C’est une Joanne bien mal réveillée qui est apparue. Attendrie par nos jeux, nous avons droit à un baiser chacun, me faisant rougi un peu plus. Il n’y a pourtant pas de honte à jouer avec son fils. Daniel, en forme, adresse un grand sourire à sa mère. Sa gencive est toujours gonflée, mais cela ne semble pas le faire souffrir outre mesure. Il s’avère quand même bien content d’avoir quelque chose à mâchouiller, notamment la tétine de son biberon une fois qu’il a celle-ci en bouche. « Désolé de ne pas être resté traîner au lit. J’étais réveillé tôt, et je ne tenais plus en place. » dis-je à Joanne qui continue d’émerger doucement, la tête sur mon épaule. Je jette un coup d’œil par-dessus sa chevelure blonde pour constater le temps à travers les portes fenêtres. « Humide. Je crois qu’il a plu plus tôt ce matin. On ne pourra pas prendre le petit-déjeuner dehors, la terrasse est trempée. » Je ne sais pas si ça va s’arranger. Vu les nuages, même s’il ne pleut pas, le temps restera maussade et le ciel d’un gris perle lourd. « Regarde, Joanne. » je murmure en secouant légèrement l’épaule pour attirer son attention, puis j’indique Daniel d’un signe de tête. Très concentré sur sa tétée, ses petites mains tiennent fermement le biberon. Si bien qu’il ne se rend pas compte lorsque je lâche celui-ci pour le laisser le tenir tout seul. Lorsque le biberon est plein, cela lui semble rapidement lourd, mais au fur et à mesure qu’il se vide, le garçon peut le garder en main et même le soulever pour pouvoir déguster la dernière goutte. Ses bras potelés se musclent. Avec ses gambettes qui le sont déjà, je suis certain qu’on ne tardera pas à le voir très bientôt gambader partout sur ses quatre pattes. Il suffit de l’y encourager. Une fois le biberon terminé, j’installe Daniel assis à côté de moi. Il est toujours très fier de tenir sa tête bien droite. C’est encore mieux lorsqu’il a quelque chose entre les mains, son doudou ou un jouet, et qu’il peut babiller gaiement, pour montrer qu’il fait décidément plein de choses comme ses parents. Pour occuper ses dix doigts, il attrape les cheveux de sa mère qui a posé sa tête sur mes jambes. Maladroitement, il ne se rend pas trop compte des gestes qu’il fait. Alors je prends une de ses mains, bien ouverte, et la glisse sur les mèches blondes de Joanne. « Comme ça. C’est tout doux. » Il capte rapidement le mouvement, mais je dois l’empêcher de porter les cheveux à sa bouche avec un petit rire. La curiosité doit avoir quelques limites. Il me fait les gros yeux, ne comprenant pas pourquoi il n’a pas le droit de connaître le goût des cheveux de maman. « Ca ne se mange pas. » je lui explique en frottant sa tête. Je finis par inviter Joanne à se redresser, puis je lui confie Daniel. « Je vous laisse un peu tous les deux, une douche n’est pas de refus. » Voyant que je m’en vais, Daniel émet un petit cri supposé m’appeler et me tend son doudou avec détermination. Je ne comprends absolument pas pourquoi –à moins qu’il estime que son ours soit sale lui aussi et mérite un bain- mais je le prends quand même, le remercie avec un bisou sur le front et quitte le salon. La porte passée, Daniel crie à nouveau. Je saisis ; il ne veut pas que je parte, encore moins avec le doudou. Il veut que je reste jouer. Demi-tour, je lui rends la peluche et repars, tant pis s’il n’est pas d’accord avec ça. Le jet d’eau me fait le plus grand bien. Je préfère notre salle de bains de Brisbane, mais qu’importe l’endroit, une douche le matin est toujours un plaisir. C’est vêtu d’un jean et d’un t-shirt uni à longues manches que je réapparais. Joanne peut prendre son tour dans la salle de bains, là où l’eau la réveillera sûrement pour de bon. Pour ma part, je dépose Daniel sur sa chaise haute le temps de préparer le petit-déjeuner sur la grande table. Lorsque le petit commence à bafouiller un « papa » je me tourne ; mais il poursuit et répète la syllabe encore et encore en chantonnant. Ca ne sera pas pour cette fois. « Non, bonhomme, c’est « papa » tout court. Mais t’y es presque. » Lorsque les jus, les confitures et autres aliments ont pris place sur la table, et voyant que Joanne prend son temps, je prends également mon ordinateur pour, par automatisme, vérifier mes mails en l’attendant.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Pour une fois, les rôles s'inversaient. C'était Jamie qui était réveillé aux aurores et sa belle qui aurait préféré traîner encore un peu au lit, comme tout bon dimanche matin. La jeune femme somnolait encore un peu sur l'épaule de son fiancé, ayant tout de même une oreille attentive à ce qu'il lui racontait. Pas de petit déjeuner au soleil, et il fallait attendre que le sol ne sèche un peu pour songer à aller dehors. Le fond de l'air était un petit peu frais, Joanne regrettait de ne pas avoir enfilé un pantalon de pyjama ou quelque chose de plus chaud. Elle avait la chair de poule de temps en temps. Jamie la sollicita soudainement, l'invitant à regarder Daniel. La jeune femme ouvrit doucement les yeux et vit son fils tenir de lui-même le biberon. Son regard s'attendrit immédiatement, toujours touchée de voir à quel point son fils progressait de jour en jour. Joanne le regardait faire jusqu'à ce qu'il ait terminé son biberon, puis elle s'allongea sur Jamie. Le petit tentait certainement d'être affectueux avec sa mère, mais il avait encore un peu de mal avec la délicatesse, tirant sur quelques mèches de cheveux qui fit un petit peu mal à Joanne. A cet âge là, on ne pouvait lui demander qu'il sache faire un massage du cuir chevelu, mais il était plutôt bien parti. Joanne lâcha un petit rire lorsqu'elle entendit son fiancé dire à Daniel que les cheveux ne se mangeaient, comprenant ce qu'il comptait faire. Il lui montrait comment caresser les cheveux. "Tu vois ? Lui aussi, il veut me dévorer." lui dit-elle en riant. Quelques minutes plus tard, Jamie demanda à sa belle de se redresser, comptant bien prendre une bonne douche. Elle se mit à nouveau en position assise sur le canapé pour qu'il puisse quitter sa place. Daniel interpella son père lorsque ce dernier commençait à s'éloigner, en lui tendant son doudou. Mais ça n'allait pas non plus lorsqu'il l'emporta avec lui, donc Jamie le lui rendit avant de filer à la salle de bains. Daniel continuait à râler, ayant même de grosses larmes bordant ses grands yeux bleus. "Viens chez moi, Daniel." lui dit-elle doucement, en lui souriant. Il agitait ses petits bras, faisant bien comprendre à sa mère qu'il n'arrivait pas à se déplacer de lui-même. Joanne l'enlaça tout contre elle, calmant son petit chagrin. "Papa revient très vite, tu sais. Il va se faire tout propre tout nous, tout beau." lui dit-elle en embrassant sa petite tête. "Ca te plaît beaucoup, les petits moments avec Papa, hein ?" C'était peut-être bête, mais Joanne était heureuse de voir l'attachement affectif fort qu'il y avait entre Jamie et Daniel. Son fiancé avait tellement peur d'être mis à l'écart, et voilà que le petit réclamait la présence de son père. Celui-ci revint quelques minutes plus tard, et prit le relais avec Daniel pour que Joanne puisse également se rafraîchir. Elle prit une douche bien chaude avant d'enfiler pantalon, haut à manches longue et son gilet en laine. Elle revint les cheveux humides en cuisine, Jamie avait déjà tout préparé. Daniel discutait tranquillement dans sa chaise haute. Se plaçant derrière son homme, elle se pencha et passa ses bras autoru de son cou avant de l'embrasser sur la joue. "Ca va, ce n'est pas Bagdad sans toi le weekend ?" lui demanda-t-elle alors qu'il consultait ses mails. Au fond, Joanne aimerait qu'il parvienne à décrocher totalement de son boulot le weekend, mais ce n'était pas toujours facile pour lui de s'écarter d'un métier qui le passionnait. Sur ce point, elle était très bien placée pour le comprendre. Elle lui fit un dernier baiser dans le cou et s'installa à table pour commencer le petit déjeuner. Daniel continuait de prononcer la même syllabe dans l'espoire d'interpeller son père. Il finissait de regarder ses mails, certainement bien concentré sur la lecture de son courriel. "Ton fils t'appelle, mon amour." lui dit-elle en le regardant d'un air amusé. Daniel voulait certainement jouer, mais ce matin là, il n'avait apparemment que d'yeux pour son père. Elle rit doucement, commençant à manger sa tartine. "Tu l'as lancé, on ne peut plus l'arrêter." commenta-t-elle, ravie qu'il y ait cette complicité entre eux. "Si vraiment, je vous laisse un peu tranquille tous les deux, et j'emmène Milo avec moi se défouler dans les champs." ajouta-t-elle, toujours rieuse, sur un ton petit peu taquin. Le petit-déjeuner se poursuivait tranquillement, Daniel était particulièrement bavard. Ben ne tarda pas à arriver, la patte traînante. Ca rendait triste Joanne de le voir dans un tel état, elle espérait tellement pour lui qu'il guérisse au plus vite, au moins qu'il puisse marcher normalement. Il se mit à assis à côté d'elle. Une fois qu'elle en avait terminé avec son repas, Joanne le câlina en restant à table. "Je l'emmènerai chez le vétérinaire avant de partir en vacances. Avec un peu de chance, il y aura déjà de l'amélioration et peut-être qu'il n'aura plus besoin de plâtre. Ca me fait mal au coeur à chaque fois, surtout lorsqu'on voit qu'il a envie de se promener mais qu'il sait qu'il ne peut pas." Pauvre chien. "Milo ne comprend pas vraiment pourquoi il y a moins de promenade, ça l'énerve un peu, je crois. Mais je n'ai pas envie laisser Ben seul à la maison."
Absorbé par l’écran de l’ordinateur, j’avoue ne plus faire très attention à Daniel, qui s’occupe très bien tout seul, et ne pas remarquer que Joanne est revenue de sa douche. Ce n’est que lorsqu’elle se glisse derrière moi et passe ses bras autour de mon cou que je réalise que les minutes ont filé et qu’elle est à nouveau à mes côtés. Je réponds à son baiser dans le cou en en déposant un sur sa joue. Pas de catastrophe au sein de mes mails, seulement quelques imprévus bien gérés qui font partie du travail de tous les jours, absolument pas de quoi s’alarmer. Faire partie d’une rédaction nécessite de sacrés nerfs et une bonne dose de sens de l’improvisation pour ne pas paniquer et perdre ses moyens dès que quelque chose va de travers –car rien ne va jamais complètement tout droit dans une journée à la radio. « Non, ça a l’air de bien se passer. » je murmure en naviguant d’un mail à l’autre. Je pourrais me passer d’une telle lecture. Je suis toujours partagé entre l’envie de complètement décrocher et le souci d’être au courant de tout ce qui a pu se passer en mon absence au cas où il y ait des problèmes à continuer de gérer le lundi suivant plutôt que d’être pris par surprise. « De toute manière, pour les urgences, ils m’appellent. » j’ajoute. J’évite d’avoir mon téléphone constamment à portée de main car je pourrais également y passer de longues minutes à regarder tout ce qu’il se passe, et finalement, finir dans une bulle si hermétique que je ferais aussi bien d’être sur place, à la chaîne. Je finirai par appeler pour prendre en main une situation histoire de décharger mon collègue, et de fil en aiguille, en me montrant disponible, d’autres situations convergeront vers moi, et cela signerait la fin du week-end. « Je t’avoue que ça ne me manque pas de travailler le week-end. » Même si je ne décroche pas autant que nous le voudrions, au moins, je suis à la maison, et la plupart du temps je suis attentif à ma famille et à tout ce que nous faisons ensemble. Je joue avec mon fils, me repose avec ma fiancée. Je suis un peu moins ce robot que j’étais. J’ai l’impression que cela remonte à des années. Pour cette fois, j’ai du mal à quitter l’écran. Il y a tellement de désastres en ce moment que cela garde en haleine pendant des heures. Il faut s’informer, décortiquer, et ça ne s’arrête jamais. « Il ne m’appelle pas, il ne fait que répéter un son. » je marmonne, distrait. Il ne sait pas ce qu’il dit, il chantonne une syllabe qui lui plaît, il s’écoute parler. Ce n’est pas du tout une mauvaise chose, c’est sa manière de développer son langage. Mais ��a ne signifie pas qu’il m’interpelle. Gardant l’ordinateur sur le côté, je me mets quand même à manger quelque chose. Il y a quelques réponses aux coups de téléphone que nous avons passés la veille et qui m’ont été envoyées hier dans l’après-midi. « Le traiteur peut nous voir mercredi matin. » dis-je avant de prendre une gorgée de thé. S’il faut goûter plusieurs mets pour faire notre choix, cela constituera sûrement mon déjeuner de ce jour-là. Joanne, voyant que Daniel n’a toujours d’yeux que pour moi et continue à essayer d’attirer mon attention malgré tout, se propose d’aller balader le plus petit des chiens qui a bien besoin de se dégourdir les pattes. « Milo approuverait sûrement. » Depuis la blessure de Ben, les promenades sont réduites. Et puisqu’il ne peut pas s’empêcher de s’enfuir, nous ne le laissons plus sortir si nous n’avons pas les yeux sur lui en permanence. « C’est un éternel insatisfait de toute manière. S’il n’avait pas la sale habitude de filer à l’anglaise, il aurait accès au jardin autant qu’il le veut. » Mais non, il s’est privé lui-même de ce grand terrain où il pourrait se dépenser autant qu’il le veut. Tant pis pour lui, il prendra son mal en patience. Daniel, contrarié de ne pas faire partie de la conversation, s’agite et fait tomber sa peluche. Machinalement, je me baisse pour la lui rendre. Quelques secondes plus tard, il la lâche encore une fois. C’est au bout de la troisième fois que je lève les yeux vers son petit sourire satisfait. « Tu trouves ça drôle, en fait. » Oh que oui, d’ailleurs, il en rit. Je lui souris, attendri. Il est astucieux, mon bonhomme, et malicieux comme tout. Je le tire de sa chaise haute pour le prendre sur moi, le faisant tenir debout en équilibre encore précaire sur mes cuisses. « Viens-là, petit garnement. » Il aime bien se tenir sur ses jambes ainsi. Il peut être à la hauteur du visage de son père. Et il ne s’est toujours pas lassé de le tripoter pour jouer avec mes rides naissantes. Je rabats l’écran de l’ordinateur sur le clavier rapidement et le pousse un peu plus loin. « Voilà, papa a éteint l’ordinateur. Content ? » Je l’embrasse sur le bout du nez. « On va jouer avec Ben ? Il est un peu triste, il a besoin qu’on s’occupe de lui. » Je quitte alors la table avec Daniel. Plutôt que de faire bouger Ben, nous allons nous installer par terre, à côté de Joanne et du chien qui s’est allongé là. Je vais chercher une des balles qu’il apprécie le plus, puis m’assis derrière Daniel. Je lui montre comment faire rouler la balle jusqu’à Ben, et lui, qui connaît ce jeu, la renvoie d’un coup de truffe ou de patte. Je me souviens quand nous avons commencé à avoir cet échange là, lui et moi. L’un de nos premiers jeux, si on peut appeler ça comme ça, il y a maintenant bien un an.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Au début de leur relation, Jamie ne vivait que pour son travail. Il n'y avait pas de weekend, il n'y avait pas de dîner le soir. C'était d'ailleurs particulièrement compliqué de se voir lorsqu'ils ne vivaient pas ensemble, impossible de prévoir un jour, ou un soir pour se voir. Leur rendez-vous au parc était au moment du repas, il y avait le restaurant qui avait été prévu et Jamie avait certainement du demander à ne pas être trop dérangé ce soir-là, pour une fois. L'avancée était plus que considérables en demandant d'être libre le weekend, il avait certainement compris que son indisponibilité lésait leur couple qui tentait tant bien que mal de se construire. Malgré tout, il ne parvenait jamais réellement à décrocher de son boulot, à éteindre son portable le vendredi soir pour ne le rallumer que le lundi matin. Pour ne pas dire impossible. C'était plus fort que lui de regarder si on a cherché à le contacter, si la station était en train de s'effondrer. Joanne se disait que c'était le revers d'un métier aussi passionnant, mais elle ne s'en plaignait. Elle s'avouait parfois que c'était un petit peu agaçant de ne pas avoir sa pleine attention, comme lorsqu'il scrutait ses mails jusqu'au bout avant de songer au petit déjeuner. "Vu le regard insistant qu'il pose sur toi, je pense qu'il veut un peu de ton attention quand même." rétorqua-t-elle doucement, alors qu'il laissait les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur. Néanmoins, parmi ce flot de mails, il y en avait tout de même quelques uns qui concernaient un petit peu sa fiancée. Celle-ci, avant d'entamer son jus d'orange, lui demander. "Et tu pourras te libérer, pour mercredi matin ?" demanda-t-elle, espérant fortement que ce soit possible. Joanne aimait savoir si elle devait se rendre seule ou non à ces rendez-vous. Elle supposait qu'elle n'aurait pas de réponse franche, le planning de Jamie était tellement variable et imprévisible parfois. La jeune femme se proposa de partir en promenade avec Milo. C'était non seulement pour laisser Daniel et Jamie un peu seul, mais après mûres réflexions, elle ressentait aussi le besoin d'être avec sa solitude. Elle n'avait pas eu un seul moment à elle depuis la naissance de Daniel. Ce n'était même pas en rapport à leur conversation de la veille, mais sur le coup, elle avait l'étrange impression d'être de trop et elle voulait surtout se vider l'esprit. Quelque part, elle avait hâte de sa prochaine consultation avec le psychologue. Daniel s'amusait à faire tomber la peluche sans arrêt, et Jamie la ramassait à chaque fois. Joanne sourit en voyant cette scène. Il l'avait trouvé, son moyen d'attirer l'attention de son père. Jamie rabaissa l'écran de son ordinateur après avoir pris Daniel dans ses bras, déterminé à passer un peu de temps avec lui. Il s'installa par terre, auprès de Ben, pour jouer à la balle avec lui. Silencieuse, Joanne les observait quelques minutes avec un regard attendri, avant de se décider de se lever et de débarrasser la table. Machinalement, elle s'occupa de laver la table et faire la vaisselle, afin qu'il n'y ait plus rien à faire. "Je vais aller promener Milo." dit-elle au bout d'un moment. "Il aura le temps de sécher comme ça s'il se trouve un point d'eau je ne sais où." Parce qu'il était hors de question qu'un chien trempé ne monte dans sa voiture. Elle enfila une petite paire de baskets, une veste et un foulard pour protéger son cou. Elle s'accroupit auprès de Jamie pour lui voler très rapidement un baiser avant de filer. "A tout à l'heure." Elle emmena avec elle la balle de Milo et sa laisse, même si elle ne le lui attachait pas pendant ce genre de ballade. Joanne allait se perdre dans les champs, n'ayant pas de destination particulière. Elle se laissait donc entraîner vers des endroits qui lui parlaient le plus par rapport à d'autres. Les champs étaient immenses, et encore bien humides, mais cela n'empêcha pas au chien de courir dans tous les sens, ravi d'avoir autant de liberté pour se défouler. Il courrait derrière des insectes volants, allait renifler la moindre petite trace qui prouvait le passage d'un animal sauvage sur le chemin de terre. L'air était tout de même particulièrement frais, du moins, pour Joanne. Ce fut bien trop tard qu'elle se rendi compte qu'elle n'avait pas emmené avec elle son portable. Un acte manqué réussi ou pas, elle n'en savait trop rien. Pendant cette longue marche, elle pensait à une multitude de choses. Ses pensées se bousculaient toujours, certes, mais avec un peu plus délicatesse. C'était bien moins synonyme de torture qu'avant. Elle avait l'impression qu'il y avait tellement de choses qui changeaient, qui se modifiaient. Elle ne savait pas quoi, ni qui, ni comment, mais il y avait des choses différentes, impossible de mettre la main dessus. Elle s'installa un moment sur un rocher, laissant Milo graviter autour d'elle. Elle lui lançait la balle le plus loin qu'elle pouvait, Milo s'allongeait ensuite quelque part dans l'herbe pour la machouiller un petit peu.Il revenait régulièrement vers elle pour quelques caresses et réclamait à ce qu’elle lui lance à nouveau la balle. Il fallait dire qu’elle avait matière à réfléchir, avec leur discussion de la veille. Et puis, cela faisait très longtemps qu’elle ne s’était pas promenée, comme ça. Jamie allait certainement être furieux qu’elle n’ait pas pensé à emmener son téléphone avec elle. Joanne ne savait pas combien de temps elle avait marcher. Peut-être deux heures, peut-être un peu plus, mais pas beaucoup. Elle décida de rebrousser chemin, d’un pas pas trop hâtif, prenant le temps d’apprécier le paysage et le silence de la nature. Ca changeait de Brisbane, c’était agréable. Le chien et elle finirent par arriver à la maison. A peine rentrée, Joanne dit. “Je suis désolée, j’ai oublié de prendre mon téléphone avec moi.” C’était une mauvaise habitude que Jamie n’appréciait pas, elle le savait bien. Milo, essoufflé de ses efforts, ne se laissa pas prier plus que ça pour aller boire abondamment et manger quelques croquettes avant de s’allonger quelque part. Joanne se défit de sa veste mais gardait encore le foulard autour du cou. Elle embrassa Jamie avant d’aller à la cuisine pour se préparer un verre de sirop. “Je pense que Milo sera à chaque fois très enthousiaste de revenir, il s’est bien défoulé, ça lui a beaucoup plus.” dit-elle. Joanne ouvrit le frigo, afin de sortir cette salade qu’il fallait bien manger un jour. Il n’était pas trop tard dans l’après-midi pour songer à déjeuner. “Tu veux que je fasse quelque chose de chaud, avec ?” lui demanda-t-elle, n’arrivant pas à se décider elle-même ou non. “Qu’est-ce que vous avez fait de beau, tous les deux ?” Ils avaient eu une bonne partie de la matinée rien qu’entre eux deux, ils avaient largement eu le temps de faire beaucoup d’activités, à part si Daniel ressentait avoir besoin d’une sieste. Joanne était assez curieuse de tout ce qu’ils avaient pu faire ensemble. Elle, elle n’avait pas grand chose à raconter, il devait bien se douter qu’elle s’était un peu laissée surbmerger pas ses pensées. C’était un mal pour un bien, ça lui permettait d’avoir les idées un peu plus claires ensuite, normalement.
« Bien sûr. » je réponds sans hésiter. Pour les préparatifs du mariage, je ferai toujours mon possible pour être présent si mon avis est nécessaire. Et si je ne peux pas me rendre aux rendez-vous, ce sera pour de bonnes raisons, cas de force majeurs et autres engagements impossibles à ne pas respecter. « Je demanderai à Janis de garder ma matinée complètement libre. » Comme ça, qu'importe l'heure de début et l'heure de fin, je ne serai pas attendu à la radio avant la fin de la pause déjeuner. Cela nous laissera un peu de temps à Joanne et moi, afin de ne pas nous sentir pressés. Pour les prochains mois, il faudra se faire à l'idée que les priorités vont être quelque peu bouleversées. C'est la dernière ligne droite, je ne peux pas manquer ça. C'est Daniel qui parvient finalement à me faire décrocher de mon ordinateur après avoir trouvé la meilleure technique pour attirer mon attention. Visiblement, pour une fois, il n'a d'yeux que pour moi et souhaite jouer toute la matinée, bien en forme. Donner la balle à Ben l'occupe bien ; il veut faire les choses correctement, et il soigne ses lancers pour que la trajectoire mène droit sur le museau du chien. Quand il le touche, il rit toujours un peu. Pendant ce temps, Joanne s'est préparée pour sortir. « Bonne balade. » je lui glisse après un rapide baiser. Elle part avec Milo dans les pattes. Nous, nous poursuivons notre jeu avec Ben pendant encore de longues minutes, jusqu'à ce que Daniel lève la tête et commence à couiner et en regardant un peu partout. « Qu'est-ce qu'il y a, mon bonhomme ? Tu cherches maman ? Elle est sortie, elle se promène avec Milo. » Une réponse qui ne semble pas le satisfaire. Petit à petit, son regard se borde de grosses larmes. Oh ça, ça me rappelle des souvenirs que j'aurais préféré oublier. De ces souvenirs qui rendent forcément amer, même des années plus tard. Je prends Daniel dans mes bras, attrape mon téléphone et tente d'appeler Joanne. Même si elle n'a pas besoin de revenir, peut-être que l'entendre lui suffira. Mais la sonnerie de son portable retentit près de moi. Elle l'a encore laissé à la maison. « Génial. » Est-ce qu'elle ne pense jamais qui'il puisse lui arriver quelque chose dehors ? Elle ne connaît pas le coin, que ferait-elle si elle se perdait ? Je respire un coup et tente de me calmer. Daniel n'a pas besoin d'un papa énervé contre sa mère. Du coup, je m'efforce de le calmer en le berçant un peu. « Maman rentrera plus tard, ne t'en fais pas. Je sais que ça fait bizarre quand elle n'est pas là. » Nous allons dans le salon nous installer sur le tapis. J'essuie les larmes de crocodile de mon garçon qui s'accroche à moi façon petit koala pour se consoler. « Tu te souviens quand je te disais à quel point elle est belle ? Tu n'étais qu'un petit pois dans son ventre. » Je l'embrasse sur le front. Il est déjà plus calme. « C'est la plus belle, on est d'accord. Et la plus gentille personne qui existe. Elle t'aime plus que tout, tu sais ? Et il faut lui donner beaucoup d'amour, elle en a besoin, tout le temps. » Une fois Daniel plus serein, je le rassois devant moi. Il fait la moue, mais plus je lui souris, plus il passe à autre chose. Pour distraire son attention, je prends son doudou et le cache derrière mon dos. C'est fou à quel point cela suffit à l'étonner ; s'il ne le voit plus, alors la peluche n'existe plus. Et quand il réapparaît, c'est de la magie. Après plusieurs répétitions de ce même tour, qui l'étonne toujours autant, il récupère sa peluche comme s'il ne l'avait pas vue depuis des mois. Je le laisse lui parler un instant, babiller des choses incompréhensibles dans son langage de bébé. Je caresse tendrement ses cheveux bruns, ses grosses joues. « Je me demande si tu lui ressembles tant que ça... » je murmure, songeant à Oliver. Je ne me souviens plus à quoi il ressemblait sur les photos quand il était tout petit. Peut-être que ma mère a raison, peut-être que la ressemblance a de quoi troubler. Je n'en sais rien. Je le vois juste calme, curieux, créatif et intelligent comme lui. Mais je préfère me dire qu'il tient ça de Joanne et moi. Pendant l'heure suivante, je tente d'apprendre à Daniel à se déplacer. Sur le ventre, il arrive bien à soulever sa tête et porter le haut de son corps sur ses bras, mais les jambes ne suivent pas. Alors je les met en place pour lui, pour qu'il découvre la position. Oh, il tient très bien comme ça sans bouger, en équilibre, mais pour ce qui est d'avancer, Monsieur n'a pas encore assez de synchronisation et glisse par terre. Lorsqu'il en a assez de cet exercice, je le mets sur ses deux jambes, face à la table, et lui montre comment bien se tenir au bord pour rester debout. Il y arrive très bien. Ravi, il essaye même de sautiller, mais il se fait que fléchir et tendre les jambes et s'agiter sur place. Mais c'est déjà ça d'appris. Le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre l'interpelle. Il bouge la tête dans tous les sens pour deviner d'où cela vient. Alors je le prends avec moi pour aller à la rencontre de sa mère dans l'entrée ; quand il la vit, cela semble être un véritable soulagement, et il lui sourit de toutes ses deux dents et demie. « J'ai remarqué. » je rétorque un peu sèchement quand elle s'excuse d'avoir oublié son téléphone. Elle sait que je n'aime pas les excuses, et encore moins qu'elle sorte sans son portable pendant des heures, alors je pense pouvoir me permettre cette réprimande en trois mots. Mon regard suit Milo qui file se désaltérer et manger un bout après tout cet exercice. Joanne le suit dans la cuisine pour servir la salade qui aurait du être mangée la veille. « Non, merci. Je ne pense pas avoir très faim en réalité. » Mon esprit a été assez occupé pour ne pas songer à la faim, si bien que mon estomac ne se manifeste pas. Je m'éloigne pour installer Daniel dans sa chaise haute. Je n'avais pas vu l'heure, le déjeuner s'impose pour notre petit ange. « On a joué avec Ben, on a fait un cache-cache avec le doudou, puis on a essayé de muscler un peu tout ça en s'entraînant au quatre pattes et en se tenant un peu debout. » j'explique à la jeune femme. « On a beaucoup parlé de toi aussi. » j'ajoute en passant à côté d'elle, volant un baiser au passage. « C'était une matinée très chargée. Donc ce beau bébé va sûrement manger, et faire une petite sieste pour se remettre de ses émotions. » Dans le frigo, je tire un petit pot et une compote pour Daniel. Fini le biberon à midi pour lui. Toutes les semaines, il découvre un nouvel aliment. Jusqu'à présent, seules les carottes et les bananes n'ont pas trouvé grâce à ses yeux. « Je m'en occupe. » C'est un peu ma journée avec lui, autant le faire jusqu'au bout. Ce n'est pas de tout repos de le nourrir, mais je pense que notre fils est bien plus sage que bon nombre de bébés lors des repas. Il reste un petit garçon calme. « Et toi, tu as vu quelque chose d'intéressant dans les parages ? » je demande pendant que Daniel déguste de la purée d’artichaut à la crème -c'est à la fois très doux et assez goûtu, cela lui plaît assez pour qu'il ne rechigne pas à finir le pot.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
S'il y avait une chose qui irritait Jamie au possible, c'était lorsque sa fiancée partait sans prendre son téléphone avec elle. Il détestait certainement cela à cause des quelques fois où leur couple était particulièrement tendu et que Joanne ressentait le besoin de se vider l'esprit en allant se promener seule au milieu de la nuit, sans emmener quoi que ce soit pour qu'on puisse la contacter. Elle partait alors des heures sans savoir où elle allait, ni ce qu'elle faisait. Combien de fois Joanne avait-elle fais cela lorsqu'elle vivait seule ? Pas même Juliet ne venait lui hurler dessus parce qu'elle ne réussissait pas à la contacter. Mais depuis que Jamie était entré dans sa vie, c'était une chose à éviter. Il suffisait de voir la manière dont il lui parlait lorsqu'elle s'excusa d'avoir oublié son mobile. Il n'aimait pas les excuses, et Joanne n'estimait pas à avoir se justifier. Pas la peine d'insister là-dessus, pas la peine que Daniel ne subisse une tension entre ses parents. Elle passait donc outre, se dirigeant vers la cuisine comptant préparer le déjeuner. Jamie ne tarda pas à la rejoindre dans la cuisine. Elle arrêta tout ce qu'elle fit lorsqu'il lui confia qu'il n'avait pas vraiment d'appétit et qu'il ne comptait pas manger. Elle remit le film plastique sur le saladier. Ce n'était pas vraiment motivant de savoir qu'elle allait manger seule, ça lui coupa rapidement l'appétit. Joanne remit alors la salade au frais, se disant qu'elle saurait quoi manger pour une bonne partie de la semaine. Pendant ce temps Jamie mit leur fils dans la chaise haute, parce que lui avait bien droit à son repas. Il expliqua tout ce qu'ils avaient fait, Joanne était ravie d'entendre que Daniel commençait à avoir quelques notions d'équilibre. "D'ici quelques semaines, il gambera peut-être dans toute la maison." dit-elle alors, s'il commence déjà à avoir autant de force dans ses jambes. La jeune femme haussa les sourcils lorsqu'il précisa qu'ils avaient parlé d'elle. "Vraiment ?" demanda-t-elle en riant. "Qu'est-ce que vous avez raconté, comme méchancetés ?" plaisanta-t-elle, avant de boire une verre d'eau. Adossé contre l'un des éléments de la cuisine, elle laissa Jamie préparer les petits pots pour Daniel, il tenait apparemment à s'en occuper. Elle le regardait donc faire en croisant les bras. "J'ai surtout marcher à travers champs, pour le plus grand bonheur de Milo. Il y a un étang un peu plus loin avec toute une famille de canards, j'ai du l'empêcher d'aller dans l'eau. Mais c'est agréable, c'est très calme dans le coin, il y a largement de quoi faire des promenades interminables une fois que tout le monde aura à nouveau des jambes pour courir." La prochaine fois, peut-être que Daniel parviendra à marcher un petit peu, même s'il doit tenir ses parents par la main, et Ben n'aura plus la patte dans le plâtre. "Ce qu'il y a d'intéressant, c'est la sérénité qu'il y a par ici, le calme qui y règne." Joanne regardait avec tendresse Daniel, qui avait bon appétit. Il y avait déjà beaucoup d'ingrédients qu'il aimait, même des légumes que la plupart des enfants n'aime pas. Ce serait vraiment génial qu'il ne soit pas un enfant difficile ne se nourrissant que de pâtes et de jambon. Joanne essayait de cuisiner elle-même un maximum des pots, mais il y avait des fois où elle en achetait déjà des toutes faites, pour les jours où elle n'aurait soit pas la motivation, soit le temps de cuisiner ces petits pots. Joanne finit par s'asseoir sur la chaise qui se trouvait juste à côté de lui. L'une de ses mains maintenait sa tête, le coude sur la table, l'autre massait délicatement la nuque de Jamie pendant qu'il donnait la compote au petit. "J'avais pensé à quelque chose la semaine dernière. Je me suis demandée si ça ne serait pas bénéfique pour Daniel qu'il aille un peu dans une crèche. Tu sais, pour qu'il se sociabilise avec des petits de son âge, qu'il apprenne à jouer à plusieurs. Juste une demi-journée par semaine pour commencer, par exemple." Joanne ne pensait absolument pas à se décharger une après-midi, ce n'était pas l'idée première. Mais elle pensait déjà à son futur, sa première année scolaire. Elle se disait que ça pourrait être difficile s'il n'a jamais été en contact avec des enfants de son âge. "Là-bas, il apprendra déjà à partager, comme ça il le fera avec son petit frère ou sa petite soeur." ajouta-t-elle en caressant tendrement la joue. "Tu en penses quoi ?" lui demanda-t-elle. Elle ne serait pas étonnée si Jamie n'était pas vraiment pour cette idée là, mais il fallait se dire que Daniel apprendra des choses dans une collectivité que Joanne ne pourra pas lui inculquer à la maison. Et puis les assistantes maternelles et les puéricultrices avaient toujours des tas d'idées d'activités pour les enfants, pour leur développement et leur émerveillement, Joanne espérait reprendre quelques idées pour les réappliquer à la maison si Daniel le voulait.
Daniel a beau être un bébé curieux et plutôt intelligent, il manque parfois d’astuce et a bien besoin qu’on le guide. Comme bon nombre de bébés, sûrement. Il a besoin que les choses lui soient montrées et répétées avant de les assimiler, il ne semble pas vraiment avoir l’instinct nécessaire à trouver comment effectuer certaines actions. Je ne m’attends pas à ce qu’il puisse se déplacer d’ici demain après lui avoir fait une petite introduction au quatre pattes et à l’équilibre sur ses jambes, mais peut-être voudra-il retenter, qu’il y prendra goût, et finira par le faire tout seul. Il suffit de lui donner la petite impulsion. Quand il pourra explorer et partir à l’aventure lui-même, rien ne pourra l’arrêter, c’est certain. « C’est un secret entre lui et moi. » je réponds à Joanne, curieuse de savoir ce qui a été dit à son sujet. Aucune méchanceté, mais elle doit bien s’en douter –à moins qu’elle ne croit même pas avoir été mentionné pendant ces quelques heures entre père et fils. Toujours dans cet esprit, je m’occupe de nourrir Daniel. La jeune femme semble avoir abandonné l’idée de déjeuner puisque je ne l’accompagnerai pas. Je retiens une autre réprimande. Qu’elle fasse ce qu’elle veut, après tout, c’est la journée semble-t-il. Pendant que donne à manger au petit, elle s’installe près de moi pour me raconter sa balade avec Milo. Daniel reconnaît le mot canard, cela l’interpelle immédiatement et lui fait faire de grands yeux. Je l’appelle pour qu’il se reconcentre sur sa purée avant que tout ne dégouline sur son menton. Joanne apprécie la sérénité des alentours. Pas de voitures, pas de passants, pas de bruit. « C’était l’idée en achetant ici après tout. » Faut d’avoir une île déserte rien que pour nous, nous avons notre coin de verdure, isolé du monde. Seulement la nature sur des kilomètres avant d’atteindre la prochaine maison. Pourtant, la ville la plus proche n’est qu’à dix minutes de voiture. Mais là-bas, aucun immeuble, aucun haut building. Seulement l’esprit de l’Australie colonial. Autant dire que l’emplacement est idéal. Milo rend le repas un peu plus laborieux quand il se met à jouer avec les pieds de Daniel qui pendouillent de la chaise haute. Cela fait rire le petit qui finira par en mettre partout si je ne le sépare pas de son comparse. J’envoie fermement Milo au salon, et au ton de ma voix, non seulement le petit chien décampe, mais Daniel se tient à carreau. Il termine son pot sagement, alors nous pouvons passer au dessert. Alors Joanne reprend la parole pour me partager l’idée qu’elle a eu, d’envoyer notre fils une demi-journée par semaine à la crèche afin qu’il se sociabilise. Cela me semble tôt, mais j’avoue que je n’ai aucune référence pour savoir si l’idée est bonne ou non. Cela me serre un peu le cœur de le confier, même seulement quelques heures, à des personnes que je ne connais pas –que nous ne connaissons pas. Plus qu’à cause de ma volonté que ce soit sa mère qui se charge de l’éducation de notre fils dans ses premières années plutôt que quelqu’un d’autre, c’est l’angoisse de son enlèvement qui revient à la charge. Il n’y a pas besoin de raison logique à cela. Nous ne serons pas là, il sera sous la surveillance d’inconnues, cela suffit à me serrer excessivement le cœur. « Je ne sais pas. » je réponds simplement, faisant d’attentivement continuer à nourrir Daniel pour ne pas sembler trop perturbé par cette idée. « C’est toi la maman, tu sais mieux que moi ce qu’il lui faut. » C’est une chose dont je suis toujours persuadé. Elle comprend le bébé mieux que moi, elle saura si la situation lui convient ou non. « Peut-être que ça peut être une bonne chose, oui, qu’il se fasse des copains. » Ca ne peut pas être une mauvaise chose en soi. Il apprendra un tas de choses au contact d’autres petits, et il aura des camarades avec qui jouer. C’est important, oui, certainement. « C’est un garçon curieux, ça lui plaira sûrement. » Sans doute. Je soupire. « Il faudra juste… s’assurer qu’il ira dans une excellent crèche. Pas n’importe laquelle. Privée. » Et chère. Très chère s’il le faut. Ce sera une garantie du meilleur traitement, d’une parfaite sécurité –et d’un environnement d’un niveau élevé. Daniel a terminé. J’essuie délicatement sa bouche et le laisse un moment sur sa chaise. Je ne lui mets pas un jouet en main dans la seconde. La vie n’est pas que manger et jouer, il y a des temps calmes, et des moments où il doit être sage quand ses parents doivent discuter. « Ca ne te fera pas bizarre de le laisser là-bas ? » je demande à Joanne en me tournant vers elle. Quoi que, ce sera du temps pour elle, faire ce qui lui plaît si elle se trouve une occupation, ou se consacrer à la fondation –ou au mariage pour les prochains mois. Elle aura de quoi s’occuper sans lui.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne voulait pas dire ce qui s'était raconté entre Daniel et lui, lorsqu'ils avaient parlaient de la seule représetante féminine de la famille. Ils construisaient leur petit monde de mecs entre eux, et cela faisait beaucoup sourire Joanne. Qu'il y ait cette complicité père-fils qui se créée était une merveilleuse chose pour elle. Après tout, il y aura certaines où Jamie sera bien plus enclin à discuter avec lui qu'elle. Et puis, c'était certainement bénéfique pour Daniel qu'il se détache un peu de sa mère et ne passe du temps qu'avec son père. La jeune femme parlait de sa ballade, mettant l'accent de la tranquilité de l'endroit. Il avait, c'était exactement ce qu'ils recherchaient, ce dont ils avaient besoin. Elle lui sourit. "Tu fais toujours d'incroyables trouvailles, autant en matière de maison, que d'hôtels, que... de tout." lui dit-elle avant de l'embrasser sur la joue. Joanne ne savait pas comment il faisait pour avoir autant de facilités à trouver de tels lieux exclusifs, comme s'ils sortaient tout droits d'un rêve. Ou alors peut-être qu'il l'avait bien cernée et qu'il voulait la faire rêver. La jeune femme partageait ensuite qu'elle avait eu, qui était de placer Daniel dans une crèche afin qu'il apprenne un petit peu la vie en collectivité. Jamie ne savait pas trop quoi répondre, il se reposait beaucoup sur sa belle concernant l'éducation de leur fils. Mais Joanne attachait beaucoup d'importance à ce qu'il pouvait penser de ses idées concernant Daniel -même concernant tout le reste, d'ailleurs. "Jusqu'ici, il interagit beaucoup avec nous, avec des adultes." expliqua-t-elle. "J'aimerais bien voir comment ça se passe quand c'est des enfants de son âge." Et si ça ne se passe pas bien, Joanne sera de toute façon toujours prête à aller le chercher. Il y avait un problème qui prédominait, et ce sera le cas pendant très longtemps. Confier Daniel à des inconnus. Le traumatisme serait là encore pendant très longtemps. "Bien sûr, je ne comptais pas non plus le confier à n'importe qui. On prendra le temps de trouver une crèche fiable et digne de confiance, qu'importe le budget." Si ça garantissait la sécurité et le bien-être de Daniel, ses parents étaient prêts à placer n'importe quel prix, c'était évident. Jamie finissait de donner à manger au petit, le laissant un peu tranquille dans sa chaise pour temporiser un peu. Joanne rit nerveusement en entendant sa question. "Si, bien sûr que si." lui répondit-elle. "Ca fait peut-être très tôt, mais c'est déjà peut-être une préparation pour la séparation le jour où il ira à l'école. Ca ne me réjouit pas forcément de passer moins de temps avec lui à la crèche, mais je pense que je finirais par trop le couver, et ça ne lui serait pas franchement bénéfique pour la suite. Je ne veux pas être une mère trop oppressante, trop... Enfin, je n'aimerais pas être comme mes parents, comme ils ont pu l'être avec moi. Il faut le protéger, il faut l'écarter de tout danger, mais pas au point d'être trop présent, envahissant." Joanne baissa les yeux. "Je n'aimerais pas être comme eux sur ce point, je ne veux pas qu'il se retrouve dans la même situation que moi." Elle voulait qu'il arrive à prendre des décisions, à le laisser pensser seul, lui permettre d'avoir un peu d'intimité lorsqu'il en ressentait le besoin. C'était quelques choses dont Joanne n'avait pas eu toujours droit, et le résultat d'une telle éducation n'était pas très concluant. "Je suis assez sûre qu'il se plairait là-bas. Il faudra jeter un oeil aux activités qu'ils proposent, à la manière dont ils organisent les journées. Ce sont des personnes qui sont formés à ça, et je me suis dit que je pouvais reprendre des activités proposés à la maison, celles qui lui plairont le plus. Elles ont toujours beaucoup de matériel, et des idées débordantes. Je suis sûre qu'il s'épanouira dans la crèche que nous lui trouverons. Peut-être qu'il rencontrera déjà la femme de sa vie, là-bas." finit-elle par dire, en plaisantant. Les amourettes de bébé étaient quelque chose d'absolument adorables et attendrissant, mais qui duraient rarement. "Et si ça ne se passe bien, j'irai le chercher dans la minute. Je resterai toujours à la maison, j'ai toujours quelque chose à faire." ajouta-t-elle. "Trouver un endroit qui est aussi assez strict au niveau de l'hygiène. Je n'aimerais pas que Daniel n'attrape des maladies parce qu'ils acceptent la garde d'un autre enfant malade." Ca se transmettait tellement vite, entre les enfants. Joanne serait assez exigeante sur ce point là. Le bébé commençait à bailler, la digestion le fatiguant un petit peu, c'était l'heure de la sieste. Alors que Jamie se levait our aller coucher, Joanne en profita tout de même pour grignoter quelques tomates cerises et radis, avec une tranche de pain, ayant un petit creux.
Tous les arguments de Joanne sont très bons. Je sais qu’elle a raison. Être au contact des autres sera forcément bénéfique pour Daniel. De toute manière, nous ne pourrons pas le garder éternellement enfermé à la maison. Il a besoin de se sociabiliser, apprendre la vie en communauté, le respect des autres, le partage, le dialogue. Une multitude de choses que notre seul contact ne peut pas lui apprendre. Il a besoin de grandir avec d’autres petits, se faire ses premiers amis, pourquoi pas avoir ses premiers amours de bébé. Il aura son petit monde là-bas, dont ses parents ne sauront rien en apparence. Nous trouverons l’endroit idéal pour le placer. Une crèche qui nous inspirera confiance, pleine de personnes compétentes, avec de la sécurité. Nous ne regarderons pas le prix. Il faut le meilleur pour notre trésor, point c’est tout. L’imperfection ne sera pas tolérée, les erreurs ne seront pas une option. J’ai toujours le cœur serré, je ne suis pas très rassuré, et plutôt très angoissé, mais il faut bien que je me résigne. Après tout, Joanne sera là. Et qu’est-ce qui pourrait lui arriver, là-bas ? Je soupire une énième fois, essayant de me faire une raison. Il n’y a pas de raison que ça se passe mal, je me répète en boucle. Et c’est pour son bien, pour qu’il continue de s’épanouir. « Juste un après-midi par semaine, hm ? » je demande, bras croisés, au fond de ma chaise. Si j’y réfl��chis plus longtemps, je sais que je vais finir par m’enfoncer dans mes inquiétudes et rejeter l’idée en bloc, considérant qu’il est trop tôt –mais plus pour moi que pour lui, alors que je n’importe pas dans cette décision. « D’accord. » je finis par lâcher, forçant un sourire imperceptible. Pour esquiver toute suite de la conversation, je me tourne vers Daniel qui commence à fatiguer, la digestion demandant une bonne partie de l’énergie de ce petit corps. Je le tire de sa chaise haute et l’embrasse sur la joue. Comme hier soir, je lui montre comment envoyer un bisou à sa mère. Le concept du baiser invisible le laisse encore dubitatif. Je le dépose dans son lit, sans sa peluche. S’il la prend, il sera tenté de jouer plutôt que de se laisser endormir rapidement, et l’idée n’est pas de le récupérer dans une heure encore complètement endormi. « Petite sieste digestive, mon grand. Pas trop longue, tu pourras dormir dans la voiture plus tard. » je lui explique tout bas. Pas sûr qu’il comprenne, mais il ne ronchonne pas et s’étale dans le lit de tout son long, façon étoile de mer. Il aura tout loisir de dormir plus longuement sur le chemin du retour, deux ou trois heures selon le trafic une fois à Brisbane. Nous ne partirons pas trop tard dans l’après-midi afin d���être assez tôt à la maison, au moins pour l’heure du dîner. Là-bas, il sera sûrement en forme pour la soirée, et nous pourrons encore jouer un peu ou lire des histoires. Je retourne au salon et continue jusqu’à la cuisine pour rejoindre Joanne. Derrière elle, je passe mes bras autour de sa taille et loge mon visage dans son cou. Je reste ainsi de longues minutes, à simplement profiter de sa chaleur et de sa présence. Pas besoin de grandes discussions, un peu de silence ne fait pas de mal. Juste un moment d’affection. « Les week-ends sont toujours trop courts. » je murmure tout bas. « Et tu me manques un peu pendant la semaine. » Ils me manquent tous les deux. Même si je les vois tous les soirs, ce n’est pas pareil. Je suis sûr qu’elle voit de quoi je parle. Notre petite famille est trop fusionnelle pour se satisfaire de courts moments ensemble. Finalement, j’embrasse Joanne dans le cou, sur la joue, puis tendrement sur les lèvres. « Je vais aussi m’accorder une sieste avant de prendre la route. » Je ne suis pas spécialement fan de la conduite, je m’en fatigue assez vite. Mais j’aime avoir une belle voiture en revanche. Nous avons pris la mienne pour cette fois, et je tiens à la conduire –tout comme je laisse Joanne conduire la sienne. C’est une voiture puissante, peut-être un peu trop, et Joanne n’y est pas habituée. Autant éviter les accidents. « Je t’aime. » je lui glisse à l’oreille avant de me rendre dans notre chambre, où elle est libre de me rejoindre, pour veiller sur mes rêves comme elle y tient toujours.
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Jamie sera certainement le plus inquiet du couple à l'idée de placer Daniel dans une crèche, même si ce n'est qu'une demi-journée. Joanne le sera aussi, la première séparation avec lui, le confiant à des personnes qu'elle ne connaissait pas. Mais elle savait que son fiancé avait encore énormément de remords par rapport à l'enlèvement. Difficile de faire confiance aux inconnus, cela prendre certainement des années avant qu'ils puissent un tant soit peu oublier le kidnapping de leur si précieux bébé. Il prit tout de même le temps de réfléchir et finit par accepter, essayant de sourire pour marquer son approbation. Joanne voyait bien qu'il s'y efforçait. Il tentait peut-être de prévaloir le bien-être de son fils et d'estimer ce qui était le mieux pour lui par rapport à la boule au ventre qu'il avait à l'idée de confier son fils à une personne lambda. Son attitude laissait comprendre qu'il ne voulait pas prolonger la conversation, il finirait par se braquer par rapport à la proposition. Joanne lui caressa tendrement la joue, un sourire aux lèvres. Il était l'heure pour Daniel de faire une petite sieste digestive. Jamie prenait totalement charge le petit et se leva afin de l'emmener au lit. Il montra une nouvelle fois à Daniel comment envoyer un baiser à sa mère, celle-ci lui en envoyait un en retour avec quelques mots d'amour et un large sourire. Elle les trouvait tellement beaux, tous les deux. Une fois partis, Joanne se leva pour faire un peu de rangement. Quelques minutes plus tard, le bel homme la rejoignit dans la cuisine, passant ses bras autour de sa taille. Son visage logé dans son cou, il tenit juste à profiter un peu de sa chaleur, de sa tendresse. Joanne portait délicatement l'une de ses mains à ses cheveux pour les lui caresser avec amour. Il exprimait le manque qu'il ressentait en semaine. Joanne posa sa main libre sur l'une des siennes, effleurant sa peau du bout des doigts. "Juste un peu ?" lui demanda-t-elle tout bas, avec un léger sourire. Elle ne faisait que le taquiner un peu. "Le temps passera toujours trop vite lorsque nous serons tous ensemble. Les délais que nous auront seront certainement toujours insuffisants. Je trouve qu'on ne se débrouille pas mal, lorsqu'il s'agit de profiter au maximum de tous ces moments de famille." Elle frissonna en sentant ses lèvres se déposer dans son coup, puis sa mâchoire. Elle prolongea leur baiser tendre d'autant qu'elle le pouvait, jusqu'à ce qu'il dise qu'il voulait également se reposer. "Je t'aime aussi." lui répondit-elle. Alors que Jamie commençait son chemin vers la chambre, la jeune femme le rattrapa et croisa ses doigts avec les siens pour aller s'allonger avec lui en chambre. Elle ne savait pas vraiment si elle allait parvenir à s'endormir, mais elle voulait au moins se blottir contre lui, rester avec lui autant que possible, avant de revenir un petit peu à la réalité en rentrant à Brisbane. La jeune femme pensait qu'elle resterait là, à veiller sur lui, à pouvoir admirer ses traits alors qu'il dormait sereinement. Mais, bercée par la chaleur de Jamie, elle finit par s'assoupir elle aussi, même assez rapidement. Jamie dut la réveiller afin qu'il puisse charger la voiture avec tous leurs bagages. Mais à chaque fois, ils laissaient divers objets dans leur nouvelle maison, ils en laissaient à chaque fois un peu plus, leur permettant ainsi de s'approprier pleinement leur résidence secondaire. C'était sans véritable entrain qu'ils s’exécutèrent, peu enthousiastes de retourner à leur train-train quotidien. Daniel était encore à moitié endormi lorsqu'ils l'installèrent dans la voiture. Le trajet retour est assez silencieuse. Joanne avait comme d'habitude posé sa main sur sa cuisse, lui faisant quelques caresses de temps en temps. Ou elle venait lui massez la nuque, sachant qu'il n'aimait forcément conduire, que ça l'épuisait vite, surtout ses yeux. Ils purent tout de même profiter du reste de la soirée avec Daniel jusqu'à ce qu'il doive aller au lit, ayant encore beaucoup d'énergie à revendre. Jamie avait raison, ces weekends là étaient bien trop courts.