Bien calé dans les bras de Joanne, Daniel sourit malicieusement. Il peut se cacher le visage autant qu'il le veut, je le vois bien, son petit air satisfait. « Regardes comme il est fier de son coup. » dis-je en plissant les yeux, l'air mauvais. On voit qu'il comprend que son père est contrarié par sa faute -il n'y a pas de demie-mesure chez les bébés- mais plutôt que de se sentir mal, il semblerait qu'il s'en amuse. Joanne tente de me rendre moins grincheux en m'assurant que nous nous rattraperons ce soir. J'acquiesce d'un signe de tête, avec un petit sourire. Il y a trop d'hommes dans cette maison qui sollicitent la jeune femme. Et elle ne manque pas d'affection à donner à tous. Le problème, c'est la possessivité de chacun. « Ou alors, on dit que le mâle alpha passe en priorité, et les autres polissons attendront leur tour. » dis-je en croisant les bras sur mon torse, prêt à bouder dans le cas contraire. Daniel, loin d'approuver ce postulat, fait comprendre à sa maman qu'il ne la veut que pour lui ; et elle ne tarde pas à remettre le petit à sa place. Je me retiens de lui tirer la langue ou d'afficher tout autre air vainqueur ; les bébés n'ont pas non plus de second degré, et il ne faudrait pas qu'il pense sérieusement que nous sommes en compétition. Milo s'incruste dans le tableau à son tour pour voir si le petit maître va mieux. Il a droit à quelques caresses qui le ravissent. Ce n'est pas tous les jours qu'il est assez sage pour avoir droit de toucher le bébé, ou que le bébé ne le touche. Pendant ce temps, je laisse tomber ma tête sur l'épaule de Joanne en observant la scène, soupirant un peu. Ma fiancée comprend bien que j'ai besoin d'une compensation momentanée, proposant douceurs et vin. « Ca, c'est une idée. » dis-je en sautant sur mes jambes pour aller récupérer la bouteille et les verres dans la cuisine. Et les loukoums. « Je vais noyer ma frustration dans l'alcool et le sucre glace. » Je nous remplis les verres et mord immédiatement dans un cube de gélatine avec gourmandise. Ce sera le dîner le moins équilibré qui soit alors qu'il y a de la salade toute prête. Joanne m'explique le tri qu'elle a effectué dans les affaires de Daniel qui se multiplient et prennent de la place. C'est un bébé gâté qui grandit vite. « Qu'il flottait dans les bodies d'un mois, tu veux dire. » j'articule tant bien que mal, le loukoum collant aux dents. C'était une petite crevette à la naissance. Aujourd'hui, il a la corpulence de n'importe quel autre bébé de son âge. « On doit bien avoir une boîte quelque part où garder tout ça dans un coin de la nurserie. » je poursuis en haussant les épaules. Si elle y tient. Je me dis surtout que cela pourrait être utile si nous avons un autre enfant. Mais une boîte ne sonne pas très raffiné. « Ou nous pouvons acheter un coffre, un peu lus grand, où mettre aussi tous les jouets dont il se lasse. » Sait-on jamais si après deux ou trois mois sans les voir il se redécouvrira un intérêt pour eux. Après avoir longuement caressé Milo, Daniel décide que son père est enfin digne d'attention. Il se laisse mollement tomber sur le côté pour atterrir sur mes jambes tant bien que mal, et il tente de se hisser sur mes cuisses pour s'y installer assis. Je le laisse faire tout seul, l'observant avec un sourire amusé mais encourageant. Une fois bancalement installé, bien accroché à moi pour ne pas glisser, il me sourit et tend les bras pour demander le droit de jouer avec moi. « C'est ça, fais-toi pardonner. » dis-je en terminant mon loukoum. Je lui fais un bisou sucré sur la joue ; immédiatement, il l'efface avec sa main. Puis il regarde le sucre sur sa paume, dubitatif. « Tu veux goûter ? » J'humidifie un peu un de ses doigts et le plonge dans le sucre glace, puis le porte à sa bouche. Il le suce, curieux. « C'est bon, hm ? » Pas sûr que son pédiatre approuve cette petite dose de sucre, mais qu'importe, ce n'est pas comme si nous faisions régulièrement des écarts. Son petit estomac s'en remettra très bien. Visiblement, le sucre glace lui plaît beaucoup. Il agite ses bras et tend les mains vers la boîte pour en ravoir, et dans un geste brusque, tape dedans ; si aucun loukoum ne s'échappe, en revanche, un nuage de sucre atterrit sur sa bouille enfarinée. Les yeux écarquillés, il éternue. Ses joues couvertes de sucre blanc me font mourir de rire comme un idiot.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Les bébés étaient malins. Il ne fallait pas les sous-estimer avec leur bas âge et leur gueule d'ange. Ils savaient très bien ce qu'ils voulaient, et comment faire pour l'avoir. Ils avaient mille et une façons de trouver comment faire et ils parvenaient quasi systématiquement à leur fin. Daniel en faisait bien évidemment partie, et il avait largement vaincu son père sur le coup. A qui aurait le plus d'attention de Joanne. Parfois, c'était amusant, d'autres fois, c'était un petit peu agaçant. Mais ce n'était qu'une facette de la vie de famille, et Joanne les acceptait toutes. "Il a de nombreux stratagèmes." répondit Joanne, amusée. Jamie tenait tout de même à passer en priorité. "Le mâle alpha, j'aime beaucoup ce terme là." lui dit-elle en faisant un clin d'oeil. "Bien sûr, que tu auras toujours la première place." lui assura-t-elle, en se penchant pour lui voler un baiser. Plus tard, Milo avait même droit à quelques gestes d'affection de son petit maître. Joanne n'osait pas imaginer l'état de la maison le jour où Daniel pourra courir dans tous les sens, elle n'arriverait certainement pas à le suivre. Milo, lui, si. La jeune femme tentait de trouver plusieurs solutions pour éponger la grosse frustration de son amant. Et quoi de mieux que de solliciter sa gourmandise. Cela semblait grandement le satisfaite, et il sauta sur ses jambes pour chercher tout ce qu'il faut. "Ne la noie pas trop, on en aura encore un peu besoin pour ce soir." lui rétorqua-t-elle avec un regard malicieux, en mentionnant la frustration. Joanne lui racontait ensuite qu'elle avait déjà fait un premier tri dans les vêtements de son bébé. Effectivement, Daniel flottait dans les habits de naissance. "C'était une véritable petite crevette." se rappela-t-elle, d'un air totalement attendri. "Oh oui, nous pourrions trouver un beau coffre en bois." s'enthousiasma-t-elle après que Jamie ait partagé son idée. "Plus tard, Daniel pourra l'utiliser pour y mettre tous ses jouets lorsque nous lui demanderons de ranger sa chambre. Rapide et efficace." dit-elle en riant. Il était certaine que Joanne voulait garder les tout premiers vêtements de naissance de Daniel. Pour le reste, cela dépendra beaucoup de la suite des événements, s'ils parviennent à avoir un autre bébé. Elle n'allait définitivement pas les jeter, ce n'était que des vêtements de qualité. Dans le pire des cas, elle en fera certainement don pour une association - et pourquoi pas à la fondation, il y avait beaucoup de jeunes mères qui venaient avec leur nouveau né. Elle garda cette idée dans un coin de sa tâte. Daniel finit par vouloir aller auprès de son père. Il y parvint, maladroitement. Mais d'ici quelque semaines, il aura suffisamment de force pour y parvenir sans problème. Joanne était quotidiennement impressionnée par les progrès qu'il faisait. C'était qu'il gagnait en force et en intelligence, son petit bébé. Elle regarda avec un air tendre ses deux hommes s'amuser ensemble, jusqu'à ce qu'il y ait un grand nuagé sucré qui se forme autour d'eux. Cela fit rire Joanne aux éclats, encore plus lorsque son bébé éternua. Joanne se précipita sur son portable pour prendre en photo son air impressionné, et ses joues toutes blanches. Il éternua encore une fois, et encore une fois alors que Jamie continuait de se plier de rire. Joanne en avait les larmes aux yeux. Bien que les éternuements commençaient à l'agacer, Daniel était heureux comme tout de voir qu'il faisait autant rire ses parents. Joanne allait chercher ensuite un gant de toilettes pour le débarbouiller un petit peu, le nez qui le démangeait lui plaisait de moins en moins. "Et voilà, tu es tout propre, mon trésor." lui dit-elle tout bas avec un large sourire, avant d'embrasser le bout de son nez. "Ca ne t'empêchera pas de prendre le bain ce soir, ça te fera du bien." Ne serait-ce pour laver sa peau de la transpiration due à sa poussée de fièvre. Elle posa le gant de toilette sur la table et le troqua contre son verre de vin bien rempli. "Il a eu sa ration de sucre pour la semaine là." dit-elle en pouffant de rire. Elle but une gorgée de la boisson. "Si ça se trouve, il va falloir que tu partages tes boîtes de loukoums avec ton fils." dit-elle pour le taquiner un peu. "Vous êtes beaux tous les deux, comme ça." Joanne adorait les voir jouer ensemble, il y avait aussi beaucoup de complicité entre eux deux. Parfois, elle hésitait à se retirer, se disant que Jamie voudrait certainement ne passer un moment qu'avec son fils. Il ne l'exprimait pas plus que ça, peut-être qu'il avait peur qu'elle se vexe, ou quelque chose dans le genre. "C'est quand que vous irez faire votre virée shopping tous les deux pour le mariage ?" finit-elle par demander, posant son coude contre le haut du dossier du canapé pour appuyer sa tête contre sa main. "Il va falloir que je trouve quoi faire pendant ce temps là." Finalement, Joanne n'était absolument plus habituée à être seule depuis la naissance de Daniel. Elle s'occupait de ses deux hommes toute la journée, et elle adorait ce rôle. "J'irai peut-être faire un peu de shopping de mon côté aussi, tiens." se dit-elle. "Et on pourra se rejoindre le soir pour manger au restaurant." Cela ferait un bon programme pour une journée.
Daniel ne comprend pas tout ce qu'il s'est passé. Il ne sait pas non plus s'il doit être amusé ou contrarié -mais vu que ses parents rient aux éclats, c'est que cela doit être drôle, alors il sourit et pouffe entre deux petits éternuements qui sont juste la chose la plus adorable à voir qui puisse exister. Alors que je ne peux pas cesser de rire, seule Joanne trouve la force d'aller chercher de quoi débarbouiller le petit qui commence à en avoir assez de cette poudre dans son museau. Milo avait déjà commencé à le nettoyer en donnant des petits coups de langue sur ses bonnes joues, en profitant au passage pour profiter du sucre. Comme s'il n'avait pas assez d'énergie comme ça. Une fois débarrassé de la poussière, notre fils semble satisfait. Il aura quand même droit à un bain avant d'aller dormir plus tard dans la soirée. « Papa te donnera le bain, pour changer. » dis-je en jetant un coup d'oeil du côté de Joanne pour m'assurer que ça ne la dérange pas. Je m'impose rarement pour ce genre de tâches, mais cette fois, j'ai bien envie d'avoir ce petit moment avec lui. Après une gorgée de vin, je reprends un morceau de loukoum. La gourmandise fait bien oublier la précédente frustration. La jeune femme pense que notre petit, qui sera sûrement aussi gourmand que ses parents, voudra piocher dans mes réserves de douceurs. « Hors de question. Il aura sa propre boîte. » je réponds. « Il ne faudrait pas qu'il s'habitue à s'approprier toutes mes affaires. » J'ai mon espace, et lui le sien. C'est dans la même veine que cette histoire de mâle alpha. Chacun à sa place, chacun ses affaires. C'est déjà assez compliqué de partager la même femme dans nos vies. « Ca attendra que tu aies plus de dents. » j'ajoute alors qu'il sourit armé de ses deux quenottes et demi. D'ailleurs, je lui redonne son jouet à mordiller. Sans jamais perdre le nord, Joanne demande quand nous irons acheter les costumes pour le mariage. « Hm, je ne sais pas. Quand est-ce que mon fils est libre dans mon emploi du temps de bébé bien chargé ? » Tous les jours, n'importe quand entre deux siestes -c'est plutôt son père qui doit trouver un week-end pour s'y consacrer. « Après les vacances de papa ? Ou peut-être qu'on fera un peu de lèche-vitrines à Perth, hm ? Juste tous les deux. » Ce sont des vacances en famille, mais je me dis que sur deux semaines, nous pouvons bien passer un après-midi chacun de notre côté. Moi profitant de mon fils pour trouver un costume, et Joanne ayant du temps uniquement pour elle, sans chiens sans les pattes, sans poussette. Juste elle et son amie la carte bleue. « C'est une bonne idée. » ds-je au sujet du restaurant par la suite. Un programme déjà tout fait. « Premier restaurant de notre bonhomme. Il faudra être sage et bien se tenir, jeune Keynes. » Notre fils n'est pas au fauteur de troubles -pour l'instant. Il saura sûrement être tranquille sur sa chaise haute si l'endroit lui plaît. Alors qu'il mâchouille son anneau avec vigueur, le regard de Daniel s'est posé sur les portes-fenêtres, attiré par le bruit provenant d'un peu partout dans la maison. « Oui, c'est la pluie qui tombe dehors. » je lui explique. « Mais ici, nous sommes à l'abri. » Ce doit être un drôle de concept pour un bébé de voir de l'eau, savoir que ça mouille, mais constater que les gouttes ne le touchent pas. La pluie sur les vitres refroidit peu à peu l'atmosphère de la maison. Même s'il est loin de faire froid, le salon est un peu plus frais, et Daniel le remarque. « On va te mettre quelque chose sur le dos maintenant. » Même s'il reste un peu plus chaud que d'habitude à cause de sa poussée dentaire, mieux vaut qu'il ait chaud plutôt que froid. Si du sucre glace lui picotant le nez l'agace, je n'imagine pas à quel point un rhume le rendrait grincheux. Je le porte donc jusqu'à sa chambre pour lui enfiler, avec un large sourire de pré-satisfaction, un cadeau de la courtoisie de WWF. De retour dans le salon, je tends Daniel devant sa mère en pouffant de rire. « Regarde maman, je suis un bébé pingouin ! »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il était curieux à quel point Jamie demandait, même par un simple regard, l'aval de sa belle lorsqu'il aimerait faire quelque chose avec son fils. Que ce soit le bain, jouer avec lui, ou lui lire une histoire. Jamais elle ne l'en empêcherait, elle ne lui avait jamais dit non. Mais à chaque fois, il demandait tout de même son accord. Elle ne lui répondit que par un simple sourire, ce n'était pas nécessaire d'en dire plus. Au contraire, elle était pour qu'il y ait ces moments là entre père et fils. Joanne avait Daniel tous les jours à longueur de journée, même s'il voyait plus longtemps son père le soir en semaine. Il précisa que si les loukous devenaient également le péché mignon de son fils, il n'y aurait pas de partage de boîte, chacun la sienne. "Je fais partie de tes affaires, c'est ça ?" lui demanda-t-elle en arquant un sourcil, le sourire amusé. Son fils était adorable, avec ce sourire. "Avant de s'attaquer aux sucreries, ce sera fruits, légumes, et viande ou poisson s'il aime." ajouta-t-elle. Hors de question qu'il soit un enfant qui ne se nourrisse que de bonbons et de soda. Joanne se demanda ensuite quand est-ce que Jamie songeait à aller faire une virée shopping avec son fils, pour le mariage. Il était d'avis de consacrer une après-midi à Perth pour cela. Elle acquiesça d'un simple signe de tête. "Ca va me faire sacrément bizarre, d'avoir une après-midi pour moi toute seule." Sans bébé pour l'occuper, sans chien qui réclamait à être promener. Sur le coup, elle allait certainement ne pas savoir quoi faire de son temps libre. Elle resterait statique jusqu'à ce qu'elle se trouve quelque chose à faire. Ca dépendra ausi surtout de son envie du jour. Elle était un peu perplexe que Jamie veuille tant qu'elle se consacre un espace rien que pour elle, du temps rien que pour elle. Elle se demandait si c'était volontaire de sa part qu'elle parvienne à s'isoler un peu ou non. Ou si c'était lui qui avait également besoin d'un peu d'espace. "Bien sûr qu'il va être sage." Joanne était quasiment certaine qu'il se tiendra très bien au restaurant, à moins que quelque chose n'aille pas chez lui. Le petit était perplexe par ce mauvais temps, et il regardait l'extérieur d'un air perplexe. Jamie lui expliquait patiemment ce dont il s'agissait. Le fond de l'air de la maison se rafraîchit, suffisamment pour qu'elle aille se chercher son gilet le temps que le père de famille n'habille un peu leur fils. Il le ramena dans un costume tout simplement adorable qui la fit complètement craquer. "Tu es tellement beau là-dedans, mon trésor." lui dit-elle en tendant les bras, laissant échapper quelques rires tant il était adorable."Tu es beau comme tout." répéta-t-elle en le serrant fort dans ses bras. "Papa ne veut pas me partager et pourtant il fait tout ce qu'il faut pour que je craque aussi sur toi, dis-moi." dit-elle en riant, en échangeant un regard joueur à son fiancé. "Où est-ce que tu as eu cette tenue ?" lui demanda-t-elle, curieuse. Elle le regarda avec attention. "J'en avais vu dans un magazine l'autre jour. Il y avait une combinaison avec une capuche, c'était comme un déguisement de dragon. J'ai été tentée de le lui prendre parce que c'était vraiment adorable, mais je n'aurai pas su quand le mettre." Embêté par le petit bonnet, Daniel parvint à se le retirer, puis il l'observa et le toucha avec perplexité. Joanne le lui prit délicatement des mains et l'enfila à nouveau sur sa tête. "Il faut le mettre comme ça, mon coeur, tu vois ?" lui dit-elle. Voyant le sourire satisfait de sa mère, Daniel sourit également, mettant les mains sur sa tête avant de rire aux éclats. "Oui, tu es un beau gosse, comme ça. Tu fais craquer Maman." Elle le reprit dans ses bras pour le câliner. "Viens, mon beau mâle alpha, que je te câline aussi." lui dit-elle en l'invitant à s'installer auprès d'elle. Une fois installée, elle réfléchit à ce qu'ils pouvaient bien faire par ce mauvais temps. Elle aurait adoré se promener dans les prés. Mais là, il devait certainement y avoir beaucoup de boue. Même après que la pluie ne s'arrête, il serait bien compliquer de s'engager sur un chemin de terre. Elle sentait les jambes de son bébé s'agiter. Cette sieste lui avait fait le plus grand bien. "D'accord, j'ai compris, je vais te laisser un jeu petit peu." Elle se redressa pour étendre le tapis de jeu juste à côté du canapé et sortit tous les jouets qui allaient lui plaire à tous les coups. Elle l'installa en position assise. Même s'il se tenait tout seul, il pouvait s'adosser contre le canapé s'il s'épuisait. "En ce moment, il aime beaucoup montrer qu'il arrive à se débrouiller seul. Il se fait toujours des conversations avec lui-même, avec ses jouets. Il raconte sa petite vie dans son langage bébé." dit-elle tout bas à Jamie, l'invitant à le regarder. Daniel choisissait les jouets qui l'intriguait le plus et s'amusait avec. Forcément, ceux avec des lumières et des mélodies lui plaisaient. Il essayait de taper dans ses mains, ou de reproduire la mélodie - il ne chantait pas encore très juste. Il ne se doutait pas que ses parents l'observaient avec attention.
Je me doutais que Joanne comprendrait le message derrière cette histoire de partage des affaires. Elle sait immédiatement qu'elle fait partie du lot. « Exactement. » je réponds avec un petit rire avant de lui voler un baiser. J'estime que j'interfère très peu dans cette relation privilégiée qu'ils ont. C'est important pour moi qu'ils la cultivent, qu'ils soient proches, et que la jeune mère soit véritablement un pilier dans la vie de son fils. Au départ, j'avais peur de ne pas avoir ma place dans leur petit monde. Avec le temps, je me suis dit que c'est en les laissant avoir leur bulle qu'ils définiront eux-même la place qu'ils veuillent que j'ai, et alors je serai là pour jouer mon rôle. Je ne force pas Daniel à jouer avec moi, ou à être dans mes bras. Cela ne sert à rien de faire de ma présence une obligation dès que je suis disponible. S'il veut quand même être avec sa mère, alors soit. Cela me permet d'avoir un moment pour moi d'un autre côté. La maman est vraiment Dieu aux yeux d'un petit garçon. C'est peut-être ce qui a ruiné ma famille plus encore que la perversité d'Edward. Joanne, passant toutes ses journées avec Daniel et les chiens, aura forcément tendance à s'oublier. A la base, elle n'a pas besoin de ces responsabilités pour ne pas s'accorder beaucoup d'importance, alors avec un bébé, son univers personnel passe à la trappe. C'est pourquoi les vacances m'apparaissent finalement comme le moment idéal pour lui laisser un après-midi, voir toute une journée complètement seule -ou plusieurs si elle en ressent finalement le besoin. Nous avons tous besoin de nous recentrer sur nous même de temps en temps, de prendre une pause. Joanne n'a jamais vraiment voulu se donner une place. Il suffit de se rappeler la manière dont jamais du mettre un petit coup de collier pour qu'elle accepte de mettre sa touche à la maison. « Je pense que ça te fera du bien. » Je n'en doute pas du tout. Ce sera sûrement bizarre, le silence et le calme gravitant autour d'elle. Mais c'est nécessaire pour qu'elle n'arrive pas à saturation. Elle ne pense sûrement pas que cela puisse arriver, mais je suis certain qu'un jour, à ce rythme, ce sera le cas. Daniel dans les bras, j'effectue un court aller-retour dans sa chambre pour lui enfiler l'adorable combinaison qui m'a été envoyée au travail pendant la semaine. Je l'avais emportée dans les affaires du petit, me disant que je trouverai forcément un moment pendant le week-end pour l'en affubler, juste pour rire. Cela ne manque pas, et Joanne, toute attendrie, récupère son fils déguisé en pingouin qui bat des ailes. « Il te fait craquer dans tous les cas, ça ne sert à rien de lutter. Il gagne à tous les coups. » Déguisement ou pas, il suffit d'un de ses sourires de séducteur, et je passe à la trappe. « Cadeau de WWF pour leur ambassadeur préféré. » je réponds à sa question. Leur campagne de vente de ce genre de combinaisons pour adultes avait eu lieu le mois dernier sur internet et dans les campus universitaires. Celle pour les tout petits aura lieu pour les fêtes de fin d'année, alors en voilà un exemplaire en exclusivité. Même en toute objectivité, il y a de quoi être conquis. Joanne m'explique avoir trouvé le même genre de costume dans un magasine, pour donner un aspect fils-du-dragon à notre petit. « Il n'y a pas besoin d'occasion spéciale pour ça. » dis-je en haussant les épaules. D'autant plus que Daniel s'en fiche bien ; pour lui, c'est un jeu comme un autre. Pour nous, c'est un moyen de le rendre plus adorable qu'il ne l'est déjà, et de rire un bon coup. Pas de raison que les parents ne s'amusent pas aussi. « Et puis il ferait un bébé dragon d'enfer. » Je l'imagine tout à fait, et un petit rire m'échappe à cette idée. Ca aussi, ça sera dans l'album des photos de bébé embarrassantes -mais peut-être plus pour nous que pour lui, nous allons passer pour des parents étranges qui font enfiler de drôles de costumes à leur fils. Puisque Monsieur a envie de jouer dan son coin, Joanne le dépose par terre avec de quoi s'occuper. Des machins et des bidules avec de la lumière et de la musique. Je ris doucement en l'entendant chantonner, notre petit mélomane. Je m'allonge sur le canapé, la tête sur les cuisses de ma fiancée, de manière à pouvoir continuer de l'observer. Cela fait aussi passer le temps, même s'il doit semble idiot pour qui n'est pas parent de se complaire dans l'admiration des jeux de son bébé qui gazouille. « Qu'est-ce que tu crois qu'il dit ? » je demande à la jeune mère. Daniel, son doudou face à lui, semble lancé dans une discussion passionnante. J'ai hâte de le voir gambader partout sur ses quatre pattes, et partir en exploration.
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Il était vrai que Joanne n'avait plus vraiment de vie privée, dans le sens où elle n'avait plus son monde à elle, plus aucune véritable intimité. Elle prenait son rôle de fiancée et de mère très au sérieux, et cela l'incitait à ne plus penser vraiment à elle. Ca ne la dérangeait pas. Ce n'était pas vraiment ça qui avait été la cause de sa descente aux enfers, au contraire. Elle ne s'imposait pas, elle ne demandait pas d'avoir du temps pour elle. De toute manière, elle se trouvait toujours quelque chose à faire. Quand ce n'était pas la fondation, c'était Daniel. Quand ce n'était pas lui, c'était la cuisine, ou un peu de rangement. Sans compte les promenades avec les chiens, les courses, les rendez-vous chez le pédiatre et tous les impératifs dont elle pouvait se charger. Elle voulait éviter que Jamie ait trop de choses à faire lorsqu'il rentrait à la maison, elle savait combien ses journées étaient chargées. Et Joanne avait fini par s'oublier, ne se définissant plus qu'actrice dans la vie de Jamie et Daniel. Elle s'en portait plutôt, elle ne voyait pas d'intérêt à trouver une définition d'elle-même où elle n'avait personne à inclure. Son psychologue n'en était pas encore venu, à ce sujet là, mais ça ne saurait tarder. Et même si elle savait d'avance qu'elle allait passer une journée ou une après-midi seule, Joanne n'avait vraiment aucune idée de ce qu'elle pourrait faire. C'était un peu comme une journée avec la perte de tous ses repères. C'était peut-être le meilleur moyen pour qu'elle s'en créée d'autres. Des balises qui la définissent, sa propre personne. Ca ne la rassurait pas vraiment, même si Jamie semblait être sûr de lui en disant que ça lui ferait le plus grand bien. Elle était un peu sceptique à ce sujet. Joanne haussa simplement les épaules, perplexe. Jamie revint quelques minutes plus tard avec un bébé joliment déguisé. Le bel homme marquait une nouvelle fois sa forte jalousie. "Mais toi, tu n'as pas besoin du moindre vêtement pour me faire craquer, mon amour." lui dit-elle plus bas, avant de se mordiller la lèvre. "Ils bichonnent sacrément leur ambassadeur, je trouve." répondit-elle en admirant inlassablement son bébé. Joanne avait vu un déguisement semblable, mais en dragon. Joanne avait hésité à l'acheter. "J'irai l'acheter alors." décida-t-elle. "Mon bébé dragon." dit-elle à Daniel en l'embrassant sur la joue. Le bébé voulait se dépenser un peu en jouant, et sa mère se hâta pour lui recréer son petit espace de jeu. Elle montra à Jamie comme il pouvait discuter tout seul, déjà à se raconter des petites histoires. Son fiancé s'allongea sur le canapé, prenant comme repose-tête les cuisses de sa belle. Automatiquement, Joanne caressait affectueusement ses cheveux pendant qu'il l'observait. Il se demandait ce qu'il pouvait bien se raconter. "Je ne sais pas." lui répondit-elle tout bas. "Il se crée son petit monde." Elle réalisait que même son fils avait son petit domaine, tout autant que son père. Et pas elle. Joanne était heureuse pour lui, que son imagination se développe. "Il raconte peut-être ses premiers secrets. Toutes ces petites choses que nous ne saurons jamais." Milo était couché à côté de Joanne. Il était étrange qu'il puisse être si calme. "Peut-être qu'il dit à son doudou à quel point sa mère est insupportable en journée." dit-elle au bout de plusieurs minutes de silence, en riant. Elle parlait à voix basse, comme pour ne pas perturber Daniel dans son jeu. "Je suis contente qu'il parvienne à jouer seul, ce n'est pas donné à tous les bébés." Ses yeux se baissaient et elle regardait son fiancé, qui lui admirait son fils. Du bout de ses doigts, elle caressait les traits de son visage. Elle savait que c'était un excellent moyen pour lui de s'endormir, mais ça ne la gênerait pas qu'il pique un somme. Elle gardait un oeil sur Daniel tout de même, qui semblait être bien occupé pour les prochaines minutes. Elle aimait tellement s'attarder ainsi sur les traits de son visage. Elle ne se lassait pas de les caresser, de les effleurer tout en les admirant. Quand Jamie commençait à somnoler, Daniel se rendit compte du calme qui régnait dans la pièce et se demandait pourquoi c'était si silencieux. Joanne plaça son index sur la bouche pour lui faire signe de ne pas faire de bruit. Forcément, le petit voulait aussi sa part de câlins et tendit ses bras pour qu'elle puisse l'attraper. Joanne attrapa ses mains, il se saisit de ses doigts et laissa porter. Elle n'avait alors pas besoin de trop se pencher, et ainsi, elle n'avait pas à perturber le début de sommeil du père de famille. Fier comme tout, Daniel restait assis à côté de sa mère. Elle lui avait habilement récupérer sa peluche et sa tétine qu'il mit tout de suite en bouche. Il jouait silencieusement avec son doudou, montrant de temps en temps quelque chose à Joanne. Elle s'avouait chanceuse d'avoir un bébé aussi calme, qui se passionne d'un rien -et ça, c'était bien un trait qu'il avait hérité de sa mère. Il finit par s'appuyer contre elle. Même si la sieste lui avait fait le plus grand bien, la fièvre l'avait épuisé pour plusieurs, Joanne le savait bien.Il finit lui aussi par somnoler. La jeune femme n'avait pas vraiment de notion de temps, tout ce qu'elle pouvait constater, c'était que la pluie ne voulait vraiment pas s'arrêter pour le moment.
Même si je n'en parle quasiment jamais, Dieu sait à quel point je suis fier de mon statut au sein de cette immense association. C'est un peu comme si on m'avait proposé de rejoindre mon groupe de musique préféré sur scène. S'il n'y a qu'un type de célébrité qui doit me plaire, c'est celle-ci. Qu'on sache que je suis présent pour les causes qui me tiennent à coeur. Et quitte à passer pour un hippie, tout ce qui touche aux animaux m'importe beaucoup. Je ne demande pas à être gâté, du coup, je me trouve assez chanceux comme ça. Mais je ne vais pas refuser des cadeaux, encore moins quelque chose d'aussi mignon pour Daniel. J'ai du parler trop fort et trop souvent de mon amour pour les pingouins. Bientôt, notre crevette sera aussi un bébé dragon. J'avoue avoir hâte de le voir dans pareil costume. « Chez WWF, ils prévoient bientôt une petite excursion sur une île au large de Brisbane, une réserve naturelle. » je reprends avant que cela ne me sorte une énième fois de la tête. ; « Je suis en train de voir avec eux pour que toi et Daniel puissiez venir. Je ne pense pas qu'ils refuseront. » Et cela pourrait plaire à ma petite famille, je pense, ce genre de petit voyage. Certes, c'est un peu médiatique, mais en dehors de ce détail, c'est une belle expérience à vivre. Et puis, je ne pense pas qu'ils en feront des tonnes. « Sous condition de pouvoir prendre quelques photos bien sûr, mais je ne pense pas que ce soit le genre de publicité qui fasse du mal à qui que ce soit. » Après tout, on parle de WWF. Il n'y a pas de honte à avoir participé à une activité avec eux, au contraire. Cela me permet de remplir mon rôle, Joanne peut garder un contact avec eux pour la fondation, et Daniel passera un bon moment en faisant la connaissance d'un tas de nouveaux animaux. « Tu pourras prendre un vrai koala dans tes bras. » dis-je à Joanne. Et le notre sera sûrement mort de jalousie quand il verra ça. Pour le moment, pris d'une envie de jouer, il me laisse sa maman pour moi seul pendant un moment. Lui, il est en tête-à-tête avec sa peluche, et chantonne des airs complètement à côté entre deux grandes conversations avec l'ourson. « Tu crois que c'est un petit cachottier ? » je demande à la jeune femme qui pense que Daniel a déjà ses secrets de bébé. Comme quoi elle serait difficile à vivre la journée. « Tu dis des bêtises. » Je ne vois pas en quoi elle pourrait être insupportable. Elle est là pour lui, il n'a pas intérêt à s'en plaindre. Même s'il n'a parfois besoin de personne. Il semble avoir l'imagination assez fertile pour se suffire à lui-même avec ses jouets. « Encore une fois, mon héritier est parfait. » dis-je en m'étirant un peu. Et une fois bien installé, la tête sur les jambes de Joanne, je la laisse caresser mes cheveux ou mon visage alors que j'observe Daniel qui semble bien s'amuser. Sans que je ne m'en rende compte, je somnole et m'endors. Le petit bonhomme s'assoupit un peu à son tour. Le plus grand silence s'installe dans la maison pendant la prochaine demi-heure. Je me réveille spontanément, avec un léger sursaut quand je me rends compte que j'étais à deux doigts de tomber dans un sommeil profond. « Tu m'as laissé m'endormir. » je murmure en me frottant un peu les yeux. « Est-ce que tu ne prends jamais de repos ? » Joanne, elle, ne s'endort jamais sur moi, ne s'assoupit pas, ne somnole qu'à peine, et je suis souvent le premier à rejoindre Morphée la nuit. « Où est mon fiston ? » Je me redresse un peu et le trouve de l'autre côté des jambes de la jeune femme. Délicatement, je l'attrape sans trop le secouer et le dépose sur mon torse. « Viens-là, bébé pingouin. » Il est vraiment adorable dans sa petite combinaison. Je réajuste un peu le bonnet sur sa tête puis l'embrase sur le front. « Tu sais que ton papa t'aime, hm ? » je lui murmure tout bas en le berçant un peu, toujours allongé sur Joanne. Le petit est tout calme. Il a la tête sur mon coeur et une main palpant ma peau. J'écoute la pluie qui continue de résonner dans la maison. « Eh bien, s'il continue de pleuvoir la journée de demain risque de se résumer à se goinfrer de cochonneries en regardant des films. » Ce qui est loin d'être un programme déplaisant en soi, ce qui se traduit par un « zut alors » très sarcastique.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne parlait pas souvent de son travail en général, ni de ses impératifs et de ses divers rôles. Elle savait à quel point l'environnement comptait pour lui, et que ce titre au sein de WWF lui plaisait beaucoup. Ils n'aimaient pas trop parler travail entre eux, préférant profiter de la vie de famille. Mais pour le peu de fois où il parlait de son rôle d'ambassadeur, il avait les yeux qui pétillaient énormément. Comme lorsqu'il se mit à parler de cette excursion non loin de chez eux. Joanne ne manqua pas d'être surprise en apprenant qu'il négociait pour que Daniel et elle l'accompagne pour ce petit événement. Bien sûr, ils attendaient quelque chose en retour. "Ce serait merveilleux." lui répondit-elle en souriant. En revanche, cette histoire de photos fit serrer son coeur dans la poitrine. Elle hésita quelques petites secondes avant de lui demander. "Mais, ce n'est pas trop risqué les photos... avec Daniel ?" C'était quelque chose qui l'inquiétait. C'était certainement les travers de l'enlèvement, et la crainte que tout le monde se jète sur lui pour le prendre en photo sous tous les angles son enfant. Elle ne voulait pas qu'il devienne l'un de ces bébés stars. Ce genre d'attention médiatique était particulièrement oppressant et Joanne ne voulait pas que son enfant devienne un bon objet de presse. "Ce serait vraiment génial pour lui comme sortie... Je voudrais juste savoir où ils comptent publier les photographies, si c'est possible." demanda-t-elle timidement. C'était peut-être une crainte exagéré, mais compréhensible au vue des circonstances et du passif. Ses yeux s'illuminèrent lorsqu'il dit qu'elle pourra porter un koala. "Pour de vrai ?" s'émerveilla-t-elle. Joanne en avait déjà vu, mais on lui avait toujours dit de ne pas les toucher, ou de ne pas les approcher, parce que ces animaux étaient fragiles. Tous les regards étaient ensuite rivés sur Daniel, qui s'occupait tranquillement. Elle rit en entendant la question de Jamie. "S'il pense autant que ses parents, ce n'est pas impossible." lui répondit-elle. Il le trouvait parfait. "Nous avons fait de notre mieux." lui dit-elle tout bas en lui caressant la joue. "Nous ignorions qu'il allait être conçu, mais nous avions fait de notre mieux." Un bébé surprise en parfaite santé. Joanne n'aurait jamais espéré tant. Son fiancé finit par s'assoupir sous ses caresses. Elle continuait machinalement, le regard un peu dans le vague sauf quand Daniel l'interpellait. Elle ne vit pas le temps passer, jusqu'à ce que Jamie se réveille avec un léger sursaut. "C'est que tu en avais besoin." lui répondit-elle tout bas. "Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, mais je n'en ai jamais eu vraiment l'occasion." dit-elle avec un sourire gêné. "Soit j'avais trop matière à penser pour que je puisse fermer les yeux. Et là, je devais veiller sur les deux amours de ma vie. Je ne pouvais pas m'endormir." Même si les nuits de Joanne étaient bien plus complètent comparée à la période noire, elle était toujours la dernière à fermer les yeux. Il arrivait quelques fois qu'elle se réveille après lui le matin, mais c'était assez rare. Elle restait un peu sur le qui-vive, elle n'arrivait pas vraiment à décrocher depuis que Daniel était né. Jamie se redressa pour pouvoir prendre Daniel et le poser sur son torse. Lui aussi commenàait de nouveau à s'endormir. Elle caressa doucement son dos avant que ses doigts ne retournent dans les cheveux de son fiancé. "Je te ferai des gaufres, si tu veux." lui dit-elle en souriant, la voix douce, comme pour ne pas profiter de la sérénité de la pièce. "Ou ce que tu veux. Dis moi ce dont tu as envie, et je te le cuisinerai." Elle avait envie de lui faire plaisir. "Si tu veux encore dormir un peu, ferme les yeux." Elle murmurait. "Je te réveille d'ici une heure, je pense que ton fils et toi êtes bien prêt pour la deuxième partie de la sieste." Son doigts passait le long de sa mâchoire, tendrement. "Il faut juste que tu me dises ce que tu veux manger ce soir, que je puisse m'activer le temps que vous émergez tous les deux, après." Joanne ne s'endormira pas, elle veillait sur eux, les regardant dormir paisiblement, toujours à caresser le visage de son fiancé. Une heure après, comme convenu, elle le réveilla tout en douceur. "Mon amour..." dit-elle tout bas, en souriant. "C'est l'heure." Sa voix était toute douce, pour ne pas l'extirper trop durement de sa torpeur. "Il faut se réveiller, on a un programme très chargé pour la soirée, je te rappelle." Elle riait un petit peu, voyant qu'il peinait à ouvrir les yeux. Il étirait ses membres sans pour autant perturber le sommeil de son fils. "Il pleut toujours autant, je pense que nous pouvons songer à ce que nous allons regarder ce soir, c'est le déluge dehors." Pendant qu'ils dormaient, Joanne avait pensé à allumer quelques bougies dans la pièce, et elle comptait le faire une fois que tout le monde était réveillé. Une fois qu'il était suffisamment réveillé, elle se retira de sous la tête de Jamie pour aller aux fourneaux. Elle lui vola un baiser en passant puis alluma toute les bougies de la pièce. L'ambiance fut immédiatement plus chaleureuse.
L'idée de m'accompagner lors de l'excursion organisée par l'association semble tout à fait séduire Joanne. A un détail près, bien, sûr ; les photos de Daniel. Si cela est risqué, je ne saurais pas le dire, et je marque mon indécision à ce sujet en haussant les épaules. Je n'en sais pas plus exactement sur l'utilisation des photos, mais je me doute que cela sera assez encadré, et que mes demandes à ce sujet seront prises en considération. Ils peuvent bien comprendre que je ne veuille pas trop exposer mon fils, même si des clichés d'un bébé avec des animaux sont fort vendeurs. « Je leur demanderai. Je suppose que ça ira sur le site officiel, le communiqué de presse, ce genre de choses. Rien de méchant. Si un magazine people est en manque de scandales, ils pourraient nous consacrer un encart mignon et inutile. « Balade en famille pour les Keynes sur l'île des koalas, regardez comme ils sont beaux, et leur bébé est adorable, bla bla bla... ». » Rien qui ne puisse nous porter préjudice. Ce sont quand même des images de notre fils, certes, mais pouvons-nous vraiment échapper à la moindre communication à ce sujet ? « Si on s'arrête à ce genre de choses, autant vivre en ermites et ne sortir qu'avec des cagoules sur la tête. » dis-je en haussant une nouvelle fois les épaules. J'ai grandi avec cette pression, je la connais bien. Mais je ne sais pas y échapper. Je préserve ma famille du mieux que je peux, néanmoins, le fait est qu'il suffit d'un téléphone portable et de bons réflexes pour prendre une photo décente et la mettre sur le net. « C'est effrayant, je sais, mais c'est ainsi. Quitte à ce que des photos de Daniel fuitent, autant qu'elles soient dans le cadre de ce genre de sorties, officielles, donc protégées par de nombreux droits nous permettant d'avoir la mainmise dessus. » je lui explique en espérant qu'elle comprenne plus qu'elle ne panique. Elle doit bien se douter qu'on ne tiendra pas Daniel éternellement éloigné du moindre appareil photo, c'est devenu impossible de nos jours. On ne peut qu'essayer de mettre un cadre, et maîtriser ce genre de communication nous-mêmes.
Je ne me sens pas particulièrement fatigué, pourtant, à force de caresses de Joanne dans mes cheveux et ainsi allongé, je finis par m'assoupir. Je me réveille avant que mon sommeil ne devienne trop profond. Comme une peluche, je prends Daniel avec moi. « Tu peux dormir aussi. On peut se faire une sieste en famille dans la chambre. Qu'est-ce que tu veux qu'il nous arrive ? » dis-je à la jeune femme qui se sent obligée de veiller pendant que ses deux hommes se reposent, comme si elle n'en avait pas le droit. Mais je suppose que je n'arriverai pas à lui faire entendre raison. Peut-être qu'elle n'a pas sommeil non plus. Pendant les siestes de Daniel, et vu qu'elle travaille de la maison, elle peut se prendre des pauses et se reposer un peu dans la semaine. Elle reprend ses caresses sur son cuir chevelu. « Des gaufres c'est parfait. » je murmure, instantanément rendormi. « Avec du sucre glace, à tartiner sur les joues de Daniel. » Je souris en coin, fermant les yeux. Ma tête roule lourdement sur un côté. « La salade fera l'affaire. » je marmonne. Je ne revois le visage de Joanne qu'une heure plus tard, un peu flou. Je fronce les sourcils quand elle évoque un programme chargé. Je dois être trop engourdi pour comprendre de quoi elle parle. On entend toujours la pluie dehors. Je m'étire, m'extirpe doucement de ma léthargie. Délicatement, je dépose Daniel sur le canapé. Milo grimpe dessus, et, sagement, spontanément, s'allonge pattes en rond à côté du bébé. J'arque un sourcil surpris. Ce chien est loin d'être idiot. Mais il est jeune et plein d'énergie. Je me demande qui de lui ou de Daniel s'épuisera le plus vite quand ils joueront ensemble. Je quitte le canapé et découvre le salon à la lumière de quelques bougies allumées par Joanne -la panne de courant à la maison lui ayant visiblement laissé un vif souvenir. En faisant quelques pas vers la cuisine, je croise Ben qui clopine du mieux qu'il peut et qui comptait réclamer un réapprovisionnement de gamelle. Je m'accroupis et lui fait signe de me donner la patte. « Fais voir ça, mon grand. » Sa frimousse est si triste, ça me brise le coeur. Sa patte est bien immobilisée. Nous sommes supposés le confiner dans une cage pour l'empêcher de se mouvoir et utiliser sa patte, mais je n'en ai pas vraiment le courage. « Je sais que ça fait mal. Ca va aller. Tu vas garder un œil sur Daniel et Milo, hm ? » je lui caresse affectueusement la tête en indiquant le canapé ou les deux compères dorment. Mais avant d'aller jouer les protecteurs, Ben s'approche de moi pour demander un câlin. Je le laisse glisser sa truffe sur mon cou un court instant. « Moi aussi je t'aime. » Je me détache finalement de lui. Il ne grimpe pas sur le canapé, mais il reste bien posté à côté, l'air de monter la garde. Pour ma part, je rejoins ma fiancée dans la cuisine. « Il y a peut-être une série intéressante à commencer ce soir. Et je suis sûr qu'en une journée, demain, on pourra terminer toute une saison. » dis-je en passant mes mains sous l'eau pour les laver rapidement. Une fois séchées, je me tourne vers ma fiancée et dépose un baiser dans son cou. « Ne m'en sers pas trop, il faut que je garde de la place pour te manger toute crue plus tard. » Puis je me mets à côté d'elle, appuyé sur le passe-plat. « C'est une métaphore. Mets la dose, je meurs de faim. » je reprends avec un petit rire.
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Joanne n'était vraiment pas enthousiaste à l'idée que Daniel soit déjà devant les objectifs, même si elle avait pu lui épargner ça jusqu'ici. C'était un sujet pour lequel la jeune femme marquera éternellement une réserve. Elle avait tellement peur de l'exposer au danger, ainsi. Elle savait qu'il y avait aussi des personnes malveillantes, et même s'ils devaient finir dans la presse people, même s'ils ne disaient que du bon d'eux, Joanne n'en voudrait pas. Elle était arrivée à un point où elle était prête à porter plainte si elle voyait une photo d'elle prise à la va-vite avec un titre faux, mais vendeur. Jamie semblait comprendre sa peur, mais il voulait également lui préciser qu'elle devait faire avec, et qu'il n'y avait pas d'autres solutions. Ca lui déplaisait beaucoup, mais son avis importait certainement pas, par rapport à tout le reste. Elle ne croyait absolument au fait qu'ils pouvaient avoir un pouvoir, la capacité de cadrer. Lui-même admettait qu'il y aurait des fuites, dieu sait quelle ampleur cela pouvait prendre. Peu convaincue, Joanne ne préférait prolonger cette conversation, se disant déjà qu'elle devrait prendre sur elle le moment venu. Préférant penser à autre chose, la jeune femme suggéra à son fiancé de s'endormir avec Daniel, lui promettant de le réveiller une heure plus tard. Jamie ne voyait pas l'intérêt qu'elle ne se repose pas également, qu'ils pouvaient très bien allé dans la chambre pour se dormir. Elle secoua négativement la tête, tout en douceur. "Des mauvais rêves." répondit-elle tout bas, concentrée sur les caresses qu'elle faisait. Non, elle voulait veiller sur eux. Jamie eut juste le temps de passer commande des repas à venir avant de lourdement s'endormir. Une heure plus tard, Joanne s'était donc levée du canapé pour préparer la pâte à gaufres. Jamie la rejoignit un petit peu plus tard, se mettant à côté d'elle alors qu'elle comptait lancer la cuisson des gaufres. "Mmh, peut-être qu'il va falloir que tu te limites un peu maintenant. Il y a un peu plus de matière à manger chez moi, là." lui rétorqua-t-elle avec un petit sourire en coin. Jamie était loin de se plaindre du regain de poids de sa belle, bien au contraire, il ne cessait de la flatter pour cela. "Bonne idée, pour les séries." dit-elle en sortant les premières gaufres cuites de la machine, en posant une dans chaque petite assiette qu'elle avait sorti. "Es-tu sûr que nous serons attentifs à tous les épisodes ?" Il suffit d'un baiser, d'une caresse, pour qu'ils décrochent complètement. "Avec toutes ces bougies, cette très grosse frustration. Combien d'épisode parviendrons-nous à regarder avant que tout ne dérape ?" le questionna-t-elle avec un large sourire. Joanne lui tendit l'assiette, le sachant affamé. Ils mangeraient les suivantes au salon. "Fais attention, elle est encore très chaude." lui rappela-t-elle, le connaissant assez bien pour savoir qu'il se jetterait facilement dessus. "Daniel dort encore ?" lui demanda-t-elle. Peut-être qu'il émergeait tout doucement, peut-être qu'il était profondément endormi. "J'espère qu'il se sentira moins fatigué demain, qu'il passera une bonne nuit." Il avait avant tout besoin de sommeil. Heureusement qu'il était bon dormeur. Joanne terminait rapidement de cuire tout ce qui lui restait de pâte. Jamie se chargea de ramena tout ce qu'ils pouvaient mettre sur les gaufres, sans oublier le sucre glace. Daniel était toujours allongé sur la canapé, piquant un bon somme. Ils s'installaient à côté, prêts à grignoter les gaufres. Joanne mit du sirop d'érable sur la première, mangeant avec appétit. Le repas de midi n'avait pas été particulièrement complet et même elle n'avait pas été vraiment repue. Elle en mangeait deux autres ensuite, et en profitant pour vider son verre de vin qui avait été là depuis avant la sieste. "On le réveillera peut-être pour son biberon du soir et le bain, s'il ne se réveille pas de lui-même. Malgré toutes les heures de sommeil qu'il a fait aujourd'hui, je ne pense pas qu'il resistera longtemps pour faire une nuit complète." dit-elle à voix basse. "Il n'avait pas été aussi mal avec les vaccins. Les dents, c'est vraiment un truc qui ne lui réussit pas." Elle regardait Daniel avec tendresse. "Reste torse nu pour le bain, c'est un conseil." lui dit-elle avec un sourire amusé. Ils finissaient tranquillement leur goûter. Et ce fut lorsque Milo voulu descendre du canapé que Daniel se réveilla. Il avait du sentir qu'il manquait cette boule de poil chaude juste à côté de lui. Daniel se frotta adorablement les yeux avant de bailler longuement. "Papa va te donner le bain, ça va te réveiller, mon trésor."
C'est un petit rien que j'aime bien. Regarder ce que fait Joanne en cuisine par dessus son épaule, derrière elle, en glissant mes bras autour d'elle et en déposant un ou deux baisers au creux de son cou, laissant ses cheveux chatouiller un peu mon visage, et mon corps sentir subtilement la chaleur du sien. Elle termine la pâte à gaufres et laisse la machine chauffer. Pendant ce temps, elle répond avec un sourire à mes sous-entendus. « Tant mieux, ça fait plus de chair fraîche. » dis-je en passant mes dents sur son épaule avec un petit grognement. Je me décale finalement pour la laisser faire. Après tout, dans cette famille, personne ne sait faire les gaufres comme Joanne Prescott. Elle me l'avait prouvé dès notre voyage à Londres, et depuis, son titre est resté, indétrônable. Concentrée sur sa préparation, elle tient quand même la conversation à propos d'une série que nous pourrions regarder ensemble à partir d'aujourd'hui, et poursuivre demain si le temps ne s'améliore pas. La question n'est pas idiote, nous connaissant ; combien d'épisodes pourrons nous regarder avant de vouloir passer à autre chose et reprendre où nous avons été interrompus plus tôt dans l'après-midi ? « Hm... Je dirais... » Je prends une mine sérieuse, réfléchissant vraiment à tout ceci. « Un. » Pour sûr, nous réussirions à tenir tout un épisode si celui-ci nous captive assez pour accaparer vraiment toute notre attention. « Peut-être deux. » Après tout, si le premier épisode nous intrigue, le second peut également nous tenir en haleine assez longtemps pour que nous ne craquions qu'à la fin, avides de se laisser donner l'eau à la bouche par un scénariste à la bonne plume. « Un et demie. » dis-je finalement pour tranche la poire en deux. Pendant ce temps, ma première gaufre a eu le temps de cuire. Elle est encore brûlante, alors je dois me contenter de la bonne odeur en attendant de pouvoir croquer dedans avec gourmandise. « Oui, je n'ai pas voulu le réveiller. » je réponds à propos de Daniel, qui sommeille encore dans le canapé auprès de Milo, sous la surveillance de Ben. « Je me suis dit qu'il vaut mieux qu'il se repose pour que la fièvre passe. J'ai bien fait ? » Comme pour à peu près tout, j'ai besoin de l'aval de Joanne. C'est elle la maman, c'est elle qui s'y connaît et qui sait ce qui est le mieux pour son fils. Moi, j'improvise et j'avance à tâtons en espérant ne pas faire d'immense gaffe -comme le laisser dans un caddie sans surveillance pendant trois secondes. « Il n'aura pas vraiment de raison d'être particulièrement en forme demain s'il continue de pleuvoir. Ca sera un temps propice aux longues siestes. » Même si, non, il n'est pas question de passer la journée à dormir. Ce n'est pas non plus une bonne habitude à prendre, même si un bébé s'y complairait bien. Toutes les gaufres prêtes, nous emportons le tout sur la petite table du salon pour goûter. Joanne a bon appétit. Pour ma part, je suis à mon ratio habituel, presque rituel ; une gaufre au sirop d'érable, une à la confiture de fruits rouges, la dernière au sucre. Pendant ce temps, Daniel roupille, les quatre fers en l'air, complètement à son aise sur le canapé. Pour le moment, ses dents ne lui font pas la misère. Nous en avons encore pour quelques mois de tracas à ce sujet. « C'est bien plus douloureux si tu veux mon avis. » Très honnêtement, je ne veux même pas imaginer quelle sensation cela doit être d'avoir des dents qui percent une gencive toute neuve. Ce n'est pas pareil lorsqu'on passe des dents de lait aux dents adultes. J'ai vraiment de la compassion pour notre bout de chou. A la fin de l'encas, il est l'heure du bain. Daniel se réveille à peine, alors je le prends doucement dans mes bras. « C'est parti, bébé pingouin. » Un bisou sur la joue, et direction la salle de bains. Je suis toujours très peu assuré concernant la température de l'eau, j'ai toujours peur de faire bien trop froid ou bien trop chaud -et les thermomètres m'exaspèrent, je n'ai pas la patience de compter là-dessus. J'installe le petit dans son siège de bain, et comme toujours, une fois dans l'eau, il barbote comme un poisson et secoue ses gambettes potelées. Je me fais éclabousser à plusieurs reprises, mais c'est amusant. J'éteins l'eau pour le laisser patauger un peu. Appuyé sur le rebord de la baignoire, je l'observe de longues minutes en chatouillant parfois son ventre, ou en caressant ses bonnes joues. Je me demande souvent comment cette petite chose peut être réelle. Par quel miracle il existe. Comment j'ai pu participer à créer ce petit être. Je peux sentir ce quelque chose qui nous lie, plus fort que tout. Comme un cannal entre lui et moi que rien ne peut rompre. Il a les magnifiques yeux de sa mère. Il est parfait, en tous points. Nous avons un ou deux jouets pour le bain pour lui ; il se passionne tellement d'un rien que je n'ai besoin que de faire « coin coin » avec un canard dans la main pour qu'il gazouille. Il a plutôt bien saisi le concept du « kwak » puisqu'il le chantonne à l'infini pendant plusieurs minutes alors que je le rince rapidement comme un vrai petit caneton. Une fois hors du bain, séché, je lui enfile une couche et un body qui lui servira sûrement de pyjama plus tard. « Et voilà, un bébé tout propre ! » Nous revenons dans le salon, et Daniel semble assez en forme, rafraîchi par l'eau et motivé par la promesse d'un tas de câlins supplémentaires. Il reste avec moi pendant un court moment, avant d'avoir envie de jouer. Il n'hésite pas à nous montrer à quel point il appuie bien sur le bouton pour faire de la musique, et, reproduisant ma manière de jouer du piano avec lui, comment son doudou arrive aussi à appuyer sur le bouton. Je ne peux pas m'empêcher de rire. Il est si fier d'un rien que cela donne envie de l'encourager. Pour passer d'un jeu à l'autre, faute de se sentir assez fort pour y aller à quatre pattes, il utilise ses jambes pour faire comme des petits bonds et traîner sa couche d'un point à l'autre. Des sauts de puce qui sont tout autant à mourir de rire. Au bout d'un moment, mon attention se reporte sur Joanne. Je vole un baiser à sa joue. « Est-ce que tu as réfléchi à ce que tu voudrais comme pièce pour toi ? » je demande par curiosité. Entre les siestes et le bain, elle a eu du temps pour penser, mais je ne sais pas à quoi.
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Le programme du reste de la journée semblait tout tracé, il n'y avait qu'une variable sur laquelle ils ne pouvaient pas anticiper, c'était le temps qu'ils parviendraient à tenir avant de trop désirer l'être aimé pour pouvoir suivre décemment l'épisode d'une série télévisée. Jamie tenta de faire une estimation, après quelques réflexions. Le voir méditer à une question si anodine amusait beaucoup la jeune femme, qui ne put s'empêcher de lâcher un petit rire par moment. "Je pense que tu as raison." lui dit-elle, tout en continuant de cuisiner. "Tu as toujours de bons pronostics." Il avait le compas dans l'oeil pour beaucoup de choses, elle, non. Après lui avoir donné une première gaufre à peine sortie de la machine, elle demanda si Daniel dormait encore. Jamie demandait systématiquement l'avis de sa belle, même s'il ne s'agissait que de choisir l'épaisseur d'un gilet, ou d'un aliment qu'il aurait pu lui donner. Son rôle de père se portait encore beaucoup sur les conseils de la mère. Celle-ci trouvait qu'il avait quand même bien pris la main, lui qui avait tellement peur de ne pas s'y faire, et d'être éternellement maladroit. Joanne n'avait jamais eu l'occasion de lui dire à quel point elle était fière de lui sur ce point. "Oui, tu as très bien fait." lui assura-t-elle avec un sourire confiant. "Je me dis que s'il s'assoupit de lui-même, c'est qu'il en a besoin." Elle lui expliquait à chaque son raisonnement, ou lui expliquait les choses, les raisons de certaines décisions, afin que lui comprenne également. A ses yeux, cela ne servait à rien de lui donner une réponse sans explication à côté. Sinon, il n'apprendrait rien. "A cet âge là, on ne va pas le priver du sommeil dont il a besoin. Avoir de la fièvre, ça épuise." Et ce n'était pas que le cas des bébés. Les adultes sont aussi au fond de leur lit lors de fortes poussées de fièvre. "Après, peut-être qu'il voudra être éveiller pour jouer avec toi. Tu imites bien mieux les bruits des animaux que moi, je suis certaine que ça lui plairait." Daniel avait tout un tas de petits livres d'éveil. Sans grande surprise, Jamie ne prenait que ceux avec des animaux. La manière dont il animait les histoires était adorable, et émerveillait son fils à chaque fois. Daniel essayait lui-même d'imiter certains bruits. "On croirait l'inverse, chez le pédiatre. Si tu entendais à quel point certains hurlent." lui raconta-t-elle. "Daniel avait des grosses larmes, mais il n'avait pas crier aussi forts que les autres. Il pleurait un peu, mais une fois dans mes bras, il allait mieux." Installés au salon, ils mangeaient tranquillement leurs gaufres et Daniel se réveilla. Jamie ne tarda pas à l'embarquer avec lui pour prendre le bain. Pendant ce temps là, Joanne en profita pour ranger tout ce qui avait été sorti des placards, et faire un brin de vaisselle. Elle se réinstalla dans le salon, un peu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'ils reviennent. Après quelques minutes de câlins, Daniel voulut se replonger dans ses jeux musicaux. Ces jouets dont la batterie durait des années sans avoir besoin de la changer. Le bel homme finit par se réintéresser à sa belle, lui demandant si elle avait réfléchi à cette fameuse pièce à aménager. "Un petit peu, oui." lui répondit-elle. "Avant de penser à comment je voudrais qu'elle soit, je me suis d'abord demandée ce que je pourrais bien y faire. A ce que je pourrais faire en ayant besoin de me sentir un peu seule." Elle haussa les épaules, ne trouvant pas de réelle réponse à cette question. "C'est une question un peu piège. J'ai ensuite réfléchi tout simplement à ce que je voudrais bien mettre comme meuble, ou élément de décoration. Mais pareil, je sèche un petit peu." Joanne se sentait presque coupable de n'avoir aucune idée de quoi faire de l'espace qui lui était désormais dédiée. "Je n'avais jamais songé à faire une pièce pour jusqu'à ce que tu en parles." lui avoua-t-elle. "Il me semblait évident que tu veuilles faire un atelier aussi ici. A aucun moment je n'aurais pensé à... A moi." Elle rit nerveusement, prenant la main de Jamie entre les siennes. Il voyait certainement un bon côté à cette longue réfléxion, c'était qu'elle ne pensait plus à la pression qu'elle s'infligeait à l'idée de concevoir un enfant. C'était peut-être momentané, mais au moins, elle oubliait un petit peu. "Si j'ai le temps, j'irai faire un tour dans un magasin de meubles la semaine prochaine, peut-être que j'aurai un peu plus d'inspiration." dit-elle en haussant les épaules. "La première chose qui me traverse l'esprit en pensant à cette pièce, serait quelque chose de cosy. Un peu dans le même esprit que notre petit salon." C'était elle qui avait lancé cette idée d'ailleurs, ça ne devait pas être étonnant qu'elle veuille trouver le même esprit dans son petit chez elle. "Mais après, ce que j'y ferai..." Elle ne savait pas vraiment. De temps en temps, elle jetait un oeil à Daniel, qui s'occupait toujours aussi bien avec ses jeux musicaux, qui le faisaient soit chanter, soit rire. "Tout ça me fait penser que je n'ai pas vraiment d'occupation qui me soit propre. Mise à part la lecture, ou m'occuper de la maison, de Daniel et de toi, ou même de la fondation. Ce rythme là me plait, je ne m'étais jamais posée la question de ce que je pourrais bien faire si on me laissait du temps pour moi toute seule ou que l'on me propose d'avoir une pièce qui puisse devenir aussi importante que l'atelier ne l'est pour toi." dit-elle en riant nerveusement. "C'est juste... Une sensation très étrange." Surtout parce qu'elle n'y avait jamais songé. Son plus grand souhait était d'être mère, et elle l'était. Mais ce rêve devenu réalité lui faisait croire qu'elle n'était destinée que pour ça, qu'à vivre pour le bonheur et le bien-être de Jamie et Daniel. Et c'était un rôle qu'elle avait accepté volontiers.
Avoir une pièce uniquement pour elle est une idée qui semble à la fois plaire et déstabiliser Joanne. Une offre pareille, ça ne se refuse pas, mais que faire de tout cet espace ? Sa vie a été bouleversée du tout au tout en peu de temps, et la voilà avec bien peu de repères. Elle n'a plus la vie qu'elle avait avec son ex-mari, elle n'a plus son appartement, ni son travail. Elle va se remarier, faire partie de la haute société, elle a un bébé, deux maisons et un travail de femme au foyer à plein temps -sans oublier la responsabilité de la fondation. Le monde entier s'est retourné en deux ans. Il est normal qu'elle ne sache plus trop où elle en est, et qu'elle se laisse porter par le courant. « Tu trouveras peut-être un peu d'inspiration sur internet. » je lui suggère avec un sourire. Ou dans les magasins de meubles et de décoration, pourquoi pas chez les antiquaires ou dans cs boutiques d'arts et loisirs. Ce ne sont pas les endroits qui manquent pour qu'elle pioche des idées. Je suis certain qu'elle se fera un cocon à son image. Le problème, c'est « son image ». Quelle est-elle ? Alors Joanne réalise qu'elle se résume en ce moment à la maison, moi, Daniel, les chiens, la fondation. Rien qui ne lui soit propre. « Je suppose qu'il n'est jamais trop tard pour se trouver une occupation, un hobby. » dis-je en haussant les épaules. Quelque chose qui ne soit pas du travail, mais une vraie expression de soi. Je crois que cela me semble si important parce que c'est un concept auquel j'ai moi-même été soutiré pendant à peu près toute ma vie, n'ayant aucun droit de me forger une personnalité propre, un univers à moi -ni même d'être moi. « Tu pourras avoir une bibliothèque, pour commencer. Un petit canapé où t'installer pour lire. » C'est déjà un bon début. Elle aura sa bulle où son imagination pourra courir sans que l'extérieur n'interfère. « Si tu aimes écrire, ou faire des recherches sur je ne sais quoi, tu pourras installer un bureau. Tu peux soudainement avoir envie d'écrire un bouquin sur un sujet historique, on ne sait jamais. Ou juste tenir un blog, qu'importe. » Pourquoi pas, après tout. Elle peut le faire juste pour elle, pour mettre ses pensées à l'écrit, pour le plaisir de la recherche, ou pour les autres, pour être lue, pour enseigner. « Tu peux… faire quelque chose avec tes mains. Tu aimes les belles choses, tu peux les faire toi-même. Coudre des habits, faire des bijoux… Ou tu peux dessiner ou peindre aussi, si tu en a envie. Faire de la photo et avoir un endroit pour les développer. » Nous avons les moyens de financer à peu près n'importe quelle passion que la jeune femme puisse se découvrir. Elle peut soudainement adorer le scrapbooking et pouvoir se payer tous les matériaux les plus délirants pour décorer les nombreux albums photos que nous avons -et qui vont sûrement continuer à se multiplier. Elle peut s'acheter de belles étoffes, de jolies pierres plus ou moins précieuses. Elle peut avoir ses propres toiles, pinceaux et couleurs pour s'exprimer à sa manière, représenter tout et n'importe quoi, du concret, de l'abstrait, tout ce qui peut la décharger de quelques pensées encombrantes ou simplement la distraire. Même lui monter une chambre noire ne serait pas un problème. « Ca n'a pas besoin d'être parfait, tant que ça te plaît, et tant que tu y prends du plaisir. » Je suis loin de considérer mes propres œuvres comme parfaites et dignes d'intérêt. J'ai même fini par complètement laisser tomber l'idée d'exposer que Nyx m'avait mise en tête tant cela me semblait de plus en plus ridicule. Ce n'est pas quelque chose dont je parle, ce n'est qu'un projet comme un autre qui est tombé à l'eau, et je ne m'en porte pas plus mal. J'ai déjà assez à faire comme ça. Que mes toiles restent mon univers secret me convient très bien. Je n'ai jamais été à l'aise à l'idée d'exposer ainsi des parties de moi à des inconnus et encore moins avoir la prétention de me hisser au niveaux d'autres artistes qui, eux, méritent bien plus leur place dans une galerie. Ce n'est qu'un hobby, un exutoire, rien de plus, et cela ne mérite l'attention de personne. « C'est important d'avoir quelque chose à soi. Tu n'as plus le musée, et je sais que c'était ce qui te passionnait. Tu as ton rôle à la maison, et tu l'aimes aussi. Mais je ne veux pas que tu oublies que Joanne Prescott est une personne à part entière. » La mettre au centre de cela ne risque pas vraiment de l'y sensibiliser. Elle est bien trop persuadée qu'elle n'a pas d'importance, ou qu'elle n'en mérite pas plus que ça. S'oublier et se dévouer complètement aux autres est dans sa nature, alors il faut que cette démarche soit dans l'intérêt de quelqu'un, et non uniquement dans le sien pour qu'elle veuille s'y mettre. « Ca inspirera Daniel, je pense. Il verra que sa maman a quelque chose qui la passionne, qu'elle aime faire, et il voudra sûrement partager ça avec toi. Ca deviendra peut-être sa passion à lui aussi. Il verra aussi qu'une femme ne consiste pas qu'à être au service de ses hommes, qu'elle a sa personnalité et son propre univers. Son jardin secret. » Elle qui veut tant en avoir un, je lui livre sur un plateau l'occasion de le commencer, et d'avoir un lieu pour elle et ses secrets.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Etre conservatrice avait été à la fois la passion et le travail de Joanne. Elle adorait se rendre au musée le matin, y passer toute la journée. Il était vrai que lui retirer ce métier était comme arracher une partie de sa personnalité, de ce qu'elle était. Elle avait donc trouvé d'autres moyens de substitution pour qu'elle puisse s'identifier. Elle ne réalisait pas tous les jours à quel point sa vie avait été chamboulée en si peu de temps, et qu'elle n'avait plus vraiment de contrôle dessus. Elle se laissait emporter par le courant, sans y ajouter sa touche à elle. Son fiancé pensait qu'il était toujours temps de se trouver une occupation qui ne soit pas une obligation. Joanne craignait un petit peu de se questionner autant sur elle. Elle avait peur de ne pas apprécier les réponses qu'elle trouverait. Jamie lançait tout une vague d'idées plus différentes les unes que les autres, peut-être dans l'espoir que l'une d'entre elles parle à la belle blonde. Mais pour le moment, rien ne l'inspirait réellement. Les yeux baissés, elle restait attentive à ce que Jamie disait tout en essayant de se trouver un peu. Ne serait-ce qu'un indice qui pourrait lui permettre d'avoir un début d'orientation, une clé sur tout ce qu'elle pourrait adorer faire. Pourtant, jusqu'ici, la Joanne Prescott qui ne se définissait que par sa famille lui suffisait largement. Vraisemblablement, ce n'était pas suffisant aux yeux de Jamie. "Il faut que je réfléchisse, à tout ça." finit-elle par dire tout bas au bout d'une minute de réflexion. "Ca fait beaucoup de choses à penser, d'un coup." Elle riait nerveusement, surtout déroutée par ce soudain champ libre qu'on lui laissait pour qu'elle s'exprime d'elle-même. Pour qu'elle se construise son propre univers. Joanne, étant plus jeune, avait pourtant son propre monde, des tas de rêveries qu'elle ne partageait avec personne. Sa famille était particulièrement intrusive dans sa vie, mais elle ne laissait personne s'y introduire. "Daniel aura ses propres passions. Je ne pense pas qu'il aura besoin de s'inspirer de qui que ce soit." lui répondit-elle. Joanne ne se voyait absolument pas comme un modèle, un exemple à suivre. Elle apprenait des choses à Daniel, l'aidait à grandir et à s'épanouir, mais il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'il puisse s'inspirer d'elle. "J'ai juste besoin de réfléchir à tout ça. C'est un sacré questionnement qu'on vient de soulever, là." dit-elle en se grattant nerveusement la tête. "Je vais bien finir par trouver." Elle porta sa main à sa bouche pour l'embrasser tendrement. "Tu sauras peut-être ce qu'il y aura dans cette pièce." lui dit-elle d'un air malicieux et faussement mystérieux. Joanne se demandait s'il accepterait entièrement qu'elle ait à nouveau son petit monde, ses petits secrets. Doucement, elle avait quelques idées en tête, ce n'était que des ébauches, et c'était encore très brouillon. Mais elle avait besoin de se rendre dans les magasins pour savoir réellement ce qu'elle voudrait comme meuble. "Même si je dois avouer que c'est assez effrayant, et très déroutant..." commença-t-elle en croisant les doigts avec les siens. "Merci de me laisser cette chance là, de pouvoir reconstruire un monde qui ne serait qu'à moi." lui dit-elle, le regard on ne peut plus reconnaissant. "Tu es bien le seul à me permettre ça. Ce n'est... Ce n'est pas rien." On a toujours voulu sonder son esprit, s'immiscer dans les moindres recoins de son intimité. Jamie, lui, différent de tous les autres, le lui permettait. "Ce n'est pas évident de s'y retrouver d'abord. Mais, en y repensant, avec Daniel, avec tout ce que tu m'as déjà offert, c'est un des plus beaux cadeaux qui soient." Elle approcha son visage du sien pour lui offrir un baiser des plus tendres et des plus amoureux, tout en caressant tendrement sa joue. Il aurait pu durer éternellement si un certain bébé ne se montrait pas particulièrement jaloux, en réclamant l'attention de ses parents. Cela fit rire la jeune femme, au bord des lèvres de Jamie, puis elle se pencha pour prendre son fils et l'asseoir dans les genoux. Satisfait, Daniel souriait. Il était suffisamment distrait pour Joanne puisse embrasser une nouvelle fois son fiancé. Joanne lui confia ensuite leur bébé. "Reste un peu avec lui, je vais lui préparer le biberon pour que tu puisses le lui donner." Et c'était toujours du temps en plus pour Jamie à passer avec son fils. La jeune femme revint quelques minutes plus tard avec la boisson chaude en main, la confiant à Jamie histoire de remplir l'estomac de Daniel. "Je vous laisse quelques minutes, il faut que j'aille me changer, tu sais..." lui dit-elle tout bas en lui lançant un regard malicieux. Il n'était pas difficile pour lui de deviner ce qu'elle allait changer également. Joanne marchait volontaire de manière sensuelle et jetant parfois quelques coups d'oeil derrière elle, avant de s'enfermer dans leur chambre. Elle en resortit peu de temps après, Daniel avait déjà fini de boire son lait. "Il avait un sacré appétit, dis donc." dit-elle en constatant le biberon bien vide. Il était blotti contre son père, commençant sa digestion. Joanne l'embrassa sur sa joue. "Ca creuse de bien grandir, hein ?" lui demanda-t-elle tout bas avec un large sourire, ce qui fit automatiquement sourire ce si beau bébé.
Malgré mes paroles, Joanne ne semble pas plus inspirée que ça pour le moment. Il faut dire que le questionnement vient d'être soulevé, il est très neuf, très frais, et méritera bien une ou deux nuits pour y songer plus en profondeur. Peut-être que le week-end prochain, la jeune femme reviendra ici pleine d'idées, prête à aménager sa propre pièce -celle de son choix- comme elle l'entend. A ses yeux, Daniel n'aura pas besoin de s'inspirer des passions de sa maman. Pourtant, qu'elle le veuille ou non, ça sera le cas. Tout comme il sera influencé par la sensibilité de son père pour les animaux ou pour le dessin, le petit garçon cherchera forcément à copier sa mère dans quelque chose pour partager cela avec elle, et cela ne sera sûrement pas le ménage. « Bien sûr que si. C'est ce que font tous les enfants. Ils s'inspirent de leurs parents et de leur environnement avant de trouver leur propre voie. Ils ont besoin de modèles. » j'explique à Joanne. Je ne connais pas grand-chose en parentalité autre que ce que j'apprends sur le tas, mais ça, j'en suis convaincu. On veut tous faire comme maman et papa. Les petites filles dont la mère est coquette voudront essayer son maquillage. Un garçon qui voit son père aspiré par les jeux vidéos fera de même pour pouvoir le partager avec lui. C'est tout naturel, c'est logique, et Joanne ne devrait pas le prendre à la légère. Elle est avec Daniel tous les jours, toute la journée. Elle est son principal modèle. Bien sûr, elle a besoin de réfléchir, se sonder elle-même pour trouver ce déclic, si déclic il doit y avoir. « Tu as tout le temps. Dans tous les cas, une pièce t'es réservée. Tu en fais ce que tu veux. » Elle restera vide s'il le faut, ou il n'y aura qu'une bibliothèque et un fauteuil. De toute manière, s'il n'y a pas d'enfant à loger dedans, la pièce reste vacante. Joanne garde mes mains dans les siennes, et dépose un baiser dessus, entrelace nos doigts. Elle semble touchée que je souhaite lui donner l'occasion d'avoir son espace alors que personne dans sa famille n'a daigné lui laisser son univers uniquement pour elle. « C'est à cause de moi si tu n'as plus aucun des repères de ta vie d'avant. J'ai l'impression d'avoir détruit beaucoup de choses, et t'en avoir arraché beaucoup d'autres. » C'est en grande partie de ma faute si elle a abandonné le musée et qu'elle a quitté son appartement très tôt dans notre relation. Comme ses collègues le disaient, je l'ai placée dans une tour, et je ne l'ai jamais laissée partir. Mais dans tous ces changements, il y a Daniel, et c'était ce qu'elle voulait plus que tout au monde. « Je ne dis pas que c'est que du négatif, ta vie n'a pas l'air de te déplaire. » Je pense que c'est comme un renouveau ; tout a été démoli pour mieux reconstruire par dessus. Il fallait sacrifier certaines choses pour en obtenir d'autres, mais le changement fait partie de la vie. C'est un mal pour un bien. « Mais c'est la moindre des choses de te donner les outils pour que tu aies ton espace à nouveau, et que tu te fasses de nouveaux repères. » Je le lui ai déjà dit, je ne veux pas d'une prisonnière à ma solde, ça ne m'intéresse pas. Je ne veux pas qu'elle s'oublie par défaut, tout ce que je souhaite pour elle c'est qu'elle s'épanouisse. Cette volonté me fait gagner un long baiser, interrompu par un bonhomme jaloux. Daniel gagne l'attention de sa maman, puis termine dans mes bras le temps qu'elle aille lui préparer son biberon. Pendant ce temps, je joue un peu avec ses cheveux bruns, les entortille et les décoiffe. Le biberon prêt, la jeune femme nous laisse seuls pour filer dans la chambre sous mon regard amusé et joueur. Mon regard suit quand même cette paire de fesses dans le couloir jusqu'à ce qu'elle disparaisse. « Maman est partie se faire belle pour papa. Je sais, elle est déjà très belle... » Mais il y a un truc en plus quand elle même se sent belle et désirable. Un petit éclat supplémentaire dans son regard qui a aussi son charme. « J'espère que tu comptes nous laisser tranquilles cette fois, mon garçon. » Pas de poussée dentaire nocturne, cela rendrait cette double dose de frustration vraiment insupportable. Joanne réapparaît lorsque Daniel a terminé son repas. Il ne reste plus une goutte dans le biberon asséché par l'appétit grandissant de notre fils. Il répond toujours aux sourires de sa mère. Ils semble très fier d'avoir tout bu et qu'elle l'ait remarqué. Pendant qu'il digère, j'attrape un de ses petits livres cartonnés pour un grand moment de littérature. Des animaux de tous les jours ; il reconnaît facilement le chien -il tape vigoureusement sur la page à chaque fois qu'une bête lui dit quelque chose-, un peu moins le chat ou le lapin, mais le canard retient toute son attention. « Oui, tu connais ça, c'est un canard. On a joué avec dans le bain. » Il continue de taper sur la page pour lève sa tête pour m'adresser un regard très clair : papa, fais le canard, allez. Je ris, nerveusement, mais aussi attendri par sa bouille. Comment ne pas craquer pour ces grosses joues ? Je lui fais quelques « coin coin » en lui chatouillant le ventre, et cela suffit à le faire rire pendant de longues minutes, tapant dans ses mains comme si c'était le meilleur des spectacles, puis battant des jambes, ravi, en s'essayant au même bruit à plusieurs reprises. « Je crois que notre fils a mal compris le costume de pingouin et se prend pour un canard. » dis-je à Joanne avec un petit rire.