Rien de changera, dans le fond. Nous serons toujours amoureux, nous serons toujours une famille, nos rêves seront les mêmes. Nous vivrons ensemble, voyagerons ensemble, continueront de grandir ensemble. Il y a sûrement une multitude de choses à apprendre encore l'un sur l'autre que même une année de vie commune ne nous ont pas apprises. Oui, rien ne changera foncièrement, mais il y aura ce détail en plus pour faire la différence. Et, c'est peut-être naïf de notre part, mais tout sonnera comme une redécouverte à chaque fois, une première fois. Je ris un peu à cette idée. C'est à la foi ridicule et mignon, adorable et romantique, et pour une fois, même moi j'adopte ce mode de pensée. Je n'aurais jamais pensé être un jour ainsi. Vivant une histoire comme tout droit tirée d'un de romans de plage à l'eau de rose. Mais surtout, en étant heureux. J'ai déjà plus que ce que je n'aurais pu imaginer, alors autant dire que je ne pourrais littéralement pas rêver mieux. C'est vraiment étrange, d'être incapable de s'empêcher de sourire, d'avoir ces fourmillements dans le ventre en songeant à l'avenir, au mariage, à nous et notre petite famille -et de ne pas comprendre pourquoi l'on voudrait s'empêcher de sourire tant ce bonheur est mérité, mais surtout, il délicieux à vivre et à ressentir. A pleinement ressentir. Sans la moindre entrave. C'est peut-être idiot, mais tout semble plus joli, plus coloré, tout a plus de senteur et de goût. Je n'arrive pas à comprendre ce que les médicaments faisaient de moi. « Je crois savoir ce que vous essayez de faire Miss Prescott. » dis-je avec un sourire malicieux alors que la jeune femme s'est mise à califourchon sur moi, et maintient mon visage prisonnier de ses bras pour m'embrasser de nombreuses fois. « Est-ce qu'on ne deviendrait pas adepte des extérieurs ? » La piscine, le jardin, la terrasse, et encore ici ? « Est-ce que j'ai une surprise là-dessous cette fois ? » je demande en me mordillant la lèvre, avant de me redresser un peu pour attraper les siennes et l'embrasser tendrement. Je caresse toujours son visage d'une main, admiratif du moindre de ses traits, complètement sous le charme de ces prunelles bleues et de cette peau douce. « Je suis heureux de voir que tu vas mieux. De mieux en mieux. » dis-je au bout d »un moment. En tout cas, elle a l'air d'aller mieux, d'être moins renfermée sur elle-même et dévorée par des pensées lui faisant perdre toute vitalité. Elle est un peu plus là, avec moi, corps et âme. « On recommence à… vraiment apprécier et profiter des moments tous les deux. » Il n'y a plus cette obligation d'être heureux tous les deux, comme poussés par le besoin de donner du crédit à ce couple censé se marier et devant rester ensemble pour leur fils. Il n'y a plus rien à prétendre ou qui ne sonne faux. Nous retrouvons un peu de la spontanéité des débuts, et l'amour pour notre flamme qui nous anime et nous caractérise. « Ca m'a manqué. » j'avoue tout bas. « Un tas de choses nous ont manqué. » Et pendant de trop longs mois. C'est comme si nous avions passé tout ce temps à tourner autour du bout avant de plonger dans le grand bain. Peut-être par peur. « Tu retrouves un peu de couleurs. Et un peu de chair. Et c'est tant mieux, ça me donne de la matière à empoigner et à grignoter. » j'ajoute, mes doigts agrippant son fessier pour l'approcher un eu plus de moi, et des dents venant trouver son cou et ses épaules pour faire mine de l'y dévorer. Mes mains remontent sur ses hanches et ses côtes pour la chatouiller, histoire d'entendre ce petit rire que j'adore faire éclater.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne pouvait pas dire qu'elle ne s'y connaissait pas en mariage, elle en avait déjà fait un. Mais il s'était passé tellement de choses entre temps qu'elle ne se souvenait plus vraiment de tout ce qu'elle avait ressenti à ce moment là. Si elle appréhendait autant, si elle vivait le tout aussi intensément avec Hassan. Etrangement, son esprit faisait une belle barrière face à tout cela, pour éviter qu'elle retourne dans ses retranchements. Ce n'était pas une mauvaise chose. Désormais sur Jamie, elle avait tout le loisir de l'embrasser comme bon lui semblait. Tout de suite, son conjoint voyait de la suite dans les idées, mais la jeune femme n'avait pensé à tant. Elle rit à sa remarque, en continuant de faire frôler ses lèvres avec les siennes. "Même pas." répondit-elle en toute légèreté, amusée par la situation. "Adepte ?" répéta-t-elle en riant. "Peut-être pas déjà." Même si elle lui avait avoua qu'elle avait particulièrement apprécié les ébats sur la terrasse de l'hôtel la semaine précédente. "Ce sont des choses qui doivent restent assez occasionnelles, pour qu'il y ait toujours cette petite pointe d'excitation en plus." Ses yeux pétillaient, ils étaient rieurs. Il lui vola un baiser. "J'aime quand vous me surprenez, Mr. Keynes." dit-elle tout bas. Cette habitude du vouvoiement ne se perdra certainement jamais. Ils avaient tous les deux prix énormément de temps avant d'entrer dans leur sphère intime en acceptant le tutoiement. La première partie de leur relation avait pris son temps pour qu'elle se construise alors que la seconde, à partir du moment où Joanne était tombée enceinte, tout s'était sensiblement accéléré. Il fallait le vivre intensément, et tout de suite. "Peut-être." répondit-elle avec amusement, à sa question concernant ce qu'elle pouvait porter en dessous de sa tenue. "Peut-être qu'il va falloir que je me change après pour être un peu plus présentable, je ne sais pas." ajouta-t-elle d'un air innocent et niais. "On verra plus tard." Joanne aimait faire patienter et languir son fiancé, et il le savait. Mais ça fonctionnait à chaque fois. Elle restait au-dessus de lui, n'arrivant pas à détacher son sourire de son visage. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que Jamie reprit la parole, ayant noté que sa belle allait bien mieux au niveau du moral. "Il y a eu beaucoup de trop de temps de latence." Ils se reconnaissaient enfin l'un l'autre, il n'y avait plus de médicaments ou d'idées noires qui les forçaient à prétendre d'aimer. "C'est vrai que... Je me sens mieux. Je sais, et je sens qu'il y a encore beaucoup à faire, que... qu'il y a encore certaines choses que je n'arrive pas à gérer." Les sujets les plus sensibles, qui l'avaient le plus marqué, Jamie devait se douter de quelques uns d'entre eux. "Je suppose que s'en rendre compte, et admettre que ça ne va pas encore, c'est déjà un cap." dit-elle en baissant les yeux, songeuse. "Je continue d'aller voir le psychologue que j'avais vu avant d'aller en Perth." Elle ne savait si elle le lui avait dit, ils ne parlaient pas tant que ça de ses troubles; ils n'avaient pas vraiment le temps, préférant consacrer chaque seconde avec sa famille. Joanne appuya sa tête contre la main qui caressait sa joue en fermant les yeux pour mieux profiter de sa chaleur. "Bien trop." ajouta-t-elle. "Ca nous fait beaucoup de temps à rattraper." C'était étrange, de s'aimer autant, et de ne pas oser, de continuer à se méfier. "Peut-être que nous n'arrivions pas à y croire parce que c'est trop beau. Parce que l'on s'attend à un chat noir quelque part, je ne sais pas. Je vivais dans mon rêve, mais un rien me faisait douter." La présence d'Hannah, l'aversion de Reever et Juliet, il n'y avait pas beaucoup de choses qui allait dans leur sens. Elle rit sous ses chatouillis puis l'enlaça, en collant son front au sien. "Je t'aime, Jamie." dit-elle en caressant son visage du bout de ses lèvres. "Je suis contente de savoir... qu'il y ait des résultats, à tout ça. C'est même soulageant, j'avoue." Que ce soit visible, et constaté par quelqu'un. C'était pour elle une preuve que ça fonctionnait, et ça l'incitait à persévérer malgré les embûches qui pouvaient s'imposer devant elle. Joanne restait ainsi blottie contre lui pendant plusieurs minutes. "On pourrait boire autre chose que de la citronnade, maintenant." suggéra-t-elle, l'idée lui traversant soudainement l'esprit.
Bien sûr que non, nous n'allons pas commencer à nous mettre à faire l'amour absolument partout à toutes les occasions. Cela perdrait rapidement son charme, malgré la pointe d'excitation supplémentaire. Il faut savoir être raisonnable au minimum. Et puis, nous perdrions des followers, et ce serait bien dommage, hm ? « J'espère que j'arriverai toujours à vous surprendre dans ce cas. » je réponds à Joanne. Oh, il arrivera sûrement un jour où nous aurons à peu près tout fait et tout vu, qu'il n'y aura plus grand-chose pour se surprendre, et alors il faudra trouver les stratagèmes pour ne pas tomber dans l'ennui. Peut-être que les ébats ne seront pas aussi intenses et passionnés qu'avant, mais l'important est de ne pas se lasser de l'autre. Mais nous n'en sommes absolument pas encore là. C'est l'un des inconvénients de savoir lorsque l'on veut passer toute sa vie avec quelqu'un ; l'on peut déjà voir les enjeux du futur, les futurs désagréments de toutes ces années à deux, alors mieux vaut ne pas y penser. Je me risque à demander si ma fiancée m'a préparé quelque chose pour ce week-end, en me doutant que même si cela est le cas, elle ne m'en dira pas un mot pour garder la surprise jusqu'au bout. « Tu m'as mal élevé, à m'habituer comme ça à avoir des surprises si souvent. Ca rend gourmand. » J'ai toujours hâte de voir le bel effet d'une dentelle ou d'une soie neuve sur son corps, admirer la manière dont les formes et les motifs d'un ensemble mettent sa silhouette en valeur, et ce, juste pour moi. Et j'ai tout aussi hâte de le lui enlever à chaque fois. C'est un peu Noël. Le jeu relaisse sa place à plus de sérieux, mais toujours avec légèreté. Joanne admet se sentir mieux depuis son séjour à Perth, qu'il y a de l'évolution, et qu'il y a encore des points à régler mais qu'elle souhaite dénouer. Elle a désormais l'aide d'un psychologue qui semble lui convenir. « Tu as trouvé quelqu'un qui t'inspire confiance alors ? » Je me demande par quel miracle il est parvenu à la faire revenir, ce qui le rend différent des autres. Quoi qu'il en soit, s'il aide la jeune femme à se sentir mieux dans sa peau et plus confiante, c'est tant mieux. Qu'elle puisse voir les bons côtés et enfin apprécier sa vie. Je pense que Joanne est celle qui voyait des chats noirs à tous les coins de rue. Un rien la faisait douter oui, et j'espère que ces doutes seront effacés lorsqu'elle aura la bague au doigt pour de bon. « On a tout le temps du monde pour ça. » je murmure en caressant sa joue à la peau si douce. Nous avons toute la vie devant nous pour rattraper ce temps perdu à avoir peur, ne pas oser, fuir et revenir inlassablement en ne trouvant qu'une stabilité précaire. Nous avons bâti bon nombre de châteaux de cartes qui se sont écroulés. Des essais infructueux et des actes manqués qui nous mèneront finalement à parvenir à bâtir le foyer dont nous rêvons. Je souris à Joanne, le regard amoureux, avant d'approcher un peu mon visage pour l'embrasser délicatement. Je pourrais simplement rester là pendant des heures. Allongé, je finirais forcément par m'endormir, elle le sait bien qu'il suffit de m'installer sur n'importe quelle surface pour que je sombre en quelques minutes. Et ici, dans l'herbe, cela est loin d'être inconfortable. D'ailleurs, je somnole légèrement quand Joanne propose que nous lancions l'apéritif. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, à vrai dire, je me fie à elle. « C'est une bonne idée. Va donc nous chercher à boire, femme. » dis-je en m'étirant pour pouvoir croiser mes mains derrière ma tête. Crédibilité zéro. Je pouffe un peu. « S'il te plaît ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Je n'en doute absolument pas" lui répondit-elle avec un sourire tendre. Et Joanne était bon public et impressionnable, il était difficile de ne pas parvenir à lui faire des surprises, même en laissant des indices tout aussi grands qu'elles. Même si elle était pleine de ressource, elle se faisait toujours avoir. La belle blonde n'avait pas d'inquiétude quant à leur futur. Quelque chose lui disait qu'ils ne se lasseraient jamais. "Il a fallu des vies entières pour que nous ayons ce que nous voulions, que nous parvenions à construire une vie ensemble. Je ne veux pas perdre une seule seconde de ce qu'il nous reste de cette vie-là maintenant que nous nous sommes retrouvés." lui confia-t-elle. Ils avaient longuement piétiné sans savoir où aller, comme s'ils craignaient de vivre pleinement leur passion. Ils y étaient enfin arrivés. Jamie cherchait toujours à savoir si sa fiancée avait une petite surprise au niveau de la lingerie. Joanne rit doucement à sa remarquer. "C'est pour ça qu'en contre partie, je te fais attendre jusqu'au dernier moment." lui dit-elle au bord de ses lèvres. "Tu serais satisfait même si c'était simple ? Qu'il suffirait que tu saches que c'est nouveau pour avoir envie de me voir là-dedans ?" lui demanda-t-elle, curieuse. Jamie n'était pas bien difficile lorsqu'il s'agissait d'elle, mais elle préférait s'en assurer. "Tu sais, peut-être qu'à un moment, il faudra que je calme ma cadence. Histoire de réserver les parfaits ensembles pour les jours importants." dit-elle tout bas, malicieuse à souhait. "Je me demande ce qu'il faudra faire pour apaiser cette gourmandise." Ils finissent par parler de l'état de la jeune femme, qui venait de lui dire qu'elle avait trouvé quelqu'un qui pourrait lui convenir. Elle acquiesça d'un signe de tête à sa question. "Il y a beaucoup de discussion pour le moment, il a accepté sans broncher toutes ces heures où je n'ai pas ouvert la bouche, où je n'ai pas dit un mot." lui raconta-t-elle en baissant les yeux. "Aucun autre psy n'avait eu cette patience là." Ils finissaient toujours par lui forcer la main, de diverses manières, sans comprendre que c'était uniquement le meilleur moyen pour qu'elle se braque au possible. Le processus était lent, avec ce Mr. McKenzie, mais il était certain qu'il y aurait bien plus de résultats que toutes les consultations réunies qu'elle avait déjà pu avoir. "Nous avons le temps qu'il nous reste de cette vie là." lui répondit-elle doucement, en lui souriant malgré tout. Même si le sentiment renaissait à chaque fois, les souvenirs, eux, finissaient toujours par s'effacer. C'était très fataliste comme façon de penser, elle en avait conscience. Elle répondit amoureusement à son baiser avant de lui caresser tendrement le visage, voyant qu'il était prêt à s'endormir. Il se réveilla un peu plus lorsqu'elle parlait d'apéritif et s'étira en ordonnant de le rapport à sa fiancée. Celle-ci arqua un sourcil et finit par s'asseoir à côté de lui. Elle aurait été presque vexée. "Eh bien tu sais quoi ? C'est toi qui va chercher et préparer tout ce qu'il faut." se plut-elle à rétorquer en toute légèreté. "Sinon, pas de nouvelle lingerie pour ce soir." Elle s'allongea à son tour, dos sur l'herbe. "Et pourquoi pas même de l'abstinence." C'était des arguments qui marchaient assez bien avec lui. "Mais moi, je ne bougerai pas d'un pouce." dit-elle en enlevant ses sandales, un large sourire amusé dessiné sur ses lèvres. Elle était bien déterminée à appliquer ce qu'elle venait de dire. Dans le pire des cas, il n'y aurait pas d'apéritif. "Et tu ne pourras pas te rattraper avec de simples formules de politesse." précisa-t-elle en riant. Elle le mettait un peu au défi, et ça l'amusait beaucoup. Elle se demandait s'il chercherait à la frustrer tout autant que ce qu'elle venait de faire, ou s'il allait simplement et sagement obéir aux requêtes de sa fiancée.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Mer 20 Juil 2016 - 17:53, édité 1 fois
« Il suffit que tu sois dedans. » je rétorque avec un sourire. Simple ou sophistiqué, ce n’est qu’une question d’humeur du moment pour ma part. Mais de manière générale, ce n’est pas cela qui compte vraiment. Tant que cela lui va bien, tant qu’elle se sent belle dedans. Et tant que je peux je lui retirer également. Cruellement, Joanne souhaite ralentir le rythme de ces petites surprises qu’elle a pris l’habitude de me faire, préférant les garder pour des occasions spéciales. Je fais une moue triste, un beau regard de chien battu. « Il n’y aura rien à faire, c’est trop tard. » Une fois qu’on prend goût à quelque chose, difficile de s’en passer. ET j’aime tellement voir la petite étincelle dans le regard de ma belle lorsqu’elle prépare ce genre de surprise, et qu’elle sait parfaitement que cela me fera plaisir, puis ce moment où je la découvre, et je n’ai qu’une envie, c’est de la dévorer toute crue. Je sais que cela lui plaît aussi, et qu’elle se plaît elle-même dans ces moments-là. Je crois que notre vie sexuelle a toujours été mon seul moyen de l’aider à prendre confiance en elle et, parfois, avoir le moral. Je me demande quels sont tous ces psys qui ne se satisfont pas d’une patiente qui ne dit rien. Après tout, qu’elle parle ou non, ils seront payés par la cliente de toute manière et au même montant. C’est de l’argent facile plus qu’autre chose. Mais je suppose qu’il y a comme une forme de conscience professionnelle. Ou simplement l’impression de bien faire en secouant un peu Joanne. Voilà pourquoi je ferais un bien mauvais psy –et pourquoi je ne m’offusque absolument pas que ma fiancée aille en voir un. Au contraire, je suis content qu’elle ait trouvé un professionnel qui lui corresponde. Moi, je ne sais pas y faire, nous l’avons vu à plus d’une reprise. Je peux écouter, pendant des heures, ce n’est pas le problème. Je peux lui donner quoi qu’elle veuille si elle le demande et me plier à plus d’une réclamation. Mais j’ai bien du mal à comprendre Joanne, et encore moins à l’aider avec ses idées noires malgré tout l’optimisme que je peux essayer de lui injecter. Peut-être, un jour. Cela serait un autre petit miracle. Puisque nous n’allons pas tourner à la citronnade toute la journée, il semblerait que l’heure soit venue de passer à quelque chose d’un peu plus fort. Ravie de m’embêter en faisant mine de se vexer pour mon infructueux essai de machisme, Joanne décrète que ma peine sera de me déloger de l’herbe confortable pour aller moi-même chercher à boire. Les menaces vont de pair. « Tu abuses. » dis-je en pouffant, me disant qu’elle ne peut pas être sérieuse. Abstinence ? Pour si peu ? N’importe quoi. « Ca, c’est du chantage de bas étage, c’est honteux. » dis-je avec un air offusqué. Je plisse les yeux et la dévisage un long moment, engageant un duel de regards qui se solde par mon parfait échec. Joanne est déterminée, quand elle le veut. « Tu sais quoi ? Je vais nous chercher à boire. » dis-je en me levant finalement et retirant un peu d’herbe de mon pantalon. « Mais n’oublie pas que la vengeance est un plat qui se mange froid. » Et je ne compte pas laisser l’affront impuni. Je m’éloigne donc pour sortir une bouteille de vin ainsi que deux verres à pied. Mais un son provenant du couloir m’interrompt dans mes mouvements. Milo rapplique et aboie au cas où je n’aurais pas remarqué que son petit maître pleure au fond de son lit. J’entre donc dans la chambre de Daniel où celui-ci se tortille et crie ; lorsque je le prends dans mes bras, cela semble au moins le rassurer, mais il n’est pas soulagé pour autant. Je regarde dans sa petite bouche grande ouverte sa gencive gonflée. Je me retrouve à jongler entre le bébé, son doudou, sa couette et son anneau à mordiller sur un bras, la bouteille et les deux verres sur l’autre –l’inconvénient d’avoir un grand jardin, c’est de ne pas avoir envie de faire plusieurs allers-retours pour tout apporter. Me disant que Daniel se sentira mieux entouré de ses parents, je pose sa couverture sur l’herbe et l’y installe avec ses affaires. Une fois soulagé, peut-être réussira-t-il à se rendormir. « Je suis bien content de ne pas me souvenir de ce que c’est d’avoir les dents qui poussent. » Rougi, le visage de Daniel est un peu chaud. Milo, tout inquiet et paniqué, cherche à s’approcher pour savoir ce qu’il se passe, mais il est si agité que je suis obligé de le tenir éloigné du bébé. « Pauvre petit ange. » je soupire.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie appréciait toujours avoir un regard sur la silhouette de sa future femme lorsque celle-ci enfilait des sous-vêtements. Quels qu'ils soient, il prenait toujours le temps d'admirer la mise en valeur de sa silhouette, ce que l'allure et la couleur de la dentelle révélait de la personnalité de la jeune femme. C'était bien les seuls vêtements dont il acceptait un port prolongé sur les épaules de Joanne. Cette dernière avait trouvé un plaisir certain à plaire ainsi à Jamie, à adorer ce regard qui se rivait sur elle, comme si elle s'avérait être un être à vénérer. C'était ce qu'elle était, pour lui. Selon lui, il était impossible de se défaire de cette habitude qu'il avait adoré prendre. "Mince alors, il va me falloir un plus grand tiroir pour mes sous-vêtements, si je veux tu sois rassasié comme il se doit." répliqua-t-elle, avec des yeux pétillants. Jamie ne revint pas plus que ça sur le psychologue qu'avait choisi Joanne. Il semblait simplement satisfait qu'elle ait enfin trouvé quelqu'un qui pouvait lui concorder et être suffisamment patient avec elle. Il ne montrait pas de signe de frustration de ne pas être cette personne là non plus. Alors que lorsque la situation était inversée et que c'était Jamie qui devait aller consulter, c'était tout le contraire. Mais Shawn, le psychologue de Joanne, avait vraisemblablement compris qu'il ne fallait absolument pas précipiter la jeune femme. Il la laissait parler de ce dont elle avait envie de parler, posant ça et là quelques questions dont les réponses pourraient lui apporter quelques éléments. Il en savait déjà bien plus sur elle, comparé à ses confrères. Il était calme, et aspirait à être serein et à se sentir en sécurité. Joanne ne savait pas pourquoi, mais elle savait que ce qu'elle disait resterait entre ces quatre murs. Elle se dévoilait davantage ces derniers jours, et son psychologue lui avait fait remarqué ce franc progrès, lui permettant ainsi d'aborder des questions un peu plus délicates. A chaque fois, Joanne en resortait le coeur un peu moins lourd. Oui, c'était quelqu'un qui lui correspondait beaucoup. Jamie s'essaya à donner des ordres à sa belle, qui se braqua immédiatement, s'allongeant à côté de lui dans l'herbe. "Mais du chantage qui marche, mon amour." rétorqua-t-elle en riant. "C'est toi qui a commencé en voulant me donner un ordre." Il avait cherché la petite bête et il l'avait tout simplement trouvé. Mais avant de partir chercher les boissons, il précisa bien qu'il comptait bien se venger à un moment ou à un autre. Il revint quelques minutes plus tard, et Joanne se redressa immédiatement lorsqu'elle entendit les sanglots de son fils, qui avait alors les yeux tout brillants et les joues bien rouges. Le père l'allongea juste à côté d'eux. Joanne passa une main sur son visage pour évaluer la température, inquiète. "Ca ne te réussit vraiment pas que les dents poussent mon amour, hein..." dit-elle tout bas alors qu'il continuait à pleurer. "Tu peux le déshabiller un peu, histoire qu'il n'ait pas trop chaud, je vais chercher le Doliprane." dit-elle en se levant et en allant d'un pas hâtif dans la salle de bain, récupérer le médicament. Joanne en profita pour faire un biberon de lait, sachant que son fils n'aimait pas trop le médicament en question, et elle n'était plus en mesure de le rassurer en le laissant téter son sein, qui n'était plus productif. Elle revint avec le tout au bout de quelques minutes. Pendant ce temps, Jamie l'avait mis en body, et maintenait Milo éloigné du bébé. "Tu ne vas pas aimer ça, Daniel." dit-elle en préparant la pipette avec le bon dosage. Tout en en mettant l’extrémité dans la bouche, elle lui caressait délicatement le visage et lui chantait une berceuse qui l'endormait habituellement. Il recracha un peu du produit mais en avala la grande majorité. Joanne enchaîna directement en le prenant dans ses bras pour lui faire boire un peu de lait. Il n'en voulut que quelques gorgées, tant il n'était pas bien, pleurant à grosses larmes. Alors la jeune mère l'enlaça et le berça, lui disant quelques mots d'amour tout bas. Le bébé se blottit volontiers, et finit par se calmer au bout de longues minutes, le temps que le médicament ne fasse effet. La tête contre l'épaule de Joanne, il avait son père qui était juste à côté. La présence de ses deux parents l'avaient toujours beaucoup rassuré. De sa main libre, elle chercha dans la couette sa tétine, qu'elle lui mit en bouche, alors qu'il continuait d'hoqueter. Joanne lui caressait ses cheveux bruns qui s'étaient multipliés depuis la naissance. "Tu vois, Papa et Maman sont là. Ben et Milo. On est tous là pour toi, mon trésor." lui dit-elle tout bas avant de l'embrasser. Joanne tenta de l'éloigner d'elle dans le but de l'allonger entre Jamie et elle, mais à peine Daniel ressentait le détachement qu'il recommençait à pleurer de plus belle. "D'accord, on fait encore un câlin." se résolut-elle. "Tu es un peu comme Papa. Tu n'es pas souvent malade, mais lorsque ça ne va pas, c'est vraiment ça. Ces dents là doivent te faire sacrément mal." Jusqu'ici, Daniel n'avait jamais été particulièrement doué. "Est-ce que tu veux faire un câlin à Papa, Daniel, mmh ? Il pourra essayer de te donner le biberon aussi, maintenant que ça va mieux. Tu sais qu'il adore passer ces moments-là avec toi." Elle échangea un regard complice avec Jamie. "Ca te va, Daniel ? En passant, est-ce que tu pourras demander à Papa comment il compte se venger ?" Joanne lui parlait tout le temps, elle se disait qu'il commencerait bien par comprendre ce qu'on lui disait. Et pour preuve, il ne dit pas un mot lorsqu'il changeait de bras. Milo semblait également s'être calmé, voyant que l'ambiance s'était largement apaisée.
Qu’importe les circonstances, entendre son bébé pleurer est un véritable crève cœur. Le voir avoir de la peine ou ressentir une douleur, et ne rien pouvoir faire. Ses quenottes poussent, et c’est naturel, nous ne pouvons pas l’empêcher. Nous pouvons un peu diminuer le mal en lui donnant du doliprane. Mais alors il pleure de plus belle à cause de ce goût qu’il a en horreur. Nous qui nous demandions ce que ses papilles aimeront ou non, l’une des premières réponses concerne ce médicament, et la réponse est : non, pas du tout, hors de ma vue. Sauf qu’il n’a pas le choix. C’est le même cirque à chaque fois, je dois le maintenir un peu en place pendant que Joanne le lui administre. Si cela ne tenait qu’à lui, il gigoterait dans tous les sens jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de produit ou que sa mère abandonne l’idée. D’une autre main, je dois tenir Milo éloigné de Daniel. Il ne veut sûrement pas faire de mal, au contraire ; qui sait si quelques léchouilles magiques pourraient aider le petit maître qui pleure ? Et un gros câlin. Et jouer, pour penser à autre chose. Ca, Milo ne manque ni d’énergie, ni d’affection à distribuer. Le moment est surtout mal choisi. « On se calme, pas besoin d’autant d’agitation. » dis-je tout bas, cela valant pour l’un comme pour l’autre. Daniel il finit par ingérer son doliprane, sa bouille rouge grimaçante faisant bien comprendre son mécontentement. Dans quelques minutes, cela le soulagera. La jeune femme le prend dans ses bras pendant tout ce temps afin de le calmer. Je suppose qu’il n’y a rien de mieux que les bras et la chaleur de sa maman pour soulager les peines d’un bébé. Petit à petit, les cris cessent et les pleurs diminuent, jusqu’à ce qu’il ne reste que des hoquets. La tétine en bouche, le voilà apaisé. Pas assez pour quitter les bras de sa maman, mais peut-être pour se laisser transférer dans ceux de son papa. « On échange ? » dis-je en réceptionnant Daniel. Milo, immédiatement, saute sur les cuisses de Joanne et se trouve une bonne place douillette. « Je ne dirai rien du tout. Tu le verras en temps et en heure. » je réponds au sujet de cette vengeance qui semble avoir piqué la curiosité de la jeune femme. J’ai mon idée en tête, bien précise, qui lui apprendra à désobéir et menacer en retour. Daniel allongé dans mes bras, j’attrape son biberon qui est encore à bonne température et échange sa tétine contre celle pleine de lait. S’il ne semble pas convaincu au début d’avoir vraiment faim pour ça, il ne tarde pas à se dire qu’un bon biberon ne lui fera pas de mal, et que quand l’appétit va, tout va. Somnolant un peu à cause du médicament, je dois régulièrement le maintenir éveillé afin qu’il termine cet encas. Une fois au bout, il semble à la fois apaisé et épuisé. « Il faudrait reprendre ta sieste maintenant, Daniel. » dis-je en le berçant doucement. Un couinement fait comprendre qu’il souhaite pouvoir mordiller et suçoter sa tétine quand même, alors celle-ci reprend place dans sa bouche. « Si tu es vraiment comme papa, tu seras très grognon si tu n’as pas dormi assez. Et il te manque du temps au compteur. » Mais il ne devrait pas être difficile pour lui de s’endormir, toutes ces émotions et cette petite poussée de fièvre l’ont vidé. Il a encore les yeux rougis et brillants néanmoins. Je suppose qu’il a toujours un peu mal, mais cela est juste devenu supportable. Qu’il dorme ou non, il sera sûrement grognon de toute manière ce soir, mais mieux vaut qu’il se repose quand même. Alors qu’il somnole, je lui confie son doudou, une présence supplémentaire pour le rassurer. Daniel ne manque pas d’amour pour lui seul, c’est certain. L’une de ses petites mains a attrapé le tissu de mon t-shirt, même lorsque le sommeil le gagne. « Tu peux rester là si tu en a envie, petit koala. » Ce n’est pas parce qu’il pèse plus lourd que cela me dérangera. Je pourrai le poser sur sa couverture plus tard, quand il ne se doutera de rien. En attendant, il reste bien à sa place, ayant trouvé la position parfaite pour reprendre sa sieste où il l’avait laissée. « On se débrouille bien, quand même. » je murmure à Joanne, observant ce beau bébé que nous avons fait.
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Apaiser Daniel prenait son temps, surtout pour que le médicament ait le temps d'agir. Lorsqu'il était suffisamment, elle le confia au père de famille, ayant constamment en tête qu'il ne le voyait presque pas de la semaine. Ils le couchaient un peu plus tard le soir pour que Jamie puisse profiter de sa présence, Joanne avait du un peu décaler la sieste de l'après-midi, ce qui n'était pas toujours aisé. Elle ne pouvait pas décider de l'état de fatigue de son fils. A peine le bébé dans les bras de son père, Milo vint sur les genoux de Joanne pour s'y allonger, bien à sa place. Il voulait aussi sa dose d'affection, donc elle prit le temps de le caresser longuement. Elle arqua un sourcil lorsque Jamie lui dit qu'elle devrait attendre por voir quel serait sa vengeance. Sa tête se secoua légèrement, même si sa curiosité la piquait largement pour savoir ce qu'il pouvait bien avoir en tête. Daniel parvint à retrouver son calme. Ce gros chagrin l'avait bien épuisé et Jamie avait du le réveiller plusieurs fois pour qu'il daigne boire quelque chose. Le golden retriever avait fini par retrouver la famille, et, voyant que son maître avec les bras bien occupés, il s'allongea collé à Joanne. Celle-ci, tout en caressant les chiens, observait, soucieuse son bébé mal en point. C'était assez frustrant de savoir qu'elle ne pouvait rien faire d'autre pour qu'il ne ressente plus cette douleur. C'était obligatoire, et un bon indicateur qu'il avait bien des dents. Il finit par s'endormir dans ses bras, tenant fermement le vêtement de son papa. Joanne sourit à sa remarque. Elle se pencha pour pouvoir embrasser tendrement Jamie. "Tu vois que tu fais un excellent père." lui dit-elle tout bas au bord de ses lèvres, lui qui en avait toujours douté. Joanne embrassa ensuite Daniel, qui se laissait largement emporter par Morphée. Au bout d'une dizaine de minutes, Jamie finit par l'allonger sur sa couverture. Le bébé dormait déjà profondément. Milo, curieux comme tout, descendit des jambes de Joanne pour voir son petit maître de plus près. Joanne le sécurisait tout de même d'une main. "Tu ne le réveilles pas, Milo." dit-elle tout bas, voyant bien les intentions du petit chien. "Si tu veux rester avec lui, tu te couches." dit-elle en montrant d'un doigt l'herbe juste à côté de la couverture. Ce n'était pas vraiment facile d'éduquer ce chien bien trop énergique, et Joanne ne tenait pas non plus à ce qu'il obéisse au moindre mot. Elle était persuadée qu'il comprendrait les choses lorsqu'il s'agirait du bébé, encore trop petit pour jouer avec lui. "Tu te couches, si tu veux rester avec lui." répéta-t-elle. Le chien pencha la tête d'une manière vraiment adorable lorsqu'il observait Daniel. Il restait un long moment ainsi, avan de faire plusieurs sur lui-même et de s'allonger à son tour. Joanne lui sourit et fit une caresse, contente que le message soit passé. "Il va être fatigué pour tout le reste du weekend." dit-elle au bout de plusieurs minutes, tristement. Il prenait plusieurs pour se remettre de ces grosses poussées de fièvre. Joanne était déçue de savoir d'avance qu'ils n'allaient pas pouvoir pleinement profiter de ce weekend comme ils l'auraient voulu. Daniel aura besoin de beaucoup de repos. Histoire de se changer les idées, elle finit par saisir les deux verres afin d'y servir du vin. Elle donna l'un d'eux à Jamie, et ils firent tinter les verres avant de se permettre de boire une gorgée. "Oh, j'ai failli oublié, j'avais préparé des petits toasts. Je vais les chercher, je me dépêche." dit-elle en se levant. Il y en avait avec de la tapenade, un peu de fromage frais avec de la ciboulette et tomates cerises, Joanne s'était mis de jambon du fumé sur quelques unes d'entre elles. Elle rapporta l'assiette qu'elle déposa par terre après l'avoir montré à Jamie pour qu'il se serve. "La seule chose qui est un peu dommage, c'est que Daniel ne sera pas assez grand pour se souvenir du mariage." dit-elle après un temps de réflexion. "Tu crois qu'il voudra voir les photos quand il sera plus grand ?" lui demanda-t-elle, l'une de ses mains caressant la joue de son bébé.
« Je fais de mon mieux. » je réponds en haussant les épaules. C'est déjà ça, je suppose. Du reste, je ne sais pas si je fais un excellent père, il y a sûrement mieux que moi. Des pères plus présents et qui ne laissent pas leur enfant sans surveillance dans le caddie du supermarché. « Et j'ai une aide très précieuse. » j'ajoute en souriant à Joanne. C'est elle qui fait tout le travail. Moi, je rentre à la maison, profite d'un bébé propre et en forme et d'un dîner déjà prêt. Je parviens à déposer Daniel sur sa couverture sans trop le faire bouger et ainsi éviter de perturber son sommeil. Il s'étale dessus tous membres écartés. Milo s'allonge non loin de lui, sagement, et gardant ainsi un œil sur son petit maître et futur copain de jeu. Je suis certain qu'il a hâte que Daniel soit plus grand. Désolée, la jeune mère rappelle que les poussées dentaires du bébé l'épuisent à chaque fois. « Ce n'est pas grave, il ne dira pas non aux câlins malgré tout. Monsieur est très avide d'attention et d'affection. » Il se fera porter avec plaisir, ou restera allongé pour jouer, et cela lui conviendra très bien. Ma fiancée nous sert finalement cet apéritif légèrement retardé par ce contre temps. Elle file même chercher de quoi grignoter avec cela, sous mon regard étonné. Elle se donne toujours du mal pour ces week-ends qu'elle attend avec impatience. « Merci. » dis-je en lui volant un baiser une fois que nos verres ont tinté. « Si tu étais allée chercher le vin tout à l'heure, j'aurais pu dire que tu es la femme parfaite. Dommage. » j'ajoute en haussant les épaules, un sourire malicieux sur les lèvres. Nous parlons tout bas pour ne pas réveiller Daniel. Et puis, cela conserve un peu de la tranquillité du jardin. Nous nous dirons oui ici même dans quelques mois, et le petit n'en aura aucun souvenir, si ce n'est grâce aux photos. « Tu crois qu'il aura le choix ? » je rétorque en riant. « On sera les premiers à les lui mettre sous le nez et lui montrer la centaine de clichés de lui en costard comme les bons parents gagas que nous sommes. » Entre deux photos de lui en couche-culotte, dans le bain, avec les chiens, avec sa tétine, se cassant la figure en essayant d marcher, et autres situations embarrassantes mais tellement adorables et attendrissantes. « On les montrera à toutes ses petites copines aussi. » Ca nous est tous arrivé, aucune raison que notre progéniture y échappe. « Je me demande comment tu te sentiras quand il y aura une autre femme dans sa vie. Après tout, c'est dans la famille d'être possessif. » dis-je en portant on verre à mes lèvres, la taquinant gentiment. Nous avons encore de nombreuses années avant d'être face à ce cas de figure. Mes yeux s'écarquillent soudainement. « Oh non, j'ai oublié d'appeler ma mère. » C'est une fois par semaine depuis son placement en institut, et j'arrive encore à l'oublier parfois. Je saute sur mes jambes et vole un baiser à Joanne. « Je reviens. » Puis je m'éloigne et rentre à la maison. Je ne veux pas que la conversation réveille Daniel, et ma fiancée n'a pas besoin d'entendre les élucubrations d'un esprit qui s'est perdu. Parce que Marie me demandera forcément à parler à Oliver à un moment, et cela pourrait lui faire du mal, j'en suis certain. Cela ne manque pas d'ailleurs. Comme toujours, la discussion débute normalement, j'explique à ma mère que nous nous plongeons dans les préparatifs du mariage, que tout se passe bien au travail, entre autres banalités. Et une fois qu'elle a estimé avoir assez longtemps fait semblant d'en avoir quelque chose à faire de ce que je lui raconte, elle demande à avoir Daniel, son Oliver, au téléphone juste une minute. Toujours selon les indications de son médecin, je ne peux pas essayer de lui faire comprendre que Daniel n'est pas Oliver, je ne peux que essayer de lui rappeler qu'Oliver est mort, et qu'elle ne peut pas avoir un mort au téléphone. Assis sur le bord de la terrasse, je passe les dix minutes suivantes à ne plus rien dire, et l'écouter me maudire encore et encore -qu'importe, me dis-je, si cela peut lui faire du bien. Cela ne me blesse plus qu'elle me traite de bon à rien, qu'elle m'en veuille, et je sais que je n'ai aucune chance de rendre qui que ce soit fier un jour. Ce qui me touche, c'est qu'elle me rappelle que je n'aurais pas du faire partie de sa vie, qu'elle n'a pas d'affection pour moi, qu'elle n'en a jamais eu, et qu'elle n'en aura jamais. C'est le meilleur moyen de retirer un peu de sens à votre existence.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
.Jamie ne pensait pas mériter autant de reconnaissance, ou le bel attribut qu'était être un bon père. Sa fiancée avait beau tenter de le lui faire rentrer dans le crâne, il y avait toujours quelque chose qui le rappelait à l'ordre. Mais ça n'altère en rien ce qu'elle pensait de lui. Elle était extrêmement fière du père de famille qu'il était. Elle lui échangea un même sourire lorsqu'il la remercia indirectement d'être là pour l'aider, pour l'épauler. Elle avait du lui apprendre quelques soins au début, mais il s'en sortait comme un chef désormais.Les yeux rivés sur l'être le plus précieux qui soit, Joanne ne cachait pas sa tristesse à l'idée de savoir que son bébé n'allait pas être en forme pour le reste du weekend. Jamie, éternel optimiste, voyait le verre à moitié plein en disant que leur fils resterait volontiers dans les bras de ses parents. La belle blonde rit doucement à cette constatation. "Ce n'est pas faux." Elle espérait tout de même que Daniel parvienne à en profiter un peu, surtout que le temps annoncé était particulièrement radieux. Jamie ne manqua pas de narguer sa belle après qu'elle soit revenue avec ses petites préparations. "Tant pis, je resterai cette fiancée avec des vices, alors." fit-elle d'un air exagérément résolu. Leur conversation revenait parfois sur leur mariage, notamment sur les souvenirs. Joanne souriait largement à ce que disait Jamie. "Je n'en doute pas, de ça." lui répondit-elle. "Mais je me demandais plus s'il sera curieux de voir comment nous étions ce jour-là, en plus d'avoir l'honneur de se voir dans un costard du haut de ses dix mois." S'il voulait voir sa mère dans sa robe de mariée, son père sur son trente-et-un, s'il voulait voir comment s'était passé le plus beau jour de la vie de ses parents. Un enfant s'intéresse certainement à ce genre de choses au bout d'un moment. Jamie parlait déjà d'une période qui allait être très lointaine, là où il y aurait les petites copines. Il taquina gentiment la petite blonde par rapport à cela, surtout par rapport à la relation fusionnelle et complice qui s'était instaurée entre la mère et l'enfant. "On n'y est pas encore, laisse-le un peu l'avoir pour nous pour le moment." dit-elle alors, regardant son enfant d'un air attendri. "Je peux te retourner la question, comment serais-tu si nous avons une fille, lorsqu'elle se pointera avec un homme à la maison ?" rétorqua-t-elle. "A moins qu'il ne soit de l'autre bord." Elle haussa les épaules, ce n'était pas quelque chose de tabou pour elle, absolument pas. C'était l'Amour, et c'était ainsi. "Tant qu'il est heureux. C'est tout ce qui compte." dit-elle en veillant toujours sur Daniel. Jamie se souvint rapidement qu'il n'avait pas appelé sa mère de la semaine. Joanne se réjouissait peu de ces moments là, il était toujours un peu bouleversé après l'appel. Il prétendait que tout allait bien, mais Joanne devinait qu'il était bien plus heurté que ça. Elle le regarda partir s'isoler pour passer l'appel. Au bout de quelques minutes, elle prit Daniel dans ses bras. "Je vais te mettre au lit mon trésor, tu y seras bien mieux." lui dit-elle tout bas. "Et puis, je pense que ce sera à Papa d'avoir beaucoup de beaucoup de câlins." Milo la suivit au pas. Joanne passait par l'entrée principale pour ne pas déranger Jamie et allongea Daniel dans son lit, dans l'obscurité. "Je t'aime, Daniel." lui souffla-t-elle après un dernier baiser. Ensuite, elle mit les verres et l'assiette de petits toasts hors de portée des chiens. Milo s'allongea à côté de Ben, prêt à somnoler avec son copain à l'ombre de l'arbre. Une caresse pour chacun, et Joanne rejoignit son fiancé sur la terrasse, il raccrochait à peine le téléphone. Elle s'approcha de lui, prit délicatement son téléphone portable des mains et le déposa sur le rebord. Ses doigts se portaient ensuite sur son visage, pour caresser tendrement sa peau, et chercher son regard. Joanne savait qu'il était totalement privé de l'amour de sa propre mère et elle n'osait imaginer l'impact psychologique. Et son amour à elle ne suffira jamais à combler le tout, c'était assez frustrant, dans le fond, de ne pas pouvoir faire plus. Joanne se plaça entre ses deux jambes, afin de pouvoir l'inviter à loger son visage dans son cou, et profiter de son étreinte, de sa chaleur ; espérant que ça l'aide un petit peu. Ses doigts caressaient ensuite délicatement ses cheveux, pendant de longues minutes de silence. "Tu souffres un peu plus après chaque appel." finit-elle par lui dire tout bas. C'était une constatation, elle ne voulait pas l'empêcher de faire quoi que ce soit. "Dis moi ce que je peux faire, Jamie. Dis moi ce que je dois faire." ajouta-t-elle en continuant ses gestes d'affection. Elle avait l'impression de ne pas pouvoir faire bien plus que de le consoler et le remettre sur pied à chaque fois. "J'aimerais tellement faire quelque chose pour que tu te sentes mieux, qui puisse t'aider." Mais elle était à court d'idées. La situation restait très complexe. Elle ne se voyait pas lui dire qu'il y avait plein de personnes qui l'aimaient, car rien ne valait l'amour d'une mère. Ce n'était pas comparable. Elle le gardait dans ses bras aussi longtemps qu'il en aurait besoin, continuant inlassablement tous ses gestes d'affection. "Je t'aime, Jamie." lui répéta-t-elle régulièrement.
Ca se termine souvent par « n'appelle plus jamais », « je ne plus entendre un jour le son de ta voix » ou un simple « adieu ». Mais à chaque fois que j'appelle la semaine suivante, Marie semble ravie à nouveau, comme s'il ne s'était rien passé sept jours plus tôt, et le même cycle recommence. C'est triste d'entendre quelqu'un d'encore si jeune perdre la tête. Je sais que je ne l'ai pas confiée à cet endroit dans l'espoir qu'ils récupèrent quelque chose de cette femme qui ressemble un peu plus à celle que j'ai connu. Je pense qu'elle a toujours été un leurre, et que désormais, le voile est tombé sur celle qu'elle est vraiment depuis vingt ans. Je leur ai confié ma mère pour qu'elle soit en sécurité, protégée du monde, et d'elle-même. Je lui ai trouvé un lieu où elle pourra s'enfoncer dans ses propres abysses en paix, jusqu'à ce que nous la perdions définitivement. Mais je crois que même à ce moment-là, je continuerai d'appeler. Il n'y a pas de logique dans ce geste, c'est simplement quelque chose que je dois faire. L'appel terminé, Joanne apparaît devant moi, toujours aussi angélique, pour me prendre entre ses ailes et m'offrir tout le réconfort dont j'ai besoin. Me rappeler qu'elle est là pour prendre soin de moi. Que elle, elle m'aime, et ce bien plus que ce dont ma propre mère ait jamais été capable. Me laissant faire telle une vulgaire marionnette, je me laisse tomber sur son épaule, loge mon visage au creux de son cou, et ferme les yeux en attendant que ce mauvais moment soit un peu plus éloigné dans le temps de moi. Je me concentre sur la caresse de la jeune femme dans mes cheveux, et le son de sa voix, douce et pleine de tendresse, qui balaye peu à peu d'animosité et la virulence de celle de Marie. Ces appels sont loin de me faire du bien, mais j'y survis et m'en remets plutôt vite. « Non, ca va... » je murmure pour m'en persuader. « Je vais bien. » Ce n'est que momentané. Dans quelques minutes, j'aurai fait le plein d'affection dans les bras de Joanne, et je serai prêt à reprendre le week-end là où je l'ai laissé pour profiter de ma famille. De celle qui mérite toute mon énergie et mon attention. Je sais que ma fiancée aimerait faire quelque chose, mais qu'y a-t-il à faire contre une trentaine d'années de désert affectif maternel ? Quand la personne qui vous met au monde juge que votre existence n'a pas de raison d'être, comment ne pas se sentir vide de sens, et comment remplir ce vide ? « Ca, là, » dis-je en indiquant ses doigts qui passent à travers mes cheveux et me massent doucement le crâne pour y calmer le flux de pensées et apaiser mon esprit, « c'est déjà très bien. » C'est de l'amour, de la chaleur humaine. C'est la présence de celle que j'aime, la mère de mon fils, et ce sont ces deux êtres qui me définissent. « Tu es là. Ca suffit amplement. » Elle ne peut pas faire plus. Du reste, c'est à moi de me faire une raison, vivre avec ce manque là, et le compenser avec d'autres choses. « Je t'aime aussi. » je murmure en passant mes bras autour de sa taille pour la serrer tout contre moi. Je suppose que ce qui alimente tout cet amour que j'ai pour elle, que j'ai à donner à ma famille, c'est tout ce que je n'ai pas été autorisé à offrir à mes parents. C'est un sacré surplus, quand on y pense. Je ne bouge pas pendant de longues minutes, fort confortablement installé au creux du cou de ma belle. Je pourrais rester là des heures et des heures. « Je sais que tu dois te dire qu'elle a fait assez de mal comme ça et que je ne devrais pas lui accorder de mon temps, surtout si ça ne me fait pas particulièrement du bien... » Je me doute ben qu'une partie d'elle le pense en tout cas. Impossible de ne pas en vouloir à Marie et de ne pas lui souhaiter de souffrir à la même mesure que l'épreuve qu'elle nous a fait subir. Mais n'est-ce pas déjà le cas ? « C'est ma mère malgré tout, et je ne veux pas la laisser seule. » Elle a de la famille, mais personne qui ne prendra soin d'elle. Personne qui n'assumera une femme qui perd la tête au sein de sa famille. Mon oncle prendrait un peu soin d'elle par principe, mais de loin. Sans moi, elle n'aurait finalement plus personne. « C'est difficile pour elle aussi. » On ne peut pas dire qu'elle ait eu la vie facile. Je ne lui cherche pas des excuses, néanmoins, il m'est difficile de ne pas avoir une infinie compassion pour elle. J'aurais aimé que l'on en ait de la même manière pour moi quand j'en avais le plus besoin et que je touchais le fond. « Je n'imagine pas dans quel état nous serions si nous perdions Daniel un jour. » Quelque part au trente-sixième dessous, et à jamais incapable de nous relever, encore moins de remonter à la surface. Notre bébé, notre fils, notre miracle. Est-ce que nous ne deviendrons pas un peu fous de peine, nous aussi ? Est-ce que le monde continuerait de tourner rond pour nous ? Ce n'est pas une perte imaginable. C'est sûrement pour cette raison que c'est la pire qui soit.
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"Non, ça ne va pas, Jamie." répondit-elle doucement, en continuant de caresser ses cheveux. C'était ce qu'il voulait se faire croire, mais ce n'est pas vrai. Concernant ses parents, le bel homme sera à jamais dans une impasse, à chercher de l'amour là où il n'y en a jamais eu. Il continuait d'espérer que c'était peut-être là, quelque part, qu'avec le temps, on lui donnerait un peu d'affection parentale, mais rien n'y faisait. Il mettait les œillères et continuait d'y croire, de se relever à chaque fois pour revenir encore vers eux. Joanne lui demandait quand même ce qu'elle pouvait faire pour l'aider. Il ne demandait alors par plus que les caresses qu'elle était déjà en train de faire. Alors elle continuait, sans dire mot, donnant là toute la tendresse dont il avait besoin. Selon lui, sa simple présence suffisait. Jamie passa les bras autour de sa taille pour l'enlacer chaleureusement, puisant en elle tout l'amour et toute l'affection dont il avait besoin. Un long moment de silence s'installa entre eux. Il était apparemment bien logé bien comme il était, le visage logé dans son cou, humant le parfait de sa douce sans vouloir s'arrêt. Jamie finit par reprendre la parole, devinant qu'une partie des pensées de Joanne. Il savait qu'elle ne portait pas absolument pas ses parents dans son coeur, que ça n'a jamais été le cas. Elle ne leur pardonnera jamais tout ce qu'ils avaient pu faire, autant à Jamie, qu'à Daniel ou à elle. Leur présumée folie n'était pas une excuse valable à ses yeux, ça ne justifiait pas la moitié de leurs actes. Mais ils restaient malgré cela les parents de Jamie, celui-ci ne faisait que continuer sa quête interminable d'affection parentale. "Ce que je pense n'importe pas." lui répondit-elle, les yeux dans les vague, plutôt concentrée sur les caresses qu'elle faisait. La belle blonde avait bien envie de rétorquer à Jamie que si la situation avait été inversée, Marie ne serait jamais venu le voir, mais elle ne voulait pas l'enfoncer plus qu'il ne l'était déjà. Il donnait bien trop d'intérêt aux personnes qui ne lui en donnaient pas. C'était malheureux à dire, mais ça n'allait que dans un sens. Il faisait cela surtout par conscience, se disait-elle, elle n'allait pas l'en empêcher non plus. Mais jamais, au grand jamais, Joanne n'accordera son pardon ou le bénéfice du doute aux parents Keynes. Jamais. Elle redressa le visage de Jamie, le tenant entre ses mains. Elle avait le regard presque dur, parce qu'elle n'acceptait absolument pas ce qu'il venait de dire. "Je ne veux plus jamais t'entendre penser ce genre de choses, Jamie." lui dit-elle, son regard planté dans le sien. "Je ne veux même pas que tu y penses." C'était peut-être plus fort que lui, il ne pouvait s'empêcher de retranscrire le vécu de sa famille à la sienne. "Que tu essaies de comprendre ta mère c'est une chose. Que tu tentes de transférer ce qu'il s'est passé dans ta famille à la notre, c'en est une autre." Malgré lui, il venait de faire la même chose qui avait plongé sa mère dans la folie. "Daniel n'est pas Oliver." La voix de Joanne restait douce. Ferme, certes, mais son ton ne variait pas plus que cela. "Je ne compte pas mettre une quelconque pression sur les épaules." Et si Jamie le faisait malgré lui, elle l'en empêcherait. "Le contexte est différent." De songer à cette peine lui faisait border ses yeux de larmes. "Et quand bien même, si quelque chose arriverait à Daniel, et si, par miracle nous avons un deuxième enfant, je ne le traiterai jamais, jamais, comme les tiens auraient pu traiter." Ce deuxième enfant n'aurait pas moins d'amour, c'était bien une chose dont il ne fallait absolument pas douter. "Daniel est là, il va bien, et nous l'aimons. Alors je ne veux plus jamais t'entendre songer à ce genre de malheur, Jamie. Que ça ne t'effleure plus jamais l'esprit." Joanne avait pris beaucoup sur elle pour ne pas s'emporter au sujet de Marie. Elle n'oubliait pas la violence physique et verbale dont elle avait fait preuve contre la petite blonde. Celle-ci caressa tendrement les traits du visage de son fiancé, avant de l'embrasser longuement. Elle espérait tant qu'il se sorte cette idée de la tête. Qu'il ne se laisse pas ronger par cette peur au lieu de profiter de tout ce que la vie lui avait donné ces derniers temps. "Allons poursuivre notre apéritif, d'accord ?" lui demanda-t-elle au bord de ses lèvres, avant de l'embrasser une nouvelle fois.
Ca ne peut que me traverser l’esprit. Ce genre de choses n’arrive pas qu’aux autres, et il n’y a pas de raison que ça nous épargne parce que j’ai déjà connu une grande perte. Je ne pense pas que Daniel sera comme Oliver –même si je ne peux pas m’empêcher de me demander de quelle manière ce qu’il y a de Keynes dans mon petit garçon finira par se manifester. Nous l’empêcherons de se faire autant de mal si jamais cette volonté apparait un jour. Mais il n’y a pas que ça. Les accidents arrivent, des enfants adorés de leurs parents disparaissent tous les deux. Et si nous perdions Daniel ? C’est une pensée affreuse. Affreuse. Une pensée qui me retourne l’estomac et me brise le cœur. Je sais que je ne pourrais pas supporter de subir une perte pareille. Je m’effondrerai comme un château de cartes face à un coup de vent, il ne resterait rien à récupérer. Forcément, ce genre d’idées défaitistes de ma part a le don de révolter Joanne. Même si je n’ai aucune envie de relever le visage, elle m’y oblige et plante son regard bleu dans le mien avec assez d’autorité pour que je ne puisse pas le fuir. Je ne sais pas quoi dire, je ne pensais pas l’agacer autant en évoquant une chose pareille. Je ne me rendais pas compte du transfert que je faisais. La jeune femme m’assure que la situation est totalement différente. Que l’histoire ne peut pas se répéter. Et que je ferais mieux de ne pas songer à ce genre de malheur. Jamais. Ca ne peut que m’empêcher de vivre sereinement et de profiter des bons moments, me hanter et me dévorer. La gorge serrée, je frisonne. Je finis par acquiescer à ses paroles d’un signe de tête, incapable d’articuler un mot sans finir par recommencer à parler de tout cela. Je pourrais m’enfoncer, ressasser pendant des heures si je ne me faisais pas violence pour passer à autre chose. Joanne a raison, il faut reprendre le cours de cette journée. « J’arrive tout de suite. » je murmure tout bas après avoir quitté ses lèvres, son visage pris entre mes mains pour prolonger ce baiser. Je la laisse rejoindre notre coin d’ombre avant moi, juste le temps que j’abandonne mon portable dans le salon pour que sa présence dans ma poche ne me hante pas. Je respire un coup, mais l’extérieur me fera plus de bien. Alors je retourne dehors, et pas à pas, j’essaye d’oublier toute cette conversation avec ma mère. Quand je m’assois dans l’herbe, je prends une gorgée de vin, vole un baiser à Joanne, et un toast. Je me suis adossé au tronc de l’arbre qui nous couvre. Ben est allongé près de moi, alors je le caresse machinalement sur le flanc. « Tu as prévenu ta grand-mère que nous nous viendrons la visiter le mois prochain ? » je demande à ma fiancée. Mes congés ont été acceptés en début de semaine. On m’accorde ainsi ces deux semaines de vacances bien méritées que nous allons pouvoir passer entre Londres et Perth. Les week-ends nous font toujours du bien, nous en profitons beaucoup. Mais décrocher complètement pendant autant de temps fera d’autant plus bénéfique. « J’espère qu’elle ne prévoit rien de trop sportif, parce que le décalage horaire risque de bien nous casser. » Question de planning, nous devrons aller en Angleterre avant de nous rendre dans la famille Prescott. Il faut encore planifier les petits détails de ce voyage qui n’aura pas lieu dans bien longtemps. « Est-ce que tes parents viendront aussi, par la même occasion ? Ils pourraient nous rejoindre directement à Perth avec Daniel, cela nous éviterait de faire un détour par Brisbane. » Et je suppose qu’ils ne seront pas contre passer du temps avec la famille un peu plus au complet. C’est quand même triste que les frères et sœurs de Joanne se tiennent éloignés de nous. Je ne sais pas si cela est de ma faute, mais je me sens un peu fautif. Nous ne nous entendons pas, et cela pèse sûrement dans la balance.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Bien sûr que Joanne comprenait ce genre de pensées traversait l'esprit de son fiancé, mais ce n'était pas pour autant qu'elle le tolérait. Elle savait combien la vie de Jamie avait difficile, au delà de ce que les Keynes voulait faire croire au reste du monde. Il en avait bavé chaque jour de sa vie, mais le destin semblait avoir repris le cours des choses. Cela révoltait la jeune femme qu'il puisse évoquer la perte de Daniel. Bien sûr qu'ils n'étaient jamais à l'abri d'un accident ou d'une maladie. Mais ça ne devrait jamais traversé l'esprit d'un parent. Pas pour un bébé aussi précieux, aussi important pour eux. Elle préférait donc remettre les points sur les i avant que Jamie ne ressasse encore et encore ces pensées néfastes. A croire que les rôles s'étaient inversés au courant de leur conversation. Le message semblait être assez bien passé. Il avait pris le visage de sa belle entre ses deux mains pour l'embrasser plus longuement, indiquant qu'il arriverait dans un petit moment. Lorsque le bel homme revint à l'ombre de l'arbre, il s'adossa au tronc de celui-ci. Ben voulait cette fois-ci quelques caresses de son maître et se mit juste à côté. "Oui." lui répondit-elle. "Si tu savais à quel point elle a hâte. Elle va se déchaîner devant les fourneaux." dit-elle en riant. Joanne se redressa et demanda d'un signe de main pour que Jamie écarte un peu les jambes. Ainsi, elle pouvait également s'adosser contre lui, tout en sirotant son vin. L'assiette de toasts était juste à côté d'eux. "C'est une excellente cuisinière. Si tu veux des conseils, c'est à elle qui faut le demander." lui assura-t-elle. Et avoir quelqu'un dans la famille de végétarien s'est avéré être un défi qu'elle accepta volontiers. Il y allait avoir un sacré décalage horaire, comme Jamie le précisa. "Rien de sportif, je ne pense pas." lui assura-t-elle. "Elle voudra certainement discuter un peu avec toi. Je ne sais pas si c'est quelque chose de sportif pour toi." dit-elle en riant. Elle se doutait bien que Jamie appréhendait toujours les rencontres avec les membres de sa famille. La main libre de Joanne caressait la cuisse de Jamie pendant qu'elle l'écoutait parlé. Elle grimaça lorsqu'il suggéra que ses parents soient en vacances là-bas en même temps qu'eux. "C'est une fausse bonne idée, ça, mon amour." lui répondit-elle tendrement. "Bien sûr qu'on peut demander à mes parents de venir avec Daniel pour ne pas avoir à passer par Brisbane, ça ne les dérangerait absolument. Mais il ne vaudrait mieux pas qu'ils restent toute la semaine." Joanne but une gorgée de son vin avant de se lancer dans ses explications. "Lorsqu'il s'agir de parler des enfants Prescott, de Reever, Juliet, ou moi, ça part souvent en vrille. Mon père et sa mère se chamaillent beaucoup à ce sujet. Ce n'est rien de très violent, mais ça met mal à l'aise tout le monde. Mon père veut imposer son avis, ma grand-mère aussi. Et ils ont beau être mère et fils, et ils ont beau s'adorer énormément, ils sont tous les deux têtus comme une mule. Je n'ose même pas imaginer les conversations qu'il y a pu avoir me concernant lorsque ça n'allait pas bien. Mon père pense détenir la solution clé de ma vie, ma grand-mère s'acharne pour lui faire comprendre que ce n'était pas à lui de décider de mon avenir." Elle haussa les épaules. Joanne était un petit peu habituée à ces conflits. Ils n'avaient rien de violents, ou de traumatisants, c'était juste systématique. "Peut-être qu'ils voudront passer le reste de l'hiver dans leur propre maison à Perth." Ils l'avaient gardé même s'ils ne s'y étaient pas beaucoup rendus ces derniers temps, préférant largement passer un maximum de temps avec leur petit-fils. "Et je sais que ma grand-mère veut avant tout se faire un avis d'elle-même de toi, elle ne se laisse jamais influencer par qui que ce soit pour ce genre de choses. Sauf peut-être par moi, lorsque je lui disais incessamment que je suis follement amoureuse de toi." dit-elle avec un petit rire. "Et mes parents voient Daniel bien assez comme ça, j'aimerais que ma grand-mère en profite aussi, de son arrière-petit-fils. Elle ne l'a encore jamais vu, ou jamais porté, après tout. Et, sans se mentir, tu sais à quel point ils peuvent être collants avec Daniel." dit-elle en riant. Les parents de Joanne étaient vraiment mamie et papi gâteau, voire un peu trop. Joanne se nota dans un coin de sa tête qu'il fallait qu'elle en parle à ses parents. Qu'ils ne soient pas tentés de venir tous les jours même s'ils n'habitent pas loin. Elle se blottit contre lui. "J'ai hâte d'y être. Ces deux semaines de vacances." C'était la première fois qu'ils avaient autant de temps pour eux ensemble. "Je suis certaine que tu vas adorer le village dans lequel elle vit, c'est si paisible là-bas. Il faut moins de dix minutes de marche pour aller à la plage. Malgré la proximité, ça semble assez retiré. Rien n'a été construit aux alentours, je pense que tous les habitants voulaient conserver la beauté des lieux." lui dit-elle, se voyant déjà se promener avec lui les pieds dans le sable. "Ca nous fera le plus grand bien."
J’ai beau me dire que cette semaine dans la famille de ma belle ne sera pas si terrible que ça, j’appréhende encore beaucoup la rencontre de cette femme qui a tant d’importance pour Joanne, elle qui voue une admiration sans bornes à sa grand-mère. Si celle-ci a si hâte que ça, si elle fonde tant d’espoirs, ce n’est qu’un peu plus de pression –et je ne suis pas certain que ce soit de la bonne pression. Ma fiancée se souvient sûrement de ma nervosité et de mon silence de mort la première fois que j’ai rencontré ses parents –et aujourd’hui encore je ne suis jamais complètement à l’aise face à eux, et eux n’en savent toujours que très peu sur moi. Tant d’espoirs ne peuvent qu’être déçus. Je perdrai sûrement une fan, voire toute une troupe d’auditrices septuagénaires. Je laisse Joanne s’installer entre mes jambes, adossée à moi. Je prends régulièrement une fine gorgée de vin pour me détendre. Je commence à vraiment en apprécier le goût, et avec le temps, à cerner un peu mieux les différences d’une bouteille à l’autre. Néanmoins, mes choix se font toujours dans le hasard le plus total. « Oh, parce que j’ai besoin de conseils peut-être ? » je demande en faisant mine de m’offusquer. « C’est plutôt elle qui pourrait venir me demander des astuces en matière de cuisine végétarienne. » je renchéris, même si je suppose qu’à un grand âge, l’on connaît bon nombre de recettes assez variées pour répondre aux besoins et aux envies de cette exception que je suis désormais dans la famille. La seule chose qui ne sera pas de tout repos, c’est évidemment la volonté de la vieille femme à me connaître. Elle risque de se heurter au même mur que les parents de Joanne, malgré son intervention pour remettre celle-ci d’aplomb. « Ca peut l’être parfois. » dis-je en haussant les épaules. Autant pour moi que pour mon interlocuteur ; moi cherchant comment m’esquiver, l’autre à me coincer. Il est bien plus aisé de me braquer que d’obtenir quoi que ce soit de personnel de ma part. Alors que je suggère que Jane et Martin se joignent à nous pendant la semaine à Perth, Joanne balaye très vite cette idée. « Quelle ambiance. » je commente à ses explications en pouffant un peu de rire en imaginant la scène. Mais il vrai que nous ne serons pas là pour assister aux chamailleries des Prescott. Au mieux, ses parents pourront être présents un ou deux jours, puis nous laisser entre nous. « Oh, j’ai si hâte de passer une semaine à être passé au scanner. » dis-je avec sarcasme avant de reprendre un toast. J’ai bien peur que ces deux semaines ne deviennent de fausses vacances pour moi, et que je reprenne le travail aussi fatigué que lorsque je l’aurai quitté à force de perdre mon énergie en nervosité. J’espère sincèrement avoir du répit, du temps pour moi, pour profiter de mon fils et de ma fiancée comme je le souhaite. Sans quoi, ce séjour serait des plus frustrants, alors que j’ai bien trop besoin de cette pause. Je ne suis pas certain que ces deux semaines me fassent autant de bien qu’à Joanne au final, mais au moins, nous n’aurons pas le travail pour nous éloigner l’un de l’autre toute la journée. « J’ai assez hâte de passer quelques jours à Londres. Je crois que j’ai une petite crise de mal du pays. » Pourtant, je sais que mes obligations en Angleterre ne seront pas toujours particulièrement joyeuses. J’irai sûrement voir ma mère en personne dans sa pension, et discuterai un peu avec son médecin. Je verrai mon oncle, sans doute, et sa famille avec laquelle je n’ai aucune affinité. Je finaliserai la vente de la maison de mes parents. Enora a sûrement accouché, je ne sais pas si une visite de courtoisie est une bonne idée dans ce genre de situation, ou si je dois me contenter d’une lettre pour la féliciter. Entre tout cela et le gala, je crois que je n’aurai de repos que lorsque nous serons dans le domaine familial.