I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne devina aisément cette pointe de tristesse dans le sourire et le regard de Jamie en évoquant des souvenirs aussi joyeux. Il n'était pas difficile pour elle de savoir que ça lui rappelait beaucoup Oliver. Il pouvait être mentionné comme bon lui semblait, même dans les souvenirs les plus heureux comme son enfance au domaine, ça lui rappellera toujours que son grand frère n'était plus là. Et c'était quelque chose qui le rendrait éternellement triste, il n'y avait rien qui pouvait guérir ce genre de blessures. A peine eut-il le temps de terminer sa phrase que Joanne l'embrassa avec tendresse, tout en lui caressant délicatement la joue du bout de ses doigts. Ce sera toujours un sujet très sensible, elle était bien placée pour le savoir. Une fois installés à l'hôtel, Jamie préférait passer à autre chose en donnant à sa fiancée ce qu'il lui avait acheté dans l'après-midi. Joanne craignait toujours de lui acheter des vêtements. Même s'il apprécierait le geste, elle avait peur de ne pas taper là où il fallait, de faire un faux pas et que ça ne lui plaise pas. Elle s'en sortait un peu plus en matière d'accessoires. Jamie était persuadé que le gris lui irait tout aussi bien. Elle rit nerveusement. "Ce sera à toi de juger lorsque je l'essaierai, je te fais confiance pour ça." lui répondit-elle avec un large sourire. L'avis de Jamie comptait beaucoup pour elle, d'autant plus que c'était un vêtement qu'il lui avait acheté. Il voulait se montrer encourageant par rapport à son discours, qu'elle n'arrêtait pas de reprendre et réécrire. "J'ai peur de faire un faux pas, d'employer les mauvais mots dès le début et qu'ils m'en tiennent tous rigueur." Elle ne connaissait pas leur niveau d'exigence, ni s'ils plaçaient la barre tout aussi hautes que Jamie pouvait le faire par rapport à Ewan. Il s'agissait de personnes illustres de la haute société anglaise, avec souvent des titres, et même si Joanne commençait à apprivoiser cette univers qui était déjà pleinement le sien, il y avait des choses qu'elle ne parvenait pas à cerner. La manière de penser était si différente. Jamie passa une main autour d'elle et l'embrassa tendrement au niveau de la tempe. Il avait deviné à quel point elle pouvait angoisser. Joanne vint à se demander si on lui tiendrait aussi rigueur de son appréhension lorsqu'elle sera sur place. "De toute manière, je ne comptais pas te lâcher de la soirée." lui dit-elle en se greffant davantage à lui. "Je serai bien perdue si tu n'étais pas dans le coin." Il était expert en matière d'aristocratie, il parlait bien mieux qu'elle et savait y faire avec ce genre de personnes. Le bel homme parvint à la faire sourire, en lui disant qu'il suffisait qu'elle ait un beau décolleté pour qu'on lui pardonne toutes ses maladresses. "Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à me soutirer des informations pour savoir quelle robe j'ai choisi pour ce soir." lui répondit-elle en riant doucement. "Ce sera à toi de me dire demain en me voyant dedans si ça les rendra distrait ou non." Pour ça aussi, il était un excellent juge. Ils auraient certainement commencé leur nuit dans le canapé si le room service n'avait pas toqué à la porte. Jamie s'avouait être vaincu par le décalage horaire, et se leva pour aller ouvrir la porte au jeune homme. Celui-ci disposa avec soin tous les petits plats minutieusement préparé. Nul besoin de couverts pour les manger, un détail qui plut énormément à la jeune femme, qui mangeait avec une gourmandise qu'on ne lui avait pas connu depuis longtemps. Le verre de vin accompagnant le tout n'était pas de refus. "Je trouve leur cuisine très bonne." commenta-t-elle en dégustant une de ces mignardises avec un peu de foie gras et de chutney dessus. Mais il était impossible de tout terminer tant ils étaient généreux en matière de dosage. Après quoi, ils se rendirent tous les deux volontiers à l'étage pour dormir. La jeune femme enfila une nuisette en soie, à bretelles avant d'aller sous la couette. A peine Jamie fut allongé qu'elle se blottit tout contre lui et l'embrassa tendrement. Elle posa sa tête contre son épaule, ferma les yeux, et il n'était qu'une question de secondes avant qu'elle ne s'endorme profondément. Elle était blottie contre lui toute la nuit, sans rêve ni cauchemar, juste un sommeil des plus réparateurs. Il fallait dire qu'elle en avait besoin. D'ailleurs, elle fit une bien belle grasse matinée, imperturbable. Et pour une fois, il ne serait pas surprenant qu'elle soit celle qui dorme le plus longtemps le matin. Ce fut des caresses sur son bras qui l'extirpa un peu de son sommeil, étirant quelques uns de ses membres et se repositionna pour somnoler encore quelques temps, volontiers. "Quelle heure est-il ?" demanda-t-elle doucement à voix basse, la voix encore enrouée. Elle gardait ses yeux biens fermés, impossible de les ouvrir pour le moment. Elle profitait de sa chaleur, se collant encore bien contre lui, ayant bien du mal de s'extirper de son sommeil, et ne le voulant pas vraiment pour le moment.
La fatigue due au jet-lag et à notre après-midi de marche doivent s’ajouter au stress que Joanne ressent au sujet du gala de demain. Son discours ne sera jamais parfait, mais elle ne peut pas s’empêcher de le retravailler, d’enlever et changer des mots ou des tournures de phrases, pour que cela plaise un peu plus à tous les invités qui seront présents. Chacun a ses attentes et ses exigences au sujet de la jeune femme, et personne ne sera complètement satisfait. Il faut qu’elle se dise que ce défi ne sera pas parfaitement rempli, qu’il y aura toujours des critiques et des mécontents qui se manifesteront. Ceux qui préféreront voir le cadavre de mon père sur sa chaise à la place d’elle, ceux qui la trouveront maladroite, ceux qui verront son inexpérience et son manque d’assurance, mais il y en a bien qui auront foi en elle, à qui elle inspirera confiance. Chacun voit midi à sa porte. Je préfère néanmoins me garder de faire le moindre commentaire à ce sujet qui ne pourrait que l’angoisser d’avantage. Il n’y aurait aucun autre effet en lui disant que de toute manière elle ne fera pas l’unanimité et que tout le monde trouvera matière à critiquer quelque part. C’est ce pourquoi la plupart d’entre eux sont très bons. Les critiques sont faciles et avoir la langue pendue est un bon passe-temps pour tuer l’ennui. Ce n’est pas à prendre personnellement. Tout ce que je lui conseille, c’est de se faire confiance. Lâcher ce discours, parce qu’elle tourne en rond, et faire de son mieux le moment venu. Moi, j’ai confiance en elle. Elle sait que je la défendrai face au moindre détracteur, et qu’elle pourra toujours s’appuyer sur moi. Je parviens petit à petit à lui changer les idées, jusqu’à ce que le dîner arrive à point nommé. Il y a bien trop de choses, mais il est certain que le choix ne manque pas et que la qualité est au rendez-vous. Pour ma part, la fatigue et le décalage horaire me donnent un bien petit appétit. Je grignote ici et là par principe d’avaler quelque chose avant d’aller dormir et de ne pas me sentir encore plus fatigué demain matin. Pas de prélude avant le sommeil ; Joanne et moi filons sous la couette pour nous endormir en moins d’une minute, épuisés. Le lendemain sera une journée chargée et stressante, nous avons tout intérêt à dormir profondément. Cela semble être le cas. Imperturbables, rien ne pourra nous tirer de notre sommeil en dehors d’une fin de cycle naturelle nous faisant émerger petit à petit. Quand j’entrouvre les yeux, je suis le premier à m’éveiller. Tout contre moi, ma fiancée est encore profondément happée dans le pays des rêves. Je somnole un moment, la machine se met en route lentement. Le soleil semble être au rendez-vous derrière les rideaux fermés. Le fil de mes pensées retrouve son chemin, le train se met en marche tranquillement. Des choses et d’autres. Je scrute le plafond et attend que les minutes passent. Au bout d’un moment, Joanne s’agite un peu, s’étire et se reblottit contre moi, ayant visiblement du mal à émerger. « Bientôt dix-heures. » je lui réponds tout bas, comme pour ne pas agresser ses tympans dès le réveil. Je l’embrasse sur le front en continuant de machinalement caresser son épaule. « Reposes-toi, mon ange, la journée va être assez longue comme ça. » Entre les derniers préparatifs, la visite de la fondation, et enfin le gala, Joanne sera particulièrement sollicitée pour des tâches auxquelles elle n’est pas encore habituée, ce sera une épreuve d’endurance qui mérite bien une grasse matinée pour s’y préparer. Puisqu’il me suffit de tendre le bras pour atteindre le téléphone de la table de chevet, j’attrape le combiné pour nous commander un petit-déjeuner. Nous ne nous lèverons sûrement que pour accueillir le room service quand celui-ci frappera à la porte. Plus loin sur la petite table, après plusieurs dizaines de minutes de calme et de câlins, c’est le portable de Joanne qui se manifeste. Je le saisis, puis le tend à la jeune femme. « C’est Ewan, pour toi. » Tenant parole, il l’appelle dans la matinée, mais peut-être un peu plus tôt que prévu, faisant débuter le bal des obligations avant l'heure.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne se laissa emporter bien volontiers par le sommeil, épuisée du voyage et du décalage horaire. Elle ne se souvenait pas avoir été autant épuisée lors de son premier voyage à Londres. Une fois sous la couette avec sa nuisette et collée à Jamie, elle s'endormit presqu'aussitôt, pour une longue nuit de repos bien méritée. Ce ne fut qu'en milieu de matinée qu'elle daignait demander l'heure qu'il était. Jamie lui répondit doucement, comme pour ne pas brusquer sa belle, ayant bien du mal à ouvrir. Il était à peine dix heures, elle pouvait encore largement se reposer un peu. Du moins, prendre le temps de se réveiller sans précipitation. Son fiancé l'invitait même à prolonger encore sa nuit. La journée allait effectivement être très chargée pour elle, autant physiquement qu'émotionnellement. Elle ne préférait pas penser au gala pour le moment, elle aura la boule au ventre bien assez tôt comme ça, il n'était pas encore temps d'y songer. Joanne sentait les doigts de Jamie toujours caresser tendrement la peau de son épaule, alors qu'avec l'autre, il avait saisi le téléphone pour demander aux cuisiniers de commencer à préparer leur petit-déjeuner. Le calme suivant cet appel fut de courte durée, au grand désarroi de la jeune femme, qui dut saisir son téléphone portable pour reprendre la conversation avec Ewan. Encore à moitié endormie, elle ne saisissait pas vraiment tout ce que disait son employé. "Bonjour Ewan.. Oui ça va, merci... Oui... Non, toujours à quatorze-heures, ce n'est pas la peine d'avancer l'horaire. Nous aimerions être de retour un peu avant dix-huit heures à l'hôtel, que nous ayons le temps de nous préparer... Non, ce n'est pas la peine, je n'aimerais pas avoir trop d'artifice pour cette visite. Je veux juste voir la structure elle-même et rencontrer ceux qui profitent de notre aide et de ceux qui font vivre l'établissement, c'est tout... Non plus non... Oui, merci beaucoup... A tout à l'heure." Joanne laissa tomber son portable sur la couette à côté d'elle avant de se réinstaller et rester bien contre Jamie, cherchant à prolonger un petit peu sa nuit. "Nous sommes apparemment très attendus à la fondation pour quatorze heures." marmonna-t-elle à Jamie, déterminée à profiter du temps qu'il leur restait avant de se jeter dans la gueule du loup. Ils pouvaient encore se prélasser encore dans le lit avant de songer à bouger. On toqua à la porte pour apporter le petit déjeuner une demi-heure plus tard, et c'était au moins la durée nécessaire pour que la jeune femme ne daigne ouvrir les yeux. Jamie, lui, se leva pour ouvrir la porte et laisser le jeune employé tout préparer sur la table. C'était toujours le même qui s'occupait de leurs repas. La jeune femme par sortir du lit, enfilant son kimono pour recouvrir ses épaules. Elle rejoignit Jamie à l'étage en dessous, elle était encore en train d'émerger un petit peu. Comme l'effet d'un aimant, la jeune femme se colla à Jamie, appuyant quelques secondes sa tête contre son torse, avant de lever et les yeux et l'embrasser tendrement. "Bonjour, mon amour." lui dit-elle entre deux baisers, tout bas. "Je serai un peu plus réveillée dans quelques minutes, hein." lui assura-t-elle, reposant à nouveau sa tête contre lui. "Ce jet-lag ne me réussit pas vraiment, comparé à l'année dernière." Elle riait doucement, espérant tout de même qu'elle parviendra à s'extirper de cette phase de latence. Le couple finit par s'installer à table pour prendre leur petit-déjeuner. Encore une fois, les cuisiniers n'avaient pas lésiné sur les moyens, ayant disposé plusieurs plats, avec autant de sucré que de salé. Il y avait suffisamment à manger pour un régiment, mais peut-être cherchaient-ils à satisfaire au maximum leur clientèle. Peut-être pour compenser ce qu'il peut manquer dans l'hôtel. Joanne remarqua que son papier de discours était toujours sur la petite table. Le voir lui rappela vivement le programme de la journée, toutes les responsabilités et mises à l'épreuve qu'elle allait devoir endurer tout au long de la journée. Celle-ci devint soudainement très longue. Sortant de ses pensées, Joanne se reconcentra sur la tartine qu'elle était en train de préparer. "Ewan voulait organiser tout un tas de petites choses pour la visite de la fondation. Je lui avais dit que je voulais quelque chose de simple, je voudrais juste visiter les locaux, rencontrer les personnes qui y vivent et qui y travaillent, rien de plus." expliqua-t-elle ensuite. "Je pense qu'il aimerait trop bien faire parfois." Mieux vaut trop que pas assez, c'était certainement ce qu'il se disait. "Je pensais remettre la robe bleue que j'avais mise lorsque nous étions à l'aquarium, pour la visite. Qu'en penses-tu ?" Avec le bracelet argenté en forme de branche que Jamie lui avait offert à Noël.
Pendant que Joanne est au téléphone avec Ewan, je caresse tendrement ses cheveux en essayant d'écouter ce qu'il se dit. Je comprends vaguement que l'employé souhaite en faire bien trop aux yeux de la jeune femme, ne la connaissant encore pas assez pour connaître son goût de la simplicité. Mon père l'a sûrement habitué aux sorties en grandes pompes, alors que ma fiancée n'est pas de ce genre là, encore moins de ce monde là. Joanne expédie la conversation aussi vite qu'elle lepeut pour continuer de profiter du lit et de la tranquillité avant d'avoir à se lever. Si nous sommes attendus pour quatorze heures et qu'il faut compter une ou deux heures de route pour nous rendre à la fondation, il n'y a pas de raison de se presser. « Nous avons le temps alors. » je murmure. Je serre un peu plus la jeune femme contre moi. Nous pouvons traîner ainsi encore un moment avant que le petit-déjeuner ne nous soit apporté. Laissant Joanne finir d'émerger, je me lève et descend le petit escalier de la suite sans prendre la peine d'enfiler de quoi couvrir le haut de mon corps. Il fait bien assez chaud pour un été anglais. L'employé du room service s'en va après avoir garni la table d'un tas de pains, de confitures et de viennoiseries différentes accompagnées de quelques plats traditionnels, parce qu'il ne faudrait pas manquer à notre réputation de mangeurs de haricots au petit-déjeuner, et une belle salade de fruits de saison. Je reçois Joanne dans mes bras, décidément éreintée par le voyage depuis Brisbane. « L'année dernière tu n'étais pas maman à temps plein ni sous la pression d'un gala. » dis-je, puisque cela me semble être la meilleure explication. Être maman demande de l'énergie, et cela instaure un rythme de vie et des rituels dont il devient difficile de se défaire sans se sentir déréglé. Et le stress est un aspirateur à vitalité des plus puissants. « Ca passera un peu mieux quand tu auras quelque chose dans le ventre. Et un thé te fera le plus grand bien, qu'en dis-tu ? » Parce que, contrairement à ce qu'on pense, le thé réveille aussi bien, si pas mieux que le café. Installés à table, je me laisse être un peu étalé sur ma chaise pour ne pas solliciter mon dos qui a souvent du ma à se faire au changement d'un matelas à l'autre la première nuit. Mon premier réflexe est de me remplir un plein mug de thé noir au lait et sucré et d'en engloutir la moitié avant de songer à avaler un pain au raisins. Avec un sourire, j'écoute Joanne qui me relate la même vague conversation que celle que j'avais compris qu'elle avait eue avec Ewan. « Je sais, j'étais là, je te servais d'oreiller. » je fais remarquer avec un petit rire. Je me demande ce qu'il souhaitait organiser et si cela était vraiment trop pour mériter d'être écarté. Je pense que la timidité et la nervosité de la jeune femme ont pesé dans la balance. Ou peut-être qu'il souhaite vraiment trop en faire. « Ca n'est pas une mauvaise chose. » Premier et peut-être unique compliment de ma part pour son employé. Pour sa visite, ma fiancée se voyait joliment parée d'une robe qu'elle avait porté lors d'un précédent cocktail. « Ca me semble très chic pour une simple visite, et tu seras déjà tirée à quatre épingles toute la soirée. Je pense que tu peux faire plus simple si tu en as envie, pour être à l'aise. » Après tout, c'est le plus important qu'elle soit bien dans sa peau. « Tu vas rencontrer des familles et des personnes qui travaillent là, il n'y a personne à impressionner et pas de rôle à jouer. » Elle ne les rencontre pas pour se faire passer pour quelqu'un qu'elle n'est pas. Elle veut aller les voir en étant honnête et en leur montrant vraiment à qui ils ont affaire, afin qu'ils sachent à quoi s'en tenir. Elle s'en voudra de ne pas être parfaitement fidèle à elle-même dès la première rencontre. « Sauf si Ewan a prévu de faire de la com' basée sur ta première visite et ton premier contact avec eux en prenant des photos, dans ce cas mieux vaut être un minimum propre sur soi. Mais je t'avoue qu'il n'y a rien de très classieux dans ma valise. Je pense que l'important c'est de se montrer accessible. Digne de confiance, digne du poste et des responsabilités, mais pas hors d'atteinte et incapable de comprendre les problèmes auxquels ils sont confrontés. Le juste milieu entre la hiérarchisation et la proximité. » Elle n'est pas une aristocrate, elle n'est pas mon père, elle n'a jamais été directrice de quoi que ce soit, et ce ne sont pas forcément des faiblesses. La seule distance qu'elle doit mettre entre les familles, les employés et elle, c'est la distance nécessaire afin que personne ne se contente de la voir comme une bonne copine. Mais c'est une fondation, pas une entreprise. C'est plus humain. De toute manière, elle fera ce qui lui semblera le mieux. « Et je t'interdis de retoucher ça. » dis-je en indiquant son discours sur la table d'un signe de tête pendant que mes mains me servent en haricots et en pain frais. « Ca ne va que te stresser d'avantage alors que je suis certain que tu le connais déjà quasiment par coeur à force de le relire. Et à ce stade, si tu fais des modifications, ce qui va te stresser c'est de ne pas les connaître aussi bien que l'ancienne version du texte. Ce qui va te pousser à t'y référer encore plus, à avoir le nez dessus en permanence. Et puisque tu seras nerveuse, ton regard sautera des lignes, et en te sentant perdue dans tes phrases, tu paniqueras. » Ce n'est pas que elle, c'est une généralité. Cela arriverait à n'importe qui. Le mieux est toujours de connaître son discours par coeur au maximum. « Avant de partir pour la fondation, tu le tapera à l'ordinateur, au propre et en grands caractères, et tu le feras imprimer à la réception. Personne ne le remarquera, et de toute manière, tout le monde le fait. Tu ne peux pas risquer de ne pas réussir à te relire, ni de remarquer que tu as écrit trop petit. Ca t'évitera de te perdre dans le texte quand tu auras besoin de retrouver ce que tu dois dire. » Tout le monde est nerveux avant un discours. Tout le monde. Et tout le monde a ses astuces pour combattre le stress inutile et les petits incidents qui pourraient le décupler, appris parfois aux dépends de grands ratages humiliants.
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Joanne avait définitivement bien du mal à se réveiller comme il faudrait, si bien qu'à peine sortie de son lit, elle vint se blottir contre son fiancé. Celui-ci pensait que sa fatigue venait de son rôle de Maman, et du stress du gala. Elle se doutait bien que la soirée à venir lui puisait déjà énormément d'énergie, mais jamais elle n'aurait songé qu'être mère en serait une cause. Il n'avait peut-être pas tort, elle ne s'en rendait pas nécessairement compte vu que ce rythme et ce qu'elle y faisait lui convenaient. Mais elle n'avait pas pensé à ce que sortir de ce cette sorte de routine la perturberait autant. Jamie, au bout de quelques minutes de câlins, lui suggéra de prendre le petit-déjeuner, cela lui permettrait certainement de se réveiller en bonne et due forme, surtout avec une bonne tasse de thé. La jeune femme acquiesça d'un signe de tête avant d'aller s'installer en face du bel homme. Elle n'avait pas mangé grand chose la veille, et elle avait ainsi assez faim. Joanne se faisait des tartines de confiture, parlant succinctement de sa conversation avec Ewan. Jamie fit remarquer qu'il était là pour entendre une partie de la discussion. "Le meilleur de tous les oreillers." reprit-elle en lui faisant un sourire amusé. Jamie semblait pour une fois très relativement satisfait d'Ewan, du fait qu'il veuille se démener, trop en faire. Joanne avait été obligée de le freiner plusieurs, ne voyant pas dans ce qu'il pouvait proposer parfois, ce qui était à son image à elle. Elle demanda ensuite son avis concernant la tenue qu'elle comptait porter. La robe qu'elle proposa lui semblait trop habillé pour une simple visite. "Une de mes tenues habituelles alors, ça irait ?" Joanne portait très souvent des robes, elle en avait ramené plusieurs, vu qu'ils enchaînaient plusieurs jours de vacances suite à cela. Elle avait cette robe bleue marine qu'elle aimait beaucoup et que Jamie l'avait déjà vu porter plusieurs fois. "Non, je lui ai demandé s'il était possible d'éviter au maximum la présence de photographes ou de journalistes, ou que sais-je. J'ai pensé qu'il y en aurait largement ce soir." expliqua-t-elle. Après, elle ignorait à quel point il pouvait modeler tout ceci. "Je lui ai expliqué que je voulais juste rencontrer les personnes qui y travaillent, discuter avec quelques personnes qui bénéficient de l'aide de la fondation, rien de plus." Elle haussa les épaules, puis se servit enfin en thé, avec du lait et du sucre. Jamie lui donna quasiment l'ordre de ne plus toucher à son discours, plus de la journée, à moins de juste le recopier pour l'imprimer. Après tout, elle pouvait très bien faire confiance en ses conseils, il avait bien plus d'expérience qu'elle en la matière. Elle écouta ses instructions sans dire mot, enregistrant bien tout ce qu'il lui disait. Après quoi, ils continuaient de prendre leur déjeuner tranquillement, sans se presser. Celui-ci allait certainement faire office faire de déjeuner également, Joanne avait mangé, mais pas tant que ça. Elle avait déjà cette affreuse boule à l'estomac qui la rendait particulièrement silencieuse. La jeune femme restait tout de même à table le temps que Jamie termine de manger. Après quoi, elle fila à la salle de bains pour prendre une douche; elle allait certainement en prendre une deuxième avant le gala. Elle se vêtit donc d'une de ses robes habituelle. Elle ne pouvait pas être plus fidèle d'elle-même que cela. Jamie avait également accès à la salle de bain, elle s'installa pendant ce temps sur le canapé de la suite, sans rien faire de particulier. Elle ne lisait pas son discours, il y avait énormément de choses à penser mais la nervosité l'empêche de se concentrer sur quoi que ce soit. Elle regardait régulièrement l'heure, se disant à chaque fois que c'était trop juste pour sortir se promener un peu avant de partir, étant donné qu'il y avait pas mal de route pour y accéder. Jamie finit par descendre, bien plus détendu qu'elle. "Je sais que tu n'aimes pas les excuses... mais je tenais à dire que je suis désolée si je ne suis pas très... causante pour le moment. Ca va être une très longue journée." Le pire de tout était le gala. Elle avait hâte de se rendre à la fondation bien qu'elle craignait énormément le regard des résidents et des employés. Une partie d'elle se répétait constamment que ça allait finir par être un fiasco, l'autre s'efforçait d'être optimiste au possible. Une balance assez instable pour une jeune femme à peine remise à pied. Le téléphone retentit soudainement, cela fit même sursauter la jeune femme. Elle décrocha, la réceptionniste lui annonça que leur chauffeur du weekend était déjà là pour les emmener à la fondation. Joanne prit une profonde inspiration avant de se lever, tentant de faire un sourire à son fiancé pour lui assurer que tout allait bien, mais il n'y avait strictement rien qui pouvait la rassurer sur le moment.
Le petit-déjeuner terminé, nous prenons le temps de nous préparer pour nous rendre à la fondation. Nous optons donc pour une allure simple, quelque chose qui nous ressemble, laissant tout le grand jeu pour le gratin présent ce soir. Suivant mes conseils, Joanne arbore une de ses robes que je devine faire partie de ses préférées. Pour ma part, une chemise et un jean font l'affaire, enfilés après une douche pour bien démarrer la journée. C'est de bonne humeur et prêt à affronter les prochaines heures que je rejoins la jeune femme dans le salon de la suite, silencieuse et nerveuse comme pas deux. Lorsque nous avions été invités à venir, j'avais laissé sous-entendre que je ne viendrais pas à cette visite et que je me contenterai d'être à ses côtés au gala, la laissant faire la connaissance des familles et des employés dont je redoute le jugement. Force a été de constater qu'il valait mieux que j'accompagne Joanne du début à la fin de cette journée pour lui éviter de paniquer pour une raison ou une autre. Je me suis donc résigné à me rendre à la fondation avec elle, quitte à être jugé par défaut. De toute manière, ça ne sera ni la première, ni la dernière fois. Je pose mes mains sur les épaules de ma fiancée pour les masser légèrement. « Je n'aime pas les excuses pour les vraies erreurs. » Et à cet instant, il est légitime que ma petite roturière soit pleine de craintes. « Ne t'en fais pas, mon ange, tout va bien se passer. » Je me penche sur elle et l'embrasse au sommet du crâne. Quelques secondes plus tard, le téléphone sonne pour nous indiquer qu'il est l'heure de partir ; le chauffeur attend en bas. Nous montons dans ma voiture pour deux heures de trajet ; il en faut bien une pour sortir de Londres, et une autre pour atteindre la grande bâtisse qui abrite la fondation. Cachée derrière une haute haie et de grands arbres, on en devine le toit à plusieurs centaines de mètres de là. Sûrement un vieux manoir que mon père a fait réhabiliter. « Eh bien, on dirait qu'Edward se prenait pour le Professeur Charles Xavier. Peut-être que nous aidons des mutants ici, au final. Est-ce que tu m'as tout dit sur les dossiers de ces enfants ? » je demande à Joanne en arquant un sourcil, espérant la faire rire un peu avec mes bêtises. Nous passons le portail puis la cour avant de nous arrêter face aux grandes portes principales où Ewan nous attend avec le même sourire qu'à l'aéroport. « Bonjour Monsieur Keynes, bonjour Joanne. Suivez-moi. Vous allez découvrir votre bureau pour la première fois, même si vous n'allez sûrement jamais l'utiliser. » Sans perdre de temps, l'homme nous guide. Au sommet du hall se trouve un de ces grands lustres en cristal brillant, il subjugue toute mon attention. De grandes portes aux quatre coins de la pièce en cercle mènent dans ds salles que nous verrons plus tard, et de plus petites, confondues dans les murs, donnent sur des couloirs vers des pièces plus modestes. Pour le moment, nous empruntons l'escalier couvert d'un épais tapis d'un vert profond jusqu'au second étage. « Vous m'excuserez de ne pas pouvoir vous faire tout visiter moi-même, je dois terminer les préparatifs pour ce soir, mais on s'occupera quand même très bien de vous. » L'étage semble dédié au personnel et à l'aspect médical de l'association. Infirmerie, cabinets des médecins, toutes les pièces sont décorées de manière à ne pas faire penser à une ambiance d'hôpital, à l'aide de couleurs et de fresques. Un ascenseur mène ici les personnes ne pouvant pas emprunter l'escalier. Ewan ouvre une porte et nous invite à entrer. Sobre et assombrie par les rideaux occultant sur les fenêtres, on devine une légère odeur de renfermée qui souligne l'effluve de whisky qui devait être bien plus discrète auparavant, et le cigare qui a imprégné les fibres des meubles. Je devine l'utilité de la pièce avant même qu'on me l'annonce tant l'odeur est familière. « C'était le bureau de Lord Keynes. On n'avait pas un président de la fondation et un directeur, il assumait les deux rôles. » Je soupire. « Je suis Lord Keynes, Ewan, imprimez-vous ça je vous prie. » L'homme prend un air offusqué et croise les bras, s'autorisant de me toiser rapidement. « Et qu'est-ce que vous allez faire pour votre fondation, Lord Keynes ? » Je suppose que, dans un autre contexte, j'aurais compris cette réaction. Il ne m'a jamais eu au téléphone, il ne me connaît pas en tant de décisionnaire, alors je me résume sûrement au fils à papa qui hérite d'une grosse association pour pouvoir faire joujou avec quelques vies humaines les jours de pluie. Pour lui, jusqu'à présent, j'ai été parfaitement inutile, et un simple titre ne me donne pas plus de droits ou d'importance que lui ou que Joanne qui, elle, se démène depuis des mois. J'approche pour me trouver face à lui, à une dizaine de centimètres. « C'est mon argent qui l'a remise à flot et la fait vivre confortablement. » L'argent de l'enlèvement de mon fils qui plus est, sujet sensible qu'il ne faut surtout pas titiller. Je lui ferais bien remarquer également que cette fondation porte le nom de mon frère et que je suis dans cette pièce le mieux placé pour lui donner toute son importance, mais je ne crois pas que cela trouve grâce à ses yeux comme argument, ce qui ne ferait que prouver un peu plus son ignorance. « Alors gardez votre petit air pédant pour les employés qui vous donnent l'illusion d'avoir un semblant de pouvoir, et épargnez-moi votre besoin de vous prouver que vous êtes important, ou vous pourriez bien vite vous rendre compte que vous avez tort. » Et ce n'est pas l'attachement de Joanne pour lui qui pourrait sauver son poste. « J'ai fait convoquer la majorité du personnel dans la salle de repos, ils vous y attendent. » dit-il après quelques secondes de silence. Il sort ensuite de la pièce pour nous laisser seuls un petit instant avant que ne débute vraiment la visite.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne voulait initialement pas venir avec sa douce à la fondation, rencontrer les employés et encore moins les bénéficiaires. Il n'était pas nécessaire qu'elle le lui demande, il avait vite compris qu'elle ne pourrait pas affronter ça toute seule. Il était d'ailleurs de très bonne humeur, une fois lavé et habillé. Joanne se serait attendu à ce qu'il soit assez réfractaire, même s'il se sentait obligé de l'accompagner. Les doigts du bel homme massèrent délicatement les frêles épaules de Joanne, tendue à souhait. C'était selon lui légitime qu'elle panique autant avec le programme de la journée qui s'annonçait et qui allait commencer incessamment sous peu. Joanne le regardait avec énormément de reconnaissance, elle savait ce que l'effort de venir représentait pour lui. Mais il le faisait quand même pour la soutenir, pour rester auprès d'elle et veiller sur elle. Ils finirent par quitter la suite, Joanne ne quittait pas une seule seconde la main de Jamie, si ce n'est pour entrer dans la voiture et la reprendre tout de suite une fois installés. Franck, le conducteur, était un employé exemplaire aux yeux de la jeune femme. Il n'avait pas fait l'erreur d'oublier le titre de Jamie, et était très poli et avenant. Il voulait toujours tendre sa main pour aider Joanne à sortir de la voiture. Le trajet fut extrêmement rapide pour elle, elle ne vit pas le temps passer. Elle avait déjà vu quelques photos de la fondation, mais c'était toujours plus impressionnant lorsque'on l'avait en face de soi. La remarque de Jamie parvint à faire sourire la jeune femme, qui lui sourit avec tendresse. "Ils sont chacun exceptionnels, à leur propre manière." lui répondit-elle, en riant presque. Ewan les attendait à l'entrée du château, commençant d'emblée la visite avec pour point de départ le supposé bureau de la nouvelle directrice. Elle fut impressionnée par la somptuosité du lustre dans le hall. Puis elle suit son employé à l'étage en grimpant les escaliers sans trop se presser. L'odeur présente dans la pièce provoqua un léger haut-le-coeur à la jeune femme. Sans poser la question, elle ouvrit des rideaux puis l'une des fenêtres histoire d'y faire circuler un petit peu l'air. Il ne fallut que quelques secondes de conversation pour que la tension entre Jamie et Ewan remonte à la surface de l'eau, Joanne ne devenant que spectatrice de leur conversation. Ewan ne manquait pas de répondant, ce qui, vu ce qu'il avait rétorqué, n'était pas une bonne chose. Il abordait un sujet particulièrement sensible pour le couple. Joanne s'approcha de son fiancé à pas feutré, posant délicatement une main sur son dos, et espérant qu'il n'explose pas. Ce n'était pas vraiment le bon moment. Ewan ravala sa fierté et préféra passer à autre chose. Joanne se sentit pâlir lorsqu'il dit qu'il avait réunit une grande partie du personnel dans la salle de pause. Il s'absenta ensuite sans dire un mot de plus. Sa main caressa ensuite sa joue, et elle l'embrassa tendrement. "Il m'arrive souvent de me demander si je ne devrais pas te déverser mon salaire tous les mois. C'est impossible d'oublier que tout cet argent là est le tien, que tu as tout dépenser pour sauver Daniel." lui confessa-t-elle. L'idée lui traversa très régulièrement l'esprit, mais elle ne s'était jamais appliquée. Joanne avait jusqu'ici garder une très grande majorité de ce qu'elle avait gagné, mais s'il ne s'agissait que de quelques mois, si jamais il venait tout de même à le réclamer. Joanne ne pensait pas mériter cette somme là tous les mois. Elle l'embrassa une nouvelle fois puis fit quelques pas dans la pièce. "J'espère qu'ils parviendront à faire sortir cet odeur des meubles, ce mélange me donne la nausée." commenta-t-elle en s'approchant de l'immense bureau. Et si jamais, elle ne voudrait certainement pas s'installer dans le fauteuil dans lequel Edward Keynes a pu passer des heures à s'intoxiquer à force de cigares et d'alcool fort. Le courant d'air de la fenêtre ouverte, aidait déjà un petit peu à renouveler l'air de la pièce. Quelques minutes plus tard, Ewan réapparut afin de guider Jamie et sa fiancée dans la fameuse salle où le personnel les y attendait. Joanne souffla un beaucoup avant d'entrer dans la pièce et de se trouver face à des dizaines de personnes, tout le monde avait son regard posé sur elle. Ewan fit rapidement les présentations, mais les employés s'attendaient certainement à quelques mots venant de leur nouvelle directrice, et ça, c'était une chose à laquelle elle n'avait pas songé. Elle se sentait d'ailleurs bien idiote de savoir que cette possibilité là ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Elle prit quelques secondes pour rassembler des mots et en faire des phrases à peu près compréhensibles. Ewan, le sourire aux lèvres, commençait à avoir un peu insistant, l'invitant clairement à dire ce qu'elle avait en tête. "... Bonjour à tous." Elle nota que Jamie s'était un peu mis en retrait, c'était certainement volontaire de sa part. "...Je voudrais surtout vous remercier du travail que vous effectuez ici. Vous y mettez tout votre coeur, et je dois vous avouer que c'est ce qui me touche le plus, et c'est ce qui aide le plus toutes ces personnes à s'en sortir. Je ne sais pas s'il y a des représentants présents maintenant, mais j'aimerais sincèrement remercier tous ceux qui ont répondu à mes sollicitations et mes invitations, toujours dans le but d'améliorer et d'optimiser la fondation afin que nous puissions aider au mieux ces familles, sous tous les angles qui sont à prendre en compte." Joanne leur échangea un sourire des plus sincères, elle ne faisait que dire ce qu'elle pensait. "Il y a déjà certains d'entre vous qui m'ont contacté pour me transmettre de bonnes nouvelles, ou quelques idées, même des messages de bienvenue, et je tiens sincèrement à vous remercier de cet accueil. Sachez que si une idée, un problème vous vient, n'hésitez pas à m'en faire part. Même si je suis à l'autre bout du globe, ça ne m'empêche pas d'être tout à fait disponible. Je reste persuadée que pour que tout aille au mieux, il faut que nous travaillons ensemble. Il y a cette hiérarchie qui me met sur une sorte de piédestal, ça peut être impressionnant. A vrai dire, ça l'est surtout pour moi." dit-elle en finissant par un rire nerveux. Cette remarque fit sourire beaucoup de personnes dans la salle, même en faire rire certains. "Mais j'aimerais qu'il y ait tout de même une certaine égalité. Que nous partagions les idées, que nous les développions. C'est vous qui êtes sur le terrain tous les jours, qui constatez les choses, vous êtes les mieux placés pour suggérer des initiatives, des projets. J'ai déjà plusieurs idées en tête, mais je serai vraiment heureuse de pouvoir entendre les vôtres." conclut-elle avec un sourire franc. "Et merci encore pour tout ce que vous faites." Joanne eut droit à des applaudissements qui l'embarrassèrent au plus haut point. Elle les laissa vaquer à leur occupations, libre à eux de vouloir venir la voir ou non. Elle se doutait bien que leur programme de la journée était chargé. Ewan lui fit un sourire encourageant, elle commença à se masser nerveusement la nuque avant de reprendre la fâcheuse habitude de jouer avec ses doigts. Quelques personnes vinrent auprès de la jeune femme pour la saluer, lui souhaiter la bienvenue, la remercier et lui faire part de bien des choses. Joanne les écoutait avec attention, et leur répondait. Elle était bien plus à l'aise pour les conversations de ce genre plutôt que de faire un discours devant tout le monde; encore, tout dépendait avec qui elle parlait. Elle n'allait certainement pas être autant à l'aise le soir-même. Ewan lui demanda s'ils pouvaient poursuivre la visite."Avant de continuer, serait-ce possible d'avoir un verre d'eau ?" lui demanda-t-elle. Ce discours improvisé lui avait bien séché la bouche, et cela lui permettait ensuite de se rapprocher de Jamie, leur laissant ainsi quelques minutes de répit avant de reprendre.
Ewan s’esquive bien vite. Jusqu’à présent, il est plutôt clair que nous n’avons pas d’atomes crochus tous les deux, et que les frictions sont à prévoir. Cela ne fait pas de lui une mauvaise personne à mes yeux. A vrai dire, malgré ce que j’en dis, plus je le vois et plus je l’estime. Ses réactions ne sont que le fruit de son attachement à cet endroit et à son travail. Joanne est allée ouvrir les fenêtres du bureau. Le courant d’air ne suffit pas à complètement rafraîchir la pièce, mais elle devient plus respirable. Je souris tendrement à ma fiancée après avoir échangé un baiser. Elle est nerveuse comme tout à l’idée de rencontrer une partie du personnel. Mais elle m’avoue penser que si son salaire provient de l’argent qui m’a été pris, il lui semble normal qu’il me revienne plutôt qu’à elle. « Je me dis qu’ici, cet argent sauve plus qu’un seul enfant. » Il est utile, cela aurait pu être bien pire. Edward aurait pu tout donner à ma mère, à son frère, à son entreprise. Il a préféré tout placer ici. Sûrement pour passer pour le Messie après sa mort, mais cela n’a plus d’importance désormais. « C’est ton argent. Tu le gagnes avec ton travail, et tout travail mérite salaire. Et c’est moi qui décide, alors je décide que tu le gardes. » j’ajoute avec un sourire. J’explore également un peu le bureau, constatant sans étonnement qu’il y a plus ici de vieilleries, tableaux, babioles, que de photos de famille ou quoi que ce soit de personnel. Il y a un bon nombre de livres dans une grande bibliothèque qui borde tout un mur, et je les suspecte d’être encore comme neufs. Seul le canapé, face à la grande fenêtre, laisse deviner des heures de contemplation du grand jardin de la propriété, et peut-être des moments passés en d’autre compagnie que celle de son épouse. « Au moins le bureau ressemble à l’homme. » Un mélange d’alcool, de cigarette, des apparences trompeuses, et le tout filant la nausée. Ewan réapparait pour nous escorter jusqu’à la grande salle de repos du personnel, au bout d’un couloir dont la porte s’est ouverte après un discret bip dont je n’ai pas deviné la provenance. Alors que Joanne s’avance, je reste, pour ma part, près de la porte. Comme déjà sur le départ. Bras croisés, je les observe tous et écoute la jeune femme leur faire part de son ressenti après quelques mois à la tête de la fondation. Pour une intervention improvisée, Joanne s’en sort très bien. « C’était parfait. » je lui murmure après les applaudissements et les sollicitations, un sourire encourageant sur les lèvres. « N’hésites pas à être très spécifique quand tu leur parles, donner des exemples. Les remercier, c’est bien, mais je pense qu’ils veulent profiter de ta présence pour savoir qu’elle direction tu vas donner à la fondation, quels axes tu vas privilégier… » Elle s’en doute. Elle n’est pas idiote non plus. Elle travaille avec eux depuis des semaines. Et je donne des leçons alors que je suis celui qui ne sait pas grand-chose de tout ceci. « Je dois donner l’impression de te couver. » dis-je en baissant les yeux, gêné. Mais je sais qu’elle souhaite bien faire, qu’elle a peur du moindre faux pas, alors j’aimerais le lui éviter. Sauf qu’ici, c’est son territoire plus que le mien. Après avoir eu son verre d’eau, Ewan, visiblement pressé, nous laisse en compagnie d’une seconde petite blonde. « C’est ma collègue Audrey qui va s’occuper de la suite. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Et il repart en direction de son bureau, deux portes plus loin. Sans perdre de temps, puisqu’il y a beaucoup à voir avant d’aller à la rencontre des bénéficiaires de l’aide de la fondation, nous suivons la demoiselle qui se charge de la visite. « Nous avons deux médecins sur place, deux infirmières, une troisième de nuit, et un secrétariat pour l’étage. Chacun a une pièce qui lui est dédiée. Ca c’est pour l’aile Est. Là où nous étions, à l’Ouest, c’est l’aile réservée au personnel et à l’administration, interdite d’accès à qui que ce soit d’autre. Nous avons un système de badges pour nous en assurer. Là et là, ce sont des réserves. L’accès au grenier se fait par cette trappe, mais c’est inutilisé. » Néanmoins, cela signifie qu’il reste de l’espace à exploiter si besoin, à l’avenir. « Au premier étage, ce ne sont que des locations. » dit-elle alors que nous descendons lentement les escaliers. « Cela va des dortoirs aux chambres individuelles mais aussi des studios. » Dégainant un trousseau de clés, Audrey nous ouvre une des chambres inhabitées pour le moment, afin que nous puissions avoir une idée de l’espace mis à disposition. C’est assez petit, et ce n’est pas du grand luxe, les meubles ne sont pas de première facture et j’imagine que dans d’autres chambres certains sont bien usés par le passage de résidents. Néanmoins, tout le confort est là. Chaque personne possède même son propre coffre-fort sous son lit pour y conserver ses objets de valeur et s’assurer que personne ne puisse les voler. Audrey referme la porte et nous continuons au nord. « Nous avons aux alentours de soixante places en tout pour des résidents de longue durée, et quarante places dans l'annexe au manoir pour les passages de courte durée, soit une centaine de places en tout, mais c’est un chiffre que nous ne nous autorisons à atteindre qu’en hiver. » Et ce, en poussant sur les nerfs des effectifs présents ou en engageant quelques renforts, notamment du côté des soins. « Seuls les studios ont leur propre salle de bain. Pour les autres, nous avons cinq salles de bain communes un peu partout dans l’étage. » Elles sont toutes les unes à côté des autres dans cette partie de l’aile. Je suppose qu’il est difficile de proposer mieux. En retournant vers les escaliers, nous traversons le petit hall de l’étage jusqu’à une grande double porte ; la jeune femme tapote dessus fièrement. « Ici, c’est l’emplacement que nous avons choisi pour installer la halte-garderie que Miss Prescott a demandée. C’est en travaux, vous voulez voir ? »
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Jamie préférait mettre tout à plat en donnant presque l'ordre à sa fiancée de garder l'argent qu'elle gagnait grâce à la fondation. Alors qu'elle, elle ne pensait pas le mériter, lui, pensait tout le contraire. Il devait certainement se douter que la jeune femme n'irait jamais contre ses exigences et son pouvoir décisionnel, cela permettait de clore quelques sujets de conversation avant qu'ils ne s'enveniment. Après qu'il ait lui-même explorer l'ancien bureau de son père, Joanne fut ensuite confrontée à son premier discours, qui devait être totalement improvisé. Elle ne disait que les choses qui lui venaient en tête, ce qui lui semblait le plus important, ne sachant pas trop tout ce que ceci pourrait donner. C'était presque un soulagement lorsqu'elle entendit Jamie dire qu'elle s'en était très bien sortie, en ajoutant quelques conseils. Elle acquiesça d'un signe de tête pour montrer qu'elle avait tout bien assimilé. "A vrai dire, je pensais plus parler de ce genre de choses en comité plus restreint lors de la visite. Dans ma tête, je me suis dit que ce serait plus facile de discuter des besoins et des attentes dans leur cadre de travail quotidien, pas dans une salle pour un événement peu commun." Elle haussa les épaules, ne sachant pas si son raisonnement était sensé, s'il s'entendait correctement. Jamie s'en voulait d'être aussi pointilleux avec elle, à la conseiller en permanence par rapport à tout cela. "C'est nécessaire. Je ne sais pas discourir, je n'ai pas non plus étudié dans l'administration et le management, et je suis encore moins charismatique et pleine d'assurance." Elle l'embrassa tendrement. "Tous tes conseils sont bons à prendre." lui assura-t-elle. Joanne était preneuse, du moins. Peut-être qu'il s'en voulait, qu'il ait la sensation que ça la réduise un peu alors qu'elle n'avait pas déjà une très haute estime de soi. Ewan passa la main à l'une de ses collègues, Audrey, pour poursuivre la visite. Joanne écoutait attentivement les explications de l'employée. Celle-ci les conduisit ensuite dans une chambre individuelle. "Le nettoyage à blanc est bien fait entre la visite de chaque résident ? J'ai demandé à changer d'entreprise il y a deux semaines, ils sont déjà passés ?" "Oui, bien sûr. Nous nous assurons que ce soit fait à chaque fois. Je me suis permise de mettre en place un cahier des charges afin d'avoir un suivi papier du passage de l'entreprise." Joanne acquiesça d'un signe de tête, approuvant cette démarche. "Je n'y avais pas encore songé, mais y'a-t-il des chambres où il serait nécessaire de prendre de nouveaux meubles ?" "Quelques uns commencent à être bien usés, il y a des armoires qui sont là depuis la création de la fondation." expliqua Audrey, ayant emporté avec elle un bloc-notes pour prendre en note ce que sa supérieur pourrait dire ou suggérer. "Si nécessaire, demandez un devis pour tout le mobilier qui nécessite d'être changé." Audrey parlait ensuite des places disponibles dans la fondation, précisant que c'était surtout plein en hiver. "Et comme vous l'aviez demandé, nous avons bien remis à jour le règlement que chaque résident se doit de respecter. Ils ont tous approuvé et signé." "Et au niveau des employés, en hiver, Edward Keynes avait-il songé à maintenir un certain équilibre entre les employés et le nombre de résidents?" "Pas vraiment, non. Il nous disait que si nous n'arrivions pas à nous en sortir, c'est qu'il y avait une mauvaise organisation et une mauvaise gestion du temps de notre part. Sauf votre respect, je dois vous avouer quelques personnes en plus pour certains hivers n'aurait pas été de refus." dit la jeune femme avec une petite mine. "Je vois." dit Joanne, s'octroyant quelques minutes de réflexion. "Nous allons nous pencher là-dessus pour cet hiver, pour anticiper au mieux." Audrey poursuivit ensuite la visite en montrant les studios mis en place. Jusqu'à ce qu'ils arrivent devant les portes d'un des projets de la jeune femme. Elle s'enthousiasma beaucoup voir la progression des travaux. La salle était en train d'être peinte. Il y avait énormément d'espace. "Nous avons déjà eu plusieurs candidatures pour les assistantes maternelles et une infirmière puéricultrice." "Vous m'avez envoyée leur CV ?" "Oui, hier. Nous avons également eu l'appel d'un pédiatre, qui travaille en cabinet non loin d'ici et qui s'est proposé de venir travailler ici à mi-temps, avec une astreinte le weekend une fois par mois. Nous voulions voir avec vous si ça vous intéresserait." Les yeux de Joanne s'illuminèrent. "Ce serait merveilleux, ça pourrait beaucoup aider les deux médecins qui sont ici à plein temps. La pédiatrie est une spécialité qui apporterait beaucoup aux personnes ayant de jeunes enfants à leur charge. Ce serait l'occasion de mettre à jour les vaccins et les différentes préventions. Vous pourrez aussi me transmettre ses coordonnées ?" "Je m'en occuperai dès lundi matin." lui assura Audrey. "Et l'expert est déjà passé, pour la mise au normes de la crèche et de la halte-garderie ?" "Oui, en début de semaine. Il y a juste quelques détails qui seront corrigés rapidement, mais en dehors de ça, tout est bon." Joanne avait demandé à ce qu'ils mettent de la couleur, que tout aspire à la joie de vivre pour cette pièce. Ils avaient même fait appel à un designer d'intérieur réputé pour aider à combler la demande de la jeune femme. "Est-ce possible de visiter l'aile où il y a tout le médical ?" Joanne avait en tête de rencontrer les médecins et infirmiers. Sans broncher, elle les guida jusque là, aucun des professionnels de santé n'étaient occupés pour le moment. Ils se regroupèrent afin de saluer Joanne. Elle prit le temps de discuter avec eux, de leur demander s'ils avaient tout ce dont ils avaient besoin au niveau du matériel, s'il fallait en renouveler certains. Audrey prit note de toutes les demandes. Celles-ci allaient être étudiées mais Joanne allait faire son possible pour qu'ils disposent de tout ceci. Les infirmières partirent ensuite, ayant des résidents qui les attendaient pour des soins. Une jeune femme, assez grande, brune avec des yeux d'amande, se présenta devant le bureau du médecin dans lequel se trouvait également Joanne, Jamie et Audrey. Les yeux de l'inconnue s'écarquillèrent en voyant la directrice. Elle ne parvint pas à articuler un seul mot, puis elle regarda dans le couloirs. "Vous êtes... Miss Prescott, c'est bien ça ?" demanda-t-elle alors toute émue. Joanne lui fit un large sourire, confirmant son identité. Toute sautillante, la brune regarda dans le couloir et dit. "Charlie, vite, dépêche-toi, elle est là !" Le prénom tiqua immédiatement aux oreilles de Joanne. Un petit garçon de six ans se précipita dans le bureau. On devinait les dispositifs médicaux implantés près de ses oreilles. Joanne s'accroupit afin d'être à sa hauteur. Le gamin la regardait avec émerveillement. "Bonjour Charlie." lui dit-elle avec un grand sourire. A ses heures perdues, Joanne s'était mise en tête d'apprendre le langage des signes depuis qu'elle avait entendu parler de l'histoire de ce petit garçon. Celui-ci n'en croyait pas ses yeux. Il regarda sa mère, elle-même émue. "...e peux entendre." dit le petit en montrant ses appareils. "C'est vrai ? Ca marche pour de vrai ?" Charlie acquiesça d'un grand signe de tête en riant. "Et alors, qu'est-ce que tu as fait depuis ? Tu as écouté de la musique ?" "Oui, oui !" Le médecin se permit d'intervenir. "Il attendait votre venue avec impatience. Il ne tenait plus en place lorsque nous lui avons dit que vous passeriez ici." expliqua-t-il. "J'ai dit à Maman que tu es une princesse, mais elle ne m'a pas crue." dit Charlie, devenant un petit peu timide. "Elle, elle croit plutôt que vous êtes un ange. Un ange gardien." En effet, la jeune mère de Charlie semblait être un peu pieuse, ayant toujours un pendentif avec la croix du Christ. "Et que vous nous avez sauvé." renchérit-il. "Et alors, qu'est-ce que tu crois, maintenant ?" "Je crois que Maman a raison. Mais en fait, on peut pas voir les ailes, elles sont invisibles. Maman dit que les anges sont toujours beaux, et qu'ils ont un grand coeur. Un coeur grand comme ça." Il les montrait en écartant ses bras. La mère de Charlie tendit à son fils un papier qu'il déplia. "J'ai fait un dessin. Là, c'est toi, là, c'est moi et Maman. Regardez, il y a que des sourires. C'est parce que tout le monde est heureux. Maman est heureuse de pouvoir me faire écouter de la musique, et elle m'a dit qu'elle était encore plus heureuse parce qu'elle allait bientôt trouver un travail." Le dessin était enfantin, quoi que Joanne trouvait qu'il dessinait très bien pour son âge. Il n'entendait pas jusqu'il y a quelques semaines, ses autres facultés s'étaient donc développées. "Maman m'a dit que je devais vous demander si tu es d'accord que je t'envoie des dessins parfois." "Charlie, je t'ai déjà qu'il faut dire vous, à Miss Prescott." "Ne vous en faites, ce n'est pas grave. Bien sûr que tu peux m'envoyer des dessins de temps en temps." Joanne avait demandé à faire une boîte postale à son nom pour tous les courriers de la fondation. Elle savait désormais qu'elle allait y retrouver quelques dessins. Elle finit par se redresser, la mère en profiter pour lui serrer chaleureusement la main. "Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez pour Charlie. Si vous saviez à quel point il est heureux depuis, vraiment." Audrey conduisit Joanne et Jamie hors du bureau, le petit Charlie ayant une consultation de routine avec le médecin, et la directrice ne voulait pas retarder davantage leurs horaires.
Un peu en retrait, il m’arrive souvent d’arquer un sourcil en écoutant les dialogues entre ma fiancée et l’employée. Des questions pertinentes et pointues auxquelles je n’aurais parfois pas pensé, et une certaine aisance dans la manière de diriger le tout. Elle semble parfaitement savoir ce qu’elle fait, et m’avoir absolument pas besoin de moi en quoi que ce soit. Du coup, j’ai tout loisir de l’observer faire, avec un sourire en coin, lorsqu’elle parle avec le personnel et donne quelques instructions. Je savais que je ne pouvais pas avoir plus raison de lui confier tout ceci. Il suffit de la voir pour en être certain. C’est à croire qu’elle a toujours baigné là-dedans. C’est une scène à la fois troublante et touchante qui se déroule lorsque le petit Charlie vient à la rencontre de Joanne. Le garçon profite de ses appareils auditifs depuis quelques semaines grâce à elle, et le voilà déjà capable de parler. Du moins, il se fait facilement comprendre malgré une élocution parfois bancale et quelques difficultés ici et là. La jeune femme gagne même un dessin fait avec amour en plus de la reconnaissance éternelle de la mère du petit. Elle n’est plus vraiment mon ange à moi alors. Elle l’est pour un peu tout le monde ici désormais. « Eh bien… » je souffle, comme un peu sonné par toutes les émotions qui ont déferlées dans le cabinet du médecin si soudainement. « Je crois que tu as un fan. » Je souris largement à Joanne puis m’approche pour passer un bras autour de sa taille tandis que nous retournons à l’étage inférieur. « Tu vois ? Tu fais déjà un excellent travail. » je lui murmure. « Je suis fier de toi. » Mes lèvres apposent un baiser sur sa tempe. Elle était ce qu’il manquait à cet endroit. « Est-ce que vous souhaitez voir d’autres chambres ? » demande Audrey alors que nous passons devant leurs portes. « Ca ira. Nous n’allons pas déranger les résidents. Si nous avons le temps, nous reviendrons un jour dans la semaine où nous n’avons pas d’obligations pour observer plus dans le détail et tenir de plus longues conversations. » Mais pour aujourd’hui, nous n’avions que deux heures avant de devoir retourner à l’hôtel afin de nous préparer pour ce soir, et je pense que Ewan voudra revoir Joanne avant que nous partions pour s’assurer que tout est en ordre. Nous descendons les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, et l’employée nous indique de grandes portes fenêtres. « Je vais d’abord vous montrer le jardin et les dépendances avant d’aller faire le tour des salles d’activités, si vous voulez bien. » Nous acquiesçons d’un signe de tête et la suions à l’extérieur. Le terrain est bien plus grand que celui de notre maison de campagne, il y a de quoi se sentir minuscule. « Un bout de la forêt là-bas nous appartient, mais les résidents n’ont pas le droit de s’y rendre en dehors des après-midis de jeux que les animateurs organisent parfois. C’est un bon terrain pour les jeux de piste avec les enfants, et ils adorent y faire des cabanes quand le temps le permet. Il y a un chemin de terre pour les chevaux, une association partenaire en amène quelques un ici toutes les deux semaines pour proposer des balades. » Ca, ça sent l’idée d’Edward. Lui comme moi avons toujours beaucoup regretté de devoir vendre nos chevaux lorsque nous avons déménagé à Londres. « Ce petit bâtiment, à gauche, c’est celui pour les résidents de courte durée. C’est une structure assez indépendante. L’autre, c’est une petite piscine d’intérieur. Pas bien grande, ni très profonde, hein. C’est un de nos thérapeutes qui avait demandé son installation à Monsieur Keynes. On a aussi un petit terrain de basket, derrière la dépendance, et des balançoires. » En bref, de quoi profiter du grand air comme il se doit. De retour à l’intérieur, nous nous postons sous le candélabre du hall. « Les deux thérapeutes sont au rez-de-chaussée, dans ce petit couloir. C’est un peu lugubre, mais on ne sait pas trop comment faire mieux. » Il est vrai que le couloir est sombre et étroit, cela n’a rien d’encourageant. « De ce côté, c’est la bibliothèque, et là, la grande salle commune. » La pièce est véritablement immense, ponctuée de canapés et de fauteuils d’un peu partout. On devine que la cheminée est condamnée par mesure de sécurité et que les tapis auraient bien besoin d’être changés à force d’être piétinés. Cela semble être le repère des adolescents, pourtant, il n’y a aucune trace de jeux vidéos. « Nous avons des ordinateurs, mais l’accès à internet est restreint. » explique Audrey e nous montrant la demi-douzaine d’appareils, pas de la première jeunesse, qui longent un mur. Elle nous fait le topo du système de crédits auquel les pensionnaires sont soumis pour avoir accès aux ordinateurs ou à tout autre équipement électronique, comme le téléphone ou les machines pour le linge. Plus qu’une manière de les brider, c’est avant tout pour savoir qui utilise quoi et de quelle manière. Plus loin dans la salle se trouve un billard et un baby foot. Il n’y a pas de télévision, mais un projecteur avec une toile rétractable. « De l’autre côté du hall, il y a un studio qui accueille les ateliers de nos partenaires. Des petits cours de danse ou de théâtre par exemple. Le reste du temps, elle est utile aux groupes de parole. A côté, il y a une salle commune plus petite, pour les enfants. » Là où la jeune femme nous mène. En ce dimanche, la salle est pleine de petits, de la peinture plein les doigts pour colorier de grandes feuilles blanches.
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Même Jamie semblait un peu chamboulé par cette scène qui venait de se dérouler devant lui. Lorsqu'ils étaient sortis du bureau, il passa une main autour de la taille de sa belle. Celle-ci fut particulièrement touchée lorsqu'il lui dit à quel point il était fier d'elle. Elle le regarda, ne voyant dans ses yeux verts que la sincérité de ses paroles. "Vraiment ?" demanda-t-elle tout de même avec un sourire qui ne quittait pas ses lèvres. C'était une des plus belles victoires, d'entendre la personne que l'on aimait exprimer la fierté par rapport à son âme soeur. C'était un bon élément motivateur. Lors qu'il voulait retirer sa main de sa hanche, Joanne voulait tout de même maintenir un contact physique avec lui en lui prenant la main. Jamie répondit pour elle concernant la visite des différents appartements. Mais le temps leur était imparti, ils ne pouvaient pas se permettre de voir ces lieux sans en manquer d'autres, qui pouvaient être bien plus importants. Audrey leur montra donc l'extérieur, un terrain qui s'étendait à perte de vue. "La piscine est-elle ouverte à tout moment ?" "Non, il y a des horaires, et elle est constamment surveillée par un maître nageur." La sécurité avant tout, se disait Joanne. Ce n'était peut-être que des détails, des questions à la réponse évidente, mais il fallait qu'elle en ait le coeur net. Ils firent quelques pas à l'extérieur, Joanne prenant le temps d'observer chaque bâtiment et l'espace qui s'étendait sous ses yeux. Puis Audrey leur montra le couloir où se trouvait les bureaux des thérapeutes, désolée de ne pas pouvoir améliorer l'esthétique du couloir étroit. "Faites peut-être venir le même designer d'intérieur que pour la halte-garderie, voir même un architecte, peut-être qu'ils auront plus d'idées que nous pour enjoliver le couloir." suggéra Joanne. "Très bien." dit l'employée en en prenant note. Il y allait certainement avoir déjà beaucoup de mouvements et de changements après la visite de Joanne, c'était certainement l'occasion de renouveler et de rafraîchir certaines pièces. "Et la bibliothèque, il y a des nouveautés régulières au niveau des livres ?" "Oui, la bibliothécaire que nous avons récemment embauché a travaillé dans une des grandes librairies à Londres, elle est en train de mettre en place un projet par rapport à tout cela, elle m'a dit qu'elle vous transmettrait le tout par mail." Joanne était ravie d'avoir des employés qui s'investissaient autant, qui proposait divers projets dans l'unique but d'améliorer les service et la disponibilité de la fondation. Audrey leur montra les ordinateurs, qui avaient déjà un certain âge, et dont les logiciels n'avaient pas été mis à jour. Ce système de crédits lui semblait correct. "Il faudrait tout de même songer à renouveler le matériel informatique, il doit bien y avoir des entreprises qui font des offres pour les fondations de ce genre. Pourquoi pas même proposer une formation dans ce domaine ? C'est devenu un élément important pour beaucoup de professions, pour ceux qui veulent se reconstruire ici." proposa Joanne, pensive, en s'approchant des ordinateurs. "Tu en penses quoi, Jamie ?" Après tout, la fondation avait largement les moyens de renouveler le matériel mis à disposition. Audrey poursuivit la visite, en terminant par une salle plus petite, pleine à craquer d'enfants s'amusant avec de la peinture. Il n'y avait que des sourires et de l'amusement, c'était impossible de ne pas être heureux une fois que l'on voyait cette scène. Quelques assistantes maternelles s'approchèrent de Joanne et Jamie pour leur serrer la main, se présenter et aussi expliquer l'activité du jour. "Dites moi que vous comptez afficher ces chefs d'oeuvre." demanda Joanne, en riant. "Oui, nous cherchons toujours à mettre en valeur leur travail, et c'est plutôt efficace. Ils sont particulièrement fiers de voir leurs dessins affichés." lui assura l'une des employés. Elle tapa ensuite dans ses mains avoir l'attention des petits. "Les enfants, écoutez moi ! Harry, ne mets pas les doigts en bouche, s'il te plaît.. Vous vous rappelez que Lola vous a expliqué qu'il y avait un nouveau chef qui s'occupait de tout le château ? Elle vous avait dit qu'elle venait de très très loin, de l'autre bout du monde. On avait regardé tous ensemble sur la carte du monde, vous vous rappelez ? C'est cette même dame qui nous a permis d'acheter plein de nouveaux jeux, et qui a demandé à construire la garderie pour les tout petits enfants." Vu le oui général et enthousiaste émis par tous les gamins, ils semblaient bien s'en souvenir. "Et bien, elle est juste là ! Je vous rappelle que c'est la directrice, donc il faut être très gentil avec elle. Et qu'est-ce qu'il faut dire à Miss Prescott et à Lord Keynes ?" Ils eurent droit à un grand bonjour de la part de tous les gamins, ce qui fit rire Joanne, attendrie par ces petites bouilles. "Vous, vous avez le droit de m'appeler Joanne." leur dit-elle avec un large sourire. "Est-ce que vous seriez d'accord que je fasse un peu de peinture avec vous ?" Surexcités, une bande d'enfants se hâta à lui faire une place sur l'une de leur petite table. Il suffit à la jeune femme de se mettre à genoux pour être à leur hauteur. Il y avait déjà quelques jalousies ici et là, Joanne leur assura qu'elle viendra voir tout le monde. "Je suis sûre que si tu vas demander à Lord Keynes, là-bas, il adorerait venir faire un dessin avec toi." dit-elle tout bas à un petit garçon en larmes parce que Joanne ne s'était pas mise à côté de lui pour peindre. "Va le chercher, vas-y. Il dessine super bien, en plus, il faut qu'il te montre ce qu'il sait faire." l'encouragea-t-elle. La jeune femme lança un regard complice à son fiancé avant de se concentrer sur son dessin. "Je vais vous montrer comment moi je veux faire mon dessin." sur sa main, Joanne dessina un large arc-en-ciel, de la paume jusqu'au bout de ses doigts. Elle transféra le tout sur le papier. Certains enfants furent impressionnés de cette prouesse technique et se hâtèrent à faire la même chose. Certains faisaient un ciel, d'autres des felurs, ou des poissons, mais ils utilisèrent toute la même technique que la belle blonde. Joanne fut souvent sollicitée, les enfants faisant part de leurs idées, attendant l'approbation d'un adulte pour appliquer leur oeuvre d'art. Elle ne vit pas le temps passer, en étant ainsi entourée d'enfants. Ceux-ci avaient recouvert ses bras et sa robe de peinture lorsqu'ils voulaient la prendre de ses bras ou la solliciter. Audrey, en cachette, prit une multitude de photos d'elle ou de Jamie qui allaient être affichés très bientôt dans les couloirs de la fondation. Les assistantes maternelles arrêtèrent l'activité pour l'heure du goûter. L'une d'entre elles s'approcha de la directrice, l'air désolé. "Nous vous prendrons une nouvelle robe, si vous voulez." "Oh non, ne vous en faites, ça fait longtemps que j'ai celle-ci, ce n'est pas grave. Ca me fait un style un peu avant-gardiste." dit-elle en riant. "Je suis peut-être mal placée pour le dire, mais je suis vraiment heureuse que vous soyez à la tête de la fondation. Nous avions tous besoin d'un regard neuf et de nouvelles idées, et même si vous n'êtes là que depuis quelques mois, vous nous avez déjà apporté bien plus que nous pouvions l'espérer." "C'est vous que je dois remercier. C'est grâce à vous qu'il y a tous ces sourires dans cette pièce. Si jamais vous avez des projets, des besoins en terme de personnel ou de matériel, n'hésitez pas à m'en faire part." "Nous n'hésiterons pas. Vous avez d'autres projets en tête ?" "Pour ici, oui, beaucoup de rénovation pour le moment. Une fois que ce sera fait, nous y verrons plus clair pour améliorer le tout. Mais à long terme, j'avoue que j'aimerais beaucoup élargir la fondation en ayant un établissement en Australie." Les yeux de l'assistante maternelle s'illuminèrent "Vraiment ?" "Oui, ce serait un bel aboutissement à mes yeux, et je pense qu'il y a là-bas aussi beaucoup de familles qui ont besoin d'aide, j'aimerais leur permettre de saisir cette chance là." expliqua brièvement Joanne. "Miss Prescott, il est presque seize heures..." dit Audrey, en s'excusant d'interrompre leur conversation. Mais il y avait un planning, toute une programmation à laquelle Joanne devait se tenir. Elle se sentait désolée de ne pas pouvoir autant discuter avec tous les employés.
N'ayant pas prononcé un mot de la visite, toujours discret et en retrait même en étant au bras de Joanne, je prends quelques secondes pour réaliser qu'elle s'adresse à moi et me demande mon avis. « Je pense que c'est une très bonne idée. » je réponds simplement, approuvant également d'un signe de tête. Le matériel informatique ne peut décidément pas rester aussi obsolète, et former les résidents à leur utilisation est un point dont on ne peut pas se passer de nos jours. La fondation ayant largement les moyens de tout renouveler, nous pouvons nous permettre de mettre à disposition du matériel de qualité. Il y a beaucoup de petites choses à remettre à neuf, mais c'est un investissement sur la durée. Dans la salle commune des enfants, bon nombre de boîtes de jeux semblent sortir à peine du magasin, et les pots de peinture sont encore pleins. Il est bien plus facile de contenter les petits plutôt que les grands ; avec des feuilles et des pinceaux, ils réinventent le monde et s'occupent pour des heures. Alors que je ne suis pas de nature timide, je me retrouve bien nerveux face à cette armée d'enfants et leur bonjour tous en coeur. Je ne sais pas où me mettre. Joanne, elle, est complètement à son aise et se fait rapidement une place parmi eux. Et pour que tous les petits profitent de la présence de ces deux invités importants et que je ne reste pas une fois encore sur le côté, elle envoie un petit garçon me tirer par le bras pour les rejoindre. « Vous venez faire de la peinture avec nous ? Miss Prescott, elle dit que vous dessinez super bien. » « Elle a dit ça, hein ? » Je lance un regard à la jeune femme, puis m'installe à une table. Même assis par terre, les gosses ont l'air minuscules près de moi. « Vous pouvez faire un dessin, comme ça je peux le colorier ? » « Bien sûr. Qu'est-ce que tu veux comme dessin ? » Et c'est une explosions de mots qui sortent de la bouche de tous les enfants autour de la table, chacun voulant être le premier ou celui parlant le plus fort. « Un à la fois, s'il vous plaît. » Je donne la parole au garçon qui est venu me chercher. « Un canard. » dit-il timidement. « D'accord. Mon fils aussi aime les canards. » « Vous avez un fils ? Comment il s'appelle ? » « Il s'appelle Daniel. Et sa maman, c'est Joanne. » Ils semblent tous émerveillés et la regardent sans une once de discrétion. Pour eux, c'est un peu comme si Cendrillon et son prince avaient eu un bébé. « Oh ! Vous êtes mariés ? » « Pas encore, mais bientôt. » La petite fille qui a posé la question ne semble pas comprendre comment on peut avoir un enfant sans être marié, mais elle ne se fait pas plus curieuse qu'elle ne l'est déjà. C'est son amie qui reprend ; « Il a quel âge votre fils ? » « C'est encore un bébé, il n'a que six mois. Il est tout petit, et il ne sait pas encore parler. » En répondant à leurs questions, j'enchaîne les dessins de papillons, de princesses, de super-héros, de chats, de chiens… « Oh non, j'ai dépassé... » murmure un bonhomme fort déçu et dépité. « Ce n'est pas grave de ne pas suivre les contours quand on fait de l'art. Regarde. » En quelques traits, je refais le canard sur une nouvelle feuille. Puis, sur le modèle de Joanne, je peins ma main en vert et bleu, et le bout d'un doigt en orange. J'applique le tout sur la feuille en faisant bien correspondre le orange avec le bec. L'empreinte colorie le dessin sans prendre en compte les contours, mais c'est loin d'être vilain pour autant. Alors les enfants abandonnent leurs pinceaux et ne peignent plus qu'avec les doigts. « C'est quoi ton prénom ? » demande une petite fille qui ne semble pas avoir froid aux yeux. « James. Mais tout le monde m'appelle Jamie. Et toi ? » « Laura. Alors si tu t'appelles Jamie Keynes, c'est qui Oliver Keynes ? » Les enfants sont loin d'être idiots, et terriblement curieux. Ce n'était pas le genre de question à laquelle je pensais devoir répondre aujourd'hui, et pourtant, cela me semble presque logique qu'elle me la pose. « C'est mon frère. » « Est-ce qu'il viendra nous voir aussi un jour ? » « Non, ma puce. Il est mort il y a très longtemps. » « Désolée... » La petite baisse les yeux et joue avec ses doigts comme Joanne le ferait. Voilà des excuses que je ne peux pas balayer. « Ce n'est rien. C'est un ange dans le ciel maintenant, et il veille sur nous tous. » Je lui souris. Sans gêne, elle s'approche et me fait un câlin, les bras autour de mon cou. Quand elle se détache de moi, je constate l'état dans lequel est ma chemise. Je crois qu'elle me servira désormais de blouse supplémentaire pour peindre à Brisbane. Les animatrices sonnent l'heure du goûter. Je donne son dessin à Laura avant qu'elle ne file, claquant avant ça un bisou sur ma joue -le premier d'une demi-douzaine d'autres baisers. Je reste assis par terre un petit instant, regardant autour de moi toutes les couleurs qui tâchent le sol et les tables, les œuvres qui trouveront leur place sur les murs. Je soupire. Oliver adorerait cet endroit, le château, les résidents. Ce n'est que lorsque Audrey nous indique qu'il est l'heure de partir que je me relève et rejoins Joanne. Ma main trouve la sienne. « Nous n'avons pas le temps de visiter le sous-sol, mais de toute manière, il n'y a que des locaux techniques, des buanderies, et la chapelle. » Bien sûr, la chapelle sert à toutes les religions et est ouverte à tous ceux qui souhaitent et acceptent de s'y recueillir. « Nous verrons ça une prochaine fois. » Je me surprends à espérer que nous pourrons vraiment revenir cette semaine. Dieu sait quand nous reviendrons en Angleterre sinon. Nous empruntons l’ascenseur pour retrouver au deuxième étage et nous rendre dans le bureau d'Ewan. Lui et Joanne font un rapide check up des préparatifs de la soirée, terminant par un « Je me suis permis de vous imprimer la liste des invités, histoire que vous sachiez qui sera présent. » ou en d'autres termes quel sera le niveau de pression du gala.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
A la fin de l'activité, la salle était dans un bel état. Il y avait de la peinture partout. Sur les tables, sur le sol, même sur quelques chaises. Et sur Joanne aussi, mais c'était bien le cadet des soucis, ça la faisait même plutôt rire. Les enfants avaient laissé les dessins sur les tables afin de les faire sécher avant que les assistantes maternelles ne les accroche au mur. Il n'y avait que des belles couleurs, tous les dessins étaient beaux aux yeux de la jeune femme. Audrey annonça la fin de la visite, question de timing, et Jamie rejoignit sa fiancée en venant chercher sa main. Elle lui sourit tendrement et l'embrassa même, se fichant bien des personnes présentes dans la pièce. S'il y avait encore quelques enfants, ils seraient certainement en train de se dire que c'est vraiment trop romantique. "Ils ont customisé ma robe, un petit peu." lui dit-elle en riant et en faisant un tour sur elle-même. "Une nouvelle douche sera de rigueur ce soir, pour nous deux, d'ailleurs." ajouta-t-elle en riant, constatant les traces de peinture qu'il avait sur les bras, mais aussi au niveau de son cou, lorsque la petite lui avait fait un câlin. Audrey écourta la visite et finit par guider le couple dans le bureau d'Ewan. Celui-ci laissa échapper un rire lorsqu'il vit la robe de Joanne, puis retrouva rapidement son sérieux pour discuter de quelques formalités concernant le gala. Celui-ci n'était plus si loin que ça, Joanne le réalisa lorsqu'il lui tendit la liste d'invités présents le soir-même. Elle était assez longue, cela donna quelques vertiges à la jeune femme, qui s'efforça de sourire. "Je pense bien que la liste vous pourrait impressionnante, mais elle s'allonge vite avec ceux qui se doivent d'être présents, pour rester dans le politiquement correct. Il y a aussi tous les conjoints et accompagnateurs qui décuplent sensiblement le nombre de personnes présentes." expliqua Ewan, justifiant ainsi le nombre d'invités, ayant certainement remarqué le visage de Joanne en train de se décomposer. Elle sentait son coeur s'accélérer dans sa poitrine, une légère panique commençant à s'instaurer en elle. Il y avait des politiciens, des hommes gradés et titrés, plus ou moins connus. Certains noms disaient vaguement quelque chose à Joanne. "Je suis certain que tout va très bien se passer, je ne me fais pas de soucis pour vous." dit l'employé de Joanne, avec un sourire rassurant. Celle-ci le lui rendit bien plus timidement, les yeux rivés sur les papiers qu'il venait de lui donner. Après de brèves salutations, ils finirent par quitter la fondation, croisant ça et là quelques personnes qui souhaitaient leur dire au revoir. Franck, toujours impeccablement habillé et ponctuel, attendait patiemment près de la voiture, droit comme un pique. Il ouvrit la porte à ses clients et prit la route sans tarder, espérant arriver à l'heure indiquée à leur hôtel. Joanne restait extrêmement silencieuse dans la voiture pendant la première partie du voyage. Elle finit par demander à Jamie, paniquée et inquiète. "Je dois retenir tous les noms écrits là-dessus ?" C'était un peu juste en terme de temps pour qu'elle puisse tout enregistrer. "Je ne sais même pas à quoi ils ressemblent..." ajouta-t-elle en se focalisant à nouveau sur la feuille. Ils finirent par arriver à l'hôtel, où la réceptionniste leur annonça que le tailleur était arrivé avec un petit peu d'avance pour qu'il puisse préparer tout son matériel en cas de réajustements. Arrivés dans la suite, ils purent effectivement constater qu'il était prêt à s'occuper de Jamie. "File à la douche en premier, comme ça il pourra réajuster ton costume juste après." proposa-t-elle à Jamie en lui massant un peu la nuque. Pendant ce temps, Joanne prépara sa tenue, encore bien protégée et dissimulée par une housse couleur crème. Quelques minutes plus tard, on toqua à la porte de la suite. La jeune femme fronça légèrement les sourcils, se demandant de qui il pouvait bien s'agir. Et c'était un homme, qui avait peut-être une trentaine d'années, de la même taille que Joanne, avec une paire de lunettes sur le nez. "Bonjour. Vous êtes bien Miss Prescott ?" La jeune femme acquiesça d'un signe de tête avec un faible sourire. "Permettez-moi de me présenter, je suis Al, Al Garmond. On m'a demandée de m'occuper de vous pour la mise en beauté pour ce soir. C'est votre employé, Ewan, qui m'a contacté." D'abord un peu surprise, Joanne finit par lui sourire plus franchement et l'accueillir. "Bien sûr, venez, entrez." Cela en faisait du monde, d'un coup, dans la suite. Jamie sortait à peine de la douche. "Je vais me dépêcher." dit Joanne, un peu embarrassée de devoir faire attendre le professionnel. "Vous pouvez enfiler aussi votre tenue, ça m'aidera à savoir ce que je vais vous faire, si vous voulez bien." dit-il avec un sourire. Al n'oublia pas de saluer Jamie en se présentant et en l'appelant par son juste titre, comme Ewan aurait du le faire la veille à l'aéroport. Et Joanne fila à son tour dans la salle de bain.
Dans la voiture, le regard de Joanne ne quitte pas la liste des invités. Difficile d’estimer correctement le nombre de personnes qui seront présentes. Aux alentours de deux cent, au premier coup d’œil. Il y a toujours une bonne marge de personnes qui décident finalement de ne pas venir, à la dernière minute, pour des raisons diverses. « Non, bien sûr que non. » je réponds à Joanne qui s’inquiète de devoir connaître la liste par cœur. Il serait absolument impossible de retenir autant de noms avec les titres correspondants pour certains d’entre eux. Pas en aussi peu de temps. Et cela est d’autant moins cohérent qu’elle ne saura pas mettre de visage sur ces noms de toute manière. « Normalement il aurait fallu te fournir un trombinoscope pour que tu puisses avoir quelques repères. » dis-je, sous-entendant que Ewan a manqué de discernement à ce sujet. A sa décharge, il a sûrement mille et une autres choses à penser pour ce gala. « Ne t’en fais pas, j’en connais une bonne partie, au moins de nom. Je te les soufflerai. » Cela fait toujours bon genre d’avoir l’air un minimum renseigné sur ses invités. Au moins pour ne pas avoir cet air de surprise et de découverte à chaque fois que quelqu’un se présente, comme si elle n’avait pas la moindre idée que cette personne devait être présente. Je serre tendrement une des mains de Joanne et lui adresse un sourire, même si je sais que cela ne suffira pas à la rassurer. « Aucun de ces noms ne va te manger toute crue, ne t’en fais pas. » Il y a bien quelques requins à la méchanceté gratuite dans le lot qui se feront une joie de critiquer le moindre de de ses faits et gestes, mais il suffit de les esquiver. « Moi, en revanche, il y a des chances. » j’ajoute avec un air malicieux, me penchant sur sa joue pour y déposer un baiser furtif. Nous arrivons une poignée de minutes plus tard à l’hôtel où nous sommes déjà attendus. Moi qui pensais avoir le temps de souffler quelques instants avant de se plonger dans cette préparation. Je soupire dans les escaliers, mais me montre des plus chaleureux une fois dans la suite. « Merci de vous êtes déplacé. » dis-je en serrant la main du tailleur. Bien sûr, pour un essayage privé un dimanche, il s’attend à être grassement payé en conséquence, et ce sera le cas. « Je fais vite. » Sans attendre, je vais dans la salle de bain prendre une douche rapide. La peinture dans mon cou reste bien accrochée, mais je parviens à la retirer au bout d’un moment. A la sortie de la douche, je n’enfile qu’un boxer propre et une chemise allant avec le costume. A peine suis-je dans le petit salon de la suite que Joanne disparaît à son tour sous le jet d’eau. Mon regard se pose sur le visagiste, petit homme à l’allure familière. « Oh, Al, ça faisait longtemps ! Content de vous voir. Ma Lady est entre de bonnes mains, c’est parfait. » Nous échangeons une chaleureuse poignée de main. Le cercle des professionnels d’aussi bonne qualité est assez restreint pour pouvoir dire que tout le monde connaît tout le monde. Le tailleur se permet de s’éclaircir la voix pour marquer sa présence et demander à ce que nous ne perdions pas de temps. « Oui, excusez-moi, je ne vais pas vous retenir plus que nécessaire. Allons-y. » C’est avec précaution que j’enfile tous les éléments du costume dont les coutures doivent simplement être renforcées pour finaliser le tout. La veste tombe très bien sur mes épaules, et je ne peux pas n’empêcher de me dire que Hannah en aimerait la coupe qui me donnerait presque l’air plus grand. « C’est assez cintré à votre goût ? » « C’est impeccable. Je pense qu’il ne vous faut que rajuster l’ourlet du pantalon, c’est un peu long. » Mais cela est normal, au premier essayage les longueurs sont toujours visées un brin trop grandes. Mieux vaut cela que de viser trop court. « Vous avez des nouvelles d’Enora ? » je demande à Al pendant que le tailleur effectue quelques ajustements. « Elle se porte très bien. La petite Ginger est née avec de l’avance, je lui avais dit que ce voyage à Brisbane était une mauvaise idée. Le travail a commencé peu après. » Cela me semblait aussi étrange qu’elle voyage à un stade aussi avancé de sa grossesse, mais j’en suis quand même désolé. Sur demande du tailleur, je retire le costume afin de le laisser terminer le tout. Ce n’est qu’une question de minutes. « Entre nous, reprend Al, elle a encore du mal à se remettre de la grossesse. Même les corps avantagés ont leurs limites. » J’imagine que cela ne doit pas être facile à digérer pour elle. De toute manière, sa carrière était terminée, à son âge. « Son mari me semble très absent. » J’ai un vague sourire de compassion. Elle a sûrement de l’aide à la maison, et de la compagnie. Je ne pense pas qu’elle soit la plus malheureuse qui soit malgré tout. De toute manière, c’est sa vie, je ne peux rien pour elle. « Je suis content que tout ait l’air d’aller pour vous. Et j’ai hâte de m’occuper de cette beauté qui vous sert de fiancée. » Mon sourire se fait plus large. « N’en faites pas trop, d’accord ? Je veux qu’elle soit à l’aise, qu’elle se sente bien. » Si elle a l’impression de n’être qu’un pot de peinture, cela ne l’aidera pas à se sentir moins nerveuse. Au contraire, si elle se plaît, elle gagnera un brin de confiance en elle. « Vous pouvez le réessayer ? » demande le tailleur en me tendant le pantalon du costume. Une fois enfilé, il me va à la perfection.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne n'avait jamais eu l'occasion de se faire bichonner à ce point, elle ne s'était jamais faite maquiller par un professionnel. Mais cela la rendait d'autant plus nerveuse, l'heure avançait. Elle pensait que le jet d'eau chaude lui permettrait de détendre ses muscles déjà bien trop crispés, mais rien n'y faisait. Il y avait des moments où elle avait de brèves absences, avant de se décider à progresser dans sa préparation. Les cheveux enveloppés dans une serviette, elle enfila ses sous-vêtements et la [ul=http://percymode.com/wp-content/uploads/2016/06/Valentino-resort-2017-7.jpg]robe rouge[/url] de Valentino. Elle avait bien retenu que Jame lui avait de ne pas porter de noir. Une couleur à éviter pour ce type d'événements, surtout pour la cause qu'elle soutient. En effet, parmi les robes qu'elle avait préféré, elle avait tranché en prenant la rouge et la noire. Elle savait depuis le début qu'elle allait mettre la rouge pour le gala. Juste pour s'assurer que la tenue était toujours à la bonne longueur, elle enfila rapidement ses escarpins, les beiges qu'elle avait trouvé chez Vuitton, faisant ainsi un rappel de la deuxième couleur de sa robe. Joanne avait du se rendre dans une des boutiques de Valentino pour faire des réajustements. "Je peux monter, Miss Prescott ?" demanda Al au bas des escaliers, voulant s'assurer qu'elle soit bien habillée avant de grimper les marches. "Oui oui, c'est bon." Al la regarda de la tête aux pieds, semblant être charmé par le choix de la petite blonde. "Cette robe vous va à merveille, vraiment." dit-il avec un large sourire. "Venez, nous allons nous installer dans la salle de bain, c'est mieux éclairé qu'ici, et le rez-de-chaussée est encore monopolisé par le tailleur. Il avait tout emmené avec lui, même un tabouret sur lequel elle pouvait s'asseoir. "Vos cheveux bouclent naturellement ?" demanda-t-elle en branchant le sèche-cheveux. "Oui." commença-t-elle en acquiesçant d'un signe de tête. "Mais je n'ai jamais vraiment cherché à mieux les coiffer." "Je pensais vous faire juste un brushing, et parfaire un petit peu vos boucles, à moins que vous ne préféreriez autre chose ?" "Non non, je vous fais confiance, ce n'est pas vraiment moi l'experte." dit Joanne en riant avec embarras. Sans plus tarder, il commença à sécher ses cheveux avec le plus grand soin, à manipuler ses boucles pour les dompter un petit peu. Il fixa le tout avec un peu de laque. Joanne était émerveillée du résultat. "Ca a l'air tellement facile lorsque vous le faites." "En toute honnêteté, il n'y avait pas grand chose à faire." répondit-elle en riant et en réajustant de fines mèches de cheveux un peu rebelles. "Et pour le maquillage, ditez-moi comment vous auriez fait, si je n'avais pas été là ?" "Je ne suis pas sûre que..." "Dites moi juste comment vous auriez fait sans moi." Surprise de ce qu'il lui demandait, Joanne bégaya quelques secondes. "Je n'en fais pas trop, en général, juste... un peu de mascara, peut-être un tout petit peu d'eyeliner ou de fard à paupières. Mais..." "Jamais de fond de teint ? De rouge à lèvres ?" "Fond de teint, non, pas vraiment... Et le rouge à lèvres..." Joanne rit nerveusement. "Disons que Jamie et moi, nous nous embrassons beaucoup, même pendant les galas..." Al rit également, comprenant rapidement la chose."Vous savez qu'il existe de rouges qui ne se transfère pas... donc qui ne laisseront pas de traces, vous savez ?" "C'est vraiment efficace, ces trucs là ?" "Ceux des grandes surfaces..." Le visagiste grimaça, en secouant négativement la tête. "Mais ceux que j'ai moi, vous pouvez leur faire confiance." Il commença à sortir tout son matériel en le posant là où il trouvait de la place. "De toute façon, je pensais vous laisser très naturelle, il n'y a presque rien à faire sur un aussi beau visage." dit-il, apparemment charmé. "Et je ne pensais pas à un rouge pour vos lèvres, plutôt un effet nude et rosé, légèrement plus foncée que la couleur de vos lèvres, juste pour les lèvres." Et il respectait ce qu'il disait, en restant très léger sur le pinceau. "Vous êtes parfaite." dt-il une fois qu'il en avait terminé. "Vraiment, vous êtes exquise, pas besoin de plus." Elle remercia chaleureusement Al, qui commençait à ranger ses affaires. "Joanne se leva et se regarda longuement dans le miroir. "Eh bien, vous n'allez pas vous montrer à votre fiancé ?" demanda le visagiste, avec plein d'entrain, prêt à partir. "Juste quelques minutes, encore." dit-elle la gorge serrée, presque à voix basse. "Très bien. Lord Keynes me connaît, si jamais un jour vous avez besoin de mon aide, vous n'hésitez ? Je serai honoré de m'occuper de vous, vraiment." dit Al sincèrement, avant de quitter la salle de bains. Jamie était prêt, le visagiste lui serra chaleureusement la main. "Vous verrez, elle est magnifique, vraiment. Je n'ai presque servi à rien !... Elle a juste demandé à rester seule quelques minutes avant de descendre. La pauvre est stressée comme tout, elle est dans un état. Ca doit pas évident pour elle de se plonger dans le grand bain avec un tel événement." Alors qu'ils continuaient de discuter, Joanne finit par sortir et descendre les escaliers, sa pochette à la main. Tous les regards des hommes encore présents se rivèrent sur elle."C'est... c'est de trop, c'est ça ?" demanda-t-elle inquiète, arrivée au rez-de-chaussée. Joanne s'approcha de Jamie, qui portait son costume qui lui allait parfaitement. Époustouflée, elle lui dit tout bas "Tu es magnifique."