« A dans une semaine, bonhomme. » dis-je en serrant fortement Daniel dans mes bras. Il sent bien que ce n'est pas le câlin habituel. C'est le câlin qui dit au revoir pour quelques jours, et il n'aime pas beaucoup ça. Il rechigne presque à se laisser cajoler, comme si le refuser aller nous faire changer d'avis et rester. Il est bien trop petit pour comprendre pourquoi il ne nous verra pas et pourquoi il sera avec ses grands-parents toute une semaine. Même s'il n'a pas la notion du temps, il comprend que la période est plus longue que le temps de séparation habituel avec papa et maman. « Tu vas me manquer. » Je laisse Joanne l'embrasser encore une fois avant de le confier à Jane qui nous regarde l'air attendri. Elle sait ce que c'est de laisser derrière soi son premier tout petit pour quelques jours, et ça n'est pas simple. Me concernant, je crois que la dernière fois que j'ai été aussi longtemps séparé de Daniel remonte à mon aller-retour express à Londres pour régler les détails de l'enterrement de mon père. Et, celle d'avant, était quand celui-ci l'avait enlevé. Autant dire que cela n'a jamais été plein de réjouissances. Cette fois promet d'être bien différente, mais la séparation n'en est pas moins difficile. « Allez, vous allez rater votre avion si traînez encore. » Ca, c'est Jane qui nous met gentiment à la porte. Mais elle a raison, il est l'heure pour nous de nous rendre à l'aéroport en vitesse. J'envoie un dernier baiser à Daniel, et, commençant à comprendre le geste, il pose sa main près de son visage puis la tend vers nous. Il est adorable. « Qu'est-ce que ça sera quand il faudra tenir deux semaines pour notre lune de miel ! » je lance à Joanne dans l'escalier alors que nous descendons les étages du bâtiment jusqu'au parking. Les bagages sont déjà dans le coffre, en théorie, tout est prêt. Une fois enregistrés et installés à bord, nous nous envolons pour une vingtaine d'heures de trajet. Autant dire que le quota de discussions, de siestes et de films pour un mois est explosé en quelques heures. Pour cette fois, exceptionnellement, je me suis permis de louer un jet. Hors de question de perdre quatre heures de nos vies, sinon plus au moindre pépin, dans une escale à Singapour si nous pouvons nous l'épargner. Et puis, cela nous permet d'être entre tout, tout confort, et champagne illimité. Nous serons bien moins fatigués par le trajet si nous avons tout l'espace nécessaire pour nos jambes, des fauteuils confortables et un trajet parfaitement serein. Le jet-lag sera déjà assez important comme ça, autant s'éviter qu'il ne soit vraiment pénible. Pendant le vol, je vois parfois Joanne plancher sur son discours d'ouverture du gala. Je n'ose pas vraiment lui proposer mon aide, me disant que c'est une chose qu'elle aimerait achever toute seule. Et puis, elle sait bien que si elle a besoin de moi, il lui suffit de me le demander. Je passe des heures à regarder les nuages sans m'en lasser, et les villes que nous apercevons parfois. Je trouve toujours cela amusant de me dire qu'il y a tellement de vie qui fourmille juste en dessous de nous, mais pas seulement des personnes ; des ethnies, des cultures, des pays complètement différents les uns des autres au sol, mais qui se ressemblent tous de là-haut. Pas besoin d'être astronaute pour nous trouver si petits. Je recule régulièrement l'heure de ma montre, jusqu'au dernier fuseau horaire. Nos atterrissons sans encombre, deux jours avant le gala. La première journée nous servira sûrement à nous remettre du voyage, le second à finir les préparatifs du gala. Bien sûr c'est Ewan -ou Evan, ça ne veut décidément pas rentrer- qui nous accueille, souriant comme tout dans le hall de l'aéroport, s'extasiant d'avance d'enfin voir Joanne en chair et en os. Pour ma part, mes oreilles se ravissent de retrouver les sonorités anglaises de toutes parts. Il ne suffit que de ça pour se sentir à la maison.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était la première fois que Joanne se séparait aussi longuement de son fils, sans compter son enlèvement, et c'était particulièrement difficile pour elle. Les au revoirs traînaient sur la longueur et les deux parents faisaient tout prolonger encore un peu, rester encore avec Daniel. Celui-ci avait bien compris que quelque chose ne tournait par rond, que c'était des au revoirs un peu particuliers. Après que Jamie en ait fini, la jeune femme revint auprès de son fils pour l'embrasser encore une fois, lui glissant des tas de mots d'amour tout bas. Même s'il ne comprenait pas tout, il savait que c'était différent des quelques autres fois où ils partaient en weekend. Joanne avait un affreux pincement au coeur lorsque sa mère la rappela à l'ordre lui faisant comprendre qu'elle ne pouvait vraiment pas râter son vol. Installée dans la voiture, elle souffla un bon coup, et rit nerveusement à la remarque de son fiancé. "Il sera plus grand et comprendra encore plus ce qu'il se passe." A ce moment là, Daniel aura plus d'un an. La jeune femme peinait à réaliser. "J'espère que tout ira bien, que ses dents ne vont pas lui faire trop de misères." s'inquiéta-t-elle. Oui, la séparation était difficile, il était fort probable qu'ils parlent régulièrement de lui lorsqu'ils seront à Londres. Jamie avait réservé un jet privé pour se rendre sur place. Encore une première pour la jeune femme, avec un personnel à bord particulièrement agréable. Même si tout avait été fait pour que le voyage était agréable, Joanne était angoissée. Le pincement au coeur était devenu une énorme boule au ventre, par rapport au gala. Elle peinait à réaliser que c'était si proche, et elle avait tellement peur de faire des erreurs. Trop d'erreurs. Elle jouait nerveusement avec ses doigts, relisait et retravaillait sans cesse son discours, pas moyen de se détendre. Elle parvint à dormir tout de même quelques heures pendant le vol, mais le décalage horaire l'affectait beaucoup. L'avion atterrit à l'heure prévue. A l'aéroport, Ewan les attendait afin de les accueillir. Un large sourire s'afficha lorsqu'il reconnut Jamie et sa fiancée. "Bonjour et bienvenue." dit-il, en serrant chaleureusement la main de Joanne. Ewan était un homme qui avait la même carrure de Jamie, à peu de choses près. Ses cheveux étaient châtains, pas très longs, des yeux noisette et une barbe impeccablement rasée. Il avait beaucoup d'allure. "Vous avez fait bon voyage ?" leur demanda-t-il. "C'est toujours un petit long, mais ça s'est très bien passé." lui assura-t-elle avec un sourire. Joanne n'était pas vraiment habituée à de si longs voyages. Après tout, elle avait fait ses premiers pas à l'étranger l'année précédente. Il serra ensuite la main de Jamie en se présentant formellement. "Votre chauffeur est en train de s'occuper de vos bagages, laissez-moi vous accompagner jusqu'à la voiture." Il les invita à engager la marche, se mettant aux côté de la jeune femme. "Les préparatifs sont quasiment terminés, il y a eu quelques modifications de prévu, notamment des donateurs qui répondront finalement présents, mais tout a été pris en charge." lui expliqua-t-elle. "Mais je ne vais pas trop vous embêter avec ça aujourd'hui, prenez le temps de vous reposer." Ewan avait certainement vus les traits particulièrement marqués de la jeune femme, montrant un franc manque de sommeil, sans oublier le jet lag. Lorsqu'ils arrivèrent à l'extérieur, le conducteur terminait de charger la voiture. "Voici Franck, il sera votre chauffeur pour le weekend." Joanne le salua et lui adressa un sourire. "Je vous ai réservé une suite au Stafford, je ne sais pas si vous connaissiez déjà cet hôtel Mr. Keynes. Mais j'ai de nombreux amis qui y ont déjà séjourné, et je n'ai eu que des bons retours. Beaucoup de personnes me l'ont vivement recommandés. Le personnel vous y attend de pied ferme." Ewan avait un accent anglais particulièrement marqué, qui faisait toujours sourire Joanne. Non pas par moquerie, mais elle adorait l'accent anglais. Jamie disait l'avoir perdu, mais pour les oreilles de la jeune australienne, cela restait folklore et particulièrement plaisant, surtout lorsqu'il s'agit de la voix et de l'accent de l'homme qu'elle aimait. "Quant à moi, si ça vous va, je me permettrai de vous appeler demain en fin de matinée, juste pour avoir votre aval sur quelques points concernant le gala. Et, selon votre état fatigue, je pensais que je pourrai vous faire visiter la fondation demain après-midi." Joanne avait assez insisté pour cette visite. Mais Ewan devait jongler entre les appels pour le gala et la visite, il lui avait précisé qu'il ne serait pas toujours disponible. Du coup, il serait présent, mais la visite allait être guidée par certains membres du personnel, les plus haut placés après Ewan. Le conducteur attendait patiemment que la conversation se termine avant d'ouvrir la portière de la voiture à la jeune femme et à Jamie. "Reposez-vous bien, je vous revois dès demain. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à m'appeler je garderai mon téléphone auprès de moi tout le weekend." "Merci beaucoup, Ewan." dit Joanne, sincèrement reconnaissante. Il salua le couple et les regarda grimper dans la voiture avant de rejoindre la sienne. Durant le trajet, Joanne regardait l'extérieur. Tout était si différent à Londres par rapport à chez elle. Elle retrouvait le même sentiment que lorsqu'elle était dans un musée. Emerveillée par la moindre chose qu'elle trouvait incroyable, même si ce n'était qu'un détail. C'était très exotique, pour elle, particulièrement exclusif. La voiture s'arrêta donc devant un immense bâtiment en brique rouge, avec deux portiers au niveau de l'entrée, impeccablement vécu. Joanne était toujours impressionnée par la prestance de ce genre d'hôtels de luxe. On lui ouvrit la portière, on lui tendit même une main afin qu'elle sorte plus facilement du véhicule. Joanne remerciait chaque personne qui l'aidait, elle restait particulièrement courtoise et agréable auprès de chaque employé. On les guida jusqu'à la réception puis jusqu'à leur suite. Joanne restait très près de Jamie, quoiqu'elle avait tendance à ralentir le pas pour admirer l'intérieur de l'hôtel et ses décorations. Il disposait d'une cour intérieure particulièrement calme. Leur suite était sur deux étages, la chambre se trouvant en haut des escaliers, et, au rez-de-chaussée, un petit séjour ainsi qu'une petite terrasse offrant une belle vue sur la ville. Joanne savait que les décorations british étaient très, voir trop riches, donc elle ne savait pas à quoi s'attendre en entrant dans la suite. Elle y ressentait le côté britannique par le choix des meubles et de la décoration, mais elle appréicait beaucoup la sobriété des couleurs. Cela n'empêchait pas qu'il y ait une ambiance chaleureuse dans l'ensemble de la suite. C'était peut-être idiot, mais elle adorait la charpente laissée visible dans leur chambre. Assise au bord du lit, elle finit par demander à Jamie. "Alors, Mr. Keynes ? Vous êtes les plus connaisseur de nous deux en matière d'hôtel. Celui-ci répond-il à vos attentes ?" Elle lui souriait tendrement. "L'inexpérimentée que je suis l'aime beaucoup." Elle ne savait si son avis importait ou non, mais elle tenait à le partager quand même.
Alors voici Ewan. Je reste un peu en retrait des discussions entre lui et Joanne pendant que nos bagages sont transportées jusqu'à la voiture qu'il nous a réservés. Au moins, il a assez de jugeote pour nous prendre un chauffeur pour le week-end. J'avoue l'attendre au quart de tour sur de nombreux détails pour savoir à qui j'ai affaire. Si cet homme a connu et travaillé avec Edward par le passé, il y a des choses qu'il doit savoir sur la manière d'accueillir et traiter les membres de la fondation qui sont au dessus de sa tête. Ewan s'en sortait si bien, jusqu'à ce que je tique sur un élément qui a son importance. De là, l’au revoir est plus froid que le bonjour, et je suis presque heureux pour lui d'être trop fatigué par le voyage pour lui faire la moindre remarque assassine. Je ne souhaite qu’arriver à l'hôtel. Si le nom me dit vaguement quelque chose, je n'en sais pas plus sur cet endroit. Il faut dire que les natifs ont rarement l'occasion de tester les chambres des hôtels de leur propre ville. La fatigue se fait sentir par le silence qui règne dans la voiture pendant le trajet. Je garde toujours une main sur celle de Joanne, mais nous n’échangeons pas un mot. Nous avons amplement assez discuté dans le jet. Nous arrivons donc dans cet hôtel qui me semble être le stéréotype light et internationalement reconnu comme ce qu'est l’environnement anglais afin que n'importe quel touriste en quête de folklore ne soit ni déçu, ni agressé par ce qui est vraiment typique de chez nous. Du folklore aseptisé. Qu'importe, nous ne serons là que deux ou trois nuits. Nos bagages déposés dans la chambre, mon regard tombe sur les fleurs sur le petit bureau de la suite. “Excusez-moi. Sortez-moi ça, s'il vous plaît.” je demande, malgré la courtoisie, sûrement plus froidement que je ne l'aurais voulu. Mais il est hors de question que j'aperçoive le moindre lys sur une table de chambre d'hôtel jusqu'à la fin de mes jours. Une fois seuls, mon regard glisse un peu partout. La vue est à pleurer et j'apprécie rarement les suites avec mezzanine, mais le service est bon et l'endroit semble plaire à Joanne. “Ça conviendra, pour le week-end.” dis-je en haussant les épaules. Sans plus. Je me penche sur ma fiancée pour l'embrasser tendrement -elle est sûrement la seule personne à avoir droit a une touche de douceur de ma part depuis que nous avons atterri. “Ton Ewan m’a appelé Monsieur. Il a perdu des points.” Même si je ne suis pas le plus à cheval sur l'étiquette qui soit, il est des circonstances où elle est immuable. Des moments où tout le monde doit être à la place qui est sienne. Est-ce qu'il se serait permis l'erreur pour mon père? J'en doute. Pas sans perdre son travail dans la minute ou vivre un enfer pendant les prochaines semaines. C'est un manquement qui ne sera pas oublié. Mais me faire tiquer à ce point aura au moins eu pour effet de me faire retenir son nom. “Je crois que si je m'assois ou m'allonge, je m'endors dans la seconde.” dis-je en faisant les cent pas. Si je m'endors, je serai debout au milieu de la nuit et en parfait décalage dès le premier jour. Mieux vaut éviter, quitte à se coucher tôt ce soir. “Je vais plutôt expérimenter la salle de sport. S'il y en a une.” Oui, ceci est du dédain comme j'en fais rarement usage. Je prends la notice de l’hôtel pour vérifier qu'il existe bien un espace de ce type. Si on omet la moquette vert pomme, les équipements sont corrects. En revanche, pas de piscine, pas de spa. Bravo Ewan. Je lève les yeux au ciel. “Commandes toi un massage en attendant, peut-être? Ça te fera du bien après toutes ces heures d'avion. Ils n’en font pas ici, mais si tu appelles la réception, ils t’en trouveront un.” Ce sera loin d’être la requête la plus étrange qu’ils auront de la journée, ni la plus indiscrète. Pour les clients importants, ils trouvent toujours.
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Le milieu dans lequel Jamie avait grandi lui permettait de pointer du doigts des détails que Joanne n'aurait jamais remarqué. Peut-être que ça viendra à force de se rendre dans des établissements de luxe, mais elle s'arrêtait souvent au confort de la chambre, à sa décoration, ne faisant pas nécessairement attention au service et aux salles mises à disposition. Jusqu'ici, ce n'était même pas la peine de jeter un oeil au prospectus de l'hôtel, elle n'aurait pas eu les moyens de se permettre ce genre de choses. Jamie était extrêmement exigeant, pour ne pas dire presque imbuvable, ne laissant pas la place à la moindre erreur. La jeune femme faisait preuve de beaucoup plus de tolérance. Il y avait la fatigue du voyage et du décalage horaire en prime, ça n'aidait pas vraiment. Le bel homme demanda un peu sèchement à ce qu'on lui retire le bouquet de fleurs qui était sur la table. Il prit le temps d'observer la chambre et il avait un avis bien mitigé la concernant. Joanne se disait qu'il devait certainement déjà avoir hâte de quitter l'hôtel. Ce n'était l'affaire que de quelques nuits. Joanne étant assise au bord du lit, son fiancé se pencha pour l'embrasser tendrement. Il était seulement agréable avec elle depuis qu'ils avaient atterri. "Je te l'ai déjà dit, ce n'est pas mon Ewan." répliqua-t-elle doucement. "Il n'y a que mon Jamie." Elle lui sourit tendrement. Joanne se doutait que quoi qu'elle dise, il fera son propre avis concernant l'employé de la jeune femme, et celui-ci s'était déjà fait mal voir. Mais il n'avait encore dragué Joanne d'une façon ou d'une autre, Jamie allait certainement faire très attention à cela. Elle savait qu'il n'hésiterait pas à le faire virer s'il allait trop loin selon lui. "Tu vas le tester pendant tout le weekend ?" lui demanda-t-elle doucement. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle posait cette question, elle connaissait déjà la réponse. Il allait placer la barre très haute, et Ewan avait plutôt intérêt à ne plus faire d'erreurs. Jamie ne voulait pas s'asseoir ou se coucher, se connaissant pour savoir qu'il s'endormirait rapidement. Il voulait se défouler dans la salle de sport, s'assurant d'abord que l'hôtel en dispose d'une. Jamie jetait un oeil sur tous les services proposés et leva les yeux au ciel. Joanne en déduisit qu'il n'y avait certainement pas ce qu'il fallait, un minimum syndical que l'hôtel n'avait apparemment pas. Joanne finit par se lever pour caresser tendrement le dos de son fiancé alors que celui-ci lui suggérait qu'elle se fasse faire un massage pour la détendre un petit. Il lui assura qu'elle pouvait appeler la réception pour cela même si ce service ne se trouvait pas dans le bâtiment. Mais il semblait évident qu'on lui trouve le meilleur masseur de Londres dans les temps voulus. "C'est une bonne idée, oui." dit-elle, bien qu'elle n'était absolument pas habituée à ce genre de choses. "J'aimerais encore relire mon discours avant." Ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de meilleur à faire, de lire et relire encore et encore le même texte, surtout que Joanne n'était absolument pas reposée. Joanne enlaça Jamie et échangea quelques baisers avec lui avant qu'il n'aille se changer pour se rendre à la salle de sport. Pendant ce temps, Joanne appela la réceptionniste, qui se précipita dans la seconde pour un trouver un professionnel adapté. Elle était surprise de la rapidité de réponse à sa demande. Ses yeux peinaient à relire sa propre écriture alors qu'elle attendait le masseur au rez-de-chaussée de leur suite. A côté des canapés, il y avait largement de la place pour placer la table de massage. Le professionnel vint avec tout son matériel, un employé de l'hôtel l'aidant à tout porter et tout installer dans la suite. Il l'invita à se déshabiller, ne gardant qu'un seul sous-vêtement. La pudeur revenant au grand galop, elle refusait de montrer sa poitrine au jeune homme, même s'il devait largement en voir à longueur de journée. Mais il était très attentif aux demandent de la belle blonde, et respectait ses requêtes. Allongée sur le ventre, on disposa une serviette au plus bas de son dos, soigneusement pliée pour qu'elle ne recouvre que son postérieur. Malgré tout, Joanne se sentait particulièrement nue, et était déroutée qu'il y ait les mains d'un autre homme sur elle, même si ce n'était que pour un massage. Il ne fallait pas se mentir, ses massages étaient divins et bien relaxants. Tous les rideaux étaient fermés, un paravent était également installé afin de préserver un minimum d'intimité, si jamais quelqu'un entrait dans la chambre. La réception de l'hôtel s'était assurée de trouver un masseur qui pourra être disponible aussi longtemps que Joanne le désirera. Et pour le moment, elle ne voulait pas qu'elle s'arrête. Bien qu'elle connaissait les mains de Jamie par coeur et qu'elle pourrait les reconnaître parmi toutes, mais elle se plaisait à imaginer que c'était celles de Jamie. Le masseur s'occupait aussi de ses jambes, de ses bras, de sa nuque, faisant même un massage capillaire. Il avait la voix suffisamment douce pour ne pas perturber le silence de la pièce lorsqu'il lui proposait un soin, ou qu'il s'assurait qu'elle aille bien. Ca aidait Joanne à se vider un peu l'esprit, aussi. Quand Jamie revint dans la chambre, on était encore en train de s'occuper d'elle.
Il n’y a bien que Joanne à qui j’épargne la mauvaise humeur due à la fatigue du voyage. Du reste, les mots et le ton dépassent par moment ma pensée, mais je suppose qu’après une vingtaine d’heures d’avion et un immense décalage horaire, cela se comprend. Pour le moment, mon avis sur Ewan est mitigé. Je souris en coin, Joanne n’aime pas que je dise que c’est son Ewan, elle me pense jaloux. Je le suis peut-être un peu. Quoi que, un peu moins depuis que j’ai pu noter quelques manquements, à commencer par respect de l’étiquette et goût. « Il faut bien que je m’assure qu’il est à la hauteur. » je réponds à Joanne qui doit espérer que je ne mettrai pas trop de pression sur cet employé qu’elle apprécie et qui a été bon avec elle. Elle sait que je ne raterai rien et que je sais devenir le cauchemar de n’importe qui si je le veux, elle souhaite sûrement que je lui épargne cela. Mais il n’est pas que question de méfiance vis-à-vis d’un homme qui travaille avec ma fiancée de manière étroite. « Tu imagines si demain soir tous les titres sont oubliés ? Tu pourras dire adieu au moindre centime de leur part des plus exigeants. » Et ce sont ceux-là qui savent être le plus généreux lorsqu’ils sont brossés dans le sens du poil. Cela relève du respect pour eux, ce n’est pas qu’un caprice. Bien sûr, d’autres sont moins tatillons et à cheval sur ces convenances, ils peuvent faire fi des erreurs et des détails. Sauf que l’idée est que cet événement soir le plus réussi possible. Sans fausse note majeure. Peut-être que ce gala me rend aussi nerveux, au final. Cette fondation est mon unique héritage, et celui de mon frère. Je ne peux pas accepter un seul pas de travers. Peut-être que j’aurais dû faire la remarque à Ewan. La main que passe Joanne sur mon dos me fait réaliser à quel point je suis tendu. Tous mes muscles sont crispés et mes nerfs à vif. Je continue de mettre ça sur le compte du voyage. Pour que la jeune femme puisse se détendre aussi, je lui suggère de se faire commander un massage dans la chambre. Elle en a sûrement besoin. Pour ma part, j’enfile le jogging que j’ai apporté, sachant que je n’arriverais pas à tenir deux semaines sans au moins aller courir, et attrape de quoi me changer après la séance. Je file après un dernier baiser. Comme sur la brochure, la salle est d’une couleur ignoble mais le matériel très bon. Seuls deux ou trois autres clients s’y trouvent, il y aura plus de monde en fin d’après-midi. Je passe là deux bonnes heures sans voir le temps passer. A la fin, si mon corps est un peu plus fatigué qu’à l’atterrissage, il est aussi plus détendu, tout comme mon esprit. Avec de la chance, les prochaines personnes qui me croiseront seront épargnées. Je prends une douche dans les vestiaires, ce qui me donne un bon regain d’énergie. Puis, changé, je retourne à la chambre. J’arque un sourcil amusé en tombant sur le paravent lorsque j’ouvre la porte. Il y a un parfait silence qui règne. J’avance sans faire de bruit afin de ne pas perturber la quiétude de ma fiancée. Elle semble complètement à son aise sur la table de massage, entre de bonnes mains. Je relève les manches de ma chemise et fais signe au masseur de me laisser la place quelques secondes avec un sourire complice. Je reprends ses mouvements sur la peau de Joanne à l’exact endroit où il les avait laissées afin qu’elle ne devine pas de perturbation dans la continuité du geste. Mais je me demande si elle devinera que les mains ne sont plus les mêmes. Au bout de quelques minutes, je me penche à l’oreille de la jeune femme ; « Tout est à votre convenance, Miss Prescott ? » Puis je dépose un baiser sur son épaule avant de la remettre aux mains du vrai masseur. « Je vous la rend. » Le temps qu’il finisse, je prends place dans un fauteuil du petit salon de la suite avec le livre que j’avais débuté dans l’avion, mes lunettes sur le nez pour épargner à mes yeux plus d’exercice que nécessaire. Je jette de temps en temps un coup d’œil à Joanne qui profite encore comme il se doit. Lorsque la séance est terminée, d’appelle le service d’étage afin que les employés aident à démonter et débarrasser le matériel. Cette fois, je remercie bien plus chaleureusement tout le monde avant de fermer la porte derrière eux. « Mes pauvres massages amateurs ne trouveront plus grâce à tes yeux après ça. » dis-je à Joanne en retournant dans mon fauteuil, lui volant un baiser au passage. Je jette un coup d’œil à ma montre et constate que mon petit creux est bien justifié. Je crois qu’un assortiment de club sandwichs ne serait pas de refus. « Je comptais commander de quoi déjeuner un peu, tu veux quelque chose ? » Un massage ouvre souvent l’appétit.
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Ce que disait Jamie rappelait à Joanne qu'il fallait bien aussi qu'elle prenne compte des titres de chacun des donateurs qui seront présents le lendemain. Bien sûr, chacun lui sera présenté, ne connaissant pas leur visage. Mais il y allait certainement avoir des my Lords à tout va. Cela lui rappelait que d'ici quelques mois, ces personnes de la haute société devront faire pareil avec elle, adoptant le même titre que son futur mari. C'était surtout honorifique, mais c'était étrange quand même, de savoir qu'elle allait monter en grade juste comme ça. Plus les jours approchaient du gala, plus elle était nerveuse. Il y avait tellement de choses auxquelles elle devait penser, tellement de choses qui allaient se passer, c'était à en perdre son latin. Jamie n'allait pas la laisser seule, c'était certain, mais il fallait admettre qu'il y aura beaucoup de choses qu'elle devra faire par elle-même. Le bel homme vola un baiser à sa belle avant de filer se défouler un peu. Pendant ce temps, Joanne était prise en charge pas des mains doués de talent en matière de massage, c'était certain. L'hôtel avait choisi la bonne personne. Joanne se laissait bercer par ces mouvements répétitifs. Le masseur s'attardait surtout au niveau de ses lombaires, et au niveau de ses épaules et de sa nuque. Entre le voyage et le stress, il y avait certainement beaucoup de muscles à détendre. L'huile appliquée donnait une impression de chaleur particulièrement agréable. A un moment, le message s'interrompit brièvement, et Joanne sourit largement lorsqu'elle sentit les mains de son fiancé masser sa peau. Ce n'était pas la même douceur, pas la même fermeté, par la même application. Des petits riens qui faisaient toute la différence, et qui permirent à la jeune femme de différencier ces dix doigts. Elle rit doucement en entendant la voix de Jamie près de son oreille et frissonna à son baiser. Tout était définitivement différent lorsque c'était la personne que l'on aimait qui massait, Joanne pouvait le confirmer. "C'est parfait." dit-elle tout bas. Le bel homme laissa place au professionnel afin qu'il puisse terminer la séance. A la fin, il invita à Joanne de se lever, allant de l'autre côté du paravent pour la laisser enfiler son peignoir afin de respecter sa pudeur. Une fois rhabillée, Joanne remercia chaleureusement le masseur, ayant adoré cette séance - ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion d'être prise en charge par un professionnel. Celui-ci lui donna une carte, lui précisant qu'elle n'hésite pas à appeler si elle est dans le coin et qu'elle ait envie d'une séance. Le personnel aida à tout ranger rapidement et la jeune femme ferma la porte derrière eux, remerciant encore une fois le masseur pour ses services. Jamie l'embrassa rapidement avant de retourner dans son fauteuil. Elle rit doucement à sa remarque. Elle s'installa sur ses genoux, passant ses jambes par dessus l'accoudoir. Une position on ne peut plus confortable. "Tes mains sont divines." lui dit-elle au bord de ses lèvres. "Puis, si jamais tu veux t'essayer, je te servirai de cobaye avec grand plaisir." lui dit-elle au bord de ses lèvres, avec un large sourire, avant de l'embrasser tendrement. Il lui proposa ensuite de grignoter un petit quelque chose. Il était vrai que le long massage lui avait ouvert l'appétit. "A vrai dire, je mangerai bien des tagliatelles à la carbonara." finit-elle par dire après un long moment de réflexion. "Et un fondant au chocolat, si j'ai droit à un dessert." ajouta-t-elle en riant, les yeux enfantins. Joanne se blottit contre lui quelques minutes. Elle l'embrassa dans le cou. [color=#006699]"Je vais prendre une douche, rapidement." [/clor]lui dit-elle en se levant, après lui avoir volé un baiser. Sous le jet d'eau chaude, l'huile éparpillé sur son corps se détachant de sa peau. Et puis, après le vol, la douche lui fit le plus grand bien. Joanne enfila ensuite une petite robe bleue et rejoignit Jamie, toujours plongé dans son livre. Il avait certainement déjà appelé pour commander le repas. "Après mangé, tu me montreras d'autres recoins de Londres ?" lui demanda-t-elle en s'installant confortablement sur le canapé. Après quoi, elle le laissait continuer à bouquiner tranquillement jusqu'à ce que les plats commandés n'arrive et soit servi comme il se doit. Ils laissaient le service de chambre quitter leur suite avant de songer à s'installer à table. "Comment était la salle de sport ?" lui demanda-t-elle alors qu'elle enlevait la cloche qui maintenait la chaleur du plat.
Ma fiancée décide qu'elle prendra place sur mes jambes. Je dois abandonner mon livre sur le côté un instant pour la prendre un peu dans mes bras. Elle m'assure que mes massages sont aussi bien, me faisant un peu rire -et penser qu'elle exagère sûrement beaucoup. Je me souviens de la première fois qu'elle a eu droit à un massage de ma part, nous prenions un bain ensemble, et cela lui avait déjà beaucoup plu à ce moment là. Il est vrai que ce n'est pas quelque chose que je fais spontanément très souvent, mieux vaut me le réclamer -et d'ailleurs, cela a déjà été le cas, Joanne m'ayant demandé une séance avec l'huile qu'elle avait achetée, et je n'ai toujours pas répondu présent pour cela. Je crois qu'elle me glisse encore une fois cette commande en me proposant de jouer les cobayes. « C’est si gentiment proposé. » je réponds avant qu'elle ne m'embrasse. « Je m’exercerai sur votre joli corps alors. » Cette fois, il serait bien que je m'en rappelle et que je m'y tienne, sinon Joanne pourrait finir par m'en tenir rigueur. Alors que ce n'est pas comme si elle demandait grand-chose tous les quatre matins. Lorsque je lui propose de déjeuner, je m'attends plutôt à un refus de sa part, elle qui mange comme un oiseau. Le jet-lag aurait pu lui couper l'appétit jusqu'à ce soir, mais au lieu de ça, elle demande un plat de pâtes en sauce et même un dessert. Je sais bien qu'elle vit parfaitement en mangeant peu et qu'elle sait se gérer comme une grande, mais je préfère toujours la voir avec un peu plus d'appétit. J'ai toujours peur que on régime ne soit pas suffisant pour la garder en bonne santé et qu'elle s'affaiblisse elle-même, qu'elle ne se donne pas assez de force. On est ce que l'on mange, comme qui dirait, et les repas de Joanne sont aussi petits et discrets qu'elle. « Tu as le droit et le devoir de prendre un dessert. » dis-je avec un sourire. Après quelques minutes de câlin, la jeune femme se décide à aller se rafraîchir à son tour. Je la regarde filer avec un petit air attendri. Elle est vraiment si mignonne. Alors que le jet de la douche retentit dans la suite, je m'occupe d'appeler le room service pour nous faire apporter le déjeuner. Je me garde toujours l'esprit occupé en lisant mon livre afin de ne pas écouter la fatigue, et cela fait passer le temps plus vite. Joanne réapparaît en un rien de temps ainsi, proposant que nous allions faire un tour dans Londres après manger. « Hmh, pourquoi pas. » je réponds, distrait, mais l'information est bel et bien montée jusqu'au cerveau qui s'active déjà pour savoir où emmener la jeune femme aujourd'hui. Un endroit qui ne soit pas trop loin, où nous pourrions aller à pied pour prendre l'air et nous dégourdir les jambes, voir la ville. Quelque chose d'intéressant mais qui ne sollicite pas trop de liaisons neuronales non plus. Cela sonne comme un musée, mais je ne sais pas encore lequel. Il faut dire que ça ne manque pas à Londres. Le déjeuner ne tarde pas à arriver. Le tout nous est installé sur le petit espace salle à manger à l'arrière du salon. Je m'installe face à Joanne. Mes sandwichs m'iront très bien, je préfère manger léger quand mon corps est fatigué par un voyage. Pour converser, ma petite blonde cherche à savoir si la salle de sport a trouvé grâce à mes yeux. « Elle est très… verte. » je réponds avec un petit rire. « Je ne sais pas qui a eu cette idée, mais la moquette vert pomme est une abomination. Du reste, c'est correct. » Je hausse les épaules. Sans plus, comme à peu près tout ici. Oh, je comprends qu'on puisse s'en contenter et même beaucoup aimer l'endroit, tout dépend de son niveau d'exigences et de ses goûts. Ce n'est pas un mauvais hôtel. Ce n'est tout simplement pas assez bien à mes yeux. D'un autre côté, je me dis qu'il vaut mieux éviter que dix pour cent du budget pour le gala passe dans notre suite et que nous nous contentions d'un peu moins bien que ce que j'aurais choisi, d'autant plus que nous ne restons pas longtemps. Cela me fait penser que je dois appeler au domaine pour savoir si la bâtisse est prête. Nous terminons de déjeuner assez rapidement, et ma réflexion en arrière plan a porté ses fruits ; « Je sais quel endroit je vais te montrer. Je pense que tu vas aimer. » j'annonce avec un sourire. Nous prenons donc le strict minimum avec nous et quittons l'hôtel. Nous sommes à deux pas de Buckingham Palace, mais je me dis que c'est une balade que nous pourrons faire un peu plus tard, juste avant ou juste après le dîner, quand le ciel aura de belles couleurs et que l'endroit sera encore plus charmant. De jour, avec les touristes, il perd de son intérêt. Nous partons donc plutôt vers l'est de la ville, en longeant la Tamise et passant devant quelques beaux ponts à travers le quartier Temple. Il est d'autant plus calme que ce sont les vacances scolaires, et l'on y trouve surtout des écoles de droit et le conseil du barreau de Londres. Un tas de grands bâtiments très majestueux, car la Justice aime être joliment parée. Notre premier arrêt est la cathédrale Saint-Paul, passage obligé. Je pourrais passer des heures le nez levé sous la coupole à observer le plafond, et les sculptures logées tout là-haut entre deux colonnades. On se perd facilement dans la contemplation de ces hauts murs blancs et dorés, le travail étant d'une minutie et d'une attention jusqu'aux clés de voûte. Contrairement à bon nombre d'églises et de cathédrales, celle-ci baigne dans la lumière. Le prochain arrêt, à quelques minutes de marche de là, est la galerie Guildhall. Classique et contemporain se côtoie dans ces couloirs colorés bordés de peintures et de sculptures. La collection est particulièrement riche et comporte quelques œuvres de maîtres, dont un Rembrandt qui m'absorbe pendant de longues minutes. Avec un sourire malicieux, je finis par entraîner Joanne de l'autre côté d'une porte, puis tout un bas d'un escalier. « Viens, tu vas adorer ça. » Là, cachées, se trouvent les ruines d'un grand amphithéâtre romain.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne s'était déjà demandée si son fiancé se refusait tout simplement de la masser parce qu'il craignait lui faire mal. Comme pendant longtemps durant leurs ébats, ou les contacts physiques, où il mesurait sa force pour ne pas qu'elle se brise en deux. Sauf quand les émotions surgissent de plus belle et qu'il est impossible de se contrôle, comme le jour où Joanne était revenue de Perth. La jeune femme sourit en entendant qu'il s'essaierait volontiers à cet exercice. Ce n'était pas quelque chose qui allait déplaire, ni pour l'un, ni pour l'autre. Elle nota une légère surprise dans son regard lorsqu'elle demande à manger quelque chose. Mais une belle surprise. Surtout que la jeune femme avait choisi un plat qui n'avait rien de diététique, mais elle se disait que ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas mangé. Elle demanda même si elle pouvait prendre un dessert, ce que Jamie accepta bien sûr. Elle fila ensuite à la douche et le couple s'installa à table pour manger. Joanne était rassurée de voir que son plat était correctement dosé. Lorsqu'il s'agissait de pâtes, les restaurants avaient souvent tendance à bien trop doser la portion, sans nécessairement prendre en compte la sauce. Là, la quantité n'était pas trop importante, très bien présenté, et cela suffit largement pour la jeune femme. Elle mangea ensuite avec délice son fondant au chocolat, tout en buvant de l'eau à côté. Ils discutaient de la salle de sport, Jamie partageant qu'il n'avait absolument pas aimé la couleur choisie pour la moquette. La jeune femme devinait bien qu'il avait un avis très mitigé concernant l'hôtel. Elle le regarda avec tendresse, espérant que ça ne l'empêche pas de passer une bonne nuit. A la fin du repas, l'Anglais avait un grand sourire dessiné sur ses lèvres, ayant apparemment programmé leur après-midi à Londres. Il avait certainement opté pour des lieux pas trop loin et ne sollicitant pas trop leurs méninges car leur état de fatigue les empêchait de réfléchir correctement par moment. La jeune femme se laissa donc guider par l'expert. Le pas n'était pas pressé, ils avaient du temps devant eux, après tout. Les iris bleus de Joanne scrutaient les moindre détails des bâtiments qu'elle longeait, émerveillée par l'architecture et la sculpture de certains. Il faisait beau et bon, il y avait déjà comme un parfum de vacances même si elle avait encore une chose à faire avant de sentir ses épaules plus légères. Jamie l'emmena dans un premier temps dans une cathédrale. Impossible de ne pas lever la tête pour admirer les peintures au plafond. Joanne ne voyait pas tous les jours des lieux religieux de cette envergure. Ca la passionnait. Elle aurait pu y rester bien plus longtemps s'ils n'avaient pas continué leur petit circuit, dont la prochaine étape était la Guildhall Art Gallery. Un lieu tout aussi intéressant pour elle, elle se penchait bien plus sur les oeuvres classiques que contemporaines. C'était une histoire de goût et d'intérêt, rien de très surprenant de sa part. Des immenses couloirs hébergeaient une multitude de tableaux, que Joanne regardait attentivement, un par un. Elle pourrait y rester pendant des heures entières, dans ce genre de musées. Mais Jamie tenait apparemment à l'emmener dans un lieu tout particulier, et cela intrigua beaucoup la jeune femme. Sa main logée dans celle de Jamie, elle lui suivit jusqu'à ce qu'il passe une porte. Elle en était bouche bée. Il y avait des ruines d'un amphithéâtre romain autour duquel le musée avait reconstitué le reste à l'aide de lumières et d'hologrammes. Sans trop faire attention à Jamie elle s'aventura dans cette immense salle, les étoiles plein les yeux. "C'est incroyable." dit-elle tout bas. Elle trouvait l'idée on ne peut plus ingénieuse, d'avoir voulu reconstitué de cette façon, un mélange d'authentique et de modernité. Il y avait ce sourire d'émerveillement dont elle ne pouvait retirer de son visage. "Ca me fait penser à notre voyage de noces." dit-elle après plusieurs minutes de contemplation. "Tu imagines tout ce qu'on y verra ? Le Colisée, Le Forum Romain, la Santa Maria del Fiore à Florence, Pompéi..." Elle se perdait dans son énumération. C'était inimaginable pour Joanne, de visiter des lieux chargés d'histoires depuis des milliers d'années. Et il y avait toujours ces structures, ces immenses monuments pour rappeler l'immensité des rêves des hommes à cette époque là. Ca l'emballait tellement que ça lui en donnait des frissons. "Ce musée est vraiment bien fourni, il est magnifique." Elle passa un bras autour de la taille de son fiancé, mais ses yeux se perdaient toujours autant dans ce qui l'entourait. Joanne avait aussi un brin de nostalgie, se disant qu'elle adorerait être conservatrice dans un musée aussi riche et bien fourni. C'était déjà bien loin derrière elle, à ses yeux, et il y avait des périodes où ça lui manquait beaucoup quand même. "Merci de m'avoir emmenée ici. C'est juste fantastique." lui dit-elle tout bas, avant de l'embrasser tendrement. Ils finirent par sortir du musée, et trouvèrent un café avec une belle terrasse où ils s'installèrent pour boire un verre. Joanne commanda une boisson fraîche, c'était de rigueur avec la température extérieure. Mais ils s'étaient perdus dans le musée pendant quelques heures, et le soleil commençait à être moins agressif pour la peau de la jeune femme, elle pouvait se permettre de s'exposer un petit peu, gardant malgré tout ses lunettes de soleil sur le nez. Impossible d'y voir quelque chose sans, avec des iris aussi clairs. Le quartier était paisible, il n'y avait pas trop de circulation. Et le silence était de rigueur. Avec leur état de fatigue, tous les bruits étaient amplifiés et devenaient bien peu agréables. "Il doit y avoir tellement de musées ici. Tout type d'art, de toute époque. Ca doit être merveilleux" dit-elle finalement d'un ton rêveur. "Je suis certaine qu'il y a matière à nous perdre des jours durant." Elle riait un peu, se sachant réaliste. Ils en étaient parfaitement capables. Et puis, ces sorties permettaient à Joanne de penser à autre chose qu'au gala du lendemain, ça reposait un petit peu ses neurones mis à rude épreuve depuis plusieurs semaines déjà.
La marche à travers Temple jusqu'à ce musée avait pou but de lui montrer cet endroit. Je savais que ma fiancée amoureuse d'Histoie adorerait découvrir ces ruines, en écho à nos plans pour notre lune de miel. Je savais qu'elle serait sensible à cet inattendu morceau du passé dissimulé sous la galerie. Beaucoup de gens oublient que les Romains ont bien traversé la Manche pour arriver jusqu'ici, et qu'ils ont longtemps dominé Londres -ou qu'importe le nom que la ville avait à l'époque. Il y a des vestiges de cette époque, mais c'est ce grand amphithéâtre mon favori. Un endroit caché sous nos pieds dans un lieu où l'on ne s'y attend pas. Ce n'est pas comme si le musée avait été construit spécialement pour elles et y donner un accès ; les ruines ont été trouvées complètement par hasard. Elles sont un peu magiques pour moi. « J'adore l'esprit de cet endroit. Je trouve qu'ils ont réussi à le conserver et le compléter sans le dénaturer. Il y a quelque chose. » Un je-ne-sais-quoi vraiment charmant et inspirant. Malgré la salle très sombre, les éclairages et les hologrammes ici et là, le mélange des deux époques est ingénieux qu'aucun n'empiète sur l'autre. Mon imagination se projette facilement dans cet endroit à l'heure de sa construction, et je me demande tout ce qui se disait ici. Peut-être que Joanne et moi, ou d'autres versions de nous, avons connus cette époque. C'est peut-être pour ça que la jeune femme aime tellement tout ce qui touche à l'Italie. « Encore un peu de patience. » je lui murmure en déposant un baiser sur son front, l'entendant avoir tant hâte de faire ce fameux voyage. Mais cela attendra encore des mois. Après tout, avant la lune de miel, il y a le mariage. Et lui est bien plus proche. Je passe un bras autour des épaules de Joanne et l'étreint légèrement. « Je t'avais dit que ça te plairait. Il est bien plus modeste que le British Museum, mais je l'aime bien quand même. » Il y a moins de monde, ce qui n'est pas plus mal. Après avoir traîné encore un moment, nous quittons la galerie pour nous trouver un café non loin de là, et puisqu'il fait bien beau, malgré l'heure du thé, je demande un soda pour me rafraîchir un peu. D'accord, un thé glacé. J'ai gardé les manches de ma chemise relevés, et les premiers boutons défaits, lunettes de soleil sur le nez. Le quartier est calme, nous pouvons nous reposer tout en étant en ville. Ce ne sont pas les musées qui manquent à Londres, alors oui, nous pourrions les visiter un par un toute la semaine. « J'en connais quelques uns, assez petits, peu fréquentés, mais de vrais bijoux. J'aimerais beaucoup te les montrer. » Des hôtels particuliers, des cabinets de curiosités, des endroits auxquels on ne songe pas, où l'on ne reste pas longtemps, mais qui font forte impression. « Il faut que je négocie une visite avec l'association qui tient l'un d'entre eux, ils le ferment en été. » Au grand public, en tout cas. Mais s'ils le réservent pour des événements particuliers, ils peuvent bien nous en ouvrir les portes une petite heure pour que j'en montre l'intérieur à ma fiancée. Cela attendra que le gala soit passé. Nous quittons le café vers cinq heures ; restés dans les alentours de l'hôtel, nous ne prendrons pas plus d'une demie-heure de marche pour y retourner, ce qui nous laisse encore du temps pour nous balader aux alentours. « Hm, il y aura encore trop de monde à Buckingham quand nous arriverons à l'hôtel. Du coup, je pense qu'un brin de shopping s'impose. » Il y a Piccadilly non loin de là, mais honnêtement, ce ne sont pas dans les boutiques de ce quartier que l'on me trouvera. J'ai une toute autre destination en tête alors que nous marchons en rebroussant chemin par de petites rues pour nous tenir éloignés de l'agitation de la ville. « Je te défie de quitter Bond Street sans un achat. » dis-je avec un petit rire alors que nous arrivons dans l'incontournable rue du shopping de luxe, des créateurs et des designers, mais aussi des galeries et des antiquaires aux pièces rares et précieuses, sans oublier certaines de boutiques qui sont en contact direct avec la reine pour la parer elle ou la famille royale.
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Jamie savait ce qu'il fallait montrer à sa fiancée pour l'émerveiller et la faire rêver. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus difficile en soi, mais il fallait la connaître. Il expliquait pourquoi il adorant cet endroit en particulier, plus que d'autres. Joanne acquiesça à ses paroles en lui souriant. "C'est vraiment bien pensé." ajouta-t-elle. "Ca change des musées qui cherchent à faire des reconstitutions soit-disant réalistes, mais qui finissent toujours par virer au kitsch, à mon goût. C'est bien de reconstituer et tenter de reconstruire le passé, mais ici, je trouve qu'ils laissent une certaine place à notre imagination." Joanne ne pouvait pas s'empêcher de faire le lien entre ce lieu et leur voyage de noces. C'était certainement un peu volontaire de la part de Jamie, qui l'embrassa délicatement sur le front en lui demandant de faire un peu preuve de patience. "Je me demande qui sera le plus impatient de nous deux, pour ce voyage." dit-elle en riant. Certainement tous les deux, pour le coup. La jeune femme profita de l'étreinte de Jamie. "Ca reste un très beau musée. Il gagne énormément de points avec cet amphithéâtre. C'est vraiment merveilleux." Il était certainement moins connu que le British Museum, ce qui expliquait qu'il y ait nettement moins de monde dans ses couloirs, même pour une période de vacances. C'était tout aussi agréable. Joanne n'était pas certaine de pouvoir apprécie véritablement un musée connu en période de grande affluence, lors des congés scolaires. Toutes les salles étaient particulièrement bruyantes, certains touristes étaient irrespectueux. Si elle pouvait choisir, elle préfèrerait le visiter en hors-saison, mais ça ne dépendait pas d'elle. Pendant leur semaine de vacances, elle sera laissera guider par Jamie, qui connait Londres comme sa poche. Le couple s'installa dans un petit café situé dans une rue calme, où ils commandèrent une boisson fraîche. Joanne avait opté pour une limonade. "Je n'attends que ça." répondit-elle à Jamie, en lui prenant la main, avec un large sourire. Elle le regarda d'un air perplexe lorsqu'il lui qu'il devait prendre contact avec quelqu'un pour visiter un lieu particulier. "Un endroit qu'on ferme en été ? C'est plutôt curieux." constata-t-elle, surtout s'il s'agit d'un musée. "Mais on ne peut rien refuser à un Lord aussi beau, pas vrai ?" lui dit-elle avec un air tendre, passant une main sur sa joue. Ils restèrent un peu plus longtemps sur la terrasse du café, le temps de finir tranquillement leur verre, puis ils reprirent leur marche, main dans la main. Selon Jamie, il y aurait encore bien trop de monde à Buckingham pour pouvoir y faire tranquillement un tour, alors il proposa une virée shopping à sa belle. Bien sûr, il l'emmena dans une rue où il n'y avait que des boutiques de luxe, certaines étant certainement côtoyées par la famille royale. Bien que Joanne entrait de plus en plus régulièrement dans ce genre de magasins, les vitrines et les prix l'impressionnaient toujours autant. Joanne rit avec lui en entendant le petit défi qu'il lui lançait. "Et si tu perds ton défi, il se passera quoi ?" lui demanda-t-elle d'un air amusé. En tout cas, la rue en question ne manquait pas de charme. Le prix des marques présente était plutôt avantageux dans la mesure où il n'y avait pas trop de monde qui se promenaient par là, mis à part quelques touristes chinois fortunés qui voulaient s'acheter quelques souvenirs. Ils commençaient leur marche le long des boutiques. Joanne n'avait rien besoin de particulier, quoi qu'elle ne serait pas contre une nouvelle paire d'escarpins. Elle n'avait pas de marque de prédilection pour le moment, elle fonctionnait beaucoup au coup de coeur. Joanne finit par rentrer dans une boutique, ayant repérer une veste dans la vitrine. Il s'agissait de la boutique Amanda Wakeley. Les couleurs étaient pour l'ensemble sobres, Joanne y trouvait son compte. Elle eut un véritable coup de foudre pour cette veste en question, particulièrement cintrée. Joanne était un peu perplexe lorsque la vendeuse lui assura qu'elle pouvait très bien le porter sans haut dessous. Afin de mettre sa silhouette en valeur, on lui suggéra d'enfiler avec une jupe cigarette que la jeune femme jugea un peu trop longue pour elle, car elle allait bien en-dessus de ses genoux. Ce n'était pas ce qui la mettait le plus en valeur, malgré sa petite taille. Joanne finit par céder en essayant de mettre le veston en question sans haut en dessous. On lui prêta de hauts escarpins noirs et sortit de la cabine d'essayage. Une vendeuse eut une idée et alla chercher une ceinture noire pour la mettre autour de sa taille. "Peut-être que le jupe pourrait être un peu plus courte, non ?" demanda-t-elle à Jamie en se regardant dans le miroir. Elle se dit qu'elle pourrait très bien aussi porter la veste ouverte avec quelque chose en dessous. Elle finit par craquer en l'achetant avec la ceinture, mais sans la jupe. Elle craque également pour un sac à main rouge Yves Saint-Laurent; ses amies lui avaient dit à l'université qu'une femme devait toujours avoir un sac à main de cette couleur. "Ce n'est plus la peine de parler de défi, je crois. Je suis vainvue" dit-elle à Jamie en sortant du magazin, tout en riant. Elle adorait faire du shopping avec lui. Ce n'était pas fréquent qu'ils se consacrent autant de temps à s'acheter ensemble des nouveaux vêtements, avoir l'avis du conjoint durant un essayage. "Et toi ? Tu te cherches quelque chose de particulier ?"
Notre semaine anglaise va certainement se résumer à aller de galerie en galerie, quand nous ne flânerons pas dans les parcs. J’espère que nous prendrons le temps de rester un peu au domaine, un jour où deux, et explorer le Kent, ma région. Je me note dans un coin de la tête d’appeler l’hôtel particulier que je souhaite montrer à Joanne, sachant très bien qu’ils ne me refuseront pas la faveur si elle est demandée avec les bons mots. « Ma soi-disant beauté n’aura pas d’importance au téléphone. » je rétorque à la jeune femme avec un petit rire. Nous reprenons ensuite notre balade, nos pas nous menant à l‘endroit voulu pour faire quelques achats en souvenir de ces vacances en Europe, Bond Street. Dieu sait combien d’heure et de journées j’ai perdues ici. Lorsque le portefeuille suit, qui s’en arracherait ? Il y a tant de belles choses à voir et à acquérir. Même si Joanne est d’habitude freinée par les prix, je ne doute même pas qu’elle finira par craquer pour une pièce, découvrant les joies d’un salaire et d’un style de vie le permettant. « J’aurai seulement la satisfaction de te voir craquer. » dis-je à propos de ce petit défi. Si elle passe la caisse dans ciller, j’aurai aussi la satisfaction de la voir enfin apprécier l’un des aspects les plus doux d’un monde qui est désormais aussi le sien, elle qui en a eu si peur à une époque. Nous ne tardons pas à entrer dans une première boutique où la jeune femme se laisse entraîner en cabine d’essayage pour porter la veste sur laquelle elle a craqué. Elle en ressort fort belle, et, à ma surprise, sans rien sous le haut. « Eh bien... » Je prends sa main et la regarde plusieurs fois de haut en bas. Elle est superbe. Mais à ses yeux, la jupe ne va pas. « Ca dépend de l’occasion, mais je la trouve très bien comme ça. Surtout si tu portes la veste de cette manière. » Nue sous le haut avec une jupe plus courte relèverai rapidement de la pointe de vulgaire dont on se passe bien. Je fais tourner Joanne sur elle-même, juste pour le plaisir des yeux lorsque je peux admirer la manière dont la jupe épouse ses formes. Quoi qu’il en soit, le choix lui appartient. La belle ne quitte la boutique qu’avec la veste et la ceinture. « Personne ne résiste à Bond Street, mon ange. » dis-je en l’embrassant sur le front. Bien sûr, je ne compte pas rester en reste de cette séance de shopping, et j’ai bien quelques achats à faire. « Un costume pour demain soir, pour commencer. » je réponds avec un rire. « Je voulais du neuf pour l’occasion et je n’ai pas trouvé le temps de faire des emplettes à Brisbane, alors c’est un petit défi de dernière minute. Ca promet d’être amusant. » A mon sourire, je m’en réjouis vraiment. Nous reprenons donc le lèche-vitrines, de boutique en boutique. Je m’empêche de passer la porte de Corneliani de peur de planter une tente à l’intérieur et ne pas en sortir avant demain avec deux commandes de costumes sur mesure. De même pour Prada. Je parviens à ne rien acheter chez Burberry –un foulard, ça ne compte pas- ni chez Ralph Laurent –vraiment rien. En passant par la boutique de Stella MacCartney, je glisse un mot à l’oreille d’une vendeuse qui m’emballe discrètement une chemise pour Joanne qu’elle découvrira à l’hôtel. Après avoir écumé quelques magasins, je termine avec plusieurs sacs. Puisque je n’ai pas pu choisir entre deux vestes chez Alexander Mcqueen, j’ai pris les deux. Un peu plus loin, j’ai outrageusement fondu pour des boutons de manchette en me jurant de ne plus en acheter pour les dix prochaines années –et en espérant qu’elles iront avec le costume que je ferai faire. A la fin, je n’ai trouvé que les chaussures pour le gala de demain. « Je crois que je me suis égaré. » dis-je avec un rire en constatant tous mes achats, et rien pour l’événement. Et les boutiques devraient bientôt fermer. Mieux vaut vite se décider au sujet de la boutique qui aura le devoir de confectionner un costume en vingt-quatre heures. Je retourne à mon premier choix, Corneliani, où l’on accepte sans broncher de me prendre en charge et de me livrer le costume à l’hôtel demain en début d’après-midi –avec un de leurs tailleurs pour d’éventuelles retouches de dernière minute. Pour ne pas me faire trop difficile, j’accepte de me contenter d’un modèle déjà prêt qui doit simplement être adapté à mes mesures. Pas de gros œuvre pour le tailleur, et moins de risques de finir à l’heure du gala sans rien sur le dos. Au pire, j’aurai toujours les deux autres vestes achetées cet après-midi qui feront un dépannage à la hauteur. « Installez-vous, il y en a pour quelques minutes. » propose poliment un vendeur à Joanne en indiquant un fauteuil dans la petite salle où nous avons été conduits pour les essayages. Rapidement, je me retrouve face à un dilemme devant deux modèles qui me plaisent également, un gris perle et un bleu. « Joanne, je te laisse trancher. » dis-je, abandonnant l’idée de réussir à me décider. Je prendrai sûrement les deux, au final, mais pour le gala, elle saura mieux que moi ce qui lui sera assorti.
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Difficile de ne pas céder dans l'une des boutiques de Bond Street, surtout lorsque l'on peut largement se le permettre. Joanne n'avait jamais pensé pouvoir goûter, ni même penser à ce plaisir là, et pourtant, la voilà en train d'essayer une veste mettant le haut de son corps parfaitement en valeur. Son fiancé se rinçait l'oeil avec plaisir, la regardant de haut en bas, lui demandant même de faire un tour sur elle-même pour pouvoir l'admirer davantage. Selon lui, la longueur de la jupe ne choquait pas, bien au contraire. "J'avoue que je n'ai encore jamais porté ce type de coupe pour une jupe." dit-elle en se regardant dans le miroir, scrutant un peu son profil et l'arrière. Le regard expert de Jamie la fit hésiter par rapport à la jupe. Mais le sourire qu'il avait exprimait clairement que ce genre de tenue lui plaisait, surtout si elle lui donnait l'occasion d'admirer ainsi ses formes. "Je vais y réfléchir." dit-elle après un long moment d'hésitation. Elle sortit de la boutique avec la veste et la ceinture, gardant la jupe dans un coin de sa tête. Dans le pire des cas, elle y retournerait pour pouvoir l'acheter, connaissant déjà la taille qu'elle prendrait. Jamie lui avoua ensuite qu'il n'avait pas prévu de costume pour le gala du lendemain, et qu'il s'était mis au défi d'en trouver un en dernière minute. Ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de plus évident, le sachant particulièrement exigeant tout de même. Lorsqu'ils étaient chez Alexander McQueen, Joanne trouva de son côté une jupe cigarette qui lui plaisait un peu plus, simple, et qui s'arrêtait à la moitié du genou. Elle était très satisfaite de s'être trouvée un ensemble. Elle ne vit que l'une des deux vestes de Jamie lorsqu'elle le rejoignit, déjà son sac en main, alors que lui terminait ses essayages. Ils allaient certainement se montrer le tout dès qu'ils auraient un peu de temps pour eux à l'hôtel. Il eut droit à un regard étonné, de grands yeux ronds de la part de sa belle, lorsqu'il craquait sur ces boutons de manchette. Il ne fallait pas se mentir, ils étaient magnifiques, mais le prix lui donnait quelques vertiges. Il s'était également trouvé une paire de chaussures pour le lendemain soir. "Ce n'est pas comme si nous faisions autant de shopping régulièrement." lui répondit-elle en riant, avant de lui voler un baiser. Avant d'aller dans la boutique dans laquelle Jamie voulait se rendre pour son costume, elle l'embarqua avec lui chez Louis Vuitton. Juste pour voir, se disait-elle. Eh bien, elle n'avait jamais eu aussi tort de sa vie, parce qu'il y avait plusieurs paires de chaussures qui lui avaient tapé dans l'oeil. Le plus dur était de choisir parmi les paires noires qui lui plaisaient tant. Elle finit par opter, en plus des beiges, pour des escarpins noirs vernis. Joanne se sentait un peu bizarre à l'idée de savoir qu'elle avait des chaussures Louis Vuitton. C'était un sentiment particulièrement plaisant. Ils se dirigèrent ensuite vers Corneliani, où le bel homme essaya plusieurs costumes. Le voir en essayant tant la rendait toute chose, malgré la fatigue. Il y avait deux modèles qui lui avaient tapé dans l'oeil et ne savait pas lequel choisir. Il confia alors cette décision à sa fiancée, à qui les vendeurs avaient suggéré de s'asseoir dans l'un de leur fauteuil en cuir. "Tu sais à quel point j'aime te voir en gris." commença-t-elle. "Et il te va merveilleusement bien." Joanne réfléchit à ce qui serait le plus approprié par rapport à sa tenue. "Mais le costume bleu te va à ravir aussi." Elle réfléchit longuement, sous le regard à la fois amusé et attendri du vendeur qui s'occupait de Jamie. "Et je pense que les deux s'assortiraient bien avec ma robe, mais..." Elle haussa les épaules, tout aussi partagée que lui. "Je dirai le gris. Oui, le gris serait parfait." Que Jamie prenne les deux costumes ou non, il sortit de toute manière du magasin avec tout ce dont il avait besoin. Les sacs faisant leur poids, ils demandèrent à la réception de leur hôtel de déposer le tout dans leur suite lorsqu'ils passaient par là avant de se rendre à Buckingham. Les températures étaient bien plus supportables, et il était vrai qu'il y avait beaucoup moins de monde aux alentours. Du moins, il n'y avait plus autant de personnes agglutinées près du grand portail pour prendre une multitude de photos. C'était bien plus calme. Joanne avait dégainé son téléphone portable pour prendre plusieurs photos -dont une de Jamie, en passant. "C'est vraiment beau." lui dit-elle lorsqu'ils s'approchaient de la grande bâtisse. "C'est aussi grand chez toi, là où tu as a grandi ?" demanda-t-elle alors, bien curieuse, les yeux rivés sur le palais. Après plusieurs minutes de contemplation, Joanne et Jamie reprirent nonchalamment le chemin jusqu'à leur hôtel.
Joanne a toujours voulu m’accompagner à une séance chez le tailleur. Je ne sais pas ce qu’il y a de si passionnant à voir quelqu’un prendre mes mesures, me poser un tas de questions et me faire choisir un modèle de veste et de pantalon, mais elle semble bien s’y plaire, au fond de son fauteuil. En un claquement de doigts, elle pourrait demander café, thé ou même champagne, et cela lui serait donné. Mais elle n’en fait rien, sûrement peu au courant de ce genre de services pour les clients. Lorsque je lui demande son avis sur la tenue que je devrais choisir pour le gala, elle hésite au moins autant et aussi longtemps que moi. Il faut dire que les deux modèles sont excellents, et que je me suis bien plu à l’intérieur. Je porte rarement du bleu, trouvant ce coloris souvent fade, classique. Le gris m’apprête plus souvent, mais celui-ci est particulier, et d’une élégance incontestable sans être pompeux. « Ce n’est pas le gris que je porte d’habitude, en plus. » je commente pour ajouter à la réflexion de ma fiancée. J’ai néanmoins un peu peur que cette variation soit trop claire et qu’elle me fasse trop remarquer auprès des invités, ou donne une image du garçon qui souhaite jouer au Messie pour les défavorisés. Mais je suppose que ce genre de jugement est une question d’attitude et pas uniquement d’allure. Gris, bleu. Bleu, gris. « J’aime vraiment la couleur, et le détail. » dis-je tout bas en passant mes doigts sur le liseré satiné qui borde le veston bleu et lui confère tout son charme. Joanne finit par trancher et opte pour le plus clair des deux, puisqu’elle aime tant me voir dans du gris qui est donc, définitivement, ma couleur. Vee serait fière de son choix. « Va pour le gris alors. » Mais je prends les deux quand même, me disant que le second trouvera forcément une occasion d’être porté. Cela ne manque pas pendant la période des galas de décembre. On termine ne prendre quelques mesures pour ajuster le costume, que je préfère bien cintré. Puis nous passons en caisse. « Oh, j’oubliais, nous risquons être à la fondation demain après-midi, alors il faudrait me les déposer à l’hôtel Stafford vers, disons, dix-huit heures. J’espère que nous serons rentrés d’ici là pour nous préparer. Ca devrait nous laisser le temps de faire les retouches nécessaires, si besoin est. » Je laisse l’adresse de l’hôtel au vendeur, même si je pense qu’il est familier avec à peu près tous les hôtels de haut standing de Londres, ainsi que le numéro de notre suite. « Encore merci d’avoir accepté de me faire cette faveur. » j’ajoute avec un sourire reconnaissant. Même si nous avons fait assez vite, lui et le tailleur ont retardé l’heure de fermeture. C’est bien content de mes achats que je dépose mes sacs à l’hôtel rapidement afin d’aller nous balader du côté de Buckingham. On ne peut pas nier que l’hôtel est particulièrement bien placé, le parc et le palais ne sont même pas à cinq minutes à pied. A cette heure, il n’y a plus grand monde. Le bâtiment est magnifiquement illuminé de bas en haut, soulignant toute sa prestance. « Si nous sommes levés assez tôt demain, nous pouvons venir assister à la relève de la garde. » dis-je en voyant passer quelques chevaux dans la cour, surmontés par leurs cavaliers rouges. Je ne sais pas si cela intéresserait Joanne, cela reste un spectacle assez plaisant et amusant qu’il faut bien voir au moins une fois dans sa vie. Observant la bâtisse, la jeune femme se demande si j’ai grandi dans pareil endroit. « Oh non, pas du tout. » je réponds avec un léger rire. « Ca doit être moitié moins grand, si pas un peu plus petit même. » Il y a quasiment quatre-vingt salles de bains à Buckingham, ma famille n’est pas assez importante pour tout ce marbre. D’ailleurs, il y en a bien peu, au domaine, en dehors du sol du hall. Seulement par touches, ici sur la surface d’une chemisée, sur le détail d’une table. Elle a peu changé depuis sa construction, toujours rénovée mais jamais modifiée de son esprit originel. Et ceux qui l’ont bâti aimaient les boiseries et les tapisseries. « Tu le verras par toi-même. » j’ajoute avec un sourire. Nous restons là encore un moment, flânant dans le parc et faisant le tour du palais avant de retourner d’un pas lent à l’hôtel. « J’ai vraiment hâte d’y être. Et j’ai hâte de pouvoir montrer tout ça à Daniel, un jour. » dis-je tout bas, un peu rêveur. Je n’ai jamais aimé notre maison à Londres, le domaine familial m’a toujours manqué, et j’avais bien trop peu l’occasion d’y aller. Pouvoir passer une journée là-bas, y dormir, marcher dans le jardin, faire un tour dans les écuries. Ca remonte à tellement d’années. De retour dans notre suite, nos achats ont été montés. L’heure de dîner approche, alors j’appelle pour nous commander une collation. Un peu de tout, comme nous avons l’habitude de mettre au défi les chefs des établissements où nous allons. Puis je garde le combiné à l’oreille pour appeler le domaine et m’assurer que tout sera prêt pour notre venue. J’ai en ligne Gauthier, dont le père était le majordome stéréotypé de ma famille avant lui, et qui a repris le flambeau par principe après l’avoir perdu à peu près au même âge que moi. Il sert de gardien avant tout depuis que plus personne ne vit là-bas, en dehors de sa petite famille qui a été autorisée à prendre ses quartiers. « … oui, nous arriverons après-demain, mais nos affaires arriveront dans la matinée. Si vous pouvez veiller à ce qu’elles soient rangées, ce serait parfait... Ne vous embêtez pas à préparer toutes les pièces, ce n’est pas nécessaire, mais j’aimerais faire visiter à Miss Prescott alors un coup de balai suffira… Oui, même dans la chapelle, je ne pense pas que nous en aurons l’utilité… Non, pitié, oubliez ces fleurs… Merci, Gauthier, ravi que vous soyez encore là. A dimanche. » Pendant ce temps, Joanne s’est installée dans le salon. Je crois qu’elle relit pour la millième fois son discours. « Alors, prête ? » je demande en m’asseyant à côté d’elle, avant de poser sur ses genoux la boîte contenant la chemise Stella McCartney achetée pour elle dans l’après-midi. « Tiens, c’est pour te donner du courage. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La coupe des costumes était parfaite, sans prendre en compte les réajustements nécessaires pour que cela convienne à la carrure de Jamie. Il admirait les détails, faisait attention à tout, mais il était largement satisfait du travail du tailleur. Le coude sur ses genoux et sa paume de la main maintenant sa tête, elle admirait le professionnel prendre les dernières mesures. Elle n'avait même pas remarqué qu'un autre restait à sa disposition si elle avait une envie particulière, comme de quoi se désaltérer par exemple. Mais il se fia à l'opinion de sa douce lorsqu'il fallait faire un choix pour le costume qu'il porterait pour le gala. Cela ne l'empêcha pas d'acheter également le bleu, il trouvera de toute manière une occasion de le porter. Lorsqu'il réglait la note, il donnait quelques informations supplémentaires quant à leur disponibilité le lendemain. Joanne n'avait pas l'habitude le voir si reconnaissant envers un vendeur, lui qui avait toujours été très exigeant. En sortant de la boutique, Joanne dit. "Nous devrions retenir ce tailleur, il est particulièrement attentionné, je trouve." Et ce n'était pas qu'une histoire de prix. Tout le monde n'avait pas été aussi sympathiques que ces tailleurs lorsqu'ils avaient fait les autres boutiques de la Bond Street. "Tu vas être magnifique demain, dans ce costume." ajouta-t-elle avec certitude, déjà très enthousiaste de le voir avec toutes les bonnes mesures. Ils étaient ensuite postés devant le Buckingham Palace, que Joanne admirait avec émerveillement. Son fiancé lui suggéra de se lever tôt pour voir la relève de la garde le lendemain. "Ca dépendra à quelle heure nous nous coucherons ce soir, je pense." Il y avait la fatigue et le décalage horaire, et Joanne ne savait elle même pas de combien d'heures de sommeil elle avait besoin pour être en forme le lendemain. Grande journée de prévue. Bien sûr qu'elle adorerait voir cette relève, mais il y avait d'autres facteurs qui entraient en compte. Curieuse, elle demanda à Jamie si le domaine qui lui appartenait était aussi grand. "Même si c'est un peu plus petit que la moitié de celui-ci, c'est déjà très grand." commenta-t-elle en essayant de se l'imaginer, en comparaison avec le Buckingham Palace. "Tu en parles tellement, de cet endroit, j'ai hâte de pouvoir le voir de mes propres yeux." Et il en parlait en guise de souvenirs heureux. C'était ce qu'il y avait de plus précieux, et elle avait hâte de le découvrir par elle-même. "Quand il sera un peu plus grand, comme ça il en aura déjà des souvenirs, il pourrait même s'amuser là-bas. Je suppose qu'il y a largement de quoi faire en terme d'espace." ajouta-t-elle en passant sa main autour de la taille de son fiancé. "Je suis certaine qu'une partie de cache-cache là-dedans serait énorme." ajouta-t-elle en riant. Elle ne l'avait pas encore vue, mais elle savait que c'était une vieille bâtisse. Il y avait toujours d'excellentes cachettes dans ce genre d'endroits. Ils finirent par rentrer à l'hôtel. Une fois dans leur suite, Jamie se chargea de commander leur repas du soir. Pendant ce temps, Joanne prit son papier où elle avait rédigé son discours -elle le recopiait sur une nouvelle feuille dès qu'elle ajoutait ou supprimait un élément dans le texte. Son fiancé appelait ensuite son majordome pour lui donner quelques consignes. Joanne trouvait ça bizarre qu'elle l'appelle Miss Prescott, même si c'était son majordome. Elle ne fit pas de remarque à ce sujet, se disant que cela faisait partie des formalités et des termes à employer lorsque l'on faisait partie de la haute société. Il finit par s'asseoir à côté d'elle. "Pas vraiment,n..." Et Jamie posa une boîte avec Stella McCartney écrit dessus. Joanne lui sourit tendrement, pleine de reconnaissance. "Jamie..." lui dit-elle d'un air tendre. "Tu n'aurais pas du." Il la gâtait à la moindre occasion, elle ne trouvait pas qu'elle en méritait tant. Elle déplia soigneusement le vêtement gris, particulièrement élégant. "C'est magnifique." dit-elle avec un sourire, ces yeux rivés sur le haut. "Merci infiniment." Elle l'embrassa longuement et amoureusement. "Tu me gâtes tellement." Elle riait nerveusement. Joanne replia le vêtement avec soin pour le remettre dans sa boîte d'origine. "Je l'essaierai plus tard." Et elle le déposa sur la petite table de leur salon. Elle plia soigneusement le papier qu'elle tenait en main. "A chaque fois que je le lis, j'ai envie d'ajouter ou de modifier des phrases." soupira-t-elle. Bien qu'elle avait hâte de visiter la fondation, ça la stressait énormément de s'y rendre. Le pire de tout restait tout de même le gala. "J'essaie de relativiser, de me dire qu'il n'y a pas de raison que ça ne se passe mal. Ca n'empêche pas une sacrée dose de stress." Joanne s'efforçait de sourire, de ne pas dire que le stress en question était à deux doigts de devenir de l'angoisse. "Et là maintenant tout de suite, je me dis que la fatigue n'aide pas vraiment." ajouta-t-elle en riant. "Je relirai tout ça demain matin, je pense que je serai un peu plus productive que maintenant." Là, Joanne préférait se blottir contre Jamie et fermer un peu les yeux, profiter de sa chaleur jusqu'à ce que le room service ne toque à la porte pour ramener et servir tout ce que Jamie avait pu commander.
Plus nous approchons du moment où nous irons au domaine, moins je ne peux m'empêcher de l'évoquer.La hâte que j'ai à l'idée d'y retourner est palpable. C'est un peu pour moi ce que Perth est pour Joanne. Mes souvenirs d'enfant, mes bons moments, mon chez moi. J'espère que ma fiancée l'aimera et que mon fils, dans quelques années, s'y sentira aussi bien que je l'étais à l'époque. Il y a un tas de pièces à explorer, tant de choses à découvrir là-bas. Et oui, les parties de cache-cache sont gigantesques. « Tu n'imagines même pas. » dis-je avec un sourire nostalgique. Peut-être un peu triste. Difficile de ne pas avoir un peu de peine face aux temps révolus. Difficile d'avoir le moindre souvenir en rapport avec Oliver qui ne me brise pas le coeur, aussi joyeux soit-il. Mais j'essaye de ne pas me laisser abattre, cela ne servirait à rien. Joanne serait sûrement inquiète de me voir affecté à la moindre évocation de mon frère. Plutôt que d'y repenser après avoir eu le majordome au téléphone, je me dis que je peux bien donner son cadeau à la jeune femme. Juste un quelque chose pour le plaisir d'offrir, me disant que cela lui ferait plaisir. Cela semble être le cas lorsqu'elle déballe le vêtement avec précaution. J'aime le côté sophistiqué de ce haut qui peut quand même se porter pour à peu près toutes les occasions. Il ira certainement avec la jupe qu'elle s'est achetée aujourd'hui également. Comme avec un tas de choses. C'est une belle pièce facile à porter. Évidemment qu'elle en avait besoin. « Bien sûr que si, tu as besoin de cette petite dose de courage de la part de ton fiancé. Et comme ça tu seras aussi magnifique en gris. Je suis certain que ça mettra parfaitement tes yeux en valeur. » Mais un peu fatiguée et absorbée par le stress, Joanne ne l'essayera que plus tard, sûrement demain, ou dans la semaine. Tant que nous sommes à Londres en tout cas, histoire de pouvoir faire un échange si j'ai visé trop petit. Elle met de côté son discours, essayant de ne pas se laisser dévorer par l'appréhension, mais je sens bien qu'elle a l’impression de s'aventurer sur une corde raide tendue entre deux bords d'un grand fossé. « Ou alors, tu n'y touches plus et tu te fais confiance. Je suis certain que ton discours est très bien comme il est. » Elle vient se blottir contre moi ; mon bras passe autour de ses épaules pour l'étreindre tendrement. Je l'embrasse délicatement sur la tempe. « Je sais que tu angoisses, mon ange. Ca se passera bien, tu verras. » je lui murmure tout bas, sachant qu'il y a peu de chances de vraiment la rassurer. Mais au moins, elle a mon soutien. « Et je serai toujours auprès de toi. Je ne te lâcherai pas d'une semelle. » Je serai la bouée de sauvetage au moindre pépin. Même si j'aspire à rester discret demain soir, Joanne pourra compter sur moi. « Dis-toi que si ta robe est assez décolletée ou moulante, tu pourras bafouiller et faire des fautes sans que ces messieurs ne le remarquent. » j'ajoute, espérant la faire sourire un peu. Même si c'est triste à avouer, il est des instincts primaires qui ne changent pas. Mieux vaut en rire. Le temps que le dîner nous soit apporté, nous restons l'un près de l'autre, enlacés dans le silence, profitant de la chaleur et de la tendresse de l'autre, quitte à se laisse somnoler un peu. Pour ma part, je finis par fermer les yeux. Je sursaute un eu lorsqu'on frappe à la porte. « Le jet-lag est en train d'avoir ma peau. » dis-je en me frottant les yeux avant de quitter le canapé pour aller ouvrir au room service. Sur les deux étages d'un desserte bien garnie se trouvent un tas de plats miniatures, finger food, tapenades et chutney accompagnés d'un tas de styles de pains différents et d'une fraîcheur incontestable que le garçon d'étage s'occupe de disposer sur la table basse -mon postérieur préférant la surface molle d'un fauteuil à celle d'une chaise pour ce soir. Le tout est accompagné d'une demie bouteille de vin qui nous aidera sûrement à trouver un sommeil profond peu après ce dîner relativement léger.
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