Je me sais dans un état proche du coma tellement mon cerveau semble s’être mis en vacances. Je m'en rends compte, heureusement, mais je ne peux m’empêcher de rigoler à tout et à rien, de voir des paillettes dans le ciel et des étoiles à mes pieds. On me demande de ramasser du bois. Je m'exécute sans broncher tout en espérant que ce que je ramasse est bien du bois... je n'aurais jamais cru qu'il y aurait des steaks hachés sur une île, mais peut-être que ce ne sont pas des steaks hachés qui pendent à l'arbre... Maman canne vient même me demander si ça va... je la regarde en penchant la tête, le temps que mon cerveau fasse les liens correctement. « Heu... oui ? » Un autre mec s'approche d'elle et dit que je place mais... je suis sur la terre ferme là, je ne vole pas. Donc... « Ha oui ? Il est où l'avion ? » dis-je, les yeux pétillants.

J'ai l'impression de ne pas rester longtemps planté là, quand je me rends compte que ça fait un petit moment que je suis immobile la vie a repris son cours. Il y a même un type à l'air pas commode qui semble engueuler Jameson par rapport à des allumettes. Il veut s'en fumer une probablement... quoi qu'avec des allumettes... Mon cerveau peine à comprendre cette situation. Plutot que de faire une connerie ou de ralentir les autres je vais m'asseoir près du groupe principal, dépose mon tas de bois près du feu et reste là à attendre que le mauvais trop sois passé.

Kyeran suit les instructions de Soren, enfin essaie parce que c’est compliqué. Un peu beaucoup compliqué. Il n’est qu’un caneton lui, un petit caneton lui de maman canne et qui doit apprendre à se débrouiller tout seul, comme un grand. Comme un grand on a dit, mais c’est dur d’être grand quand t’es qu’un petit caneton. Par contre, s’il était une licorne, là, ça irait plus vite, même Kyle aurait plus ce sourire, car il a beau être un petit caneton, il n’est pas débile et il sait que Kyle se moque de lui. Parce que Kyle est plus grand et plus fort et que merde, il n’est qu’un caneton quoi. C’est de la discrimination, il en est certain ! S’ils n’étaient pas coincés sur cette plage, dépendants de la bouffe de Kyle et ses amis, pour sûr qu’il aurait porté plainte avec l’aide de l’organisation des petits canetons sans défense. Et maman canne elle est où ? Il lève la tête et la repère en pleine discussion avec Soren, ils ont l’air de se connaître pourtant ils se disputaient y a deux secondes, c’est donc lui papa canard ? Tout s’expliquerait, les parents ça se dispute toujours et il serait grand temps que le petit caneton rencontre papa canard. Assis en tailleur, il observe le duo avec une concentration sans faille, comment lancer le sujet ? Soren, je suis ton caneton ? Trop direct, il prendrait la fuite et il a fallu qu’ils combattent les ombres pour qu’il le sache. D’ailleurs, un bruit attire son attention sur la droite, Ethan vient s’installer juste à côté de de lui. « Alors, t’as trouvé la solution pour devenir une licorne ? » parce que lui en a marre d’être un petit caneton sans défense, ça craint, en plus t’as une démarche pourri « ça pourrait même te rapporter un max si tu déposes le brevet »

Les choses se mettent rapidement en place et blondie se sent un peu perdue dans tout ça, bien que rassurée. Rassurer parce que tous ceux qui étaient partis, sont de retour, avec de la nourriture, de quoi se réchauffer et ça fait du bien. Mais perdue, parce qu’elle sait pas trop quoi faire, comment se rendre utile dans toute cette agitation et personne a le temps pour lui donner des directives, elle devrait pourtant pouvoir y arriver par elle-même. Alors, Lily-Rose non loin –elle craint de la perdre dans la foule et puis, Ezra lui a demandé de veiller sur elle-, elle slalome un peu entre les autres, observe ce qui se passe avec curiosité mais sans y participer, tout le monde a l’air de plus ou moins se connaitre. Elle aimerait se greffer quelque part, avec quelqu’un puis elle finit par repérer Ezra tout seul. « Tiens, voilà Ezra ! » elle lance à la petite fille dont elle tient fermement la main avant de se diriger vers son patron. « Ezra » elle appelle pour attirer son attention qu’il semble absorber par un spectacle. Curieuse, elle tourne aussi son regard dans cette direction et remarque Jameson avec un homme qu’elle connait pas, mais le visage lui est pas totalement inconnu « Lily te cherchait » elle lance avec un sourire, ou peut-être est-ce blondie, peu importe. Elle laisse la petite rejoindre son boss « quelle aventure, hein ! je crois qu’on peut souffler, tout est presque fini »

« Pas « peut-être ». Assurément. Mais d’un autre côté tu ne te serais peut-être pas aventuré hors des sentiers sans moi donc tu n’aurais pas forcément eu besoin que je t’aide à survivre. » « C’est pas faux ça. Donc j’ai risqué ma vie à cause de toi… Et de mon orgueil de l’époque. Enfin, je suis le premier a être parti en forêt quand même, je tiens à ce qu’on n’oublie pas ça. » Il sourit davantage. Il était au final content de revoir Jameson, même si c’était vrai il aurait préféré la voir dans d’autres conditions. Il y avait plus agréable d’un naufrage d’un bateau sur une plage d’une île presque déserte pour retrouver un personne que vous avez pas vu depuis plus de vingt ans. Soren fit remarquer ensuite qu’un des hommes restés sur la plage les regardait bizarrement. Jameson retint d’ailleurs un rire lorsqu’il lui demanda si c’était son petit ami. Soren eut un petit sourire en coin. Est-ce un oui ou un non ? « Il doit surtout se demander pourquoi tu me gueulais dessus il y a une minute pour qu’on revienne finalement bras dessus bras dessous. » Il prenait ça alors plutôt pour un non. Dommage, ça aurait été marrant, des potins croustillants à se mettre sous la dent même sur une île déserte. « Pour ma défense je ne savais pas que c’était toi la petite fille aux allumettes avant que tu m’appelles par mon prénom et que tu parles de Yellowstone, donc je suis tout pardonné. » Il se laissa aller à avoir même un sourire fier. Ca faisait du bien de pouvoir être soi-même un peu. Depuis qu’ils avaient débarqués ici, il se contenait pour ne pas faire de remarques trop souvent, ou des choses dans ce genre là car il ne savait pas les gens allaient bien le prendre ou non. Avec Jameson, qui l’avait connu avant même qu’il ne rentre dans l’âge ingrat, il se sentait plus libre de ses mouvements, plus détendu. « Comme tu disais, Brisbane est une grande ville. Il y avait peu de chance qu’on tombe l’un sur l’autre par hasard… enfin, à moins bien sûr de se mettre en danger au beau milieu de la nature. Et pour répondre à ta question : évidemment ta grande gueule et ton côté ronchon m’ont pas mal aidé à t’identifier. Mais ce qui t’as trahi, c’est tes yeux. J’ai jamais vu personne avec des yeux comme ça. » Soren ne put s’empêcher de rire. « Ma grande gueule, elle te dit merde, déjà. Et sérieusement, tu avais remarqué mes yeux ? Je prends ça pour un compliment, demoiselle. Au moins, ça aurait servi. » Ils finirent par arriver auprès du groupe qui s’était réuni autour du feu qui prenait une belle ampleur. Un peu de chaleur après cette journée gouvernée par l’humidité ne faisait pas de mal. Jameson s’assit aux côtés de l’homme qui les regardait étrangement depuis quelques minutes. Soren ne put s’empêcher de lui faire un petit sourire en coin. « Promis, j’te la vole pas, j’te la rends quand les secours arrivent. » Il savait que Jameson n’était pas avec ce gars, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il finit par se tourner de nouveau vers la jeune femme. « Sinon, blague des kangourous à part. Pourquoi t’as atterri ici ? J’ai eu une influence sur cette décision ou pas du tout ? » Il voulait rattraper le temps perdu avec Jameson parce-que malgré tout, il la considérait comme une amie. Ils ne s’étaient pas vu longtemps, et c’était il y a longtemps, mais ils avaient passé des moments privilégiés.

Ezra resta un moment debout là, à regarder cet étrange duo que formait Jameson et le brun qui était énervé encore quelques instants plus tôt. Il ne savait pas pourquoi d’ailleurs il restait là à rêvasser, jetant un coup d’oeil de temps à autre au feu pour être sûr qu’il prenne bien. Ce serait dommage que leur dernier effort soit annulé parce-qu’il était dans les vapes à ne pas surveiller leur unique source de chaleur. Ezra était d’ailleurs tellement ailleurs qu’il mit un bout de temps avant d’entendre que quelqu’un lui parlait. « Lily te cherchait » « Hum ? » Il finit par voir que c’était Jordan qui essayait désespérément d’attirer son attention. Il lui fallut encore une seconde ou deux avant de comprendre le sens de la phrase de la jeune femme mais une fois que son cerveau était de nouveau concentré, il finit par lui sourire - leur sourire même. « Je suis là, et je compte bien rester maintenant. » Il vient prendre Lily-Rose contre lui pour lui montrer qu’il ne comptait réellement pas repartir. Après tout, il était vrai que depuis le naufrage plus tôt dans la matinée, il n’était pas beaucoup resté avec la petite. Il avait tenté de se rendre utile pour le reste du groupe en laissant le soin aux personnes restant sur la plage de surveiller et d’épauler Lily-Rose. Quel parrain indigne il faisait ! « quelle aventure, hein ! je crois qu’on peut souffler, tout est presque fini » « Je crois que tu as raison oui. Au moins, le pire est passé et maintenant on peut se poser un peu. Venez les filles, on va se mettre près du feu. » Tenant Lily-Rose par un main, Jordan de l’autre côté, ils s’assirent près du feu. Jameson et l’homme énervé - qui ne semblait plus l’être - les rejoignirent rapidement. Le brun lui adressa d’ailleurs la parole, lui disant qu’il ne lui volait pas Jameson. Ezra fronça les sourcils. « Je t’en pris, fais ce que tu veux. » Il n’avait pas réellement saisi la blague dans la phrase du jeune homme. Il était trop fatigué par toutes ces aventures pour avoir activé son second degré, apparemment. Jameson ne mit pas longtemps à réagir par ailleurs. « Tu es cruel, je ne peux pas plutôt vous garder tous les deux ? Désolée si je n’ai pas été claire, mais Ezra n’est pas mon petit ami. On s’est rencontrés sur la plage tout à l’heure. Il était venu avec sa fille. » Elle s’adressait principalement à l’autre jeune homme mais comme elle parlait d’Ezra, il ne put s’empêcher d’intervenir. « A vrai dire, ce n’est pas ma fille, c’est ma filleule. Mais ce qui est vrai c’est que ce n’est pas ma petite maie, malgré qu’elle soit charmante je l’avoue. » Il fit un petit sourire à Jameson avant de venir déposer un baiser sur le front de Lily-Rose. Il aurait du compter le nombre de personnes qui avaient demandé aujourd’hui si Lily était sa fille - plus que d’habitude en tous cas.

« Prends-le comme tu veux. Mais c’est un fait, t’as des yeux magnifiques. Quand t’étais gamin ça faisait un peu bizarre, du genre hanté. Ça te va mieux maintenant. » Soren leva un sourcil, un peu pour savoir si elle se foutait de lui ou si elle était sérieuse. Lorsqu’elle lui fit un clin d’oeil, il comprit qu’elle était toujours en train de le taquiner. « T’as qu’à dire que je suis un fantôme ou un esprit ou je ne sais quoi tiens. Heureusement pour moi du coup que j’ai vieilli et que c’est plus charmant aujourd’hui. » Ils s’assirent rapidement près du feu et rapidement Soren ne put s’empêcher de taquiner l’homme qui les regardait depuis tout à l’heure, comme s’il était jaloux. Ce dernier d’ailleurs répliqua alors que Soren était persuadé qu’il allait faire mine de rien, comme s’il ne lui avait pas adressé la parole. Jameson sembla vouloir détendre l’atmosphère directement par la suite, comme si elle voulait éviter un crêpage de chignons entre les deux hommes. « Tu es cruel, je ne peux pas plutôt vous garder tous les deux ? Désolée si je n’ai pas été claire, mais Ezra n’est pas mon petit ami. On s’est rencontrés sur la plage tout à l’heure. Il était venu avec sa fille. » l’autre jeune homme confirma que ce n’était effectivement pas le cas, Soren fit alors mine qu’il s’excusait par un geste des mains, les levant devant lui. Ezra donc expliqua ensuite que la petite fille blonde qui était à ses côtés n’était pas sa fille mais sa filleule. « Oh. Désolée. Il faut dire que tu t’occupes tellement bien d’elle, je pense que tout le monde a été s’imaginer que tu étais son père. » Soren aurait bien ouvert la bouche pour confirmer mais il se dit que ce serait peut-être mal vu de sa part. Même s’il voulait juste parler pour appuyer les dires de Jameson. La jeune femme finit par se lever pour vérifier l’état du feu, mais revint rapidement vers lui. Tout sourire, Soren lui demanda alors qu’est-ce qui l’avait fait venir en Australie, et s’il avait joué dans la balance. « Honnêtement ? Ça a aidé. J’avais envie de voir du pays après avoir fini l’université. Au moment de m’inscrire en master, je me suis souvenue de la promesse que je m’étais faite de voir des kangourous une fois dans ma vie, et je savais qu’il y avait une très bonne fac de droit à Brisbane alors je me suis dit pourquoi pas ? Après j’ai rapidement trouvé des stages et du travail, donc je m’y suis éternisée. » Soren ne put s’empêche un petit sourire, qui en disait plutôt long sur ses pensées: il était fier d’avoir autant impact la vie de Jameson. « Tu vois, je t’avais dit que Brisbane était la ville parfaite. En revanche, à l’époque je pensais pas que tu t’y plairais autant pour y rester aussi longtemps. Un homme peut-être impliqué dans cette décision ? » Il leva un sourcil à la fois taquin et interrogateur en direction de la jeune femme. Elle finit par ramener ses genoux contre sa poitrine pour pouvoir y poser sa tête, une position que Soren regarda affectueusement puisque ça lui rappelait ce moment où ils étaient perchés sur leur rocher à regarder les wapitis et le paysage magnifique de Yellowstone. « Et toi alors ? Tes revues de science t’ont mené quelque part ? » « Sois étonnée ou pas, mais oui elles ont mené loin. On fait un jeu de devinettes ? T’essaies de deviner quel métier je pourrais exercer en rapport avec la science ? » Après tout, ils avaient largement le temps de jouer aux devinettes. Le soleil se couchait juste derrière l’horizon, ils avaient toutes la nuit devant eux.

« Oh. Désolée. Il faut dire que tu t’occupes tellement bien d’elle, je pense que tout le monde a été s’imaginer que tu étais son père. » Ezra agrandit son sourire. « Il n’y a pas de problèmes, et oui aujourd’hui pas mal de monde m’a posé la question. Je préfère prendre ça comme un compliment. » Même si d’un côté à chaque fois ça lui rappelait qu’il n’était pas là pour son propre fils. Et comme à chaque fois, il repoussait ses pensées pour ne pas prendre cet air triste spécifique aux moments où il pensait à Noah, dans son lit d’hôpital. Non, ce n’était vraiment pas le moment. Jameson finit par se lever, et l’homme brun qui était à ses côtés semblait regarder Ezra d’un drôle d’oeil. Il décida de ne pas y faire attention, et se tourna de nouveau vers Jordan. Ils avaient encore du pain sur la planche s’ils voulaient pouvoir manger quelque-chose ce soir. « Ca te dit de venir avec moi voir ce que les aborigènes nous ont mis comme nourriture ? Histoire qu’on tente de préparer un petit repas, que chacun ait quelque-chose à se mettre dans l’estomac. » Par un regard - à peine insistant - il désigna Lily-Rose. Il voulait absolument qu’elle mange quelque-chose avant d’éventuellement aller dormir si elle était fatiguée. Il pensait à Hope aussi, malgré le fait qu’elle soit restée discrète, qui devait donner de l’énergie pour deux personnes et qui onc pas conséquent avait besoin de manger. Ezra finit donc par se lever pour se diriger vers les provisions ramenées plus tôt par les aventuriers de leur groupe de rescapés. Il lui semblait qu’il y avait largement assez pour qu’ils puissent se faire un diner adapté à leur faim. En revanche, il espérait grandement que les secours allaient arrivés au petit matin parce-qu’ils n’allaient pas non plus tenir plusieurs repas sur ces provisions - elles n’étaient pas prévues pour en même temps.

« J’aimerais trop être une licorne » confie Kyeran à son nouveau meilleur ami, Kyle. Une amitié aussi rapide qu’intense, le brun trouve chez l’aborigène une oreille disponible, s’il était président de la république, il en ferait sûrement son premier ministre. Quoique c’est trop surfait et dans la politique, ils sont tous très très très méchants, il ne se souvient plus de là où il avait entendu cette phrase, en français en plus. Une chanson des années quatre-vingt-dix ou quelque chose du genre.  Bref, lui n’a aucune ambition de devenir président, il voudrait aller à pandora pour voler sur les licornes et pourquoi pas faire des courses dans le ciel avec Kyle. Ah, ils font déjà des plans sur la comète, preuve qu’entre eux c’est parti pour durer pour la vie. « Tu vois pas ce qu’est une licorne ? » Kyky un prend un air choqué, allant jusqu’à mettre ses mains sur chaque de ses joues. Kyle secoue la tête, prenant un air faussement coupable, s’amusant de l’état du surfeur. « En fait ce sont des chevaux avec une corne » parlant, il passe sa paume de main sur son front « juste là » Kyle dit que c’est une drôle de créature quand même et demande à quoi lui sert cette corne, là, sur le front « il parait que ça l’aide à repérer de l’or, un peu comme un radar » kyeran peut voir que le mot radar lui est inconnu et surtout qu’il l’a dit en anglais « avec ça, il sait où aller pour trouver de l’or car ils se nourrissent d’or » Kyle hoche la tête en signe de compréhension, une nouvelle information à ajouter à ses connaissances, les licornes se reproduisent dans de l’or et du coup leur sang est doré. Une belle amitié marquée par une compréhension mutuelle avait-on dit.

Rien qu’à la façon dont le visage de Jameson réagit à la question de Soren, il savait d’avance qu’il venait de faire une connerie. C’était le genre de question qui pouvait être délicate, et parfois il avait du mal à s’en rappeler - alors que c’était régulièrement une question délicate pour lui aussi. Mais malgré tout, la jeune femme lui répondit. « Au début oui. J’ai rencontré un Australien pendant ma dernière année à Harvard. L’idée de m’installer avec lui m’avait paru séduisante. Mais ça n’a pas fonctionné. Au bout de deux ou trois ans, j’ai quitté l’Australie pour voyager un peu, mais j’y suis revenue il y a quelques années. Pour le boulot, cette fois. » Il fit une petite moue. « J’suis désolé, Jaimie. » Il ne dit rien de plus, la laissant enchainer sur quelques explications concernant son boulot, ce qui sembla rapidement lui changer les idées. Soren lui proposa ensuite de la laisser deviner son métier. Ca n’allait pas durer pendant des heures, mais vu qu’il venait de faire une boulette et qu’ils avaient du temps, c’était un jeu presque bienvenu. « D’accord, game on. » Le sourire de Jameson s’élargit de nouveau, donc selon de Soren aussi tandis que la jeune femme se concentrait pour tenter de deviner ce qu’il pouvait faire dans la vie de tous les jours. « Médecin ? Non… tu serais capable de trucider tes patients s’ils t’énervent trop. » « Ahah, très drôle, t’as mangé du clown ce matin ? » Il lui tira même légèrement la langue comme s’il avait dix ans de nouveau. « Chercheur en biologie ? Professeur ? » Un sourire alors vint se loger sur le visage de Soren. C’est qu’elle était forte, la petite. « Ca aurait été plus drôle si le jeu avait duré plus longtemps. Mais oui, professeur West, pour vous servir. » Il mima une espèce de révérence avant d’avoir un léger rire. « Diplômé en biologie de l’université de Brisbane, et content d’avoir trouvé sa voix. Comme quoi, les revues auxquelles on était abonné étant petits peuvent nous conduire à une vraie carrière. » Il marqua un petit temps de pause. « En vrai, non, ce ne sont pas les revues qui m’ont mené à devenir professeur. Elles m’ont peut-être aidé, mais ce n’est pas la principale raison. A l’époque où on s’est rencontré déjà, j’étais intimement persuadé que j’allais finir dans les biologie. A cause d’un tout petit détail génétique. Tu te rappelles quand tu comprenais pas pourquoi je faisais pas la différence entre les mûres et les framboises, le lendemain matin de notre nuit sauvage ? » Il laissa quelques instants à Jameson pour qu’elle puisse se remettre la scène en tête. « Et bien en fait, c’est que je vois pas la différence entre le rose et le violet. Enfin, ce que le commun des mortels appelle rose et violet. » Il était vrai que maintenant, le daltonisme de Soren ne le dérangeait plus du tout. Il avait appris au cours des années à savoir quelles nuances de gris correspondaient à quelles nuances de couleurs, si bien que même parfois il voyait lui des nuances que d’autres ne pouvaient voir - quand il s’appliquait réellement à regarder. Cependant, quand il était gosse, c’était tout une autre histoire puisque ses parents avaient mis des années avant de bien vouloir croire que leur fils avait bien une maladie, et Soren lui-même avait mis des années avant de comprendre que ce n’était pas grave d’être daltonien.

« Professeur West, ça en jette, il faut avouer. D’ailleurs je ne vois pas pourquoi tu serais le seul à bénéficier d’un si joli titre. Dorénavant, je te prierais de me nommer Maitre Winters. » « Je serai très honoré, maitre Winters. Et à vrai dire, c’est maître moi aussi puisque j’ai eu mon master, mais ça compte pas pour enseigner. » Il eut un petit rire avant de partir sur son explication du pourquoi du comment il était de son côté devenu professeur de biologie. Et Jameson lui confirma qu’elle se souvenait très bien de la scène qui lui avait décrit. Et alors qu’il finissait son explication, le chemin semblait se former dans la têt de Jameson. « Tu es daltonien ? » « Bingo ! Je sais, c’est pas courant, mais bon j’ai eu la chance, si on peut dire, d’hériter de cette erreur génétique. Tu aurais vu la tête de mes parents lorsqu’ils l’ont appris, j’ai cru qu’ils allaient mourir sur place. » Le père West voulait le meilleur du meilleur pour ses enfants, et une maladie n’était pas forcément le genre de chose qui concordait pour être dans les meilleurs. « Parlant de framboises. Tu as faim ? » Soren leva un sourcil, intrigué, lorsque Jameson ouvrit son sac. Et il put voir qu’apparemment, elle avait fait des réserves de son côté aussi. C’était malin. « J’avoue que je ne vais pas dire non, surtout que les aventures de cet après-midi m’ont un peu ouvert l’appétit. » Il ne savait pas si le coup que lui avait porté l’aborigène se voyait toujours sur sa tête ou pas. En tous cas, il semblait que son estomac avait des oreilles car au moment il ne cracha pas sur un morceau de nourriture, il se mit à gronder. « Apparemment oui, j’ai faim. Heureusement que tu es là. » Il prit la banane des mains, l’examinant. « Elle est mûre au moins ta banane là ? Elle me parait vachement verte. »