ressentais plus de peur, ni de panique. J’étais entourée de femmes, j’étais couverte de boue. Je ne me sentais plus vulnérable comme l’instant auparavant, quand les hommes de la tribu s’étaient mis à gueuler pour qu’on retirer nos fringues. En fait, j’étais plus irritée qu’autre chose. Je trouvais pas ça correct, de forcer des étrangers à venir subir un rituel alors qu’ils étaient censés ramener de la nourriture et de l’eau aux autres sur la plage. La tribu amérindienne d’où mes ancêtres venaient auraient réagi différemment, je croyais. Mais j’ai pas bougé, j’ai serré la mâchoire, et j’ai laissé la vieille sage me chantonner ses rituels en recouvrant mes épaules de boue. Au moins, les sensations étaient agréables – à défaut de la situation ou de sa voix un peu trop forte pour mes tympans proches de ses lèvres. Et puis après, elle m’a fait signe de me relever, ce que j’ai fait, la tête haute. Elle m’a enveloppée dans un grand draps et les autres femmes se sont mises à me frictionner pour retirer la boue. J’avais un peu l’impression d’être une jument qu’on préparait pour un concours de beauté. J’avais dédié ma vie à me battre pour que les humains n’aient plus le droit d'exploiter les animaux ainsi, autant vous dire que je n’étais pas ravie de me retrouver dans leurs sabots.

Enfin, elles m’ont tendu un pagne avec lequel elles ont couvert mes fesses, mon entrejambe et ma poitrine, avant de m’affubler de coquillages et de – surprise – encore plus de peinture de guerre. Maintenant, je me faisais l’effet d’un paon. Mais apparemment j’étais magnifique, parce qu’elles avaient l’air très contentes de leur travail. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais quelques doutes. Elles m’ont invitée à m’assoir autour d’un feu ou j’ai bu une mixture un peu étrange et très certainement alcoolisée. J’ai refusé de partager leur viande, mais j’ai accepté quelques fruits qu’une enfant était très fière d’avoir cueilli elle même. Je l’ai remerciée avec un sourire et lui ai montré comment faire une marionnette avec une peau de banane, ce qui l’a fait rire aux éclats. « Merci », me dit une femme, surement sa mère. « Elle enfant timide. Mais contente. Contente. » A ces mots, j’ai senti une petite lueur d’espoir se raviver en moi. Elle parlait très mal anglais, mais semblait comprendre quelques mots. Je ne sais pas trop comment, mais j’ai fini par réussir à lui faire comprendre comment nous avions atterrit sur leur île. Le bateau qui s’est explosé, la plage avec ceux qui attendaient. L’eau, la nourriture, que nous devions ramener. Elle m’a écouté, traduisant à ses compagnes. A la fin de mon récit, elle m’a prise par la main et m’a entraînée dans la forêt. « Eau » m’a-t-elle dit en montrant un ruisseau sur lequel je n’aurais pas forcément parié. Elle remplit ses mains du liquide et en but plusieurs gorgées pour me montrer. Soit. « Tu prends. » ajouta-t-elle en désignant les arbres fruitiers qui se trouvaient autour. « Tu nourris les tiens. Toi, la mère. » Je ne savais pas trop ce qu’elle voulait dire par là, mais j’ai hoché la tête avec une expression de circonstance, soit un peu grave.

- Merci, j’ai dit simplement.

Je l’ai regardé s’éloigner vers le camp, et je me suis empressée de remplir mon sac à dos des fruits qui abondaient autour de nous, ainsi que les bouteilles. J’étais tentée de changer de fringue et de remettre les miennes, aussi, mais je ne voulais pas offenser ma « nouvelle amie ». Aussi j’ai ramené nos trouvailles au camp et les ai rassemblées dans un coin, prêtes à être embarqué quand « mes » hommes reviendraient de leurs épreuves.

Je voulais pas que le bébé il meure de faim parce que maman elle dit que les bébés ils ont besoin de beaucoup manger et ils sont fragiles alors je voulais donner la nourriture à la dame à côté de moi mais elle voulait pas. Alors j’essaye de faire un marché parce que des fois ça marche avec maman. « C'est très gentil de ta part Lily. En fait, il a beaucoup mangé ce matin en fait. Alors il peut attendre un peu tu sais, mais toi tu as faim tout de suite. Mange un peu, d'accord ? Si tu n'es pas en forme on ne pourra pas aider les filles à construire l'abri, ce serait vraiment dommage. Je suis sure que tu as plein d'idées pour le construire, c'est comme si on fabriquait une cabane géante. Prends ça ma belle, prends là. Les autres vont revenir avec des fruits et ce qu'il faut pour manger, mais si j'ai faim d'ici là, ou mon bébé, je te promets d'en manger une aussi. On est d'accord ? » Je regarde la dame qui a rangé la barre de céréales dans mon sac. Elle aussi elle m’a fait un marché et c’est pas celui que je voulais mais bon, il faut prendre ce qu’on a non ? Je finis par hocher la tête et prendre une bouchée de ma barre de céréales. « Mais vous promettez hein ? Moi je veux pas que votre bébé meure de faim. » C’est tout mignon les bébés et ça sourit tout le temps et ça fait des bruits bizarres et j’aime bien les tenir. On me laisse des fois quand je suis bien assise dans un canapé chez des amis de maman parce que je promets que je serai vraiment sage. « Moi c'est Hope, et mon amoureux s'appelle Liam sauf qu'il a du rester à Brisbane pour travailler. Il soigne des gens, lui aussi. » Oh … Je sens que ma gorge fait un truc bizarre parce que son bébé il aura un papa. Liam il s’appelle et il pourra prendre son papa dans ses bras parce que son papa il l’aimera pas comme le mien qui n’est jamais là et dont personne ne veut me parler. J’ai une larme qui coule sur la joue et je dis : « Votre bébé il a de la chance parce que lui il aura un papa. » Dis-je en prenant une autre bouchée et en regardant la mer. C’est pas juste que certains bébés aient un papa et d’autres non. Moi j’en ai jamais eu, dans mes photos il est jamais là c’est toujours maman et auntie Amber ou tonton Ezra … Alors que je finissais ma barre de céréales il y a eu du bruit derrière nous et tonton Ezra apparut. Je me levais et je courrais dans ses bras pour lui faire un gros câlin parce que j’avais pas aimé quand il était parti. « Tu vois, je suis revenu. » Je lui fis un bisou sur la joue bien décidée à rester dans ses bras mais tonton Ezra voulait parler aux grands et j’aime pas quand les grands ils font ça surtout maintenant qu’on est coincé sur une île. Je vois Charlotte et les autres personnes construire un abri et j’ai pas envi de dormir sur la plage mais je le dis pas parce que je sais que tonton Ezra il peut rien faire. Je laissais tonton Ezra et Hope partir même si j’avais pas envi mais je voyais sur leur visage que quelque chose allait pas. Je sais pas ce que ça peut être mais j’ai beaucoup peur. Finalement tonton Ezra et Hope vinrent s’asseoir à côté de moi et je préférais parce que je les préfère à côté de moi. « Et j’ai vu que tu avais rencontré la petite princesse Lily. J’espère qu’elle a été mignonne ! » Je fis la moue à tonton Ezra parce que je suis toujours gentille ! Et toujours sage ! Il devrait le savoir ! « Je suis toujours mignonne ! Et j’ai voulu aider Charlotte parce que maman elle dit que c’est bien d’aider mais j’ai eu mal à la tête et j’ai mangé une barre de céréales mais Hope elle voulait pas la manger avec moi mais je veux pas que son bébé il ait faim. » Dis-je pour expliquer la situation à tonton Ezra. Cela le fit sourire et Hope aussi. « Oui elle a été adorable ! J'aimerais avoir une fille aussi courageuse qu'elle. » Et tonton Ezra lui répondit : « Et… Les joies de la nature, oui, mais contrairement à ce qu’on peut penser en nous voyant, Lily-Rose n’est pas ma fille. C’est la fille de ma meilleure amie. Ma filleule aussi. Ma petite princesse. Oui elle a été adorable ! J'aimerais avoir une fille aussi courageuse qu'elle. » Je les regardais avant de dire : « Je suis sûre que votre bébé sera très courageux. Je pourrai le voir un jour ? J’aime bien les bébés. » Dis-je avec un sourire. Puis Jordan se leva et je me tournais vers elle en disant : « Tu veux un câlin ? » Des fois ça fait du bien les câlins.

« Je te promets, Lily. » C'est rafraîchissant de parler avec la blondinette. Elle n'a pas pleuré quand son parrain est parti, elle a pensé aux autres alors qu’elle-même avait faim... elle sera sûrement une formidable petite guerrière dans quelques années. C'est à ce moment de mes réflexions que je remarque l'unique larme qui coule sur ses joues. Avant que je ne lui demande, je comprends pourquoi elle est émue. Son père doit être mort, ou parti, ou... je ne sais pas. En tout cas elle n'a pas de papa, à ce que j'entends. Je suis déboussolée par sa remarque, émue aux larmes par l'injustice de la situation de Lily-Rose. Je ne suis pas naïve au point de penser que le monde est tout rose, j'ai eu mon lot de problèmes, mais je n'avais jamais pensé que la petite n'aie pas de père ; et que ma remarque fasse mouche. Avant que je n'ai pu me retourner pour la réconforter, Ezra revient.

Discuter de choses « normales » me fait plus de bien que je ne l'aurais pensé. Je suis loin d’être seule sur l’île et une flopée de proches nous attendront à notre retour. « Oui il est médecin aussi. » Inutile de dire que Liam est théoriquement mon supérieur hiérarchique. Peu de personnes étaient au courant que nous formions un couple, heureusement car il était de notre intention de ne pas laisser fuiter l'information. Si cela venait à se savoir nous pourrions avoir des problèmes du point de vue éthique, l'un comme l'autre. Ca l'énervait beaucoup que j'invente une histoire sur le père du bébé auprès de mes amies. Possessif comme il est, il aurait souhaité clamer à la face du monde que je lui appartenais. Lily-Rose n'est pas la fille d'Ezra, m'apprend-il. Encore une bourde de la part de miss catastrophe... « Oh désolée ! Vous avez l'air si complices... » dis-je pour m'expliquer. « Oui tu pourra le voir un jour, on se reverra sûrement ! » Je rejoins Lily-Rose qui propose un câlin à Jordan sous nos regards amusés. Chacun selon nos moyens, nous mettons la main à la patte pour ne pas faire de ce séjour sur l'ile une horreur complète. « Maintenant que l'état de choc est passé certains doivent plus se rendre compte de ce qui se passe je pense. »

#B3

Le ridicule ne tue pas il parait, heureusement d’ailleurs, parce que boire une mixture étrange et pas franchement agréable en bouche, ça passe encore, car Kyeran a pu y identifier quelques plantes familières et préfère ainsi faire comme si c’était bon pour la santé. Mais danser à poil, ça, c’est nouveau pour lui, pour Ethan aussi. Il les sait complètement risible et il est sûr que l’un n’aura plus aucune crédibilité aux yeux de l’autre. Non, franchement, c’est une scène qui mériterait d’être filmée et conservée pour un éventuel chantage, non pas que Kyeran le désire ardemment mais… pour la postérité, au cas où il meurt ici, Martin sera ravi de voir qu’il est parti en dansant, une passion inavouée. Pourtant, alors qu’il prend étrangement de plus en plus son pied dans ce rituel, le silence se fait et ils retrouvent rapidement avec des flèches et un arc en mains. Les bouches bougent mais Kyeran peine à suivre, quelque chose cloche. Son regard hagard se pose ci et là « Merde un truc cloche » dit-il doucement à Ethan, captant ses prunelles, il comprend que lui aussi s’en est rendu compte. Nullement le temps d’y penser, on les pousse en direction des bois. « Mec, tu vois ce que je vois ? » ou ne voit pas d’ailleurs. Il sent le danger autour d’eux et la nuit tombante, n’aide en rien. Inconscient, il s’approche de l’endroit où il entend des bruits, quitte à mourir, autant savoir ce qui le propulsera six pieds sous terre. Un frisson lui parcourt l’échine, il lui semble que l’atmosphère est devenue plus hostile soudainement. Puis, il se relève brusquement sentant un truc non-identifié lui dévaler la chevelure. « Oh mon dieu, on est attaqués » crie-t-il d’une voix plus aigüe, persuadé à cet instant qu’ils vont y passer « il parait qu’ils aiment les corps de mecs bien portants, t’imagines s’ils abusent de nous ? » ils ? Allez savoir, les autochtones, les extra-terrestres, des créatures de la nuit… des animaux nécrophiles, tiens, Kyeran se demande si Ethan et lui ne viennent pas de découvrir une nouvelle espèce. « on devrait retourner au village »

« Jordan, tu es sûr que ça va ? » ça, c’est la question à quinze mille dollars. Rien ne va, plus ca va, plus elle se dit  que rien ne s’arrange. Elle se demande même si ça avait été une bonne idée de se disperser, parce qu’on sait rien de ce qu’il y a dans les bois et si les autres ne reviennent pas ? La nuit est en train de tomber, il va bientôt falloir du feu, pourtant y a rien pour, ça devrait arriver qu’on lui répondra sûrement, mais elle a entendu quelqu’un parler d’un rhinocéros ou autre bête dangereuse, qu’est-ce qui dit qu’ils n’ont pas été bouffés ? Et que ce sera pas bientôt leur tour ? Trop de questions qui crée un mouvement de panique dans sa tête, foutant son cœur en vrac, pourtant elle sourit.  C’est pas le moment. « Oui, t’inquiètes, il faut juste que je m’active un peu » pour éviter de partir en courant jusqu’à la mer pour essayer de rentrer à la nage, elle n’irait pas bien loin et ne ferait provoquer la peur auprès des autres alors les gens commencent à peine à trouver un semblant de calme et d’organisation. « Avec plaisir ma chérie » répond Jordan avec un grand sourire à la proposition de câlin de la part de Lily-Rose. Elle se baisse pour être à sa hauteur et la prend dans ses bras, déposant un bisou sur son front « Bon, faut que j’aille vraiment voir où Charlotte en est, il faut que cet abri soit fini pour ce soir » elle se redresse et s'éloigne du trio afin d'aller ramasser les morceaux de bois réclamés par son amie. Son regard croire celui d'une brune (Antigone) pas loin et s'approche instinctivement d'elle tout va bien ?

« Ils sont jolis tes yeux » Jordan lance avec un petit sourire. Blondie aime la particularité de ses prunelles, elle a l’impression qu’elle pourrait passer à des heures plongée dans ce couleurs, essayant de percer le mystère de la jeune femme. Machinalement, elle porte ses mains à son visage, sa peur a avaler ses jolies couleurs, pas étonnant qu’Ezra se soit inquiété de son soudain silence. Tout le monde le sait, Blondie trouve toujours quelque chose à dire. Pas là. Pas aujourd’hui. Elle aimerait simplement retourner dans son atelier, peindre jusqu’à la fin du monde, ou une connerie du genre. « Merci » un léger sourire alors qu’elle prend le paquet de bonbon dans sa main et elle a vite fait de s’en mettre un dans la bouche. « c’est plus sucré que je l’aurais cru » s’exclame-t-elle doucement. Une friandise sans goût qu’elle s’était dit au départ et comme on refuse pas les offrandes, elle a accepté par politesse et sûrement parce que son estomac est plus que jamais vide. « Ah oui, avec plaisir, il faut ramener tout ça là-bas –elle fait un signe en direction de Charlotte et des personnes venues l’aider- comme ça ils peuvent continuer l’abri » blondie se baisse pour ramasser un autre morceau et en essayant de se relever, ses pieds s’emmêlent dans une danse maladroite et brève, l’obligeant à libérer ce qu’elle a en mains. « Moi c’est Jordan, la maladroite » un petit rire cristallin lui échappe, parce qu’il vaut mieux ça que pleurer et puis c’est vrai, si une maladresse doit être accomplie, on pourra toujours compter sur elle, ceci peut être considéré comme un véritable talent. Au moins, elle, n'est pas tombée. Elle ramasse ce qu’il lui a échappé, pour la énième fois aujourd’hui et se relève, le regard couvant l’horizon « il va bientôt faire nuit, tu crois qu’ils reviendront à temps ? » ou qu’ils reviendront tout court qu’elle veut ajouter. C’est pénible de rester là et… de patienter « désolée, je crois que j’suis pas douée pour attendre »

Se faire assassiner, se faire vider de leur sang, se faire dépecer. Oh mon dieu, il est venu pour ça lui. En plus avec tout ce vacarme dans les bois, ils arrivent, il peut le sentir. L'angoisse est à son paroxysme et celle-ci explose en un joli feu d'artifice quand il entend la voix de Jameson derrière lui. Il sursaute et manque de grimper sur le dos d'Ethan, la fierté est si belle chose, il ne faut pas non plus oublier qu'ils sont toujours à poil, quittant le statut de film d'horreur, cette aventure deviendrait sensiblement différente et... Bref, il fixe son regard sur Jameson, s'approchant d'elle pour tâter son visage au cas où elle ait été remplacée par un clone envoyé par les extra-terrestres pour les ramener sur leur planète. impossible se dit-il finalement, ces créatures n'auraient pas traversé on ne sait combien d'années lumières pour venir kidnapper deux gars paumés et nus au milieu des bois. oh c'est toi, je suis si content de te voir lance-t-il en manquant de la prendre dans ses bras, vu son humeur il n'est pas dit qu'elle accepte le geste. Le trio se met alors en route,  allure modérée comme à la fin d'un film où l'adversaire aurait vaincu, qu'ils n'ont plus qu'à rentrer chez eux et...finalement non. Alors que Kyeran se dit que ca y est, ils sont sauvés, ils vont pouvoir échapper à tout ce qui est tapis entre les arbres c'est là qu'il remarque le fourmillement sur les côtés, et qu'apparaissent des serpents. Et s'il y a une chose qui le fasse être plus rapide qu'Usain Bolt ce sont bien ces bêtes. Aujourd'hui n'y fera pas exception puisqu'il détale comme un lapin sur attaque de serpeeeeents balançants les flèches qu'il tenait et forçant les autres à le suivre.

Ils débarquent quelques minutes plus tard au village sous le regard moqueur et les éclats de rire des indigènes, dont certains se tiennent les cotes tant la plaisanterie est comique. Un homme -qu'il ne se souvient pas avoir vu jusqu'ici- s'approche du petit groupe de nudiste, sourire aux lèvres. Vous avez réussi l'épreuve lance l'homme dans un anglais parfait et une voix claire dans laquelle est perceptible beaucoup de raillerie. Kyeran fait un effort de concentration, se surprenant à vouloir traduire ce qu'il disait et de n'y comprendre pas grand-chose. Désolé pour ce petit tour il s'adresse directement à Jameson, la seule en plein possession de son esprit mais le fait que vous ayez paniqué aussi facilement était tentant, quoiqu'un peu insultant les gens de dehors ne prennent pas le temps et partent en courant devant ce qui est différent, ou pire, initient un combat qui n'a pas lieu d'être je suis Hairbrush Pilmatatji fils de Tampi Tampi Tjapaljarri chef de cette tribu il fait un signe en direction d'un vieil homme assis sur un espèce de trône, vu sa dégaine, Kyeran se dit qu'il aurait de l'allure sur le trône de fer vous pouvez m'appeler Georges un petit sourire amical. il fait un signe de la mains et des gens approchent les mains chargées de tissus voici quelques vêtements et j'ai cru comprendre que vous recherchiez à manger pour vos compagnons, nous vous en fournirons et vous raccompagnerons jusqu'aux vôtres quelques personnes se dispersent pour aller préparer les victuailles, d'autres se préparent, ceux-là qui sont désignés pour les accompagner et pour vos compagnons son regard s'ancre dans celui de Jameson ils devraient retrouver leur esprit d'ici peu retrouver son esprit ? Kyeran ne comprend pas, il se sent bien... si on pouvait juste arrêter de lui siffler dans l'oreille, tout irait pour le mieux. Tout le monde s'active, le départ est pour dans quelques minutes.